– Ouch ! fit Arka en heurtant de plein fouet le sol nu de la cellule.
– Hey, j’espère que vous ne m’enfermez pas avec une meurtrière folle, protesta quelqu’un depuis l’ombre de la cellule.
– Ferme-la, voleuse, répondit le geôlier en refermant la grille qui les séparaient de la liberté à clef.
– Après tout, si elle te change en pot de chambre nous nous en arrangeront bien : cela fera une personne de moins à juger après demain, renchérit un autre homme en uniforme.
Arka peina à s’asseoir à cause des cordes qui l’entravaient, puis ajouta, boudeuse :
– Mais puisque je vous dis que je ne suis pas une sorcière !
– Alors tu es de l’autre monde, ce qui est presque pire. De toute manière, ton sort se jouera lors du jugement, et si tu n’es coupable de rien tu sera graciée.
– Mouais, grogna à nouveau l’autre personne présente dans la pièce. Sauf que jusqu’à présent personne n’a jamais revu l’ombre d’une seule de vos victimes, bande d’exécuteurs de jours de paie !
Sans plus de discourt, les hommes quittèrent le cachot. Arka respira à fond pour refouler la terrible nausée qui menaçait de lui faire rendre son pain à l’oignon, pour ce qu’il en restait. Voyager pendant une demi heure en sac à patate sur le dos d’un cheval au galop lui avait été plus difficile que son réveil de lendemain de soirée.
Un seul coup d’œil suffit à faire l’état des lieux: des murs de pierre, un grille, et une compagne de cellule enfouie sous un capuchon sombre, assise par terre, comme elle. Le couloir qui passait devant la grille donnait sur plusieurs autres cellules, et aux chuchotis et bruits de respiration, elle devina que d’autres prisonniers s’y trouvaient. Du reste, pas de gardien pour les surveiller. Y en avait-il besoin ? Si tous étaient pareillement saucissonnés, fermer les grilles n’était même pas nécessaire. Une petite voix cynique se fit entendre dans son esprit, arguant qu’au moins elle avait trouvé un toit pour la nuit.
Elle lança un regard dépité à la femme qui partageait sa cellule.
– J’avoue ne pas bien comprendre.
– Tu n’es pas la seule, rassure-t-en. Enfin : les précurseurs sont connus pour cela, d’arrêter de soit-disant sorciers criminels sous de fallacieux prétextes dans le seul but de mener de l’eau à leur moulin. Plus ils convainquent les tiers que les sorciers leurs sont dangereux, plus ils voient leurs rangs grossir.
En disant qu’elle ne comprenait pas, Arka aurait voulu des explications plutôt que les complications. Un mot cependant l’avait interpellée, et il lui semblait l’avoir lu dans la lettre : « précurseurs ». Si elle ne se souvenait plus vraiment de ce qui était indiqué à leur sujet, un vague souvenir de mise en garde planait dans sa mémoire.
– Sauf que je ne suis pas une sorcière, maugréa Arka pour la énième fois de la journée.
Personne ne trouva rien à lui répondre, et le silence reprit ses droits dans les cachots sombres. Non, décidément, Arka ne comprenait pas ce qui lui arrivait. De nouvelles questions se formaient sans cesse dans son esprit, mais elle se refusait à n’en poser une seule de peur d’aggraver sa situation. Aussi se recroquevilla-t-elle comme elle le put dans son coin de cellule pour échapper au froid humide de cet endroit qui ne voyait jamais le jour autrement que par une unique meurtrière. À présent, il n’y avait plus qu’à attendre.
Les heures passèrent sans qu’elle ne réussisse à trouver le sommeil, malgré la fatigue due aux kilomètres de marche. La corde commençait à lui entamer les poignets, et elle ne trouvait pas de position confortable pour dormir, habituée qu’elle l’était à son matelas à mémoire de forme.
Par la meurtrière qui faisait office de fenêtre, la pâle lumière de la lune refusait de décroître, comme si le jour n’allait plus jamais se lever. À force de la regarder, Arka commença à distinguer une sorte de fumée blanche, ou bien de brume qui, passant par l’ouverture, tombait dans le couloir. Elle plissa les yeux pour essayer de mieux voir de quoi il s’agissait, mais on ne lui laissa pas le temps de comprendre, et les autres prisonniers se mirent à murmurer tous en même temps, réveillant ceux qui avaient fermé les yeux pour leur montrer l’étrange phénomène. Même la codétenue d’Arka daigna se traîner jusqu’à la grille pour voir la fumée qui disparaissait en touchant le sol.
