Chapitre 27 : Les esclaves d’honneur de l’impératrice.
Le Troisième – An 2719 – Le 6 août aux alentours de 00 h 30.
— Bonsoir ?
Thibault ouvrit de grands yeux. La personne qui avait ouvert la porte était une gamine. Une jeune adolescente aux yeux balayés par une épaisse frange brune, dont la coupe au carré lui arrivait sous l’oreille. Ses yeux sombres détaillaient le jeune homme avec une suspicion de plus en plus évidente et Thibault sentit la panique l’envahir. Il ne pensait pas avoir fait erreur mais… Avaient-ils pu déjà déménager ?
— Bonsoir… Euh… Je cherche… Jenkins ? Je me suis trompé de maison ?
L’expression de la gamine changea juste avant qu’une main se pose sur son épaule et qu’on ouvre la porte plus largement. Un jeune homme brun aux yeux clairs, très grand, apparut sur le seuil. L’incompréhension passa sur ses traits avant qu’un immense sourire ne fende son visage.
— Thibault ?! Thibault !
La gamine eut tout juste le temps de s’écarter avant que Jenkins ne se précipite sur le palier pour prendre son ami dans ses bras.
— Thibault, où est-ce que tu étais bon sang ? Qu’est-ce qu’il t’est arrivé ? Tu sais à quel point on s’est inquiétés ?! Où est Gabi ? Indra, va chercher les autres !
Thibault s’écarta lentement de ses bras alors que la gamine tournait les talons. La chaleur qui avait d’abord explosé dans sa poitrine venait de se cristalliser en éclats glacials. Il baissa les yeux, refusant de croiser le regard de son ami, et inspira brusquement. La tête lui tourna. Il s’était vite déshabitué de la quantité d’oxygène ici présente, finalement. Jenkins lui passa un doigt sous le menton et Thibault dut affronter son regard. L’angoisse s’y lisait à présent.
— Où est Gabi… ? répéta-t-il à voix basse.
Thibault sentit les larmes lui monter aux yeux. Comment lui dire ? Comment dire…
Jenkins le serra brusquement dans ses bras.
— Oh Thibault, je suis désolé… Je suis tellement désolé…
Mais peut-être que les mots étaient inutiles. Peut-être qu’il comprenait parfaitement. Thibault éclata en sanglot alors que Jenkins l’entraînait à l’intérieur de la maison. Il pleura, inconsolable, alors que son ancien rival le gardait serré contre lui. Bientôt, deux autres paires de bras l’entourèrent. Des effluves de fleurs lui parvinrent. Les jumelles. Puis une main à la fois brusque et douce sur sa tête. Théo. Et un sanglot alors que de nouveaux bras venaient s’ajouter aux autres. Lino. Une symphonie de souvenirs, le parfum de chacun, se répandant partout…
Quand les larmes eurent commencé de tarir, Jenkins entraîna Thibault jusqu’à un divan dans un salon proche de l’entrée. Donovan et Zoë avaient suivi mais n’osaient pas prononcer le moindre mot. La gamine qui avait ouvert la porte avait disparu. Ses amis, eux, se tenaient autour de lui. Les jumelles n’avaient jamais eu l’air si tristes, et les garçons n’affichaient pas fière mine non plus. Tous regardaient Thibault, profondément abattus.
— Il est venu me chercher… Je…
Thibault devait leur dire. Ils devaient savoir pourquoi. Il attrapa machinalement la fiole pendue à son cou, cherchant ses mots. Jenkins approcha à son tour la main pour observer l’objet.
— Il a commencé à te chercher à peine trois jours après ton départ, dit-il d’une voix tremblante. Il était tellement inquiet, il disait que tu ne serais pas resté si longtemps sans lui donner de nouvelles… Solène l’a aidé bien sûr. Ils ont d’abord essayé de contacter le détective qui avait enquêté sur ta famille, mais il avait disparu lui aussi. On a très vite compris que quelqu’un t’avait tendu un piège. On avait perdu ta trace dès ton arrivé au Sixième. Rebecca ne voulait pas que Gabi enquête plus, alors il est venu se cacher ici pendant un temps. Il t’a cherché pendant des semaines… Il avait commencé à réunir pas mal d’informations… Des rumeurs, pour l’ensemble, mais en les croisant il en est arrivé à la conclusion que c’était un coup de Diane, qu’ils t’avaient enlevé… Et que ta famille était peut-être mêlée à ça aussi. Quand il y a eu l’attentat sur l’Assemblée, il a tenté sa chance. Qu’est-ce qu’il s’est passé Thibault ?
— J’ai bien été enlevé… Il avait raison.
Thibault jeta un bref coup d’œil à Zoë et Donovan. Tous deux semblaient terriblement mal à l’aise, osant à peine croiser les regards endeuillés des autres.
— Par ta propre famille ? interrogea Féline en les fixant, une colère sourde dans la voix.
— Pas par eux… Pourquoi Gabi est venu tout seul, le jour de l’attentat ?
