Liliana Mayfair
L’Inde, enfin. Je ne suis pas mécontente de toucher terre, pourtant la fermeté du sol, la chaleur et la pagaille qui y règnent me désorientent. Dans l’ombre de l’immense ballon blanc, la tour d’amarrage et les quais grouillent de monde. Face aux effluves d’épices, de transpiration, de cendres et d’encens qui me montent à la tête ; je m'accorde quelques secondes pour me ressaisir.
Clement s'agite en tous sens, étourdi par les réminiscences de son enfance.
— Je me souviens, murmure-t-il en souriant. Avec Amiya, je m’échappais en cachette pour explorer la jungle et les champs, je me suis battu dans la poussière, j’ai grimpé dans les bananiers...
— Vous vous êtes rendus malades en mangeant les fruits trop verts.
— Oui, et je me rappelle la salle de classe tenue par son père. Nous révisions la grammaire tandis que la mousson battait les vitres et le toit.
— Vous me l'avez déjà raconté mille fois, lui dis-je impatiemment.
Pourtant, Clement me parle encore de leurs duos, lui au violon, Amiya Southall au piano, et de leurs joyeuses cacophonies. Je me demande à quoi ressemble son ami aujourd’hui. Pourvu qu'il le reconnaisse sans difficulté !
Tandis que mon dena flâne le nez en l’air, les autres passagers le bousculent. Ils dévalent les escaliers, cherchent leur comité d'accueil, veillent sur leur tas de malles, alpaguent les coolies. Les corsets, les tournures, les hauts-de-forme et les ombrelles côtoient les torses luisants de sueur et les saris chatoyants. Les porteurs s’activent de tous côtés, usant de magie pour décupler leur force physique.
— Attention !
Une clochette retentit. Les gens s'invectivent, l’anglais se mêle aux accents rugueux de l’hindi et des patois locaux.
— Attention Sahib ! répète une voix essoufflée.
Je tire Clement vers moi pour éviter qu'un rickshaw ne l'écrase. La lyne qui tire cette carriole bringuebalante attire mon attention. Les mines rebondies de ses clients contrastent avec sa maigreur ; elle court à petites foulées, pieds nus, le visage tanné par le soleil et les intempéries, une clochette à la main. Sa chemise et son pantalon amples flottent autour de ses membres efflanqués tandis qu'elle se faufile parmi la foule.
Mon compagnon suit mon regard.
— Elle tire sur son énergie, lui dis-je. Ces gens ne vivront pas vieux.
— Ici, la pauvreté ne revêt pas les mêmes couleurs qu’à Londres, mais elle se montre aussi impitoyable.
— Suivez-moi. Tâchons de récupérer nos valises et de trouver votre ami.
Quelques minutes plus tard, nous nous frayons un chemin en direction d'un jeune homme longiligne, accoudé contre un muret. Je crois qu'il ne nous a pas encore remarqué, car sa tête brune se tourne tantôt vers l’immense ballon blanc qui se détache sur le ciel, tantôt vers les voyageurs qui s’agitent sur le quai.
— Il n'a pas du tout changé, déclare mon dena avec un sourire ravi. Vous ne voulez pas me donner une valise ?
Comme je porte l'ensemble des bagages, Clement craint que mon épaule n’en souffre. Je ne suis pourtant pas en sucre !
— Avancez donc au lieu de discuter ! Plus vite nous arriverons, plus vite je les poserai.
Il presse enfin le pas et j'assiste aux retrouvailles entre les deux amis d'enfance. Amiya Southall se montre aimable et réservé, tandis que Clement l'étouffe sous les démonstrations d'amitié. Il lui serre la main, lui tape le dos et lui répète mille fois son bonheur de le revoir.
En mon for intérieur, je compare l’homme qui se tient à quelques pas de moi avec l'enfant dont parlait mon compagnon. Je m'attendais à ces boucles brunes, mais pas à ces traits affûtés, ni à ce regard si sombre derrière ses lunettes en écaille. Il porte un clou doré à l’oreille, en plus de son costume classique. S’il se tenait droit, Monsieur Southall ne manquerait pas de prestance.
Soudain, un gosse en guenilles se précipite dans les jambes de Clement. Son geste vif attire mon attention, je me retourne et l’attrape au vol pour l’empêche de s’échapper. Le gamin se débat, mais je resserre ma prise. Je ne le lâcherai pas.
Amiya Southall Dhoraji
Clement ne remarque pas les doigts sales qui se glissent dans la poche de son pantalon. Je n’ai pas le temps de l’avertir car la lyne bondit. Son bras jaillit avec la vivacité d’un fauve, ses griffes se referment sur le chenapan. Il tente de se dégager d’une secousse, mais elle résiste sans peine et lui tord le poignet. Le gamin pousse un cri de douleur et tombe à genoux. Ceux de son espèce pullulent comme la vermine. Ils volent à la tire, fouillent les poubelles et mendient à l’occasion, ces enfants dressés par des rapaces qui exploitent la misère humaine. Sous la crasse, le visage émacié pâlit et les yeux chassieux s’emplissent de larmes. Le gosse bredouille des excuses, terrifié par l’expression impitoyable de la dame. Je connais ce regard de prédateur. Liliana Mayfair est une Garde Royale, le bras armé de la justice. Va-t-elle le livrer aux autorités ? Le faire battre et emprisonner pour quelques pièces de monnaie ?
