Chapitre 28 - N2

   Plus personne n’ose ouvrir ma cellule.

   L’ampoule a grillé il y a plusieurs jours et je commence à me demander si ce n’est pas un robot qui passe la nourriture par la trappe de la porte. Ils m’ont peut-être abandonné à mon sort, mais ils ne m’oublient pas pour autant. L’écran, lui, reste toujours allumé et je ne rate pas les clins d’œil que ces monstres qui se prennent pour des scientifiques jettent à la caméra avant de s’attaquer à son corps. Aujourd’hui, ils sont particulièrement persévérants. Déjà plus de deux heures qu’ils se penchent sur la table où elle est allongée, inerte. Je ne peux pas détourner le regard. Les yeux fixés sur l’écran, je manipule un morceau de pied de lit entre mes mains. Le lit ne ressemble vraiment plus à un lit maintenant. J’utilise mon pouvoir sur ce morceau que je triture depuis plus d’une heure. Lorsque mes mains s’arrêtent, mon regard quitte l’écran quelques secondes et se baisse sur ce que j’ai créé.

   Une dague. Une dague avec une lame acérée dans laquelle j’aperçois soudain mon visage. Je relève aussitôt les yeux vers l’écran.

   La pointe sur le sol, je tiens le manche entre mon pouce et mon majeur et fais tourner la dague dans un bruit métallique entêtant. Encore et encore. Tout pendant qu’ils la torturent. Dès qu’ils sortent enfin de la pièce, ma résolution est prise. Si un de ces monstres vient ouvrir ma porte, ce sera la dernière chose qu’il fera. Cette porte est mon seul moyen de m’échapper. Je n’ai peut-être que ma force et une arme faite dans un pied de lit pour me défendre, mais si cette porte s’ouvre, je ne la laisserai pas se refermer.