Chapitre 3 : La foire aux esclaves.
Quand la brune se fut lavée, elle rejoignit le maître qui lui tendait une grande serviette de bain. Le trentenaire squelettique fut à son tour envoyé à la douche, mais monsieur Lespar se désintéressa rapidement de ce spectacle-là. Il reporta son attention sur sa page, se contentant de jeter de rapides coups d’œil à l’homme, pianotant en même temps sur le rectangle de lumière qui flottait devant son visage.
Thibault, lui, eut d’abord du mal à détacher son regard du corps ravagé. Quand il revint enfin à la brune, elle s’était déjà changée. Elle arborait à présent une robe de couleur marron au décolleté plongeant et dont le tissu s’arrêtait juste sous la fesse, mais cela ne semblait pas la perturber.
Ce fut ensuite le tour du gamin aux yeux vairons de pénétrer dans la « cabine ». Il se déshabilla sans la moindre gêne mais Thibault fut horrifié en découvrant son corps. À l’image du cocard sur son visage, les membres, le torse et le dos du petit étaient couverts d’ecchymoses. Il se précipita sous le jet et se hâta de boire, trop heureux de pouvoir enfin le faire à satiété. Et encore… Il était le seul à avoir eu droit à un verre d’eau au cours de la route.
Le maître, lui, fronçait les sourcils en détaillant le gamin. Quelque chose semblait lui déplaire. Les bleus sur son corps, sans doute. Il était peut-être inquiet à l’idée de ne pas pouvoir en tirer autant d’argent qu’il l’avait espéré.
Après le gamin, ce fut le petit vieux. Il y avait quelque chose d’encore plus malséant à le voir se dénuder lui que les autres. À cet âge… Thibault songea que, esclave ou non, un vieux monsieur méritait un minimum de respect et il se détourna de la cabine de douche. Les deux garçons déjà propres avaient entretemps été vêtus de short leur arrivant à mi-cuisse et de maillots de corps trop grands, laissant largement apparaître les clavicules de l’un et les hématomes de l’autre. Après un bref coup d’œil dans leur direction, le maître sélectionna un nouveau haut dans son armoire, plus large et plus couvrant, et le tendit au gamin sans prononcer le moindre mot. Son précédent vêtement alla au petit vieux qui l’enfila gauchement. Le ventre proéminant de l’homme tirait sur les fines bretelles et le tissu laissait apparaître un bourrelet disgracieux au-dessus du short, qui lui-même moulait bien trop la partie inférieure de son corps… Ses joues prirent une teinte pourpre lorsqu’il baissa les yeux sur sa tenue.
Le maître fit ensuite signe à la rouquine. Thibault lui jeta un regard désolé et s’aperçut alors qu’elle était en larmes.
— Même chose que ta copine ma chérie, la pudeur ne te mènera pas loin. Allez, dépêche-toi de te déshabiller, ou c’est moi qui le fais.
Thibault baissa les yeux. Pendant une seconde, il imagina que c’était Lison, là, obligée de se dénuder devant un groupe d’inconnus. Il eut un pincement au cœur. C’était vraiment dégueulasse de forcer quelqu’un à une situation pareille, d’autant que la jeune fille tremblait de tout son corps, visiblement proche de céder à une crise d’angoisse.
Au bout d’un moment pourtant, elle s’obligea à obéir au maître et trottina vers la douche. Ce dernier se leva alors et vint s’arrêter à un mètre d’elle, observant avec une attention soutenue chacun des gestes qu’elle faisait, lui murmurant de petits commentaires désobligeants. L’homme prit ensuite tout son temps pour lui sélectionner une tenue, ravi de la laisser s’exposer plus longtemps que nécessaire à la vue des autres. Il finit par lui tendre une petite jupe et une sorte de brassière qui paraissait beaucoup trop étroite pour elle. Elle l’enfila difficilement et fut secouée de sanglots. Thibault sentit son cœur se fendre un peu en la regardant. Même la grande brune avait eu droit à plus de tissu pour se couvrir…
— Allez beau gosse, c’est ton tour.
Le garçon affronta un instant son regard, puis défit les boutons de sa chemise, la laissant tomber au sol. Il n’était pas particulièrement fier de son corps. Il s’était toujours comparé à Donovan, qu’il voyait comme une version bien plus séduisante de lui-même, mais après le défilé auquel il venait d’assister, ses complexes avaient quasiment disparus. Il se dirigea vers la douche sous le regard amusé du maître. Il n’avait pas regardé les autres garçons se laver avec tant d’attention, mais Thibault bénéficiait apparemment d’un « traitement de faveur ».
Quand il sentit l’eau glaciale lui couler dessus, son premier réflexe fut d’ouvrir la bouche. Il laissa la cascade envelopper son corps entier, avalant petit à petit de fraîches gorgées. Cela faisait un bien fou. S’il s’était écouté, il serait resté là pendant des heures. Il était indifférent au fait d’avoir un public, mais comme c’était au risque de prendre une nouvelle décharge, il finit par regarder derrière lui et découvrit que le maître l’attendait avec une serviette de bain. Il avala quelques dernières gorgées et coupa le robinet.
Quand il se fut séché, le maître, un nouveau large sourire aux lèvres, lui tendit une unique pièce de tissu. S’efforçant de ne pas avoir l’air trop surpris, Thibault s’en saisit. C’était une sorte de pagne. Il le passa autour de sa taille. C’était court. Il essaya de l’ajuster, de le faire descendre un peu, mais le maître lui attrapa les poignets.
— C’est parfait comme ça, beau gosse.
Puis il éclata de rire devant la mine désabusée de Thibault et se tourna vers le reste de ses esclaves, faisant rebondir ses boucles blondes.
— Bien, je vais tous vous redonner quelques heures, pour que vous puissiez dormir en paix. Demain matin, je vous présenterai à la foire ! Si vous vous tenez tranquilles d’ici là, vous aurez aussi droit à un bon petit-déjeuner. La foire du printemps est un événement spécial, il n’y a pas de raison pour que vous n’en profitiez pas vous aussi.
Il fit quelques pas et déposa une page sur la table installée dans la tente.
— Quand j’arriverai demain, je m’attends à vous retrouver sagement assis autour de cette table. Si l’un d’entre vous tente de s’enfuir pendant la nuit, je vous préviens que tout le monde en paiera le prix. C’est clair ? Et n’essayez pas d’utiliser la page, elle est protégée par un code. Elle est seulement là pour que vous soyez réveillés à l’heure.
