Chapitre 28 : Le plan

Comme le reste des invités, Orn fixait avec une incompréhension grandissante les nouveaux arrivés. La chasseuse tenant le Wookie lui était entièrement inconnue, et le Twi’lek ne pouvait pas croire qu’une mercenaire aussi peu connue ait capturé Chewbacca lorsque ce dernier avait échappé à l’Empire. Il n’avait non plus la connaissance d’un chasseur de primes originaire de la planète Uba IV. Se tournant vers son compagnon, il comprit que le Mandalorien ne connaissait pas non plus cette individue. L’inconnue s’avançait d’un pas assuré, son casque gris et brun cachant son expression que tous savaient victorieuse. Son prisonnier le suivait lentement, sans aucune résistance, la tête basse. Le Wookie avait dû se battre avec la chasseuse, et semblait avoir accepté ce sort, au plus grand étonnement et désespoir du Twi’lek. Les Wookies avaient été réduits en esclavage par l’Empire, et l’ami de Solo était l’un des rares de son espèce que Orn avait vu en liberté. Le voir ainsi en chaînes faisait naître en lui une haine inconditionnelle envers l’étrangère vêtue de brun, tout en le ramenant à son rôle dans les horreurs perpétuées par l’Empereur. Cependant, il gardait le silence, et se forçait à observer la nouvelle arrivante, imitant le reste de la Cantina, qui n’écoutait les chanteurs que d’une oreille distraite. Le maître des lieux, quant à lui, continuait à se prélasser dans son trône, mâchouillant quelques aliments gluants, daignant à peine adresser un regard à la chasseuse qui se dirigeait vers lui.

Mais lorsqu’il reconnut le prisonnier, son attention se fut tout entière. Il se redressa, et observa avec un plaisir grandissant son futur trophée. Il ne prononça pourtant pas un mot, attendant que la mystérieuse chasseuse inconnue s’approche davantage. L’étrangère prenait son temps, comme si elle célébrait ce qui semblait être son moment de gloire. Son tribut n’était pas anodin, et elle le savait parfaitement. Rares étaient ceux qui réussissaient une si belle capture sans avoir auparavant forgé une certaine réputation. Son succès était d’autant plus impressionnant lorsque l’on savait que le Wookie avait échappé aux deux meilleurs chasseurs de primes, qui n’avaient pas avoué avoir fait la promesse d’aider les fugitifs de l’Empire. Si leurs réputations ne pâtisseraient pas de cela, Orn ne pouvait s’empêcher de se sentir menacé, surtout avec son absence trop prolongée et son retour soudain. D’un autre côté, il était aussi intrigué : un tel talent était rare chez les débutants, qui se faisaient bien souvent anéantir par leurs rivaux plus expérimentés avant même de pouvoir capturer leur première cible. Cette étrangère devait être intelligente et redoutable, et son attitude de conquérante une simple couverture. Lorsqu’elle arriva au niveau de Jabba, ce dernier l’ignora, gardant ses yeux rivés sur le Wookie.

"Je suis venue pour la prime", lança l’étrangère dans sa langue natale.

Si Orn et Fett connaissait et comprenait cette langue, il semblait évident que le Hutt ne saisissait aucun des mots sortant de la bouche de la chasseuse casquée.

"Enfin nous avons le puissant Chewbacca…," se réjouit ce dernier, avant d’appeler un interprète d’une voix brusque.

À cette demande, un robot humanoïde doré survint, l’air affolé et terrifié. N’entendant pas tout l’échange entre les trois individus près du trône, Fett et Orn s’avancèrent discrètement vers eux d’un accord tacite. Plus ils se rapprochaient, plus il semblait évident qu’un désaccord s’animait entre la chasseuse et Jabba, qui frappa violemment le droïde doré. Ce dernier bascula en arrière en appelant à l’aide, tandis que l’étrangère réitéra sa demande.

"Je veux les cinquante mille Crédits. Pas moins," dit-elle d’un ton où une menace germait.

