Le ragoût caillé du bidonville industriel assaillit ses sens surdéveloppés avant même l’arrêt du monte-charge. Aucune paroi n’empêchait l’air nauséabond de flotter jusqu’aux narines de ses occupants.
« Je hais les faubourgs », dit Freddy. Safran se contenta d’un renâclement.
Lorsqu’ils touchèrent le sol de terre battue des quartiers les plus pauvres d’Arbol, quatre Randyrs armées de hallebardes les attendaient de pied ferme.
« L’utilisation de cet ascenseur est interdite la nuit à moins d’une urgence », dit la plus massive d’entre elles en défiant Safran du regard.
« Je m’en fiche, Anis, tu viens avec nous et tes copines aussi », rétorqua Safran en tirant sa hache. Anis émit un grondement bestial.
« Non, Safran. Il s’en rendrait compte et nous sèmerait. Nous devons nous dépêcher ! » intervint Murielle.
Sans laisser le temps à ses compagnons de répondre, elle bondit entre les quatre mastodontes qui lui barraient la route.
Les hallebardes se croisèrent avec un sinistre crissement métallique. Ici, elle ne pourrait pas forcer le passage.
« Vos revolvers ne sont pas autorisés dans les faubourgs. »
Freddy grommela contre le règlement, mais tendit son arme de service à l’une des Randyrs.
« Vofa, à trois sans flingues, je me marre déjà, » dit Safran en donnant la sienne à une autre.
« Vofa ? Marcus Vofa ? » demanda Anis.
Murielle leva les yeux au ciel : « Qui d’autre ? »
Anis gronda dans sa direction, mais reporta presque instantanément son attention sur Safran.
« Tu aurais dû me dire qu’il était de sortie. Si je vous laisse chasser ce chimpanzé sans renforts, on m’accusera de complicité. »
Murielle claqua du talon.
Comment puis-je juguler les dégâts, maintenant ?
« Alors à distance. Il ne doit pas nous remarquer. Nous vous appellerons si nous le trouvons. »
Si elle se trompait, les Randyrs seraient les bienvenues. Sinon, elles poseraient un problème.
Une pincée. Une seule. Elle ne désirait rien d’autre. Une nuit de repos ininterrompu. Immédiatement. Son cœur se crispa comme si une main s’était glissée dans sa poitrine pour le serrer, le soulever.
Calme comme l’eau qui dort.
Les jours de sevrage portaient l’épice au premier plan de ses pensées. Elle espérait que son visage ne trahissait pas sa fébrilité, mais n’y croyait qu’à moitié. Dans son âme résonnait l’appel d’un sommeil noir, la bienheureuse inconscience d’une camée au désir assouvi.
Elle songea à sa dernière dose excédentaire.
Girard avait envoyé des agents la réveiller chez elle.
Pas maintenant. Elle ne pouvait pas abandonner cette traque.
Si seulement le reste du monde pouvait souffrir avec elle. La bile lui monta à la bouche.
Calme comme l’eau qui dort.
« Accordé. »
Les hallebardes se décroisèrent. Elle contraignit sa respiration à reprendre un rythme normal.
Le Spectre était-il arrivé ? Avait-il déjà disparu ? Elle n’était pas descendue dans les faubourgs depuis longtemps. Flanquée de ses deux acolytes, Murielle pénétra les bas-fonds dans une direction qu’elle espérait la bonne.
Quatre sans-abri se chauffaient les mains autour d’une pâle flamme aux relents de bouse. Elle posa le pied sur quelque chose de mou et visqueux en réprimant un haut-le-cœur. Ils marchèrent plusieurs minutes avant que les effluves chimiques surpassent la putrescence. Fugacement, elle s’interrogea sur le système qui empêchait les vapeurs des faubourgs de monter aux étages supérieurs.
Elle s’arrêta subitement.
Ses yeux lui disaient peu et ses oreilles ne lui révélaient rien, mais son instinct lui soufflait qu’elle était au bon endroit. Elle leva le regard vers le plafond, noir comme l’encre à cet étage dépourvu de lampadaires. Safran ralluma sa torche.
