Chapitre 29 - Anna : Partie de poker

Par Emma
Notes de l’auteur : Attention : Une scène explicite est décrite dans ce chapitre, à bon entendeur !
Merci pour vos retours🌸

 

Encore quelques jours avant le grand départ… sans Kyle. Fair-play, mes parents ont compris ses raisons.

Papa a sorti sa vieille moto du garage. Elle n’a jamais vraiment marché, mais il y tient beaucoup. Kyle et lui parlent des réparations à effectuer, mon père va chercher les pièces de rechange, et lui explique comment les remplacer. Je sens Kyle se détendre, poser des tas de questions, s’intéresser de près aux explications, son appétence pour la mécanique est, pour moi, une évidence. Attendrie, je souris, il en viendrait presque à m’oublier. À sa façon, mon père aide mon petit ami à ne plus penser, l’espace d’un instant, à notre future séparation.

Kyle se met à la tâche avec beaucoup de sérieux. Après quelques heures de travail, la moto démarre. Il cherche mon regard, m’envoie un clin d’œil, heureux, décontracté, puis me montre ses mains pleines de cambouis. Je peux lire de la fierté sur son visage et je prends conscience de sa passion pour les cylindrées.

Pour finir, ma mère l’invite à partager notre dîner. Le repas terminé, une boîte est placée devant lui. Intrigué, il n’ose pas y toucher.

— Qu’est-ce que c’est ? 

Mon père lui sourit :

— Tu devrais l’ouvrir, sinon tu ne le découvriras jamais.

Je le sens gêné, nerveux, un peu tendu. Après un moment d’hésitation, il défait le paquet. Au moment où il découvre le téléphone, il reste là, sans bouger, comme si l’objet allait lui brûler les doigts.

— Est-ce que… c’est pour moi ?

— Oui, il est pour toi.

Son regard va du portable à mes parents.

— Pourquoi ?

Il fronce les sourcils et ajoute :

— Marlène n’a pas les moyens de me payer un forfait.

Il baisse les yeux, embarrassé.

— C’est pour ça qu’on n’en a pas d’ailleurs.

— Ne t’inquiète pas, Marlène est au courant. Nous nous acquitterons de ton abonnement. Kyle, nous allons partir pendant une quinzaine de jours, ça va vous paraître une éternité. Et puis, comme ça, vous aurez l’impression de ne pas être trop loin l’un de l’autre.

Complètement perdu, il me cherche du regard. Discrètement, mes parents sortent de la pièce. Je m’approche de Kyle et glisse mes doigts dans ses cheveux. Ses bras s’enroulent autour de ma taille. Ses yeux bleu marine plongent dans les miens. Sans un mot, il me dit tout l’amour qu’il ressent pour moi avant de s’emparer de mes lèvres.

**

Pour notre dernière soirée, Mike et mon père organisent une partie de poker. Nous préparons des amuse-gueules, commandons des pizzas. Les Honnor, la famille de Lexi est invitée. Mon portable sonne au moment où je m’apprête à joindre Kyle.

— Lexi ?

— Tu attendais un autre appel ?

—  Celui de Kyle, à dire vrai.

— Comment ça, Kyle ? Je croyais qu’il n’avait pas de mobile !

— Ben en fait si… Tu viens toujours ce soir ?

— Oui, mais là, ça ne va pas du tout. Il faut que tu m’aides. Mes parents ignorent ma relation avec Elijah.

— Oh zut !

Lexi me murmure :

— Attends, ma mère me rejoint, ne raccroche pas. Je te reprends tout de suite.

Je perçois des voix, de la musique, des bruits de pas, une porte s’ouvrir, de l’eau couler.

— Anna, t’es toujours là ?

— Oui. Mais t'es où ? 

Elle soupire.

— Elle m’a traînée dans le centre commercial, en espérant me trouver la robe parfaite pour son gala de bienfaisance. Elle imagine éblouir le fils du sénateur. Je te jure, je vais finir par la trucider. Et si tu te poses la question, je ne peux rien lui dire à propos d’Elijah, elle serait capable du pire. Écoute, je suis coincée jusqu’à ce soir. Arrange-toi pour parler à Elijah, tu es mon dernier recours.