Comme tout maître du crime respectable, Jabba avait voulu abaisser la prime promise pour la capture de Jabba, puisque la chasseuse, aussi forte fut elle, restait une novice et une inconnue dans ce milieu où la réputation faisait tout. Il avait pensé, naïvement, qu’elle aurait accepté un paiement plus bas comme la majeure partie des nouveaux, qui favorisaient leur sécurité et se contentait de la réputation offerte par la capture. Orn lui-même avait accepté un marché inéquitable lorsqu’il avait débuté, pariant sa victoire en course de modules contre son emploi auprès du Hutt. Avec du recul, le chasseur trouvait ridicule la prise de risque inévitable dans laquelle il s’était engagé, même si ce même risque l’avait conduit à une carrière grandiose. Il avait été prêt à tout pour être engagé par Jabba et recevoir des enseignements de chasseurs toujours actifs, insatisfait des leçons offertes par Xyrr, la marchande d’armes. Risquer sa vie pour ça n’avait pas été le meilleur choix de sa vie, et, malgré son aversion pour la nouvelle venue, il était content de savoir que les novices n’étaient plus aussi naïfs qu’avant. Jabba, quant à lui, en était moins satisfait, et était furieux. Fidèle à son poste de favori, Fett s’avança davantage, prêt à calmer les ardeurs de l’étrangère. Levant les yeux au ciel, Orn le suivit de mauvaise grâce, ayant toujours trouvé ridicule et humiliant l'obligation sous-entendue pour un chasseur d’être une sorte de garde pour son employé. Pour autant, le Mandalorien n’avait aucun problème avec cela, et gardait un œil attentif sur la nouvelle venue, qui continuait à demander son dû.

Le droïde doré avait repris sa traduction, mais n’était d’aucune aide pour trouver un accord. Jabba continuait à s’énerver, sans grand effet, ne comprenant pas pourquoi une inconnue si inférieure à lui refusait ce qu’il lui offrait. À vrai dire, le Twi’lek avait hâte de découvrir comment cela allait se terminer. Il n’imaginait pas Jabba céder, mais l’étrangère ne semblait pas être le genre de personne à revenir sur ses paroles. Elle savait ce qu’elle voulait, et même son casque ne parvenait pas à cacher l’expression de détermination et d’entêtement. Chewbacca, pendant ce temps, ne disait rien, et ne tentait même pas de s’échapper. Il restait immobile, à fixer une seule chose. Orn n’avait pas besoin de se retourner pour savoir que le Wookie regardait la nouvelle décoration de Jabba, qui se trouvait être était également son ami, immobilisé dans la carbonite. Le Twi’lek baissa la tête. S’il n’avait pas cru les mensonges de l’Empire aussi aveuglément, rien de tout cela ne serait arrivé. Mais alors qu’il commençait à retomber dans ses sombres pensées qu’il avait cru disparues, une nouvelle exclamation de Jabba le Hutt le sortit de sa rêverie et ramena son attention vers les deux individus se disputant

"Pourquoi devrais-je te donner cinquante mille Crédits ?!"

Le robot se hâta de traduire, avant de crier d’effroi à la réponse de la chasseuse, qui fut suffisante pour faire réagir les deux mercenaires. En même temps que l’étrangère révélait sa bombe thermique, Orn et Fett saisirent leurs armes comme un seul homme, prêts à l’abattre. Le souvenir d’un bâtiment s’effondrant sur lui revint brutalement à l’esprit du Twi’lek, qui se fit violence pour masquer sa peur de revivre un moment pareil. Les autres spectateurs du débat furent saisis de terreur, et un mouvement de recul les anima. Les chanteurs se précipitèrent derrière l’estrade, tandis que les musiciens mirent leurs instruments à l’abri. L’esclave aux pieds de Jabba fut, elle aussi, prise de panique, et s’éloigna le plus possible de la chasseuse, qui tenait toujours dans sa main la bombe thermique, d’où émanait un petit bruit régulier. Remarquant l’esclave, Orn lui signala sèchement de se réfugier derrière lui, sa chaîne ne lui permettant pas de trouver meilleur abri. Le Mandalorien, par habitude, se posta fermement aux côtés de son compagnon, gardant tout du long l’étrangère en ligne de mire. Il sentait la panique insidieuse du Twi’lek, et serra les dents, tentant d’éloigner la culpabilité qu’il ressentait pour être entièrement à l’affut. Fett savait qu’il était l’unique responsable de l’angoisse de son ami. Avant son embuscade, Orn riait aux nez des bombes, se moquant ouvertement de ceux qui les utilisaient. Une telle menace ne l’avait jamais effrayé auparavant, mais désormais, le chasseur devait forcer son corps à ne pas trembler, et se battait contre ses jambes pour ne pas rester tétanisé. Tout ça à cause du Mandalorien, qui ne voulait qu’effacer ses actions passées.