La terre battue était jonchée de gravillons et de déchets. Dans la poussière, un sillon s’éloignait du site. Elle pointa du doigt :
« Le plus proche incinérateur est bien par-là ? »
De concert, Safran et Freddy hochèrent la tête. Elle repartit au trot. Freddy étouffa un juron, Safran, un gloussement. La fournaise fonctionnerait vingt-quatre heures par jour. S’ils arrivaient trop tard, le corps serait brûlé, le chandelier fondu et au revoir les empreintes digitales dans le sang de la victime.
Elle pressa le pas, incertaine de ce qu’elle préférerait découvrir.
Elle détestait se tromper.
Elle redoutait d’avoir raison.
Freddy jura de plus belle en la voyant accélérer. Safran rit et la suivit sans peine.
Les ténèbres se dégagèrent au-dessus d’eux. Le plafond n’obstruait plus le regard. Un court moment, un feu d’artifice figé dans un instant de grâce s’étendit à perte de vue avant que les volutes du smog omniprésent se referment sur lui. Elle trébucha, porta une main tremblante à son visage.
Des pas traînants à droite. Des murmures à gauche. Elle refoula au plus profond de ses entrailles une humanité qu’elle refusait de reconnaître et reprit sa course.
Le bâtiment se dressa enfin dans la nuit, sa haute cheminée rouge éclairée par la lune. Safran la devança sans peine et ouvrit la porte à la volée. Quand Murielle entra à son tour, elle brandissait sa hache sous le nez des employés, figés et tremblants, fascinés comme autant de lapins face à un chien enragé.
Comme son père devant ses créanciers.
« Où est ce fils de bouc incestueux, que je l’écorche et le flambe ! » hurla la Randyr en furie.
L’aiguille pendue à son visage scintillait doucement dans la lumière blafarde. Murielle parcourut du regard les convoyeurs presque vides. La respiration sifflante, Freddy les rejoignit.
« Oh la m… »
Courant entre les convoyeurs à l’arrêt, il se précipita vers une grande poche de toile.
« Safran, fais sortir tout le monde ! » cria Murielle.
Les employés n’auraient pas évacué plus vite un bâtiment en flammes. La géante écailleuse dirigea vers elle un regard curieux.
Freddy, lui, ouvrit le sac.
« Le chandelier, le cadavre et une tenue de soirée ? » hasarda Murielle.
« Une tenue de soirée, oui. Comment sais-tu? Qu’est-ce que cela signifie ? »
La colère déserta le visage de Safran, remplacée par la stupeur et un autre sentiment que Murielle ne pouvait identifier. Elle se tourna lentement vers Murielle avant d’exprimer l’évidence qui échappait encore à Freddy.
« Samson l’a tué ? »
Ils se regardèrent les uns les autres. Le craquement des flammes et le bourdonnement des machines ne pouvaient couvrir le rugissement des pensées de Murielle.
Avait-elle deviné par accident ou disposait-elle de tous les éléments ?
« Sa femme en visite chez sa mère avec les enfants. Le moment idéal pour confronter le criminel au sujet de ses relations avec la pègre. "J’ai une fille splendide, une pelle et un alibi." Jérôme Moreau passe à l’attaque. Samson a le dessus et élimine la menace qui pèse contre sa princesse. Si elle l’apprend, il la perdra pour toujours. Un jury le condamnera sans hésitation. Pour un prix, quelqu’un acceptera de porter le chapeau : Vidocq. Il lui rendra ce service si Samson ignore ses activités à quelques occasions. Vofa passe nettoyer la scène au cours du bal, mais l’arrivée de Safran l’interrompt. Il s’échappe sans terminer, mais revient chercher la poubelle où il avait déjà déposé les preuves. Freddy, s’il te plaît, referme le sac. »
Elle s’approcha de la manivelle du convoyeur, les mains moites.
« Attends, gamine, réfléchis. Tu veux qu’on fasse comme si de rien n’était ? »
Le visage de la matamore se crispa en une grimace douloureuse.
« Un criminel dangereux est sorti du circuit. Quel message envoyons-nous en punissant celui qui l’a neutralisé ? »
La créature s’agita comme un serpent à la recherche d’une ouverture.
« Si Samson n’était pas dans la poche de Vidocq avant, il l’est maintenant. »
Murielle passa la langue sur ses lèvres.