—  Je vais essayer, mais je ne te promets rien.

— Merci, Anna… Je dois raccrocher, on se voit plus tard.

— À plus, Lexi.

J’appuie sur la touche correspondant au numéro de Kyle.

— Derek, donne-moi ce téléphone. Non, ne pars pas dans ta chambre, je…

VLAN…

— Anna, c’est si gentil de m’appeler mon chou !

J’entends un bruit de bagarre en fond, puis la voix de Kyle résonner à mon oreille.

— Tu vas me le payer cher, espèce de crétin… Anna, salut ma puce. Désolé, mon frère est survolté. Il se pense imbattable au poker. Je suis sûr de pouvoir faire mieux que lui, même si je ne suis pas très doué à ce jeu-là.

Je souris toute seule.

— Tu as toutes tes chances. Écoute, j’ai besoin de parler à Elijah. Lexi m’a appelée, elle a apparemment un souci avec ses parents. Pourriez-vous passer à la maison un peu plus tôt ? J’aimerais autant lui dire les choses en face.

— Il n’est pas là pour l’instant, mais pas de problème. Désolé ma belle, Marlène prépare des gâteaux, et on s'est proposés pour l’aider.

— Génial, on se voit tout à l’heure.

— Eh, Anna…

— Quoi ?

— Je t’aime.

Mon cœur fait une embardée.

— Je t’aime aussi, lui dis-je chamboulée.

À l’heure prévue, les garçons sont bien là. À peine sorti du véhicule, je me précipite vers Kyle. Je le trouve magnifique. J’ai envie d’être seule avec lui, de passer cette dernière soirée à profiter de ses baisers, de sa tendresse, de ses phrases torrides et de son corps sublime.

— Tu m’as manqué ma puce.

Il m’enlace, s’empare de mes lèvres amoureusement. J’ai du mal à garder les pieds sur terre. L’instant d’après, j’aperçois Elijah, il est temps pour moi de tenir ma promesse. Je salue Derek arborant un tee-shirt avec l’inscription :

 

JE SUIS MOMENTANÉMENT À COURT DE CONNERIES

PATIENTEZ, ÇA VA REVENIR

 

Elijah frappe amicalement l’épaule de Kyle.

— Salut Anna. Kyle m’a dit que tu voulais me parler.

Je jette un coup d’œil à mon petit ami.

— Tu veux bien nous laisser seuls un instant ? 

Il m’embrasse sur le bout du nez.

— T’inquiète, je vais attendre Marlène et Mike. Il faudra décharger la voiture de toute façon.

J’invite Elijah à venir à l’arrière de la maison.

— Lexi aurait dû t’en parler, mais elle n’a pas eu le temps de t’appeler et elle m’a demandé de le faire. Bien sûr, j’aurais préféré…

Mal à l’aise, je m’éclaircis la voix.

— Qu’elle le fasse.

— Je t’écoute.

 Son attitude dénuée d’émotion ne m’incite pas à poursuivre, néanmoins, je prends mon courage à deux mains et lui dit d’une seule traite :

— Ses parents ne sont pas au courant que vous êtes ensemble. D’après Lexi, si sa mère l’apprenait, elle l’obligerait à rompre et ferait en sorte que vous ne puissiez plus vous fréquenter. Voilà, je ne sais rien de plus.

— Je vois, répond-il impassible.

Il fait demi-tour et commence à partir lorsqu’il s’arrête brusquement pour revenir vers moi ; malgré moi je recule d’un pas, plus par réflexe, enfin, je crois ?! Pourquoi faut-il qu’il soit aussi impressionnant ?

— Je te remercie pour ta franchise, mais ne refais plus jamais ça. Si Lexi a quelque chose à me dire, ça doit venir d’elle et de personne d’autre. Si ça ne te dérange pas, je vais aider mes frères et saluer tes parents.