En un sens, cette situation était presque une punition, qu’il accepterait avec plus de joie si Orn n’avait pas été présent en ce moment. Presque. Parce que, contrairement au Twi’lek, Fett ne connaissait pas cette chasseuse, ne lui faisait pas confiance et ne l’aimait aucunement. Des sentiments aux antipodes de celles que le Chasseur Impérial avait porté à l’égard de celui qui l’avait mené droit dans un piège se voulant mortel. Doucement, le Mandalorien à l’armure verte commença à se mettre devant Orn pour le protéger, mais ce dernier lui donna un coup d’épaule brutal avant de faire un signe de la tête vers l'esclave Twi’lek. Comprenant immédiatement, il se posta à ses côtés et se reprit, reportant son attention vers le véritable problème. Avec la Twi’lek derrière lui et Fett, le chasseur se prépara à tirer lorsqu’un grand rire guttural s’échappa du Hutt. Les deux mercenaires échangèrent un regard perplexe, tandis que la chasseuse pencha la tête, intriguée mais ne désactivant pas sa bombe.

"Voici le genre de chasseur que j’apprécie ! Inventif et sans peur… Très bien. Les cinquante mille Crédits sont à toi," lança Jabba d’un air amusé.

Le droïde s’empressa de traduire cette nouvelle à la chasseuse, qui afficha un air satisfait et désactiva sa bombe, au grand soulagement du Twi’lek, qui laissa s’échapper un soupir. La panique qui s’était emparée de la foule disparut aussi rapidement qu’elle était apparue, et bientôt la musique de Bracca reprit. Aux côtés du chasseur, le Mandalorien baissa son arme calmement, pencha la tête pour féliciter l’étrangère, puis retourna dans un coin de la Cantina. Orn ne le suivit pas immédiatement, vérifiant d’abord par une observation méticuleuse que la bombe soit bien désactivée, avant de rejoindre son compagnon tout en rangeant son blaster, pestant intérieurement contre lui-même pour s’être laissé affecter autant par cette menace en l’air. Il s’appuya violemment contre le mur et observa d’un air maussade les hommes de Jabba emmener Chewbacca dans sa cellule. Le Wookie n’avait même pas bronché lorsque la chasseuse avait activé son détonateur, ce qui l’étonnait.

C’était comme si toute volonté de se battre, de lutter et de résister s’était évaporée de lui, alors qu’il était réputé pour être violent et refusant la soumission. Mais alors qu’il continuait à suivre du regard le nouveau trophée de Jabba, il sentit Fett se redresser à ses côtés, attirant par réflexe son attention sur son compagnon. Ce dernier regardait l’étrangère qui s’avançait de son pas sûr vers les deux mercenaires, son casque n’étant pas suffisant pour masquer sa curiosité envers eux. À son tour, Orn se redressa, jetant à cette intruse un regard mauvais dans la foulée. Il ne lui avait toujours pas pardonné pour la bombe, même s’il ne voulait pas montrer les séquelles qu’il portait depuis son embuscade. Il la regarda de haut en bas, la jaugeant, tandis que le Mandalorien restait silencieux et intrigué, attendant que la chasseuse se prononce. Cette dernière, toujours casquée, leva le menton lorsqu’elle arriva à leur niveau, posant une main sur sa hanche. Elle avait une mimique presque royale, agissant comme si elle ne craignait rien, même si son autre bras, le long de son côté, prouvait que sa garde n’était pas baissée. Son regard s’attarda sur Orn, qui devinait un sourire en coin derrière son casque brun. 

