- Je ne sens rien, maugréa Chavard’all en se posant.
- Et tu croyais quoi ? gronda Farhynia. Que le lien se créerait dès le premier vol ? Laisse-toi un peu de temps. En attendant…
Elle le saisit à la gorge, indiquant clairement son désir. Le cavalier humain s’éloigna pour explorer la grotte, leur offrant l’intimité et surtout l’espace nécessaire à l’expression de leurs sentiments réciproques.
Farhynia ne pondrait pas. Pas cette fois. Son ventre était vide. C’était par pure envie gourmande qu’elle s’était jetée sur Chavard’all qui ne s’en plaignit pas.
- Tu es une amante exceptionnelle, souffla-t-il. Tu as envie si souvent ! Je suis ravi que tu m’aies choisi. Tu es merveilleuse.
Farhynia ronronna sous les compliments. Elle glissa son dos contre le flanc droit de son amant.
- Corail faisait ça souvent. Elle aimait me toucher. Elle m’a caressée le jour de notre rencontre, comme si elle voulait ancrer chacune de mes écailles dans sa mémoire. Peut-être que Jack devrait le faire.
- Parce que ton lien est une référence ? ironisa Chavard’all.
- Je ne l’entends pas dans ma tête parce que c’est une sirénienne, s’offusqua Farhynia, pas parce que notre lien est pourri. Je suis capable de te dire avec exactitude où elle se trouve et ce qu’elle ressent. Considères-tu cela comme négligeable ?
- Non, pardonne-moi, ma chérie, souffla Chavard’all. Comment faire comprendre à mon cavalier ce qu’il doit faire ?
Farhynia pencha la tête. Comment Corail s’y serait-elle prise ?
- Mangeons, proposa Farhynia. Je réfléchis mieux le ventre plein.
Chavard’all approuva. Laissant Jack dans la grotte d’où il ne pouvait pas sortir, ce qui assurait sa sécurité, le couple partit chasser. Ils revinrent rapidement, Chavard’all avec un sanglier et Farhynia un bouquetin. Ils brûlèrent leur prise puis commencèrent à manger. Chavard’all arracha une patte arrière et la jeta à son cavalier. Jack observa le cadeau, puis le dragon blanc avant de laisser l’offrande pour s’approcher de la créature ailée.
- Ne le regarde pas, ordonna Farhynia qui observait Jack du coin de l’œil. Il ose venir vers toi. Il doit te croire trop occupé pour t’en rendre compte.
- Ridicule, cliqueta Chavard’all.
- Laisse-le le croire. Il observe ton aile et… Oh ! Il vient de la caresser. Il reproduit les gestes de Corail.
- Nous n’avons même pas eu besoin de le lui faire comprendre, fit remarquer Chavard’all.
- Il est ami avec Corail. Elle lui en a sûrement parlé.
- Merci, Corail, lança Chavard’all vers l’océan lointain, à peine visible à l’horizon.
- Elle me manque tant.
Chavard’all la lécha pour la rassurer. Farhynia ne parvint pas à sourire. Le cœur lourd, elle poursuivit son repas, tandis que Jack découvrait son dragon, écaille après écaille. Vu la taille de son maître, Farhynia jugea que le cavalier en aurait pour un bon moment avant d’avoir fait le tour du propriétaire.
- Que fait-il ? grogna Chavard’all lorsque la grotte ne fut plus éclairée que par la lune.
- Il vient dormir sous ton aile, comme Corail l’a fait avec moi, indiqua Farhynia. Tu te souviens ? Ça m’a permis de dormir dans l’alcôve à côté de la tienne.
- C’est vrai, se rappela Chavard’all. Tu avais choisi cette place uniquement à cause de moi ?
- Oui, confirma Farhynia en gloussant.
- Mais quand t’ai-je tapé dans l’œil ?
- Le premier jour, avoua Farhynia.
- Je ne m’en suis absolument pas rendu compte. Je voulais tellement apprendre à contrôler mon vol. Je suis toujours aussi nul !
- Tu maîtrises ton souffle, rappela Farhynia. Chacun ses forces et ses faiblesses.
- Je suis incapable de créer un lien avec mon cavalier.
