- Est-ce que vous le pensez, vous aussi ? demanda Julie, incertaine quant au bon comportement à adopter.
Si elle disait à voix haute à quel point elle considérait les initiés comme des débiles profonds, ne risquait-elle pas de mettre cette Vampire millénaire en colère ? Devait-elle mentir en se disant croyante ?
- La première fois que j’ai rencontré Chris, je n’ai vu qu’une forme sombre. Il m’a paru totalement évident qu’il était l’incarnation vivante d’un dieu. Quand il est mort, je n’y ai pas cru et quand ma vie est arrivée à son terme et qu’il est venu me proposer l’immortalité, cela n’a fait que confirmer mes soupçons.
Julie comprit que son interlocutrice venait de lui raconter un bout de sa vie humaine. Elijah ne le faisait jamais. Elle se sentit honorée sans trop savoir pourquoi.
- Être un Vampire ne fait pas de lui un dieu ! s’exclama Julie.
Malika sourit puis poursuivit :
- Il m’a raconté sa vie, la manière dont il était devenu immortel, les épreuves par lesquelles il était passé. Je suis restée longtemps près de lui pour apprendre à me contrôler et quand enfin, j’ai pu intégrer le cercle, comme tous les petits dans ce cas, je suis partie le plus loin possible de mon créateur.
- Vous ne l’aimiez pas ?
Malika grimaça et son nez remua.
- Je l’aimais. Je l’ai toujours aimé, je crois. Quand j’étais humaine, je le vénérais plus que je ne l’aimais. Sa nature divine m’a amenée à ne pas trop l’approcher. La crainte de le décevoir, d’être déçue, de profiter de lui. Qui oserait proposer à un dieu un rapprochement intime ? J’avais la sensation de ne pas le mériter. Il avait envie. Je l’ai repoussé.
Julie trouva ça triste.
- Comme un papillon, je n’ai pas pu résister longtemps et je suis revenue vers la lumière, poursuivit Malika et Julie sourit à la comparaison. Je ne voulais pas le déranger alors je me suis contentée de l’observer de loin. Je ne crois pas qu’il ait su que je venais le humer, le savourer, profiter de sa symphonie, spectatrice invisible du chef d’orchestre magistral. Chris a toujours été un leader. Il a été roi, pharaon, président, empereur. Toujours souverain, jamais second. Il est fait pour commander.
Julie ne s’opposa pas. Elle ne le connaissait pas assez pour oser s’offusquer.
- Un jour que j’allais vraiment mal – j’étais en grande dépression à l’époque – je suis allée le trouver. Je voulais passer du temps avec lui. Pour un Vampire, côtoyer son créateur a quelque chose de merveilleux. Je n’ai jamais voulu commander mais je ne sais pas, j’ai voulu essayer de comprendre.
Julie hocha la tête. Cela se tenait.
- Il m’a accueilli avec un sourire à faire rougir Aphrodite. Il m’aimait à la folie. Ma présence près de lui le rendait fou de joie. Il a immédiatement accepté. Me savoir volontaire pour gouverner à ses côtés le rendait extatique.
- Gouverner à ses côtés ? interrogea Julie.
- Quel meilleur moyen de le comprendre que de le vivre ? fit remarquer Malika. Il m’a proposée de prendre le pouvoir en Égypte. Je connaissais la religion, la langue – même si elle avait un peu évoluée depuis - le style d’écriture, le mode de pensées, le terrain, les villes, la géopolitique. J’ai accepté. Alors qu’il prenait la place du fils de l’actuel pharaon, il m’a demandé de devenir Tiyi, fille d’un riche propriétaire terrien. Pharaon est mort et Chris – alors nommé Amenophis – est monté sur le trône à seulement dix ans. J’ai craint que les égyptiens ne se doutent de quelque chose, ne trouvent étrange la sagesse d’un enfant aussi jeune. Puis, je me suis souvenue de ma propre vie humaine. La justesse de l’enfant roi n’avait gêné personne. J’ai décidé de lui faire confiance et deux ans après, nous étions mariés. Malgré ses autres épousailles – les pharaons sont polygames et Chris est incapable de n’avoir qu’une seule personne dans son lit bien longtemps - j’ai toujours porté à ses côtés le titre de grande épouse royale.
