— Je souhaiterais avoir la Parole.
Un silence de mort enveloppa la Table des Dix comme un linceul. Tous les regards convergèrent vers la femme qui venait de se lever d'un mouvement lent, saccadé. Les yeux noisette de la reine Juliette s'étaient arrondi de stupeur. Le roi Amalric semblait plus las qu'étonné, et sa sœur Diane se contentait de fixer d'un air indifférent la silhouette frêle qui tentait tant bien que mal de se tenir droite.
Boris souriait à pleine dents mais n'avait pas estimé nécessaire de traduire la phrase au roi du Sskiar, alors les trois souverains étrangers se contentaient d'observer la femme fine vêtue d'une pâle robe lilas qui creusait un peu plus sa maigreur.
— Vous avez la Parole, reine Eléanor de Percée, annonça Marina de sa voix tranchée.
Jade d'Indeya jeta un œil méfiant vers le Dévoué Valmec qui était étrangement calme et silencieux, comme s'il savait. La mère de Juliette balaya l'assemblée de rois et reines d'un geste nerveux, sa main droite s'enroulait sur le bord taillé de la table en marbre. Elle jeta un regard furtif vers Valmec qui agissait comme s'il ne la voyait pas, puis elle ferma les yeux dans une profonde inspiration.
Ses mots s'échouèrent dans l'air comme un bateau qui s'écrase misérablement sur la roche.
— Il faut mettre fin à la censure.
Elle ferma la bouche violemment, comme pour s'empêcher de prononcer la moindre phrase supplémentaire, et elle baissa les yeux sur le regard horrifié de Valmec. Ce dernier ouvrit la bouche comme pour hurler, mais par une force surhumaine que nul ne lui aurait deviné, il s'abstint.
Les voix de Boris, de Ren et de l'interprète de Taravahë résonnèrent dans la salle comme un doux murmure rassurant tandis que les langues et les mots se superposaient.
— Que voulez-vous dire par « censure » ? demanda Amalric, prudent.
— Je ne crois pas que la censure ait besoin d'une définition, rétorqua Diane d'une voix glaciale. Néanmoins, je ne crois pas que nos royaumes soient de fervents défenseurs de cette pratique.
Un ricanement sombre retentit de l'autre côté de la Table. Les yeux de diamant trouvèrent rapidement son origine. La Magicienne Sans Cœur ne prit pas la peine de cacher la courbe cynique de ses lèvres pourpre. Le regard de glace de Diane glissa vers Juliette, qui haussa les épaules en écartant les bras. Son sourire était rayonnant.
— Les Attendants sont interdits de parler, pas de rire.
La Présidente appliqua ses mains à plat sur la table, et cela eut pour effet de reporter l'attention sur le débat.
— Que proposez-vous donc, Votre Majesté ? s'enquit-elle, se tournant vers la souveraine de Percée.
Eléanor prit une longue inspiration secouée de tremblements, le regard perdu dans le vague, au-delà du pupitre de Daryn et Perrault et des fenêtres ouvertes sur l'aube rougeoyante.
— Je… Je crois qu'il est important de… laisser les publications, les manuscrits, les articles être diffusés… librement.
— Lorsque vous dites librement, vous voulez dire… sans contrôle aucun ? intervint la voix insidieuse de Diane, qui croisa les mains devant elle d'un air suffisant.
— Je crois que c'est là une définition tout à fait correcte de la liberté, répondit Jade dans un sourire. Je dois avouer que je ne sais si je suis émue ou simplement étonnée de l'entendre de votre bouche, Mère.
La reine des Ospales tourna des yeux acérés vers elle, mais sa fille ne se départit pas de son rictus. Etrangement, la voix douce et mielleuse de cette dernière sembla offrir un soutien à celle qui osait exprimer ses pensées pour la première fois, et lorsque la reine Eléanor reprit la parole, son ton était posé, certain.
— Je sais ce qu'est la censure. C'est une habitude, un confort. Une manière de s'assurer qu'on a toujours le contrôle. Sur le peuple, sur nos compagnons, sur nos enfants, sur nos voisins, et… sur nous-mêmes.
Pendant un court instant, elle laissa glisser son regard illuminé d'une étincelle extraordinaire vers Valmec, qui se tenait prostré sur son siège d'Attendant, comme s'il n'attendait plus que la mort. Très vite, elle se concentra de nouveau sur l'assemblée, et sa voix suivie de l'écho de sa traduction emplit la pièce.
— Mais en a-t-on réellement besoin ? Qu'avons-nous à cacher ? Nous avons le pouvoir politique.
Ses yeux marrons captèrent les orbes glaciales de Diane. Ils étaient si brûlants, et pourtant si doux qu'ils paraissaient capables de faire fondre l'arrogance de la reine toute vêtue de blanc.
— Nous n'avons pas besoin du pouvoir de la pensée.
Soudain, un mouvement furtif, noir, accompagné de bruits clinquants attira l'attention vers deux hautes formes obscures assises au centre de la Table. L'Impératrice Noire bougeait ses mains gantées à une vitesse folle, de gauche à droite, de haut en bas, tordant et détordant ses doigts dans des directions qui paraissaient aléatoires, sous l'œil attentif de Ren. Ses mouvements précis faisaient cliqueter sa parure et sa robe faites de métal. Sous son voile noir, aucune expression ni émotion n'était discernable.
Puis, le visage de Madame Ren se fendit d'un sourire abyssal.
— Je m'exprimerai au nom et pour le compte de l'Impératrice Noire, Parlante au titre de l'Empire du Nihil, commença-t-elle de sa voix caverneuse et caressante. L'Impératrice Noire adresse les mots suivants à Sa Majesté la reine Eléanor de Percée : « je ne comprends pas. Vous prônez la transparence et la mort de la censure. Mais selon mes sources, vous gouvernez le pays qui la pratique le plus. Alors pour quelle raison devrions-nous nous plier à une règle que vous êtes la première à bafouer ? »
Un long silence gagna la salle. Seul le vent qui faisait valser les rideaux blancs parvenait en sifflotant aux oreilles des convives de la Table des Dix. Ce fut comme si tout le courage et l'assurance d'Eléanor venait d'être aspirés par la franchise sèche de l'Impératrice. Ses doigts se recroquevillèrent sur le marbre, ses articulations devinrent pâles comme la neige. Ses lèvres tremblèrent avidement avant qu'elle ne reprenne la parole d'une voix étouffée.
— Je… Ce n'est pas…
Elle s'interrompit dans une inspiration haletante, peinant à trouver l'air dont elle avait besoin. Elle ferma les yeux et baissa la tête, avant de reprendre avec un semblant d'aplomb qui ne trompait nul autre qu'elle-même.
— La censure était la politique de mon défunt époux. Ce n'est pas la mienne, mais… le changement est difficile à mettre en œuvre, je n'ai pas les moyens de…
— Je vous l'ai déjà dit, Eléanor, la coupa une voix nasillarde, qui avait cette fois-ci une lourdeur menaçante, pesant chaque mot. Le changement est dangereux.