Il remonta méthodiquement le collier de chacun et leur adressa un vif signe de la main :
— Sur ce, bonne nuit les enfants !
Quand il eut disparu, la rouquine fut la première à réagir. Elle courut vers le matelas le plus proche, arracha le drap qui le recouvrait, puis se cacha dessous et éclata en sanglots. Thibault se sentit de nouveau désolé pour elle, mais il était conscient de son impuissance à lui apporter la moindre parole de réconfort. Dépité, il approcha de nouveau la cabine de douche et ouvrit le robinet pour se désaltérer un peu plus. Quand il eut terminé, il s’aperçut que le gamin aux yeux vairons attendait poliment derrière lui. Thibault s’éloigna et se laissa tomber sur l’un des dix matelas de la pièce. Il se sentit aussitôt somnolent. Il avait faim, mais à cet instant, il était épuisé plus que toute autre chose. Il tourna sur lui-même, à la recherche d’une position plus confortable, et son cœur manqua un battement. Le gamin l’avait encore suivi. Il s’était couché sur le matelas juste à côté du sien. Les autres s’étaient éparpillés aux quatre coins du chapiteau, mais le petit venait se coller à lui. Il le vit cligner des yeux, sourire vaguement, puis ses paupières s’abaissèrent. Thibault avait du mal à s’expliquer son comportement. Il songea à changer de matelas pour s’éloigner, mais, en observant le visage apaisé du petit, n’eut finalement pas cœur à le faire. Ça n’aurait servi à rien de le renvoyer balader. Il devait se sentir très seul, alors s’il était rassuré à l’idée de dormir près de lui…
***
— Aaaargh !
— Mais quelle petite conne !
Thibault ouvrit les yeux d’un coup et se sentit déboussolé. Des voix de filles s’étaient élevées tout près. Il lui semblait. À moins que ça n’ait été dans son rêve ? Il frotta ses paupières et attendit un instant que sa rétine fasse la mise au point sur le visage situé à quelques centimètres du sien. Un œil marron, et un autre bleu, le regardaient.
Les événements de la journée lui revinrent en mémoire d’un coup.
Il se redressa et chercha l’origine du bruit. La grande brune était accroupie devant l’entrée de la tente, par-dessus la rouquine couchée à ses pieds. La mâchoire lui tomba légèrement.
— Qu’est-ce que vous… ?
Mais avant qu’il n’ait pu finir sa phrase, il vit la grande mince attraper l’autre par sa tignasse rousse, lui plaquant la tête contre le sol.
— Hé, qu’est-ce… !
Le gamin aux yeux vairons attrapa délicatement le poignet de Thibault alors qu’il avait commencé à se lever. Il baissa le regard vers lui et le vit faire « non » de la tête. Thibault se tut alors et continua d’observer.
— Elle essayait de s’enfuir, cette pauvre folle, lança la brune par-dessus son épaule. Viens m’aider toi !
Comme pour l’enjoindre à accepter, le gamin lâcha son poignet.
— T’aider à quoi ?
— On va l’attacher à son matelas.
— Ça va pas la tête ?
— Tu as entendu ce qu’il a dit, non ? On va tous prendre si l’un de nous s’enfuit. Dis-toi que tu lui fais une fleur, parce que si on la laisse partir, elle va clamser.
Thibault prit une seconde pour réfléchir à la situation. Il se rappelait en effet les recommandations du maître. La brune avait également raison sur un autre point : le collier de la rouquine enlaçait son cou, et si elle fuyait, le maître ne pourrait rehausser sa durée restante et elle mourrait forcément.
Ses muscles protestèrent alors qu’il se levait. L’inconfort du matelas avait laissé son dos perclus de douleurs inhabituelles. Il s’approcha péniblement des filles. La brune avait fourré un linge dans la bouche de l’autre pour la bâillonner. Le jeune homme soupira, mais céda et attrapa la jeune fille par ses chevilles potelées. La gamine, hystérique, se mit alors à se débattre de toutes ses forces, et Thibault, échappant une de ses jambes qui battait furieusement l’air, reçut un coup de talon au niveau du menton.
Une plainte lui échappa alors qu’un goût ferreux se répandait dans sa bouche. Ses dents avaient brutalement claqué entre elles, happant l’intérieur de sa joue. Il porta les mains sous son menton et fit jouer sa mâchoire douloureuse. Il jeta alors un regard plein de colère à la jeune fille qui se débattait. La brune avait raison, même si ça pouvait paraître agressif de la forcer à se tenir tranquille, ils étaient en train de l’aider. Il attrapa de nouveau une de ses jambes et fut surpris de voir le gamin les rejoindre, se saisissant de l’autre. À trois, ils parvinrent à la recoucher sur son matelas, et avec les draps supplémentaires des matelas inoccupés, ils l’attachèrent solidement. Après une seconde d’hésitation, la brune retira le bâillon de sa bouche, mais quand sa victime se mit à hurler à la mort, elle le remit aussitôt. Puis, sans ajouter un mot, elle retourna à son propre matelas et fit mine de s’endormir.
Trop las pour réfléchir, Thibault, suivi de son nouvel acolyte, regagna également sa propre couchette. Il se rendormit dans l’instant.
***
« C’est un moment meeeerveilleux… Que nous avons vécu, enseeeemble. Hier tu m’as aimééée, je l’ai senti comme jamaaaais… »
Thibault ouvrit un œil. Aujourd’hui pour réveiller son peuple, l’impératrice Solène avait choisi une douce mélodie, sur fond de piano. Ce n’était pas Calliope qui chantait cette fois, mais les paroles étaient toujours aussi niaises. Cela dit, la tonalité lente était réconfortante. Il se redressa en position assise, s’étira, puis se leva en même temps que les autres. Les autres, sauf la rouquine qui était toujours maintenue ficelée sur son matelas. Il bâilla en la regardant et une légère douleur envahit sa mâchoire. La garce, elle avait frappé fort… En l’observant se tortiller, Thibault se sentit irrité. Elle lui avait d’abord fait penser à Lison, mais Lison ne l’aurait jamais frappé. Il secoua la tête pour en faire sortir l’image de sa sœur. Ce n’était pas le moment d’y penser.
