- Fred non plus ne vieillit pas, fit remarquer Oriana alors que Baptiste effectuait sa palpation hebdomadaire.
- C’est un membre de mon personnel. Si je suis le Diable, alors c’est un démon. Les démons ne vieillissent pas. Oh !
- Quoi ? demanda Oriana soudain inquiète.
- Fred n’apprécie pas du tout d’être assimilé à un démon. Nous avons vraiment tous nos jugements de valeur personnels.
Était-il télépathe ? se demanda une fois de plus Oriana. Comment pouvait-il connaître l’avis de Fred – sa surprise semblait indiquer qu’il l’apprenait à l’instant – alors que ce dernier ne se trouvait pas dans la pièce ?
- Pourquoi une telle comparaison lui déplaît-elle ? interrogea Oriana, curieuse.
Baptiste pencha la tête un instant, écouta un son audible de lui seul puis tourna de nouveau son attention vers Oriana et annonça :
- Parce que les démons n’ont pas d’âme. Apparemment, Fred tient beaucoup à son âme.
Baptiste ricana. Il semblait se moquer de son collaborateur. Oriana ne voyait pas bien ce qu’il y avait de drôle.
- Vous voudrez bien transmettre mes excuses à Fred ? Je ne cherchais pas à le blesser.
- Excuses inutiles, annonça Baptiste. C’est à moi qu’il en veut, pas à toi.
- Je m’excuse quand même, insista Oriana.
Baptiste haussa les épaules. Il semblait trouver tout cela totalement inutile.
- L’examen indique que tout va bien. Tu prends bien soin de toi. Je suis satisfait.
Oriana sourit. Contenter le maître des lieux était agréable.
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- Oriana ! Grimpe !
La jeune femme releva le nez de ses semis de concombres pour constater la présence d’une navette volant juste devant elle. Un personnel en blouse blanche venait de lui donner cet ordre. Elle l’observa, surprise.
- Allez, s’il te plaît, monte ! insista-t-il.
Il suppliait maintenant. Elle sourit. Il savait ne pas avoir d’ordre à lui donner. Elle n’obéissait qu’à Baptiste. Un peu agacée, elle se leva pour sauter sur la rampe d’accès qui se referma derrière elle. Au bord de son champ de vision, elle avait pu voir le sol glisser à grande vitesse. Le pilote n’avait pas attendu longtemps avant de relancer les moteurs – silencieux, comme d’habitude.
Oriana suivit le personnel jusque dans la cabine de pilotage, où elle n’avait jusque-là pas mis les pieds. Deux sièges permettaient de s’asseoir face à un pare-brise. Une femme pilotait avec concentration. La navette volait droit sur un mur.
- Je demande l’ouverture du passage vers le complexe F, indiqua la pilote en freinant brusquement, ce qui n’entraîna aucun ressenti particulier à l’intérieur de la cabine de pilotage.
Oriana avait ancré sa main sur le dossier d’un siège, s’attendant à une impact mais ce fut inutile.
- Demande refusée, répondit une voix synthétique. Il y a un humain à bord de votre navette.
« Un humain » ? pensa Oriana. « Ben non ! Trois ! »
- Évidemment qu’il y a un humain ! Oriana est avec nous ! s’exclama le copilote, agacé.
- Oriana n’est pas autorisée à sortir de ce complexe, répliqua la machine.
- Je m’en fous ! s’exclama le copilote. Je veux qu’elle sorte ! Maintenant !
- Autorisation de Baptiste requise, précisa la machine.
- Mais c’est justement parce que Baptiste est indisponible que j’ai besoin d’Oriana !
- Autorisation de Baptiste requise, répéta la machine.
Cela fit sourire Oriana. Le copilote enrageait contre une IA un peu trop pointilleuse. Elle s’obligea à conserver son sourire tout en réfléchissant. Si même le personnel de la Clinique luttait pour l’en faire sortir, quelle stratégie pourrait-elle mettre en place pour fuir ? Comment faire en sorte que l’IA ne se rende pas compte de sa présence dans la navette ?
- Baptiste est indisponible ! hurla le copilote. Je passe outre cet élément de sécurité. Code 27C5X.
- C’est intelligent de faire ça devant elle, gronda la pilote.
- Tu vois une autre solution ? s’écria le copilote.
- Lui interdire d’entrer dans le cockpit ? proposa la pilote, visiblement agacée.
- Autorisation accordée, dit l’IA.