Très calme, elle ordonne d’une voix glacée :
— Rends-le-moi.
Le vaurien la fixe sans comprendre ; il ne parle pas anglais. Je me force à articuler « Lâche-le ! » en hindi et il obtempère enfin. Quelques rondelles argentées glissent sur le sol, bientôt rejointes par un… revolver !
Mes yeux s’écarquillent face à ce petit bijou, dont le manche incrusté de nacre brille au soleil. Clement le ramasse avec une grimace, mécontent de se l’être fait dérober. Son arme à feu tient au creux de sa paume, le barillet me semble minuscule et le canon trop court. Mon ami remarque ma surprise.
— Ces joujoux ne tirent que trois coups, mais ils se dissimulent facilement. Les denas de la Garde Royale s’en servent pour se défendre, mais surtout pour avertir leur partenaire.
— Ce genre de « joujou », comme vous dîtes, n’a pas sa place entre les mains d’un gamin ! gronde la lady. Quelle idée de le ranger dans votre pantalon ! Votre étourderie nous attire les ennuis.
Clement se décompose. Il glisse le revolver dans la poche intérieure de sa veste et acquiesce.
— Vous avez raison, je ferai plus attention.
Son interlocutrice soupire, puis relâche le gamin.
— File, crache-t-elle en reculant d’un pas.
Aucune traduction n’est nécessaire et la jeune canaille prend ses jambes à son cou.
La dame époussette ses gants, puis se tourne vers moi d’un geste fluide.
— Je suis Liliana Mayfair. Enchantée, Monsieur Southall.
Je me pétrifie au lieu de serrer la main qu’elle me tend. Est-ce à cause de sa voix grave, aux modulations envoûtantes ; de ces yeux écarlates, qui hurlent sa nature de lyne ; ou bien de sa démonstration de force à l’instant ? Mon instinct prend le dessus, au-delà de toute raison. Je me sens dans la peau d’une proie facile, d’une souris acculée par un chat.
Elle penche la tête sur le côté, sans bouger, et me fixe avec un sérieux déconcertant. Quelques secondes s’écoulent, puis Clement éclate de rire.
— Pas de panique, mon vieux ! Elle ne mord pas !
Liliana Mayfair
Monsieur Southall nous guide vers une élégante calèche tirée par deux chevaux bais. Il s’agit d’un véhicule personnel, pas d’un cab, et je m’en étonne. En guise d’explication, il me tend une enveloppe tandis que le cocher range les bagages.
— Madame Bloomsbury vous invite au domaine pendant la durée de votre séjour. Vous y trouverez plus de confort qu’à l’hôtel.
Je jette à peine un coup d’œil au carton glacé.
— C’est très aimable de sa part, mais je ne souhaite pas déranger. Nous arrivons sans prévenir et…
— Ne vous inquiétez pas, dit-il en m'adressant un namasté charmeur, la maîtresse et ses filles sont enchantées de vous recevoir. Comme la bonne société de Surat forme un cercle restreint, elles reçoivent peu de visites de qualité. Un refus les décevrait beaucoup.
Une fois piégée, il ne me reste plus qu'à accepter poliment.
— Je ne leur infligerais une telle déconvenue pour rien au monde.
J’ignore si Monsieur Southall décèle la pointe d’ironie dissimulée derrière ma réponse ; en tout cas, il ouvre la portière comme si de rien n’était.
Le cocher se fraie un chemin parmi les rues encombrées, en évitant les piétons, les deux roues et les bêtes. Le respect des passants envers les vaches nonchalantes m'amuse beaucoup. Lorsqu’un animal sacré déambule à nos côtés, Monsieur Southall effleure sa robe claire et porte sa main à son front. Je l'imite par curiosité.
— Leur énergie me rappelle un grand bol de lait chaud. La sentez-vous ?
Mon interlocuteur hausse les épaules.
— C’est un hommage traditionnel, murmure-t-il. Une simple habitude…
Quand nous quittons Surat, les façades colorées des maisons coloniales cèdent la place aux plantations de coton. La récolte a commencé et les paysans s’activent, pliés en deux face aux capsules duveteuses. La calèche cahote sur les chemins de terre. Grâce à la capote baissée, qui nous permet d’apprécier le paysage, j’aperçois les cimes mystérieuses de la jungle au loin. Monsieur Southall fixe les arbres entrelacés d'un air anxieux. Pense-t-il à son agression, sur le chemin de la source ?
