Dérouté. C'était le terme le plus proche de ce que ressentait Hazel. En deuxième venait seul. Mais cela faisait déjà plusieurs jours, alors il commençait à s'habituer. Connaître le nom de son nouvel environnement ne l'avait finalement pas plus aidé que cela. Comment pourrait-il bien regagner sa maison ? Retrouver sa famille ? De son avis, la situation, n'aurait pas pu être pire que maintenant. Assis sur un tapis de mousse il regarda le lutin s'éloigner.
« Vous ne m'avez même pas dit votre nom ! » l'interpella Hazel. Mais il n'y eut point de réponse. Tout compte fait, seul redevenait le qualificatif le plus fort de sa condition.
Que faire ? Marcher ? Pour aller où ?
Attendre ? Mais il ne connaissait pas les prédateurs possibles de ce lieu. Même les arbres ne jouaient pas le jeu et étaient différents de ceux qu'il connaissait. S'il y avait des similitudes, ce n'était quand même pas pareil.
Abattu, Hazel se laissa bercer par les bruits alentours. D'autres êtres vivants habitaient-ils par ici ? Des bourdonnements par-ci, par-là. Les oiseaux semblaient rares. Et ce lointain chuintement. Ce lointain chuintement qui lui rappelait... Oui ! Une rivière ! Cela ne l’avancerait peut-être pas plus, il y aurait au moins une source de nourriture. Ragaillardi par ce nouvel objectif, le jeune ours amorça ses recherches. Il mit à contribution son odorat, pistant les moindres indices lui permettant de rallier le point d'eau. La faim et la soif s'invitèrent dans sa course, il accéléra l'allure. Il faut dire que depuis le petit déjeuner, la journée s'écoulait bien vite. La perspective d'une truite bien fraîche, moelleuse et frétillante sous la dent le fit saliver.
La distance s'amenuisait, il le sentait. Le clapotis régulier, lancinant d'une surface plane et l'écoulement d'une eau vive le guidait entre les troncs. Un éclat l'éblouit. La réverbération du soleil sur l'eau ! Hazel eut l'impression de revivre. Enfin, depuis ces dernières heures une lueur d'espoir était apparue. Devant ses yeux, serpentait un ruisseau. Il tenait son origine d'une modique cascade et plus haut d'un bassin naturel. Une sorte de réservoir creusé dans la roche par le temps et les pluies offrant un espace de baignade.
Il escalada le promontoire et s'adonna à l'eau. Qu'il était bon de nager. Elle était délicieusement fraîche, vivifiante. Et puis, raisonna-t-il, trouver une rivière, c'était trouver un chemin. D'autant qu'il lui semblait en être à la source.
Apaisé, Hazel sortit du bain, s'ébroua et savoura la pépite de bonheur qui lui était offerte. Il profita des arbres à proximité pour une séance de grattage. Il frotta énergiquement son flanc sur l'écorce et se laissa emporter par le bien-être provoqué par son geste. Puis, il passa au dos, savourant la friction naturelle entre ses omoplates, le long de sa colonne, au bas des reins. Rien de tel qu'une bonne séance pour se remettre d'aplomb.
Enfin, il redescendit pour pêcher et assouvir son appétit. Son estomac grondait et il était largement temps de le contenter. L'ours s'avança dans l'eau et marcha pour repérer ses proies. Une sur la gauche, deux sur la droite. Au moins, il y avait de quoi manger. Il fit des pas tantôt d'un côté, tantôt de l'autre et d'un bond se jeta sur un poisson. Ses pattes enserrèrent l'objet de sa chasse qui lui, se trémoussait au rythme de sa survie. D'un coup de croc, il stoppa les débattements et goûta avec ivresse au met exquis.
La seconde d'après fut bien amer, sa bulle de béatitude éclata sans prévenir. Une corde lui encercla la poitrine.
« Insolent impur improbable ! Ta maman ne t'a jamais appris à demander avant de te servir ? Ne vois-tu pas que ce lieu est sacré ! Recrache ce poisson ! Et que sa vie soit glorifiée ! »
Hazel, interdit par ce revirement ne fit aucun geste. Qu'avait-il fait pour mériter ça ? Où avait-il donc atterri ? Et surtout quelles étaient ces peuplades plus saugrenues les unes que les autres ? Si c'était un rêve il lui fallait se réveiller immédiatement. À cause des liens lui enserrant la gorge, il déglutit péniblement son repas à peine mâché.
« Idiot impoli incarné ! Tu brûleras sous la colère d'Ortzi ! Moi, Galerna-la-grande, digne représentante de son aura, je le jure devant toi, imbuvable impotent infini, et toutes les Naïades ici présentes que tu seras sacrifié pour la cause... euh pour ta faute ! »
Sans ménagement, le plantigrade fut ligoté et attaché à une grande branche tel un vulgaire bout de viande. Il n'eut pas le temps d'apercevoir ses agresseurs. Sa position lui mettait la tête en bas, il dut fermer les yeux pour ne pas se sentir nauséeux par le transport. Il supposait que deux personnes le ballottaient à bout de bras, une de chaque côté.
« Je croyais qu'elle cherchait un oiseau pour son sacrifice, pas un mammifère de cinquante kilos ! chuchota un de ses ravisseurs à son acolyte.
- Bof, je crois que ça l'arrange bien. Tant que c'est vivant et que ça se tue, après tout. Et, t'as vu cette nouvelle mode des i ? Je crois que je préférais celle des a. C'est moins pro je trouve.
- Ouai, c'est pas faux. Mais ça a son charme. Et puis, ça change aussi. Je crois que je n'en pouvais plus de l'entendre dire abruti-abrasif-azimuté, il revenait souvent celui-ci. »
Le silence s'installa et Hazel tenta, en plissant les yeux, d'observer ses geôliers. Il ne distinguait que des bouts de tissu, probablement une jupe ou une robe, couvrant les jambes jusqu'aux genoux. La peau blanche était légèrement bleutée, striée de veines saillantes. En relevant la tête, il pouvait distinguer une boucle couleur cuivre maintenant l'habit, ainsi que l'ombre d'une poitrine, recouverte de cheveux longs. La souplesse des mèches brunes les rendaient aussi fluides que de l'eau.
D'un coup, l'ours fut jeté au sol. Ils étaient arrivés dans une clairière bordée par une rivière large et tumultueuse. Les naïades le détachèrent en partie et le conduisirent dans une cavité cachée au pied d'un arbre. Il lui fallu un moment avant de réussir à franchir le passage étroit. Un repaire souterrain prit place devant lui, faiblement éclairé par des globes lumineux.
« Emmenez cet illuminé incivil inerte dans mes appartements ! » aboya celle qui semblait être la chef du clan.
Les deux porteurs, qui étaient en réalité des porteuses, poussèrent Hazel pour le faire avancer. Il commençait à s'habituer à la pénombre, révélant un endroit luisant d'humidité mais d'une beauté incomparable. Il traversa des salles gigantesques, des corridors étriqués ou encore des étroites pièces. Chacune abordait des forêts de stalactites, stalagmites et autres merveilles de pierre drapée. Des lacs minuscules et des étendues d'eau de plus grandes envergures offraient des jeux de miroir époustouflants. Malgré l'intérêt que pouvait représenter ce décor, le jeune ours n'en était pas moins hagard et désemparé par sa prise d'otage dont l'issue se montrerait fatale.
Abandonné dans une cage minérale, il tenta de comprendre comment il en était arrivé là. Rien ne semblait cohérent. Au début de la saison froide, ils s'étaient installés confortablement avec sa mère et son frère dans leur refuge. Ils somnolaient et dormaient ensemble. À son réveil pourtant, ils n'étaient plus là. Il s'était retrouvé isolé, dans une forêt inconnue. Les questions s'accumulaient dans son esprit sans qu'aucune réponse ne se forme.
« À nous, incompétent indigène indocile, dit Galerna de sa voix cassante. Demain tu seras porté sur l'autel. Nous te purifierons puis tu seras exécuté. Je te laisse la surprise, bien sûr. Un sacrifice n'a de valeur que s'il n'y a pas de résignation. »
La peur prit Hazel aux tripes. S'il pensait ce matin que sa situation ne pouvait pas être pire, il n'avait pas encore la mesure de son erreur ni des derniers événements.
