Chapitre 3 - La fiancée

Par Hylla
Notes de l’auteur : Bonne lecture !

Les sabots des chevaux foulaient le sol craquelé d’aridité dans un bruit assommant. Derrière l’escorte, un nuage de poussière ocre s’élevait pour se perdre dans le ciel nacarat. Cela faisait une huitaine que Maeve avait quitté la Citadelle, accompagnée par le général Sondha et douze de ses hommes. Depuis cinq jours qu’ils chevauchaient à travers les plaines thariennes sous le soleil écrasant, ils n’avaient eu nul autre horizon que la perspective monotone de cette terre brûlée.

Malgré ses pommettes qui brûlaient sous le soleil intense, et ses lèvres qui la tiraillaient tant elles étaient gercées par le sel, Maeve n’en ressentait pas la douleur. Peu importait les conditions, elle aurait préféré que ce voyage n’aboutisse jamais.

 Dans leur dos, des bourrasques de sable soufflaient. La jeune norlandaise en voulait au vent de la précipiter ainsi davantage hors de ses terres. Ainsi donc la nature même se dépêchait de la donner en pâture.

Au loin, des bouts de falaises éparpillés arboraient des hauteurs verdoyantes. Avec ces rochers titanesques qui semblaient tout droit tombés du ciel, l’apparition s’apparentait au mirage, tant les plaines thariennes désolées ne leur avaient offert jusqu’à présent que de rares arbres cramoisis. Le général Sondha indiqua l’horizon d’un geste vague et annonça qu’ils s’arrêtaient pour une dernière fois en terres norlandaises, avant de franchir la frontière le lendemain. Pour Maeve, ce mot n’avait toujours été qu’abstrait. Un impératif à protéger un jour, une ligne sur une carte. A présent, il avait une réalité tangible. Un point de non-retour. Une étape de moins avant sa destination finale. Mirane. Sa respiration se saccadait, tandis que son corps se balançait sur la selle.

Elle voulut profiter de ses derniers instants pour glaner les moindres détails de son pays. Cette falaise vertigineuse qui ombrageait le village de Khars, les pierres inégales qui faisaient le charme des murs de l’auberge, le bruit des verres que l’on entendait s’entrechoquer jusque dans les chambres. Chaque recoin qu’elle fixait chantait le refrain de la dernière fois. Et pourtant, Maeve avait cette conscience absurde d’accorder de l’importance à un endroit où elle n’avait jamais mis les pieds jusqu’à ce jour.

Elle ne s’était jamais inquiétée de ne pas connaître tout son pays. Elle avait longtemps cru que ce jour viendrait. A présent qu’elle s’apprêtait à partir, elle abandonnait aussi derrière elle tout ce qu’elle n’avait pas encore pu découvrir. Plus qu’un soir… Le temps lui parut plus compté que jamais, et la poussa à passer la porte de l’auberge, à la recherche d’une dernière escapade dans son pays. Mais à peine sortit-elle qu’un soldat se posta à ses côtés.

« Je n’irai pas loin, n’ayez crainte. »

Mais il se rangea derrière elle et la suivit de quelques pas sur le chemin des écuries.

« Vous n’êtes pas obligé de me suivre, vous savez.

— Je le dois, Mademoiselle. »

Maeve s’arrêta aussitôt.

« Vous avez reçu ordre de me suivre ?

Le soldat acquiesça. Qu’essayait-il de lui dire ? Qu’elle ne pouvait déjà plus mettre un pied dehors sans être suivie à la trace ? Maeve rebroussa chemin jusqu’à l’auberge pour trouver le général.

Une lettre à la main, Sondha sirotait sa mousse dans un coin plus silencieux de la grande salle.

« J’ai pour mission de vous conduire saine et sauve au Palais de Mirane, rien ne doit vous arriver en chemin. »

Aujourd’hui, ma liberté est morte. Ou hier peut-être… Elle avait beau tout faire pour se maîtriser, elle n’avait pas pu retenir cette étincelle qui avait traversé ses yeux abattus.

« Mais je ne vois aucun inconvénient à ce que vous sortiez accompagnée. Si vous acceptez ma compagnie… »

Ils avaient galopé à l’ombre des à-pics, jusqu’à ce que la lumière s’intensifie et irradie leur peau. A l’horizon, seuls de rares îlots rocheux s’étendaient.

« Là-bas, avait indiqué le général en désignant un petit rocher anormalement exigu et incliné, surmonté d’une tourelle. C’est là que se situe la frontière. »

L’horizon lui parut soudain sinistre. Maeve avait envie de rentrer. Et même si elle devait passer des jours et des nuits à geler dans cette rivière jusqu’à ce que le sergent ne consente à la réintégrer dans les rangs, elle préfèrerait mieux être là-bas.

« Que connaissez-vous des Pays de Dennes, mon général ?

— A part les conquêtes de Pirus Dennes, peu trop rien. Nous ne les avons jamais combattus, et je ne suis pas un homme de livres… Mais j’ai entendu dire que c’étaient des gens très bien. »

Comment pouvait-on penser ainsi de personnes que l’on ne connaissait pas ? La plaine alentour soufflait l’air du mystère, mais elle n’était pas intriguée.

« Si nous avançons bien, nous pourrions être à Mirane dans quatre jours. »

— J’arriverai à prendre mon mal en patience… »

Le général sourit. Elle avait beau ne pas le connaître depuis longtemps, passer tant de journées à ses côtés l’avait rendue assez familière avec certaines de ses expressions pour lire dans ses yeux de la gêne, et parfois même, une certaine tristesse.

 

Aussitôt la frontière franchie, leur voyage prit une dimension nouvelle. Dans les villages dennois, leur passage avait été le prétexte à un cérémonial démesuré, forçant l’escorte à ralentir et rallonger leur périple d’une nuitée supplémentaire, et Maeve fit de son mieux pour ne pas afficher tout l’enthousiasme qu’un tel report provoquait en elle. Les villageois s’entassaient dans les rues, et saluaient le convoi. Dans les auberges, des chambres, réservées depuis plusieurs jours pour les accueillir, avaient été ornées de tapisseries et de bibelots en ornantille pour l’occasion.

Les Dennois s’étaient visiblement attendus à un cortège plus fastueux, si bien que les soldats se voyaient eux aussi logés dans les meilleures chambres. Ceux-ci, habitués au minimalisme militaire de rigueur, s’amusaient souvent d’être traités en seigneurs. La jeune fille appréciait leur compagnie, bien qu’elle ne partage plus avec eux la même fraternité qu’avant. Une distance d’autorité les séparait désormais. Elle n’était plus l’aspirante appelée à rejoindre un jour les rangs de leur armée, mais la personnalité dont ils devaient assurer la sécurité à tout prix. Cet entre-deux lui était toutefois préférable, et elle redoutait le jour où, arrivés à Mirane, le général Sondha et ses hommes retourneraient au Norlande et la laisseraient derrière. Seule.

Plus ils s’approchaient de Mirane, et plus les jours passaient vite. Elle passa sa dernière nuit hantée par l’idée du lendemain. La rencontre. Et un jour prochain, son mariage. Le plus tard possible, espérait-elle. L’échéance tomberait tel le couperet du bourreau. Elle voulut penser à autre chose, essaya de nimber, mais à peine matérialisait-elle son aura que celle-ci s’évanouissait. Les images s’accéléraient dans sa tête. Son grand-père, qui détournait la tête sans croiser son regard. Son frère, les lèvres tremblantes, qui retenait ses larmes, et éclata en sanglots quand elle monta son cheval. Son père, qu’elle n’avait pas revu depuis si longtemps…

Cieux, maudit-elle. Cet énième échec l’irrita plus encore. Si elle avait été en entraînement, le sergent n’aurait pas toléré qu’elle se déconcentre autant.

Elle inspira, et autour d’elle son Nimbe commença à scintiller. Elle ne devait pas le laisser partir. Elle forçait, et la lumière s’intensifiait par touches chaotiques. Elle avait la rage. Dans la nébuleuse, des éclats fusaient. Mais Maeve commençait à faiblir. Pourtant, elle ne voulait rien lâcher, et luttait pour maintenir l’intensité de son aura. La disparition fut soudaine. Elle n’avait même plus eu les ressources pour lui offrir une fin digne de ce nom. Mais qui était là pour le lui reprocher maintenant, sinon elle ?

Le jour fatidique arriva, et avec lui, une nouvelle épreuve : l’inconfort de la robe ridicule qu’Anh-Lis avait prévue pour l’occasion. Après l’avoir critiquée et jetée dans un coin de sa chambre, Maeve l’avait finalement rangée à contre-cœur dans ses affaires. « Il est important de montrer ce que le Norlande fait de mieux » avait insisté sa belle-mère. D’après elle, ce modèle était « de la dernière mode » auprès des dames de Ponlogis, et Maeve n’avait rien trouvé à redire à cela. Elle n’aurait d’ailleurs pas su elle-même comment s’habiller pour l’occasion. A chaque évènement officiel, elle avait toujours porté la mise de cérémonie des aspirants, mais celle-ci ne serait plus de rigueur désormais. Face à ces fanfreluches à velours, elle regrettait amèrement les vêtements qu’elle arborait autrefois avec fierté.