— Dévoué Valmec, trancha Marina qui apposa sa main sur la table dans une poigne ferme. Encore une fois, je dois vous rappelez que vous n'avez pas la Parole. De plus, vous devez à la reine Eléanor le respect. Vous utiliserez donc les formules adéquates pour vous adresser à elle.
Alors que Valmec ouvrait la bouche pour répliquer, Marina leva une main en l'air.
— Vous ne les utiliserez pas maintenant. Ici, vous êtes réduit au silence. Je vous en prie, reine Eléanor, continuez.
Eléanor laissa échapper un léger soupir chevrotant.
— Je suis consciente que je suis mal placée pour donner des leçons. Mais c'est pour que nous puissions tous changer, le Royaume de Percée y compris, que je vous soumets cette requête.
Ses yeux noisette avaient presque la brillance et la vie de ceux de sa fille lorsqu'ils balayèrent l'assemblée dans un dernier geste d'espoir. Finalement, une voix grave et sage répondit à son attente.
— Je comprends votre demande, reine Eléanor, intervint Garance des Andes. Je connais votre volonté et votre combat. Je pense pouvoir affirmer que la censure n'est plus un fléau dans le Royaume des Andes. Et d'autres royaumes représentés autour de cette Table sont, je le crois, dans la même situation. Reine Jade d'Indeya, vous avez la chance de succéder à une grande reine qui a toujours mis un point d'honneur à laisser toutes les voix se faire entendre, même les plus faibles et les plus dérangeantes.
Garance eut un sourire chaleureux lorsqu'elle posa ses yeux noirs sur Jade puis Christian.
— Oserais-je dire qu'elle veillait à ce que celles-ci, plus encore que les autres, soient entendues ?
Jade n'hésita pas une seconde avant de répondre à son sourire.
— Je crois pouvoir affirmer en effet que la censure n'est pas une plaie qui sévit en Indeya. Il suffit pour s'en assurer de faire un tour à la Bibliothèque Royale du Palais des Lumières, que vous pouvez tous visiter. La présence de certains ouvrages est une preuve suffisante de l'absence de censure, me semble-t-il. Le Dévoué Valmec pourra vous le confirmer.
Les iris verts, pétillants de malice, se posèrent sur le Dévoué qui devenait blanc de rage. Marina haussa un sourcil comme pour protester, et Jade sembla tout à coup reprendre conscience de la réalité. Elle laissa échapper un petit ricanement léger.
— Oh, toutes mes excuses. En effet, non, il ne le peut pas.
D'un mouvement rageur, Valmec détourna la tête, faisant voler ses cheveux d'une blancheur effrayante.
— C'est un peu facile, tout de même, reprit Amalric, les sourcils froncés. Reine Eléanor, vous nous demandez de nous engager à bannir la censure, alors même que Percée a la politique la plus dure envers les auteurs et penseurs qui contreviennent aux règles de publication. Et certains royaumes souhaitent d'ores et déjà se dédouaner de l'obligation, sous prétexte que l'objectif est déjà atteint. Pardonnez-moi si votre proposition me parait peu engageante.
Eléanor baissa la tête, penaude. Ses lèvres gercées, blafardes étaient secouées de tremblements nerveux. Elle s'apprêtait à les ouvrir, peut-être pour la dernière fois, avant qu'elle ne soit devancée.
— Peut-être, roi Amalric, que vous comprendriez mieux l'objectif de la reine Eléanor si vous saviez quelles sont ses motivations, proposa Jade, ses lèvres tordues dans un sourire taquin. Alors, dites-nous, reine Eléanor. Pourquoi se battre avec tant… d'acharnement contre la censure ?
Le rictus malicieux de Jade contredisait l'éclat d'or qui animait ses yeux et promettait une sincérité et un dévouement sans faille. Eléanor resta longtemps bouche bée devant ce regard qu'elle commençait à connaître, à apprivoiser. Puis, un fantôme de sourire se nicha au coin de sa bouche, et lorsqu'elle répondit, sa voix était plus apaisée, presque fière.
— Je crois que la censure est néfaste. Elle empêche d'apprendre, de comprendre, de penser… Mais comment peut-on espérer offrir une vie à des âmes vides ? Non… en fait, la censure n'est pas néfaste. Elle est poison.
— Admettons que la censure empêche l'apprentissage, soupira Amalric. Mais l'apprentissage de quoi donc ?
— Des sciences ? demanda Juliette, l'air innocent.
Eléanor hocha la tête avec ferveur.
— De l'Histoire, lâcha Garance d'un ton qui ne laissait place à aucune contradiction.
La reine de Percée coula des yeux étonnés vers la reine des Andes, mais ne dit mot.
— Toute histoire n'est pas bonne à savoir, claqua la voix sèche de Diane.
— Pour juger de ce qui est bon à savoir, encore faut-il avoir le pouvoir de savoir quoi que ce soit, intervint Jade d'une voix égale. Peut-être que c'est aussi cela, apprendre ? s'interrogea-t-elle, penchant la tête de côté d'un air méditatif. Apprendre à penser.
— Je crois que je rejoins la reine Jade d'Indeya, déclara Marina fermement ancrée dans son siège, mains croisées sur le marbre, yeux d'or fixés droit devant elle. Tant de mauvaises décisions, de malheurs, de catastrophes auraient pu être évités si le savoir avait été offert à la bonne personne au bon moment.
Les prunelles d'ambre de la Présidente de la Table furent traversées par un voile sombre, avant de s'arrêter sur les iris blanches de Kiryana. Les yeux de cette dernière, d'ordinaire hermétiques, prirent une drôle de teinte dorée-orangée. Ses fines lèvres pâles s'écartèrent comme pour lâcher un mot, mais se ravisèrent.
— Que voulez-vous dire par là ? s'enquit Amalric qui avait suivi l'échange silencieux. De quelle catastrophe parlez-vous ?
— J'imagine que Madame la Présidente insinue que si elle avait disposé d'une certaine connaissance, cela l'aurait peut-être empêchée de céder à la folie. Et, qui sait ? Peut-être n'aurait-elle pas tenté de décimer son peuple ?
Toutes les têtes se tournèrent vers la reine Diane, qui s'était exprimée d'un ton cassant imprégné d'une aigreur assumée. Certains yeux inquiets risquèrent un aller-retour vers Marina d'Elesther, mais cette dernière apparaissait étrangement, sinistrement tranquille. Aucun signe extérieur dans son apparence ou sa gestuelle ne trahissait son agacement, son mépris ou sa colère. Et lorsqu'elle prit la parole, sa voix n'était pas tendue ni tranchante, elle était essorée, écrasée.
Vide.
— Peut-être bien.
Un long silence s'abattit sur la pièce illuminée, comme une faux. Des coups d'œil furtifs se croisaient et s'évitaient, prenant bien soin d'échapper à la vigilance de la Présidente qui se tenait désormais tête baissée, le regard lointain.