Julie vit la fierté dans la brillance des yeux de son interlocutrice.
- Je n’aime pas commander mais Chris m’a guidée. Il a été d’une patience infinie, me laissant la main sur de nombreuses décisions complexes et finalement, le peuple a fini par nous aduler tous les deux. J’ai été la première reine d’Égypte a avoir autant de pouvoir et j’avoue avoir apprécié.
La reine avait pris goût au pouvoir. Difficile de résister à son attrait.
- Nous gouvernions ensemble depuis de longues années que Chris m’a demandé si ça me dirait de monter encore d’un cran en devenant une déesse. J’ai répliqué que c’était impossible. Il a souri. Il l’a fait.
Julie plissa les paupières. Comment Chris s’y était-il pris ?
- Durant le jubilé, il a modifié le contenu et ensemble, nous avons traversé le lac sur les barques – ne cherche pas, c’est un truc symbolique égyptien.
Julie se garda bien de toute réflexion.
- Je suis devenue Hathor tandis que Chris incarnait Aton. Le peuple nous a adulé tels des dieux. C’était grisant mais lassant, je dois l’admettre. J’ai commencé à m’ennuyer. Chris m’a indiqué avoir très envie d’aller faire un tour du côté des hittites, nos voisins prometteurs en termes politiques. Il a simulé sa mort et notre premier fils est monté sur le trône. Son nom ne te dira probablement rien mais son épouse principale se nommait Nefertiti.
Julie indiqua d’un geste qu’effectivement, elle connaissait ce nom, sans pouvoir développer davantage.
- Je suis devenue la reine mère, un rôle bien différent, nécessitant beaucoup de diplomatie.
Julie voulait bien le croire.
- Chris venait souvent me voir afin de me conseiller. Je crois que notre fils a dû être témoin d’une de ses visites car il a subitement interdit toutes les autres religions qu’Aton. Il appelait ce dieu « son père » dans ses prières. Nous avons laissé faire, persuadés que ça lui passerait. Il n’a jamais redonné d’argent aux prêtres et temples des autres dieux, les envoyant au loin, pour ne permettre que la vénération d’Aton. Cela fut la première fois qu’une religion monothéiste voyait le jour sur Terre.
- Et Chris en était le destinataire, en frémit Julie. Cela ne fait pas de lui un dieu ! Votre fils a vu quelque chose et en déduit de fausses croyances mais…
- Espérant qu’il cesse sa folie, j’ai simulé ma mort lors d’une épidémie de peste bubonique. Il me suivait dans la tombe la saison suivante. Son fils n’a pas poursuivi. Les subventions sont revenues nourrir les autres temples et l’Égypte est redevenue polythéiste.
Julie soupira d’aise. Une parenthèse vite refermée, parfait !
- Les adorateurs d’Aton n’ont cependant pas disparu. Ils ont continué à exister, à parler, à raconter des légendes, à recruter de nouveaux croyants dans la vision du Dieu unique. Plusieurs siècles plus tard, le mouvement est devenu secte distincte des croyances égyptiennes, quittant même ce territoire pour les terres voisines et finalement, les adeptes sont devenus tellement nombreux qu’ils ont pu revendiquer une religion, nommée aujourd’hui judaïsme.
Julie en perdit tout sourire. Qu’est-ce que la reine venait de dire ?
- Qui a donné naissance au christianisme puis à l’islam, termina Malika.
- Vous osez me dire que les religions monothéistes prient sans le savoir votre époux ?
- Je dis que ces religions ont pour base un homme qui vénérait son père revenu d’entre les morts conseiller sa mère répétant sa parole afin que le fils la répande au peuple.
Le père, le fils et le saint-esprit. Julie se mit à haleter. Elle avait à la fois envie de pleurer et de hurler. Elle voulait lui arracher la langue. Elle s’incluait dans le podium gagnant. Elle se considérait elle-même comme de nature divine. Comment osait-elle ?