Tout, dans ce tissu, l’exécrait, à commencer par sa raison d’être : rencontrer son futur époux. Y penser la révulsait. Cette robe était une étape de plus sur ce chemin qu’elle n’avait pas voulu emprunter, la preuve tangible que oui, son mariage aurait bien lieu. Elle n’avait même pas eu le cœur à s’imaginer qui pourrait bien être son mari. Elle ne connaissait que son nom et son lignage, parmi les quelques informations qu’elle avait retenues de ses entrevues passionnément rasantes en compagnie de l’ambassadeur.

Maeve refusa la calèche préparée à son intention devant l’auberge. Cette fichue robe ne l’empêcherait pas de monter à cheval. D’un geste discret, elle vérifia l’amplitude que son accoutrement lui offrait et empoigna le tissu pour le remonter au niveau de la taille. Elle mit son pied dans l’étrier et prit appui pour monter. Le contact brutal du métal lui rappela que même ses chaussures l’exaspéraient. Que cette journée s’annonce longue…

L’épais velours noir lui collait à la peau. Elle suffoquait. Assurément, les filles de Ponlogis n’avaient pas l’habitude de cette chaleur humide, sinon elles ne porteraient pas des tissus si étouffants. Elle se demanda si sa belle-mère avait fait exprès de lui prévoir une telle tenue alors que le soleil frappait si violemment. Sans doute Anh-Lis n’avait pas envisagé qu’elle ne monte pas dans la calèche.

 

Le soleil brillait au zénith quand le lac Loëtan s’étendit à perte de vue devant la troupe. Telle une enclave lointaine sur la rive, la ville de Mirane s’élevait sous leurs yeux pour la première fois. Maeve frissonna. Elle avait beau demeurer impassible, son cheval, lui, avait senti son appréhension, et ralentit le pas. Elle lui caressa l’encolure pour mieux le rassurer, et pour mieux se rassurer aussi. Avancer, et ne pas regarder derrière.

Quand ils entrèrent dans Mirane, une odeur de sueur brûlée lui piqua les narines. Avec ses rues plus bondées et étriquées que les précédents villages, la capitale leur réserva un nouvel accueil enthousiaste et sincère. Que le fait d’entrapercevoir des inconnus un bref instant puisse mettre des gens dans un tel état d’excitation la laissait perplexe. N’avaient-ils rien de mieux à faire de leur temps ?

Autour du Palais Royal, les murailles au rouge asséché s’élevaient si haut que, du sol, on ne pouvait en apercevoir du sommet que la pointe dorée d’une flèche. Celle-ci semblait si éloignée des fortifications que sa hauteur devait être plus vertigineuse encore. Devant la grande porte, des musiciens commencèrent à jouer, et Maeve sentit son cœur battre les percussions. Le temps paraissait s’être arrêté, et elle aurait tout donné pour disparaître à cet instant.

Dans l’enceinte du palais encore, les badauds bordaient l’avenue, attroupés derrière une rangée de gardes qui arboraient le bleu nuit des Pays de Dennes. Du bout des rênes, Maeve retenait sa monture. Même si elle voulait mettre un terme à cette exhibition au plus vite, elle redoutait l’arrivée. Le général dut percevoir son trouble, et commanda à l’escorte de ralentir la cadence.

Sur les côtés, de petits pavillons du même rouge craie que les murailles pavaient les jardins. Si tous ces plein-pieds aux gouttières sculptées se ressemblaient, plus ils progressaient, plus leur taille devenait imposante. Mais même les derniers étaient bien modestes par rapport au bâtiment qui les attendait au bout de l’avenue.

Au milieu de ce paysage, l’édifice principal s’imposait tel un colosse, encadré par de somptueux jardins paraissant s’étendre à l’infini. Coiffé de son dôme à pointe dorée, il était si monumental que Maeve doutait avoir vu si grand ouvrage dans sa vie. Le bâtiment l’intriguait davantage que ses occupants et pourtant, la rencontre était imminente. Le tout Palais semblait l’attendre de pied ferme. Parmi ces têtes aux expressions enthousiastes, la Norlandaise était consciente de détoner.

Dès qu’elle posa le pied à terre, un homme se faufila à travers la foule et avança dans sa direction. Pourquoi les gardes ne le retiennent-ils pas ? Cahier à la main, cheveux aux épaules, il la détaillait en agitant son fusain avec frénésie. Agacée par cette intrusion, Maeve lui tourna le dos, mais elle s’aperçut que c’était peut-être pire. Tous les regards convergeaient vers elle, et personne ne paraissait s’inquiéter de la toiser comme une bête de foire.

Le général Sondha lui offrit un bras qu’elle saisit sans hésiter. Avant d’arriver à sa funeste destinée, au moins marcherait-elle aux côtés d’une tête familière. Et soudain, l’angoisse étrangla sa gorge. Une peur plus viscérale. Elle allait rencontrer son futur mari. A trop s’indigner sur son sort elle avait repoussé cette réalité jusqu’à maintenant. Les dents serrées, ses jambes accompagnaient le général d’un pas raide. Et si l’homme qu’elle s’apprêtait à rencontrer ne lui plaisait pas ?

« Ce sera bientôt fini » lui murmura Sondha.

Ses mots lui réchauffèrent le cœur. Quelle Norlandaise serait-elle si elle était incapable de se contenir dans un moment pareil ? Elle avait quitté le camp, Mirane, et toute sa famille pour entreprendre ce long voyage. Elle pouvait certainement faire face à un homme sans se laisser ses sentiments reprendre le dessus. Elle avait la faiblesse de croire qu’elle avait accompli le plus difficile.

Dans le Pavillon Royal, elle préféra fixer son attention sur le plafond, pour ne plus penser au reste. Des chevaux de bois sculptés entouraient une fleur aux pétales triangulaires que Maeve devinait être la péine, emblème de la famille Royale des Pays de Dennes.

Les tambours accélérèrent la cadence, la ramenant à l’imminence de sa fatalité. C’est maintenant que je vais rencontrer mon fiancé. Le général Sondha posa sa main sur la sienne et lui adressa un sourire compatissant.

« Maeve Bressild, du Royaume de Bodhurie, annonça-t-on. Accompagnée Goedrikh Sondha, général des armées. »

Tous les regards se suspendirent à son entrée. Devant le trône, un homme d’âge mur au crâne dégarni qui tenait à ses derniers cheveux affichait une mine enchantée. Quelques pas derrière lui se tenaient ceux que Maeve devinaient être ses trois enfants. Odrien, Darion et Cilia.

Elle ne vit d’abord que les noisettes qui la fixaient avec intensité. Elle espéra qu’il soit Odrien, tant le brun était plus à son goût que l’autre. A ses côtés, son frère et sa sœur se ressemblaient davantage, avec leur chevelure ondulée brillante. Argentée pour lui, dorée pour elle. Et ce regard, ce bleu azur, aussi profond que les océans.

L’homme au crâne dégarni s’avança de quelques pas. Avec son embonpoint prononcé, il ne faisait aucun doute qu’il appréciait les plaisirs de la vie.

« Prince Orman Fanese, Régent de la Dennes Occidentale et Prince des Pays de Dennes » introduisit un valet.

— Accordez-moi l’honneur de vous présenter mon fils, Odrien, prince des Pays de Dennes. »

Le jeune homme aux cheveux argentés esquissa un pas. Maeve demeura interdite tandis qu’il s’inclinait devant elle. Derrière lui, son frère ne la regardait plus.

Ainsi donc, elle devait épouser cet homme aux joues émaciées. Avec son regard fuyant, il ne semblait pas plus enthousiaste. Etait-il aussi indifférent à son physique qu’elle, en cet instant ? Avec ses cheveux trop argentés, et son visage trop sec, cet Odrien ne ressemblait en rien à ce qu’elle avait imaginé d’un garçon à ses goûts. Et encore, elle aurait bien été incapable de dire ce qui l’attirait ou non chez un homme. Après tout, la question ne l’avait jamais préoccupée, et quelle que soit sa réponse, elle ne compterait plus à présent. Ce constat douloureux lui piqua le cœur. D’un coup d’œil furtif, elle guetta celui qui se tenait à la droite de son futur époux, mais le frère ne la regardait plus.

« Mon autre fils, le Prince Darion. Ministre des Sûretés de la Dennes Occidentale. »

Il la toisait d’un air si sévère qu’elle préférait encore quand il ne la regardait pas. Lui, ministre ? Les affaires du comté avaient dû finir par déteindre sur lui.