"J’espère que vous ne m’en voulez pas trop d’avoir capturé le Wookie à votre place," lança-t-elle d’un ton espiègle.

Fett lâcha un petit rire.

"Pour être honnête, il n’est pas notre cible prioritaire en ce moment," répondit-il, trop aimablement pour son compagnon, qui restait muré dans son silence. "Je dois admettre que tu as du cran. Peu réussissent à capturer un Wookie, et encore moins osent tenir tête à Jabba," continua-t-il avec honnêteté.

Si elle parut surprise par ce compliment venant d’un tel chasseur de primes, l’étrangère baissa la tête en signe de remerciement. Face à cette scène qu’il trouvait ridicule, Orn ne put s’empêcher de souffler de dédain, s’attira l’attention transperçante de l’inconnue.

"Je vois que les rumeurs sont vraies… Le Chasseur Impérial est revenu dans la pègre. Et avec un nouveau symbole, semblerait-il," cracha-t-elle presque à son intention.

"Je te donne le même conseil que j’ai donné à Solo : ne te fait pas des ennemis que tu ne peux pas te permettre.

— Pourtant, tu t’es attiré énormément d'ennemis lorsque tu as gagné ton titre," remarqua l’étrangère, sans se laisser démonter.

Orn hocha la tête, lui concédant cela.

"Mais je me suis fait des alliés encore plus puissants. C’est une question d’équilibre.

— Alors c’est toi qui devrais faire attention. J’ai entendu dire que la roue était en train de tourner," répondit-elle, avec un ton presque fier.

Le Twi’lek avait beau ne plus faire partie de l’Empire et espérer que l’Alliance Rebelle gagne, il n’aimait pas les menaces, ni les sous-entendus. Il s’approcha dangereusement de l’étrangère, qui ne recula pourtant pas, sous l’œil attentif de Fett qui analysait ses moindres mouvements. S’il laissait son compagnon gérer cette situation, il était prêt à retenir l’inconnue insouciante de s’emparer d’une quelconque arme.

"Voici ton deuxième conseil : ne m’ait pas comme ennemi. Contrairement à toi, je tiens mes menaces, et je n’hésite pas à faire sauter un bâtiment pour tuer, même si cela me met en danger," souffla calmement et gravement le Twi’lek, qui remarqua en même temps un mouvement suspect en direction du couloir menant aux cellules, au fond de la Cantina.

Posant sa main sur l’épaule de l’étrangère, il la laissa sur cet avertissement et partit en direction de la prison, sans se soucier du Mandalorien, qui se contentait de rire doucement face à réaction de l’inconnue. Des deux mercenaires,  Orn était le meilleur pour formuler des menaces, qui n’étaient que rarement vaines. Lors de leurs années communes, Fett s’amusait à laisser son compagnon s’occuper des négociations, rien que pour observer le visage palissant de ses interlocuteurs. Cependant, en voyant le chasseur partir de son côté, le Mandalorien était quelque peu pris au dépourvu, et observa de loin son ami qui se dirigeait d’un pas décidé vers les cellules, un petit sourire aux lèvres. À vrai dire, il était heureux de se trouver à nouveau aux côtés du Twi’lek Léthan, et son regard intrigué se transforma rapidement en regard aimant. Lorsqu’il le perdit de vue, le Mandalorien se tourna vers l’estrade pour écouter les chanteurs de Bracca, sans se soucier de l’étrangère, qui de toute façon était partie dans la direction opposée du Chasseur Impérial.

