CHAPITRE 3
- Bassim -
Il jouait de sa guitare, ses doigts fins sautillant de corde en corde et ses bijoux tintinnabulant au gré du tempo. À ses poignets et autour de son cou, certains de ses bracelets et colliers étaient faits d’éclats bleus que Marco, et maintenant Lili, connaissaient bien.
Pour Marco, Bassim était parfait. Presque trop d’ailleurs, c’en était intimidant. Sa peau d’argile roulant et chatoyant au soleil, ses yeux plus noirs que le fond d’un puits et cerclés d’un épais trait de crayon pour les rendre encore plus intenses, sa tignasse de tresses, de perles et de mèches folles. Il faisait partie intégrante de la mythologie du lieu, du décor, des vacances au Lac de la Tortue. Il bénéficiait de la popularité qu’ont les animateurs et du respect qu’ont les maîtres nageurs, tout en n’ayant jamais grand chose à faire ni dans un cas ni dans l’autre car il ne se passait jamais rien ici. Alors on le trouvait souvent posé sur la plage, jouant de la guitare, se faisant admirer.
Parfois, en sa présence, Marco avait honte de n’être qu’un enfant ; un ridicule gamin sans doute pas très intéressant. Mais cette fois, il avait de quoi plaire. Alors il attendit patiemment que Bassim finisse son morceau pour oser l’interpeller.
Lili s’était arrêtée un peu à distance, hésitante. Sans doute ne le connaissait-elle pas assez, se dit Marco. Lui, depuis le temps, avait fini par prendre l’habitude de venir lui parler. D’une certaine manière, l’enfant et l’animateur avaient en commun de faire un peu partie du paysage du Lac de la Tortue.
Les dernières notes du morceau s’envolèrent puis se dispersèrent. Alors Bassim tourna tranquillement la tête vers Marco et lui sourit.
— Salut, dit-il.
— Bonj… Salut, dit Marco, fier de montrer à toute la plage qu’il connaissait Bassim.
— Que puis-je pour toi ? demanda l’animateur posément.
— J’ai trouvé des écailles de grandes anguilles bleues, dit Marco qui les présenta à Bassim.
— Fais voir ?
L’animateur se pencha et saisit l’une d’entre elles pour mieux l’observer.
Marco était très fier de lui.
— Il y en a cinq ! dit-il en bombant le torse.
— Je vois ça. Elles m'intéressent, je les prends ! Que souhaiterais-tu en échange ?
— Un appel de l’appeau à vent, répondit Marco enthousiaste.
— Encore ? Tu demandes toujours la même chose. Tu ne veux pas plutôt un bracelet de coquillages ou écouter la Mer des Sables dans la conque ?
— Non, je veux un appel de l’appeau à vent, soutint Marco.
Bassim sourit à pleines dents.
— D’accord, viens.
Marco vint se placer au côté de Bassim, face au lac et fit signe à Lili d’en faire autant. La petite fille approcha et se mis à côté de lui, le regard plein de questions.
Bassim posa la main sur ses nombreuses breloques et colliers pour extraire l’un d’entre eux : une fine corde au bout de laquelle se trouvait un étrange petit instrument. Une sorte de sifflet en bois, mais à la forme tarabiscotée, comme taillée à la main et naïvement décorée de couleurs vives.
— Ça ne marche que s’il y a du vent dans les parages, précisa Bassim. Si tu utilises un appeau à canard en haut d’une montagne enneigée, aucun canard ne répondra à ton appel. C’est pareil pour le vent.
— Je sais, dit Marco. Joue, joue !
— Bon. Je joue.
Bassim porta l’appeau à ses lèvres, pris une profonde inspiration et souffla.
Émergea le silence. Un silence délicat s’infusant au ralentis dans l’atmosphère. Un silence propulsé dans les airs et qui se maintenait en suspension, qui s’infiltrait dans les vêtements, qui coupait le groupe du reste du monde.
Bassim attendit un peu, puis souffla une fois de plus. Puis de nouveau. Et le temps lui aussi s’arrêta.