« Et ma dernière, la Princesse Cilia. »

Sous ses boucles dorées montées en une coiffure imposante, ses yeux azur avaient pris une intensité qui ne devait rien aux convenances. Celle de la prédatrice dont Maeve était la proie. Déconcertée, la jeune fille observa Cilia se plier en une longue et élégante révérence. Le message lui paraissait limpide : si personne n’avait rien eu à redire aux saluts de la Norlandaise qui s’était contentée d’incliner la tête, ce n’était visiblement pas la façon de faire ici. Et à en juger par son sourire acéré, la princesse se faisait un plaisir de le lui apprendre. Ne pas se laisser intimider. Observer, comprendre, et retenir pour la prochaine fois.

Le Régent leur annonça qu’elle allait bénéficier d’un moment privilégié pour rencontrer son fiancé autour d’un goûter. Maeve ne savait même plus ce qu’elle préférait entre mettre fin à ces introductions déstabilisantes ou se retrouver seule avec cet homme si étranger qu’elle n’avait aucune envie de connaître. Dans tous les cas, elle n’avait pas le choix. Comme depuis qu’elle avait quitté le camp. Comme depuis qu’elle avait réussi l’Aptitude, même si elle avait emprunté le chemin de la magerie avec fierté et enthousiasme. Qu’en serait-il, de ses choix à elle, prisonnière des murailles rouge de ce palais ?

Si elle peinait à sourire, elle ne put garder son masque lorsque le général Sondha lui présenta ses adieux. Elle n’avait pas pensé que c’était en lui disant au revoir qu’elle se sentirait la plus orpheline. La malheureuse avait envie de lui courir derrière, et voir les soldats arborer leurs couleurs une dernière fois. Elle aurait voulu partir avec eux, sauter sur son cheval et fuir. Mais elle savait bien qu’il était trop tard pour cela, maintenant.

 

L’entrevue avec Odrien fut à l’image de leur rencontre. Dans les longs silences interstices, Maeve aurait juré entendre le temps s’égrener. Le goûter avait été servi dans le Petit Salon, qui n’était en rien ce que son nom présageait. La grande pièce aux murs pastel était parée de banquettes soyeuses et de tables basses sur lesquels s’amoncelaient des fruits secs et friandises en tous genres. A défaut de conversation, son fiancé détaillait les spécialités locales. La princesse ne retrouvait pas dans ses bouchées les saveurs fleuries auxquelles il faisait allusion. Dans son palais, seul le goût du miel caramélisé prenait le dessus.

« Ce ne sera qu’une formalité, et quelques jours de fête qui vont s’ensuivre.

— Une formalité… Pour vous, peut-être. »

Le ventre noué, elle abandonna sa cuillère dans son assiette.

« Je n’ai pas demandé plus que vous d’être ici aujourd’hui, dit Odrien le regard perdu sur les murs pastel.

— Quand aura lieu la cérémonie ?

— Demain, au zénith.

— Je viens à peine d’arriver !

— Mon père ne voulait pas attendre.

— Je ne vous connais même pas. »

Odrien inspira.

« Mes grands-parents ne s’étaient jamais vus avant le temple. Au moins nous nous serons rencontrés avant. »

Quel était donc ce pays où l’on lorgnait les inconnus et qu’on les mariait aussi vite qu’on les rencontrait ? Au Norlande, les noces étaient avant tout une affaire de famille. De nombreux couples vivaient ensemble des années avant de s’engager, et encore, rien ne les y obligeait. Si son fiancé ne s’enthousiasmait pas de leurs épousailles, il ne semblait pas perturbé par le fait de devoir passer le restant de ses jours avec une femme qu’il ne connaissait pas ce matin encore.

 

Ce soir-là, le Norlande accapara ses esprits. Son climat plus tempéré, ses gens à la réserve réconfortante. Depuis la fenêtre de sa chambre, elle contemplait avec lassitude les allées entourées de statues qui menaient aux différents pavillons princiers. Le silence régnait dans la Cité Inviolable. Cachée du reste du Palais derrière son mur recouvert de plantes grimpantes, elle ne tolérait en son sein que les membres de la famille, leur garde rapprochée et leurs domestiques. Ceux-ci, retranchés à l’intérieur, étaient comme invisibles.

Elle n’avait pas encore le cœur à étudier les moindres détails de ses nouveaux quartiers, mais elle savait que cette étape serait nécessaire. Connaître le terrain pour mieux s’y fondre. Elle commencerait sa vie ici en appliquant les leçons de son entraînement, mais elle n’en avait pas encore la force. Maeve se laissa choir sur l’immense lit et se recroquevilla, les bras tremblants. Je le fais pour mon pays. Pourtant, cette pensée ne suffisait plus à la réconforter.

« Madame ? » s’éleva une voix depuis le couloir.

Elle prit une profonde inspiration avant de se lever pour aller ouvrir. Sur le seuil, la domestique aux yeux orange vif s’inclina. Maeve avait rarement eu l’occasion de rencontrer une autochtone, et encore moins de l’observer de si près. Avec son teint pâle et sa chevelure noir de jais, son regard était d’autant plus intense. Celle-ci se présenta comme Naouri, et lui apporta la désobligeante nouvelle qu’une visiteuse l’attendait dans son boudoir.

« La Princesse Cilia veut s’entretenir avec vous au sujet de votre tenue, pour la cérémonie. »

S’il y avait bien une question qui n’ait jamais effleuré son esprit depuis l’annonce de son mariage, c’était bien celle de sa tenue. De tous les sujets sur lesquels elle aurait voulu être consultée, celui-ci ne faisait assurément pas partie de la liste.

« J’ai sélectionné quelques robes, pour demain, dit Cilia en la parcourant du regard de la tête aux pieds. Dame Vera se chargera des ajustements dans la nuit. »

Maeve en était restée au mot « robe ». Il lui avait été suffisamment pénible d’en mettre une le matin même pour apprendre que ce mot ferait partie de son quotidien. La domestique s’approcha, les bras chargés de plusieurs vêtements si encombrants qu’ils traînaient sur son passage. Quelle horreur.

« Ce sera la verte, Naouri, sans aucun doute. »

Maeve considérait avec effarement cette future sœur encore inconnue le matin même, s’imposait dans ses propres appartements.

« Je vous attends ici, reprit la princesse en voyant Maeve incrédule. Pendant que vous essayez. »

Par les Cieux… Va-t-on enfin me laisser tranquille ?

Elle voulait en finir avec ce moment au plus vite. Elle terminerait cette séance d’essayage, et elle ne repenserait plus au mariage jusqu’à demain. Après, elle aurait toute sa vie pour s’en soucier. Et tandis qu’elle regagnait sa chambre, elle pensait au palais qu’elle s’était promis de découvrir. Elle commencerait par les jardins. Avec la nuit qui tombait peu à peu, ils lui offriraient un terrain d’exploration où elle pourrait progresser à couvert.

Naouri posa la robe sur le lit avant d’aller refermer la porte. Plutôt que de sortir, elle s’attela aux boutons qui crochetaient le dos de Maeve. Le tissu glissait le long de ses épaules. Sa peau, à nue, frissonnait d’embarras.

« Je peux le faire seule, merci. »

La robe verte était affublée d’une ribambelle de rubans opaline. Devrait-elle vraiment porter cet accoutrement ridicule ? Ce serait un entraînement, se convainquit-elle en gonflant sa poitrine. D’abord, prétendre aimer une robe. Ensuite, prétendre aimer un homme. Il fallait en passer par là.

Elle enfila le vêtement mais le buste ne tenait pas, et retombait inlassablement sous sa poitrine. Et ceux-là, comment les accrocher ? s’agaçait-elle en empoignant les ganses. Elle s’emmêla une pierre brodée dans les cheveux et capitula dès qu’elle s’en libéra. Elle finit par rappeler Naouri, qui glissa avec délicatesse les rubans les uns sous les autres dans un enchevêtrement complexe.

Cilia se réjouit du résultat et de son choix avisé en la matière.

« N’aimez-vous donc pas ?

— Je n’ai pas l’habitude de porter des robes. »

La princesse aux yeux azur la considéra d’un air surpris, avant d’afficher de nouveau son sourire si sincère et terrifiant à la fois. Elle lui assura qu’elle prendrait avec plaisir la précaution de lui envoyer ses couturières pour tout évènement qui s’y prêterait, ce dont Maeve ne pouvait que lui être reconnaissante au vu du peu d’intérêt qu’elle portait à la chose.

« Il nous reste encore quelques essais à faire. Naouri, les perles ! Il faut bien trouver autre chose que ce bracelet.

La jeune fille recouvrit son poignet d’un geste vif. Du bout des doigts, elle caressait les pierres au relief irrégulier.

« Il ne convient pas à la mode d’ici.