« Je sais. Les autres capitaines sont tous commandités par les seigneurs de la fange. »
Safran fit voler sa hache dans une caisse de bois et Murielle se laissa tomber derrière le convoyeur.
Avec un cri.
« Mais lui, on peut le prouver ! »
Le cri d’un seau d’eau froide versé sur la tête, d’un pied sur une plaque de glace ou d’une marche manquée. Elle se releva.
« Tu veux l’entraîner vers le fond alors qu’il a tué l’un d’entre eux ? Que fera le prochain ? Mieux ou pire ? »
La créature se détourna, récupéra son arme. Après plusieurs secondes, elle fixa son regard carnassier sur Murielle.
« Tu avais déjà tout deviné. Pourquoi nous amener ici ? Pourquoi, si c’est pour le laisser faire ? » hurla-t-elle.
« Pour contrer Vidocq, il faut connaître ses pions. »
Safran s’accroupit en sifflant.
« Tu fais de nous ses complices. »
Murielle laissa retomber ses épaules.
« Je sais. Safran, tu peux utiliser ces informations. Je ne suis qu’une stagiaire. »
La créature redressa lentement ses jambes.
« Et je ne suis qu’une Randyr. Tout juste bonne à exécuter les ordres. »
Elle étrécit les paupières en direction de Freddy, qui restait sagement hors de ce conflit, et lança d’une voix tendue :
« Brûle les preuves. »
Murielle soupira.
Le choix était fait. Ils seraient complices de Samson. Freddy posa les mains sur le sac, le tapota nerveusement, le visage tendu, la bouche entrouverte, le portrait silencieux de l’énormité.
Lentement, il resserra les lèvres, glissa la main dans son dos.
Il dégaina un revolver et le pointa sur Safran.
« Êtes-vous folles ? Samson a abattu un homme et doit en répondre devant la loi. Réfléchissez au prix consenti pour que disparaissent ces preuves ! Vidocq a de quoi le faire chanter jusqu’au dernier de ses jours. Combien de meurtres resteront impunis ? Combien de receleurs, de trafiquants et de violeurs seront libérés pour éviter que son crime soit dévoilé ? »
La part froide de l’esprit de Murielle identifia que le pistolet était une poivrière Gyra de calibre .25 à quatre coups. Son âme se figea lorsqu’il le lui braqua dessus. Elle n’était qu’une stagiaire. Sa stagiaire. Freddy était bête et lent, mais il n’avait pas tort sur toute la ligne.
« Tu as amené une arme à feu dans les faubourgs ? » feula Safran, ramassée tel un prédateur prêt à bondir. Une seule balle suffirait à mettre fin à son existence. Ou pas.
Freddy tourna le canon vers la créature et s’étira pour saisir un chariot.
« Je rentre avec ça. Dès que je serai dehors, j’appellerai notre escorte. Je ne révélerai pas que vous vouliez protéger Samson si vous ne parlez pas du flingue. »
Le grand sac tomba avec un bruit sourd. Les mandibules de Safran s’agitaient frénétiquement. Pendant près d’une minute, les roues grinçantes et les sifflements asthmatiques grondèrent plus fort que les machines et les flammes. La porte claqua sinistrement derrière Freddy et son chargement. Le regard fixé sur le vide, Safran garda le silence.
Cinq secondes. Dix. Trente.
« Nous n’avons pas le choix. Au moins ne coulerons-nous pas avec Samson. »
Elle hésita, se retourna vers Murielle.
« J’ai passé la nuit à essayer de suivre ton rythme. La police ne te mérite pas. Tu pourrais faire fortune chez un employeur privé de la septième plate-forme. »
Elle gronda et se dirigea vers la sortie.
« Je te suis dans une minute », répondit Murielle d’une voix tremblotante. « C’est la première fois qu’on menace de me tirer dessus, j’ai besoin de me ressaisir. »
La Randyr fit un signe de tête sans la regarder et quitta l’incinérateur. La porte resta ouverte derrière elle. Murielle attendit plusieurs secondes.
Un frisson parcourut son échine. Les dés étaient jetés.
Une larme se forma sous son œil. Malgré tous ses efforts pour en garder le contrôle, son souffle traître s’emballait.
Calme comme l’eau qui dort.