Avant que tout ne se remette en route par surprise. Venue de loin et de nulle part, une brise leur souleva les cheveux et fit chuinter leurs oreilles. Grossissant, elle devint souffle et agita leurs t-shirts, frotta contre leurs tympans, se faufila entre leurs orteils.
C’était doux, picotait un peu mais gentiment. Une envie de fermer les yeux et de sourire vous prenait irrémédiablement. Et lorsque les talons se décollaient du sol et que vous vous sentiez prêts à voler, porté par les turbulences, tout retombait.
Et tout retomba.
Le vent était reparti à ses aventures et alors que Marco et Lili se regardaient mi-heureux, mi-frustrés que tout soit déjà fini, Bassim reposa son appeau sur son torse et rangea dans sa sacoche les éclats bleus qui étaient maintenant siens.
— Je vais en chercher d’autres ! exulta Marco qui s’en alla en courant vers le lac.
Lili lui emboîta le pas, courant à ses côtés. Elle souriait de nouveau, de ce sourire étrange, celui que Marco ne savait trop comment traduire. Mais peu lui importait, il lui fallait de nouvelles écailles.
Il n’en trouvèrent pas. Il faudrait attendre, un jour, deux, trois peut-être, pour que les molles vaguelettes viennent en déposer de nouvelles. Et encore, même pas sûr.
Le soleil n’était pas encore tombé, mais les ombres commençaient à s'effiler tout doucement. Alors Lili dit :
— Je vais devoir y aller. Merci pour le vent !
— Ok, dit Marco.
Et elle était déjà repartie.
Marco s’approcha de l’eau et fit encore quelques pas de plus, jusqu’à ce que ses mollets soient immergés. Devant lui, un lac, le lac de la Tortue, au milieu duquel une île, l’île de la Tortue. Et tout autour des collines, pas très impressionnantes mais accueillantes. Des petits coussins de verdure un peu cramée sous le soleil du mois d’août.
À ses pieds, des filaments de lumière serpentaient sur le fond de sable et de pierres. Entre ses orteils et sur ses chevilles, des petites bulles se formaient, s’échappaient et remontaient gentillement à la surface, champagne de peau, c’était joli.
— Marco, on va y aller ?
Entendit-il dans son dos.
Son père venait le chercher, il fallait rentrer. Retourner au bungalow, retrouver sa mère. Il n’en avait pas bien envie.
J'ai été un peu gênée dans ma lecture par les coquilles, n'hésite pas à les corriger vite fait, sans attendre la reprise du chapitre en profondeur, ce sera plus facile pour les lecteurices.
Je te note celles qui n'ont pas déjà été indiquées dans les autres commentaires (enfin je crois) :
"de cordes en cordes" --> de corde en corde
"Sa peau d’argile roulant et chatoyant au soleil, ses yeux plus noirs que le fond d’un puits et cerclés d’un épais trait de crayon" : j'avoue que j'ai eu un peu de mal avec cette phrase, la peau qui "roule" je n'arrive pas à imaginer ce que cela signifie et les yeux "cerclés" j'ai imaginé un panda ;)
"Il était partie intégrante de la mythologie du lieu" --> faisait
"leurs t-shirt" --> t-shirts
"C’était doux, picotait un peu mais gentillement" --> gentiment + il y a presque toujours une virgule devant un « mais ».
"Lili lui emboita le pas" --> emboîta
A part ça, j'ai aimé la poésie de ce chapitre, avec cet appeau à vent qui semble un peu "magique".
tu as raison, je viens de faire une passe pour corriger ce qui m'a été relevé, merci beaucoup !
Oui, je suis une fan de réalisme magique, la magie n'est donc jamais très loin avec moi ^^"
Merci encore de ton passage ici et de ton message ♥
Toujours un plaisir ! Le personnage de Bassim est prometteur, on se le représente bien, et les deux enfants aussi. (Dans ma tête, ils ressemblent beaucoup à Ponyo et Soskei mais avec les cheveux bruns tous les deux x)) Et on ne sait toujours pas d'où vient Lili, (et son drôle de sourire) ce qui la rend un peu mystérieuse. Bonne idée !
De même, ta plume me plaît beaucoup. Le ton est simple et entraînant, tu t'attardes joliment sur les sensations et tout cela confère une poésie indéniable au texte.