— Ainsi, Madame Bloomsbury gère le domaine, dis-je pour relancer la conversation.
— Oui, la typhoïde a emporté Monsieur.
J'ouvre mon ombrelle pour éviter les coups de soleil.
— Vous parliez de deux jeunes filles toute à l’heure ?
— Miss Helen et Miss Margaret, l’héritière du domaine. Je n’ai pas mentionné le jeune Monsieur Abel, car à deux ans il est trop jeune pour apprécier votre compagnie.
— Mais nous apprécierons peut-être la sienne, Clement adore les enfants.
— Vraiment ? répond Monsieur Southall d’un ton entendu. Je me souviens, en effet, qu’il aimait beaucoup « jouer » avec la fille du jardinier.
Voilà une vieille histoire dont j'ignorais l'existence. Sans doute une amourette avec une gamine aux yeux de gazelle, un don d'énergie contre des baisers. Clement rougit. Il jette un regard indigné à son ami, qui pouffe derrière sa manche.
— Traître !
Je ris de son infortune en mon for intérieur, mais mon visage n’en montre rien. Les Mayfair ne lavent pas leur linge sale en public.
— Vous aimez également les enfants, n’est-ce pas ? dis-je à Monsieur Southall. Sinon vous n’auriez pas choisi le métier de précepteur.
— Oui. Je me sens utile à leurs côtés.
« Utile ? » Ce mot me frappe. Cet homme a sans doute affronté des rejets insultants avant d’entrer au service des Bloomsbury. Certains prétendent qu’un dena stérile ne sert à rien. Comme s’il fallait produire pour justifier son existence, comme si la bonté, l'intelligence et le talent ne comptaient pas.
— Je suppose que c’est l’une des raisons pour laquelle vous avez choisi la Garde Royale, ajoute-t-il.
Une raideur familière m'envahit. Je sais ce que sous-entendent ceux qui abordent ce sujet : pourquoi l’héritière des Mayfair, la future comtesse, s’abaisse-t-elle à travailler ? Pourquoi risquer sa vie, s’aventurer dans les bas-fonds, explorer les vices de la nature humaine au lieu de se prélasser dans le confort ? En général, je rétorque « Pour la Reine » et toutes les bouches se ferment, mais aujourd’hui cette réponse ne me satisfait pas. Mes doigts serrent mon médaillon. Les fines gravures du couvercle représentent les armoiries royales, un lion au cœur d’une rose d’or, et je décide de me montrer plus franche que d'habitude.
— Peut-être, mais surtout pour gagner mon indépendance. Je voulais vivre pour moi et non pour les Mayfair.
— Vivre pour moi, répète Monsieur Southall d’un ton lointain. Ma mère m’adresse souvent ce reproche.
— Mon père aussi.
Nous échangeons un sourire entendu et l’ambiance se détend. Pourtant, je devine une grande tension chez Amiya Southall. Ni son timbre de baryton, ni son vernis de politesse ne me trompent. Assis ou debout, il se voûte face à moi.
Je l'effraie sans savoir pourquoi. Parfois mon titre impressionne, parfois ma qualité de Garde Royal inquiète ceux qui n’ont pas la conscience tranquille, mais aujourd’hui je devine une peur primaire, viscérale, une émotion physique et non intellectuelle. Cet homme s’enfuirait à toutes jambes s’il le pouvait. Quelle détestable impression !
Plus je me concentre, plus je vois des nœuds en lui. Au lieu de circuler, sa force vitale s’accumule, bouillonne et se tord. Je la vois pulser au niveau des yeux et des tempes, engorger certains chakras tandis que les autres semblent éteints. Comme il doit souffrir !
Cet homme porte une cicatrice terrible au niveau du cœur. Sous la peau et les muscles, l’anahata crache l’énergie par jet, tel une source obstruée par un rocher. Mais l’obstacle en question n’est pas matériel ; il forme un vide béant, un point noir d’où suintent la peur et le désespoir.
Est-ce pour cela qu’il courbe le dos ? Que sa peau pâlit ? Que ses prunelles foncent de seconde en seconde ? Il a grandi avec cette blessure, recroquevillé autour d’elle et de son traumatisme. Comme il ne produisait pas d’énergie, aucun lyne n’a pu canaliser le flux.
La colère m’envahit en songeant à la responsable de ce gâchis. Lire des atrocités dans les journaux est une chose, voir de mes yeux les séquelles qui en résultent en est une autre. Je partage l’avis de Lord Westminster, la Garde Royale doit arrêter cette violeuse à tout prix.
Amiya Southall Dhoraji
Madame Bloomsbury et les demoiselles se retirent après le dîner. J’accompagne nos invités au salon, où nous accueille l’odeur des bougies à la citronnelle. Les lampes émettent une lumière tamisée, les panneaux en bois sculptés sentent la cire et, pour une fois, aucun journal ne traine sur le guéridon.
