Chapitre 3

Par Mila
Notes de l’auteur : Le chapitre 3 !

D’un geste de la main, Eau invita Naïde et Gaheï à sortir de l’ombre . Tous deux maintenaient fermement par les bras une jeune fille brune, au teint pâle et aux yeux légèrement bridés, caractéristiques des membres de la Tribu de l’Arbre s’élançant vers le Ciel, de même que ses vêtements. Avachie entre les deux guerriers, le visage noir de poussière, elle semblait au bord de l’épuisement, ses membres tremblants et maigres.

« Elle nous a seulement affirmé de faire partie d’aucune Tribu, alors qu’elle en porte les vêtements, et ce malgré nos efforts pour la faire parler. Nous nous occuperons efficacement d’elle demain, mais sachez que je vais mûrement y réfléchir. Je vais également envoyer des guerriers patrouiller sur tout le territoire dès maintenant. Personne n’est autorisé à s’éloigner de plus de cinquante mètres du camp tant qu’ils ne seront pas revenus. Je ne sais pas encore si un quelconque danger est présent, mais il faut faire preuve de prudence. Naïde, Gaheï, attachez-la. »

 

 

La prisonnière ne résista même pas lorsque les deux guerriers portèrent son corps maigre et tremblant jusqu’à un poteau en bois planté au fond de la clairière, où ils l’attachèrent, les mains entravées, adossée au bois. Puis Gaheï organisa les escouades de guerriers. Taïe trépignait d’impatience en cherchant à voir le second par-dessus la tête des autres membres de la Tribu, parmi lesquels les commentaires allaient bon train. Il va forcément me mettre dans une patrouille. Je viens d’être nommée guerrière ! Pourtant Gaheï en forma une première constituée de lui-même, Jeïne, Ylaï, et un autre guerrier, accompagné de son apprentie, Raheï. La seconde fut dirigée par Naïde, ainsi que deux autres guerriers.

 

 

Taïe, déçue, presque la seule guerrière au milieu des chasseurs, serra les poings de frustration et se dirigea vers la petite clairière secondaire où se trouvaient les tentes des guerriers. Au centre se trouvait aussi un amas de roches sur lesquelles les guerriers se posaient et aiguisaient leurs armes, ou discutaient en riant. Elle lui semblait bien vide, en cet instant. Les ombres des flambeaux s’agitaient dans le silence seulement troublé par les bruits provenant de la clairière principale. C’était l’heure du dîner : tout le monde allait chercher sa part dans le butin des chasseurs, cuisiné avec soin par Yleï, un ancien chasseur qui avait préféré servir la Tribu en exerçant sa passion : la cuisine. Taïe sursauta quand une main s’abattit sur son épaule. Elle se retourna brusquement, sur ses gardes. Sadneï, la mère de Raheï, éclata de rire.

« Ce n’est que moi ! Tu n’as rien à craindre. Tu n’as pas l’air en forme. Tu te sens bien ?

-Je… suis un peu déçue. Je pensais que Gaheï allait me choisir pour patrouiller. Je suis une guerrière maintenant moi aussi ! Et pourtant je reste seule dans le camp. »

La guerrière aux traits doux s’assit sur les rochers en rejetant en arrière ses longs cheveux bruns, comme ceux de sa fille.

« Je crois que je comprends. Moi aussi je m’attendais à passer mes journées en patrouille, à repousser les animaux sauvages et m’entraîner au combat une fois nommée guerrière. Et pourtant, le premier jour, je n’ai fait qu’aller protéger une patrouille de chasse. Et une fois rentrée au camp, j’ai dû aider Yleï. Tu n’imagines pas ma déception ! Je voulais tellement être utile à ma Tribu. Mais maintenant j’ai compris que servir la Tribu ne se résume pas à passer mes journées dans la forêt à me battre. Aider les autres, même pour de simples tâches ménagères. Se rendre utile, de quelque manière que ce soit. Je ne sais pas si je me suis bien expliquée, mais est ce que tu comprends l’essentiel ?