Il quitta la tente pour se rendre aux toilettes, puis revint à l’intérieur pour boire quelques gorgées d’eau au robinet de la douche et s’asperger le visage. Le gamin aux yeux vairons l’avait suivi à chaque étape et Thibault retint une légère envie de rire face à cet étrange mimétisme. S’efforçant de ne pas y songer davantage, il fit quelques pas vers la rouquine avec l’intention de la détacher. Il était à un mètre de son matelas quand la brune s’interposa.
— Laisse-la.
— Il a demandé qu’on soit tous à table quand il arriverait.
— Elle est très bien là. Comme ça il comprendra qu’elle s’est mal comportée et il lui donnera une correction. Et surtout il saura qu’on a su réagir.
Thibault eut un sourire désabusé.
— Tu es sérieuse, là ?
Elle soutint son regard sans ciller, puis abaissa les yeux vers son menton.
— Joli hématome, fit-elle en avançant la main vers lui. Un vrai guerrier.
Il eut un mouvement de recul, puis toucha le bas de son visage. Ça se voyait en plus ? Il se sentit aussitôt agacé. Il lança un regard hésitant vers le matelas et finalement, fit volte-face et partit s’assoir à côté du gamin aux yeux vairons qui ne l’avait pas quitté du regard. La brune s’installa en face de lui, lui adressant pour la première fois un vague sourire.
Ils patientèrent en silence. Le vieux et le trentenaire décharné s’étaient assis à côté d’eux, mais il y avait comme une distance. On aurait dit qu’après la scène de cette nuit, ils se méfiaient des trois plus jeunes. Ils ne cessaient de leur lancer des regards en coin.
Au bout d’une dizaine de minutes, le maître pénétra dans la pièce, les bras chargés d’un gros sac. Une baguette de pain en dépassait et l’estomac de Thibault gronda furieusement en réponse à l’odeur qui se répandait dans la tente.
— Bonjour les enfants… ! Oh, tiens ?
Le maître ouvrit des yeux ronds. Il avait dû remarquer qu’ils n’étaient que cinq à table et la brune désigna aussitôt du bras la rouquine attachée dans son lit. L’homme s’approcha alors d’elle, se pencha à cinq centimètres de son visage, et éclata de rire.
— Incroyable, lança-t-il avec bonne humeur. Qui l’a saucissonnée comme ça ?
La brune se désigna, puis pointa son doigt en direction de Thibault et du gamin.
— C’est bien, c’est très bien, vous êtes bien mignons. Elle a essayé de s’enfuir ?
— Oui, répondit la brune sans hésiter.
— Je vois. Je vais m’occuper d’elle. Quant à vous, vous avez été bien sages ! Voici votre récompense.
Il déversa les victuailles sur la table et Thibault se sentit saliver. Il hésita cependant, jeta d’abord un regard vers le maître, et, constatant son sourire approbateur, se saisit de la baguette qu’il rompit avant d’y glisser un bout de viande froide. Les autres l’imitèrent, y compris le vieux et le décharné qui s’étaient un peu rapprochés pour mieux accéder à la nourriture.
Pendant qu’ils mangeaient, le maître passa derrière chacun d’eux et rechargea leurs colliers. Quand il eut terminé, il se dirigea vers la rouquine. Thibault suivit son mouvement du regard mais son attention fut ramenée sur la table par le gamin qui venait de lui coller un verre glacial contre le dos de la main. Il écarquilla les yeux. C’était du jus d’orange. Ça sentait bon. Le petit lui fit signe de prendre le verre. Il le but d’une traite puis un bruit de claquement retentit et Thibault fit volte-face. Le maître était en train d’administrer de grandes fessées à la rouquine. Son rythme cardiaque accéléra brutalement, ses doigts se crispèrent sur le verre. Impuissant, il observa la réaction des autres mais chacun avait baissé les yeux. La brune en face de lui grignotait un morceau de pain du bout des lèvres, évitant soigneusement de regarder la scène.
Le cours du repas fut ponctué par le son des claques, puis au bout d’un moment le maître finit par se lasser. Il traîna la gamine jusqu’à la table et la fit assoir sur le banc. Elle avait le teint rouge et les joues mouillées de larmes. Quand elle avisa, malgré tout, le reste de nourriture disposé sur la table, le maître eut un rire cruel.
— N’y pense même pas, lui dit-il à l’oreille. Tu as de la réserve de toute manière.
Elle se mit alors à pleurer de plus belle, le corps agité par des hoquets sonores.
— Oh qu’est-ce qu’elle est bruyante, soupira le maître. Je serai bien content de m’en débarrasser. Vous avez terminé de manger ?
— Oui maître, répondirent-ils en chœur.
— Parfait. Maintenant, on va se rendre sur la partie exposition de la foire. Essayez de paraître à votre avantage… Des rumeurs disent qu’il y aura des invités de marque aujourd’hui, ce qui est aussi bon pour vous que pour moi. Notez aussi que si je ne vous ai pas vendu à la fin de la journée, vous finirez dans les bordels du Quatrième, parce que je ne vais pas m’encombrer de vous jusqu’à la prochaine foire. On est bon sur tout ?
Thibault sentit un froid glacial s’abattre sur lui. S’il n’était pas vendu ce jour, il passerait les dix prochaines années de sa vie à travailler dans un bordel ? Pendant une seconde, il fut sur le point de rendre son déjeuner. Il avait dû pâlir, car le gamin aux yeux vairons pinça doucement son avant-bras, l’air inquiet. Thibault l’ignora. Il avait déjà entendu dire, pourtant, que les bordels des étages supérieurs étaient souvent constitués d’esclaves. Une partie de lui avait dû refuser de se souvenir de cette information. Il s’aperçut alors qu’il n’avait pas encore bien réfléchi à tout ce que signifiait le fait de devenir esclave. C’était avant tout une loterie. Il y en avait qui étaient très bien traités, qui restaient même parfois au service de leurs anciens maîtres après leur peine. Mais il y avait aussi tous les autres. Thibault avait déjà entendu parler de faits divers sordides. Même si l’on n’était pas exactement autorisé à tuer son esclave, pas sans raison valable en tout cas, c’était quelque chose qui se produisait parfois, et la maltraitance, elle, était tout à fait commune. Pour la première fois depuis qu’on lui avait passé le collier au cou, il réalisa pleinement qu’il n’était plus du tout maître de son destin.