- Ah ben c’est pas trop tôt ! grogna le copilote tandis que la pilote mettait la gomme.
Oriana se demanda la raison pour laquelle ces deux-là dépensaient une telle énergie. À travers la vitre, Oriana vit ce qui ressemblait fort à la Clinique : de la verdure et des bâtiments. La navette s’éloigna des constructions pour se poser dans une clairière.
- On y va ! s’exclama le copilote en sortant en trombe.
Oriana le suivit, un peu surprise. Ils traversèrent quelques fougères, contournèrent deux rochers et derrière le troisième, Oriana découvrit une femme asiatique allongée. Une autre se tenait près d’elle, lui tenant la main. Trois personnels en blouse blanche observaient sans rien faire.
Du ventre de la femme au sol sortait un bout de bois. Du sang se répandait assez lentement autour de la blessure. Oriana s’accroupit près d’elle et commença par observer la situation.
- Elle est tombée en faisant du cheval, indiqua le personnel venu la chercher.
La femme lui parla mais Oriana ne comprenait pas sa langue.
- Elle dit qu’elle ne sent plus ses jambes, traduisit l’homme.
Oriana attrapa son poignet pour repérer son rythme cardiaque mais un des membres du personnel lui indiqua ses constantes. Comment pouvait-il connaître son rythme cardiaque, son rythme respiratoire et son taux d’oxygénation sans la toucher ? Oriana choisit de le croire.
- Donnez-les moi toutes les deux minutes, s’il vous plaît, ou immédiatement s’il y a un gros changement.
- Bien, Oriana, répondit l’homme qui ne semblait pas prendre ombrage de l’ordre donné.
- Donc vous portez des blouses blanches mais vous n’avez pas la moindre compétence en médecine, c’est ça ? demanda Oriana.
Ils acquiescèrent.
- Super, maugréa Oriana.
Elle prit la situation en main. Elle énuméra ce dont elle avait besoin et reçut immédiatement le matériel demandé à l’exception d’un :
- Kit de suture, demanda-t-elle.
- Utilise ça, c’est mieux, indiqua un membre du personnel alors que l’autre annonçait les constantes.
Oriana observa l’appareil qu’elle n’avait jamais vu.
- C’est quoi ?
- Ça remplace un kit de suture.
- Ça a l’air génial mais dites-moi, monsieur le génie, vous savez vous en servir ?
- Euh… non, admit-il.
- Moi non plus alors donnez-moi un putain de kit de suture. Quand Baptiste sera disponible, il pourra toujours enlever les points et utiliser son bijou de technologie.
Elle obtint gain de cause.
- L’un de vous s’y connaît-il en hypnose ?
- Non, dirent-ils en même temps.
- Pas d’anesthésie, je suppose, maugréa Oriana.
- Tu n’as qu’à l’hypnotiser ! s’exclama l’un des personnels.
- Je ne parle pas sa langue. Ça ne marchera pas. Je vais devoir l’opérer à vif. Tenez-la.
Plusieurs s’avancèrent pour immobiliser la souffrante. Oriana commença l’opération, sous les hurlements de la femme. Cela devint rapidement insupportable pour la chirurgienne qui avait l’habitude du calme.
- Baptiste m’a mis la main sur la bouche pour m’oxygéner, dit Oriana qui transpirait. Pouvez-vous faire cela ?
- Oui.
- Alors faites-la taire, s’il vous plaît, et profitez-en pour soutenir son système respiratoire.
Enfin, le silence se fit. Oriana se refusa à regarder le visage de la femme dont elle imagina aisément les yeux révulsés de douleur et d’horreur. Enfin, le morceau de bois tomba mais le sang gicla rapidement et Oriana se dépêcha de cautériser la plaie.
- Je dois partir, annonça celui qui tenait son bras droit. Je vais craquer.
Il se leva précipitamment et partit. Un autre le remplaça mais la patiente, en bougeant, avait fait déraper Oriana qui grogna.
- Ça va ? demanda un membre du personnel.
- Non, gronda-t-elle. Putain de conditions de merde ! Ben pour des caïds en médecine, vous êtes vraiment mauvais.
- Ce genre de situation est rarissime, se défendit-il.
- Elle a une hémorragie interne. Son ventre saigne. Le bébé risque d’être en souffrance. Elle survivra mais je ne promets pas pour son enfant, qui risque de manquer d’oxygène.