— J’y tiens beaucoup. »

Cilia s’approcha pour considérer le bracelet de plus près.

« Notre orfèvre en fera un assortiment de bijoux convenable, si vous y tenez tant. Il saura mettre ces pierres en valeur mieux que personne. »

Maeve avait laissé beaucoup de choses derrière elle, elle ne voulait pas se séparer de ce souvenir. Il avait appartenu à sa tante, et lui avait été offert par son frère. Ce bracelet, son seul lien avec sa famille et son pays, serait non négociable.

« Je le préfère tel qu’il est. »

Cilia la considéra gravement, soufflée par l’aplomb dont faisait à présent preuve la timide fiancée. Et bien qu’elle n’ait pas le moindre avis sur la parure à assortir avec sa tenue, Maeve commença à regarder celles que présentait Naouri.

« La dernière parure à gauche, Naouri, reprit la princesse aux boucles d’or. C’est celle-ci qu’il lui faut. »

 

Cilia avait eu beau partir, Maeve ne décolérait pas. Ainsi donc, même dans ses quartiers, les gens décideraient à sa place ? Elle étouffait. Les murs étaient tristes et vides de sens. Elle n’était pas chez elle, après tout. Ce Palais serait son tombeau. A Mirane, elle ne connaissait rien. L’appréhension de l’arrivée avait d’abord éclipsé toute curiosité. A présent, elle devait réagir. Première étape, connaître le terrain. C’est ce que le sergent aurait fait. Etudier les sentiers inconnus pour prendre la mesure de sa nouvelle cage.

Malgré la robe qui n’aidait en rien à la manœuvre, Maeve n’eut aucun mal à se hisser à la fenêtre. Elle prit le soin de vérifier que les gardes de son pavillon n’avaient pas quitté l’entrée avant de sauter à terre et se faufiler jusqu’à l’arrière de la bâtisse. Elle regagna le mur, et s’assura que les plantes grimpantes étaient suffisamment enracinées dans la pierre, avant d’escalader. Et tandis qu’elle passait de l’autre côté, elle jeta un dernier regard à la Cité Inviolable, dont le calme n’avait pas été perturbé par sa sortie.

 

Eclairés par la lumière de la lune, les jardins étaient paisibles. Seules de rares âmes s’y aventuraient, et dès que Maeve en percevait la rumeur elle se mettait à couvert. Et s’il s’agissait le plus souvent de gardes en pleine ronde, elle surprit la dispute chuchotée d’un couple entre des arbres, à l’écart du sentier. La voix féminine s’éleva, et reprocha à l’autre de passer de plus en plus de temps avec son épouse. Maeve, elle, ne savait ce qu’elle réprouvait le plus, entre le fait de laisser aller leurs sentiments dans un lieu public et l’infidélité affligeante dont elle était témoin.

Les pierres noires qui palpitèrent contre sa peau la tirèrent de ses pensées. Le bracelet… Maeve s’élança dans l’allée. Les vibrations se faisaient de plus en plus forte à mesure qu’elle progressait, et la guidaient à travers les jardins déserts. Dans les airs, elle distinguait des battements d’ailes désordonnés. Les petits corps voletaient à tue-tête vers l’avant, mais il faisait trop sombre pour distinguer quoi que ce soit de plus.

Elle arriva devant une fontaine, d’où partaient plusieurs allées encadrées d’arbustes aux formes fantaisistes. Tandis que Maeve courait autour, la main sur le poignet, les pierres s’agitaient de plus en plus avant de décroître à nouveau. La jeune fille revint sur ses pas, et s’engouffra dans l’allée où les vibrations étaient les plus fortes. Au-dessus d’elle, les chauve-souris se faisaient de plus en plus nombreuses quand tout à coup, ses jambes s’immobilisèrent. Elle avait beau vouloir avancer, elle sentit ses pieds faire demi-tour, et son corps s’éloigner. Au bout de l’allée, la fontaine pointait de nouveau.

Par les cieux, pourquoi suis-je ici ? Autour de son poignet, les pierres vibraient encore. L’allée, les chauve-souris. Elle se les remémorait comme un souvenir lointain. Elle devait faire demi-tour.

Le bracelet palpitait de plus en plus fort, les chauve-souris affluaient dans les cieux, et elle retrouvait, telle une réminiscence, le souvenir des instants précédents. Pourquoi se sentait-elle si étrange ? Elle se rapprochait du bout de l’allée quand son corps se figea. A peine parvenait-elle à balayer ses avants du regard. Sur le côté, des brindilles cédaient sous le poids d’un pied qui se voulait timide. Elle voulait tourner la tête mais son corps ne lui répondit pas.

Maeve se réveilla dans son lit. Dans sa tête, les pensées se bousculaient. Que s’est-il passé hier ? Le souvenir confus de sa sortie dans les jardins lui revenait. Les pierres… Elle s’était laissé guider par les vibrations de son bracelet, et elle était rentrée se coucher. Et pourtant, une intuition lui soufflait qu’il manquait une pièce fondamentale à ce tableau. Si elle suivait une piste, pourquoi était-elle revenue dans ses quartiers ? Pire encore, elle avait regagné la Cité Inviolable sans même y repenser. Mais devant l’urgence du jour, elle devrait revenir à cette incohérence plus tard : elle allait se marier, et son fardeau commencerait dès le lever, par la longue préparation qui l’attendait.

Si elle avait conclu avec Cilia de laisser son bracelet de côté le temps d’un jour, elle regrettait à présent de devoir s’en séparer. Aussi inexplicables qu’ils soient, les évènements de la veille lui avaient prouvé que ces pierres avaient bien plus qu’une valeur sentimentale. La phrase d’Authave lui trottait dans la tête. Oui, elles étaient puissantes, mais jusqu’à hier encore elle n’avait pas pu prendre la juste mesure de ce que son frère lui avait dit. Avec quoi résonnaient-elles ? Maeve cacha son bracelet dans ses affaires, et laissa Naouri faire son office.

La cérémonie lui parut interminable. Elle ne comprenait rien au Dennois classique, et même si une interprète lui soufflait à l’oreille les paroles de la chanson en langue commune, Maeve n’y portait qu’une oreille distraite. La maître de cérémonie chantait et dansait, célébrant l’amour qu’aucun des deux fiancés ne semblait partager. En joignant leur main, ils s’étaient touchés pour la première fois, et elle n’avait rien ressenti. Lui effleurait à peine sa peau, et ne cherchait pas à l’enlacer davantage. Elle se demandait parfois ce qu’il pensait. Elle était convaincue qu’il n’était pas fou d’elle non plus. En souffrait-il, lui aussi ? Il n’avait pas cillé de toute la cérémonie, et même quand l’interprète lui chuchota que le mariage venait d’être prononcé, Odrien garda ce sourire timide imperturbable.

 

Les convives riaient et valsaient sur des airs enjoués. Tant de verres avaient été levés en l’honneur de leurs noces… Eux demeuraient côte à côte, sans se regarder vraiment, au milieu de cette salle si heureuse de partager avec eux ces instants. Ils n’avaient pas grand-chose à se dire, si ce n’était la politesse, et un repas entier à ses côtés avait fini de la convaincre que son pressentiment de la veille était fondé. Maeve n’avait pour son époux aucune sorte d’attirance. Elle lui était toutefois reconnaissante d’avoir été plus loquace qu’elle lors de cette procession interminable de gens de la cour venus présenter leurs hommages. S’il discutait peu, au moins avait-il l’art et la manière pour parler de rien à tout le monde.

Odrien maîtrisait aussi davantage ces danses dennoises, au pas très retenus et aux gestes si codifiés. Il avait eu beau lui souffler avant la valse d’ouverture du bal qu’il serait là pour la guider, ses jambes raides peinaient à suivre le rythme de son partenaire. Sourire, se répétait-elle.

La danse lui parut interminable. Elle n’attendait que le signal de la délivrance pour disparaître de la piste et ne plus jamais y revenir. Quand la musique faiblit enfin pour annoncer la fin de la première valse, elle salua son époux aux cheveux d’argent et regagna sa chaise à la table des mariés. Son beau-père n’avait pas bougé de place depuis que le premier plateau de clagnes rôties lui avait été présenté. Comment est-il possible de manger tant ?

Elle ne prêta que peu d’attention à son époux, qui dansa les valses suivantes aux bras de femmes différentes. Il finit par regagner sa chaise, et Maeve s’exaspéra des bribes de conversation qu’elle glana des tables voisines. Non, le fait qu’il la rejoigne à sa table ne voulait pas dire qu’ils formaient un joli couple. Il suffisait de voir Odrien, avec ses épaules tournées vers la salle et ses yeux perdus dans le vague pour comprendre que même lui n’avait pas la moindre envie de se retrouver à ses côtés.

Un verre tinta à plusieurs reprises, tel un métronome qui commandait à la musique de faiblir à chaque fois qu’il battait la mesure.