Jenkins parut se liquéfier. Piteux, il baissa les yeux.
— Je suis désolé, Thibault. Ce n’est pas pour me défendre, mais il ne nous a pas prévenus de ses plans… En fait, Max était réapparu quelques jours avant ça… C’est une longue histoire mais en gros…
— Je suis au courant. Je sais qu’il a protégé Solène.
Les autres eurent l’air surpris, mais n’osèrent commenter la remarque. Jenkins prit une nouvelle inspiration avant de continuer :
— Eh bien, quand Gabi a appris cette histoire, il s’est débrouillé pour contacter Max. Max ne savait pas exactement comment trouver le QG de Diane, on l’y avait mené yeux bandés, mais Gabi l’a cuisiné pendant des heures. Je suis sûr qu’il a réussi à en tirer ce qu’il lui fallait… Le jour de l’attaque, il ne nous a laissé qu’une note pour nous prévenir qu’il partait te chercher, parce qu’il avait une idée de comment te retrouver. On ne l’a pas vu partir, je suis vraiment désolé…
Jenkins se mordit la lèvre. Rebecca avait eu raison de vouloir le retenir. Thibault aurait voulu qu’elle parvienne à le stopper, mais il était si têtu…
— Il a filé en douce, reprit Lino. Il n’a prévenu personne. On a tout de suite compris qu’il était descendu au Septième et je suis directement monté au Sommet pour prévenir Rebecca. Elle a envoyé du monde à sa poursuite, mais ils n’ont pas réussi à le retrouver. Il n’avait laissé aucune indication précise… Si seulement il nous avait prévenus de ses plans, on serait venus nous aussi…
— Je suis content qu’il ne l’ait pas fait, le coupa Thibault. Ça n’aurait été que pire de vous perdre tous…
Félicie, à côté de lui, laissa échapper un léger sanglot. Elle lui déposa un baiser sur la joue, puis laissa reposer la tête sur son épaule.
— Comment as-tu réussi à t’enfuir ? demanda alors Lino, assis en tailleur devant lui. Tu n’étais pas surveillé ?
— Grâce à mon frère et ma sœur et…
— C’est elle, ta jumelle ? demanda alors Féline en scrutant sans aucune gêne le visage de Zoë.
Un violent spasme agita Thibault. Il s’efforça d’ignorer la plainte de son cœur alors qu’il revoyait les yeux grands ouverts de Lison.
— Non, c’est ma petite sœur, Zoë… Et mon frère, Donovan. Ils m’ont aidé à partir, et pas seulement eux. Tobias aussi. Tobias est en vie.
Les autres écarquillèrent les yeux. Théo se redressa d’un coup.
— Notre Tobias ?! s’écria-t-il, comme en transe. Où est-il ? Pourquoi n’est-il pas venu avec toi ? Où était-il toutes ces années ?
— Il y a urgence, indiqua Thibault, se rappelant soudainement du motif de sa venue. Il est resté en arrière pour s’occuper d’autre chose. Écoutez, il faut que je parle à Solène au plus vite… Est-ce que vous avez moyen de la contacter ?
— Qu’est-ce qu’il se passe ? demanda aussitôt Jenkins, une nuance nouvelle d’angoisse dans la voix.
— On n’a pas beaucoup de temps alors je vais tout vous résumer. Vous aurez sûrement des questions mais il faut qu’on fasse vite, alors écoutez. Diane a truffé la partie haute de la montagne d’explosifs, et si tout va bien Tobias s’en occupe à l’heure qu’il est. Moi, il faut que je parle à Solène au plus vite pour la prévenir. Et il faut qu’elle mette fin au raid. C’est compliqué à expliquer, mais il y a aussi… des gens décents chez Diane. Tobias en est membre par exemple. Vous le connaissez, ce n’est pas un terroriste ! Mais le raid… ils vont massacrer tout le monde sans faire le tri. Ma sœur et mon frère aussi sont membres de Diane, mais regardez... On croirait que moi aussi, regardez… Les autorités ont reçu l’ordre de descendre quiconque avait ça. On l’a entendu dire alors qu’on quittait le Septième, et je doute que les ordres soient différents parce qu’on se trouve plus haut, au contraire…
Il avait relevé la manche de sa chemise pour montrer le logo que Phoebus avait fait tatouer sur son poignet. Le rond barré encré sous sa peau. Plus définitif que tout collier qu’il aurait jamais eu à porter.
— Je vous jure que je n’ai pas demandé qu’on me le ta…
— Thibault, je crois que Solène est au Deuxième, l’interrompit Lino. Ajax nous a informé qu’elle devait se rendre chez Pluto. Il s’y tient une réunion pour les jours à venir, en compagnie de tous les ministres. Je vais essayer de leur envoyer un message à tous les deux. L’idéal serait que Solène autorise ton passage, parce que vu ce que tu racontes, je crois qu’il vaudrait mieux se rendre sur place pour le lui expliquer. L’ennui, c’est qu’ils ont coupé les liaisons vers le Deuxième… Les monte-charges qui y vont sont hors-service pendant toute la durée du raid.