— La Présidente a raison, reprit Eléanor, qui avait retrouvé un brin de courage. Si elle avait eu à sa disposition le savoir dont elle avait besoin, si elle avait pu comprendre la magie qui est en elle, la réalité aurait sans doute été tout autre ! C'est difficile d'imaginer ce qu'il serait advenu dans cette réalité, et il n'est pas très utile de ressasser sans arrêt le passé, mais…
— Bien sûr que si.
Eléanor posa des yeux de biche affolée sur la reine d'Elesther.
— Si… quoi ? Je ne…
— Bien sûr qu'il est utile, même vital, de repenser le passé, la coupa Marina. Sinon, comment éviter de le reproduire ? Il ne faut pas enterrer les erreurs, pas même dans un cercueil de verre. Il faut les exposer au grand jour. Il faut que la fuite devienne impossible. Et je ne fuirai plus mes erreurs.
Elle marqua une pause grave. Sa bouche écarlate se courba dans une grimace cassée, et elle déposa une main déterminée, encourageante sur l'épaule de son Attendant. Damian de Rochevelle lui offrit un sourire qui éclairait tout autour de lui, comme un doux feu réchauffant la nuit. Puis, la Présidente capta le regard de glace de Diane. Elle le soutint sans ciller, avec une sorte de défi, de désir farouche dansant au fond des yeux.
— La reine Diane a raison depuis le début. Je suis une hypocrite. Je n'ai pas ma place ici. J'ai emprisonné, j'ai condamné, j'ai torturé, j'ai tué des centaines et des centaines d'innocents. Certains parce qu'ils m'ont simplement adressé la parole. Certains parce qu'ils m'ont regardée de travers. D'autres ont commis la folie d'essayer de me séduire.
Un rire rocailleux, graveleux arracha la gorge de Marina tandis qu'elle s'appuyait contre sa chaise, levant la tête comme pour demander pardon au ciel. Lorsqu'elle rabaissa son visage, ses iris d'or brillaient comme un brasier incontrôlable.
— J'ai brûlé des hommes pour me sentir plus forte. J'ai semé des cadavres pour ne plus avoir peur. J'ai créé la terreur pour ne plus voir le vide. Pour que les cris couvrent le silence de ma souffrance.
Marina balaya l'assemblée d'un regard incandescent, jusqu'à ce que ses yeux se posent sur Diane, qui fixait les fenêtres ouvertes sur la mer turquoise d'un air absent.
— Non. Ne vous détournez pas. Regardez-moi, Diane.
Cette dernière fut comme secouée d'une décharge électrique à l'écoute de son nom. Elle tourna lentement la tête vers la reine d'Elesther, les lèvres serrées, et ses yeux se firent aussi impénétrables que la glace. Marina s'était levée de son siège et toisait les souverains d'un air provoquant. Elle tendit une main blanche au creux de laquelle naquit une flamme rougeoyante. Un murmure d'appréhension secoua la Table des Dix, mais Marina n'en avait cure.
— Le déni n'a plus sa place. Pas autour de cette Table. Là où nous voulons changer le monde, il nous faut regarder la vérité en face. Aussi hideuse soit-elle.
La reine de l'Ouest ouvrit alors les bras vers le ciel. Le bout de ses doigts s'enflammèrent, et ses cheveux d'ébène se soulevèrent, comme portés par un vent chaud et invisible. La pointe de ses mèches noires se liquéfièrent, s'allumèrent, s'illuminèrent comme autant d'étoiles.
Sa chevelure devint feu.
Valmec ouvrit de grands yeux effrayés et recula précipitamment, son dos percutant le siège, alors qu'Eléanor fixait la reine d'Elesther d'un air ébahi, admiratif. Kiryana et Diane apparaissaient toutes deux parfaitement indifférentes à la situation, leur regard froid posé sur la reine de feu avec un calme terrifiant. La reine Jade avait plissé les yeux comme pour tenter de comprendre l'extraordinaire phénomène qui se déroulait sous ses yeux.
Phénomène qu'elle croyait être légende et qui pourtant était bel et bien réel.
Taravahë observait la scène avec une curiosité et un enthousiasme qui faisaient pétiller ses yeux de charbon. Boris et le roi d'Argent portaient le même sourire éclatant de blancheur.
— Nous sommes quatre autour de cette Table. Quatre à posséder la magie. Il est vain, dangereux de nier l'évidence. Si nous sommes autour de cette Table aujourd'hui, c'est bien parce que vous avez besoin de nous. Nous n'avons pas – nous n'avons plus – à nous cacher.
Les yeux d'or se posèrent alternativement sur Kiryana, Saphira et Ren, s'accompagnant à chaque fois d'un hochement de tête assuré, encourageant.
— Mesdames, sorcières, magiciennes, levez-vous. Montrez-vous.
D'un geste détaché, la Sorcière Bleue obtempéra, se dressant de toute sa hauteur, sous l'œil réprobateur d'Amalric. Dans un grincement déchirant, la Magicienne Sans Cœur repoussa sa lourde chaise pour faire de même, tandis que la silhouette informe de Madame Ren rejoignait la danse. Son sourire macabre n'avait rien à envier au rictus malveillant qui déformait les lèvres pourpres de Saphira.
Soudain, cette dernière tendit une main droit devant elle.
Jade retint un hoquet de stupeur lorsqu'elle sentit son siège se secouer de toute part sous elle, comme pris dans une tornade folle. Non loin de perdre l'équilibre, elle s'agrippa à la table, jetant un regard accusateur vers les pieds de sa chaise. Alors, sa bouche s'ouvrit dans un o de stupéfaction. Très vite, les rois et reines autour d'elle poussèrent des exclamations bruyantes, entre le choc et la fascination.
Lorsqu'enfin la haute chaise se stabilisa, Jade osa regarder en arrière, et ses yeux s'agrandirent tant qu'ils manquèrent de quitter leurs orbites.
Sur le dossier et les accoudoirs du siège surmonté de velours, de fines branches étaient entortillées, reliées à un tronc tout aussi menu qui s'élevait dans son dos, accroché à la monture de bois. Un charmant petit arbre aux feuilles vert sombre, habillées de baies rouges scintillantes était désormais enlacé à la chaise de la reine Jade.
C'était comme si le siège lui-même s'était transformé en arbre. Ou comme si un arbre était né de la chaise. Ils ne faisaient plus qu'un.
— Qu'est-ce que… murmura Amalric, bouche bée.
Puis, de petits applaudissements sporadiques rompirent le charme de l'étonnement général. Tous se tournèrent vers la jeune femme, tout sourire, qui regardait la Magicienne Sans Cœur avec des yeux pétillants de joie.
— Il est très beau celui-ci, Saphira, dit Juliette d'une voix enjouée. Presque autant que celui que tu as fait pousser dans l'arrière cour à la maison !
L'interpellée glissa un regard courroucé à la jeune reine qui, pour toute réponse, lui adressa un clin d'œil mesquin. Lasse, la Magicienne se tourna alors vers Marina, qui la fixait d'un air fier, satisfait. Délicatement, la reine d'Elesther hocha la tête.
Alors que l'ensemble de la tablée reprenait sa respiration, un bruit assourdissant d'eau qui s'écoule à torrent fit de nouveau pivoter les têtes comme autant d'animaux effarés. Un gémissement strident parvint à couvrir un court instant le son de l'eau qui fuse.