« C’est l’heure ! » entonna un homme à l’allure généreuse et aux joues rouges.

Dans un joyeux hoquet, sa jambe flancha et il manqua de tomber. Dans son malheur, il n’avait pas renversé tout son verre, qu’il leva une dernière fois en l’honneur des mariés avant de le terminer d’une traite.

« En effet, c’est l’heure… » reprit son beau-père en adressant un sourire ravi aux époux.

Entre ce visage effrayant d’enthousiasme, et le fait qu’Orman avait enfin consenti à pousser son assiette, elle ne savait pas ce qui était de plus mauvais augure.

« Vive les mariés ! » clama la voix d’une femme, bientôt reprise à l’unisson par la salle entière.

Maeve cherchait quelque réponse auprès de son époux, mais ses azurs évitaient soigneusement de croiser son regard. Devant eux, la foule s’attroupait en une procession bavarde. Soudain, son équilibre flancha.

« Qu’est-ce… »

Elle n’eut pas le temps de finir sa phrase que sa chaise vacillait en l’air. Derrière elle, un autre groupe soulevait aussi Odrien, qui semblait moins ahuri qu’elle de toute cette foire. Après toute cette journée à se fendre de politesses à coups de dos courbés et de « Votre Altesse » ampoulés, elle allait devoir subir cette procession barbare.

Maeve était pétrifiée. Ses mains enserraient les accoudoirs, tandis que son cœur battait à vive allure. Elle aurait voulu sauter par terre, et mettre fin à cette mascarade. Elle savait pourtant qu’il était bien trop tard pour commettre un impair et que sa destination, tout inconnue qu’elle soit encore, pouvait bien être la dernière de sa longue journée. Elle le redoutait, même.

Les porteurs ne consentirent à les reposer qu’une fois arrivés dans une vaste chambre à la lumière tamisée par les bougies. L’odeur enivrante des fleurs lui noua le ventre, tandis que les courtisans entraient un à un dans la pièce et prenaient part autour du lit, sans la moindre gêne. A en juger par les banalités qu’échangeaient certains, Maeve commençait à redouter qu’ils ne prévoient de rester dans cette pièce plus longtemps que la décence ne l’exigeait quand le silence s’imposa enfin.

Sur le seuil de la porte, une femme vêtue de blanc portait un enfant. Les convives ne la lâchèrent pas des yeux, même lorsque les trois dames de cérémonie apparurent dans son dos et entonnèrent un chœur étrange. Sans doute encore du Dennois classique. Elle regretta de ne plus avoir son interprète. Qui étaient cette femme et cet enfant ? Et que faisaient-ils dans sa chambre ?

D’un pas élégant, la femme en blanc parcourut la chambre. Maeve l’observa, hébétée, déposer le nouveau-né sur le lit avant de se retirer de quelques pas. L’audience était pendue au moindre geste de l’enfant. Seuls résonnaient les souffles saccadés des courtisans quand soudain, l’enfant hurla. Aussitôt, les applaudissements recouvrirent ses pleurs.

« Vive les mariés ! Vive les mariés !

— Un beau cri ! Et l’enfant est bien portant. Je ne serais pas étonnée si la princesse tombait enceinte dans l’année » commenta l’une d’eux dans son dos.

Maeve se raidit de stupeur. Croyaient-ils tous qu’elle allait concevoir un héritier ce soir ? Etait-ce pour cela que cette femme et son enfant étaient là ? Depuis son départ, elle avait eu tout le temps de penser aux multiples désagréments que son changement de vie impliquerait. Ce qui lui avait semblé être un détail était à présent une urgence insoutenable.

Tandis que les convives quittaient la salle un à un, la panique ravageait ses entrailles. Elle ne voulait pas se retrouver seule avec lui. Elle n’avait rien à lui dire, et ne souhaitait pas connaître le reste. En cet instant, même sa belle-sœur Cilia aurait été une compagnie agréable. Celle-ci tenait à ne rien manquer des derniers instants publics des mariés, et ne consentit à partir qu’une fois le Régent sur le perron.

Les flammes des bougies s’affaissaient sous le poids du silence de plomb. Maeve avait la boule au ventre. Tétanisée, elle n’osait plus articuler. Ce fut Odrien qui fit le premier pas. L’instant lui sembla infini, et elle pria pour qu’il en demeure ainsi.

« Si vous me le permettez… »

Elle n’était pas prête, et elle commençait à douter qu’elle le soit un jour. Les azurs de son époux se consacraient enfin à sa personne, et elle regretta déjà qu’il lui accorde enfin telle attention. Le souffle d’Odrien glaçait ses joues. Ses lèvres tremblaient. Elle préféra fermer les yeux. Ce sera plus simple ainsi.

L’air caressa sa peau. La menace bougeait. Dans quelques instants, sa bouche devrait supporter le contact de cet époux qu’elle ne voulait pas embrasser. C’en était trop, en trop peu de temps. Elle devait le lui dire.

Ses yeux terrifiés s’ouvrirent, mais Odrien ne lui faisait plus face. La main sur la poignée, son époux avait regagné le pas de la porte.

« Passez une bonne nuit, Maeve. »

Le soulagement ne lui apporta qu’un court répit. Elle qui croyait être insensible à son époux se tenait à présent la poitrine. Son cœur hurlait. Pourquoi n’était-elle pas soulagée de le voir partir ainsi ? Elle repensait au sourire distant de son époux, à l’ennui de leur conversation. L’abandonnerait-il à son sort maintenant que les noces étaient célébrées ? La jeune fille se laissa choir sur le lit, incapable de retenir les angoisses qu’elle avait reflouées depuis son départ. Le long de ses joues, les larmes ruisselaient.

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Talsa
Posté le 13/05/2022
Trois chapitres qui se lisent de manière très fluide.
Je me suis un peu perdue (comme Maeve) entre les noms des pays et de leurs dirigeants mais je crois que je vais réussir à suivre. Il existe une carte quelque part pour mieux visualiser ?
Hylla
Posté le 13/05/2022
Il faut que je prenne le temps de la mettre en ligne, oui... Et trouver un endroit où je peux la "mettre" pour renvoyer un lien depuis PA. C'est une demande qui revient assez souvent en plus, honte à moi ><
Morgane64
Posté le 29/01/2021
J'ai plaisir à continuer ce récit. Je ne te laisse pas de remarques, puisque tu dis être en réécriture. Enfin si, une. Il me semble que la première phrase avec le "nous" devrait être écrite autrement. à moins que tu ne veuilles que ce soit récurrent et à ce moment l'introduire dès le début. Là, on est un peur surpris.
Ceci dit, en y réfléchissant, tu pourrais en faire une ouverture à chaque chapitre, comme un conteur à un public. C'est juste une idée.
Je continuerai, il me tarde de lire la suite.
Hylla
Posté le 30/01/2021
Tu as absolument raison pour cette première formulation, en effet. Au début, j'avais pensé écrire Souffleurs d'Histoire à la manière de conteurs qui déclamaient le roman, mais je n'ai jamais réussi à "écrire" ce narrateur. Ces premiers chapitres contiennent encore quelques malheureux essais, mais peu à peu j'ai découvert la voix du narrateur, et beaucoup plus focalisé tout sur Maeve !

Merci pour ton commentaire :)
sifriane
Posté le 04/01/2021
Salut
Ton histoire me plait bien, il promet pleins de rebondissements. Je plussoie les autres commentaires, ce chapitre est un peu expédié, pourtant je crois qu'il devrait simplement être retravaillé, c'est un chouette moment de complicité entre Maeve et son frère, en plus j'ai l'impression qu'ils ne vont pas se revoir avant longtemps. Enfin ce n'est que mon avis
Hylla
Posté le 04/01/2021
Salut Sifriane, et merci ! C'est vrai que plus j'y pense et plus je reviens sur ce que je pensais avant où je questionnais un peu son utilité. Mais la base est là, et je le renforcerai en réécriture :) c'est important, ces moments au Norlande, donc au contraire je vais prendre le temps de bien les étoffer.
Prudence
Posté le 04/12/2020
Mon commentaire va peut-être te surprendre, mais j'ai vraiment aimé ce chapitre. Je l'ai trouvé intriguant. Le dialogue entre Maeve et son frère est intéressant et la révélation du frère d'autant plus. Après, peut-être que ce chapitre ne s'impose pas assez, si tu vois ce que je veux dire. Un peu timide, survolé. Il gagnerait, je pense, à être développé. Je trouve que tu ne nous imposes pas assez ses révélations et le poids qu'elles ont dans le roman. En remaniant la structure, en ajoutant des détails, en développant, je crois que le chapitre deviendrait plus solide, et on serait moins tenté de le décréter "moins bon" que les précédents. XD
En tout cas, là n'est que mon avis. J'ai trouvé ce chapitre dynamique et le petit frère de Maeve fort attachant !!