– Ce n’est pas du brouillard, souffla-t-elle suffisamment fort pour que les occupants des cellules avoisinantes puissent l’entendre. C’est de la magie de l’Ombre !
Les autres se récrièrent, catastrophés.
– Calmez-vous, bande de pleutres ! Elle ne peut nous atteindre à cause de la saugerette sorcelle qui brûle dans les cachots. Si nous ne pouvons pas utiliser notre magie, il y a fort à parier que nous ne sommes pas les seuls.
Arka n’osa pas demander ce qui se passait, mais cela devait être grave. Elle se ramassa encore plus sur elle-même, et attendit.
– Si c’est de la magie de l’Ombre, vous pensez que c’est le Roi qui vient nous prendre ? questionna une petite voix effrayée.
– Idiote, c’est nous qui irons au Roi, pas l’inverse ! Non, il doit s’agir d’un autre pratiquant de cette puissante magie qui attaque le repère de nos amis les précurseurs. Peut-être cela jouera-t-il en notre faveur…
Au dehors, des cris retentirent, suivis de bruits de bottes et de hurlements de bêtes fauves. La violente effervescence dura un moment avant que le calme ne revienne dans le petit château.
– On n’entend plus rien…
– Regardez ! La magie : elle monte !
En effet, la brume devenait de plus en plus dense, tant et si bien qu’elle ne disparaissait plus en arrivant dans la pièce. Bientôt, tout le couloir en fut envahi et on entendit plus personne. Les prisonniers se crispèrent lorsque la porte du cachot s’ouvrit et que des pas résonnèrent entre les murs de pierres. De toute évidence, il s’agissait du sorcier qui manipulait l’étrange magie. Sur son passage, les verrous des cellules sautaient tous seuls et les entraves de cordes se défaisaient d’elles-même. Même l’encens de saugerette sorcelle que faisaient brûler les précurseurs pour empêcher leurs prisonniers de lancer des sorts ne suffisait pas à l’arrêter, lui.
Arka arrêta de respirer alors qu’il s’approchait. Collée à la grille, elle n’osa pas reculer, même lorsque la silhouette embrumée du sorcier s’arrêta devant elle. Le visage masqué par la pénombre et le brouillard, il donnait l’impression de l’observer.
Lentement, il leva un bras, et l’ensemble des verrous qui n’avaient pas encore éclatés le firent.
– Vous devriez tous vous enfuir avant que les précurseurs ne s’éveillent. Hâtez-vous, si vous voulez vivre, déclara-t-il d’une voix tranquille.
Aussitôt, tout le monde se rua vers la sortie, prenant cependant grand soin, en passant près du sorcier, de raser le mur pour l’éviter. Seules Arka et sa camarade ne sortirent pas tout de suite, bloquée par la présence imposante de cet homme.
– Tiens, tu as oublié ceci, fit ce dernier en tendant une enveloppe à Arka.
Interdite, la jeune fille se contenta de s’en saisir sans oser l’ouvrir.
– Qui es-tu, et pourquoi nous aides-tu ? lui demanda sèchement la femme au capuchon.
– Parce que les précurseurs seront mes ennemis tans qu’ils s’en prendront à des innocents.
– Sans rien attendre en retour ?
Le sorcier ne répondit pas tout de suite.
– Non, finit-il par déclarer. Quoi que j’apprécierais que tu t’occupes d’elle jusqu’à ce que vous soyez en sécurité, si cela t’es possible, ajouta-t-il. Et maintenant, allez-vous-en avant que les précurseurs ne reprennent conscience.
Sans attendre de réponse, il s’évanouit dans un écran de fumée noire.
– Tsss ! Bon, puisque il en est ainsi : viens, gamine, et dépêches-toi !
Arka, qui n’avait encore rien comprit, s’étouffa avec un semblant de réponse inaudible et se mit péniblement debout. Ses chevilles souffraient encore d’avoir été si serrées et ses muscles objectaient contre la position peu confortable que cela l’avait obligée à prendre. Elle rattrapa maladroitement la femme dans le couloir qui menait à la sortie.
– Vous connaissez celui qui vient de nous libérer ? lui demanda-t-elle.
– Hein ? Moi ? Non, mais je pensais que, toi, tu le connaissais. N’est-ce pas le cas ?
– Je ne crois pas… je ne suis pas du coin, alors ça m’étonnerait que je connaisse qui que ce soit ici.
Dans les couloirs, les hommes en uniforme gisaient tous à même le sol. Certains étaient blessés, présentant à qui des ecchymoses, à qui des traces de morsures que seul un très grand chien aurait put infliger. Arrivées à la sortie, elles tombèrent sur un précurseur qui commençait à se réveiller. Une pèlerine de patchwork enfilée par dessus son uniforme le distinguait des autres.
– Tenez qui voilà ! railla la femme en se saisissant d’une chaise cassée. Leur sorcier qui nous a si bien pisté !
Sans plus de cérémonie, elle la lui abattit violemment sur le crâne avant de cracher par terre et de le gratifier d’un « sale traître ». Puis elles s’en furent à travers les bois qui entouraient le château en courant. Pour éviter de la perdre, Arka avait rangé la lettre sous son débardeur et avait rentré ce dernier dans son jean.
– Et on va où ? s’enquit-elle, déjà à bout de souffle après une dizaine de minutes seulement de course.
– Tu verra, pour le moment cours ! Ils ne vont pas tarder à nous envoyer leur cavalerie pour nous rattraper, il faut que nous atteignons les marais au plus vite !
– Les mar… les marais ?!
Elles galopèrent au travers des ronciers et des branches basses pendant un moment avant que le sol ne commence à se faire plus spongieux. Arka n’avait jamais vu de marais autrement que dans des films, où ils n’étaient pas souvent associés à des lieux joyeux et pleins de vie. Aussi lorsque son guide s’arrêta subitement devant un paysage embrumé de petits îlots de tourbe entourés d’une eau noire et odorante dans laquelle se reflétait le ciel nocturne, elle ne put réprimer un frisson.
– À partir de maintenant, marche dans mes pas et ne fait pas de bruit.
Elles s’avancèrent jusqu’à ce que leurs pieds ne s’enfoncent dans la vase, puis dans l’eau glacée. Tandis que ses tennis disparaissaient à chaque pas sous la surface miroitante, Arka eut l’impression qu’un étau se resserrait autours de sa poitrine pour l’empêcher de respirer. Elle n’était pas une fille « trouillarde » : les araignées ne l’effrayaient pas, dormir dans le noir ne lui avait jamais posé de problème, et, petite, elle avait passé sa peur des monstres dans l’armoire et sous le lit en se disant que s’ils avaient voulu la dévorer, ils l’auraient déjà fait depuis bien longtemps. Pourtant, à ce moment, cela avait été comme si son cœur lui-même avait eut si peur qu’il avait cessé de battre pour se faire plus silencieux. Sous l’eau, ses pieds ne cessaient de rencontrer des obstacles, tantôt souples et visqueux, tantôt durs et craquants. Lorsqu’elle marchait sur les premiers, elle essayait de se persuader que ce n'était pas les tentacules de quelques monstres qui lui caressaient les chevilles. Lorsqu'elle marchait sur les seconds, elle se refusait à penser qu’il s’agissait des os des précédents voyageurs morts ici.
Peu à peu, elles s’enfoncèrent dans la purée de pois qui surnageait dans le marais, donnant aux arbres morts des allures lugubres de fantômes. Arrivant auprès de l’un entre eux elles dérangèrent une famille de corneilles ensommeillée qui, en se réveillant, prit la fuite à tire d’ailes dans un fracas de tous les diables. Aussitôt la sorcière se coucha au sol pour être moins visible, et, après un temps de réflexion, Arka l’imita, collant sa joue à la mousse humide et odorante. Étendue à plat ventre, elle sentait son cœur battre contre sa main repliée sous elle, prête à servir d’appui pour bondir sur ses pieds en cas d’alerte. Mais les minutes passèrent, et le marais retrouva son calme morbide, seulement crevé par quelques mystérieux glougloutements et les cris lointains d’oiseaux de nuit ou de bêtes carnassières.