Le roi Amalric fixait son torse comme s'il ne lui appartenait plus. Sur son veston bleu pâle coulait une eau aussi vive et violente qu'une cascade, comme un deuxième vêtement. Le satin était devenu hydrogène. Puis, un filet d'eau s'échappa du torrent pour filer vers son visage, et remonta la mèche blonde qui s'échouait sur son front. Le roi de Galvin poussa un deuxième cri de panique, mais nul ne réagit.
Tous étaient absorbés par la vision de l'homme bleu recouvert d'eau. Une eau qui naissait sur ses épaules, s'écoulait sur son torse, et disparaissait au niveau de ses hanches. Une eau fantôme.
Lorsqu'Amalric parut retrouver ses esprits, il se tourna vers la haute silhouette immobile à sa gauche.
— Kiryana, arrêtez cela immédiatement ! Votre jeu n'est pas…
La Sorcière Bleue acquiesça, et aussi simplement que cela, l'eau disparut dans les airs comme si elle n'avait jamais existé. Et profitant du sentiment de soulagement qui s'imposait dans la salle, Marina pointa un doigt enflammé vers la reine Diane. Instantanément, la couronne d'argent qui reposait sur les cheveux d'ivoire s'enflamma.
Eléanor, Valmec et Amalric hurlèrent en cœur, tandis que le roi Léon se levait en catastrophe et tentait d'étouffer les flammes avec ses larges manches, sans succès.
— Inconsciente ! s'écria Valmec, rouge de rage. Vous êtes folle, ma parole ! Par Devon, arrêtez ! Vous allez la tuer !
— Ce n'est pas mon intention, malheureusement, répondit Marina d'une voix calme.
D'un geste expéditif, Diane repoussa les bras de son mari qui fut forcé de se rasseoir, et posa son regard froid sur la reine de l'Ouest. Sa couronne brûlait comme si demain n'existait pas, mais les flammes ne gagnèrent jamais ses cheveux de platine.
D'un air provocant, Diane s'avança légèrement, prenant appui sur ses coudes, son menton reposant sur ses mains gantées. Dans son regard virevoltait une étincelle de folie insaisissable.
— Décidément, commença-t-elle d'un ton mielleux, je ne vous croyais pas si audacieuse… Madame la Présidente.
Son fin sourire était aussi effrayant qu'une nuit sans étoile. Marina esquissa une grimace ennuyée. Dans un grognement inaudible, elle secoua la main, détourna le regard, et les flammes qui dévoraient la couronne d'argent se volatilisèrent.
Lorsque le silence de l'incompréhension gagna la pièce, le son de quelques voix qui conversaient doucement atteignirent enfin les oreilles des autres membres de la Table. L'attention se focalisa sur Boris, qui échangeait en sskiar avec l'interprète de Taravahë. Cette dernière acquiesça solennellement, puis se tourna vers la Présidente qui se tenait toujours debout, droite comme un piquet.
— Romajhni bokouhar sevarran doono ?
Marina écarquilla les yeux légèrement, mais elle ne dit rien. L'interprète de Taravahë glissait déjà les mots traduits en sskiar à Boris. Ce dernier adressa un sourire éblouissant à la reine d'Elesther.
— Ah, Taravahë demande pourquoi vous… avez décidé de… soudain… parler avec la Nature ?
La Présidente fixa longuement le roi des Andes avant de répondre.
— Que veut-elle dire par là ?
Boris se tournait déjà vers l'interprète quand la voix fluette d'Eléanor se fit entendre.
— Euh, je… je crois que je sais ce que Taravahë veut dire.
Boris s'immobilisa, et Marina lança un regard plein de sollicitude à la reine de Percée, qui prit une profonde inspiration.
— Je crois… enfin, selon mes recherches, j'ai pu, euh… établir que sans doute, dans le Continent Inconnu, et en particulier dans les îles Taravané, eh bien… beaucoup de personnes maîtrisent la magie. En fait, pour eux, cela n'a rien d'exceptionnel, c'est simplement une question de, euh… savoir parler à la Nature.
Eléanor leva lentement la tête pour regarder Boris, qui sembla comprendre ce qui était attendu de lui et s'empressa de traduire les mots en sskiar. L'interprète de Taravahë fit de même à l'oreille de cette dernière. Puis, les lèvres sombres de la cheffe de Taravané se fendirent dans un sourire frais, lumineux. Elle posa ses yeux d'un noir profond sur Eléanor et inclina profondément la tête.
— Ou… oui.
Elle avait articulé avec grande difficulté, ses sons ronds et moelleux empreints d'un fort accent, mais elle avait parlé dans la langue du Continent Connu.
Alors, le même sourire illumina le visage d'ordinaire acariâtre d'Eléanor de Percée. Les yeux de Jade se posèrent alors sur elle. Elle s'attendait déjà à lire le ravissement dans son regard, mais cette fois-ci il n'était ni bienveillant ni encourageant. Il était renfrogné, contrarié, suspicieux. Eléanor crut un instant que l'air ne passerait plus jamais la frontière de ses lèvres. Alors, les prunelles émeraudes furent traversées d'une étincelle inquiétante, et la bouche rose de la reine d'Indeya se tordit dans un rictus indéchiffrable.
Eléanor n'osa pas y répondre. Elle avala sa salive avec difficulté, comme s'il s'agissait de lave en fusion.
Un rire aérien, mélancolique s'envola de la gorge de Marina.
— En fin de compte, peut-être que la magie n'a rien d'extraordinaire…
Ses yeux d'or capturèrent le regard de Diane, feu contre glace, une dernière fois.
— Alors, à quoi bon la cacher ?
Un calme sage était revenu peu à peu, et toute trace de magie avait été effacée. Puisque nul ne souhaitait ajouter quoique ce soit, le vote fut ouvert. Les pièces claquèrent dans la boite en bois, et le verdict tomba.
La proposition de la reine de Percée consistant à interdire la censure dans tout le Continent, et désormais dans le monde entier, fut rejetée.
Cinq voix contre cinq.
Il avait été décidé au préalable que seule une majorité de six sur dix pourrait emporter le changement. À défaut, les acquis du passé devaient triompher.
À l'annonce de la sentence, Eléanor leva des yeux vitreux, désespérés, vers Marina. Elle crut distinguer dans les iris mordorés un océan de regrets et de remords. Plus sombres, plus torturés encore que les siens.
Quand tous s'apprêtèrent à quitter la pièce, elle voulut avancer plus vite, marcher aux côtés de la Présidente, lui souffler qu'elle était désolée, qu'elle aurait souhaité être plus convaincante, plus persuasive, plus…
Forte.
Mais la Présidente de la Table des Sept avait déjà claqué la porte.
Et Diane souriait au spectre de son absence.
C'est intéressant de voir une proposition rejetée, ç'aurait été un peu trop facile d'enchaîner les progrès. La question de la censure est bien amenée et apporte un débat intéressant (même s'il dévie finalement très vite). Je ne m'attendais pas à ce qu'Eleanor sorte de son silence si vite. Je suis curieux de voir si elle va continuer d'être plus audacieuse ou non.