— Comment s’est terminée votre dernière mission ? Clement m’a écrit que vous pourchassiez un cambrioleur.
Mon ami se détourne. Il suit du doigt les entrelacs de feuilles et de fruits gravés sur les montants de la commode, puis redresse son nœud de cravate dans le miroir. J’ai l’impression qu’il a pâli. Lorsqu’une bonne apporte les digestifs et les infusions, il laisse sa compagne choisir à sa place ; elle lui apporte même sa tasse.
Liliana Mayfair s’installe sur la bergère, au milieu des coussins colorés. Elle lise les plis de sa jupe d’une main distraite et son regard se pose sur moi.
— Parlons plutôt de ce qui nous amène ici. Lord Westminster nous a chargés de comparer l’affaire de Surat avec celle des Maldives pour déterminer s’il s’agit de la même violeuse ou non.
La nervosité me gagne à l’idée d’évoquer des moments douloureux, mais il m’est impossible d’y échapper, pas alors qu’une lady a traversé la moitié du monde pour les entendre. Je m’assois face à elle, au bord d’un grand fauteuil.
— Il pense que c’est possible ?
— Les périodes et les manières de procéder correspondent, mais il nous manque trop d’informations pour en tirer une conclusion définitive. Monsieur Southall, sauriez-vous la décrire ?
Cette phrase me frappe au cœur. Je revois les traits qui me hantent l’espace d’une seconde, puis tout se brouille.
— Elle a sans doute changé en dix ans.
— Ce portrait date de cette époque. Lui ressemblait-il ?
Je saisis d’une main mal assurée la feuille que la Garde Royale me tend. Elle me rappelle les interrogatoires interminables que j’ai subis. J’entends encore les voix autoritaires des policiers qui me forçaient à revivre mon agression. Je répondais oui, je répondais non, n’importe quoi pour qu’ils me laissent tranquille. Maman me répétait de ne pas mentir, car mes propos contradictoires justifiaient leur insistance, mais mon monde venait de s’écrouler et la vérité ne signifiait plus rien. Je n’avais que dix ans.
Le dessin représente une femme indienne au nez fort et aux boucles sombres, affublée d’une expression sauvage. Je fronce les sourcils pour y superposer mes souvenirs.
— Non, elle était belle. Avec des sourcils moins fournis, un menton plus fin…
— Pourriez-vous exécuter un portrait fidèle ?
— Je ne sais pas. Je ne suis pas sûr de ma mémoire.
Lorsque je prononce ces paroles, la moue sensuelle de la tueuse traverse mon esprit. Je ferme les paupières pour la fuir, mais elle resurgit, encore plus nette.
— Comment vous a-t-elle attaqué ?
La question de la lyne me parvient de très loin, par-delà les battements effrénés de mon cœur.
— Par derrière et sans un bruit. Comme un tigre. Je n’ai rien pu faire. Elle pesait si lourd !
Cette sensation m’oppresse. Un filet de transpiration coule dans mon dos. L’énergie bat dans ma poitrine et je me penche en avant, le souffle coupé. Clement s’accroupit à mes côtés.
— Du calme mon vieux, c’est du passé.
Je l’entends à peine. Un maelstrom d’angoisse m’emporte et mes forces m’abandonnent, comme ce jour-là. Je n’arrive à retenir ni mes frissons, ni les mots qui se bousculent sur mes lèvres.
— Depuis l’affaire des Maldives, je sens encore sa présence. La tueuse rôde autour de moi. Elle me poursuit… presque toutes les nuits… sur le chemin de la source. Je ne lui échappe jamais. Elle m’a détruit. Souillé à jamais.
Clement sort un mouchoir de sa poche. Lorsqu’il essuie mes joues humides, ce contact délicat me ramène au présent. La lady me fixe avec une expression choquée, les poings serrés sur ses genoux, et la honte m’envahit. Je me suis mis à nu, elle me voit sans doute comme un faible. Malgré mes efforts, jamais je n’échapperai à ma nature. Porté par le dégoût de moi-même, je me précipite vers la sortie.
Mes jambes faiblissent avant de l’atteindre, je vacille sous l’emprise du vertige et mon corps s’affaisse vers le parquet ciré. La lyne me saisit à bras le corps.
— Ne bougez pas, je vous tiens.
Cette phrase exacerbe la panique primitive qui court dans mes veines et je me débats maladroitement entre l’étau de ses bras. Au lieu de me libérer, elle resserre son étreinte.
— Monsieur Southall, vous allez tomber !
Je tombe déjà. Le néant m’aspire. L’obscurité m’engloutit.
Amiya Southall Dhoraji
Clement m’a veillé toute la nuit et je le trouve assoupi au pied de mon lit à mon réveil. Sa sollicitude me touche. Je contemple ses traits détendus et ses cheveux blonds étalés sur la couverture ; il semble si paisible, aussi innocent qu’un enfant.
