La Kuritsa, nm. fm.
Avant-propos : La Kuritsa est une tradition Niviskienne dont l’apparition n’est pas datée avec exactitude. Elle fut importée au début des années 750 sur le continent d'Oldan où elle connaît depuis un fort succès. Bien que l’utilisation du Sbeisys (c.f. chap. Les drogues en poudre) soit interdite dans ce Tairiku, cette coutume est tolérée par les autorités gouvernementales si la taxe Légionale est payée.
Déroulement : Sur un cercle dessiné à la craie, on pose des braises. Au centre on place deux volailles dont les ailes ont été remplacées par des prothèses (Note : souvent en bois, incrusté de morceaux de métal). Les animaux sont énervés avec du Sbeisys. Comme les volailles s’excitent dans un cercle de petite taille, elles se repoussent du bout des ailes. Les spectateurs parient sur celle qui sortira en première du cercle ou bien si l’on souhaite que le divertissement dure, sur laquelle restera le plus longtemps en vie. Si c’est la deuxième option, les concurrentes sont remises dans le cercle à l’aide de longs bâtons jusqu’à la fin du combat.
Extrait de l’encyclopédie des Traditions Oldanienne de la 3ème ère à nos jours. Opus IV, Alinéa 8.
Les rails du train couraient sur plusieurs kilomètres de pont massif qui séparaient le tairiku d'Oldan à l'Olympe, l'île de la Légion. Des ponts aussi larges et longs, il n’en existe que trois. Chaque tairiku en a un qui lui offre une liaison directe avec l'Olympe. Celui d’Oldan était le plus court des trois avant que celui de Nivisky ne soit brisé en deux.
Comme les autres ponts, il passe au-dessus des murs immenses qui entourent toute l'île de la Légion avant de retomber derrière pour s’enfoncer dans une grande gare.
Note :
- Juste pour être sûr, tu ne vas pas expliquer ce qu’est un tairiku ?
- Pour quoi faire ? Le nom l’explique déjà non ?
- Mais imagine que tu n'as jamais entendu ce nom. Tu ne pourrais pas savoir ce que c'est ?
- Eh bien.. Si puisque j’ai bien appris à un moment moi aussi. Grâce au contexte, tout ça.
- Mais justement ! Tu l’as appris ! On te l'a enseigné. Donc explique-leur, sinon ceux qui suivent ton histoire ne peuvent pas comprendre de quoi il s’agit. Crois moi, je suis narrateur.
- Ah mais ils n’ont qu’à allumer la machine et devenir un peu Mandarin ! Je ne vais pas être comme tous ces narrateurs pourris qui te mâchent la nourriture constamment ! Sinon mes lecteurs finiront édentés. Et comment pourraient-ils se défendre contre ce qui va suivre ?
Quand leur wagon arriva au-dessus des remparts, Ash pouvait contempler presque tout le continent. L’étendue de terre semblait plus petite que celle de son tairiku, d’après ce qu’il avait pu observer depuis les hauteurs d’Oldania, sa ville natale. Mais la vraie différence, qu’il remarqua en un instant, c’était la densité de constructions humaines sur cette île. À Oldan, il y avait des champs à perte de vue au milieu desquels on pouvait voir certaines grosses villes quand le temps le permettait. Ainsi que, évidemment, l’immense forêt du Gévaudan où nulle activité humaine ne pouvait durer. Là, il y avait des constructions à perte de vue. Des maisons sur plusieurs étages, des marchés couverts, d’énormes bâtiments. Dans des matériaux qu’il ne reconnaissait pas toujours. Les rues étaient pavées ou bétonnées, les seules parcelles de terre étaient celles des jardins décorés qu’il observait comme un oiseau depuis le train qui entamait doucement sa descente. Au centre de toutes ces constructions, Ash vit un second cercle de remparts qui séparait l’île en deux zones. L'une entourant l'autre. Rien ne dépassait de ces murs centraux à part, au milieu, l’immense tour de verre dressée vers le ciel. Le train continua sa course sur les rails quelques minutes après avoir entamé sa descente, avant de complètement s’arrêter. Ash, qui n’avait pas décollé son visage de la vitre, admirait maintenant la gare, bien différente de celle de Kambertown. Celle-ci était en majorité construite en arches de verres transparents et de métal polis, soutenues par d’impressionnantes sculptures d’hommes et de femmes portant plusieurs types d’uniformes. Ash reconnut parmi eux celui de Jack, uniforme des Mandarins, et celui de la Milice, qu'il avait souvent vu porter dans les rues par des Sentinelles.
Il était midi. Jack se redressa en s’étirant. Il baissa le col de son imperméable pour découvrir son visage et s’adressa à Ash :
« Bienvenue sur l’Olympe gamin. »
Dans les couloirs des wagons, Ash voyait des Miliciens (reconnaissables à leur pantalon et leur pendentif) qui inspectaient les compartiments du train avec attention. Dès qu’il était descendu, Jack s’était avancé vers la queue à une vingtaine de mètres, qui s’était formée devant les bureaux de recensement. Sur les quais, l’ambiance était différente de celle d’Oldan. Ash y voyait tout type de populations : des gens aisés, des hommes qui faisaient peur et d'autres qui avaient peur. Les vêtements étaient aussi très différents de ce qu'il avait l'habitude de voir dans les rues de son tairiku natal. Dans l'ensemble, c’étaient des hommes et des femmes assez jeunes qui sortaient du train. Certains pleuraient. D'autres avaient l’air déterminés. Ash était surpris d’observer qu’une partie des voyageurs avaient des armes et ne s'en cachaient pas. Celles-ci étant interdites par la loi à Oldan sauf si on possède l’autorisation de la Légion, ou une dérogation royale. Pourtant la plupart d’entre eux ne portaient pas d’uniformes ni d'armoiries appartenant aux familles nobles.
« Allez, sors de là, on est à la bourre. » dit un Milicien en souriant, la main tendue vers un garçon, légèrement plus jeune que la vingtaine, qui restait assis dans le wagon.
Le garçon finit par sortir du wagon, son sac tombant sur ses épaules. Il dit dans une plainte en s’accrochant à la veste du Sentinelle :
« S’il vous plaît.. ! Laissez-moi repartir, je vous donnerai toutes mes économies ! »
Le milicien ferma la porte du wagon.
« