Chapitre 4

Notes de l’auteur : « Il y a quelque chose de tragique à poursuivre des chimères ».
Albert Camus

Ah ! Quelle galère pour le jeune Norbert, le touriste norvégien. Il avait passé deux heures à essayer de mettre la petite Jessica dans son lit, mais il n’y parvenait pas. Elle ne voulait jouer qu’au baby-foot et parler de ses études universitaires. Et quand il trouva enfin le moyen de l’attraper, elle reçut un appel de ses parents qui l’obligea à partir. Ce genre de contretemps n'était pas nouveau pour le fils de Gérôme.

Pour changer d’idée, il décida d'aller se dégourdir les jambes à la salle de sport qu'il avait remarquée plus tôt dans la journée. Là-bas, il tomba sur une certaine Sharon. Au début, il ne la reconnut pas, mais après qu'elle lui rappela leur rencontre, il se souvint immédiatement. C’était une hôtesse qu'il avait abordée à l’aéroport, quand il était arrivé de Pologne. À la fin de leur conversation, ils convinrent de se retrouver l’après-midi.

 

En rentrant à l’hôtel pour préparer la suite, Norbert observa le hall d’entrée pour voir si Katrine, la réceptionniste, était déjà arrivée. Il ne remarqua aucun signe de sa présence. Curieux. Il se rappela qu’elle lui avait dit que son service commençait dans près de vingt minutes, et qu’elle était ponctuelle.

Tant pis. Cela ne devait pas le déranger, et il n’avait pas l’intention de s’attarder là-dessus.

 

Une fois arrivé dans sa chambre, il trouva une douce présence qui l'attendait. C'était la charmante Katrine.

- Bonjour toi, dit-elle, joyeuse.

- Ka… ka… Katrine ? Norbert n'en revenait pas. Cela risquait de gâcher son rendez-vous.

 

Elle était là, allongée sur le lit d'eau dans une position coquine, sa tenue à deux pièces laissant entrevoir ses intentions.

- Alors, qu’est-ce que tu attends ? rejoins-moi, dit-elle d'une voix séduisante.

- Mais… mais, tu vas bientôt travailler, non ? demanda Norbert, choqué par la scène devant lui, la voix tremblante et les jambes chancelantes.

La séance de sport qu'il avait faite ne l’aidait pas à cacher sa peine.

 

- Non ! Ne t’inquiète pas, mon service ne commence que dans une heure. Nous avons beaucoup de temps devant nous.

- Ah bon ? demanda Norbert, un peu déçu.

- Oui, je te l’ai dit hier. Tu as dû oublier.

- Oublier ?

- Oui, l'alcool a dû embrouiller tes idées.

- L’alcool, tu dis ? insista Norbert.

Il avait la réputation de bien tenir l’alcool et pensait que c'était juste une excuse pour le garder dans son lit.

 

- Oui !

« Que croit-elle, cette folle ? » se demanda Norbert. « Je ne suis pas venu en Belgique pour m’attacher à une réceptionniste ! Ridicule ! » Il devait trouver un plan, même si la fatigue commençait à s’installer.

 

- Hum ! Écoute, je ne peux pas faire ça maintenant, dit-il brusquement.

- Mais pourquoi, Norb… ?

- Euh, je suis très fatigué.

- Hein ?

- Oui, je sors de la salle de sport. J’aimerais prendre un bon bain et faire une petite sieste.

 

Il avait trouvé une excuse : la fatigue physique. Très bon prétexte ! Cela l'aiderait à échapper à Katrine, qui l'épuisait tout autant que ces étirements à la salle.

C'était un coup de maître. D’une pierre, deux coups. Ce qui ne le tuait pas, le rendait plus fort.

 

- Hum, d'accord, dit la réceptionniste, déçue. Ce n’est pas grave.

- Ouf ! soupira-t-il.

- Ce n’est pas grave, car je vais t’aider à prendre ton bain, répondit Katrine, malicieusement.

- Non, mais en fait...

- Quoi donc ?

- Ce n’est pas nécessaire, vraiment...

- Non, ça l’est. Je vais t’aider.

- Non ! Le truc, c’est que...

- Pas la peine de tergiverser, c’est mon dernier mot, affirma-t-elle fermement.

- Bon, d’accord ! Comme tu veux, acquiesça-t-il, résigné.

 

 

Quelques heures après le départ de Katrine, Norbert se détendait avec un petit livre. Il devait oublier ce qui s’était passé plus tôt. Pas l’épisode avec Jessica, qui ne voulait pas lui céder le lit, mais plutôt ce qu’il avait fait avec Katrine dans la salle de bain. Il ressentait quelques remords. Le dragueur scandinave n’avait pas su résister aux délicieux massages de Katrine. Elle était vraiment douée et savait pourquoi elle avait proposé d'aider.

Il n’allait pas pouvoir y résister, surtout dans un cadre aussi propice.

 

Finalement, elle avait obtenu ce qu’elle voulait et, même s’il essayait de se réjouir d’avoir eu cette expérience dans la luxueuse baignoire d’un hôtel quatre étoiles en Belgique, il restait insatisfait. L’élégance de la situation n’avait pas compensé l’incompétence de sa partenaire.

Encore une fois, elle était satisfaite, mais lui ne l’était pas.

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