– Bien, nous pouvons repartir, annonça la femme alors qu’au loin quelques loups hurlaient à la lune. Mieux vaut ne pas s’attarder ici plus que nécessaire.
Arka ne pouvait qu’être entièrement d’accord.
Plus loin, le marais se fit plus profond, et les deux fugitives durent une nouvelle fois se mouiller les pieds. La jeune fille fit la moue en voyant que la mare était plus haute à cet endroit, atteignant jusqu’à ses hanches. Immobile et aussi noire que l’encre, l'eau donnait l’impression de pouvoir les happer à tout moment. Songeant que n’importe quelle horrible créature pouvait se cacher dans ses profondeurs, Arka hoqueta de surprise lorsque son guide fut soudainement entraînée sous la surface, quelques pas devant elle. La sorcière eut à peine le temps de se débattre et de mouliner des bras que le marais l’engloutissait. Terrorisée, Arka n’osa plus bouger, jusqu’à ce que la femme réapparaisse en toussant.
– Pouha !! fit-elle en recrachant l’eau saumâtre qu’elle avait avalée. Prends garde aux branches qui tapissent le fond de l’eau : l’une d’entre elles m’a fait trébucher.
Curieusement, cela ne rassura même pas Arka. Elles continuèrent, et plus loin, après avoir passé encore quelques îlots moins vaseux, il leur fallut entrer complètement dans l’eau.
– Les marais de Noarfanges ne sont pas grand, nous arrivons vraisemblablement au milieu. Il va nous falloir nager quelque peu.
Arka n’en avait vraiment pas envi, mais elle se sentait si fatiguée mentalement qu’elle ne répliqua pas et suivit le mouvement, et la femme ne fut bientôt plus qu’une capuche progressant dans quelques minces remous d’eau épaisse. Immergée jusqu’à la poitrine, Arka eut l’impression que ses poumons s’étaient changés en pierre sous l’effet du froid : respirer ne lui avait jamais demandé autant d’effort, et c’était comme si son propre poids essayait de l’entraîner au fond de l’eau. Pour compenser, elle activa ses petits bras tout en donnant des coups de pieds dans le fond de l’eau comme pourt le maintenir à distance malgré les algues molles qui lui enserraient les chevilles à chaque fois. Elle aurait voulu ne plus bouger, mais ce n’était pas la solution.
Passant non loin d’un îlot, elles renoncèrent à se mettre les pieds au sec. Celui-ci était déjà occupé par une étrange créature qu’Arka aurait appelé loup-garou.
– Silverine, souffla sa compagne de galère. Elle ne devrait pas entrer dans l’eau, mais éloignons-nous tout de même discrètement.
Elle ne se fit pas prier, terrifiée par le corps arqué de la bête, par ses puissants postérieurs canins, ses épais antérieurs griffus et sa tête au long museau couvert de croûtes. En les voyant passer, l’animal grogna et les suivit sur une vingtaine de mètres depuis la rive avant d’abandonner. Pour la première fois de sa vie, Arka eut la sensation de pouvoir mourir, que d’un instant à l’autre, la lumière pourrait s’éteindre et qu’elle ne serait plus.
Mais la suite lui donna tort. Elles finirent par retrouver pieds, puis par sortir du marais trempées, congelées et épuisées, mais bien vivantes. Trop éprouvées pour courir, elles se contentèrent de marcher activement, s’empêtrant les pieds dans les fougères et s’écorchant dans les ronciers sans trop y faire attention. La forêt reprit ses droit, les privant de lumière. Arka pria pour ne pas tomber sur une nouvelle créature cauchemardesque, et sursauta lorsqu’elles croisèrent une sorte de gros chat tout en lierre. Ce dernier leur feula dessus avant de prendre ses pattes à son cou.
Et puis la raison de leur fuite les rattrapa au grand galop. Malgré le sol meuble de la forêt qui étouffait le bruit des pas, elles ne purent qu’entendre le fracas des sabots des chevaux, signe que les précurseurs avaient retrouvé leurs traces.
– Là ! s’exclama la femme et pointant du doigt un oiseau noir qui les survolaient.
Elle claqua des doigts, et aussitôt toutes les branches mortes des environs fusèrent vers la bête, prêtes à l’empaler. L’oiseau manœuvra difficilement pour esquiver l’offensive, évitant avec plus ou moins d’adresse la majeure partie des projectiles.