De longues secondes. Peut-être une minute.
Elle n’était pas seule.
« Son nom est Frédéric Simard, » dit-elle plus fermement. « Il ne doit pas parler. »
Du fond des ténèbres s’éleva un baryton plus léger que celui de Safran :
« Je sais. Il ne verra plus l’extérieur des faubourgs », répondit Marcus Vofa.
Le sang de Murielle se glaça dans ses veines.
Elle entra dans l’engrenage.
Ce chapitre est plein de retournement de situation. Comme toujours, très agréable à lire.
Voici mes commentaires.
Où est ce fils de bouc incestueux, que je l’écorche et le flambe ! »
Je savais pas qu'on pouvait insulter comme ça... hmmm... je prends note😏
L’aiguille pendue à son visage scintillait doucement dans la lumière blafarde.
Attend quoi ? Tu es en train de me dire que safran avait cette aiguille dans la tronche depuis le début ? À quel point une randyr est solide ?
Les mandibules de Safran s’agitaient frénétiquement.
J'arrive vraiment pas à m'imaginer la tronche d'une randyr. Dans ma tête c'est un genre de crevette mante de deux mètres de haut avec la tête d'un cheval... me demande pas d'où ça sort.
Elle n’était pas seule.
« Son nom est Frédéric Simard, » dit-elle plus fermement. « Il ne doit pas parler. »
Du fond des ténèbres s’éleva un baryton plus léger que celui de Safran :
« Je sais. Il ne verra plus l’extérieur des faubourgs », répondit Marcus Vofa.
Attendez ? Qui, que, quoi, comment ?! C'est quoi ce retournement de situation ?
Elle savait ? Elle était dans le coup ? Ils sont complices ? Freddy va mourir ?
Hâte de lire la suite.
À plus.
Urukem
On peut se demander s'ils sont de mèche, hein? Ou le conclure, simplement :o
J'aime bien laisser des questions en suspens :D
Et question résistance, pour les Randyrs, ça pourrait s'apparenter au carcajou ou au rattel, mais en version grand format. Et le pire dans tout ça... c'est que ça peut encore devenir pire :o :P
Disons que le petit flingue de Freddy n'est pas ce qui l'a arrêtée.
L'image que j'avais en tête en les créant s'apparentait à celle du Predator. Au final, je l'ai changée dans ma tête Crevette-mante de deux mètres avec une tête de cheval, ça peut faire aussi ;)
Et le fils d'un bouc incestueux... clin d'œil à la version française de The Three Amigos... film passé de mode depuis longtemps, mais que je trouve hilarant même maintenant :D
À bientôt!
Je ne remarque que deux défauts à ce chapitre (le reste est parfait, comme pour les précedents) le premier concernant la longueur de certains paragraphes de naration (surtout dans la première moitié du chapitre) qui merriteraient parfois de fusionner entre eux quand il ne font qu'une ou deux lignes de manière à fluidifier la lecture.
Le second défaut est un défaut de réalisme (même si en soit 99% des gens ne le remarqueront pas) car les balles de calibre .25 (6,35 mm) sont extrèmement peu létales même à courte portée à moins de toucher un organe vital. L'affirmation qu'une seule balle pourrait le tuer merriterait d'être nuancée. Il s'agit d'un calibre très faible, même pour un pistolet de par sa faible masse combinée avec une vélocité elle aussi faible. Il faudrait plusieures balles bien placées pour le tuer rapidement (en soit le chargeur de quatre est largement suffisant sauf s'il se met à courrir et que la visée est un peu aléatoire)
Alors concernant la "létalité", je sais. Et la nuance est dans le texte : les mot "ou pas"., immédiatement après. Qui plus est, je ne me suis jamais interrogé sur le calibre nécessaire à la balle qui ralentirait une Randyr. La narration origine dans le point de vue de Murielle et ses pensées sont dictées par une panique refoulée, mais bien présente. Bref : je te confirme que je suis au courant de la létalité des balles de ce calibre et que j'ai écrit ce passage en connaissance de cause ;)
Concernant la longueur des paragraphes, tu as peut-être raison. J'en remarque plusieurs où je peux me poser la question "cette séparation est-elle utile ou non?"