Alors je viens de lire, les trois premiers chapitres et j'ai tout dévoré ! Franchement j'aime beaucoup les personnages:)
Sur la cohérence de l'histoire que tu pointes, je n'ai rien remarqué de particulier. Hazel est trop mignonnnnn, je l'adore, même si le lutin est insupportable avec lui, il reste bienveillant et ne se vexe pas - en tout cas au début- . Peut-être dans le chapitre 1, tu pourrais mentionner assez rapidement qu'il est un ours. Moi je l'ai compris seulement au chapitre 2 et cela me semble un peu tard...
<br />Le chapitre 3 est un véritable coup de cœur ! J'adore tes petites trouvailles sur le peuple des Naiades avec les jurons commençant par une lettre en particulier, c'est super !<br />Pauvre petit Hazel, il lui en arrive des choses (et je suis sûre que tu lui réserves encore pleins de mauvaises choses! Espèce d'indigène Indocile !). Je suis d'avis de renommer ton livre : « Les tourments d'Hazel ! »:D
Coquilles/ remarques chapitre 1 :<br />Comment ça où sommes-nous ? => Il me demande où nous sommes !
Stop ! N'insistez pas. Je m'en vais. => Je sais. J'ai compris, je pars, dit-il penaud. Je trouve ça mieux.
Les jambes tremblantes => Si c'est un ourson je dirai plutôt les pattes tremblantes ou les membres si tu veux éviter la répétition avec les pattes
il devra sans contenter => S'en contenter
Le froid avait finit par le gagner jusqu'au plus profond. => avait fini
Et peut-être même du feu s'il en avait la force. => La dernière partie me gène un peu car je ne pense pas que les enfants fassent le lien directement tu pourrais mettre plutôt « faire un bon petit feu, histoire de réchauffer sa fourrure et son museau »
Le foyer crépitait joyeusement quand le petit homme (le) sortit de ses songes.
-Oh oui, plutôt bien. Merci de poser la question. => Ici le lutin ne lui a pas posé de questions donc pourquoi ne pas dire : « Moi j'ai très mal dormi... »
Et vous devriez manger ces baies, elles sont fameuses fraîchement récoltées. => Vous devriez manger ces baies, elles sont fameuses ET fraîchement récoltées
Coquilles remarques chapitre 2:
« À l'évocation de sa mère, jusqu'à « l'atmosphère avait la douceur d'une vie simple et heureuse ». => J'adore ce passage <3
<br />Hazel pris peur=> Hazel prit peur
Son égarement lui avait absorbé toute son attention. => phasre un peu confuse, Je te propose, sa nostalgie l'avait rendue inattentif.
Il n'y eu => il n'y eut<br />qu'il aurait reconnu rentre mille => entre mille
Je voulais uniquement que vous me disiez où nous sommes. => Phrase très lourde.
Je l'aurai bien vu dire « vous n'êtes qu'un grossier personnage », un malotru comme dirait maman. =>D'après ma grande expérience des élèves de 11-12 ans, il cite leur mère tout le temps et en particulier les garçons !!!<br />Dans ma classe un élève commence tout le temps une phrase ainsi : Madâââââme, ma mère, elle m'a dit que... »
<br />Le lutin se tue et ajouta:=> se tut.
Depuis qu'il l'avait rencontré hier soir, avoir enfin un peu d'informations pourrait lui être d'une aide précieuse. => phrase maladroite à reformuler
<br />chacun ira de son chemin => de son côté je dirai.
Hé, attention avec tes serres => Je pense qu'il vaudrait mieux parler de griffes, (tes griffes immondes, tes sales griffes...) les jeunes ont besoin d'avoir le vocabulaire précis pour chaque animal, tu vas les mélanger^^
il passa son bras => idem je dirai membre
Bon, c'est pas tout ça, mais j'ai d'autres fées à fouetter, moi, l'interrompit le lutin dans sa réflexion. => J'ADORE !
Coquilles/ remarques chapitre 3 :<br />Assit sur un tapis de mousse il regarda le lutin s'éloigner. => Assis sur un tapis de mousse, il regardait le lutin s'éloigner
Ragaillardit par ce nouvel objectif => Ragaillardi par
Enfin, depuis ces dernières heures une lueur d'espoir faisait son apparition. =>était apparue.
