Chapitre 3

L’unité centrale de l’Autorité, l’UCA, était un grand bâtiment qui surplombait son quartier, un énorme bloc de béton où se croisait toute l’Autorité de la planète. Il existait plusieurs UCA sur Andromède et chacune d’entre elles communiquaient sans cesse avec les autres. C’est dans une des cellules du quartier Nord de l’UCA que fût enfermée Cassiopée, attendant son interrogatoire. Le quartier Nord, réservé aux pires criminels, l’aile la moins hospitalière du bâtiment, si tant est que l’une d’elles le soit vraiment. 

 

   Les menottes ne lui avaient même pas été retirées et celles-ci lui frottaient affreusement les poignets. Cassiopée s’assit sur un espèce de rebord en béton. Deux autres détenus se trouvaient dans la cellule. L’un d’entre eux était couché par terre, dans la crasse, sa capuche noire et trouée rabattue sur sa tête, il semblait dormir. L’autre était assis à l’autre bout du béton. Il avait l’air moins sale que le premier, malgré ses vêtements noirci par la crasse. Il jugea quelques instants la jeune femme avant de prendre la parole en premier.

 

   -Elles ne te font pas trop mal ? Sa voix était assez rauque, comme s’il n’avait pas parlé depuis longtemps. Cassiopée détourna les yeux.

   -Ils les ont serrées fort. L’homme s’approcha d’elle doucement.

   -Donnes tes mains.

 

   Cassiopée hésita, mais croisa le regard de l’homme. Ses yeux brun exprimait une gentillesse presque inopportune, finalement elle lui montra ses poignets. L’homme, qui avait une petite barbe brune et emmêlée, joua avec le mécanisme de ses menottes et les desserra légèrement. C’était juste assez pour la jeune femme qui souffla de soulagement lorsque le fer ne lui lacéra plus la peau. 

 

   -Merci… Souffla-t-elle avec reconnaissance.

   -Je ne peux pas te les enlever maintenant, c’est eux qui le feront. Cassiopée hocha la tête. Je m’appelle Turan, et toi ?

   -Cassio… Cass, je m’appelle Cass. 

   -Très bien, Cass. Alors, pourquoi es-tu ici ? Tu sembles bien jeune pour te retrouver avec des criminels de notre espèce.

   -On m’accuse d’un crime que je n’ai pas commis. 

   -Les prisons sont remplies d’innocents…

   -Je suis innocente ! Ils croient que j’ai volontairement sabotées la centrale, créant ainsi la défaillance du bouclier d’hier. 

   -Calmes toi, je te crois, tu as l’air bien trop innocente pour avoir commis un tel acte.

   -M… Merci. Et toi, pourquoi es-tu ici ?

   -J’ai assommé plusieurs gardes et je me suis introduit dans une navette vers Deneb.

   -Quoi ? Mais tu devrais être dans le quartier Est alors.

   -J’en ai tué un au passage.

 

   Cassiopée resta muette un instant en le regardant. Pendant leur conversation, elle avait presque oublié qu’il était un dangereux criminel. Turan posa sa tête contre le mur et ferma les yeux. La jeune femme, elle, tourna son regard vers l’autre homme, dormant toujours. Il s’agitait un peu dans son sommeil et émettait des bruits. Cassiopée essaya d’imaginer les actes qu’il avait pût commettre. Meurtre, appartenance à la résistance, vol de masse ? Elle s’arrêta bien vite d’y réfléchir, un agent venant se poster devant la porte de la cellule. 

 

   -Toi, tu viens avec moi. Lui lança-t-il froidement.

 

   Cassiopée se leva et l’agent ouvrit la porte. Il lui prit vivement le bras et, après avoir refermé la porte, la traîna jusqu’à une salle d’interrogatoire. Il la posa sur la chaise et s’en alla lorsqu’un autre agent entra. Il était habillé différemment, il ne portait pas de protection par-balles, mais de simples habits noir. Il s’assit en face d’elle et la regarda avec des yeux perçants. La jeune femme joua, sous la table, avec ses mains moites. 

 

   -Alors, mademoiselle, je dois vous poser quelques questions. Êtes-vous d’accord pour m’écouter ? Cassiopée hocha doucement la tête. Bien, commençons. Travaillez-vous bien comme inspectrice à la centrale du champs de protection ? Nouveaux hochement de tête. Et, êtes-vous partie plus tôt, hier, avant l’explosion gamma ? 

   -Oui, mais je sais ce que vous penser, et je suis sûre que j’avais tout inspecté comme les normes le deman…

   -Répondez simplement aux questions. Poursuivons…

 

   L’interrogatoire dura un certain temps, l’agent lui posa des questions ciblées qui essayaient de mettre en avant une erreur volontaire de la part de la jeune femme. L’agent mis fin à l’entrevue et on ramena Cassiopée dans la cellule. Elle était épuisée. Turan était toujours au même endroit et semblait dormir, quant à l’autre, il n’y avait plus aucune trace de lui. Elle s’assit sur le bout de béton et reposa sa tête contre le mur, elle veille également à garder un espace entre elle et Turan. 

 

   -Tu as peur de moi petite ? Cassiopée le regarda en biais.

   -Pourquoi posez-vous une question à laquelle vous connaissez la réponse ?

   -Tu as du répondant, c’est bien. Comment était l’interrogatoire ?

   -Ils me pensent coupable, et ça se sent dans toutes leurs questions. Elle poussa un soupir.

   -Tu croyais qu’ils cherchent la vérité ? Ils veulent juste apporter un coupable au plus vite. Manifestement, tu es cette personne.

 

   Après un nouveau soupir, elle lui demanda où était l’autre prisonnier. 

 

   -Ho, lui ? Pas sûr qu’on le reverra un de ces jours. Il était là depuis un sacré bout de temps et il était presque cuit. Ils l’ont sûrement emmené. Tu devrais te reposer Cass, il fait nuit et tu as l’air épuisée. 

 

   Elle ne se demanda même pas comment il savait qu’il faisait nuit. Elle se coucha sur le petit rebord de béton, se calant comme elle pouvait pour être à l’aise. Cassiopée ferma ensuite les yeux, essayant de se vider l’esprit pour ne plus penser à tout ça. Elle revit malgré elle les visages de ses parents, ils lui manquaient terriblement. Elle n’avait qu’un seul espoir, qu’ils ne croient pas les mensonges de l’Autorité. Malgré tout, elle savait, elle savait que le doute était permis, elle savait qu’il serait possible que chaque habitants la croient coupable. Elle le savait et elle doutait d’elle-même. Et, alors que le sommeil arrivait lentement, une veste noire se posa sur ses épaules et lui conféra un peu de chaleur dans cet endroit si froid.

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