– Tsss, pas de temps à perdre avec leur sorcier : ce n’est pas lui qui est dangereux. Viens, filons !
– O… où ça ?!
Sans répondre à Arka, elle s’élança dans un chemin formé par les animaux sauvages entre les broussailles. Progresser à travers les taillis leur était bien plus compliqué que pour les chevaux qui pouvaient sauter par-dessus, aussi allaient-ils les rattraper si elles ne se sortaient pas de là au plus vite. Ils n’étaient pas encore en vue, mais malgré la course effrénée des deux femmes la rumeur de leur charge ne faisait qu’enfler.
Sentant qu’elles perdaient rapidement de la distance, la sorcière ralentis jusqu’à ce qu’Arka la rattrape.
– Prends ma main !
Sans poser de question, Arka obéit, et l’instant d’après ses pieds quittèrent le sol. Tout devint flou autour d’elle et ce fut comme si elle volait pendant quelques secondes, frôlant les buissons et évitant de justesse les arbres sur son passage. Lorsqu’elles touchèrent à nouveau terre quelques secondes plus tard, courant toujours aussi vite que le leur permettaient leur souffle court et leurs vêtements trempés, la forêt avait quelque peut changé et les chevaux étaient beaucoup plus loin derrière.
Les jambes en coton et la gorge en feu, Arka résistait à l’envie d’éclater en sanglots lorsqu’elles sortirent de la forêt, atteignant une clairière d’herbe haute et humide. Au loin, bien trop loin, se découpait la silhouette d’un petit manoir sur le ciel nocturne. Leurs poursuivants allaient les rattraper, elle en était persuadée. Jamais elles ne pourraient échapper aux chevaux. D’ailleurs, au-dessus de leur têtes, l’oiseau noir planait toujours sinistrement. C’était lui, le sorcier métamorphosé qui guidait les précurseurs. Depuis le ciel, il lui était plus facile de repérer les fuyards, et ses yeux accérés de rapace lui montraient ce que l'obscurité de la nuit aurait caché à des yeux d'humain.
Un regard en arrière faillit lui faire perdre l’équilibre. À l’orée de la forêt, des lueurs dansantes des lampes à huile des précurseurs faisaient la courses les unes avec les autres. Malgré l’avance que la sorcière leur avait permise de prendre, ils n’était plus très loin.
– Le château, il faut… atteindre le château ! exultait la femme.
Comme s’il avait compri ses propos, l’oiseau fondit sur elles, devenant plus gros à mesure qu’il se rapprochait du sol. Sans cesser de courir, Arka ferma les yeux, attendant l’impact.
– Attention ! entendit-elle crier.
Trop tard. Elle se ramassa les pieds du sorciers encore à moitié métamorphosé dans le ventre et fut projetée au sol. Le souffle coupé, elle tenta de se redresser mais un poids lui immobilisait le buste. Arka n’eut que le temps de voir le bec effilé du sorcier claquer à quelques centimètres de son visage qu’un nouveau choc ne la secouait : un gros loup noir avait percuté de plein fouet l’homme-oiseau, son élan les faisant tous deux rouler sur quelques mètres.
La femme l'aida à se relever.
Un regard jeté au loup par-dessus son épaule, et elle reprit sa course. L’animal ne bougea pas, appuyé de tout son poids sur le sorcier comme s’il essayait de l’étouffer. Lorsque le reste de la cavalerie arriva, elle le prit en charge, ne comprenant pas le danger qu’il représentait jusqu’à ce que la terre ne se soulève sous les pieds de leurs montures, les envoyant tous, hommes comme chevaux, rouler dans l’herbe.
Les deux échappées étaient, elles, presque arrivées au muret de pierre qui délimitait l’enceinte du manoir. Encore quelques mètres, et elles seraient sur le perron. Arka ne comprenait pas ce que la femme attendait de cet endroit. Peut-être connaissait-elle les propriétaires des lieux ? Il aurait tout de même fallut que l’endroit abrite beaucoup de monde pour espérer faire faces aux attaquants. À cause de l’obscurité de la nuit, un coup d’oeil en arrière ne lui permit pas de savoir si le loup s’en sortait face à autant d’adversaires.