Je m’habille en silence pour ne pas troubler son sommeil. Billaa nettoie son pelage et m’accompagne sur la pointe des pattes, comme s’il comprenait mon intention. Il me suit jusqu’au jardin.
Mon ami me surprend appuyé contre le manguier, en train de caresser mon chat. Je sursaute d’un air coupable, en me demandant s’il devine la raison de ma présence ici. Il s’approche, les mains dans les poches, et m’adresse un sourire amusé.
— Te voilà producteur. Ton anergie est donc guérie ?
Le sang me monte aux joues.
— Depuis peu, mais je n’arrive pas à donner.
— Les plantes n’aspirent pas, remarque-t-il d’un ton neutre. Je comprends.
Je m’accroche à Billaa, qui miaule en guise de protestation, avant d'articuler d'une voix mal assurée:
— Je suis désolé pour hier.
— Moi aussi, je regrette de t’avoir mis dans cet état. Nous avons manqué de tact.
— C’est moi qui suis trop sensible.
Mon ami me tapote gentiment l’épaule.
— En tout cas, tu n’as aucune raison de craindre Liliana. Elle ne te boira jamais.
J’essaie de me montrer poli.
— Non, bien sûr, mais j’étais incapable de raisonner.
— Elle aussi souffre d’anergie, déclare Clement d’un ton grave.
— Pardon ?
— Liliana se prive naturellement depuis son plus jeune âge. Elle ne perçoit plus la soif et ne réclame jamais à boire. C’est moi qui l’y pousse, de peur qu’elle ne dépérisse.
Je le fixe avec des yeux ronds et ma stupéfaction l’amuse.
— Tu es rassuré à présent ? J’ai pensé que tu aimerais le savoir, mais n'en parle à personne. Les faiblesses des Gardes Royaux ne doivent pas s'ébruiter.
Liliana Mayfair
Lors du petit déjeuner, Madame Bloomsbury m’annonce qu’elle souhaite organiser un bal en mon honneur. Quelle horreur ! D'après elle, la visite d'un membre éminent de la Garde Royale représente un événement exceptionnel dans la bonne société de Surat. La nouvelle s'est répandue comme une traînée de poudre et les rumeurs les plus folles courent à mon sujet ; certains prétendent que j'enquête sur les disparitions, d'autres que je viens corriger l'incompétence des autorités locales.
Ce manque de discrétion me contrarie au plus haut point et mes doigts se crispent sur le couteau à beurre. Plus Madame Bloomsbury insiste sur la chance de me recevoir, plus elle me donne envie de le planter dans la table en bois ciré. Amiya Southall le remarque, mais il n'ose interrompre la maîtresse de maison et se rencogne sur sa chaise.
Pourtant, la véranda ne manque pas de charme. L’avancée du toit nous protège du soleil, l’estrade en parquet ciré donne sur l’arrière du jardin et le jasmin qui s’accroche à la balustrade dégage un parfum délicieux. Les serviteurs s’affairent, les bras chargés de plateaux. Les Anglais portent des vêtements sombres, agrémentés de tablier et de bonnets blanc, tandis que les Indiens arborent des tuniques chamarrées, des pantalons et des turbans. Ces contrastes me plaisent beaucoup.
Le thé Earl Grey se marie avec le parfum poivré des mangues, la crème à la cardamone côtoie les œufs brouillés. Clement goûte à tout, tandis que notre hôtesse pérore sans toucher à son assiette.
— Mes amis brûlent de curiosité ! s'exclame-t-elle. Notre quotidien semble bien morne par rapport aux aventures des Gardes Royaux et nous ignorons tout de la mode en vigueur à Londres, qu'il s'agisse de robes, de lecture, de musique ou de théâtre !
Cette fois, je perds mon sang froid. Le thé s'étrangle dans ma gorge et je repose ma tasse sur sa soucoupe un peu trop fort. La porcelaine tinte, ma voix claque :
— Ma chère, je ne suis ni critique, ni modiste, et les mondanités m'ennuient. Savez-vous pourquoi les Gardes Royaux ne portent pas l'uniforme ? L'effet de surprise joue un rôle important durant nos enquêtes.
Je tapote le journal de l'index.
— Si ces disparitions mystérieuses dissimulent des crimes, alors mieux vaut que le coupable ignore ma présence. Il risque de se terrer dans sa cachette, ce qui ne faciliterait pas la tâche de la police locale.
Ces paroles ont l'effet d'une douche glacée. Monsieur Southall pâlit, les serviteurs se figent et Madame Bloomsbury reste coite, la bouche entrouverte. Elle la referme quelques secondes plus tard et son visage se ferme.
— Je regrette, répond-elle d’un ton froid, telle n’était pas mon intention.
— Je n’en doute pas.