— Pourquoi ne pas simplement aller voir les autorités ? questionna Théo en fronçant les sourcils. Ils parviendront sûrement à la joindre, ils communiquent d’un étage à l’autre…
— Je ne préfère pas, répliqua Thibault. Encore une fois, c’est compliqué à expliquer, mais pour faire simple… Dans notre camp aussi, il y a des gens qui ont tout intérêt à ce que je ne vois pas Solène. Tobias m’a expliqué que le Gouvernement était corrompu. Ça vous paraîtra incroyable, mais…
— On peut prendre l’ancien tunnel, intervint d’un coup Donovan. Désolé, Thibault, mais on ne peut pas perdre plus de temps, il faut y aller.
Toutes les têtes se tournèrent vers lui.
— Il y a un ancien tunnel, continua-t-il. Il part du Troisième, et rejoint le Deuxième. C’est celui qui a servi à l’attentat de décembre 2714. Il est partiellement effondré, mais je crois que si l’on n’est pas trop chargés, on pourra encore passer par là. Je sais à peu près où il se trouve, c’est dans le quartier nord.
Thibault observa son frère et le regard insistant qu’il lui lançait, puis hocha la tête. Jenkins se râcla alors la gorge :
— Au nord… C’est à l’opposé du manoir de Pluto. Il faudrait traverser tout le Deuxième pour rejoindre l’impératrice. On ne vous laissera pas faire, le moindre mouvement est surveillé à cause du raid ! C’est déjà un miracle que vous soyez parvenus jusqu’ici, mais croyez-moi, le plus gros des troupes impériales se trouvent au Deuxième, puisque c’est là-haut que Solène est pour le moment.
— Je connais quelqu’un au Deuxième, indiqua Thibault. Elle pourra peut-être nous aider…
Lyria. Toutes ces années, elle était intervenue ponctuellement au Palais Immaculé, pour chaque grande fête. La dernière fois qu’ils l’avaient vue, Gabi et lui, elle leur avait indiqué qu’après sa peine d’esclave, elle resterait travailler pour la famille du comte Barnabas. Il ne s’était jamais rendu où elle vivait, mais il savait que c’était situé dans le quartier nord. S’ils parvenaient à la rejoindre, peut-être qu’elle, en tant que riveraine du secteur, pourrait les aider à rejoindre la demeure des Pluto ?
— Je ne sais pas exactement où elle vit, mais c’est dans le quartier nord…
— C’est la musicienne, c’est ça ? La pianiste ? interrogea Théo.
Les anciens esclaves d’honneur tournèrent tous la tête vers lui, et son teint s’empourpra. Thibault était le premier surpris que Théo se souvienne de la jeune femme, à qui il n’avait jamais adressé la parole de sa vie.
— Elle est jolie… glissa-t-il en guise d’explication, l’air penaud.
Pour la première fois depuis longtemps, Thibault ressentit une pointe d’amusement, devant le visage rouge vif de son ami.
— Je lui toucherai un mot pour toi si tu veux, répondit-il avec un demi-sourire. Si on arrive à s’en sortir. Est-ce que vous pouvez nous accompagner jusqu’à l’entrée du tunnel ?
— On t’accompagne jusque chez Pluto, répliqua immédiatement Jenkins.
— Ce n’est pas utile, il vaut mieux…
— Il vaut mieux qu’on t’accompagne, au cas où, ne serait-ce que pour t’aider à entrer chez Pluto. Tu rêves si tu crois qu’il t’accueillerait à bras ouverts… Si quelqu’un ne t’a pas pleuré, c’est bien lui. Et puis avec ton nouveau tatouage… Tu n’as aucune chance de passer le moindre barrage. Ton frère et ta sœur encore moins.
Il leur lança un regard appuyé et Thibault ne sut que répondre. Il était vrai que ni lui, ni Donovan ou Zoë, ni même Tobias ne pourrait passer le moindre contrôle, s’ils en rencontraient un. Une appréhension nouvelle s’insinua en lui.
— Indra ! appela Jenkins.
La gamine apparut dans la pièce la seconde d’après et s’approcha de lui.
— On va partir un moment. Tu descends directement au Quatrième, toi. C’est clair ? Je vais te signer un laissez-passer…
Elle hocha la tête et fixa étrangement Thibault.
— Ils font partie de Diane ? demanda-t-elle finalement.
Elle avait probablement écouté la discussion en cachette, mais n’avait sans doute pas tout compris, heureusement pour elle.
— Non, répondit Thibault. Pas vraiment. Et qui es-tu, toi, d’ailleurs ?
— C’est notre esclave, répondit Théo avec un sourire en posant sa grosse main sur la tête de la gamine.
Pour toute réponse, elle lui asséna un violent coup de pied dans le tibia.