Julie baissa les yeux. Elle n’avait pas les moyens de s’opposer à elle. Retenir son venin. Ne pas insulter. Accepter. Se taire. Ravaler ses paroles. Ronger son frein. Survivre. Elijah lui avait appris la résilience. Julie décida de ne pas contredire son interlocutrice sur la nature divine du roi. Elle emprunta une autre approche :
- Ça ne lui donne pas pour autant le droit de disposer à volonté des vies des gens qui l’entourent ! Dieu n'est pas censé…
- Dieu crée des tornades, des raz de marées, des éruptions volcaniques… Il fait naître et tue à volonté.
Julie se referma sur elle-même en grimaçant. Elle n'aimait pas cela du tout. Elle voulait que cette Vampire s’en aille et la laisse pleurer en paix.
- Vous êtes venue pour me parler théologie ? souffla Julie, soudainement à bout de forces.
- Non. Ce sujet de discussion n’était pas prémédité. Si je suis là, c’est pour t’annoncer que tu es enceinte.
Julie comprit pourquoi son interlocutrice s’exprimait en français. Elle tenait à s'assurer qu'aucun malentendu ne pourrait subvenir.
Julie resta un moment interdite. Elle ouvrit la bouche, la referma. Sa première question pensée fut "Comment peut-elle le savoir ?" mais elle la garda pour elle. Bien sûr qu'elle le savait. Les sens sur-développés des Vampires le permettaient sans aucun doute.
Sa deuxième pensée fut "N'importe quoi. Je n'ai baisé qu'une fois", avant de se souvenir qu'elle n'avait pas couché avec n'importe qui. Ce Vampire vieux de plusieurs centaines de milliers d'années l'avait prise. Ses capacités devaient être à la hauteur de son âge et de son rang – mais en aucun cas d’une quelconque raison divine.
La troisième chose qu'elle ressentit fut de la peur. La femme du roi était-elle jalouse ? Après tout, non seulement son mari l'avait trompée devant elle mais en plus, la maîtresse portait sa progéniture. Elle se souvint que Malika avait beaucoup d'enfants. Le roi devait donc lui en donner régulièrement. Était-ce une relation censée être exclusive ? Malika avait annoncé qu'une vie de couple aussi longue impliquait des écarts qui ne dérangeaient aucune des deux parties. Julie balaya ses sentiments. Il fallait qu'elle se concentre.
Pourquoi la femme du roi était-elle venue elle-même lui annoncer sa grossesse ? Ses pensées se mélangeaient. Se concentrer était difficile. Elle se repassa les dernières explications de Malika et soudain, elle oublia ces trois premières pensées et une seule chose l'obséda.
- L'enfant que je porte sera plus évolué que l'Homme actuel ?
Malika sourit. Julie venait d'arriver à la bonne conclusion.
- En effet, confirma la femme du roi. Mon mari étant plus évolué que les homo sapiens et ton enfant étant à moitié le sien, il sera plus avancé.
- Je porte le futur prince ou la future princesse ? s'enquit Julie.
- Prince ? Princesse ?
Malika explosa de rire.
- Oh non ! Chris a de nombreux enfants. Ceux faits avec les humains, il s'en contrefiche. Mes filles sont importantes mais ce sont ses seuls descendants à qui il accorde de l'attention. Il y a fort à parier qu'il ne s'intéressera pas une seule seconde à ce qui sortira de ton ventre.
- Pourquoi l'avoir fait alors ?
- Pourquoi t'avoir violée ? Parce qu'il aime baiser, parfois avec consentement, parfois pas. Mon époux aime la diversité. Apparemment, tu l'as agréablement diverti et je t'en remercie.
Julie en avait la nausée. Chris voulait. Il se servait. Le reste ne lui importait pas. Le roi vivait sans se soucier des conséquences.
- Chris apprécie énormément tes événements. Il aimerait que tu continues. Il te fournira tout ce dont tu auras besoin et même davantage. Demande, et tu obtiendras. Il tient cependant à te rappeler que tu es son esclave et que par conséquent, tu lui appartiens. Il tient à te garder pour lui tout seul. Il est très possessif.