Dans tous les cas, un grand merci. Je ne suis pas en meesure d'effectuer des corrections sur ce chapitre présentement, mais elles viendront. À bientôt!
Une question; je vois que tu n'as pas commenté le chapitre 2, mais tu as dit quelque chose à chacun des autres chapitres. Rien à mentionner ou tu l'as accidentellement sauté? Je pose la question parce qu'avec la pause entre la lecture du premier chapitre et celle du 3, il est possible de ne pas se se souvenir exactement où le texte en était au moment de reprendre. Je sais que ça m'arrive parfois.
Àu plaisir ;)
Voici mes notes prise au cours de la lecture :
« Lorsqu’ils touchèrent le sol de terre battue des quartiers les plus pauvres d’Arbol, quatre Randyrs armées de hallebardes les attendaient de pied ferme. » Les Randyr ont pas d’arme a feu ?
« Non, Safran. Il s’en rendrait compte et nous sèmerait. Nous devons nous dépêcher ! » intervint Murielle. » J’ai mis une micro seconde a recontextualiser qui était il, pour éviter ca tu peux juste inverser la phrase, en mettant le « nous devons nous dépêcher » avant « il s’en rendrait compte. ». Ou bien remplacé « il » par le fuyard
« Vos revolvers ne sont pas autorisés dans les faubourgs. » Aaaah j’ai m’a réponse
« Vofa, à trois sans flingues, je me marre déjà, » j’expliciterai la phrase pour fluidifier la lecture : Vofa face à nous trois, sans flingue, je me marre déjà
« Murielle claqua du talon. » est ce juste un signe d’impatience ou est ce qu’elle se met en mouvement. J’ajouterai : « Murielle claqua du talon, frustrée. ».
(En y réfléchissant ça aurait été claqua LES talons si elle s’était mise en mouvement. Mais je n’ai pas eu cette nuance d’esprit en lisant la phrase pour la première fois)
« Alors à distance. Il ne doit pas nous remarquer. Nous vous appellerons si nous le trouvons. » Je suis surprise que Freddy ne fasse pas de nouveau une drôle de tête face a sa stagiaire qui donne des ordres à des Randyrs
« La fournaise fonctionnerait vingt-quatre heures par jour. » c’est pas plutôt fonctionnait plutôt que fonctionnerait.
« au revoir les empreintes digitales dans le sang de la victime. » j’enlèverai dans le sang de la victime. En fait, j’aime bien la métaphore et je trouve ca poétique, mais dans les faits ca me parait étrange car un corps calciné ne laisse généralement pas de sang visible.
« Quand Murielle entra à son tour, elle brandissait sa hache sous le nez des employés » Ah j’ai manqué l’info que Murielle avait récupéré ou a toujours possédé cette hache ?
« L’aiguille pendue à son visage scintillait doucement dans la lumière blafarde. » Excellent comme image, j’avais oublié ce détail !
« Mais lui, on peut le prouver ! » Je ne suis pas entièrement sûre de qui prononce cette phrase.
« Tu veux l’entraîner vers le fond alors qu’il a tué l’un d’entre eux ? Que fera le prochain ? Mieux ou pire ? » Pareil, je me suis un peu embrouillé dans qui dit quoi
« Le cri d’un seau d’eau froide versé sur la tête, d’un pied sur une plaque de glace ou d’une marche manquée. Elle se releva. » Ca serait pas plus parlant de parler d’un pied glissant sur une plaque de glace ? Quoi qu’il en soit le début de la métaphore me parle, la fin également, mais le pied sur la glace un peu moins.
« Le grand sac tomba avec un bruit sourd. » le corps est tombé du chariot ?
Le rythme est parfait, on est plongé dedans. Les métaphores et les descriptions sont justes et poignantes.
J’ai eu quelques petites confusions vers la fin, je me suis un peu perdue dans le dialogue. Du coup, ça a légèrement atténué l’impact émotionnel du plot twist final, mais j’ai quand même été surprise par le déroulement.
Vrmt hâte de lire la suite !
Concernant la phrase qui t'a fait tiquer, je la retravaillerai pour la rendre plus claire. Ceci dit, une simple inversion ou le remplacement de "il" par "le fuyard" enlèverait trop de naturel. Il est possible que je n'arrive pas à trouver autre chose, mais je vois ton point et il est valide.