***
L’exposition se tenait sur une grande place pavée, jonchée de poteaux de métal fichés dans le sol. À cette heure matinale, le silence y régnait encore, malgré les nombreux esclaves déjà exposés. Tous affublés du même genre de tenues ridicules que Thibault et son groupe avaient revêtu, ils les regardaient passer devant eux, la mine souvent morose.
Au milieu de l’espace, se dressait une estrade couverte sur laquelle on avait installé plusieurs fauteuils molletonnés. Tout cela avait été aménagé pour des personnes très haut placées, dont on attendait qu’elles dépensent des fortunes pour l’achat d’esclaves. Ça pouvait être l’aristocratie du Deuxième, voire du Sommet si jamais l’impératrice avait décidé de renouveler son personnel. Ça aurait été l’idéal… Thibault ne se rappelait aucun fait divers qui se serait produit là-haut.
Leur groupe marqua bientôt une halte et il avisa le maître qui parlait avec un membre du personnel encadrant l’événement. Il semblait furieux car il gesticulait avec force, mais quand son interlocuteur agita un doigt menaçant sous son nez, il se ratatina. Il revint vers son groupe d’un pas rageur.
— Allez, on y va ! aboya-t-il. Ce sale type nous a foutu de l’autre côté de la place. Je veux de grands sourires au moindre passant qui approche ! La noblesse n’aura pas vue directe sur vous.
« Et les caméras non plus ! », songea Thibault avec soulagement. Il y aurait donc un bon côté dans le fait que leur emplacement soit si loin.
Le maître les mena sur place et les attacha aux poteaux qui lui avaient été attribués. Cette fois, non seulement leurs colliers étaient reliés à la barre de métal, mais il lia aussi leurs poings derrière leurs dos, comme pour prévenir tout incident. Ou bien… En regardant la rouquine, Thibault songea que c’était peut-être simplement pour mieux mettre en avant sa marchandise. La jeune fille ne pouvait désormais plus cacher sa poitrine qui débordait de la brassière, un élément que le marchant voudrait probablement mettre en avant pour en tirer le meilleur prix.
De longues minutes après que le groupe eut pris place, la foule d’acheteurs commença à envahir l’espace de la foire.
Quand Thibault aperçut les équipes de tournage faire à leur tour leur apparition, il baissa instinctivement le regard. Il aurait voulu que ses cheveux soient plus longs, pour mieux le cacher… Mais la seconde suivante, le maître passa à côté de lui et releva brusquement sa tête.
— Hé, c’est pas le moment de dormir beau gosse, lâcha-t-il entre ses dents.
Thibault se tint alors bien droit. De toute façon, s’il devait être filmé, on le reconnaîtrait quoi qu’il arrive. Il valait mieux utiliser son énergie pour prier que les caméras ne viennent pas par là. Qu’elles restent vers l’avant de la place, pour avoir en fond l’estrade accueillant la grande noblesse. Ça restait un scénario plausible.
Bientôt, la foule les approcha. Avec des mini-pages qu’on leur avait confié à l’entrée du parc, ils scannaient les colliers pour découvrir les informations à leur sujet, puis quelquefois, certains faisaient des offres via le petit outil. Thibault ne parvenait pas à leur sourire, comme l’avait recommandé le maître, mais il s’efforçait de garder une expression polie, surtout quand les personnes lui donnaient l’impression d’être aisées. Dès qu’un potentiel client s’était éloigné, le maître venait les scanner pour voir s’il avait reçu une offre. Il ne commentait jamais, mais une ou deux fois, Thibault le vit sourire après qu’il se fut approché de lui.
À la mi-journée, le maître vint leur donner à boire. Le soleil avait tourné, projetant ses rayons sur eux. Cette fois il s’agissait de ne pas les faire paraître trop mal en point… Le poteau auquel Thibault était attaché se situait entre ceux du gamin aux yeux vairons et de la grande brune. Quand le maître le fit boire, il vit le gamin se tourner vers lui et lui adresser un petit sourire triste. Il n’avait que peu été approché par les passants. Son cocard virait désormais au vert et peut-être cet aspect repoussait-il les acheteurs. Risque que le garçon soit violent ? Qu’il ait pris des coups en résistant au fait de devenir esclave ? Thibault l’ignorait, mais quelque chose lui disait que non. Il avait trouvé le petit calme et poli. Très docile. Il l’imaginait mal s’être défendu face aux esclavagistes qui étaient venus le chercher…
— Comment tu t’appelles ?
Thibault tourna la tête vers le gamin. Le maître parlait avec un autre marchand un peu plus loin. Il hésita une demi-seconde, puis se râcla la gorge.
— Thibault. Et toi ?
— Gabriel. Gabi si tu veux.
Thibault lui adressa un petit sourire mais ne sut qu’ajouter. Son attention fut de toute manière détournée, alors qu’une foule de gens approchait leur position. Le maître s’en aperçut aussi et revint à grand pas vers eux.
— Vos plus beaux sourires, les enfants ! C’est la grande-duchesse Rebecca. Haut les cœurs ! C’est peut-être votre chance d’aller au Sommet.
Thibault se sentit immédiatement nerveux. Le Sommet ! Il chercha des yeux la femme qu’avait nommée monsieur Lespar. Il l’avait déjà vu, à la télé. Après la mort de l’ancien empereur et de sa femme, cinq ans auparavant, c’était elle qui était devenue la tutrice de l’impératrice Solène. Âgée d’une quarantaine d’années, elle était la cousine de feue la mère de l’impératrice. La grande cousine de Solène. On disait que la jeune fille lui vouait d’ailleurs une admiration sans limite, que toutes les deux étaient inséparables. Le cœur de Thibault se mit à battre à une vitesse folle. Si par miracle, elle le choisissait, il était persuadé qu’il passerait les dix prochaines années de sa vie dans les meilleures conditions possibles.
Bientôt, il parvint à reconnaître sa belle chevelure brune, au centre de la foule compacte qui l’entourait : des dames de compagnie de haute naissance, des esclaves vêtues de l’uniforme traditionnel du palais, bleu et argent, et des ministres et d’autres politiciens qui semblaient prêts à lui baiser les pieds à chaque pas.
Elle approchait petit à petit de leur emplacement. Le maître se tordait les mains, visiblement nerveux lui aussi. Au loin, Thibault vit la grande-duchesse faire un geste à la foule qui la suivait et tous s’immobilisèrent. Elle s’avança, accompagnée d’un seul homme, un esclave vêtu d’un uniforme vert menthe, et passa tranquillement entre les strands. L’esclave attendit qu’elle eût échangé quelques mots avec les marchands puis approcha des poteaux, sa page tendue. Il revint ensuite parler à l’oreille de la grande-duchesse et elle désigna une des silhouettes. Le maître qui le détenait s’inclina aussitôt devant elle.