Je me replonge dans la lecture du journal, nullement émue par cette altercation. Par contre, l’atmosphère tendue affecte Monsieur Southall, qui repose son toast sans en avoir avalé une miette. Clement tente de lui changer les idées.
— Et si nous allions nous promener ? J’aimerais beaucoup visiter la plantation.
— Je dois assurer les leçons des demoiselles.
— Tes élèves étudient aussi le dimanche ?
Le précepteur secoue la tête en signe de dénégation ; à son air égaré, je devine qu’il se croyait un autre jour.
Amiya Southall Dhoraji
Clement me précède dans la cour, inspire profondément et lève les yeux vers le ciel. Mon ami anglais ne détonne pas près de la demeure coloniale ; sa veste anthracite s’harmonise avec la façade blanche et les colonnades, son teint clair s’accorde avec le bleu des persiennes et l’orange des tuiles. Nous retrouver ici me rappelle tant de souvenirs…
Nous foulons en silence le gazon impeccable qui entoure les massifs d’hibiscus et les frangipaniers, puis je lui demande de me parler de Londres.
— Là-bas, les fleurs sentent moins bon, dit-il en cueillant une corolle rose.
Enfin, il évoque son mariage avec la lady d’une voix vibrante de bonheur. Cette nouvelle me donne chaud au cœur ; je suis heureux que le grand amour existe, même s’il restera toujours hors d’atteinte pour moi.
Une fois sortis de la propriété, nous parcourons les sentiers qui longent les champs de coton ; enfants, nous marchions pieds-nus sur la terre poussiéreuse et j’ai presque envie d’enlever mes souliers. Les cueilleurs se mettent au travail et des fichus colorés égaient le paysage. Des enfants abandonnent leur tâche pour nous observer avec une curiosité. Les blonds ne courent pas les rues par ici, les Gardes Royaux non plus. Les gamins rient, chuchotent et nous adressent un namasté. Leurs yeux s’écarquillent quand Clement les salue en hindi.
Mon ami me raconte son quotidien et je lui parle du mien : mes élèves, mon chat, mes parents, mon piano… Malgré mes réticences, il essaie de me rassurer concernant le don d’énergie.
— Prends ton temps, mon vieux. Rien ne presse. Un jour, tu trouveras celui ou celle qui saura prendre soin de toi.
— Je n’en ai pas besoin.
Il me fixe avec surprise et je secoue la tête pour chasser mon trouble.
— J’apprécie mon indépendance. Je ne supporterais pas qu’un lyne me tienne les portes, se mêle de mon alimentation et me dicte ma conduite. En plus, je ne renoncerais à mon travail pour rien au monde ! Les Indiens respectent les denas, tandis que la société anglaise nous traite comme des enfants.
— Que veux-tu dire ?
— Vous passez de la tutelle de vos parents à celle de votre époux. Vous ne possédez rien. Vos lynes s'occupent de tout. Ils votent les lois, prennent les décisions, ramènent l’argent à la maison, assurent votre sécurité et vous n'avez pas votre mot à dire.
Au lieu de protester, Clement s’assombrit.
— Tu n’as pas tort. Lors de notre dernière mission, je comptais sur Liliana pour nous défendre et, en arrivant en Inde, je ne me préoccupais ni des formalités, ni des pickpockets.
— Vos moralistes prétendent que les denas se soumettent par nature, mais il s’agit d’éducation. Madame Bloomsbury gère mieux la plantation que son mari décédé et Miss Helen est plus douée en sciences que sa cadette !
— Je me repose trop sur ma compagne. Parfois, je crains d’être un fardeau pour elle.
La gravité de mon ami m'arrête enfin. Dans ma colère, je l’ai blessé sans le vouloir.
— Tu te trompes, ta simple présence à ses côtés lui donne la force de défier son père. Excuse-moi, je n’aurais pas dû m’emporter. Il s’agit d’un choix personnel, pas d’un jugement général.
— Tu n'as pas envie de fonder une famille ? Tu ne souffres jamais de la solitude ?
Bien sûr que si, mais jamais je ne l’avouerai. Je prends une grande inspiration pour empêcher ma voix de trembler.
— Quoi qu’il m’en coûte, je refuse cette existence d'assisté. Je vaincrai mes faiblesses pour vivre par moi-même.
Nous parvenons à l’orée de la forêt, là où l’empreinte de l’homme laisse place au règne de la nature. J’entends bruisser les feuillages, crisser les insectes et jacasser les oiseaux. Les lianes s’enchevêtrent aux arbres, les fougères tapissent le sol et l’odeur âcre de l’humus me monte au nez. Mon malaise s’accentue de seconde en seconde.
— Faisons demi-tour. Il ne vaut mieux pas nous aventurer dans la jungle.
— Oui, Sahibs, le chemin s’arrête ici.