"Vofa à trois sans flingues" : tu as peut-être raison au sujet d'un manque de fluidité, mais j'avoue que ta proposition ne me correspond pas non plus. J'essaierai autre chose, mais j'aime bien la phrase telle qu'elle est. Peut-être "S'attaquer à Vofa à trois sans nos flingues".
Concernant le claquement de talon frustré, j'avoue que je me donne pas mal de mal pour donner les impressions émotionnelles plutôt que de nommer les émotions. Je n'ajouterai pas "Frustrée", mais je pourrais ajouter un second geste révélateur. À voir.
La drôle de tête de Freddy... tu as raison. Il devrait rouler les yeux au ciel, minimum.
Fonctionnait/fonctionnerait : c'est fonctionnerait parce qu'elle est dans une légère incertitude. C'est possiblement une façon vieillie d'exprimer une quasi-certitude; je ne suis plus de première jeunesse et la langue a subi plusieurs évolutions depuis les débuts de mon éducation.
"au revoir les empreintes digitales dans le sang de la victime." c'est justement parce que la fournaise brûlera le sang qu'il n'y aura plus d'empreintes dans ledit sang; je crois que cette phrase est très bien comme ça.
La hache... ce "elle" est Safran, qui vient d'entrer avant Murielle. Avec deux personnages féminins et un masculin, le mot "elle" prête vite à confusion. Je devrai réviser ce passage.. Cela dit, au chapitre précédent, il me semble que je mentionne la hache que Safran porte à la ceinture. Cela dit, sur le plan technique, la phrase est juste; l'imparfait indique l'action qui a déjà court avant (et se poursuit) au moment où le passé simple se produit. Murielle ne pouvait pas déjà être en train de brandir une hache sous le nez des employés quand elle est entrée.
Safran fit voler sa hache dans une caisse de bois et Murielle se laissa tomber derrière le convoyeur.
Avec un cri.
« Mais lui, on peut le prouver ! »
"Mais lui, on peut le prouver !" est le cri de Safran. Je le pensais clair; je réviserai le passage pour m'en assurer. Pareil pour la seconde phrase. Il s'agit des arguments de Safran, qui tient le point de vue opposé à celui de Murielle. Elle voudrait résoudre le crime alors que Murielle pense qu'ils ont plus d'intérêt à le garder dans l'ombre. Je reverrai les passages pour essayer de clarifier le dialogue. Ce passage a été ajouté "tardivement" au chapitre et a donc connu moins de révisions que les autres.
Je reverrai la métaphore. Le pied sur la plaque de glace est peut-être simplement un élément de trop.
Le sac qui retombe avec un bruit sourd : mérite d'être précisé, effectivement. Le sac (avec le corps) était sur un convoyeur. Il retombe sur le charriot avec un bruit sourd quand Freddy le transfère.
Encore une fois, heureux que le rythme te plaise; je ne le maintiens pas à ce dégré pendant 380 pages, mais je dirais que la rythmique est le point sur lequel je travaille le plus. Je ne veux pas provoquer un "essoufflement" du lecteur, mais je veux lui faire désirer la suite.
Et encore une fois... si tu as hâte de lire la suite, ne te gêne pas :D
À bientôt!
Très intéressant de partager ta démarche d'écriture en note d'auteur, ce projet est donc une énième nouvelle transformée en roman xD C'était quoi le sujet de l'AT ?
On retrouve un peu ce format nouvelle dans la chute du chapitre, qui a été clairement très travaillée, avec un rythme très réussi et une vraie tension. Une "fin" qui laisse effectivement beaucoup de possibilités donc c'est cool de continuer l'histoire, d'autant qu'on a pas mal d'éléments mystérieux que tu pourrais développer par la suite. Pas mal de personnages dont les noms apparaissent sans qu'on les connaisse vraiment. Il y a beaucoup de matière à exploiter.
Je rentre de plus en plus dedans, même si tout n'est pas encore clair, ça reste très dense. Mais au niveau de l'univers, je commence à faire pas mal de liens.
Petite phrase qui m'a fait rire :
"comme autant de lapins face à un chien enragé. Comme son père devant ses créanciers."
Un plaisir de te lire,
A bientôt !