La grande-duchesse reprit sa marche et cette fois Thibault put mieux la détailler. Elle portait une magnifique robe bleu nuit, bouffante et resserrée à la taille par un corset délicat. Ses bras nus se balançaient d’un côté et de l’autre de son corps élancé, bercés au rythme de sa lente marche. Ses cheveux, relevés en une longue queue de cheval entremêlée de diamants ondulaient à chacun de ses pas. Les caméras filmaient son avancée de loin, et bientôt, Thibault le savait, il apparaîtrait dans leur champ de vision. Mais il s’en moquait un peu à cet instant. Il retenait son souffle, impatient que Rebecca atteignît leur niveau.
Elle finit par arriver devant le maître. Depuis le garçon qu’elle avait choisi quelques stands plus loin, elle n’avait pas marqué d’arrêts. Thibault sentit son cœur s’emballer.
— Je cherche du seize ans, déclara-t-elle d’une voix lente en passant son regard sur leur groupe.
— Grande-duchesse, c’est un honneur, répondit le maître. J’en ai deux…
Il s’approcha de Thibault et le désigna en lui tapotant doucement l’épaule, puis il montra la rouquine qui s’était remise à pleurer, l’air terrorisé. Thibault eut du mal à réellement sourire, mais au moins, il ne versa aucune larme. Il refusait de gâcher sa chance comme elle le faisait… Il observa la réaction de Rebecca. Elle avait haussé un sourcil mesquin en regardant la gamine potelée et agita la tête de gauche à droite, visiblement peu charmée par le spectacle qui s’offrait à elle. Puis elle approcha Thibault et passa un doigt sous son menton, pile au niveau du bleu que la rouquine lui avait laissé pendant la nuit.
— Scanne, ordonna-t-elle.
L’esclave derrière elle s’approcha à son tour du jeune homme et passa la petite page contre son cou. Il se pencha ensuite à l’oreille de la grande-duchesse, qui fit un signe imperceptible de la tête. Elle se tourna vers le maître.
— Je prends celui-là, lança-t-elle, désinvolte.
L’estomac de Thibault fit un bond et ses oreilles se mirent à siffler. Il cligna des yeux, abasourdi par la facilité avec laquelle cette femme venait de sceller son destin.
— Quel honneur, je vous remercie, Ô Grande-duchesse… fit le maître en s’aplatissant devant elle. J’ai aussi, si jamais cela vous intéresse, une formidable musicienne. Une pianiste. Elle est légèrement plus âgée, mais guère. Dix-sept ans, c’est la jeune fille à côté de celui-là…
Rebecca le fixa pendant quelques secondes, puis tourna la tête vers la grande brune qui restait de marbre.
Thibault en profita pour jeter un œil vers le garçon aux yeux vairons. Gabriel. Il aurait voulu croiser son regard, mais le gamin avait baissé la tête. Une traînée humide brillait sur sa joue. Le cœur de Thibault se serra devant sa détresse.
— J’ai déjà dépassé mon quota de filles, entendit-il répondre la grande-duchesse. Mais vous trouverez probablement du monde au Deuxième pour l’acheter, si elle est réellement douée dans son art. On y trouve de nombreux mélomanes. Sur ce…
Elle fit mine de partir.
— Si vous voulez des garçons, il y a lui, aussi ! cria Thibault sans avoir pu se retenir.
Il avait désigné Gabriel du menton, et le maître écarquilla les yeux, choqué par son audace. La grande-duchesse parut également surprise, ses sourcils étaient montés d’un cran sur son front très lisse. Il avait osé lui parler directement. Il n’avait même pas employé son titre pour s’adresser à elle. Il sentit un frisson lui parcourir l’échine quand l’esclave derrière la grande-duchesse se mit à plisser les yeux d’un air réprobateur.
— Pardonnez-moi Grande-duchesse, ajouta-t-il alors, la bouche soudainement sèche. Mais il… Il est spécial… Euh… Regardez ses yeux…
Il baissa la tête, mais ne put s’empêcher de la relever une seconde plus tard vers la femme. Sa bouche s’était légèrement étirée, comme si la remarque de Thibault l’amusait. Elle approcha cependant et attrapa Gabriel par le menton, le lui pinçant entre de longs doigts d’une blancheur et d’une finesse étonnante. Thibault vit Gabriel renifler, mais il soutint le regard de la grande-duchesse. Elle resta ainsi de longues secondes. Il ne cilla pas.
— Très spécial, en effet… murmura-t-elle. Je prends.
— Vous ne voulez pas que je le scanne, Maîtresse Rebecca ? Il semble jeune…
— Non, c’est inutile. Celui-ci sera pour moi, pas pour Solène. Bon, allons-y maintenant.
L’esclave à ses côtés parut interdit, mais ne fit pas de commentaire. Rebecca relâcha finalement le menton du gamin et repartit d’un pas tranquille. Gabriel la regarda s’éloigner avec un net étonnement, puis se tourna vers Thibault, visiblement ravi. Ce dernier lut le mot « merci » sur ses lèvres et lui rendit vaguement son sourire. Il tremblait de tous ses membres, incapable de trouver une raison logique à la réaction qu’il avait eue. Une demi-seconde plus tard, le maître se positionna entre les deux garçons et lança à Thibault un regard plein de fureur.
— Tu as vraiment de la chance que ça ait marché ! lança-t-il d’un ton glacial. Je t’aurais taillé en pièce si tu avais fait foirer ma vente !
Thibault déglutit, mais rendit son regard au maître.
— Pourtant, grâce à moi, vous avez fait une double vente, rétorqua-t-il finalement.
Il espéra ne pas être aller trop loin. Vu qu’il venait d’être acheté par Rebecca, il ne courrait probablement plus de risques… En théorie. En pratique, c’était toujours cet homme qui possédait la clé de son collier.
— Ne joue pas au plus malin, beau gosse…
— Maître, interrompit alors la voix de Gabriel. On vient vous interviewer je crois !