– Asile !! cria la sorcière en heurtant le panneau de bois du poing. Asile !
Comme si elles étaient attendues, la porte s’ouvrit sur un homme également encapuchonné, une bougie à la main. Il les dévisagea un instant, puis s’écarta pour les laisser entrer. La porte refermée, le tumulte de l’extérieur s’évanouit comme par magie.
Encore trempée Arka se laissa tomber sur son séant à même le sol, le regard dans le vague. Elle avait plus couru ce soir que de sa vie entière, et c’était comme si son cœur avait enflé au point d’occuper tout le haut de son corps, de sa gorge jusqu’au bas de son ventre. Plus de poumons, et c’était certainement pour cela qu’elle avait autant de mal à respirer. Plus de tripes non plus, ce qui expliquait pourquoi, en dépit de sa course effrénée, elle avait si froid de l’intérieur. Son cœur battait dans le vide, elle avait perdu tout le reste en chemin. Même son cerveau ne donnait plus signe de vie, la laissant incapable de réfléchir. Peu à peu, ses muscles fondirent également et elle ne put plus bouger. Ses yeux se fermèrent.
Beaucoup d'action dans ce chapitre =D Déjà, l'arrivée en prison, avec visiblement beaucoup de sorciers, qui ne sont donc pas si rares que ça, mais pas mal persécutés :/ D'ailleurs, le sorcier des ombres, ça ne serait pas le voyageur que Arka a rencontré au début ? Ca expliquerait comment il a récupéré la lettre et pourquoi il n'a pas paniqué en voyant ses mains. Mais clairement, il en sait beaucoup, il a peut-être pour mission de veiller sur Arka au début.
Et sinon, toute la course était bien décrite et haletante, c'était cool ! Avec en plus les chevaux, les descriptions et même l'intervention de la magie, c'était vraiment sympa ^^
Remarques :
"Sans plus de discourt, les hommes quittèrent le cachot" Discours
"Un seul coup d’œil suffit à faire l’état des lieux: des murs de pierre, un grille," Un espace avant ":" et une grille
"Arka, qui n’avait encore rien comprit" compris
"cela avait été comme si son cœur lui-même avait eut " eu. Et je trouve le début un peu lourd.
" Les marais de Noarfanges ne sont pas grand" grands
"comme pourt le maintenir à distance" pour
"la sorcière ralentis jusqu’à ce qu’Arka la rattrape." ralentit
"la forêt avait quelque peut changé et les chevaux étaient beaucoup plus loin derrière." peu
"Comme s’il avait compri ses propos" compris
"Elle se ramassa les pieds du sorciers " sorcier
"pour espérer faire faces aux attaquants" face
Pluchouille zoubouille !
Elle a vraiment de la chance que ce sorcier lui soit venu en aide, et que cette femme, qui ne me semblait pourtant pas très sympathique au premier abord, accepte finalement de l’aider à s’enfuir de la prison, et la conduise au château. Je me demande qui c’est…
Je pense que le sorcier est peut-être l’auteur de la lettre, car il semble connaître Arka. La preuve, il lui a rendu le document. En tout cas, il l’a protège, et lui aussi, je me demande que c’est. ^^ Au début, j’ai cru que c’était peut-être Grim, mais l’histoire aurait tourné court dans ce cas. ^^
Dans ton univers, il fait quand même mal être sorcier… Mais apparemment, il vaut peut-être encore mieux qu’on prenne Arka pour une magicienne, plutôt qu’on sache qu’elle vient de l’autre monde. À sa place, je n’aurais plus clamé si fort que je n’étais pas une sorcière. ^^ En tout cas, sympa les précurseurs… Mais en même temps, en y réfléchissant, être avec eux, c’est ne plus risquer d’être accusé à tort de sorcellerie. Ce doit être tentant quand on sait qu’on ne ressort pas vivant de leur prison et qu’ils ont tendance à accuser à tort… Du coup, à mon avis, leurs rangs n’ont pas fini de grossir, et leur bourse avec. ^^