J'essaie de me souvenir le titre exact de l'appel, mais il m'élude. On demandait une enquête dans un univers fantastique, fantasy ou science-fiction (au choix).
Étrangement, l'ouverture très vaste à la fin m'a nuit la seconde fois que j'ai soumis cette nouvelle à un comité. Eux préféraient des histoires entièrement bouclées.
La plupart de ces personnages nommés qu'on ne connaît pas vraiment sont réutilisés plus tard (alors qu'ils restaient sans nom dans la nouvelle originale. Ces personnages qui sont désormais nommés réapparaissent plus tard (ou apparaissent plus tard tout court, comme le médecin légiste nommé au chapitre précédent).
Bref, je suis content que ça te plaise!
À bientôt!
Réaction sur la note d'auteur :
Oh, intéressant ! Du coup au départ, avant que tu en sabres un tiers, c'était juste une nouvelle assez longue ? C'est très encourageant qu'un comité de lecture t'ait suggéré d'aller sur un roman ! Et à mon avis c'est complètement normal que tu aies besoin de revenir sur le début. Entre le raccrochage de wagons, l'histoire qui évolue, et les coupes... Pas de quoi être embarrassé :)
Et le texte à présent :
Oh oh, superbe ! J'ai vraiment beaucoup aimé ce chapitre, il y a une belle tension. L'échange final surtout !
Alors, après, j'ai quand même le sentiment d'être très extérieure à la scène, parce que je ne comprends pas TOUS les tenants et aboutissants (pourquoi Murielle se range auprès de Vofa, pour Safran accepte si facilement de se ranger à elle, pourquoi Freddy, qui ne respire pas l'intégrité, s'oppose farouchement à leur proposition de noyer le poisson) mais je suppose que j'en saurai davantage en continuant de lire !
Mais cet échange final, une vraie belle tension, ça m'a scotchée jusqu'à la dernière ligne, donc un grand bravo.
Je te laisse deux petites notes prises au fil de la lecture :
- "« Alors à distance." -> j'ai beugué sur cette phrase. Puis en revenant à la précédente, j'ai compris qu'elle voulait dire "des renforts" par support. Moi j'étais restée aux flingues qu'on leur prenait et je croyais que c'était ça, le support.
- "Tu pourrais faire fortune chez un employeur privé de la septième plate-forme. »
Elle gronda et se dirigea vers la sortie.
« J’arrive dans une minute », répondit Murielle" -> j'ai l'impression qu'il manque une réplique.
Je te dis à bientôt ! :)
Je vais revoir la phrase qui t'a fait bugger. Ce n'est pas nécessairement une réplique, qui manque, mais un peu plus de texte dans les répliques existantes. Peut-être que "Je te suis dans une minute" serait plus juste. J'essaie souvent de maximiser l'impact des mots et des phrases plutôt que d'en rajouter; j'ai une préférence pour les textes plus denses et chargés. Mais je l'ai déjà mentionné... :o
Quand tu verras tout le système qui entoure la "police", tu comprendras probablement mieux, oui! Safran révèle vraiment ses motifs... autour de la page 225, présentement. Ça fluctue un peu au fil du travail sur les chapitres existants et des divisions de chapitres que j'ajoute pour rendre la lecture mieux gérable.
Si je veux être plus précis, deux comités de lecture distincts m'ont dit "fais-en un roman". Vu l'identité du second comité, je n'ai pas eu d'autres choix que de me dire "ils savent ce qu'ils disent."
Ça s'arrêtait ici originalement. Je trouvais le choc final intéressant. Je voulais que les gens se posent des questions sur ce qui arriverait ensuite, mais également (et beaucoup plus) sur ce qui poussait Murielle à ce choix.
Merci encore!
"« Je te suis dans une minute », répondit Murielle d’une voix tremblotante. « C’est la première fois qu’on menace de me tirer dessus, j’ai besoin de me ressaisir. Je te rejoins dehors. »" -> ici le sens est plus clair, en revanche, je trouve que la phrase donne le sentiment que Murielle se justifie. À prendre avec des pincettes, parce que maintenant je connais la chute, mais c'est ce que ça m'évoque.
À voir... j'aurai peut-être un éclair de génie pour subtélifier ce passage.