— Bien sûr, pas de problème, dis-je en acquiesçant.

Je le regarde s’éloigner, mais finis par le rattraper. J’ai besoin d’éclaircir mes pensées, même si cela me demande un peu d’aplomb.

— Elijah, attends ! Lexi est mon amie et sa mère n’est pas facile. Je n’essaie pas de t’influencer, c’est juste… enfin, la situation n’est pas aussi simple qu’elle y paraît. Je suis désolée pour tout ça.

Ses yeux imperturbables s’attardent sur mon visage ; je n’arrive pas à deviner ses pensées et ça me met mal à l’aise, au point de me sentir rougir. Il secoue la tête en soupirant.

— Ne t’excuse pas, tu n’y es pour rien. Tu m’accompagnes ? J’entends la bagnole de Mike.

Kyle ne me quitte pas de la soirée. Il se fiche complètement du regard des autres. Il m’embrasse et me prend dans ses bras à chaque occasion. Je ressens l’urgence et son besoin de me sentir auprès de lui.

Derek est au taquet, ses blagues et ses jeux de mots fusent durant tout le dîner, exaspérant considérablement Mike. Sadako, la mère de mon amie, parle de ces derniers tableaux achetés et de la petite fortune que cela leur a coûtée. Je sens Lexi mal à l’aise. Lorsqu’elle s’approche d’Elijah, il devient froid et distant.

La partie de poker est sur le point de commencer, je regarde tour à tour mes adversaires. Je m’entraîne à ce jeu avec mon père depuis l’âge de 8 ans. Observer mes rivaux est la clé. Au bout de plusieurs donnes, leurs mimiques n’ont plus de secret pour moi. Mike écarquille légèrement les yeux quand il a une bonne main. Derek sourit de toutes ses dents et râle lorsqu’il n’a rien. Bonjour la discrétion ! Kyle s’agite sur sa chaise. Elijah, eh bien, je n’en sais rien. Comme à son habitude, il reste de marbre. C’est très énervant un tel contrôle à la fin ! Mon père s’amuse avec ses jetons, il s’agit d’un leurre, mais bien sûr, moi seule suis au courant. Lexi entortille ses cheveux. Son paternel se frotte la nuque. Moi, eh bien… j’essaie de ne pas me mordiller la lèvre. Mon regard croise celui de Kyle, il est obnubilé par mon geste, j’en profite alors pour le déstabiliser.

Au fur et à mesure, les joueurs se couchent. Il ne reste plus qu’Elijah, sans surprise, mon père et Derek. Quoi ? Je ne comprends rien ! Pourquoi je me suis fait griller déjà ? Ah oui ! Au moment où Kyle a saisi ma manœuvre et a commencé à se lécher les lèvres. Il m’a envoyé des tas de signaux chauds comme la braise. À cet instant précis, mon cerveau a arrêté de fonctionner.

Marlène, ma mère et Sadako papotent dans le salon. Elles donnent l’impression de bien s’entendre, même si je sens une certaine retenue chez Marlène. Elle a l’air mal à l’aise à l’évocation des dernières vacances des Honnor dans les Caraïbes. La famille Campbell n’a clairement pas les moyens de partir, alors pourquoi Sadako n’arrête-t-elle pas d’afficher sa différence sociale ? Je commence à comprendre mon amie et sa réticence à lui parler d’Elijah.

Je sens la main de Kyle glisser dans la mienne, son souffle dans mon cou.

— On pourrait revisiter l’étage ? Je te promets de te dire tout ce que je vais te faire avec ma langue.

J’ai très envie d’être avec lui. Je sors de la pièce et entraîne Kyle avec moi. Je monte dans ma chambre et donne un tour de clé. Personne ne viendra. C’est toujours comme ça quand mes parents ont des invités. Kyle s’est approché de mon lit, il est absorbé par le cahier laissé ouvert.

— C’est ton journal intime ?

Il passe un doigt sur le papier, suit les lettres d’un bleu délavées.