L’homme fit volte-face et se para immédiatement de son plus beau sourire. En effet, deux journalistes, l’un armé d’un micro, l’autre d’une grosse caméra, étaient en train d’accourir. Thibault se sentit mal… Comme par réflexe, il baissa la tête le plus possible, tirant violemment sur son collier. Le maître restait à côté de ses esclaves, attendant calmement que les journalistes arrivent. Thibault apparaîtrait à la télé. Le souvenir brutal des après-midis avec ses copains lui revint en mémoire… Ils allaient faire un gros plan. Sa famille regarderait peut-être… Il ne voulait pas ça, surtout pas. Même si c’était pour dire qu’il était l’un des heureux élus qui avaient été choisi pour monter au Sommet, il ne voulait pas qu’on le voit dans une telle position.
— Ça va aller ? murmura Gabriel d’un ton inquiet.
Thibault fit non de la tête et la laissa tomber encore plus, au point que ses cervicales devinrent douloureuses. L’instant d’après, il aperçut du coin de l’œil que le gamin aux yeux vairons s’était mis à sautiller sur place. Thibault écarquilla les yeux, incrédule. Gabriel offrait son plus beau sourire à la caméra. Le caméraman fit alors en sorte de l’avoir en fond. Potentiellement, Thibault n’apparaîtrait pas au montage… Gabriel avait parfaitement compris le geste de Thibault et avait adopté ce comportement ridicule pour lui éviter le gros plan.
La gorge serrée par un sentiment de reconnaissance, il laissa retomber sa tête sur son torse.
Les situation s'enchaînent avec toujours autant de fluidité, d'efficacité et de réalisme dans la psychologie des personnages.
La seule remarque que je pourrais éventuellement faire, je trouve que ça aurait été bien de détailler un peu plus les émotions de Thibault lorsqu'il est choisi par la grande Duchesse.
Comme tu avais bien décrit sa peur de travailler dans les bordels, je trouve que ça aurait été justement impactant pour le lecteur de constater ses émotions quant à son soulagement de voir que non seulement il n'ira pas dans les bordels mais qu'en plus il a été choisi pour aller dans les hautes sphères de la société.
A part ça, rien à dire, c'est très bien 😊😊
PS:
"Il paraissait en vraiment trop mauvaise santé" Je trouve la tournure un peu maladroite.
"Il paraissait vraiment en mauvaise santé" suffit. Ou alors peut-être
"Il semblait avoir une santé trop fébrile" ?
"De vivre à peu près bien" là aussi je trouve que la formulation pourrait être améliorée. "De vivre une vie plutôt décente" peut-être ?
😘😘😘
Je te remercie pour ton retour :)
Pour ta remarque sur Thibault, et pour ses émotions en général, j'essaye de reprendre le sujet sur mon troisième jet. Il y a en effet des moments où il semble un peu déconnecté ! ^^
Merci aussi pour tes remarques sur la forme :)
À bientôt !
Pas de soucis de ne pas appliquer les changements en ligne, tant que ce que je raconte suscite la réflexion, le reste t'appartient pleinement et je ne relis qu'à la demande, il y a tant d'histoires à découvrir :)
Concernant les virgules, je trouve pour ma part qu'il en manque quelques-unes (en particulier avec les "mais"). C'est un sujet sur lequel personne n'est vraiment d'accord, ces virgules, sauf les quelques cas établis.
Dans ce passage, on évite les descriptions des attributs sexuels. C'est élégamment contourné pour la première miss ; je suis plus dubitatif pour l'homme, mais je ne me souviens plus de l'âge du personnage ni de son habitude à voir des gens nus. Enfin bon, si quand il voit la miss en tenue sexy, il s'inquiète qu'elle ait froid sans arrière-pensée, de toute façon, il est irrécupérable :o Ce n'est pas évident à doser, comme scène, ça dépend de la tonalité globale du récit. On esquive aussi ses sensations du pagne. Thibault ne semble pas le moins gêné du monde de se doucher, mais comme il ne se découvre pas cette réaction, on peut supposer qu'il en a l'habitude.
Mmmh… Je trouve que lorsque Thibault se couche, le rendu de la fatigue (outre la répétition de sentir) est trop soudain. Pas au sens où ça lui tombe tout à coup dessus et le rattrape, ce qui est logique, mais à la manière dont c'est transcrit. C'est peut-être parce qu'on a trop de choses différentes dans le même paragraphe et que ça pourrait en mériter plusieurs. Je ne sais pas, il y a quelque chose qui me chafouine.
Quand Thibault apprend qu'il pourrait se retrouver à bosser dans un bordel, ç'a juste l'air d'un job chiant (genre serveur) dans un lieu qu'il voudrait éviter. Il ne pense pas à ce qui va lui arriver, là-bas ? Plus loin, il revient sur le sujet, mais on évite encore de nommer l'acte. Ah ! Ça vient encore après. Je trouverais ça mieux si ça venait plus tôt.
Les émotions de Thibault semblent distantes. Dans le passage précédent, on voit son ire naissante pour sa famille. Ici, quand il se souvient de sa sœur, cette émotion ne revient pas et semble neutralisée. Plus loin (au niveau de "il avait désormais un peu plus de mal à compatir."), il n'y a pas vraiment de hargne qui monte de lui, alors que c'est la deuxième ou troisième fois que l'argument est invoqué.
Ah ! Je l'avais vu venir, l'apostrophe de la Grande-duchesse pour le vairon. On avait passé trop de temps à le décrire et le positionner :D
Excellent ! Vivement la suite. C'est sur ce sentiment que j'achève ma lecture.
Trucs pas nets à vérifier :
flottant devant son visage -> je ne crois pas qu'elle soit autoportée, et tu as déjà un participe présent dans la phrase. Placé ?
pour que cela ne se voit pas -> visse (pour que -> subjonctif)
qui envoyer en suivant -> ça me paraît louche. Ensuite, le mot habituel
Ça ne va pas la tête ? -> il prononce vraiment le "ne" ?
Pendant quelques minutes, leur repas ne fut dérangé -> insister sur la longueur de la punition ? C'a l'air long, ce qu'elle ramasse
une quarantaine d’année -> années
feu la mère -> feue
Rebecca atteigne leur niveau -> du coup, tu alternes subjonctif présent et imparfait ? Pas grand-mode s'en rendra compte, atteignît pour l'imparfait
Simplifications possibles :
de temps à autre, pianotant en même temps -> tout en pianotant ?