J'ai trouvé intéressant les différentes conceptions de la magie selon les deux civilisations. Que l'on doit cacher ou qui paraît normale. Ce serait intéressant de faire une petite visite au Continent Inconnu plus tard dans l'histoire pour voir comment ça se passe là bas.
Diane est fidèle à elle-même, la scène des magiciennes très cool (ça rendrait bien à l'écran), j'aime bien aussi les petites piques de Jade qui n'est clairement pas en reste.
La phrase de conclusion est vraiment très jolie / bien tournée ! Le "plus ... Forte." est très sympa également. Curieux de voir la suite.
Mes remarques :
"Mais en a-t-on réellement besoin ? Qu'avons-nous à cacher ? Nous avons le pouvoir politique." un peu naïf mais pas complètement faux à la fois xD
"une main droit devant elle." -> sa main droite ?
Un plaisir,
A bientôt !
Je suis contente que le "recul" de l'optimisme avec cet échec soit apprécié ! Ça me semblait aussi plutôt réaliste que pas toutes les propositions ne passent, surtout que l'élément personnalité a une grande importance ici. Eléanor est peu éloquente et trouve pas forcément des arguments très solides donc ça faisait vraiment sens que la proposition ne marche pas :/ Et c'est aussi plus réaliste, parce que la censure c'est pratique quand même et c'est bien ancré dans les mœurs ^^
Effectivement, là Eléanor prend la parole parce que le sujet lui tient beaucoup à coeur mais je te laisse découvrir si elle retrouvera ce courage plus tard ;)
Contente si tu as aimé la présentation des différentes conceptions de la magie, pour moi c'était une bonne façon de montrer les différences de cultures d'une manière un peu détournée ^^ Le Continent Inconnu m'intéresse beaucoup aussi, j'adore écrire sur lui et ses coutumes, malheureusement on n'aura pas le temps d'y aller dans cette histoire ahah ^^ Mais j'ai prévu d'écrire des histoires qui se passent dans ces pays bientôt héhé :)
Oui on ne changera pas Diane ahah xD Ravie que t'aies apprécié les démonstrations de Marina et ses copines magiciennes ahah c'est vrai que ça se prêterait bien à un format à l'écran mais j'ai beaucoup aimé écrire ce passage-là :D
Et Jade est aussi fidèle à elle-même ahah ^^ Ecrire les piques des différents personnages ça fait clairement partie des choses que j'aime le plus faire avec cette histoire x)
Merci pour la coquille, je me note ça ;)
Et oui, la phrase sur la politique et la magie, c'est certes assez simple dit comme ça, et en même temps c'est complètement vrai. Assez triste de voir les choses comme ça d'ailleurs, ça montre une conception du pouvoir qui n'est pas top ahah xD
Merci pour ton commentaire et à tout bientôt sur l'Attaque des dragons ;)
Ca faisait longtemps mais heureusement, tout est encore plutôt frais dans ma tête donc je me suis pas retrouvé trop perdu.
Déjà c'est peut-être juste moi mais j'ai l'impression qu'il y a eut une amélioration en écriture entre ce chapitre et les précédents, dans le sens ou tu utilises légèrement plus de mots compliqués, et les tournures de phrases sont globalement toutes bonnes sans que j'en relève une seule qui me fasse bizarre à lire.
De sûr et certain, les dialogues sont mieux, ou en tout cas, j'ai préféré ceux-là. La dynamique des dialogues étaient très cool et tout semblait vivante (beaucoup de gens qui parlent et t'arrives à quasiment faire parler toute la table par des petites interventions d'un mot des fois) donc c'est un bon point (et aussi bah, les dialogues sont en eux-mêmes plus sympa à lire dans le sens où ils sont bien écrits, tout simplement).
Scénaristiquement c'est tout aussi bien car cette histoire de règle de la censure est maîtrisée. Les règles et les traités de lois sont souvent des pièges quand une histoire en parle, on a tendance à faire "Proposition -> débat de pourquoi la proposition devrait être accepté -> on accepte et tout le monde est content / on refuse car les autres trouvent ça nul", mais il faut aussi penser à quelque chose de plus difficile, bien plus difficile à mettre en place : "on refuse en balançant de gros arguments montrant que ça va nuire à plus de pays politiquement parlant" comme c'est le cas actuellement. Bref j'aurais juste pu dire directement que t'avais rendu ça crédible en fait~
Bref j'ai vraiment l'impression d'avoir fait un saut de qualité sur ce chapitre. Cela dit, c'est possible que juste pour celui-là tu fus au meilleur de ta forme et que t'as limité bon nombre de défaut sur l'écriture, car c'est un peu aléatoire ces choses là (dure vie qu'être écrivain), mais au moins on a les cartes pour essayer de faire de la qualité constante !
Voilà, en tout cas, le chapitre était très très dynamique, y a eu aucun moment d'ennui car c'était beaucoup d'enchaînements et de descriptions crédibles (visages, réactions, dialogues, etc...) ce qui rendait le tout bien fluide à lire.
Contente si tu te souviens encore un peu des personnages et de l'intrigue ahah, c'est vrai que le rythme de publication et de lecture n'aide pas ^^
Ecoute je suis ravie que tu aies vu une amélioration dans l'écriture dans ce chapitre ! J'avoue qu'il ne s'est pas passé beaucoup de temps entre l'écriture de ce chapitre et le précédent, mais qui sait ? J'ai peut-être eu une révélation divine pendant mon sommeil ? Ou alors un pic d'inspiration comme tu disais je ne sais pas, mais tant mieux en tout cas ;)
Je suis aussi soulagée et contente de lire que tu ne t'es pas ennuyé à la lecture, que les interventions et les dialogues t'ont semblé dynamiques, parce que c'est un peu une de mes peurs sur cette histoire ahah ^^
Et tant mieux si les réflexions sur la censure te semblent bien construites, et heureusement aussi puisque les règles c'est un peu mon domaine ahah ce serait dommage si je n'arrivais pas du tout à me dépatouiller avec ça, je remettrais toute ma vie en cause xD Mais c'est vrai que je ne voulais surtout pas que les débats fassent un peu du style "oh une proposition cool, on l'adopte !" ou "Oh une proposition nulle on l'adopte pas !" parce que bien sûr c'est toujours plus complexe que ça, et beaucoup d'intérêts (personnels mais aussi plus généraux, supérieurs) entrent en jeu donc c'était un défi de montrer un peu toute la complexité de cette question :)
Donc écoute, plus qu'à espérer que la qualité sera au rendez-vous dans les chapitres prochains et que ce chapitre n'était pas isolé xD
Merci beaucoup pour ton commentaire détaillé comme toujours, et à bientôt ;)
P.S. J'aime bien ta nouvelle photo de profil, ton avatar est tout mignon ahah ^^
(Oui j'aime bien aussi ma photo de profil, hé hé)
''Ce dernier ouvrit la bouche comme pour hurler, mais par une force surhumaine que nul ne lui aurait deviné, il s'abstint." Ahah !!!! Oui, tais-toi !!! Laisse-la parler <3 Je suis trop contente de voir qu'elle ose parler !!!!! :D :D :D
"— Les Attendants sont interdits de parler, pas de rire." Bahahah et BAM 8D J'aime la tournure que ça prends <3
"— La censure était la politique de mon défunt époux. Ce n'est pas la mienne, mais… le changement est difficile à mettre en œuvre, je n'ai pas les moyens de…" Ne t'en fais pas, pour tout changement, il faut commencer par sortir de sa zone de confort et tu t'en sors bien ma petite. Tu as tout mon soutien <3
"— Je vous l'ai déjà dit, Eléanor, la coupa une voix nasillarde, qui avait cette fois-ci une lourdeur menaçante, pesant chaque mot. Le changement est dangereux." grmbl !!!! Tais-toi euhhhh >o< REtourne à la nicheuuu !!