— Aaah ! Espèce de sale petite… jura-t-il en attrapant sa jambe à deux mains.
— Votre esclave ? répéta Thibault en ouvrant de grands yeux vers Jenkins.
— Oui… Officiellement. Le jour où on s’est installés ici, on a croisé une vente aux enchères… Elle n’a que douze ans. On s’est cotisés pour la sortir de là. Tout l’argent que Solène nous avait donné, et même un peu plus… Elle vit avec nous depuis.
Thibault regarda la petite qui courait maintenant dans le salon en riant, poursuivie par un Théo boitant avec outrance. Elle ne portait pas le collier. Ils avaient dû le lui ôter à la minute où ils l'avaient achetée. Ça ressemblait bien à Jenkins, de faire quelque chose comme ça. À eux tous. Il observa le sourire affectueux que Lino portait sur l’adolescente, et le rire léger des jumelles devant la scène.
— Fais-la descendre jusqu’au Cinquième, chuchota finalement Thibault à Jenkins. Si tout explose, le Quatrième sera en première ligne pour subir les retombées.
Son ami afficha une mine inquiète, puis approuva. Il fit quelques pas en direction de la gamine et l’attrapa à la volée, coupant sa course, puis l’emmena dans la pièce d’à côté.
— Vous n’avez vraiment pas besoin de tous venir, déclara Thibault en reportant son regard sur les autres. Vous seriez plus en sécurité en descendant qu’en montant…
— Thibault, on sait que tu aimes avoir le beau rôle, répliqua Félicie, mais rien que cette fois il faudrait que tu comprennes que tu ne peux pas tout faire tout seul. Puis il s’agit de protéger Solène aussi, et on tient tous à elle.
Il sentit l’émotion lui serrer la gorge. Il n’avait jamais compris comment Solène et les jumelles avaient fini par s’apprécier, mais il savait que c’était le cas à présent. Il le savait déjà depuis longtemps en fait, mais quand Féline et Félicie se redressèrent, l’air plus sûres d’elles qu’elles ne l’avaient jamais été, il eut du mal à retenir un sourire.
Quand Jenkins revint, il affichait le même air déterminé. Théo et Lino s’affairaient déjà autour de sacs à dos dans lesquels ils glissaient quelques vivres, du matériel de soin et des gourdes remplies d’eau. Essayant de contenir le sentiment de terreur qu’il éprouvait à l’idée de les mettre en danger, Thibault se retourna vers son frère et sa sœur.
— Vous êtes sûrs de vouloir venir, vous ?
Zoë eut l’air outrée.
— Je ne daignerai même pas te répondre, répliqua-t-elle en croisant les bras sur sa poitrine.
Il tapota sa tête, plus rongé par l’inquiétude encore. Puis il se tourna vers Donovan, qui le dévisageait, une expression étrange sur le visage.
— Je peux te parler ? finit par demander Thibault.
Zoë les observa un à un, alors que Donovan se levait. Thibault quitta ensuite le salon, son frère sur les talons.
— Thibault, si c’est à propos de…
— Laisse-moi parler, tu veux ?
Donovan referma la bouche. Thibault l’avait emmené dans un petit bureau adjacent au salon dont il avait ouvert la porte au hasard.
— Je suis désolé, lança-t-il une fois qu’il eut refermé. Ça fait longtemps que je te dois des excuses alors je te les présente maintenant. Don, je suis désolé pour le comportement que j’ai eu après que papa soit mort. Je suis désolé de ne pas avoir cherché de travail, alors que toi tu t’acharnais pour nous faire remonter la pente. Je passais mes journées à attendre, alors que je savais pertinemment ce qui allait t’arriver. Et je t’en voulais en plus de ça. Je t’en voulais parce que tu arrivais toujours à faire de ton mieux quand moi j’étais… une loque. Je suis sincèrement désolé. Je n’essaye pas de me trouver d’excuse, je n’en ai aucune. J’ai été un sale égoïste et je le sais. Maman a eu raison de m’envoyer à ta place. Si j’étais resté, ça aurait été pire pour tout le monde. J’en ai voulu à Lison pour ce qu’elle est devenue, mais je doute que j’aurais mieux fait. En vérité, la raison pour laquelle j’étais tellement en colère, c’est parce qu’on avait chuté… Qui sait si je n’aurais pas été le premier à tout vouloir détruire. C’était dur d’avoir perdu papa, aussi. Tu sais, j’ai toujours eu l’impression que maman ne m’aimait pas. Papa, en revanche… Je savais, que j’étais son préféré. Je te crois quand tu dis qu’il t’a maltraité, et j’en suis vraiment désolé. Il me manque, pourtant. Il me manquait atrocement à l’époque. Et après sa mort, on a dégringolé… J’avais le sentiment d’être rétrogradé, de devenir un sous-humain… Ça n’est pas une excuse. Je n’ai aucune excuse. Je te demande pardon…
Il leva les yeux vers son frère, dont la lèvre inférieure tremblait.