- Tu ne pouvais pas. Aucun dragon ne peut être lié à deux cavaliers à la fois et celui-là t’empêchait de te connecter aux autres.
Chavard’all ronchonna puis déploya son autre aile pour que Farhynia vienne s’y loger. Ils dormirent ainsi, chacun sous une aile de l’immense dragon blanc à pointes noires.
############################
- Où se trouvent les œufs de dragon ? interrogea le sirénien.
Une dizaine de bancs se trouvaient réunis autour de Corail, du jamais vu ! Il arrivait souvent que deux bancs se croisent et la rencontre donnait lieu à une fête souvent pleine de caresses, de poissons et de coquillages. Cette fois, pas de nourriture, juste une grave solennité.
- Il nous en faut d’autres pour protéger les nids, insista le sirénien, représentant de son banc, probablement parce qu’il était le plus âgé.
Corail grimaça en secouant la tête.
- Ils vont s’attendre à nous voir débarquer. Vous serez attendus et puis… Je ne pense pas que ça soit la solution. Les dragons vont revenir. Il leur suffit de venir à plusieurs. Un qui porte un dragonnier pour récupérer les œufs et les autres pour le protéger. Il faut…
Corail frémit.
- Il faut quoi ? interrogea le sirénien.
Corail connaissait la solution mais la mettre en œuvre ? Elle frissonna de partout. Voler l’œuf d’un dragon la révulsait déjà mais ça ?
- Il faut quoi ? insista un autre sirénien.
- Frapper fort, indiqua Corail. Cesser d’être des victimes. Attaquer.
- Nous ne pouvons combattre les dragons ! répliqua une sirénienne. Ils volent !
- Il va nous falloir des harpons et des cordes. Vous sentez-vous capables d’en voler aux pêcheurs ?
- Sans problème ! assura un sirénien.
Corail hocha la tête. Pendant que plusieurs groupes partaient à l’assaut des ports et des bateaux pour voler les harpons et les cordes, Corail emmena d’autres bancs vers le site de ponte des dragons.
- Il n’y a personne pour surveiller ? demanda une sirénienne en prenant un œuf posé là, à même le sol, en plein soleil.
- Non, indiqua Corail. Il n’y a presque plus d’aigle.
- Ils laissent leurs œufs sans surveillance ? insista la sirénienne.
- Nous laissons bien les nôtres dériver au gré des courants ! répliqua Corail en haussant les épaules.
L’autre n’insista pas.
- Faites attention aux œufs ! Le but n’est pas de les détruire ! rappela Corail.
- En les détruisant, on s’assure de faire décroître le nombre de dragons, proposa un sirénien.
- Ce sont leurs méthodes, pas les nôtres, gronda Corail. Ils servent d’otages mais aucun mal ne leur sera fait. Si un œuf éclot, nous amènerons le dragonneau à l’abri, sur terre. Est-ce clair ?
Les autres siréniens hochèrent la tête. Corail venait de prendre le commandement et nul ne le lui contestait.
- Nous nous attaquerons aux adultes, insista Corail. Les enfants, les leurs comme les nôtres, ou ceux des aigles, n’ont pas à être concernés par cette guerre qui ne les concerne en rien.
Ils grimacèrent mais nul ne s’opposa. Ils placèrent avec précaution les œufs sur les nacelles puis partirent vers les plate-formes. Sept nids seraient protégés, mais pour combien de temps ?
Corail choisit de se placer en attente auprès de la seconde plateforme la plus proche de la côte. Son choix fut payant. Un autre dragon pointa le bout de son museau en fin de journée. Comme son prédécesseur, il piqua puis redressa sans cracher le feu. Il revint se placer en vol stationnaire pour permettre à son dragonnier de descendre.
Corail lança le signal de l’attaque. Une trentaine de harpons traversèrent la peau fine des ailes largement déployées du dragon attendant quelques pas au dessus de l’eau. Les piques s’enfichèrent dans sa peau. Sur le signal de Corail, les siréniens lâchèrent les poids reliés aux cordes. Les objets lourds - canons en fonte ou coffres en fer trouvés dans des épaves - foncèrent vers le fond, emportant avec eux le dragon. L’immense créature disparut d’un coup sous la surface, créant une grosse vague.