-Je crois.

-Alors allons manger. Je meurs de faim ! »

 

 

***

 

 

« Taïe ? »

Eau s’approcha de la guerrière alors qu’elle finissait son bol de soupe.

 

 

« J’aimerais que tu apportes à manger et à boire à la prisonnière. Tu en profiteras pour essayer de lui parler. Vous semblez à peu près avoir le même âge, peut-être que tu pourrais essayer de … sympathiser. Pour essayer d’en savoir plus.

-Savoir d’où elle vient ?

-Entre autres. Tout ce que tu pourras tirer d’elle. D’où elle vient, qui elle est. Je compte sur toi. »

 

 

Traversée par un regain d’énergie, elle saisit une autre coupe de bois remplie de soupe, ainsi qu’une gourde et se dirigea vers la prisonnière tandis qu’Eau s’éloignait à pas rapides. Elle s’accroupit à ses côtés, intriguée. La tête penchée en avant, ses longs cheveux noirs emmêlés cachaient son visage et ses yeux à moitié fermés. Ses vêtements, sales et mouillés, étaient toutefois reconnaissables. Les vêtements typiques de la Tribu de l’Arbre s’élançant vers le Ciel.

 

 

«Tu veux manger ? Tu dois avoir faim. »

 

 

Pas de réponse.

 

 

« -Tu as soif peut être ? Je ne sais pas d’où tu viens, mais tu n’as pas l’air très en forme. Eau nous a dit que tu avais dit ne faire partie d’aucune Tribu, mais pourquoi es-tu habillée ainsi ? 

-La…fo…rêt…

-Comment ? »

 

 

Sa voix, si éraillée et tellement inaudible, aurait pu passer pour un souffle de vent. Mais un son sortit à nouveau difficilement d’entre ses lèvres gercées.

 

 

« La… forêt.

-De quelle forêt tu parles ?

« Br…ume. Pa…pa…ri…a…danger…Bru…me…Fo..rêt…

-La Forêt ? La Forêt de Brume ? C’est de là que tu viens ? Tu es en danger ? Qui est en danger ? Dis moi !

-Pari…as… danger…

-Parias ? De qui parles-tu ? »

L’inconnue ne répondit pas. Malgré toute l’insistance dont elle fit preuve, plus aucun son ne sortit de sa bouche.

Agacée, elle se leva brusquement, renversant le pot d’eau au passage, puis courut vers la grotte du chef.

 

 

« -Eau ! Eau elle a parlé ! »

 

 

Arrivée sur place, elle appela le chef pour qu’il sorte. Nulle réponse ne lui parvint. Elle écarta légèrement les lanières des cuirs qui masquaient l’entrée, et constata que tous les flambeaux étaient éteints. Pressée de faire part de sa découverte, elle demanda à tout le monde où il était allé, jusqu’à ce que Yleï lui donne la réponse.

 

 

« Il doit être en haut de la colline. Je l’ai vu partir par là. Sois prudente, si tu sors.

-Tu sais, je suis une guerrière aussi, maintenant.

-Je le sais bien ! »

 

 

Il lui ébouriffa la tête avec un sourire amusé, puis s’éloigna. Frustrée d’être traitée comme une enfant, Taïe se dirigea à grands pas vers la sortie, puis obliqua vers la droite sur une quarantaine de mètres avant d’escalader une petite pente caillouteuse. Arrivée au sommet, elle vit la silhouette de son chef, assis sur l’herbe, contemplant la forêt en contrebas.

 

 

« Eau ? Désolée de te déranger mais… elle a dit quelque chose. Ça m’intrigue un petit peu.

-Assieds-toi, et raconte-moi tout ça.

-Eh bien, commença-t-elle une fois assise dans l’herbe verte, elle n’a pas dit grand-chose, juste parlé de la Forêt de Brume, de parias et d’un danger.