J'ai repéré des coquilles en début de texte :
- "Il jouait de sa guitare, ses doigts fins sautillant de cordes en cordes et ses bijoux tintinnabulant au grès du tempo." De "la guitare" au lieu de "sa guitare" + "au gré" au lieu de "au grès"
- "À ses poignets et autours de son cou, certains de ses bracelets et colliers étaient faits d’éclats bleus" autour sans -s.
- "Pour Marco, Bassim était parfait. Presque trop d’ailleurs, s’en était intimidant."
"c'en était intimidant" s'écrit avec un -c.
A bientôt ! <3
Pluma.
Haha, je n'avais pas spécialement pensé à Ponyo, mais maintenant que tu le dis, il y a sans doute de quoi faire le lien c'est sûr !
Je suis contente si le personnage de Bassim fonctionne. Il a l'air de plaire à peu près à tout le monde, cela me rassure ^^
J'espère que la suite te plaira,
Merci beaucoup pour tes compliments sur le texte, ils me touchent beaucoup.
J'ai corrigé certaines coquilles, je garde les autres pour la réécriture quand je me sentirai prête à me lancer dans ce nouveau chantier pour ce projet : )
J'imagine Bassim un peu comme Johny Depp dans pirate des caraïbes. L'appeau du vent est une idée très douce, qui nous emmène doucement vers la magie, sans qu'on ne sache si c'est l'imaginaire des enfants qui joue ou autre chose.
Il y a un "se dit Marco" que tu peux enlever pour qu'on soit dans sa tête directement.
Hihi, oui, une sorte de Johny Depp dans pirates des caraïbes, tout à fait, dans une version animateur de vacances ^^
Merci pour le relevé des détails, je vais sans doute faire des ajustements de points de vue en réécriture, donc tes commentaires me sont bien utiles : )
Je suis revenue lire la suite des petites aventures de Lili et Marco :)
Il est drôle, ce personnage de gars parfait, bronzé et joueur de guitare ^^ Juste assez cliché pour être drôle tout en restant finalement assez réaliste
Et Marco est tellement attachant et émouvant, à se démener pour sentir le vent quelques secondes, et recommencer aussitôt ! Très belle idée, d’ailleurs, cet appeau à vent. Très poétique ! ;)
Elle donne envie de partir en vacances, ton histoire ! :)
Je me suis permis de relever quelques coquillettes :
-« autours de son cou » -> « autour »
-« s’en était intimidant » -> « c’en »
-« Lui, depuis le temps, avait finit par prendre l’habitude de venir lui parler » -> « avait fini »
-« Fait voir » -> « fais »
-« au ralentis » -> «ralenti »
Haha oui, les animateurs sur les plages (ou en montagne) sont souvent un peu cliché je trouve ^^
J'espère ne pas en avoir trop fait, mais on est aussi du pdv de Marco, un enfant, donc je me dis que ça passe (?) ; )
Merci beaucoup pour ton commentaire et aussi pour le relevé de toutes les fautes (oh my) je vais corriger cela !
Sur ce chapitre, j'ai plus ressenti le côté enfantin de Marco, même si sur les précédents chapitres son côté mâture ne soit pas gênant. Un enfant peut se montrer plus responsable que d'autre. Ca montre un décalage intéressant avec Lili
Marco m'a fait sourire à chercher d'autres écailles, comme si c'était la clé d'un trésor ultime❤
merci pour tes commentaires qui font super plaisir ^^
Oui, Marco et Lili se ressemblent peu, je suis contente que cela ressorte bien à la lecture : )
Merci encore pour ta lecture : D
La petite Lili se fait discrète dans ce chap !
Et là fin... On le sentait dans le premier chapitre, qu'il y a un truc qui ne va pas avec la mère de Marco et la maison, qu'il préfère éviter. Je me demande pourquoi, j'ai peur que ce soit un peu sordide. Hate de savoir !!!!!! Super écriture comme toujours, rien a redire :3
merci merci pour ton commentaire : D
Je ne dirais rien pour sa relation aux parents, tu repères tout décidemment ! (Mais promis, l'histoire est plutôt "gentille" de bout en bout ^^" )
Merci encore ! : )