Attention, à un moment, tu précises qu’Arka a voyagé une demi-heure dans un sac sur un cheval au galop ? Ça doit être vraiment atroce pour les côtes et les abdominaux. Un véritable calvaire, mais tu n’évoques pas ce genre de douleur ;) Attention également quand tu parles des victimes visiblement mordues par un animal, car tu évoques un gros chien et je pense que, pour être capable de différencier la morsure d’un animal de celle d’un autre, il faut vraiment être calé. Je ne suis pas certaine que ce soit le cas d’Arka et nous n’avons pas d’autres indices pour identifier l’animal. Tu pourrais, par exemple, dire qu’il s’agit juste d’un animal et quand, plus tard, Arka voit le loup, la faire réagir, genre « Oh ! Mais c’était sans doute lui, le responsable de morsures occasionnées aux gardes ! » En plus, ça nous remettrait l’élément en mémoire. ;)
Je comprends le désarroi d’Arka quand elle apprend qu’elle va devoir traverser un marrais ! ^^ Mais je me questionne, aussi : est-ce une bonne stratégie quand on doit aller le plus vite possible ? En plus, je crois que c’est la nuit, non ? C’est d’autant plus dangereux…
Il y a plusieurs choses que j’ai eu du mal à comprendre sur ce passage… :/ Sa compagne demande à Arka de ne pas faire de bruit, alors qu’elles viennent sûrement d’en faire beaucoup dans l’eau. Elle l’a fait s’allonger à un moment, sous l’endroit où il y a eu beaucoup de bruit, justement, alors que j’aurais trouvé plus judicieux de s’éloigner de la zone que de s‘y attarder. De plus, attention à bien signifier qu’à ce moment-là, elles sont dans une zone sèche, car moi, j’ai eu l’impression qu’elle lui disait de s’allonger d’ans l’eau… ^^ (Il y a des arbres qui peuvent émerger de l’eau) Comment les précurceurs font-ils, pour les suivre dans le marais à cheval ? Moi, à leur place, je l’aurais contourné et donc, gagné un temps fou sur les filles… Par contre je trouve que Noarfanges, c’est un nom très bien trouvé :) cependant, si Arka a nagé dans ce marais, je ne donne pas cher de la lettre qu’elle avait cachée dans son débardeur…
J’ai capté que la compagne était une sorcière une fois dans la forêt. Finalement, il y avait beaucoup de sorciers dans cette prison. ^^ C’est une bonne idée l’oiseau sorcier, car sans ça, je me demandais comment on pouvait les pister dans le noir. Par contre pour les chevaux qui sautent par-dessus les taillis, je ne suis pas forcément d’accord. C’est vachement risqué et puis un cheval, c’est quand même plus massif qu’un humain, ça se faufile mal. En plus, si le taillis est trop long, c’est la gamelle assurée, surtout qu’il fait sombre et qu’on ne voit pas bien ce qui se trouve après… Pour le sort qui permet de voler, je le trouve vraiment chouette. :) Mais pourquoi ne pas l’avoir utilisé pour fuir dans les marais ?
Houla, je crois que je bats mon record en longueur de commentaire… ^^ Du coup, je vais le poster en deux fois… ^^
« – Après tout, si elle te change en pot de chambre nous nous en arrangeront bien : cela fera une personne de moins à juger après demain, renchérit un autre homme en uniforme. »
« – Mouais, grogna à nouveau l’autre personne présente dans la pièce. Sauf que jusqu’à présent personne n’a jamais revu l’ombre d’une seule de vos victimes, bande d’exécuteurs de jours de paie ! »
Là tu vois, j’ai vraiment eu l’impression qu’on me donnait des informations. Que, sans moi, dans la vrai vie, ils n’auraient pas précisé que le jugement était demain, car les prisonniers doivent sans doute déjà le savoir. Pareil pour la madame, j’ai l’impression qu’elle les provoque pour nous apprendre des choses sur ses geôliers, alors qu’elle pourrait juste discuter avec Arka pour lui apprendre tout ça ;) Même genre de souci avec les passages suivants :
« Même l’encens de saugerette sorcelle que faisaient brûler les précurseurs pour empêcher leurs prisonniers de lancer des sorts ne suffisait pas à l’arrêter, lui. »
« – Tenez qui voilà ! railla la femme en se saisissant d’une chaise cassée. Leur sorcier qui nous a si bien pisté ! »
Dans le premier, comme l’histoire se base sur Arka et qu’elle ne connait pas cet encens ni ses effets, c’est étrange de nous le voir préciser… Dans le second, la compagne précise qui est l’homme, comme si elle lui parlait alors qu’il est inconscient, du coup, c’est à Arka qu’elle parle, pour lui dire qui il est, mais d’une manière détourné, et c’est étrange, je trouve.