 

En réalité, Orn suivait quelqu’un de très précis, qui s’était réfugié discrètement vers les cellules après avoir fait partir les gardes en leur glissant quelques mots à l’oreille. Malheureusement, son manège n’avait pas échappé au Twi’lek, qui l’avait aperçu en s’approchant vers l’étrangère. Se frayant rapidement un chemin, il suivit l’intrus, ayant un mauvais pressentiment vis-à-vis de lui. Il suivait donc son instinct, mettant un point d’honneur à se faire le plus discret possible. Comme il l’avait deviné, l’homme se dirigeait vers les cellules, empruntant les différentes galeries brunâtres avec précaution. Sur ce sol, qui était un mélange de sable et de terre, il était facile de se déplacer sans bruit, et le chasseur comme la proie profitaient de cet avantage offert par le Palais de Jabba. Au détour d’un énième virage, l’intrus ralentit le rythme, enfin arrivé dans la prison.

Des deux côtés de l’étroite galerie, la terre formant le mur s’interrompait, remplacée par des barreaux dont le gris s'effaçait pour laisser sa place à la couleur cuivrée de la rouille. Derrière ces vieilles grilles pourtant résistantes, différents individus observaient les nouveaux arrivés, d’un air mauvais ou abattu. En commençant à traverser le couloir, l’intrus étudiait avec détail l’intérieur des prisons, rendant évident qu’il cherchait quelqu’un de précis. Seulement, Orn fit une erreur en lui emboîtant discrètement le pas. Les prisonniers le reconnaissaient, au moins par réputation, et lorsque les plus proches de lui le virent, ils reculèrent dans leur cellule, la peur au ventre. Ce mouvement n’échappa pas à l’intrus, qui se retourna immédiatement, brandissant son arme. Son visage était partiellement couvert par l’attache de son casque plat en cuir, mais ses yeux bruns, sa peau sombre et sa moustache étaient presque entièrement visible, et il était très facilement reconnaissable. Bien qu’il soit habillé avec une armure primitive en cuir, contrairement à ses habituels vêtements colorés et respectables, Orn sut avec qui il avait affaire immédiatement, et ne put s’empêcher de sourire légèrement. Il ne prit même pas la précaution de sortir sa propre arme, malgré avoir fait une erreur de débutant qui n’était pas à son habitude. L’intrus le reconnut à l’instant où ses yeux se posèrent sur lui, et se détendit aussitôt, abaissant son arme tout en poussant un soupir de soulagement, qui se transforma en un petit rire.

"Ne me fait plus jamais peur comme ça, Orn…

— Alors n’entre pas par effraction chez mon nouvel employé, Lando," rétorqua le concerné en souriant.

Levant les yeux au ciel, l’ancien administrateur de la Cité des Nuages rangea son arme, et continua son inspection des cellules, suivi de près par le chasseur, qui savait maintenant parfaitement ce que venait faire Lando ici.

"Les nouvelles vont vite, il faut croire. Comment as-tu fait pour perdre un Wookie ?" demanda le Twi’lek.

"J’ai bien réussi à perdre toute une ville minière, alors un Wookie têtu… Disons que ce n’était pas vraiment un challenge," répondit-il avec un humour triste.

Sans prévenir, il s’arrêta, et planta ses yeux dans le chasseur, comme s’il le jugeait. Pris de court par ce manège, Orn effectua un mouvement de recul défensif, s’apprêtant à prendre la parole pour le questionner lorsque Lando le devança.

"Étais-tu sincère lorsque tu as proposé de m’aider à délivrer Han du Hutt ?

— Je le suis plus encore maintenant. Mais je n’ai aucune idée de comment t’aider," avoua le chasseur, se rappelant de sa promesse à Lando, alors que Solo se faisait torturer.

Calrissian reprit son chemin, à la recherche de Chewbacca, satisfait de sa réponse. Il penchait légèrement la tête, réfléchissant à ce qu’il allait dire. L’administrateur n’était pas suffisamment idiot pour vouer au Twi’lek une confiance infinie, mais il ressentait qu’il pouvait lui faire confiance sur ce point au moins, aussi dangereux cela était-il. Si Leia était à ses côtés, elle le frapperait sans aucun doute en le voyant considérer une alliance avec le Chasseur Impérial, qui semblait brûler d’envie de faire chuter l’Empire.