Julie se renfrogna. Esclave. Elle avait donné avec Elijah. Elle avait cru s’en être sortie et voilà qu’elle replongeait. Elle eut envie d’étriper son interlocutrice.
- Puis-je avorter ? demanda Julie.
- Nous disposons des compétences médicales pour le faire disparaître. La question est : veux-tu vraiment t'en débarrasser ? Chris t'a déclarée intouchable mais évidemment, il fera une exception pour ton enfant. Ce bébé aura besoin d'être bercé, nourri, changé. En dehors de lui – et de Chris - personne ne pourra te toucher... Jamais. As-tu vraiment envie de vivre ainsi ? Sans aucun contact ? Réfléchis bien avant de t'en débarrasser.
Julie fixa la main de la reine sur sa cuisse. « En dehors de Chris et la reine », modifia Julie. Devenir maman ? Le voulait-elle ? Elle ne s'était jamais posé la question. Toutes ces années, elle avait craint le retour d'Elijah. Voilà qu'on lui offrait non seulement de vivre mais aussi d'élever un petit être portant son sang. Elle s'imagina le mettre au monde et en prendre soin mais fut bloquée dans sa projection mentale.
- Je n'arrive pas à imaginer ce que ça implique que mon fils soit plus évolué que moi.
Malika inspira fortement avant d'annoncer :
- Ce n'est pas si simple. Tu vas trop vite. Avant de se demander ce que sera ton fils après sa naissance, il convient que tu comprennes ce que porter cet enfant implique.
- Comment cela ? interrogea Julie.
- L'une des spécificités de la prochaine évolution est la capacité du corps à réparer ses propres gènes défaillants, à muter rapidement sans erreur.
- Il ne sera pas malade et vivra plus longtemps, comprit Julie.
- Parmi d'autres choses, oui, mais encore une fois, tu vas trop vite. Pour le moment, ton ovule fécondé survit seul. Dans quelques heures, il se liera à toi via le cordon ombilical et le placenta et des échanges commenceront, dans les deux sens.
- Je ne saisis pas bien.
- Tu vas subir une thérapie génique.
Julie montra d'un geste qu'elle n'avait pas la moindre idée de ce que son interlocutrice venait d'annoncer.
- Tu pourras jeter tes lunettes à la poubelle. Le cancer du sein que tu aurais développé dans une petite dizaine d'années disparaîtra.
- Cancer du sein ? répéta Julie, alarmée.
- Ton espérance de vie sera allongée, continua Malika comme si Julie n'avait rien dit. Cette grossesse n'amènera aucun désagrément. Tu n'auras ni nausée, ni vomissement, ni œdème, ni diabète ou rien de ce genre. L'enfant n'aura aucun problème et tout se passera à merveilles. L'accouchement ne sera pas douloureux car ton corps modifiera tes os pour permettre une sortie facile puis se reconstruira sans même que tu t'en rendes compte.
- C'est extraordinaire, avoua Julie qui n'en revenait pas. Je vais vivre neuf mois de bonheur !
Cette grossesse serait la seule de sa vie. Visiblement, elle serait merveilleuse et lui offrirait une meilleure longévité. Pour l'instant, la balance pesait davantage du côté de garder l'enfant. Julie grimaça. Ce n'était pas une bonne raison morale pour garder le bébé. Elle allait devoir l'accepter comme cerise sur le gâteau et non comme raison principale.
- Un an, annonça Malika. Une meilleure évolution implique un temps de gestation plus long.
Julie hocha la tête, enregistrant l'information, l'étiquetant comme neutre. À ses yeux, ce n'était pas ni bien, ni mal que cette grossesse dure quelques mois de plus qu'à la normale.
- Pourquoi êtes-vous venue en personne ? demanda Julie. Une de vos filles me l'aurait aussi bien expliqué elle-même.
- Probablement mais je suis la chef de la sécurité et tu es un bijou précieux appartenant à mon époux, le roi. Je tenais à faire cet effort.