Un appel sous-marin retentit, fort, puissant, relayé par tous les siréniens présents. Corail perçut le signal retour. Elles avaient entendu. Elles arrivaient. Parfait. Corail pouvait s’occuper de l’humain.
Le dragonnier était parvenu à se stabiliser sur la plateforme. Il observait l’océan avec stupéfaction. Corail sortit la tête de l’eau, à bonne distance du dragonnier.
- Combien de temps cela prend-il pour qu’un dragon se noie ? lança Corail. Avec une telle cage thoracique, je parierai sur longtemps. Tu devrais en profiter pour prier car tu n’ignores pas que sa mort entraînera la tienne.
- Salope ! hurla le dragonnier. Viens plus près ! Espèce de lâche !
Corail sourit. Le dragonnier lança des éclairs avec ses yeux puis rugit :
- Tu. Es. Morte. Quand ils sauront, ils vous détruiront !
- Même leurs feux combinés ne peuvent pas faire disparaître tout l’océan, s’amusa Corail. De plus, nous avons leurs œufs, leur avenir. Ils ne bougeront pas le petit doigt.
- Mon dragon ne se noiera pas, gronda le dragonnier avec un petit sourire en coin. Crois-tu qu’il ne puisse pas couper les cordes avec ses dents et ses griffes ? Il lui suffira ensuite de remonter et il vous fracassera au passage.
- Écoute ton lien, dragonnier. Tu es blême. Tu sens sa terreur, n’est-ce pas ? Nous ne nous sommes pas contentés de l’envoyer par le fond. Nous avons appelé les orques.
- C’est quoi ? bafouilla le dragonnier dont le corps tremblait.
Des gouttes de transpiration perlaient sur son front. La fin était proche.
- D’énormes animaux marins, des carnivores, avec des dents gigantesques. Les plus gros sont plus massifs que ton dragon. Ses écailles ne le protégeront pas.
Le dragonnier se plia en deux, une main sur le cœur.
- Il semblerait que ton dragon agonise au fond de l’océan. Les orques s’en donnent à cœur joie, ricana Corail.
Le dragonnier tomba à genoux puis hoqueta avant de s’écrouler, la tête la première dans une cuvette. Corail s’approcha avec prudence et vérifia son pouls. Mort. Elle le tira hors de la plateforme et le cadavre sombra. Une offrande supplémentaire pour les reines des fonds.
Corail se trouva happée par les pieds. La tête sous l’eau, elle entendit les acclamations. Elle entendit rugir de bonheur les siréniens de ce banc et des autres. Ils venaient de tuer un dragon ! Cette guerre prenait une excellente tournure. Corail fut de nouveau portée en héroïne et physiquement satisfaite plus que de raison.
Corail n’appréciait pas la méthode mais pour la première fois depuis des années, plusieurs nids allaient pouvoir arriver à maturité et donner naissance à de nouveaux bancs. Elle en rayonnait de bonheur.
Le mode opératoire fut reproduit. Corail eut vent de la réussite sur deux autres plateformes, où elle ne se trouvait pas. Les orques ne tarissaient pas d’éloges. Apparemment, le dragon, c’était bon, si bien qu’elles répondaient encore plus vite à l’appel depuis qu’elles y avaient goûté.
Corail tirait sur le coquillage qui refusait de se détacher. En ronchonnant sous l’eau, elle attrapa son couteau, trouvaille repérée dans une épave. Un appel retentit, l’éloignant de sa prise. Un dragon arrivait. La bataille suivante serait pour eux.
Corail se mit en position entre deux eaux, assez pour voir, trop pour être vue. Le dragon réalisa un premier passage de repérage et comme les autres, il revint.
- Que fais-tu ? s’exclama un sirénien.
- Ne bougez pas ! Ne faites rien ! Je m’en charge, annonça Corail.
- Tu es folle ! Corail, non !
La sirénienne ignora les appels et monta sur la plateforme. Elle attrapa l’œuf de dragon qu’elle plaça bien en vue devant elle et attendit. Comme les autres, le dragon se plaça en vol stationnaire à quelques pas du nid plein d’œufs en train d’incuber.
- Ne descends pas de ta monture, Jack, lança Corail.
