Empreintes dans la neige,
Que le blizzard efface en suivant le cortège.
Hurlements dans la nuit,
Que la tempête compose en symphonie.
Assemblée féale,
Exilée par un monde féral,
Garde en mémoire les noms de tes sœurs brûlées,
En peaux de bêtes, dissimulée,
Pour leur échapper.
Mais pour les sorcières,
La terre est nourricière.
Et s’il faut se faire plus petites que des souris,
Pour te soustraire à la tuerie,
Rien n’a plus de valeur que ta survie.
Assemblée féale,
Exilée par un monde féral,
Garde en mémoire les stigmates de ton peuple,
Mais ne cède pas à la vengeance aveugle,
Car s’ils ont péché, c’est par orgueil.
Ton art est précieux,
Quoi qu’en disent les envieux,
Te voilà sans feu ni lieu,
Sans maîtres ni dieux.
***
Je traîne sans but dans les couloirs, je me sens flotter, légère comme jamais je ne l’ai été. J’observe les galériens dans leurs cellules, ils dorment tous à poings fermés, c’est presque silencieux. J’entends leurs songes qui vrombissent comme un ronflement dans ma tête. Je m’approche d’une porte d’où le vrombissement se fait le plus fort. Le malheureux rêve de liberté, il rêve qu’il retrouve sa femme et son fils. Mais sa famille, brisée par la maladie de l’homme, s’éloigne sans un regard pour lui. Je le laisse à ses pleurs, puis je continue mon chemin. Je passe devant une fenêtre et l’astre d’albâtre m’éblouit. Je contemple la lune ronde d’hiver, silencieuse et apaisante, et la neige qui recouvre le parking sublime cet instant. Je souhaite qu’il dure infiniment, mais l’ombre d’un nuage met fin au spectacle.
Je remarque alors que mon souffle sur la vitre ne laisse pas de buée. J’essaie alors de poser mes doigts sur le verre, je m’attends à ce qu’il soit froid, mais ma main passe au travers. Un cri de stupeur s’échappe de mes lèvres et je tombe en arrière.
Je me redresse subitement de mon lit, les yeux grands ouverts, la respiration haletante. Je n’ai pas le temps de réaliser ce qui se passe qu’une inconnue se tient au beau milieu de ma chambre.
— C’est toujours comme ça la première fois, ne t’en fais pas. La nausée va passer.
Elle redresse ses lunettes sur son nez et décroise les bras pour allumer la lumière. Sa longue tresse bleue me fascine, tout comme le croissant de lune qu’elle porte au front. Elle pose sur moi un regard peiné. Ses iris clairs me transpercent comme des poignards. Contrite, je cache mes cicatrices sous les draps que je remonte jusqu’à mon nez.
— Qui êtes-vous ? Sortez de ma chambre.
J’aurais voulu avoir l’air plus sûre de moi, plus autoritaire, mais je dois m’estimer heureuse que ma voix fluette ait pu sortir de ma bouche, sinon, j’aurais eu l’air d’un poisson hors de l’eau.
La jeune femme dodeline de la tête avant de s’asseoir sur le bord du lit. Elle contemple un instant l'hétérogénéité de ma chevelure, où deux mèches blanches de chaque côté de mon visage dénotent dans le noir d’ébène de mes cheveux, qu’elle replace d’un geste maternel derrière mes oreilles.
J’entends la peine qu’elle ressent. Les mots résonnent dans mon crâne et se diffusent sur ma peau qui frémit. Je ne sais pas qui elle est, mais elle semble me connaître. Je le vois dans ses yeux, et je le sens dans mon cœur. Je fouille dans mes souvenirs pour trouver la trace d’une femme à son image, je n’y vois que des flashs brumeux accompagnés de voix éloignées. Que disent-elles ? Je n’en sais rien et une migraine carabinée m’ôte toute envie de continuer mon introspection. La vacuité des séances avec mon psychiatre pour retrouver mes souvenirs me frappe violemment. Rien n’avançait. J’étais perdue, égarée, figée dans le temps, dans l’attente de pouvoir raccrocher mon wagon à la vie. J’étais interrompue.
L’inconnue reste immobile et m’observe, patiente et attentive, je ressens sa compassion qui m’enveloppe. Elle tient dans sa main un objet et me le tend. Devant mon silence, elle se décide enfin à parler.
— C’est à toi. Tu l’as perdu il y a longtemps.
La femme parle lentement, d’une voix basse et douce, en faisant des pauses régulièrement, comme si elle avait peur de m’effrayer en m’abreuvant de paroles.
Elle ouvre la main, dévoilant un collier étrange, agrémenté de minuscules plumes noires et de plusieurs pierres brillantes taillées dans diverses formes. Je n’ose pas m’attarder dessus, mais, c’est plus fort que moi, le collier retient toute mon attention. Du pouce, je caresse les pierres qui ornent le bijou. La pierre noire en forme de croissant de lune répond à mon toucher, aspirant dans ses aspérités ma nervosité.
— Vas-y, prends-le. C’est le tien, après tout.
Je ressens la joie de retrouver un objet perdu, la tendresse nostalgique d’une chambre d’enfant et j’entends au loin des rires enfantins. Une vague de chaleur m’englobe et me berce. Des larmes roulent sur mes joues lorsque je referme mes mains sur le collier. Je sais alors qu’il m’appartient, mais le verrou de ma mémoire est toujours en place.
— Je reviendrai te voir. Repose-toi.
Du bout de son index qu’elle pose sur mon front, la fatigue m’envahit et je sombre dans un sommeil profond.
Attention au rythme, ne pas écrire de phrases toujours de la même longueur ni avec la même construction, pour garder l'attention du lecteur et ne pas lasser. C'est un travail à la réécriture ou à la correction, bien sûr (c'est évident dans le premier paragraphe de son rêve).
Pour les vers du début, pareil, un problème de rythme, ce qui rend l'impact de la prose moins percutante que ce qu'elle devrait être. Mais alors là, je ne suis pas du tout experte de la poésie, donc je ne pourrai pas plus t'aider, désolée :/