"Pourquoi m’aides-tu, Orn ?" demanda-t-il finalement, préférant jauger son possible nouvel allié.

Ce dernier ne fut pas surpris par la question, qu’il trouvait d’ailleurs légitime

"Parce que je m’en veux," dit-il en toute honnêteté.

Lando lâcha un petit rire, puis fit une tête étrange en sentant le sérieux émaner de son interlocuteur.

"Je ne t’imaginais pas avoir de remords… Tout compte fait, tu ne dois pas venir de Dathomir," plaisanta-t-il.

Ce fut au tour du Twi’lek de lever les yeux au ciel.

"Ce n’est pas parce que je t’aide que tu connaîtras ma planète d’origine, Calrissian

— Dommage. Bon, revenons aux choses sérieuses. Luke, Leia, Chewie et moi-même avons un plan, mais je n’avais pas prévu de t’inclure dans cette mission de sauvetage. À vrai dire, je ne pensais même pas que tu serais ici… Mais tu peux bien nous aider. Leia doit être en train de chercher une façon de sortir Han de son emplacement en ce moment-même, et moi, je dois trouver Chewie. Je le libère dès que la princesse sauve mon ami, et nous les protégerons en sortant du Palais. Toi, tu peux rester nous aider ici, soit directement, soit en gardant ouverte la porte de sortie pour que l’on puisse partir rapidement. Des questions

— Oui. Le gamin, Luke, quel rôle a-t-il dans tout ça ?" demanda Orn, tentant avec difficulté de cacher son aversion pour le Rebelle.

"Le gamin, comme tu dis, interviendra si, d’une façon ou d’une autre, notre plan échoue.

— Il est si fort que ça ?

— C’est... C’est un Jedi," murmura Lando avec hésitation, comme si ce simple mot allait provoquer la fin du monde.

Loin d’ignorer tous les mensonges de l’Empire, le chasseur ne put s’empêcher de soupirer à ce mot. Il avait beau tenter de déconstruire sa pensée, la haine puissante qu’il avait éprouvée à l’égard des membres de cet Ordre était difficile à annihiler complètement.

"Pourquoi ai-je la vague impression que vous, les Rebelles, allez causer ma mort ?" se plaignit-il, décrochant un rire éclatant chez Lando.

La quête pour trouver le Wookie ne dura pas bien longtemps, et après une retrouvaille heureuse et déterminée, Lando ajusta son casque pour mieux cacher son visage, et sortit de la prison avec Orn, sachant désormais où se trouvait son ami et comment le retrouver pour le libérer quand l’heure sera venue. Le chasseur retourna aux côtés de son compagnon, lui expliquant qu’il avait cru apercevoir quelqu’un de suspect, mais qu’il s’était trompé, ce qui n’était pas entièrement faux. Tout comme Lando ne lui avait pas révélé tous les détails de son plan, le Twi’lek ne fit pas part à Fett de sa volonté de participer à la libération du contrebandier.

Non pas qu’il ne lui faisait pas confiance, mais moins de personnes étaient au courant de cette manigance, mieux elle se déroulera. Il passa le reste de son après-midi dans la Cantina, passant un agréable moment avec son compagnon, se laissant aller à des anciennes habitudes qu’il n’avait pourtant jamais cru reprendre, tout en gardant un œil sur Lando, resté lui aussi au Palais. La grande salle du trône ne se vida que tard dans la soirée, avec le groupe de chanteurs de Bracca qui continuait inlassablement à travailler sur scène, sans monter le moindre signe de fatigue, contrairement au Mandalorien qui n’hésita pas à poser tendrement sa tête sur l’épaule du chasseur. Ce dernier, contre sa propre attente, ne le repoussa pas, mais au contraire posa la sienne contre celle de Fett, qui le remercia en un souffle de sa confiance et de son geste. Une telle proximité leur faisait du bien, même dans une salle géante qui restait bondée.