Comment ne pas reconnaître un tel monstre, entièrement blanc aux pointes noires ? Corail en frémit. Depuis combien de temps Jack et lui s’étaient retrouvés ? Même pas une lune, compta la sirénienne. Comment leur lien avait-il pu se développer si vite ?
- Donne-moi l’œuf, ordonna Jack d’une voix qui se voulait inflexible.
Des tressautements détruisirent l’effet.
- Si ton dragon promet de ne pas détruire ce nid, lança Corail.
- C’est son travail, répliqua Jack. Il est souffleur. Le meilleur de sa génération. Une flamme d’une puissance sans égale et qu’il contrôle à merveille.
- J’en suis ravie pour lui mais je ne laisserai pas détruire nos enfants.
- Tu n’as…
- Jack, c’est le cinquième dragon qui vient détruire nos nids depuis que je suis revenue dans l’océan. Le premier a cessé d’être protecteur car nous avons tué son dragonnier tandis qu’il essayait de récupérer l’œuf.
- Foutaise ! gronda Jack. Son dragon l’aurait protégé !
- Il a été pris par surprise, précisa Corail. Les trois suivants sont morts.
- Quelques dragonniers ne…
- Les dragons sont morts, insista Corail.
Le dragon blanc souffla du chaud par les naseaux.
- La vie de ton dragon est menacée, indiqua Corail. J’empêche les siréniens de s’en prendre à lui mais un geste de ma part, et il est mort et tu n’ignores pas que tu l’accompagneras, à cause du lien, que tu as développé sacrément vite.
- J’ai écouté tes conseils.
- Mes conseils ? répéta Corail, incrédule.
- J’ai fait comme toi. Je l’ai caressé. Putain, c’était long. C’est qu’il est gros, le bougre. J’ai dormi sous son aile chaque nuit et Corail, je suis désolé.
- De quoi ? demanda Corail, sur la défensive.
- De t’avoir éloignée de Farhynia. Ma jalousie a empêché le développement de ton lien.
- Ne dis pas de bêtise, répliqua Corail. Mon lien n’est pas complet parce que je suis une sirénienne et que les dragons ont l’habitude de se lier avec des humains.
- Je n’en suis pas si sûr, souffla Jack en croisant les bras. Toujours est-il que dès le premier matin, j’ai ressenti ses émotions basiques. Le lendemain, je pouvais déterminer sa position exacte. Le troisième, j’entendais quelques mots. Hier, il m’a amené devant des centaines de dragons dont une énorme verte que j’ai supposé être Greenaco. Il m’a demandé de dire « Mon dragon s’appelle Chavard’all ».
Corail hocha la tête. Ainsi, le dragon blanc venait tout juste d’obtenir le titre de protecteur.
- Puis de dire « Les trois agneaux volent dans un troupeau de renards », compléta Jack.
- Ça ne veut rien dire, fit remarquer Corail.
- Je pense que c’est le but.
- À cause de Farhynia et moi, comprit Corail. Ils ont changé les conditions d’entrée. La phrase est différente pour chaque candidat.
- Je suppose, confirma Jack.
Il y eut un long silence gêné pendant lequel les deux amis s’évitèrent du regard.
- Putain, Corail, vous avez vraiment tué trois dragons adultes ?
- Oui, confirma la sirénienne. Le temps où nous nous laissions faire est révolu. J’ai voulu proposer une solution pacifique aux dragons mais les humains ont refusé de la leur traduire.
- Chavard’all confirme et me demande si j’accepte de servir de traducteur entre les siréniens et eux.
- Et donc ? interrogea Corail qui caressait l’œuf de dragon avec tendresse.
Elle changeait souvent de position car la plateforme n’était pas faite pour porter longtemps un adulte. Le but était de fournir de l’eau chaude aux œufs mais aussi et surtout un abri pour les coquillages et les poissons. Ainsi, lorsque les bébés sortiraient, ils trouveraient sur place l’abri et la nourriture pour s’épanouir. La dislocation de la plateforme signerait le jour où le nouveau banc rejoindrait le fond et s’installerait.
- Ça dépend, répliqua Jack. Que voulez-vous leur proposer ?
- Nous demandons qu’ils arrêtent de s’en prendre à nos nids. En échange, nous acceptons de détruire les nids d’aigle pour eux, ces nids que les humains peinent à atteindre.