Je me retourne d’un bond et me trouve face à une paysanne courbée sous sa hotte pleine de fibres de coton. Son fichu rouge cache ses yeux et son visage tourné vers le sol, mais je devine sa nature à l’énergie qu’elle dégage. L’apparition de cette lyne dans mon dos m’inspire une crainte irraisonnée
— Je cherche les deux Gardes Royaux qui habitent chez les Bloomsbury, dit-elle avec un léger accent.
— Pourquoi donc ? demande Clement.
Elle se balance sur ses pieds nus et ses épaules roulent sous sa tunique poussiéreuse.
— Les rumeurs disent que vous enquêtez sur les disparitions. Alors, en vous voyant sur la route, j’ai décidé de vous suivre.
Je ne contrôle pas la répulsion que cette femme m’inspire. Sa voix grave sonne avec assurance, ses épaules roulent sous les plis de sa Kurta et elle me semble grande malgré son dos voûté. Un frisson remonte le long de mon dos. Pourquoi s’intéresse-t-elle aux Gardes Royaux ? Où cette campagnarde a-t-elle appris à parler anglais ?
D’instinct, je m’écarte d’un pas, puis d’un autre, au point de quitter le sentier.
— Les Gardes Royaux ne parlent pas de leur mission, répond Clement. Mais si vous savez quelque chose, je vous écoute.
Elle secoue la tête et une mèche brune s’échappe de son foulard. Lorsqu’elle la remet en place, son visage se lève pendant un bref instant et ses manches dévoilent ses bras musclés.
Je la reconnais. Le passage des ans ne me trompe pas ; elle a bronzé, de fines rides bordent ses yeux, mais son regard grenat n’a pas changé. Je me souviens de sa bouche avide, de ses mains fortes et impitoyables. Mon pire cauchemar se matérialise devant moi.
Mon cœur accélère, mes genoux tremblent, je manque m’effondrer. Puis l’instinct reprend le dessus et la peur me donne des ailes.
— C’est la tueuse !
La femme bondit et ses doigts se referment à quelques centimètres de ma manche. Sa vitesse me terrifie, je n’ai pas la moindre chance de lui échapper, pourtant mes jambes accélèrent.
Une détonation retendit. La tueuse se jette au sol d’un geste fulgurant, puis se tourne vers Clement. Il tire encore avant qu’elle ne se relève. Et moi je cours, je cours sans me retourner, malgré ma poitrine sifflante et mon ventre noué.
Liliana Mayfair
Une douleur subite me traverse et ma tasse en porcelaine s’écrase sur le sol. Je me plie en deux, sans savoir pourquoi, avant de m’effondrer dans le fauteuil le plus proche. Mes mains se pressent contre mon cœur battant.
Puis, la voix affolée de Monsieur Southall résonne dans le hall :
— Au secours ! Clement se bat contre la tueuse !
J’aime bien la façon de parler de Liliana. Un côté un peu guindé, mais sincère aussi. Et son côté « je hais les mondanités » la rend plutôt sympathique.
Le changement de narration m’a mis un peu mal à l’aise. C’est principalement parce qu’on est à la première personne, et j’ai eu du mal à me projeter dans deux « je » différents, surtout que l’alternance est régulière et fréquente. Je le signale, pour moi en tant que lectrice, cette alternance de « je » me perturbe.
Ca accélère sur la fin, avec l’attaque de Clément. Le pauvre va-t-il s’en sortir ? J’en profite pour dire que tes trois personnages principaux sont attachants, chacun à sa façon. J’ai trouvé Liliana un peu désagréable dans le début, avec ses remarques agacées à Clément (par exemple :Vous me l'avez déjà raconté mille fois). En fait je crois que cela m’a surpris et je n’ai pas bien compris pourquoi là précisément elle le rabroue.
Au final, un bon chapitre, qui nous place au cœur de l’histoire, avec ce débarquement en Inde et l’attaque de la tueuse. Je n’ai à « redire » que sur l’alternance des points de vue.
Détails
Elle lise les plis de sa jupe : lisse
Des enfants abandonnent leur tâche pour nous observer avec une curiosité : avec curiosité ?
Malgré mes réticences, il essaie de me rassurer concernant le don d’énergie. : c’est bizarre, on dirait que Amiya est réticent à écouter son ami. Ce ne serait pas plutôt « constatant mes réticences.. » ? ou quelque chose du genre ?
Les lianes s’enchevêtrent aux arbres : tournure bizarre. s’enchevêtrent entre les arbres ? (je ne visualise pas très bien, en fait…)
ses épaules roulent : formule répétée
L'alternance des points de vue me permet de montrer le ressenti de chaque personnage principal, mais elle est peut-être trop rapide. Il faudra que je creuse la question.
Me voici par chez toi ! Quel chapitre ! Quel fin ! Roolalala j'espère que tu comptes poster la suite très vite ????