La gorge de Thibault se serra. Il détourna le regard et chercha un peu d’air. Une poignée de secondes plus tard, il reprit :
— Dès que je vous ai retrouvé, tout mon ancien moi est remonté en surface… Je n’aurais pas dû vous en vouloir comme ça, pourtant. Je détestais Zoë par principe, mais sans elle, je n’aurais même pas pu revoir Margot. Ce que j’ai fait à Lison… Je m’en voudrai toute ma vie Don, je te le promets. J’étais en colère. J’avais peur. J’ignore si elle aurait été vraiment capable de s’en prendre à vous. Une partie de moi reste persuadé que non. Mais quoiqu’il en soit, je ne pouvais pas prendre le risque qu’elle s’en prenne à Solène, et je savais que c’était ce qu’elle voulait, par-dessus tout… C’était devenu une vengeance personnelle. Est-ce qu’elle aurait été capable de vous sacrifier pour ça, je l’ignore. Je ne voulais pas risquer de le découvrir. Pas après ce qu’elle avait fait à Gabi. Je vous suis tellement reconnaissant de ne pas m’avoir laissé tomber… Avant de vous revoir, je savais que faire la paix avec toi, ce serait le plus dur. Et en toute franchise, je ne suis même pas persuadé que je venais vraiment pour faire la paix. Je crois que je voulais surtout me pavaner, vous montrer que moi je vivais en haut à présent. Je suis un idiot, c’est tout. J’étais obsédé à l’idée de vous faire payer, ne serait-ce qu’un peu, de m’avoir abandonné. Zoë et toi, par contre, vous vouliez juste faire la paix. Vous avez été là pour moi pendant tout ce temps… Dès le début, puis quand j’ai perdu Gabi… Je crois que je me serais laissé mourir si vous n'aviez pas été là. Je suis vraiment, sincèrement désolé. Pour tout ce que j’ai dit et fait. Je ne suis pas sûr que je méritais votre patience, à tous les deux… Pardon.
Thibault se tut. Il avait dit tout ce qui devait être dit. Donovan avait le regard embué. Il pinçait les lèvres, peut-être pour retenir les émotions qui affluaient.
— Allez, viens-là… murmura-t-il.
Il approcha de son frère et l’entoura de ses bras. Thibault se laissa faire. Petit à petit, le soulagement s’insinuait en lui. Ça faisait du bien, de relâcher tout ce qu’il avait sur le cœur depuis si longtemps. D’admettre les erreurs qu’il avait toujours refusées de reconnaître en tant que telles.
Mais quand une autre main, plus petite, effleura son dos, il sursauta violemment. Les deux frères s’écartèrent pour découvrir une Zoë en larmes. Elle regardait Thibault et il comprit avec horreur, devant son expression, qu’elle les avait écoutés en cachette. Quelle fâcheuse habitude. Avait-elle compris… ?
Elle se blottit contre lui et éclata en sanglots sonores. Elle avait compris. Elle avait forcément compris ce qu’il était arrivé à Lison. Il la serra contre elle, impuissant face à son chagrin, accablé à l’idée qu’il en était la cause. Ils restèrent un long moment ainsi, dans le calme du petit bureau.
— Thibault… finit-elle par dire. Je sais que si tu as fait ce que tu as fait… C’est que tu n’avais pas le choix. Lison, elle, avait le choix.
Il croisa son regard. Les larmes avaient inondé ses joues. Ses lèvres tremblaient. Elle était plus pâle qu’à l’ordinaire, mais son regard… Il n’y décelait pas de jugement. Il n’y décelait pas de colère. Une tristesse infinie, mais résolue.
Quand on vint frapper à la porte, Thibault essuya précipitamment ses larmes.
— Thibault ?
C’était la voix de Féline. Il ouvrit la porte, et après avoir observé son visage larmoyant une seconde, elle jeta un regard courroucé vers Donovan et Zoë. Thibault lui adressa un sourire, lui assurant que tout allait bien.
— Il faut qu’on y aille, non ? demanda-t-elle en continuant de jeter des regards mauvais vers son frère et sa sœur.
— Oui… Comment on va faire pour se rendre au passage vers le Deuxième ?
— Jenkins a sorti un plan. Ton frère peut le regarder avec lui, peut-être, pour qu’on repère où se trouve l’entrée ?
Donovan acquiesça et rejoignit la table, un peu plus loin, au-dessus de laquelle Jenkins, Théo et Lino se tenaient penchés.
Tandis qu’ils cherchaient ensemble la meilleure route, Zoë s’approcha de Thibault et passa un bras dans son dos. Il posa le sien autour de ses épaules. C’était étrange pour lui. En peu de temps, ils avaient bâti une relation qu’il n’avait jamais envisagée.
Zoë. Celle de ses sœurs qu’il avait le moins aimée. Celle qui en avait le plus fait pour lui. Celle qu’il croyait qu’elle le détesterait quoiqu’il advienne. Celle qui lui avait tout pardonné. D’un geste presque inconscient, il déposa un baiser sur son front. Son unique sœur désormais. Celle qu’il protégerait quoiqu’il arrive.