Devant ses yeux, un ruisseau serpentait. => Cela serpente autour de quoi ? Des arbres, des pierres ? Il manque un mot.
Il frotta énergiquement son flanc sur l'écorce et se laissa emporter par le bien être provoqué par son geste. Puis, il passa au dos, => ça m'a donné grandement envie de me faire masser^^ lol
Il commençait à d'habituer à la pénombre => s'habituer
Voilà, tu voulais des coquilles, I found them !!!<br />Ahahah:p
Bref j'ai hâte de lire la suites des aventures des Tourments d'Hazel !<br />Pleins de bisous volants !
Wouah ! purée ! merci d'avoir pris le temps de lire et de faire ce super commentaire !
Juste une petite info, on sait qu'Hazel est un ours dès le premier chapitre, grâce à la phrase suivante : "Sur ces derniers mots, le jeune ours se leva, finissant de disséminer sur le sol le reste d'eau collé à ses poils." :) Penses-tu que cela soit suffisant ?
Et oui, malheureusement pour lui, ses tourments ne sont pas encore finis ! ;)
Suite à tes retours et remarques, voici les quelques modifications que j'ai apportées au texte :
Chapitre 1 :
P { margin-bottom: 0.21cm; }
-> j'aime bien l'idée que le lutin parle d'Hazel à la troisième personne, je cogite encore dessus. Pour le moment, je l'ai réécrit comme ça : "- Comment ça, nianiania, où sommes-nous, nianiania ? "
-> - Ça va, j'ai compris. Je pars, dit-il penaud. [penaud ! comment n'y avais-je pas pensé plus tôt ! ;) merci !]
-> très bonne suggestion sur le feu, voici comment je l'ai reformulé : "Et peut-être même du feu, histoire de réchauffer son museau gelé." (je ne peux pas utiliser "un bon petit feu", cela se répète avec le bon petit déjeuner, mais ça me plaisait bien)
-> "Le foyer crépitait joyeusement quand le petit homme (le) sortit de ses songes". Ici, je parle bien du lutin qui est tiré de son sommeil et pas d'Hazel. Peut-être que ma phrase serait à refomuler si elle n'est pas claire ?
-> Ici le lutin ne lui a pas posé de questions -> oui, c'était ça le truc. Il souligne par cette phrase l'impolitesse du lutin ! ;)
chapitre 2 :
-> huhu ! t'es trop mignonne sur le passage des souvenirs d'Hazel ! <3
-> J'aime beaucoup l'idée de la nostalgie, j'ai réécrit ça plutôt comme ça : "Sa nostalgie l'avait égaré bien loin." Mais, j'y reviendrais peut-être.
-> j'ai transformé la phrase pâté en "Je voulais uniquement savoir où nous sommes."
-> oui mais c'est bien sûr ! Ces renvois des enfants à leurs parents ! Je me rends compte que je n'avais pas insisté dessus. Suite à cette judicieuse proposition, je n'ai pas rajouté de dialogue, mais un peu plus loin, avec l'autre phrase maladroite j'ai fait ça : "Avoir enfin un peu d'informations pourrait lui être d'une aide précieuse. Mais le mauvais caractère de ce malotru, comme aurait dit sa mère, le piquait comme une ronce restée accrochée à ses poils."
-> tu as raison pour les serres, je voulais éviter une répétition, mais cela pourrait perturber le sens. :)
-> hé hé, merci pour les fées à fouetter, je milite pour que cela rentre dans le vocabulaire commun, qu'on les laisse un peu tranquille ces pauvres chats ! lol ;)
chapitre 3 :
-> j'ai triché un peu pour le serpentage du ruisseau, j'ai plutôt mis comme ça "Devant ses yeux, serpentait un ruisseau.". C'est que pour le moment, je ne sais pas encore comment décrire ce lieu pour ne pas être trop redondante. Il faut que je me creuse un peu la cervelle.
-> je suis ravie d'avoir éveillé en toi l'envie d'un massage ! ;)
Voilà voilà pour apporter des réponses particulières à certains points ! Merci en tout cas, ça me réchauffe le coeur de voir que cela te plaît ! :)
La suite arrive bientôt, promis !
à très vite ! <3