Lorsqu’enfin les Soleils se couchèrent, les deux mercenaires durent accepter la fausse invitation de Jabba, qui leur demanda de rester au Palais le temps d’une nuit. Ce n’était en réalité qu’une façon pour le Hutt de mettre en avant son favoritisme et rappeler à ces deux compagnons leur obligation envers leur employé qui les protégeait et payait leurs primes grassement. Si Orn ne voulait aucunement rester, il savait qu’il n’avait pas le choix, et se fit donc accompagner vers sa chambre d’invité d’honneur, cachant avec grand mal son désir de partir rejoindre Twik. Mais, en chemin, alors qu’il savait la salle du trône vide, un grand bruit fracassant retentit dans tout le Palais. Sans attendre d’instructions, il s’empara de son poignard - bien plus facile à manier qu’un blaster dans un endroit clos - et se précipita vers la place centrale, entendant non loin de lui les pas de Fett et des autres gardes, ainsi que le rire glaçant d’un Jabba copieusement satisfait.

Lorsqu’il débarqua dans la salle du trône, il lâcha un juron face à la scène qui l’attendait. Par terre, près du mur où auparavant se trouvait Solo, était la princesse d'Alderaan, qui soutenait Han, dont les yeux étaient fermés. À leur côté se trouvait le casque de l’étrangère, et Orn pesta à nouveau en comprenant que la chasseuse de Uba IV n’était autre que Leia Organa, qui se trouvait désormais à la merci de Jabba. Son regard, inquiet, s’arrêta un instant sur lui, et un frisson le parcourut lorsqu’il comprit la signification de son air déterminé et, comme toujours, défiant. Leia, malgré toute la haine qu’elle éprouvait pour Orn, lui demandait de l’aide.

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SinnaraAstaroth
Posté le 21/05/2024
Un chapitre avec pas mal d'action, malgré quelques longueurs par moment. Pour une fois, je ne me suis pas plantée, c'était bien Leia la chasseuse ! x) En vrai j'ai eu une doute, parce que jusque-là j'étais toujours à côté de la plaque, j'ai dû attendre la fin pour être sûre.

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Mes réactions en vrac :

« pâtisseraient » : pâtiraient, « pâtisser » c’est pour faire des gâteaux x)

« Mais alors qu’il commençait à retomber dans ses sombres pensées qu’il avait cru disparues » : ah non, hein ! ça suffit maintenant ! la pensée positive, on a dit !

« Parce que, contrairement au Twi’lek, Fett ne connaissait pas cette chasseuse, ne lui faisait pas confiance et ne l’aimait aucunement. » : je n’ai pas trop compris ce passage, Orn a deviné l’identité de la chasseuse de primes ? À quel moment ? Parce que je n’ai pas le souvenir qu’il se fasse cette réflexion ou alors j’ai mal lu et j’ai raté un passage important. Et la fin confirme plutôt le fait qu'il ne l'avait pas reconnue et semble le comprendre à ce moment-là seulement.

« qui se contentait de rire doucement face à réaction de l’inconnue » : à la réaction

J’aurais bien voulu savoir comment elle réagit à ces menaces plus en détail, parce que jusque-là, elle était plutôt fière et coriace, notre mystérieuse chasseuse qu’on fera semblant de pas savoir qui c’est...
Solaq G.
Posté le 21/05/2024
Merci pour tes corrections ahah, j'arrive pas à croire que j'ai laissé tant de choses passer ahah !

Par rapport à la phrase sur Orn et l'autre chasseuse : Je sais que la phrase porte à confusion, mais j'arrive pas trop à la modifier. En fait, je compare la situation de Fett par rapport à Orn qui lance la bombe dans son embuscade, et là, il se retrouve face au risque d'avoir un bâtiment qui s'écroule sur lui avec la bombe de la chasseuse. Il se dit que c'est une forme de punition, mais que c'est pas la même chose, parce que dans ce cas-là, il n'y a littéralement aucun lien entre lui et la nouvelle chasseuse. Je sais pas si c'est clair ahah
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