"— Dévoué Valmec, trancha Marina qui apposa sa main sur la table dans une poigne ferme. Encore une fois, je dois vous rappelez que vous n'avez pas la Parole. De plus, vous devez à la reine Eléanor le respect. Vous utiliserez donc les formules adéquates pour vous adresser à elle." Ouiiiiiiiiiiiii, bien. Je t'aime de plus en plus toi aussi <3
"Les iris verts, pétillants de malice, se posèrent sur le Dévoué qui devenait blanc de rage. " Mahahah rage en silence 8D
"— Oh, toutes mes excuses. En effet, non, il ne le peut pas." Ohhh, prends ça dans tes dents Valmec >o<
"— Toute histoire n'est pas bonne à savoir, claqua la voix sèche de Diane." Chut ma chère Diane. Chut. Laisse le changement se faire 8)
"— Non. Ne vous détournez pas. Regardez-moi, Diane." Oui, ne détourne pas le regard, assume è-è
Ahhh mais naoooooooon >o< J'ai vraiment cru que ça serait acté comme changement après une telle démonstration et tout le courage que ça lui as demandé ;-;
"Mais la Présidente de la Table des Sept avait déjà claqué la porte." des dix, non ?
J'admire Éléanor pour avoir osé sortir de sa zone de confort malgré la présence de Valmec, Marina d'avoir pris la parole malgré tous ces regrets pour justement appuyer cette demande et toutes les démonstrations qui ont eu lieu pour convaincre les personnes autour de la table. C'est dommage que ça n'est pas abouti, mais j'ai savouré ce chapitre <3
Héhé, je suis contente de voir que tu es si heureuse qu’Eléanor ose enfin parler, c’est vrai que c’est l’occasion pour elle, puisque Valmec n’a pas le droit de parler, faut en profiter xD Et puis tout le soutien que tu lui portes est assez mims ahah, dommage que ça n’est pas suffi ;/ Mais je suis sûre que par la suite, ça lui donnera encore du courage :P
Et évidemment, comme Marina va aussi contre Valmec (mais en même temps qui n’irait pas contre lui ? mdr), je remarque tu l’aimes bien ahah xD
« "— Les Attendants sont interdits de parler, pas de rire." Bahahah et BAM 8D J'aime la tournure que ça prends <3 » J’avoue, cette phrase c’est mon péché mignon, j’ai hésite à la mettre tellement elle faisait out of content, mais en même temps c’était bien dans le style léger de Juliette xD
« "— Oh, toutes mes excuses. En effet, non, il ne le peut pas." Ohhh, prends ça dans tes dents Valmec >o< » —> Ahahah, en fait toi ton bonheur quand tu lis mes chapitres, c’est juste de voir Valmec s’en prendre plein la tronche c’est ça ? xD Jade ne s’en prive pas aussi, comme tu l’auras remarqué ^^
« "— Non. Ne vous détournez pas. Regardez-moi, Diane." Oui, ne détourne pas le regard, assume è-è » —> c’est cool que tu aies relevé cette phrase, parce qu’elle a vraiment une portée très importante aussi bien concrètement que symboliquement, donc je suis contente que tu aies relevé :3 (L’utilisation du prénom aussi a toute son importance ^^)
« Ahhh mais naoooooooon >o< J'ai vraiment cru que ça serait acté comme changement après une telle démonstration et tout le courage que ça lui as demandé ;-; » —> ahah, j’avoue j’ai été un peu cruelle là-dessus, mais j’ai aussi voulu marquer une rupture avec les chapitres précédents où le progressisme gagnait à chaque fois :) Dans des sociétés archaïques comme celle-ci, tout changement ne peut pas triompher, et ce changement-là était vraiment trop compliqué pour la plupart des souverains ^^
« "Mais la Présidente de la Table des Sept avait déjà claqué la porte." des dix, non ? » —> Euh oui, bonne remarque mdr. Quand tu perds toi-même le compte de tes personnages, jpp de moi. :’(
Je suis vraiment contente que tu aies apprécié ce chapitre, avec l’émancipation (relative) d’Eléanor et la sincérité de Marina qui ressort beaucoup, malheureusement comme tu l’as vu, on regrette forcément que tout ça n’ait servi à rien, mais c’est comme souvent dans la vie et dans la diplomatie, les efforts ne sont pas toujours récompensés :/ Et je voulais pas que tout soit rose et beau, et que le progrès gagne à chaque fois, ce serait assez peu crédible, donc voilà :) Je suis vraiment super contente que tu aies savouré ce chapitre en tout cas. <3
Merci pour ton commentaire comme toujours, et à bientôt ;)
Big up à Eléanor quand même. Je l’aime de plus en plus cette ‘tite dame. Quand elle annonce qu’il faut mettre fin à la censure, j’étais yaaaay, et en face Valmec qui se décompose haha, jpp. Tout le chapitre il m’a bien fait rire en tout cas, à chaque fois qu’il voulait parler il pouvait pas. Wesh, il était beau dans toute son impuissance <3 Ou encore quand Jade dit : Valmec pourra vous le confirmer (en parlant de la Biblio et son absence de censure) puis elle ajoute : ah bah nooooon il peut pas. Rip héhéhé lol. Il s’en est pris plein la gueule j’adore :’)
Quand Saphira se marre toute seule : jpp. Je l’aime. Et Juliette qui en rajoute une couche quand elle dit que les Attendants sont interdits de parler mais pas de rire, vraiment je l’adore.
« — Je crois que c'est là une définition tout à fait correcte de la liberté, répondit Jade dans un sourire. Je dois avouer que je ne sais si je suis émue ou simplement étonnée de l'entendre de votre bouche, Mère. » >> Oh mais Jade comme je t’aime.
Mais bref, plus sérieusement, c’est intéressant les réflexions que tu poses dans ce chapitre sur la censure ! La phrase d’Eléanor : « C'est une habitude, un confort. Une manière de s'assurer qu'on a toujours le contrôle. Sur le peuple, sur nos compagnons, sur nos enfants, sur nos voisins, et… sur nous-mêmes. » Le « sur nous-mêmes » m’a beaucoup plu, c’est si vrai !