Je note pour les virgules manquantes autour de "mais". Je vais essayer d'y faire davantage attention, mais je crois aussi que j'en ai mise quelques unes en trop (j'en ai supprimé pas mal sur mes dernière sessions de réécriture en tout cas). C'est vrai qu'il n'y a pas de règles exactes, c'est d'autant plus difficile à doser.
Concernant la scène de nudité, oui j'ai plutôt fait le choix de ne pas décrire en détail. Je crois que ce serait un peu en décalage avec le ton général du roman. J'ai davantage joué sur la curiosité et je crois que dans une situation angoissante (dans les yeux de mon protagoniste, ça reste une journée peu agréable) on va moins s'attacher au côté sexuel de la chose. C'est mon avis en tout cas.
J'ai noté pour tes autres remarques, notamment le décalage de pensée avec le fait de potentiellement se retrouver à travailler au bordel, je vais retravailler ce passage ! De manière globale, sur ma réécriture actuelle je m'applique à aller plus loin dans ses émotions, que je n'ai pas toujours bien amenées.
Merci encore pour toutes tes suggestions et corrections ! :)
Très heureux d'avoir repris la lecture de ton roman !
Le tout se lit bien, la fluidité des scènes s'enchaîne sans soucis et tes personnages sont attachants (en plus d'être attachés... ^^'). J'aime beaucoup l'évolution que ça prend, et je comprends mieux l'importance des autres personnages esclaves.
Quelques remarques sur la forme :
"Pendant qu’il le faisait cependant, le maître préféra regarder sa page [...]"
> Pendant qu’il le faisait, le maître préféra regarder sa page
Le mot cependant ici alourdit inutile l'action. De manière générale, les termes de type "cependant ; alors ; parce que" sont plus utiles pour des textes techniques ou scientifiques que pour des œuvres fictionnelles.
Pour le coup, on nous apprend très mal à écrire et raconter des histoires tout au long de notre parcours scolaire, et les termes techniques restent ancrés malgré nous dans notre manière d'écrire. :)
"[...] car il paraissait en vraiment trop mauvaise santé."
> car il paraissait en vraiment très mauvaise santé.
Trop par rapport à quoi ? Comme on pas d'action demandé par le maître ou d'obligations dans l'immédiat, le trop ne renvois à rien.
"Les garçons avaient été vêtus de short leur arrivant à mi-cuisse,"
> Les garçons étaient vêtus de short leur arrivant à mi-cuisse,
"Il n’avait pas regardé les autres garçons se laver avec tant d’attention, mais Thibault bénéficiait apparemment d’un « traitement de faveur »."
> Il n’avait pas regardé les autres garçons se laver avec tant d’attention, mais Thibault bénéficiait apparemment d’un traitement de faveur.
La mise en guillemet est ici inutile, on comprend très bien l'ironie et le cynisme de la situation de la part du maître.
"Et il quitta la tente d’un pas jovial."
> Il quitta la tente d’un pas jovial.
le Et ne s'utilise que rarement en début de phrase, encore plus quand il n'y a pas de phrase juste avant (au cours d'une action où l'on déciderai de hacher la scène par des points au lieu de virgules par exemple).
"et Thibault reçut un talon au niveau du menton."
> et Thibault reçut un coup talon au niveau du menton.
"et fit jouer sa mâchoire, un peu énervé à présent."
> et fit jouer sa mâchoire, un peu énervé."
"En effet, deux journalistes, l’un armé d’un micro, et l’autre d’une grosse caméra, étaient en train d’accourir."
> Deux journalistes, l’un armé d’un micro, et l’autre d’une grosse caméra, étaient en train d’accourir.
"Il n’avait pas l’air d’être un garçon bête."
> Il n’n'était pas un garçon bête.
Je trouve que l'affirmation sera bien plus impactante que la formulation initiale. Après-tout Thibault le remercie, on est dans l'émotion et plus dans l'indécision !
Mes salutations,
Ravie de te revoir ici :)
J'ai attaqué un nouveau jet, ton commentaire tombe à pic. J'essaye d'alléger les tournures un peu lourde entre autre. Merci pour toutes tes remarques du coup ^^
Sur le "et" en début de phrases... Tu vas tiquer d'autres fois je pense xD je me suis fait une session d'écriture ce matin et j'ai dû en supprimer deux ou trois dont l'utilité m'échappait à moi-même.
Merci beaucoup en tout cas ! Dès que j'ai un peu de temps je retourne aussi sur ton histoire ! Il me restait un chapitre et j'ai vu que tu en avais ajouté un nouveau. À très bientôt !
Ce chapitre est vraiment réussi. Je n'ai pas grand-chose à redire sur le fond ou la forme. J'apprécie particulièrement les interactions entre les différents esclaves : le contraste entre la brune et la rouquine, ainsi que les dynamiques entre Thibault et Gabi. Je me demande comment (si!) nous allons retrouver la brune. C'est l'un de mes personnages préférés pour le moment, elle ne se laisse pas abattre!
En ce qui concerne Gabi, j'ai hâte de voir comment son personnage va évoluer. Il est prometteur, mais j'aimerais en apprendre davantage sur son caractère !
L'atmosphère reste très pesante, on cherche encore la lueur d'espoir, mais l'intrigue est captivante. Bravo pour ton écriture !
À bientôt!
Eleonore
Je ne dirai rien sur les personnes qu'on pourrait ou pas retrouver plus tard, par souci de ne pas spoil xD
Je suis ravie que ce chapitre t'ait plu ! Et je te remercie pour le compliment, j'espère que tu resteras captivée haha.
Je viendrai bientôt lire la suite de ton histoire, j'ai eu quelques jours avec un accès très restreint à l'ordinateur, mais je devrais avoir plus le temps à présent ^^
À bientôt !
Toujours très réussi, j'aime de plus en plus ton roman même si je n'y ressens pas que des émotions positives ahah^^ Petit coup de coeur cependant pour le joli moment de l'échange des prénoms.
Très intéressant de découvrir un représentante des étages supérieurs, d'avoir quelques informations sur les grands de ton univers.
Dans la lignée du précédent, toute la première partie du chapitre est terriblement malsaine et bien écrite. Les enjeux de pouvoir, la manipulation... sont vraiment horribles. Ce que j'ai trouvé hyper intéressant, c'est le moment où Thibault est choisi. La dynamique avec le "maître" change alors du tout au tout montrant que les enjeux de pouvoir ont changé, c'est passionnant.