— Bien ! s’écria Jenkins. On va prendre deux voitures, les Junon vous monterez dans la deuxième avec moi. Les autres dans la première, on reste en communication tout le temps. Au moindre barrage vous nous prévenez, comme ça on se gare en attendant que vous trouviez une autre route. C’est bon pour tout le monde ?
Il y eut des hochements de tête, puis Félicie et Théo se lancèrent dans un débat sur qui conduirait, jusqu’à ce qu’ils s’aperçoivent que Lino s’était déjà installé derrière le volant et faisait vrombir le moteur. Penauds, ils rejoignirent le véhicule en compagnie d’une Féline moqueuse.
Thibault monta sur le siège passager de la seconde voiture. En voyant Jenkins prendre place derrière le volant, Thibault s’étonna qu’ils aient tous appris à conduire en si peu de temps. Quand son ami fit caler le moteur juste après avoir démarré cependant, il se sentit un peu inquiet, mais, avec un sourire assuré, Jenkins recommença sa manœuvre. Le moteur vrombit, et Thibault se sentit écrasé sur son siège alors que l’engin s’élançait.
À l’arrière, Donovan tenait la page de Jenkins, en communication avec celle de Féline. Thibault, lui, observait la carte entre ses mains. Il se sentait anxieux, et quand Féline leur adressa une première alerte, moins de cinq minutes après leur départ, l’angoisse monta en flèche au sein de l’habitacle. Jenkins se gara immédiatement, à cheval sur un trottoir, et éteignit les phares. Ils patientèrent une dizaine de minutes avant que Féline les rappelle pour les informer qu’ils cherchaient un nouveau chemin. Encore quelques minutes plus tard, elle leur indiquait une voie parallèle.
La méthode fonctionnait. Ils durent l’appliquer une seconde fois avant d’arriver à l’orée d’un bois, où ils garèrent les voitures. Elles n’auraient pas pu circuler entre les arbres, et ils étaient suffisamment proches pour terminer le chemin à pied.
Arrivés face à une fente qui découpait la falaise, les yeux, peu à peu, se tournèrent vers Théo. Il avait des épaules très larges et une silhouette plutôt épaisse. Lui-même regardait la fente, et malgré la pénombre, on devinait son air dubitatif.
— Oui, je suis d’accord. Je ne passerai pas… déclara-t-il.
Donovan l’approcha et lui posa une main sur l’épaule.
— Ce sera moins étroit après. C’est simplement pour que les gens ne s’essayent pas à entrer dedans au hasard. Bon bien sûr, il y a un endroit où c’est quasiment impraticable mais… on avisera quand on y sera, c’est vers le haut du passage.
Zoë, qui était la plus mince d’entre eux, proposa de passer la première. De cette manière, si vraiment le passage devenait trop étroit, elle pourrait prévenir les autres afin qu’ils fassent demi-tour. Alors qu’elle avait commencé à se faufiler dans le passage, Thibault se rapprocha de son frère et le tira par la manche.
— Don, comment tu sais tout ça ? Sur le tunnel ?
Il y eut un silence.
— Je… t’ai menti, finit par avouer Donovan d’une voix hésitante. Lison a bien participé à l’attentat du Deuxième. Et j’y étais aussi. Zoë ne le sait pas… Je n’étais pas dans l’attaque, mais je suis venu jusqu’ici, au passage. Je suis vraiment désolé d’avoir menti… J’avais honte, plus encore quand tu as dit que tu y étais ce jour-là. Je n’ai aucune excuse.
Thibault observa son frère. Le rayon de lune qui tombait sur lui dessinait nettement sa ride frontale. Donovan baissa les yeux et Thibault s’approcha de lui, lui posant une main sur l’épaule.
— Ça n’a plus d’importance, répondit-il doucement. Ce n’est pas arrivé par ta faute.
Il essaya de le rassurer d’un sourire et l’entraîna à sa suite.
Thibault pouvait sentir la roche de part et d’autre de son corps, contre son ventre et dans son dos. Il eut bientôt la sensation que ses oreilles se bouchaient. Un peu plus loin devant lui, une légère lumière s’élevait depuis les pages de Féline et de Jenkins, et il semblait que le passage s’élargissait. Lino avait aussi pris sa page, mais elle était éteinte afin de préserver sa batterie. Il voulait vérifier si Solène ou Ajax avaient reçu son message quand ils arriveraient à l’étage supérieur. Ils débouchèrent bientôt dans une petite grotte.
— On va grimper par cet escalier, indiqua Donovan dont la voix ricocha sur les parois.
Les pages éclairèrent faiblement le passage. « L’escalier » ressemblait davantage à une échelle aux barreaux incertains. Il y eut des soupirs dans le noir, puis cette fois Jenkins passa le premier.