-Que sais-tu sur la forêt de Brume ?

-Pas grand-chose. Seulement qu’elle se trouve à la lisière de notre territoire, et qu’il est dangereux de s’y rendre. »

Il fronça les sourcils. Malgré l’urgence que représentait la situation aux yeux de Taïe, il restait d’un calme olympien.

« Tu ne sais que ça ? Je pensais qu’on en apprenait plus aux apprentis.

«-J’ai appris quelques notions sur la géographie générale de la Terre de Lynes, mais je n’en connais pas les détails.

-Dis-moi tout ce que tu sais. »

Avec l’étrange impression de se faire évaluer, Taïe commença à pointer du doigt les éléments du paysage qui se déroulait sous ses yeux.

« En contrebas, il y a la forêt. Chez nous. À l’est, on peut apercevoir la falaise, puis le territoire de la Tribu de l’Arbre s’élançant vers le Ciel. À l’ouest, les territoires des deux autres Tribus, les Racines prenant la Terre et les Cendres volant dans l’Air. Au sud, derrière nous, la mer. Et en face, les montagnes Laires. Une immense chaîne qui se poursuit vers le nord comme la colonne vertébrale des Terres de Lynes. À l’ouest, un territoire gouverné par des Hommes qui se croient supérieurs à leurs semblables, et vivent dans la misère de leurs villes sales et dangereuses.

-Des rois stupides gouvernent ces contrées. Il y a bien longtemps que notre peuple a quitté ce monde pour venir s’installer ici, dans ces terres Oubliées de tous, bien loin des terres souillées.

- Et l’est… je ne sais pas grand-chose. Comme tout le monde, d’ailleurs. Des terres inconnues et dangereuses.

-J’en sais déjà un peu plus que toi. La falaise que tu vois chez nous se poursuit, et on raconte que le fleuve qui traverse notre forêt la longe vers le nord, emprisonné entre ses parois de pierre d’un côté, et par la Forêt de Brume de l’autre. La Forêt de Brume, elle, entoure les Montagnes Laires, et tu peux l’apercevoir d’ici. Bien plus loin, à la lisière de notre territoire. Une forêt épaisse, sombre, où il fait nuit plus tôt. Un épais brouillard recouvre les arbres, et tous ceux qui y ont pénétré n’en sont jamais ressortis. Personne ne s’y aventure, à moins de désirer la mort. 

-Mais pourquoi la prisonnière en a parlé ?

-J’ai une théorie. J’y pense depuis un moment, et je crains malheureusement que sa présence ne confirme mes doutes. J’ai l’impression de voir des signes des Esprits partout. Dans le chant de l’eau, le mouvement des arbres…

-Quels sont ces doutes ?

-Je pense que derrière notre forêt, et derrière la Forêt de Brume, il y a une autre Tribu. Une Tribu de Parias, qui vit au pied de la montagne. Et je pense qu’elle est constituée de tous ceux qui ne sont jamais revenus de la Forêt.

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Aylyn
Posté le 03/07/2024
Ce chapitre avec la prisonnière est bien rythmé et apporte des nouvelles choses dans l'histoire. Je trouve que tu as bien inséré les repères géographiques dans la conversation entre Taïe et le chef. Le mystère s'épaissit et donne envie de lire la suite.
Mila
Posté le 04/07/2024
Coucou !
Merci pour ce retour, je suis contente que l'histoire continue à te plaire :)
blairelle
Posté le 18/02/2024
Décidément je n'arrive pas à me détacher de l'idée de la guerre des clans. Je ne sais pas si c'était volontaire, mais dans le cas contraire je pense que ça pourrait être une bonne idée de changer certains détails comme le nombre de tribus, ou de rajouter d'autres castes que chasseur / guerrier. (Après je ne sais pas du tout si c'est important ou pas.)