J'ai adoré ce chapitre, plus j'en apprend sur ton monde plus je le trouve passionnant. Au début j'ai eu un peu de mal à visualiser l'univers des dénas et des lynes mais maintenant c'est bon. J'aime beaucoup que les rôles changent selon la culture, c'est très bien pensé ! Et puis montrer les inégalités de richesses et de pauvretés par le biais des énergies est aussi une véritable trouvaille. C'est utiliser notre réalité de manière subtile pour mieux la mettre en exergue !
Les passages de dialogues entre les deux amis sont particulièrement touchants en particulier lorsque Amiya parle de sa vie très solitaire^^. Ce personnage me passionne, j'ai hâte de le voir évoluer en partie au contact de Liliana qui est son exact opposé...
Seul petit bémol du chapitre, j'ai trouvé ça un peu simple que la tueuse se pointe chez eux, comme ça. C'est un peu gros tout de même... Je suis sûre qu'il y a une raison cachée ou soujacente... Hein ?
Bref, je veux lire la suite !
Pleins de bisous volants <3
En te lisant, j'ai l'impression de ne pas m'être plantée, parler des rôles attribués à chacun, des inégalités, de la difficulté pour trouver sa place dans une société rigide... je crois que c'est un thème présent dans toutes mes histoires.
En ce qui concerne les motifs de la tueuse, il y a en fait plusieurs raison sous-jacentes, mais je ne veux pas spoiler la suite !
En ce qui concerne tes questions :
- tout le monde est Lyne ou dena, il n’y a pas de genre neutre.
- deux lynes et deux denas ne peuvent pas se marier. C’est complètement tabou (question de moeurs). Par contre, que deux hommes ou deux femmes se marient ne pose aucune difficulté, tant qu’il y a un lyne et un dena.
Je suis sincèrement désolée pour Clement, mais sinon il n’y aurait pas d’histoire !
Merci pour ta remarque sur le mot pile. En effet, elles existent bien, mais pas pour stocker de l’électricité, elles stockent l’énergie produite par les denas.
Je continue ma lecture et ton histoire m'intrigue de plus en plus. Tu exploites très bien les rapports dena / lyne, et les conséquences sociétales qu'ils impliquent. Le contraste entre l'exotisme indien et l'Angleterre coloniale apporte une bonne dose d'évasion (tu as habité en Inde, pour t'y connaître autant?). Et puis j'aime les enquêtes, donc cette histoire a tout pour me plaire.
Aussi, le fait d'utiliser des éléments souvent associés aux personnages féminins (en vrac: faiblesse physique, migraines, infantilisation, dépendance économique etc) pour qualifier des personnages masculins est à la fois déroutant et novateur. A plusieurs reprises, je me suis surprise à penser "non mais cette réaction n'est pas très masculine quand même" en lisant les focales d'Amiya, pour juste après me reprocher ma vision très genrée des rapports hommes/femmes. Bref, tu mets un bon coup de pied aux stéréotypes et c'est cool!
Je n'ai pas de critiques qui me viennent à l'esprit pour le moment. Mais j'aimerais revenir sur la question de la narration (oui oui je sais je suis casse-bonbon avec ça).
Je trouve que la première personne est très appropriée pour Amiya, qui est tout dans l'émotion, le ressenti, la sensibilité. En revanche, l'utilisation de la première personne pour la flamboyante Liliana me semble moins pertinente. Surtout, cela donne une impression d'uniformité de ressenti entre Amiya et Liliana, qui n'ont pourtant pas du tout le même caractère. Du coup j'ai envie à nouveau de te suggérer de passer à la troisième personne/passé simple, mais pour le personnage de Liliana seulement. Cela permettrait de changer l'ambiance entre les deux points de vue et donc de dynamiser la narration en marquant vraiment le contraste.
Désolée d'être insistante, c'est un de mes gros défauts... Quand je suis persuadée d'avoir une bonne idée, j'ai du mal à laisser tomber!
En plus je crois me souvenir que tu ne comptes pas retravailler Anergie dans l'immédiat, donc mon insistance est vraiment inutile...
Sinon je serais curieuse de savoir quelles critiques ont pu te faire les ME, pour les prendre en compte dans la suite de mes commentaires (si tu choisis de publier les prochains chapitres).
Bises
Zéno
Je suis ravie que cet univers t’intrigue. Tu as raison, j’ai volontairement associé aux denas des clichés féminins pour montrer l’absurdité de ces stéréotypes. Je me suis bien amusée en le faisant.
En ce qui concerne Liliana, je n’ai pas très envie de tout passer à la troisième personne, désolée. Il faudrait sans doute que je retravaille sa voix pour la rendre plus différente, par contre. Je corrige un autre roman pour le moment, mais je reviendrai sur celui-ci un jour.
Les retours des maisons d’édition sont du genre : c’est très bien, mais j’en veux pas. Je pense que ce roman ne rentre pas dans les cases habituelles, mais je finirai bien par lui trouver une maison.
J’ai bien l’intention de publier la suite. Ce serait cruel de vous abandonner maintenant !