L’ascension fut pénible. Les râles de chacun étaient assourdissants dans le silence de la grotte. Il sembla à Thibault qu’il devait s’être écoulé au moins une bonne heure quand un bruit métallique, accompagné d’un cri paniqué, retentit et fit trembler toute l’échelle.
— Je vais bien. Je vais bien, assura Jenkins d’une voix loin d’être aussi calme qu’habituellement. Attention, il y a un barreau cassé ici.
Personne ne répondit, car tous préféraient économiser leur souffle. Quand Thibault arriva au barreau cassé, il n’eut qu’à l’enjamber, mais à cette hauteur, il comprenait la frayeur de Jenkins. Sans compter que si l’un d’eux tombait, il entraînerait tous ceux du dessous dans sa chute.
Au bout d’un moment, l’échelle redevint escalier. Le passage était moins vertical, la pente, plus douce. Thibault fut ravi de pouvoir se tenir sur ses seules jambes, et inspira un grand bol de l’air saturé d’humidité de la grotte. Ils marchèrent encore quelques instants, jusqu’à ce que Jenkins leur indique de s’arrêter.
— C’est là, murmura-t-il. Il y a de la roche au milieu du chemin… Il va falloir dégager le passage.
— Éclairez un peu plus…
On brandit les deux pages, et une lumière aveuglante s’en éleva bientôt… Suivi d’un hurlement suraigu.
Féline avait bondi en arrière, pointant du doigt le sol. Thibault, furieux, approcha à grands pas avant de lui-même avoir un mouvement de recul. Il parvint à se retenir de crier, mais à leurs pieds, plusieurs squelettes écrasés par de gros morceaux de roche leur prouvaient qu’ils étaient sur la bonne voie. C’était bien là que le passage avait été bouché, et dans son effondrement il avait entraîné la mort de ces hommes, probablement des terroristes de l’attentat de 2714.
Alors que Féline tentait tant bien que mal de reprendre son souffle, sa sœur lui tapotant gentiment le dos, les garçons commencèrent à déblayer le passage. Il fallait reconnaître qu’il aurait été dommage que Théo ne puisse pénétrer l’endroit, car il soulevait sans difficulté des blocs beaucoup plus lourds que ceux que Thibault ou n’importe qui d’autre parvenait à transporter.
— Attention, alerta Lino au bout d’un moment.
Il regardait vers la voûte au-dessus du passage qu’ils avaient creusé, d’où une épaisse poussière s’écoulait maintenant. Thibault échangea un regard inquiet avec lui. Ils reprirent leur travail, avec beaucoup plus de délicatesse, morceau par morceau. Leur tunnel devenait de plus en plus profond, et bientôt, un filet d’air passa sur leurs visages réchauffés par l’activité. Des effusions de joie silencieuses accueillirent la brise, et quand le trou fut suffisamment large, on fit passer Zoë à travers. De l’autre côté, elle ôta quelques pierres supplémentaires et tendit une main à Jenkins qui la rejoignit en une seconde, avant d’à son tour aider les jumelles à passer, puis Thibault, Lino, Donovan… Théo ne passait pas. Sa tête et l’un de ses bras avaient trouvé l’autre côté du passage, mais le reste était bloqué. Les garçons tirèrent alors sur le bras tandis que le jeune homme se mordait les lèvres pour ne pas crier. Ils luttèrent ainsi pendant un moment. Les jumelles grattaient la pierre autour de sa tête pour tenter d’agrandir le passage… Et finalement, au bout de plusieurs minutes intenses, le jeune homme parvint à s’extirper.
« Plus jamais ! », put lire Thibault sur les lèvres du jeune homme alors qu’il retirait sa veste déchirée par la roche.
Ils s’éloignèrent à la hâte, car l’entrée du passage semblait plus incertaine que jamais : en s’arrachant du mur, Théo avait fait effondrer quelques pierres de plus.
Ils se trouvaient désormais en lisière d’une forêt. Leurs silhouettes se découpaient dans la lumière projetée par la lune, s’étendant jusqu’aux arbres les plus proches. Ils trottèrent jusque-là et s’y arrêtèrent un moment, alors que Jenkins sortait le plan de la zone de son sac à dos.
— Thibault, chuchota-t-il. On doit être par ici, vu qu’on est monté presque à pic. Ton amie, elle vit de ce côté-là, c’est ça ?
Il tapotait une zone à proximité et Thibault acquiesça silencieusement. Il prit la carte des mains de Jenkins, et, le cœur palpitant à une vitesse folle, se positionna en tête du groupe.
Je repasse plus tôt que prévu, j'ai un peu de temps pour lire ce soir et comme je suis addicte me voici xD Un chapitre où l'action continue, avec une tension grandissante à mesure que Solène approche. Tu n'en oublies pas le développement des personnages. Des arcs évoluent, certains semblent se conclure, comme celui entre Thibault et Donovan (ce qui me fait soupçonner sa mort prochaine).