J'ai beaucoup aimé le passage sur la désillusion de Taïe qui espérait participer à une battue de grande ampleur mais en fait non et c'est pas forcément les trucs les plus stylés qui sont les plus utiles. Ça m'a surpris qu'elle se réjouisse de la mission "aller parler à la prisonnière", je l'aurais imaginée déçue de se confronter à une ennemie inoffensive, mais après tout pourquoi pas.
La description de la forêt est assez difficile à visualiser. Bon je suppose qu'il n'est pas nécessaire de savoir précisément où se trouve tel élément par rapport à tel autre, mais j'aurais bien aimé avoir un lien vers une carte.

Deux coquilles :
"alors qu’il avait soit-disant chassé sur leurs terres" => soi-disant (dans le chapitre précédent)
"puis couru vers la grotte du chef." => courut (dans ce chapitre)
Mila
Posté le 21/02/2024
Hello ! C'est vrai que j'ai lu la guerre des clans, et cela m'a peut être un peu influencée au début, mais les Tribus sont organisées ainsi, et ce serait inutile de changer tant de chose à ce stade.
Pour la carte, il y en a une en cours de création ! J'espère pouvoir la joindre un jour.
Merci pour tes remarques !
Camice
Posté le 17/01/2023
Bonjour !
Je redécouvre ce chapitre avec émerveillement ! Tout est plus détaillé et plus rythmé ! Il y a toujours beaucoup de personnages mais dans cette partie on les voit arriver un par un avec une association (Yleï = cuisinier) et on les retient mieux !
J'ai beaucoup aimer qu'on voit un peu plus de ses émotions et comment elle se sent par rapport à la situation.
Je ne sais pas si c'est fait exprès mais les prénoms risques de porter à confusion s'ils se ressemblent trop (Yleï et Ylaï sont très similaire, peut être des frères ?)
Et juste à un moment Eau dit "J’en sais déjà un peu plus que toi." ce qui parait étrange dans la conversation, vu qu'il est le chef et ça semble logique qu'il soit bien informé-

Bonne continuation j'ai hâte de lire la suite !
Mila
Posté le 23/04/2023
Salut !
Merci pour tous ces compliments, ils font chaud au coeur. En effet la découpage m'a permi de détailler, c'était agréable à faire, j'avais l'impression d'apporter de la profondeur.
Je comprend la confusion de la dernière question, mais ne t'inquiète pas, cela s'éclaire avec le prochain chapitre ( qui sort bientôt, d'ailleurs, j'espère même le jour où je te répond), j'ai mis un peu de temps à l'écrire.
Bonne journée !
MrOriendo
Posté le 12/01/2023
Hello Mila !

Et bien on peut dire que le redécoupage de tes chapitres apporte du positif ! Les choses sont bien plus claires maintenant je trouve, on a vraiment un chap 2 centré sur la cérémonie de Taïe, et un chap 3 qui tourne autour de l'arrivée de l'inconnue, de la réaction qu'elle suscite et des questions sur son histoire.

Tu as également intégré plus d'émotion dans ce chapitre avec tantôt l'excitation de Taïe, sa tristesse de ne pas être choisie dans les patrouilles, sa fierté que son chef lui confie la mission de s'occuper de la prisonnière, et ensuite l'urgence qu'elle ressent quand celle-ci lui parle de parias et de danger.
C'est beaucoup mieux en termes de rythme, c'est plus vivant, on entre mieux dans ton récit. Il y a vraiment beaucoup de positifs dans ces changements depuis ma dernière lecture.
Je me permets quand même de te faire des remarques ci-dessous pour améliorer un peu les choses, car c'est bien connu, on peut toujours faire mieux ;)

La scène finale sur la colline est plus vivante aussi. Le fait que tu mentionnes ce que ressent Taïe, le calme de Eau, et le fait que tu coupes le long dialogue sur la présentation de la géographie, ça fait vraiment du bien. C'est moins lourd, moins laborieux, la lecture est plus fluide.