- Vous voulez faire en sorte que l’accord que nous avons passé avec eux soit annulé, comprit Jack en se redressant sur sa monture.
Le dragon blanc restait bien stable mais il observait l’océan les yeux plissés. Qu’il tentât de voir profondément n’aurait pas étonné Corail mais les siréniens savaient demeurer invisibles dans l’eau. Le monstre ne verrait rien.
- C’est hors de question, cracha Jack.
Le cœur de Corail se serra. Jamais elle n’avait imaginé se retrouver face à Jack dans cette guerre. Et pourtant, une petite voix dans sa tête se moquait d’elle. « Tu es une sirénienne. Il est un humain. À quoi t’attendais-tu donc ? » Corail ne parvenait pas à lui donner tort.
- Des centaines d’humains meurent chaque année sous les crocs des dragons, rappela Jack. C’est le prix consenti pour que la menace sirénien disparaisse.
- En quoi sommes-nous une menace ? gronda Corail.
- Vous attaquez nos bateaux !
- Ils pêchent les nôtres ! Nous ne faisons que libérer ceux pris dans les filets ! se défendit Corail.
- Vous attaquez des villages côtiers, tuant et massacrant sans pitié !
- Nous allons récupérer les nôtres prisonniers, indiqua Corail. Devrions-nous les laisser entre les mains de ses porcs qui vendent nos organes comme ingrédients miraculeux ? Ou nos œufs prisés pour leur goût exquis ?
- C’est faux, bafouilla Jack.
- Ah oui ? Mais dis-moi, Jack, as-tu déjà vu de tes yeux une attaque de siréniens ?
- Je… Les brèves…
- C’est vrai que je suis couverte d’écailles, que mes yeux sont rouges, que j’ai une longue queue hérissée de piques, que mon crâne est chauve et que je n’ai pas de nez.
- Tu es une exception, siffla Jack.
Corail recula. Tout en tenant l’œuf dans sa main au dessus de la surface, elle plongea jusqu’à avoir la tête sous l’eau. Elle appela plusieurs siréniens à venir la rejoindre. Une dizaine répondirent à l’appel et grimpèrent à leur tour sur la plateforme. La peau claire, les cheveux bruns, les yeux bleus, ils proposaient tous un corps dépourvu d’écailles ou de queues.
- J’admets que son nez est un peu petit, dit Corail en désignant une jeune sirénienne au visage plat dû à un nez fin très mignon, mais quand même !
Jack cligna des yeux et secoua la tête.
- Les humains possèdent la terre. Les dragons sont les maîtres des airs. Laissez-nous l’océan, souffla Corail. Voilà les termes que nous proposons. Et que chacun reste à sa place. Tant que des actes agressifs seront effectués à notre encontre, nous répondrons, par la violence si besoin. Nous n’avons aucun grief à l’encontre des dragons mais les alliés de nos ennemis sont nos ennemis. D’autres dragons tomberont si cette alliance perdure. Tu peux traduire ou pas, Jack. Si tu ne le fais pas, la guerre se poursuivra et des vies seront perdues.
- Des deux côtés, répliqua Jack.
- Des trois côtés, Jack, des trois. Tu auras du sang de dragon sur les mains. Ton silence causera leur mort.
Une moue haineuse stria le visage de Jack. La plateforme remua sous le coup de mouvement d’ailes du dragon blanc prenant son envol. La moitié des siréniens se retrouvèrent à l’eau. Corail, qui avait anticipé en voyant les muscles se contracter, resta debout et put déposer l’œuf de dragon intact au milieu du nid.
Corail observa Jack disparaître à l’horizon sur son dragon blanc et soupira. Elle avait réussi à éviter le pire. Ils étaient en vie. Et si elle n’avait pas été là ? Et s’ils s’étaient attaqués à une autre plateforme ? Corail frémit. Il fallait frapper encore plus fort, montrer leur détermination, prendre les devants.
- J’ai une autre idée, annonça Corail. On va couper les fils à la base.
Les siréniens la suivirent sans rechigner. Elle avait toute leur confiance.
Si l'auteure voulait nous montrer qu'il est difficile de combattre les préjugés et les haines, auxquels même l'amour peut ne pas résister, elle y a parfaitement réussi.