C'est chouette de retrouver tous les esclaves du Sommet. Honnêtement, je trouve qu'ils n'ont pas tous le même intérêt et que l'histoire perdrait peu si tu réduisais leur nombre. Un Jenkins par exemple pourrait être chouette à développer davantage. Imaginons que tu enlèves Théo de l'histoire, ça pourrait être lui l'amoureux de Lyra par exemple. L'idée d'avoir des jumelles est chouette mais la nuance entre elles ne suffit à mes yeux pas à les rendre toutes deux intéressantes.
J'aime bien le fait que tu renoues un lien avec le passé, Lyra. J'avoue que je garde un souvenir très très confus de sa précédente apparition. Sans doute dû à l'espacement de ma lecture.
Ah oui, et gros coup de <3 pour le câlin entre Thibault et Donovan, tellement mignon !!!
Mes remarques :
"Des effluves de fleurs lui parvinrent. Les jumelles. Puis une main à la fois brusque et douce sur sa tête. Théo. Et un sanglot alors que de nouveaux bras venaient s’ajouter aux autres. Lino. Une symphonie de souvenirs, le parfum de chacun, se répandant partout…" très joli passage !
"On avait perdu ta trace dès ton arrivé" -> arrivée
"ni même Tobias ne pourrait passer le moindre contrôle" -> pourraient
"Donovan avait le regard embué. Il pinçait les lèvres, peut-être pour retenir les émotions qui affluaient. — Allez, viens-là… murmura-t-il." ohhhh, trop émouvant !!!
"D’admettre les erreurs qu’il avait toujours refusées de reconnaître en tant que telles." couper après reconnaître ?
Je continue...
Mais ça me fait très plaisir de te retrouver déjà !
J'ai apprécié ton analyse sur les personnages mais je vais me taire parce qu'à l'approche du dénouement j'ai toujours peur de dire le truc de trop :D
Concernant Lyria... Oui je pense que sa rencontre doit remonter à loin du coup. Elle apparaît aux chapitres 2 et 3 puis chapitre 6, c'est tout. Mais c'était donc il y a un moment que tu as passé ces chapitres ! C'est pourquoi j'ai fait un petit rappel de qui elle était en cette fin de récit, histoire de la re-situer un peu.
Contente que l'échange Thibault / Donovan t'ait plu ! (et le câlin!) L'abcès percé. J'ai passé beaucoup beaucoup de temps sur le monologue de Thibault. Je l'ai changé, changé et rechangé, et même maintenant je me demande si je ne pourrais pas l'améliorer encore. En tout cas j'étais contente de les réconcilier.
Merci pour toutes tes remarques, encore une fois !
PS : aucun rapport mais ! J'ai regardé le film Le Comte de Monte-Cristo aujourd'hui (de 2024) et j'ai beaucoup aimé ! Alors pour le parallèle que tu faisais, oui en effet on est pas sur la même relation, mais je comprends ce que tu as voulu dire par rapport au temps passé et aux cœurs qui changent ^^ En tout cas c'était chouette !
L'alibi pour expliquer l'action solitaire de Gabi passe bien avec l'idée que je m'étais faite du personnage.
Les jumelles gardent leur côté mystérieux, bien que soudain très protectrices de Thibault (enfin l'une d'elles, j'ai du mal avec les noms). Je m'attends à ce qu'elles sortent un atout de leur manche.
À nouveau, un personnage passé auparavant réapparaît pour donner un coup de pouce, ce qui souligne encore une fois que rien n'est laissé au hasard dans la trame.
Ah ah ! C'est si mignon, ces boîtes manuelles qui permettent de caler :) Ça donne une petite touche sympathique qui me rappelle les films à propos de la Résistance.
Le calme avant les embrouilles, sans doute. Bien trouvé également, l'aveu de Donovan sur sa participation à l'attentat.
Soit dit en passant :
leurs parfums à tous, qui se répandaient partout… -> singulier ?
Une poignée de seconde -> secondes
D’admettre les erreurs qu’il avait toujours refusé -> refusées
Il n’y décelait pas le jugement. Il n’y décelait pas la colère. -> c'est éventuellement une licence stylistique, mais ce devrait être « de jugement » et « de colère »
Celle de ses sœurs qu’il avait le moins aimé. -> aimée
afin de sauvegarder sa batterie -> préserver
Les râles de chacun étaient assourdissant -> assourdissants
car tous préféraient garder leur souffle -> économiser ?
J'avais une BL qui au contraire m'a dit que c'était illogique, qu'il était le seul à peu près intelligent du roman et qu'il avait foncé comme un idiot, et j'étais un peu déçue xD
Pour les jumelles, leurs caractères et leurs noms se confondent et se ressemblent (même dans ma tête, même si j'ai quand même placé des nuances sur chacune d'entre elles). Elles sont assez fusionnelles, j'aime l'idée qu'elles soient presque les mêmes. Quant à un atout, je veux volontiers reparler de ça quand tu auras fini de lire héhé
Merci pour les corrections, je m'y attèle de ce pas :D