Il ne faut pas hésiter à me dire si tu n’en attends pas autant ;) Quoi qu’il arrive, mes remarques ne sont que des propositions d’améliorations. Ça ne veut absolument pas dire que le chapitre ou l’histoire ne sont pas bons.
« De nouvelles questions se formaient sans cesse dans son esprit, mais elle se refusait à n’en poser une seule de peur d’aggraver sa situation. »
**À n’en poser qu’une seule** ?
« – Et on va où ? s’enquit-elle, déjà à bout de souffle après une dizaine de minutes seulement de course. »
**Après seulement une dizaine de minute...** ?
Arrivant auprès de l’un entre eux elles dérangèrent une famille
**d’entre** ?
Elle ne se fit pas prier, terrifiée par le corps arqué de la bête, par ses puissants postérieurs canins, ses épais antérieurs griffus et sa tête au long museau couvert de croûtes.
**Heu… ^^ Non mais là ^^ tu m’as tué ! ^^ ça donne l’impression que la bête a plusieurs fesses ^^ MDR ! Je n’en peux plus ! ^^ Heu… Préciser « pattes » ? ^^**
« Pour la première fois de sa vie, Arka eut la sensation de pouvoir mourir, que d’un instant à l’autre, la lumière pourrait s’éteindre et qu’elle ne serait plus. »
**Qu’elle allait mourir ? Sinon, elle a tout à fait le droit de mourir, je pense ^^ Rien ne l’en empêche vraiment ^^ Bon ok, après, il n’y a plus d’histoire ^^**
« Malgré l’avance que la sorcière leur avait permise de prendre, ils n’était plus très loin »
**Malgré l’avance que la sorcière leur avait fait prendre ?**
« Elles galopèrent au travers des ronciers et des branches »
**Attention : peut donner l’impression trompeuse qu’elles sont à cheval.**
« En disant qu’elle ne comprenait pas, Arka aurait voulu des explications plutôt que les complications. »
**Je crois comprendre ce que tu as voulu dire, mais… ce n’est pas très clair.**
« cela avait été comme si son cœur lui-même avait eut si peur qu’il avait cessé de battre pour se faire plus silencieux. »
**Ralentit ? Non parce que s’il s’arrête, il n’est pas plus silencieux. Il est silencieux tout court, et elle, très rapidement, le devient aussi ^^**
D’une manière générale, j’ai bien aimé ce chapitre qui nous en fait découvrir un peu plus sur ton univers et nous laisse entrevoir tout ce qui va graviter autour d’Arka. Je trouve que l’action est plutôt bien géré et nous donne envie de découvrir la suite, de savoir ce qui va se passer, et dans quoi ton héroïne a atterri. Bon, on se doute que c’est principalement dans la mouise, mais bon. ^^ Surtout, n’hésite pas à revenir vers moi si mes commentaires ne correspondent pas à ce que tu recherches ;)
À bientôt ;)
Sinon, dans l'ordre:
-je vais essayer de préciser tout ça pour plus de cohérence. Il y a plusieurs raisons qui poussent les fugitives à couper au travers du marais, et les cavaliers à les contourner, mais je vais développer les explications.
-Pour les passages qui s'adresseraient plus au lecteur, je vais essayer de les retravailler pour rendre cela plus fluide. Je trouvais pourtant que c'était un bon compromis pour ne pas avoir des dialogues à rallonge pour tout expliquer, ni des éléments qui restent sans explication trop longtemps.
-pour le reste... je vais aussi voir ce que je peux faire pour améliorer tout ça!
En tout cas merci beaucoup beaucoup pour ce retour très détailler qui met en évidence mes points faibles. À force d'avoir le nez dans mes écrits et toujours trente-six milles idées et un monde que je connais par cœur, j'ai tendance à me laisser dépasser et à ne plus me rendre compte de ce que je fais^^
Pas de souci : c'est compliqué d'avoir du recul sur ses écris. C'est toujours plus facile de voir chez les autres, d'où l'importance des bêta-lecteurs ;)