A plus tard pour la suite ! ^^
Hylla
Posté le 04/12/2020
Merci beaucoup pour ce commentaire Prudence, qui me fait très plaisir ! C'est vrai que je me demande souvent quel est l'équilibre à trouver pour celui-ci : le détailler et rythmer davantage, rajouter de l'émotion, ou tout simplement "l'absorber" avec celui d'avant ? Plus le temps passe et plus je me dis que c'est quand même bien que Maeve passe du temps à la Citadelle avant son départ. Ton commentaire me réconforte en ce sens ! Et il me donne de vraies pistes pour retravailler ;) merci merciii
Sinead
Posté le 11/11/2020
Bonjour,

On sent que tu as un peu de mal avec les dialogues et tu semble t'en agacer aussi lorsque tu écris " je ne sais pas ce que tu essaies de me dire mais arrête de tourner autour du pot ! ", j'ai exactement le même problème ;)
Hylla
Posté le 11/11/2020
Olala, oui et ce chapitre en particulier m'a donné beaucoup de fil à retordre et en l'état, est loin d'être abouti. Au bout d'un moment j'ai lâché prise et avancé sur la suite. J'ai essayé de travailler différemment les dialogues, et un peu tout d'ailleurs. Le chapitre 3 fait clairement tâche dans tout ça ! A l'ordre du jour pour la réécriture...
Pandasama
Posté le 08/11/2020
Bonjour !

J’aime beaucoup ton histoire, mais effectivement, ce chapitre est un peu moins bien que les deux premiers. Disons qu’il donne l’impression d’avoir été expédié. La révélation du petit frère tombe un peu comme un cheveu dans la soupe. Je suppose que ça aura son importance dans la suite de l’histoire, c’est pour cela que tu l’as mise. On passe aussi très vite sur ses sentiments face à cette nouvelle qui bouleverse totalement sa vie.
Hylla
Posté le 08/11/2020
Ahhhh je ne peux qu'être d'accord avec toi Pandasama ! J'ai eu beaucoup de mal à écrire ce chapitre, et à l'époque, je n'ai pas réussi à le reprendre de façon convenable. Je l'ai laissé en l'état car je sentais que la suite me venait plus que ce passage... Il sera probablement supprimé purement, quelques éléments seront intégrés au précédent qui sera aussi totalement réécrit !

J'essaierai de ne plus vous infliger à l'avenir, promis....
Pandasama
Posté le 08/11/2020
Contrairement a ce que tu sembles penser c'est pas horrible, juste un poil maladroit surtout en comparaison a ce qu'il y a avant et ensuite.
Hylla
Posté le 08/11/2020
Merci :) j'ai tendance à être très dure avec ce que j'écris ... Ce qui est sûr, c'est qu'à ce moment du projet, je buttais beaucoup sur les dialogues (non pas que ce soit très accessible aujourd'hui mais je me penche sur le problème bien plus), et je n'avais pas encore trouvé la bonne voix pour mon narrateur. Le rendu est maladroit, le ressenti de Maeve n'est pas autant exploité que la situation ne l'exigerait, et de façon générale ce chapitre manque un peu d'enjeu ! C'est pour cela que je pensais peut-être faire des chapitres 2 et 3 un gros chapitre sur le Norlande et permettre à l'histoire d'avancer sur les lieux du roman dès le chapitre 3 ... A voir en réécriture :)
Pandasama
Posté le 08/11/2020
Pas bête, j'aime bien cette idée. Après faut voir ce que ça donne à l'écriture... De toute façon faut tester pour voir !
Alice_Lath
Posté le 02/11/2020
Mmmh, je ne sais pas si ça vient de ce que tu as annoncé en début de chapitre ou non, mais je l'ai trouvé en effet moins réussi que ce que j'ai lu au début de l'histoire. Le dialogue avec Authave fait assez artificiel, et je trouve qu'on manque un peu d'informations pour appréhender le tout, comprendre les impacts de ce qu'ils disent, notamment par rapport au test d'aptitude
Bref, je m'en vais découvrir la suite haha, je sens que Maeve risque fort de devenir une fiancée pour le moins... remuante ? Hahahahaha et c'est comme ça que je l'apprécie
Hylla
Posté le 02/11/2020
300% correct pour ce chapitre ! Je ne manque pas de qualificatifs honteux pour le décrire. Et surtout, je ne pense pas qu'il soit essentiel à mon histoire, il fait trop stagnant et comme tu dis, superficiel. J'ai tellement voulu montrer ce qu'était sa vie là-bas avant que sa vie ne commence à changer que j'ai tâtonné avec beaucoup d'hésitations sur son passage au Norlande ... Et ce chapitre reflète bien le manque de direction que j'avais en l'écrivant. Ecrire pour écrire de la transition n'amène rien de bon, je suis contente que tu ne te sois pas arrêtée à ce chapitre, et j'espère que tu trouveras dans la suite de meilleures promesses qu'ici
heloise_m
Posté le 11/10/2020
Salut !

Je reviens pour la suite, comme promis !

Globalement, je suis d'accord avec les autres commentaires, autant pour ce chapitre que pour le précédent.

J'ajouterais ceci cependant : les deux derniers paragraphes, où Maeve fait le deuil de sa précédente vie, sont très intéressants. Mais on ne ressent pas assez sa peine, ni son attachement à ces lieux et aux souvenirs qu'elle y a eu. Les lieux sont très rapidement cités, sans aucune description ni aucun détail. La seule information que l'on a sur eux est le fait que Maeve est triste de les quitter. Impossible toutefois de nous-même ressentir sa peine lorsque les lieux ne sont que cités.

Bien sûr, quelques descriptions aideraient à nous forger une meilleure image de ces lieux, mais cela ne nous permettrait quand même pas de comprendre l'attachement qu'a Maeve pour eux. Il serait peut-être intéressant de lui faire revivre quelques souvenirs précieux qu'elle a eu à la fontaine ou au préau, pour mieux comprendre à quel point ils sont précieux pour Maeve.

À part ça, pas grand-chose de plus à ajouter. L'histoire est très prenante et, malgré quelques maladresses ici et là, la narration est très fluide et agréable à lire.

Je te dis donc à la prochaine pour la suite :)
Hylla
Posté le 11/10/2020
Salut Héloïse ! Ca me fait plaisir de te retrouver ici. Ce que tu pointes est très juste. Si j'ai pris le parti de revenir sur ce début une fois la fin de cette version écrite, j'ai prévu d'y modifier plusieurs choses. (D'ailleurs ça me turlupine tout le temps car je me dis que pour une nouvelle lectrice, ce serait mieux qu'il soit repris plus tôt ... Mais je n'arrive pas à écrire la suite en modifiant ce début, je n'arrive plus non plus à faire une vraie modification ici car je l'ai trop en tête. Avec du recul ça ira mieux, wait & see...)

En tout cas ce début n'est pas assez vivant. Déjà, car je ne prends pas assez le temps de laisser la vie vivre autour de l'histoire, surtout dans ces trois premiers chapitres. Ensuite car je n'ai pas décrit assez les lieux, les personnages...

Je vais aussi faire un lien avec ton commentaire d'après, mais je pense aussi que la voix narrative m'est venue de façon plus précise après, et que je dois bien davantage faire vivre ces moments dans le Norlande à travers les yeux de Maeve, comme tu le dis. Et que du coup aussi, mes apostrophes au lecteur se justifient moins avec la nouvelle voix du narrateur...

Je risque peut-être de fusionner les chapitres 2 et 3 pour leur substance, mais de davantage les installer dans le Norlande. Après tout, comme tu as pu le voir, Norlande et Pays de Dennes sont très différents. Ce serait mieux compris si le Norlande était mieux retranscrit. Et puis ce serait mieux pour comprendre qui est Maeve. Bien qu'elle soit petite-fille de gouverneur, elle n'a pas grandi comme une noble comme le font les princes de Dennes, et j'ai bien conscience que ce genre de détails n'est pas suffisamment bien passé.

Merci pour ton commentaire, je vais essayer comme tu le suggères de partir davantage du niveau de développement de la fin pour "ralentir" le rythme du reste du chapitre et planter mieux le décor ;)
heloise_m
Posté le 11/10/2020
Salut Hylla !

Je comprends parfaitement ton dilemme. Tu as bien raison de laisser ce chapitre "reposer" avant de le reprendre, ça te permettra d'avoir les idées plus claires quant à ce que tu souhaites faire et à la manière dont tu souhaites mettre les choses en place.

