CHAPITRE 4
- poisson pané -
Marco se saisit d’un plateau en plastique gris, d’une fourchette, d’un couteau et d’une cuillère dans les bacs et d’un verre si petit qu’il fallait se resservir de boisson toutes les quatre gorgées. Il voulut prendre une serviette en papier mais ne put en attraper moins que trois. Il ne lutta pas et les pris toutes telles qu’elles étaient, collées entre elles et refusant la solitude. Alors que Marco faisait la queue pour atteindre les vitrines, il observa longuement sur les carrés de papier blanc le logo vert et bleu de la base de loisir, une tortue posée sur une île, souligné d’une vague pour suggérer l’eau du lac.
Il n’avait jamais vu de tortue ici, se disait-il. Ni sur la plage, ni lors de ses excursions sur l’île. Alors pourquoi Le Lac de la Tortue ? Lorsqu’il demandait aux employés du lieu, tous souriaient, lui faisaient un clin d’oeil, ou une réponse évasive avec des yeux facétieux, comme si un secret était caché derrière ce nom. “À toi de trouver la réponse à ta question” lui avait même répondu Bassim un jour en ponctuant sa réplique d’un accord de guitare inspiré. Et un peu poseur.
Marco avait la vue bouchée par la silhouette imposante de sa mère qui le précédait dans la file. Il évita la moindre conversation en faisant mine de réfléchir à son choix d’entrée. Il ne voulait pas d’entrée, mais il était important d’avoir l’air très concentré pour ne pas être interpellé.
Arriva enfin son tour de choisir son plat.
— Bonjour, dit Marco à Ralph.
— Bonjour Marco, répondit ce dernier.
Lui aussi faisait un peu partie du paysage. Lui et ses boucles presque rousses mais pas vraiment, ses cinq tâches de rousseur projetées au hasard sur son visage et son doux sourire.
Marco voulait du poisson pané avec des frites et Ralph le savait déjà. Heureusement, qu’il y en avait souvent. Le garçon parcouru du regard les bassines de métal et ses yeux se posèrent tout de suite sur ce qu’il cherchait.
— Qu’est ce que tu prendras ? demanda Ralph.
Il lui reposait la question à chaque fois, comme s’il ne connaissait pas déjà la réponse, lui laissant ainsi la possibilité d’un jour changer d’avis sans créer de spectacle, et pour cela, Marco l’appréciait beaucoup.
— Du poisson pané et des frites.
Marco sentit sur lui le futur regard froncé de ses parents qui étaient pourtant déjà partis choisir leur dessert mais qui ne manqueraient pas de lorgner sur son plateau une fois tous réunis à table.
— Avec un peu de légumes, ajouta-t-il en soupirant.
Le sourire de Ralph s’élargit. Il remplit une assiette de frites, d’un peu de haricots vert et d’un rectangle de poisson pané.
— Et voici pour vous. Bon appétit !
Il tendit le plat à Marco par dessus la vitrine.
— Merci ! dit Marco en le prenant avec précaution.
Il prit une mousse au chocolat au rayon dessert et se rendit sur la terrasse où ses parents étaient déjà assis. Le nez plongé sur son plateau, il s’assit à côté de son père et entama ses frites sans plus tarder, d’un coup de fourchette décidé.
Elles étaient bonnes, dorées, bien salées, juste craquantes comme il fallait.
— Nous nous demandions avec ton père si nous n’irions pas sur l’île demain après-midi, pour se changer un peu les idées. Ça te dirait ? demanda la mère de Marco à son fils.
Marco réfléchit un peu mais se rendit vite compte qu’il n’en avait pas tellement envie. Il connaissait l’île de la Tortue par cœur, c’était amusant les premières fois, d’être au milieu du lac et non sur le bord, mais avec le temps, l’attraction s’était amenuisée. Une touffe d’arbres cerclée de sable sur un gros caillou, bon. En plus il aurait moins de libertés que sur la plage, celles de l’île étant toutes très petites.