- Je ne peux pas lui en mettre plus. Au delà, elle mourra, précisa celui qui maintenait sa bouche.
- Le problème est qu’elle manque de sang pour faire parvenir l’oxygène au bébé. Avez-vous de quoi faire une transfusion ?
- Une transfusion ? s’étrangla l’homme le plus proche d’elle.
- Elle a l’air d’aller bien. Il faut qu’elle donne son sang à sa copine, dit Oriana en désignant l’autre femme, toujours choquée face à ce spectacle.
Celui aux constantes l’attrapa sans ménagement et l’obligea à s’asseoir près de la souffrante.
- Putain mais non ! s’exclama le premier. Baptiste hurlera quand il apprendra qu’on a volontairement blessé une femme en parfait état.
- Il appréciera encore moins de perdre cet enfant, répliqua Oriana.
Celui aux constantes sourit, annonça ses valeurs, puis réalisa le montage avec précision.
- Soigner quelqu’un, non, mais lui prendre son sang, oui, en conclut Oriana. Vous avez des compétences étranges et inattendues.
Ils sourirent tous, comme s’ils partageaient une blague connue d’eux seuls. Oriana termina l’opération et la femme put enfin gémir tout son saoul.
- Elle est transportable, annonça Oriana. D’habitude, je dirais de lui donner des antibiotiques mais je suppose que ça n’est pas envisageable.
- Non, en effet, confirma un membre du personnel, mais ça ne sera pas nécessaire. Il n’y aura pas d’infection. Nous contrôlons l’intégralité du biotope de cet endroit. Tu peux la ramener.
Celui venu la chercher lui fit signe de le suivre et elle retourna dans la navette. À peine rentrée, elle prit une douche, but une gourde entière puis se coucha pour n’être réveillée que trois heures plus tard par une très pressante envie d’uriner. Sa vessie vidée, elle rejoignit la salle à manger où se trouvaient déjà une dizaine de femmes. Il était tôt mais le réfectoire était rarement vide.
Oriana dégusta des fruits et des pâtisseries, un dîner très peu équilibré mais c’est tout ce qui lui faisait envie. Le silence se fit soudain dans la salle. Oriana, surprise, leva le nez de son assiette, suivit le regard des autres convives pour voir Baptiste venir vers elle. Il s’arrêta devant elle et lança :
- Bonjour, Oriana.
- Bonjour, Baptiste, répondit-elle.
Venait-il la rabrouer pour le contenu fort discutable de son assiette ?
- Je te remercie pour ce que tu as fait cet après-midi.
Oriana en resta muette de surprise. Il la remerciait, elle ?
- Tu n’avais pas à faire cela. Rien ne t’y forçait. Tu as sauvé ma création.
Oriana avait avant tout sauvé cette femme.
- Le bébé va bien ?
- Il se porte à merveille. Je te dois une faveur.
Oriana enregistra l’annonce mais de manière lointaine. Elle ne voulait qu’une seule chose : partir d’ici et cette faveur-là, jamais il ne lui offrirait. De ce fait, cette annonce lui passa au-dessus de la tête.
- Vous devriez songer à mettre des médecins dans votre clinique, proposa Oriana et cette remarque n’avait rien de taquine.
Elle le pensait vraiment.
- Il semblerait qu’il y en ait déjà un, répliqua Baptiste en la transperçant du regard.
- Je suis rouillée, répliqua-t-elle.
- J’ai constaté, indiqua Baptiste. Il te suffit de t’entraîner. Pas d’IA, promis. Juste des hologrammes et une salle entièrement sous le contrôle de ta tablette. Qu’en penses-tu ?
- Qu’il faudrait songer à ce que certains membres de votre personnel soient médecins.
- Certains sont déjà en train de monter en compétence mais cela prend du temps. En attendant, veux-tu bien être la référente en mon absence ?
Il lui proposait réellement le poste de second de sa Clinique ? Oriana n’en revint pas. Elle sourit bêtement et accepta d’un léger hochement de tête.
- Entraîne-toi quotidiennement !
Oriana acquiesça. Il eut un léger regard vers le plateau rempli de produits sucrés. Oriana rougit intensément puis Baptiste s’éloigna en secouant la tête. Oriana termina son plateau puis le compléta avec des légumes et des œufs en faisant la moue, tandis que les ragots explosaient dans le bâtiment. Pendant une semaine, toutes les pensionnaires ne parlèrent que de ça.