Mettre une voix narrative extérieure n'est pas nécessairement une mauvaise idée mais, comme tu l'as soulevé, tu en es encore aux tatonnements donc il est normal que les premiers essais ne soient pas parfaitement réussis. Avec le temps et l'expérience, tu finiras par y arriver, je n'ai aucun doute là dessus :)

Malgré tous les commentaires que les lecteurs peuvent laisser, n'oublies quand même pas que c'est TON histoire et qu'il est important que tu fasses les choses à ta manière. Si modifications il y a à faire, il faut qu'elles te conviennent et que tu en sois satisfaite. Après tout, écrire pour soi est au moins tout aussi important qu'écrire pour les autres :)
Hylla
Posté le 11/10/2020
Ahhh oui ne t'en fais pas Héloïse, je garderai toujours la main sur mon histoire :) pour ce qui est du début, prendre le temps d'immerger un peu mieux le lecteur dans les yeux de Maeve à la Citadelle et plus tard, la question du Nimbe sont vraiment les deux points qui ont été soulignés la plupart du temps. Sur ces détails, je préfère écouter, et me dire que je n'ai pas encore retranscrit au mieux l'univers dans lequel je veux vous immerger. Sur d'autres, je prends note mais je ne l'intègre pas systématiquement. Parfois ce sont de bonnes suggestions, parfois j'ai des éléments ultérieurs en tête qui me font me dire que mouahahaha rien ne changera !!
EryBlack
Posté le 13/08/2020
Coucou, me revoilà !
C'est un chapitre de transition, pas de doute : je suis comme toi, j'ai toujours du mal avec ceux-là. Après bien des galères, j'ai décidé que je ne m'embêterai plus : si la transition est trop difficile à raconter et à rendre intéressante, je ne la raconte pas, je fais une ellipse et je passe à la suite. Mais ça ne veut pas dire qu'il faut abandonner ce chapitre, évidemment ^^
Les points nouveaux pour moi sont le bracelet, la réaction de Maeve face au mariage (sa colère est intéressante) et un truc qui passe un peu inaperçu mais que j'ai trouvé très important : "Elle se doutait que, en l’absence de son père, cette dernière n’avait pas dû y aller de main morte pour persuader le Gouverneur de ce mariage absurde." Je trouve le fait trop important pour être expédié en une phrase : est-ce vraiment la belle-mère de Maeve qui a convaincu Perrhé du mariage ? Ça me déçoit un peu par rapport au personnage du grand-père, car il avait l'air plutôt droit dans ses bottes et de savoir ce qu'il faisait (même si c'est pas cool pour sa petite-fille, évidemment, d'un point de vue stratégique ça se défend). Alors apprendre que c'est peut-être juste la "méchante belle-mère" qui est intervenue là-dessus... Dommage, mais bon, il faut voir, on ne connaît pas du tout ce personnage encore !

Concernant le bracelet, j'ai pensé à quelque chose. Rachael te dit dans son commentaire que la conversation qui tourne autour semble vite expédiée. Peut-être serait-il judicieux de placer le bracelet au chapitre précédent, lorsque le frère et la soeur se retrouvent ? De cette façon, Maeve aurait l'esprit plus libre pour lui poser des questions. Et du coup, dans cette conversation, tu pourrais montrer essentiellement l'attachement qu'ils ont l'un pour l'autre... Mais ça aussi, c'est faisable au chapitre précédent.
Zut, alors, je me rends compte que mon commentaire commence à sonner comme "ce chapitre ne sert à rien", alors que c'est pas ce que je voulais dire à la base :'D Mais tu vois, je trouve ça pertinent de s'interroger sur les infos que tu transmets à chaque chapitre et de voir comment les organiser. Là, en effet, on sent que tu veux surtout nous amener à la suite, alors après tout pourquoi ne pas le faire ? Qu'est-ce qui est essentiel et quelles sont les différentes façons d'organiser cet essentiel ?
Voilà, ce sont des questions un peu vastes et qui remettent peut-être beaucoup de choses en question, mais j'ai l'espoir que ça pourra te débloquer sur certaines choses et te permettre d'écrire ces moments auxquels tu veux nous amener :)

J'attends la suite avec impatience ! À bientôt j'espère :D

Les petites choses relevées au fil du texte :
-"la nouvelle que nous venons de relater" > C'est la première fois qu'on rencontre ce "nous" narrateur. Je te le fais remarquer non pas pour que tu l'enlèves, mais pour que tu prennes le temps d'y réfléchir par souci de cohérence. Qui est ce "nous" ? (Bon, tu n'es pas obligée de savoir exactement) Est-ce qu'on retrouvera ce genre de formulation plus tard ? Ou bien était-ce juste une manière de tourner ta phrase ?
-"Elle avait dû mal à y croire." > du
-"l’enervait" > l'énervait
-"fuir devant ses responsabilités, si injustes soient-elles." > la formulation me paraît bancale : peut-on vraiment dire que les responsabilités sont injustes ? C'est plutôt la situation ou la décision de son grand-père qui le sont.
-"Il semblait attraper des mots que d’une inspiration, il avalait en suivant." > la phrase n'est pas claire.
- À propos des prénoms : j'ai vu dans une réponse à un commentaire que tu avais eu du mal à les trouver, donc je me sens un peu gênée de te faire la remarque, mais j'ai du mal avec certains. J'adore Maeve, Perrhé : ils sonnent personnels et spéciaux. Mais Anh-Lise et Fosthine me font un effet bizarre, car ce sont des prénoms qui existent dans notre pays, avec juste une orthographe différente. C'est très subjectif, donc vraiment n'en tiens pas compte si tu es sûre de toi, je m'y ferai ^^ mais juste pour donner un exemple, je crois que je préférerais des prénoms qui s'approchent de prénoms connus, mais sans être exactement les mêmes, style : Fostha, Fosthi, Osthine... Anh-Li, Anh-Ise... Je sais pas, je cherche xD Mais voilà, je voulais quand même te le dire.
Hylla
Posté le 13/08/2020
Salut Ery ! Merci beaucoup d'avoir pris le temps de passer sur ce chapitre ! En plus quand j'ai vu la notification, à l'intérieur de mon cerveau s'est produit un son un peu similaire à "itchhhh...." car oui, tu as compris le problème de ce chapitre. C'est un chapitre de transition, j'ai du mal avec les transitions, elles sont d'ailleurs en effet souvent non nécessaires à faire l'objet d'un chapitre. Et j'ai eu beaucoup de mal à l'écrire car... il ne me venait pas. J'ai voulu le rendre moins plat en ajoutant ces détails qui de toute façon devait apparaître dans le début... Mais ta remarque coule vraiment de source ! Je n'y avais pas du tout pensé à cette histoire de bracelet avant. Et, en te lisant, d'emblée, je me dis que c'est vraiment judicieux. Ca me permet de conserver ces éléments malgré tout. Je vais garder bien précieusement en tête cet avis. Je réécrirai ce début plus tard comme je te disais, j'ai besoin de recul pour vraiment ne pas hésiter à revenir dessus sans m'en tenir à des petites modifications. Donc merci !

Quant à la remarque sur Anh-Lise, enfin la remarque 1, j'entends ta remarque, et elle me fait penser que oui, en expédiant certaines infos rapidement, elles peuvent être mal retranscrites et comprises. J'imaginais que si le père de Maeve (qui s'appellera Franh, spoiler) avait été là les jours où ces choses-là se seraient décidées, il se serait opposé à une décision de la sorte, qui en effet vient à 100% de Perrhé. Et crois-moi, Perrhé ne tolère pas que quelqu'un, qui en plus n'est pas la chair de son sang, essaie d'être décisionnaire sur quelque chose qui ne lui revient pas. Disons que je m'imaginais que ça ne dérangeait pas Anh-Lise du tout, et que donc, elle n'a pas vraiment été l'avocate de Maeve sur ce coup-là.

Mais encore une fois, nous rentrons dans du blabla de transition, et cette partie-là est encore plus du blabla de transition que le reste. Il y a quelque chose à bien reprendre dans tout ça, je rajoute cette mission sur la montagne qui s'accumule :D

Les prénoms: très bonne idée. Je te demanderai officiellement la permission si je m'en inspire, Fostha et Anh-Li sont très bien. Comme ce sont des personnages très très très secondaires, je n'avais pas vraiment pris beaucoup de temps à créer leurs prénoms... Car parfois c'est laborieux ! Comme tout: ce qu'on travaille pas à la même mesure... se ressent de façon amplifiée chez le lecteur. Grande graaaande leçon de la confrontation de mes écrits à mes lecteurs

Dernier point: "la nouvelle que nous venons de relater"
Je pense que je devrais faire une apostrophe similaire au lecteur plus en amont pour donner le ton. Sans que ce soit une technique récurrente, j'aime que le narrateur prenne parfois à partie le lecteur, briser le mur du raconteur d'histoire pour parfois faire des petites phrases narratives plus conversationnelles entre le lecteur et l'auteur.
EryBlack
Posté le 14/08/2020
Ton cerveau frémit en voyant mes commentaires ? xD Désoléééée
Plus sérieusement, je suis vraiment contente, j'ai l'impression qu'on est sur la même longueur d'onde en matière d'écriture et que, donc, mes commentaires vont sans doute t'être utiles, ça me fait hyper plaisir.
Je comprends tellement ce que tu racontes par rapport à l'écriture de ce chapitre qui "ne venait pas", c'est exactement ce qui m'a amené à la décision de ne plus me laisser embêter par les transitions. Ça a mis très longtemps avant que j'en arrive à me dire ça, c'était pénible !
Je comprends mieux ce qui s'est passé par rapport à la belle-mère. C'est moins important que ce que je pensais dans ce cas, l'important étant plutôt que le père de Maeve l'aurait défendue, ça donne déjà des infos sur le bonhomme même avant qu'on le rencontre ^^ J'aime beaucoup son prénom aussi ! D'ailleurs, bien sûr, c'était des idées comme ça mais si elles te plaisent, fonce ! Ravie d'avoir pu donner un coup de main là-dessus :D C'est vrai que c'est laborieux.
Ouiii c'est super chouette ce genre de narration ! Ça peut être vraiment drôle ou saisissant, donc bonne idée.