En tout cas, j'ai apprécié de redécouvrir ce chapitre. Je n'ai pas eu de sentiment de déjà-vu, alors que je l'ai déjà lu il y a quelques jours. Je ne me suis pas ennuyé non plus.

Voici mes remarques :

- "D’un geste de la main, il invita Naïde et Gaheï à entrer."
--> Avec ton nouveau découpage, cette phrase se retrouve en tête de chapitre. Je pense qu'il faut donc remplacer le "il" par Eau, pour que le lecteur parvienne à suivre. Ça ne pose pas de problème si on enchaîne la lecture de ton histoire, mais dis-toi que certains de tes lecteurs feront une pause entre le chap 2 et 3. Du coup, ils seront obligés de revenir en arrière pour se rappeler qui est ce "il".
Le verbe "entrer" ne me semble pas approprié. Sauf erreur de ma part, ils ne sont pas dans une tente mais au contraire au centre du campement, où tout le monde est rassemblé. Je pense que "Eau invita Naïde et Gaheï à s'avancer" conviendrait mieux.

- "Elle n’a rien dit d’autre," --> pourquoi rien d'autre ? Elle n'a pas encore parlé !

- "Je vais également envoyer des patrouilles de guerrier patrouiller sur tout le territoire" --> patrouilles + patrouiller, ça fait répétition.

- "Taïe trépignait d’impatience en cherchant à voir le second par dessus la tête des autres membres de la Tribu, parmi lesquels les commentaires allaient bon train."
--> Je suis content de voir que tu inclues la réaction des autres membres de la tribu. C'est plus réaliste, et on s'imagine bien Taïe sur la pointe des pieds ou en train de sautiller pour essayer d'apercevoir le second et pour se faire remarquer.

- "Il va forcément me mettre dans une patrouille. Je viens d’être nommée guerrière ! Ma première patrouille en tant que tel !" --> Je me serais personnellement arrêté au premier point d'exclamation. "Ma première patrouille en tant que tel" amène une répétition (patrouille) et une information inutile (on a bien compris que c'est sa première, puisqu'elle vient d'être nommée guerrière. En plus, ça se voit à son agitation. Tu le fais comprendre dans le récit, donc pas besoin de le dire).

- "Pourtant Gaheï en forma une première constituée de lui même, Jeïne, Ylaï, Banaï, un guerrier blond aux yeux noisette doté d’un humour à toute épreuve et Raheï, son apprentie. La seconde fut composée de Fanï, son apprenti Deïne. [...] Les accompagnait Naïde et Faldeï."
--> Les accompagnaient, Naïde et Faldeï sont deux, c'est un pluriel.
--> Tu nous sers ici une avalanche de noms qui risque de perdre le lecteur et qui casse le rythme très sympa que tu avais réussi à installer dans la scène. Est-ce une information importante de connaître la constitution des groupes ? Est-ce que ton lecteur va retenir qui est parti avec qui ? Je n'en suis pas certain. Insiste plutôt sur le fait que Gaheï forme les patrouilles, appelle les guerriers un par un, et qu'au fur et à mesure Taïe déchante en se demandant pourquoi il la laisse sur la touche. Eventuellement, tu peux juste indiquer que la première patrouille est confiée à la direction de Naïde et que Gaheï se chargera lui-même de la seconde, mais ne détaille pas autant de noms si c'est anecdotique. Tu étais dans l'émotion avec les félicitations de la mère de Taïe, ses pensées pour son père, la jeune Raheï qui ne veut pas qu'elle change de tente et la séparation avec sa mentor. Tu es à nouveau dans l'émotion vivante avec la curiosité des habitants, l'excitation de Taïe quand elle veut faire partie des patrouilles. Alors ne repasse pas sur de l'exposition inutile pour la suite.