— Ça ne te dérange pas, je peux le lire tes pensées ?

— Non, je n’ai rien à cacher, dis-je en déglutissant.

— Tu parles de moi ? Et seulement de moi ? demande-t-il, espiègle.

Je fais semblant de réfléchir.

— J’écris essentiellement sur toi. Mais aussi sur les villes où j’ai vécu, que j’ai traversées, les endroits visités durant nos voyages.

Il tourne les pages, suspend son geste, sourit, et lit à voix haute :

— Je n’ai jamais eu autant envie d’un garçon. Au moment où je l’ai vu dans cette salle de sport, j’ai su, j’allais le recroiser très bientôt.

Les feuilles volent entre ses doigts, s’arrêtent sur un nouveau passage. Sa voix devient plus grave.

— Je me suis donnée à Kyle… Ces moments étaient magiques… Je viens de tomber amoureuse pour la toute première fois…

Désormais, il ne badine plus, mais me fixe si intensément que j’ai du mal à réfléchir. Mon cahier trouve une place sur le bureau, lui s’approche de moi en me déshabillant du regard.

— Ce soir, je n’ai pensé qu’à une seule chose. Veux-tu savoir laquelle ?

Je suis incapable de répondre. Il s’empare de mon poignet et m’attire à lui en murmurant :

— Je me disais que tu avais eu une merveilleuse idée de mettre cette petite robe. Pendant la partie de poker, j’aurais aimé atteindre le haut de tes cuisses, te caresser jusqu’à ce que tu sois sur le point de jouir. J’ai eu envie de toi à la minute où je t’ai vu, ce soir-là, dans le bureau de Mike. J’ai toujours envie de toi, d’être avec toi, tu as cet effet sur moi.

Tout en parlant, il relève très lentement le tissu, remonte ses doigts jusqu’à mon sexe, et me caresse en appuyant juste ce qu’il faut pour me faire mourir de plaisir, tout en m’embrassant dans le cou. De l’autre main, il descend ma fermeture éclair et abaisse la robe sur ma taille. Il penche la tête pour avoir accès à mes seins, en lèche les pointes, les prend dans sa bouche avant d’en érafler les bouts de ses dents. J’entrouvre les lèvres, réprimant un cri.

— Pas de soutien-gorge, j’aime ça.

Il me mordille le lobe de l’oreille, sa voix est rauque de désir alors qu’il m’avoue ces quelques mots :

— Tu me rends complètement fou.

Il m’entraîne et m’allonge sur le lit, je tire sur ses vêtements, aussi empressée que lui. J’explore son corps, me redresse au-dessus de lui, dépose des baisers dans son cou, son torse, son ventre ; caresse son membre, il gémit et se cambre pour accentuer la pression.

— C’est trop bon… c’est… Anna arrête. Je vais… Attends ! Je n’arrive pas à me retenir, avec toi c’est tellement différent, c’est fort, c’est… je n’ai jamais connu ça avant toi.

Il s’empare de ma main, me relève, ses lèvres rencontrent les siennes, il m’embrasse comme si c’était la dernière fois.

— Anna, je t’aime tellement.

Je croise son regard.

— Je t’aime aussi Kyle.

J’attrape un préservatif et lui enfile. Il gémit, halète. D’une torsion du bassin, il me retourne sur le matelas, se positionne au-dessus de moi et d’un coup de reins puissant me pénètre en gémissant. Nos hanches se mettent en mouvement au même instant. Toutes pensées cohérentes désertent mon esprit, balayées par le plaisir. Mon âme appartient à Kyle. Ce garçon me bouleverse, je le veux dans ma vie pour toujours, à jamais. Comme il accélère, je bascule dans l’orgasme. Il me pilonne de plus en plus fort et jouit dans un râle. Il s’écroule, se retient sur les mains au dernier moment avant de s’allonger à mes côtés et me serre dans ses bras. On se murmure des promesses, des mots pleins de tendresse, je lui raconte des souvenirs de mon enfance. Et à mon grand étonnement, il commence à me parler de la sienne.

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