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Oriana pestait contre ce bidule qui au mieux, ne faisait rien, au pire brûlait ou découpait la chair de son patient holographique. Cet appareil était censé remplacer le kit de suture en refermant une blessure ou cautérisant la plaie. Oriana avait beau lire et relire le mode d’emploi présent sur sa tablette, ça ne donnait le résultat escompté qu’une fois sur cent. Pourtant, il n’y avait que trois boutons, dont un pour allumer et éteindre. Ça n’aurait pas dû être si compliqué !
Deux semaines à s’acharner pour un résultat pitoyable. Demander de l’aide à Bryan aurait certainement permis d’éclaircir le problème en deux secondes seulement voilà, rattacher l’IA à elle la rendrait de nouveau visible, réduisant à néant toute chance d’évasion.
- Tu n’aimes pas la technologie ?
Oriana se tourna vers Baptiste qui se tenait, amusé, assis à demi sur une table proche.
- Je n’aime pas quand elle me résiste ou empire la situation. Avec un kit de suture, j’aurais terminé depuis longtemps, grogna Oriana.
- Bryan pourrait t’aider…
- Je ne suis pas encore sénile donc, non merci. Ces machines qui pensent à notre place, je n’en veux pas.
- Tu l’avais volontiers accepté lors de ta première visite ici, fit-il remarquer.
- Il faut croire que j’ai évolué depuis, répondit-elle et Baptiste ne la contredit pas.
Il se contenta de s’approcher et de tapoter sa tablette jusqu’à ce qu’elle affiche un tableau de plusieurs pages. Il s’écarta afin de la laisser le compulser tranquillement. Elle avait déjà survolé cet ensemble imbuvable de lignes et de colonnes sans s’y attarder.
Sentant qu’elle ne comprenait pas, Baptiste, gentiment, lui montra une ligne. Oriana regarda le bras du faux patient, puis le tableau et comprit le lien. Elle régla l’appareil sur le bon mode et l’activa mais le résultat fut atroce : les chairs se déchiquetèrent au lieu de se refermer. Baptiste ricana. Il réinitialisa l’hologramme, se plaça derrière Oriana, attrapa le scalpel de sa main gauche pour inciser le bras du faux patient puis se saisit de la main droite d’Oriana tenant l’objet technologique et la manipula. Sous les yeux abasourdis de la chirurgienne, la blessure se referma à la perfection.
- Ce n’est pas juste, grogna Oriana. Ce truc ne répond qu’à son maître !
- Non, dit-il amusé. Tu ne prends juste pas en compte cette valeur.
Il montra une case du tableau. Se faisant, il se pencha, se collant contre le dos d’Oriana qui trouva ce contact très agréable. Sa chaleur la pénétra, la faisant frissonner. Elle sourit et dut faire un énorme effort pour rester concentrée sur cette suite imbuvable de valeurs.
- Tu vois ? dit-il.
- L’angle d’attaque a de l’importance, comprit-elle, son cerveau parvenant toujours à fonctionner.
Les hormones viendraient bientôt tout bouleverser, elle en fut persuadée.
- Prouve-moi que tu as compris, dit-il en s’éloignant un peu – à peine.
Il trancha la chair du pauvre patient holographique et attendit. Oriana observa la plaie, compulsa le tableau, finit par trouver la valeur, activa l’appareil sur le bon mode, le plaça dans le bon angle et la blessure se referma.
- Mouais, dit-elle. En situation réelle, le temps que je trouve l’information, le mec aura eu le temps de se vider trois fois de son sang !
- C’est parce que tu ne comprends pas la logique. Regarde…
Il lui expliqua comment fonctionnait le tableau et les valeurs jusque-là aléatoires prirent sens. Il parlait d’une voix douce et chaude, sensuelle et bienveillante, répondant à ses questions avec plaisir et entrain, s’amusant de ses réflexions ou de ses incompréhensions, la félicitant lorsqu’elle faisait une remarque juste.
- Tu es prête, annonça-t-il en éteignant la tablette.
Il blessa la fausse victime et Oriana réfléchit intensément, temps qu’il mit à profit pour l’enlacer de son bras droit, observant ses gestes par dessus son épaule gauche. Il déposa le scalpel qu’il maniait de sa main gauche et alors qu’Oriana choisissait un mode, il posa sa main sur l’extérieur de la cuisse d’Oriana, par dessus la robe. Il caressa doucement. Ses intentions étaient très claires et Oriana ne le dissuada pas de continuer.