Par contre, petite remarque pour la suite, quand elle dit « nous avons le pouvoir politique », ok ! Mais quand elle ajoute : « nous n’avons pas besoin du pouvoir de la pensée » j’ai trouvé la formulation un peu étrange. Je comprends pas exactement ce que tu entends par pouvoir de la pensée ? Enfin je vois plus ou moins où tu veux nous mener mais ça reste un peu abstrait, je sais pas si tu peux trouver d’autres termes ? Peut-être que « contrôle » de la pensée serait plus juste parce qu’il me semble que c’est de ça dont il est question ? « pouvoir de la pensée » en tout cas ça me sonne étrange, donc à voir avec d’autres plumes, mais j’arrive pas bien à me représenter ce qu’elle entend par-là.
Outre ça, c’est intéressant de voir Eléanor défendre son point de vue. Elle dit clairement qu’elle ne veut pas forcément continuer sur la même voie que son mari, et c’est chouette qu’elle veuille du changement ! Après, ça reste intriguant, on ne connaît pas ses motivations précises. A la fin de ton chapitre, je me dis que c’est un point dont elles ont discuté avec Marina déjà auparavant ? Comme elle quitte la salle presque en s’excusant ? (Eléanor et Marina kiss kiss love ?????)
« Encore une fois, je dois vous rappelez que vous n'avez pas la Parole. De plus, vous devez à la reine Eléanor le respect. Vous utiliserez donc les formules adéquates pour vous adresser à elle. » >> Marina kiss kiss love (et non, cette fois je vais pas inventer un ship entre elle et Valmec, pour le coup ça me dégoûte hahah). Mais j’aime trop la façon qu’elle a de réduire au silence Valmec, girlspoweeeer.
« — Je crois que la censure est néfaste. Elle empêche d'apprendre, de comprendre, de penser… Mais comment peut-on espérer offrir une vie à des âmes vides ? Non… en fait, la censure n'est pas néfaste. Elle est poison. » >> C’est beau ! Puis dans la suite, quand Jade dit qu’il faut apprendre à penser, c’est beau aussi. Raison pour laquelle je maintiens mes dires : tu as des chouettes réflexions dans ce chapitre ! (mais dans tous tes chapitres hein, à chaque fois ils sont instructifs et ils apportent quelque chose <3)
Pour la suite : AAAAAAAAH. MOMO. So intense. So… je sais pas. Le moment est indescriptible. Ça m’a fait kiffer de ouf (outre le fait que kiss kiss love entre Marina, Kiryana, Ren et Saphira hein ????? (ou avec Azurépur et Zahal ?? OU avec Thildou et toi ???????)). Marina se dévoile de plus en plus, et plus j’en apprends sur elle, plus je l’aime. Quand elle dit qu’elle ne veut plus fuir ses erreurs, roh mais kiss kiss love. Elle est touchante. Elle admet ses erreurs sans être encore 100% maitre de ses émotions (de sa colère surtout) mais elle apprend et c’est ce qui la rend si… eh bien Marina ;) Quand elle dit « la reine Diane a raison depuis le début » jusqu’à « regardez-moi, Diane », vraiment son intervention honnête qui va droit au but m’a émue. (puis il y a eu le moment cheveux tout flamme, eh beh j’étais moi-même toute flamme devant la scène. Love it. Love d’autant plus it que les persos en face étaient aaaah wtfffffépur (Taravahë si mims).
« — Mesdames, sorcières, magiciennes, levez-vous. Montrez-vous. » >> J’étais par terre tellement c’est beau. Et la suite, quand la chaise devient arbre, quand l’eau coule sur Amalric, ça a donné à la scène un côté très enchanteur, magique, onirique, j’étais encore plus par terre qu’avant. D’ailleurs à te relire là je suis encore par terre, non remise. Je meurs. (ou quand Marina brûle la couronne de Diane et que Diane réagit que dalle, haha, so typique les deux, j’adore x))
Dernière chose, je trouve cool que sur le continent Inconnu parler à la Nature soit considéré comme qqch de plus banal ! Enfin déjà je trouve cool en fait qu’eux voit la magie comme le fait de parler à la nature, ça me parle tout ça <3
(rip pour la fin, choquée déçue pour la censure)
« Et Diane souriait au spectre de son absence. » >> Trop beau !
Voilouuuuille Momouuuuuille. En somme, encore un superouille chapitrouille. Love itouille. Ça devient de plus en plus intensouille *-* Me réjouis pire beaucouuuuille de lire ton chapitre 30 ! Ce fameux chapitre pivot ;)) qui commence par « il était jamais Kiryana et Zahalépur kiss kiss lovépur ». ça promet *-*
Yaaay, girls night in !
Jpp du gazonouille.
Bzz.
(PREMS.)
Eh bien écoute je suis ravie que tu apprécies de plus en plus Eléanor, c’est vrai qu’elle paie pas de mine comme ça, mais ouais, de temps en temps quand on lui donne la parole, elle peut vraiment se débrouiller :) Après c’est pas une grande oratrice, hein, mais elle fait passer ses idées x) Et ouais, fallait en profiter tant que Valmec pouvait pas parler, lol, mais bon tu verras qu’il a pas dit son dernier mot le petit :j Et ouais, Marina et Jade lui laissent genre vraiment aucune chance, Jade se fout ouvertement de sa gueule d’ailleurs x)
Et Saphira et Juliette sont pas mieux effectivement xD Juliette, c’est vraiment la bonne blagueuse, toujours le mot pour rire loul. Celle qui t’anime tes soirées mousse du samedi soir, tu vois xD
« Oh mais Jade comme je t’aime. » Héhé, j’avoue que cette pique me plaisait bien à moi aussi :3 En fait, j’aime toujours souligner les paradoxes de Diane je crois ^^ Elle sait parfaitement ce que c’est la liberté au fond, c’est juste qu’elle la craint et donc qu’elle l’interdit ;)
« Mais bref, plus sérieusement, c’est intéressant les réflexions que tu poses dans ce chapitre sur la censure ! Le « sur nous-mêmes » m’a beaucoup plu, c’est si vrai ! » —> oui, j’ai pas mal réfléchi sur la censure avant d’écrire ce chapitre, pas forcément en lisant des trucs, mais plus en m’interrogeant moi avec ma petite tête, et j’ai eu comme un déclic : en fait avec la censure, les dirigeants avant tout ils se protègent eux-mêmes, même si ça a pour conséquence de limiter leur propre liberté à eux. Enfin bon voilà ^^
« quand elle ajoute : « nous n’avons pas besoin du pouvoir de la pensée » j’ai trouvé la formulation un peu étrange. Je comprends pas exactement ce que tu entends par pouvoir de la pensée ? Enfin je vois plus ou moins où tu veux nous mener mais ça reste un peu abstrait, je sais pas si tu peux trouver d’autres termes ? Peut-être que « contrôle » de la pensée serait plus juste parce qu’il me semble que c’est de ça dont il est question ? « pouvoir de la pensée » en tout cas ça me sonne étrange, donc à voir avec d’autres plumes, mais j’arrive pas bien à me représenter ce qu’elle entend par-là. »
—> je note ta remarque là-dessus, merci. :) En fait pour être parfaitement honnête avec toi, c’est par pur esthétisme que j’ai mis cette formule-là mdr #superficialitébonjour. Est-ce que « pouvoir SUR la pensée » te semblerait plus clair ? Parce que pour moi, contrôle n’est pas assez fort, c’est un véritable pouvoir qui s’exerce sur la pensée des gens. Ce n’est pas seulement pour la contrôler, mais plus que ça : pour l’aliéner, l’annihiler, la recréer à partir de zéro, etc. Un vrai système totalitaire en fait, c’est plus que dictatorial. Tu vois ? Et j’avais laisser le pouvoir de la pensée, parce que c’est l’idée que le gouvernement a un pouvoir de la pensée, comme il a un pouvoir de l’économie, etc. C’est à dire qu’il intervient dans l’économie, dans le social, et aussi dans la pensée des gens, en substituant sa propre pensée ? C’était pour présenter ça comme une discipline à part presque ? Enfin, si ce n’est pas clair, je changerais il n’y a pas de souci. ;)
Ahahah, ton nouveau ship insensé, jppouille de touille xD Alors, non elle n’a pas discuté de ça avec Marina, mais elle connait l’histoire de Marina et elle sait à quel point cette question-là lui est chère aussi (enfin elle le devine du coup, avec ce qu’elle a dit pendant les débats). En fait pour Marina, la censure la concerne surtout concernant la magie, pour Eléanor c’est plus large que ça ^^ Et sur ses motivations, eh bien… peut-être le chapitre suivant t’apportera quelques pistes ?