- "Taïe, déçue [...] se dirigea vers la seconde clairière [...]. Elle lui semblait bien vide, en cet instant. Les ombres des flambeaux s’agitaient dans le silence"
--> Voilà ! Là, c'est beaucoup mieux ! J'aime beaucoup ce passage, la description de la clairière vide, le silence, les ombres nocturnes, ça fait écho à la tristesse de ton personnage et ça aide le lecteur à se projeter, à imaginer la scène. En quelques mots, tu nous décris avec précision ce que ressent Taïe sans vraiment en parler, on s'imagine très bien tout ce qui peut se passer dans sa tête.

- "Taïe sursauta quand une main s'abbatita" --> s’abattit.

- "Sadneï, la mère de Raheï, éclata de rire." --> Encore un autre personnage ? Ça commence à faire vraiment beaucoup. Je comprends l'idée que c'est un clan, une grande famille, ils vivent tous ensemble et se connaissent tous, etc. Mais si tu balances 15 000 personnages au lecteur dans les 3 premiers chapitres, il va juste s'y perdre complètement et ne saura plus distinguer lesquels sont importants.
Pourquoi la mère de Raheï vient-elle consoler Taïe ? Ne serait-ce pas plutôt le rôle de sa mère à elle ?

- "Je crois que je comprend." --> comprends.

- "à repousser les animaux sauvages et mm'entraîner au combat" --> il y a un "m" de trop.

- "mais est ce que tu comprend l’essentiel" --> tu comprends

- "J’aimerais que tu apportes à manger et à boire à la prisonnière. Tu en profiteras pour essayer de lui parler. Vous semblez à peu près avoir le même âge, peut être que tu pourrais essayer de … sympathiser. Pour… essayer d’en savoir plus."
--> Je préfère cette nouvelle formulation à la précédente. Eau s'adresse directement à Taïe en aparté, il ne l'épingle pas devant tout le monde. Il justifie aussi son choix, ce qui est judicieux. J'enlèverais juste les "..." qui sont inutiles ici à mon avis.

"-Savoir d’où elle vient ?
-Entre autres. Je compte sur toi. »
--> Pour savoir d'où elle vient ?
--> La réponse de Eau est trop lapidaire. J'aurais personnellement ajouté quelque-chose avant le "je compte sur toi". Du genre : Entre autres. Tout ce que tu pourras apprendre sur elle et ce qui lui est arrivé. Je compte sur toi."

- "Tu ne viens pas de la Tribu de l’Arbre s’élançant vers le ciel ? Comment se fait-il que tu en portes les vêtements ?"
--> Cette question est un peu étrange. Tout ce que Taïe voit, c'est une inconnue qui porte les vêtements de cette tribu. Elle doit donc forcément s'imaginer que la jeune fille fait effectivement partie de la tribu de l'Arbre. À ce stade, elle n'a aucun moyen de savoir qu'elle vient en réalité d'une tribu différente.
Je remplacerais donc ce passage par la simple question "tu viens de la tribu de l'Arbre [...], n'est-ce pas ?"
L'idée de la tribu de parias dans la forêt, tu l'amènes par la suite avec les soupçons de Eau et ses explications sur la colline.

- "Arrivée devant sa destination" --> ça sonne un peu bizarre, arrivée sur place irait peut-être mieux ?

- "Elle écarta légèrement les lanière" --> lanières

- "Taïe se dirigea à grands pas vers la sortie. Une fois sortie du camp, [...]" --> Tu répètes sortie ici. Je dirais simplement "Taïe se dirigea à grands pas vers la sortie du camp. Elle obliqua ensuite vers la droite [...]"

- "Assied toi, et dis moi tout ça" --> et raconte-moi ?