J'ai hâte de lire la suite maintenant :DDD
Hylla
Posté le 16/08/2020
J'ai hâte que tu puisses la lire aussi :D ahaha
Rachael
Posté le 09/08/2020
Après mon commentaire précédent, je ne vais pas te surprendre si je te dis que tu as une bonne ossature dans ce petit chapitre, mais qu’il me semble manquer certaines choses. Il y a des choses qui vont vite pour moi dans ce chapitre, ou qui sont à peine esquissées. Maeve a très peu de réactions devant les révélations de son petit frère et aussi devant le don de ce bracelet magique. Qu’est-ce qu’elle pense de tout ça ? C’est comme s’il manquait la fin de ce dialogue avec son frère. On a aussi l’impression que tu expédies la fin (deux derniers paragraphes), pour vite nous amener à la suite. Je pense que tu n’as pas besoin de le faire maintenant, mais que ce chapitre aura besoin d’être un peu complété pour qu’on sente mieux le déchirement de ce départ.
Concernant les dialogues, puisque ce chapitre est majoritairement à base du dialogue entre Maeve et son frère, là aussi je les trouve un peu trop « expédiés » dans le sens où ils sont très dépouillés, on manque de quelques indications scéniques, de quelques descriptions des observations, sensations ou sentiments de Maeve.
Par exemple quand Maeve dit « Tu as triché à ton test d’Aptitude ? » , eh bien j’aurai aimé savoir si son frère avait un air coupable, repentant ou plutôt malicieux, bravache. J’aurais aimé savoir aussi ce que Maeve en pensait : est-elle vraiment horrifiée, ou choquée ou amusée, ou autre ? Ce manque d’observations de la part de Maeve semble nous dire qu’elle est froide et ne s’intéresse qu’à elle-même, ce qui est d’ailleurs renforcé par le fait qu’elle change de sujet pour revenir à elle-même et à son mariage. Je ne sais pas si c’est ce que tu as cherché à faire, mais disons que je la trouve vraiment peu intéressée par son frère (alors que tu nous le dépeints comme vraiment intéressant, au contraire).
Bon courage pour la suite !

Détails
Y penser l’agaçait encore davantage : agacer me parait bien faible, ici. C’est bien plus que de l’agacement qu’elle ressent, non ?
si cette mascarade s’arrêterait un jour : pourquoi mascarade ? je ne comprends pas trop
La tête ombragée pointait sur la robe : l’ombre de sa tête plutôt ?
avant de claquer la porte d’une violence inouïe : avec une violence inouïe ?
de se perdre à nouveau dans ces esprits : je ne comprends pas bien, tu veux dire qu’elle est perdue dans ses réflexions, dans ses souvenirs ? ou quelque chose de ce genre ?
La petite Fosthine avait beaucoup grandi : une petite indication sur son âge ? de même j’aurais aimé savoir l’âge de son frère, que j’ai eu du mal à cerner.
Le garçon prit la moue : fit la/une moue ?
Hylla
Posté le 09/08/2020
En effet Rachael, je n'ai aucun mal à comprendre cette remarque. Ce chapitre m'échappe beaucoup, j'ai du mal avec les passages de transition. Il est nécessaire, on ne peut pas passer de l'annonce au départ, non, mais j'ai beaucoup de mal à trouver la substance sur laquelle il va vraiment reposer. Je l'ai volontairement publié en l'état car j'avais besoin de retours comme le tien pour comprendre mieux quel était le problème.

Je ne dis pas que je l'ai compris, non ! Mais au vu des commentaires sur les chapitres 2 et 3, je pense qu'il est important que je reprenne bien mes dialogues, que je travaille davantage la restitution des réactions émotionnelles aux dialogues et aux évènements et que je lisse davantage la relation Maeve - Authave où en effet tu as totalement raison, Maeve est attachée à lui et, si elle peut être maladroite vu la situation, elle n'a pas un fond mauvais ou égocentré.
Zoju
Posté le 11/07/2020
Salut ! J'ai préféré les dialogues de ce chapitre à ceux du chapitre précédent, même si personnellement je trouve que des descriptions sur les tons employés apporteraient une meilleure idée de la scène. (Je sais, j'insiste beaucoup). Pour le reste, je rejoint l'avis de MariKy sur le comportement de Maeve face au bracelet de sa tante. Après, on peut comprendre que en vue de sa propre situation elle était préoccupée par autre chose. Je trouve le dernier paragraphe assez court. Il est bien et agréable à lire, mais j'ai eu un peu un goût de trop peu. Il tombe un peu étrangement après le dialogue entre le frère et la sœur et est assez expéditif pour relater les derniers jours. Je pense que tu souhaite rapidement embrayer sur son départ pour son mariage. J'ai dû mal à trouver les mots pour dire ce que je ressent, mais il faudrait que je lise la suite pour me faire une meilleure idée. En tout cas, hâte de lire la suite ! Courage !
Hylla
Posté le 12/07/2020
Ahhaha mais tu sais que quand j'ai écrit ce dialogue j'ai déjà trouvé la phase d'écriture plus naturelle que la dernière fois et je me suis dit: Zoju sera fière de moi XD Clairement je prends tes conseils car tu maîtrises ça très bien.

Et pour le dernier paragraphe, je ne suis pas étonnée... J'avais prévu d'en faire une partie plus substantielle et au moment de l'écriture en effet je n'avais pas vraiment d'impulsion ou de scène à donner à tout ça à proprement parler, et j'ai été vite en besogne. Oui, tu as tout compris, si je tiens à bien travailler ce début mon moi intérieur sautille à l'idée de commencer à rentrer dans le vif du sujet !!! Ce chapitre-ci je l'ai publié plus vite que d'autres par rapport à sa conception car il y avait un petit quelque chose qui me manquait que je n'arrivais pas à saisir, et que je me suis dit que vous le faire lire allait sûrement me débloquer ce petit quelque chose. Je vais plancher sur tout ça :D

Merci beaucoup ;)
Zoju
Posté le 12/07/2020
Je te comprends, quand il y a une scène que tu veux écrire, mais qu’elle n’est pas pour tout de suite on a envie d’y être directement. C’est parfois dur de se réfréner. Pour les dialogues, cela me fait plaisir ce que tu me dis. Toutefois, j’ai encore beaucoup à apprendre. :-)
MariKy
Posté le 11/07/2020
Un chapitre très court, qui en révèle un peu plus sur le petit frère. Attention au début du dialogue, tu ne dis pas qui vient d’entrer et, même si on le devine, je pense qu’il faudrait indiquer son nom. Par exemple, quand Maeve dit « Je ne suis pas d’humeur. » juste ajouter «Je ne suis pas d’humeur, Authave. »
J’ai été agréablement surprise par le secret d’Authave, qui cache sa magie pour ressembler à son père. Ça permet la fois de parler du système de magie, du passé des parents, et du caractère du peit frère. Bien trouvé ! J’ai trouvé que Maeve se faisait peut-être un peu vite à l’idée, elle aurait pu gronder davantage son frère, ou se pencher sur cette histoire de bijou, qui a l’air mystérieux.

Sur la forme, deux coquilles :
« Fuir devant ses responsabilités, si injustes soient-elles, ne faisaient pas partie de ses gènes » = ne faisait
« Ça ne t’est donc jamais arrivé d’arranger un peu les choses si ça te mène à quelque chose de mieux. » = il manque un point d’interrogation
Hylla
Posté le 12/07/2020
Oupsssss pour les coquilles............ merci !!

Je vais retravailler tout ce dialogue. J'en reviens à mon commentaire précédent: sûrement que je dois refaire un peu de travail sur Maeve pour que certaines réactions me paraissent plus naturelles et moins expéditives parfois :)

Merci pour ta lecture attentive !
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