Le roi n’apprécierait pas qu’elle avorte, comprit Julie. La thérapie génique induite par la grossesse offrirait à son esclave une vie plus longue, de quoi le ravir. Julie avait intérêt à ne pas prendre une quelconque décision de manière trop hâtive. Il y avait beaucoup de paramètres à prendre en compte.
- Si j’appartiens au roi, pourquoi ne me demande-t-il pas de vivre avec lui, près de lui ?
- Il ne te désire pas malheureuse et tes événements réclament ta présence. Il a ses propres responsabilités. Il peut venir te voir quand il veut même s’il ne le fera probablement pas.
- Ah bon ? Pourquoi ? demanda Julie qui avait imaginé l’inverse.
Après tout, Elijah la collait presque tout le temps.
- Le roi est vieux. Très vieux. Le temps s’écoule différemment à son âge. Il ne se rend plus compte des saisons. Si ça se trouve, quand il repensera à toi, tu seras toute ridée, voire enterrée depuis longtemps.
Julie frémit. Elle retint ses larmes.
- Il me veut comme esclave et m’interdit toute relation humaine sans pour autant me désirer plus que ça ?
- Le monde entier est à lui, rappela Malika.
Julie serra les dents de rage.
- N'oublie jamais ce que tu es et ce que nous sommes.
Malika lui prit le menton. Julie trembla sous le regard pénétrant de cette Vampire de plusieurs milliers d'années. Julie savait très bien ce qu’elle était : de la nourriture qui, si elle les distrayait correctement, repoussait la date du prochain repas. Malika la lâcha avant de continuer d’un ton léger.
- Reste fidèle à toi-même. Nous te protégerons de notre mieux mais essaye d'oublier notre présence.
- Je ne veux pas oublier votre présence, précisa Julie dont le cerveau tournait à mille à l’heure. Je veux même davantage.
Julie comprenait très bien le hiatus de la reine. Elle n’était plus n’importe qui. Elle n’était plus de la simple nourriture. La chose intouchable du roi allait pouvoir se permettre quelques extravagances. Autant tester dès maintenant l’étendue des nouvelles possibilités offertes par ce rang aussi étrange qu’inattendu.
- Que veux-tu dire ?
- Je suis un homo erectus portant un homo sapiens. Je suis à peu près certaine d'être incapable de l'élever.
- Un jour, un homo erectus a porté et élevé un homo sapiens et s'en est sorti à merveilles, sinon, tu ne serais pas là. Tu seras une mère fantastique, n'en doute pas.
- Vous allez me faire croire que mon enfant pourra s'intégrer à notre monde, aller à l'école et avoir des copains et des copines ?
Malika fit la moue. Julie sut qu'elle avait raison.
- J'aimerais que l'un d'entre vous de l'espèce évoluée m'entoure, m'aide, me conseille, soit un référent pour cet enfant. Cela est-il possible ?
Malika sortit son téléphone portable, composa un numéro et attendit. Julie ne vit pas ses lèvres bouger, n'entendit aucun son, aucun échange. Quelques minutes plus tard, Malika raccrocha.
- Sa Majesté est d’accord pour que tu ailles vivre à Musawa.
- Musawa ? répéta Julie qui n’ignorait pas que ce mot signifiât « Égalité » en arabe.
- C’est une ville que nous avons construite. Des humains évolués y demeurent si bien que l’école là-bas est faite pour eux. Ton enfant sera entouré de gens comme lui. Tu te sentiras peut-être à part.
- Ce n’est pas grave. Chris vit à Musawa ?
- Non, répondit Malika. Chris vit au palais.
- Pourquoi ne pas me proposer d’y aller ?
- Un humain survit rarement plus d’un an là-bas. Les initiés ne sont que de la nourriture sur pattes.
Julie frémit.
- Il n’y a pas de Vampires à Musawa ?
- Si, plein, la contra Malika.
Julie frissonna en se tortillant les mains de malaise.
- En revanche, ils ne se nourrissent jamais de sang humain, précisa Malika.
- Pourquoi ? demanda Julie.
- Parce qu’ils sont stupides ? proposa Malika.
Julie comprit que la reine ne portait pas les habitants Vampires de Musawa dans son cœur. Elle décida de ne pas insister davantage.