« Marina kiss kiss love (et non, cette fois je vais pas inventer un ship entre elle et Valmec, pour le coup ça me dégoûte hahah). Mais j’aime trop la façon qu’elle a de réduire au silence Valmec, girlspoweeeer. » —> mais jpp de toi, vraiment. Maintenant tu me fais même des digressions sur tes non-ships, j’adore xD Tu vois pas Marina avec Valmec ? Choquée déçue :P
« C’est beau ! Puis dans la suite, quand Jade dit qu’il faut apprendre à penser, c’est beau aussi. Raison pour laquelle je maintiens mes dires : tu as des chouettes réflexions dans ce chapitre ! (mais dans tous tes chapitres hein, à chaque fois ils sont instructifs et ils apportent quelque chose <3) » Oh merci Loulou, vraiment ça me touche trop si tu aimes mes réflexions (pas dans le sens être d’accord hein, c’est tout à fait indépendant), et ça me rassure beaucoup de savoir que c’est intéressant et que ça ennuie pas ! Alors merci, kiss kiss love. Moi je te ship avec mes chapitres (ptdr) <3
« AAAAAAAAH. MOMO. So intense. So… je sais pas. Le moment est indescriptible. Ça m’a fait kiffer de ouf (outre le fait que kiss kiss love entre Marina, Kiryana, Ren et Saphira hein ????? (ou avec Azurépur et Zahal ?? OU avec Thildou et toi ???????)) » —> jpp de toi, j’ai plus les mots là xD
« Elle admet ses erreurs sans être encore 100% maitre de ses émotions (de sa colère surtout) mais elle apprend et c’est ce qui la rend si… eh bien Marina ;) Quand elle dit « la reine Diane a raison depuis le début » jusqu’à « regardez-moi, Diane », vraiment son intervention honnête qui va droit au but m’a émue. » —> Je suis TROP contente que cette scène t’ait plu ahah, parce qu’elle est vraiment hyper importante à mes yeux, genre vraiment ! C’est un peu le condensé de LTDS en 1 scène lolilol. Cette idée de reconnaissance, de respect VS la peur, l’ignorance. Et cette phrase de Marina adressée à Diane est super simple en soi « regardez-moi » enfin genre c’est de l’évidence, mais je voulais qu’elle ait beaucoup plus de sens que ça et que derrière ça implique bien plus de choses plus complexes qui vont bien au-delà de la question physique du regard, et voilà, je suis contente. <3
« — Mesdames, sorcières, magiciennes, levez-vous. Montrez-vous. » >> J’étais par terre tellement c’est beau… D’ailleurs à te relire là je suis encore par terre, non remise. Je meurs. » —> Aww, merci ça me touche trop trop trop. :’( Vraiment, merci <3 C’est vrai qu’au-delà de la puissance que ça dégage (genre les meufs peuvent faire pousser un arbre ou faire courir un ruisseau), je voulais surtout montrer la beauté de la magie, dans le sens où « bah regardez on est puissantes, mais on est pas dangereuses, on est styley et on fait des trucs grave coooool, t’as vuuu ? loul » Donc voilà, contente que ça ait eu cet effet onirique du coup, c’était le but. <3
« ou quand Marina brûle la couronne de Diane et que Diane réagit que dalle, haha, so typique les deux, j’adore x) » —> Ahahah, j’avoue, cette scène m’a fait bien marrer quand je l’ai écrite. En fait, petit scoop sur Diane : elle adore la puissance. D’où le fait que depuis le début elle essaie de faire amie-amie avec Marina, et même que… Bon, tu sais quoi. xD
Et sinon, super contente que t’aies apprécié l’idée de Parler à la Nature, j’avais vraiment envie de sortir de l’idée : la magie c’est exceptionnel. Et d’ailleurs, c’est ce que dit Marina avec un peu l’amertume de se dire « ok donc moi on m’a stigmatisée pendant toute ma vie alors que pour des gens c’est NORMAL ??! » Donc voilà, c’est vraiment encore une opposition entre Continent Connu VS Continent Inconnu. Qu’il va falloir arrêter d’appeler comme ça d’ailleurs, cf. Chapitre 31 à venir dans 18 mois lol. x)
Et effectivement, pour la censure RIP mdr. Mais comme j’expliquais à Skla, je voulais bien montrer que tous les changements ne sont pas acceptables de la même manière surtout dans des sociétés archaïques. Et que bah, le progrès peut pas gagner à tous les coups, et c’est pas tout beau tout rose ^^ Surtout que oui, Eléanor a certes parlé, mais malheureusement elle fait pas trop le poids, elle a pas le charisme de Diane ou Marina et puis bon voilà, la censure ça arrange quand même pas mal de gens :/ (Mais le vote était serré quand même, on le note xD)
« « Et Diane souriait au spectre de son absence. » >> Trop beau ! » —> Contente que tu aies aimé, cette phrase m’est venue à un moment sans doute vers 1/2h du mat et je l’ai plus jamais touchée mdr. xD
Voilouille Loulouille, vraiment merçouille pour ton commentairouille adorablouille comme d’habituelle. <3
Le chapitre 30 arrive, mais finalement ce sera le 31 le vrai pivot ;P (Même si ça commence à bouger pas mal dans le 30, c’est un avant-goût on va dire)
Hey Adora.
Jpp du plancher.
PREMS (mais en même temps je suis seule à répondre, loul, mais c’est juste pour embêter Dodo).
Bzz, à bientouille <3