Même si l'avenir ne s'annonce pas très réjouissant, ça risque d'être moins pire que ce que Thibaut ont vécu dans ces premiers chapitres...
Mes remarques :
"car il paraissait en vraiment trop mauvaise santé." tu peux couper ce passage à mon avis, c'est assez clair implicitement que 7e = m*rde
"Si l’un d’entre vous essayait de s’enfuir pendant la nuit, je vous préviens que les autres aussi en paieront le prix." sympa ahah
"Je vois. Je vais m’occuper d’elle. Quant à vous, vous avez été très sages ! Alors voici votre récompense." quelle horreur, je suis malaise ^^
"Ce dernier ne leur passa pas la laisse cette fois, leur faisant simplement signe de la main pour qu’ils le suivent, ce qu’ils firent docilement, même la rouquine." terrible cette phrase l'air de rien...
"Ou bien… En regardant la rouquine, Thibault songea que c’était peut-être simplement pour mieux mettre en avant sa marchandise." roh la la mais quelle horreur
Un bon moment de lecture, comme toujours !
A bientôt (=
Ton commentaire me fait hyper plaisir, je suis ravie que l'histoire te plaise, d'autant que j'ai un petit passage à vide ces temps-ci et ça me rebooste !
J'aime beaucoup l'échange des prénoms aussi. Je trouve que c'était une touche d'innocence au milieu d'une violence omniprésente.
À partir du prochain chapitre, on va un peu changer de décor et une nouvelle dynamique va se mettre en place !
Je te remercie pour ta suggestion de coupe, je vais la prendre. J'essaye d'alléger un peu mon texte pour que l'écriture soit plus fluide ^^
À bientôt! :)
Pas tellement de changement dans ce chapitre, du coup je n’ai pas grand-chose à dire à part qu’il est bien. Enfin, la première partie est assez sinistre à lire, c’est sûr, mais c’est très réussi comme ambiance ! Et j’étais contente de retrouver Thibault et Gabi.
Quelques remarques :
« Il porta les mains sous son menton, où il avait reçu le coup, et fit jouer sa mâchoire, un peu énervé à présent. La brune avait raison. Même si ça pouvait paraître un peu agressif, ils l’aidaient en l’empêchant de faire la bêtise de s’enfuir. »
> Beaucoup de « un peu » dans ce passage ! Tu pourrais éventuellement remplacer « un peu énervé » par « agacé », et juste mettre « paraître agressif », ça marcherait aussi.
« Ses cheveux, relevés en une longue queue de cheval brune et entremêlée de diamants ondulaient doucement à chacun de ses pas. »
> Tu peux enlever « doucement », je pense. C’est inutile et fait une répétition avec la phrase au-dessus.
A bientôt !
Ce chapitre j'ai fait pas mal de petites retouches, mais plus sur la forme que sur le fond. J'ai essayé de nuancer un peu plus les réactions de Thibault qui étaient parfois un peu sèches, un peu insensible. Il est toujours un peu insensible, mais moins. Ça se verra peut-être mieux au chapitre suivant !
Merci pour tes remarques, je les notes précieusement ! Je vais bientôt attaquer une deuxième réécriture, avec pour objectif de chasser les formulations trop lourdes, donc c'est idéal comme retour ! :)
À bientôt !
Un chapitre qui bouge un peu plus que le précédent. Un rapprochement, aussi, entre Gabriel et Thibault. Je ne sais pas si ce dernier a eu raison de mettre le petit en avant… Bon, aucun destin paraît enviable, mais la Duchesse est pas particulièrement rassurante non plus…
Dans l’ensemble, tout était fluide, précis et bien écrit. Mais j’ai eu l’impression que le chapitre débutait avec quelques maladresses. Rien de choquant, mais des phrases avec un drôle de rythme ou des formulations moins efficaces que d’habitude. Je t’ai mis deux exemples.
Il y a ce passage « Il lui indiqua de se changer dès qu’elle serait sèche, puis ordonna au trentenaire squelettique de se déshabiller à son tour. Pendant qu’il le faisait cependant, le maître préféra regarder sa page. Il se contentait de lui jeter de rapides coups d’œil de temps à autre, pianotant en même temps sur le rectangle de lumière flottant devant son visage, et riant de temps à autres à des choses que lui seul savait. » Je trouve la phrase construite bizarrement, beaucoup de participe présent aussi. J’ai du mal à vraiment pointer du doigt ce qui me dérange, désolée…
Et cette phrase « Mais à moins de lui poser directement la question, il ne pourrait pas voir sa théorie être confirmée, et il n’avait pas du tout envie d’adresser la parole à cet homme-là. » : là c’est pas tant un problème de rythme que de formulation : la voie passive, le fait que tu aurais pu dire en moins de mots ce qui est écrit là. Je me demande s’il n’y avait pas moyen d’être plus efficace dans la formulation.
Après tout cela relève du détail et de ma propre subjectivité. A toi de voir ce que tu fais de mon retour. J’ai aussi noté deux mini coquilles :
-> « c’est que la malheureuse risquait avoir froid cette nuit… » On dirait plutôt « d’avoir »
-> « Thibault détourna le regard. Pendant une seconde, il imagina que c’était Lison, là, obligée de se dénudée devant un groupe d’inconnus » et ici de se « dénuder ».
Voilà voilà. En tout cas ton récit est toujours aussi curieux et je ne peux pas m’empêcher de me demander ce qu’il adviendra de tes personnages, quelle direction prendra l’intrigue, etc.
A bientôt, donc !
Je te remercie pour ce retour :)
Je note les passages que tu as soulignées, je verrai comment je peux les remanier pour qu'ils soient moins lourds. J'entends que le cumul de participes présents sur le premier soit assez redondant.
Merci aussi de m'avoir fait remonter les coquilles ! C'est quand même fou, je ne l'ai pas relu qu'une ou deux fois ce chapitre... Il en reste toujours qui passent sous le radar.
J'espère que la suite te plaira ! Je crois que j'ai pris une direction assez inhabituelle pour ce genre de récit, j'ai hâte de savoir ce que tu en penseras :)
À très vite ! ^^
J'ai un peu peur pour le petit Gabi et j'espère que Rebecca ne possède pas des penchants............. ce qui serait réaliste d'une certaine manière.
Quant à Gabi / Rebecca... Je n'en dis pas plus pour le moment :)
Merci de ton retour, à bientôt !