Oriana savait que de nombreuses pensionnaires couchaient avec le personnel et visiblement, les hommes en blouse blanche ne se refusaient pas. Les rencontres apportaient du plaisir à tous. En revanche, Oriana n’avait jamais entendu quiconque se vanter d’un moment avec le maître des lieux.
Elle avait pris l’habitude, ces dernières années, de beaucoup baiser, son argent lui permettant de se rendre dans de nombreuses soirées. Elle utilisait un moyen contraceptif non invasif et comptait sur sa bonne régénération pour ne pas choper de maladie. Les deux cumulés lui avaient permis de connaître de nombreux amants. Elle avait une vie sexuelle très active.
Le désert depuis son arrivée à la Clinique la mettait, elle devait bien l’admettre, quelque peu sur les nerfs. Le sexe lui manquait. De ce fait, les avances de Baptiste ne lui déplaisaient pas, bien au contraire.
Tout en tentant de rester concentrée sur ses actes, elle se mordait les lèvres. Baptiste, constatant la réaction positive de sa partenaire, décida de monter un cran plus loin et sa main passa sous la robe au niveau du genou et il remonta lentement le long de l’intérieur de la cuisse.
Oriana tressauta. Sa main bougea et l’angle, en changeant, firent se rompre quelques tissus.
- Tu es facilement distraite, chuchota-t-il à son oreille.
Oriana lâcha l’appareil et se retourna, obligeant Baptiste à la lâcher, ce qu’il fit sans se plaindre.
- Quoi ? dit-il tandis qu’elle lui envoyait un regard noir. Ce n’est pas de ma faute si tu n’arrives pas à tenir ta concentration. Il se vide de son sang !
Oriana éteignit l’hologramme.
- Trop facile ! s’exclama-t-il. Tu rates ton intervention alors tu tues ton patient. Quelle méthode barbare !
- Ce n’est qu’un hologramme ! se défendit Oriana.
- Tu l’as désactivé, ce qui revient à le tuer, insista Baptiste. Tout ça parce que tu n’es pas capable de le soigner. Je ne te savais pas aussi brutale !
Son ton amusé laissait clairement entendre l’ironie de ses propos. Oriana continua à le transpercer des yeux.
- Ah mais non, je comprends, continua-t-il. C’est moi. Mes mains n’étaient juste pas au bon endroit.
Oriana soupira en souriant.
- Tu aurais préféré qu’elles soient là, dit-il en empoignant sans honte les seins de sa partenaire.
Il se mit à les malaxer tendrement, comme s’ils furent deux balles anti-stress.
- C’est mieux comme ça ? demanda-t-il, taquin.
Oriana lui sourit franchement en retour. Les deux médecins étaient clairement sur la même longueur d’onde. Ils avaient tout deux envie l’un de l’autre. Oriana n’avait aucun scrupule à coucher avec Baptiste pour s’enfuir à la première occasion. Il s’agissait de sexe, pas de sentiment.
Elle le vit pour la première fois d’un œil différent, la femme regardant l’homme et elle dut admettre qu’il était carrément magnifique, ce dont elle n’avait jusque-là absolument pas pris conscience. Il dut constater son regard sur lui car il annonça :
- Tu peux me toucher.
Oriana se rendit compte que ses mains étaient fermement ancrées sur la table d’opération, ses phalanges rouges à force de serrer. Attendait-elle son autorisation ? Craignait-elle la colère du maître des lieux si elle agissait sans son autorisation ? Elle aurait voulu pouvoir nier mais de fait, oui, peut-être. En tout cas, ses mots la rassurèrent.
Elle décolla ses mains et, pleine de terreur, tout doucement, avec appréhension, effleura le bras droit, craignant que le contact avec le Diable ne la brûle. Il ne se passa rien d’autre que la sensation de la soie de sa chemise sur sa paume. Elle sourit tandis qu’il descendait une main sur ses hanches, l’autre remontant sur son cou.
Les deux partenaires ne se quittaient pas des yeux, guettant dans le regard de l’autre la moindre réaction, elle craignant sa colère, lui vérifiant qu’ils avançaient à l’unisson.
Rassurée par le toucher sans conséquence, Oriana ajouta sa seconde main à la première tandis que Baptiste appuyait davantage ses caresses, sa main gauche descendait, par dessus la robe, se dirigeant, lentement, mais sûrement, vers le lieu de tous les désirs.