— Bof, pas trop non, répondit donc Marco sans lever les yeux de son assiette.
Il perçut un échange de regards entre les deux adultes, mais fit mine de ne pas s’en être rendu compte.
— Bon, dit son père, on verra. Et tu as encore le temps de changer d’avis d’ici demain !
Marco doutait fort que cela arrive, mais il ne répondit pas. Il finit tranquillement son assiette, dévora son dessert et lécha ses couverts.
Le bleu du ciel s’était adouci, se teintant presque de rose mais pas encore tout à fait. Juste assez pour percevoir un changement d’atmosphère mais sans que l’on puisse dire que le soleil, véritablement, se couchait. Les ombres s’étalaient encore et encore, se rejoignaient, fusionnaient.
— Est-ce que je peux retourner sur la plage ? demanda Marco.
— Tu as fini tes assiettes ? demanda sa mère.
— Oui, répondit Marco en montrant son plat de poisson et son assiette à dessert vides et rutilants.
— Bon, dit son père, mais pas longtemps, tu rentres avant le coucher du soleil.
Aucun risque de faire plus long pensa Marco, mais il ne dit rien. Il repoussa sa chaise, se leva et s’en alla en courant. Il entendit, déjà au loin, la voix de sa mère :
— Tu restes sur la plage et ne laisse personne t’inviter où que ce soit !
Il répondit d’un vague signe de la main et allongeait déjà sa foulée.
Marco voulait absolument retourner à la plage avant le lendemain. Il avait, caché sur lui, de quoi donner raison à sa fable de l’après-midi. Dans sa poche se trouvait un trésor et il allait le cacher dans le trou creusé en présence de Lili.
Eh oui, me voici par ici. J'avais envie de faire une infidélité au texte que je suis en train de lire, et je me suis rappelé avec joie que j'avais laissé cette histoire en suspend.
Je dois avouer que j'ai envie de bonnes frites maintenant, et que le suspense me tient. Le rythme est lent, vien sûr, mais ça va avec le propos ^^
Mon imagination est partie loin, est il dans une boucle temporelle ? Qui sait.
À bientôt !
Le chapitre illustre bien les habitudes et l'ennuie des vacances de Marco. Le repas qui ne change jamais, une île de le tortue sans tortue et des parents qui proposent les mêmes excursions chaque année sans réaliser que c'est du déjà-vu.
Je me demande quel est ce trésor ?
Mes remarques :
- se resservir de boisson (j'enlèverai "de boisson", on parle d'un verre après tout)
- Il voulu (voulut)
- se disait-il (encore une fois, on peut s'en passer)
- frittes (faute de frappe, deux fois dans le texte)
A bientôt
hahaaaaaaaaa, je ne dirais rien pour le trésor ; )
oui, Marco est vraiment un habitué du lieu, donc c'est vraiment tout le temps la même chose, je suis contente si cet aspect ressort bien du texte.
Je note aussi tous les détails de forme, je corrigerai tout cela,
merci beaucoup de tes messages !
Trop triste que Marco ne veuille pas aller sur l'ile avec ses parents ! En même temps je le comprends, c'est bien plus fun de rester maintenant qu'il a une amie !
Huhu, je ne dirais rien de rien, ni pour la mère ni pour la suite de l'histoire ; )
Merci de ta lecture toujours fidèle et de tes commentaires ♥
Mais quel est donc ce trésor que Marco veut enterrer? La suite la suite!
Sinon, je pourrais conseiller à Marco de tenter d'aller sur l'île au milieu du lac, ca fait un nouveau terrain d'exploration pour trouver de nouvelles écailles 😁
je vois qu'on a tous connu ces mini verres de cantine à la taille incompréhensible x'D
Haha, suspens sur le trésor, je ne dirais rien ; )
Et je ne dirais rien non plus pour l'île du milieu : P
Merci pour ta lecture et ton message si encourageant !