- "À l’est, ton peut apercevoir" --> on peut

- "Une immense chaîne qui se poursuit vers le nord comme la colonne vertébrale des Terres de Lynes, ou une frontière entre l’Ouest et l’Est" --> j'aime bien l'idée de colonne vertébrale, elle est claire et concise. Du coup, pas besoin de repréciser que c'est une frontière entre l'ouest et l'est, on a bien compris que les montagnes découpaient le territoire :)

- "et vivent dans la misère de leurs villes moyenâgeuses"
--> Je bute sur le terme "moyenâgeuses" à la lecture. On comprend bien l'idée que tu veux exprimer, ça a une connotation négative. Mais dans le contexte de ton récit, ça fait vraiment bizarre. Taïe sait-elle seulement ce qu'est le Moyen Age ? Cela paraît étrange qu'une jeune fille vivant dans la nature, dans une tribu de chasseurs assez archaïque et sauvage, critique de la sorte les hommes qui vivent en ville. Le contraste devrait plus se faire sur la différence ville/nature, civilisation/liberté que sur le côté "leurs villes sont primitives et peu évoluées".
Je pense que tu pourrais plutôt dire quelque-chose du genre "et vivent dans des villes sinistres, sales et bruyantes."
De cette manière on comprend bien l'aversion de Taïe pour ce monde, sans utiliser le terme "moyenâgeuses" qui donne l'impression qu'elle les pointe du doigt en mode "mais vos villes, c'est vraiment vieux et moche en fait, vous êtes des arriérés" (bon, je grossis franchement le trait mais tu as compris l'idée).

- "Il y a bien longtemps que notre peuple à quitté ce monde pour venir s’installer ici, dans ces terres Oubliées, loin des terres souillées." --> loin des terres souillées suffit, et renforcerait encore l'image des villes donnée précédemment. Je pense que tu peux te passer de "dans ces terres Oubliées".

- "tous ceux qui y ont pénétré n’en sont jamais ressortit" --> ressortis.

- "Même le jour venu. À présent, personne ne s’y aventure plus, même le jour." --> répétition, tu dois pouvoir trouver un moyen de combiner ces deux morceaux de phrase.

- "Une Tribu de Parias, comme l’a dit la jeune fille, qui vit au pied de la montagne." --> le "comme l'a dit la jeune fille" n'est pas nécessaire, le lecteur a compris l'idée.
Mila
Posté le 12/01/2023
Hey !
C'est vrai que de découper un peu plus m'a permis de voir d'un oeil nouveau certains passages pouvant être plus détaillés, ou certaines idées à rajouter. Merci pour cette proposition !

- "D’un geste de la main, il invita Naïde et Gaheï à entrer."
J'ai utilisé ce verbe pour dire qu'ils n'étaient pas dans le camp avant, et hors de vue de la Tribu. Sinon ils auraient vu l'inconnue, et se seraient posés des questions directement. Je vais voir ça.

- "Elle n’a rien dit d’autre," --> pourquoi rien d'autre ? Elle n'a pas encore parlé !
+
Cette question est un peu étrange. Tout ce que Taïe voit, c'est une inconnue qui porte les vêtements de cette tribu. Elle doit donc forcément s'imaginer que la jeune fille fait effectivement partie de la tribu de l'Arbre. À ce stade, elle n'a aucun moyen de savoir qu'elle vient en réalité d'une tribu différente.

Cela revient deux fois, et je me demande si je n'ai pas oublié de dire quelque chose, ou alors que ça a disparu dans le découpage. Je vais vérifier. J'ai trouvé !
"Elle maintient ne faire partie d’aucune Tribu, mais en porte les vêtements !"
C'est sur cette phrase que l'on apprend l'information. Mais elle se trouve à présent dans le chapitre d'avant, et c'est peut être pour ça qu'on peut l'oublier.

Merci pour toutes les remarques sur les répétitions et les alternatives. Je me suis tristement résolue à en laisser certaine car je ne trouvais pas de synonymes... je vais pour arranger ça !

"Elle n’a rien dit d’autre," --> pourquoi rien d'autre ? Elle n'a pas encore parlé !
Et bien...
"Elle maintient ne faire partie d’aucune Tribu, mais en porte les vêtements !"

Mais bon, je comprend la confusion avec le changement de chapitre.

Merci pour toutes les remarques ! C'est toujours un plaisir de les lire.



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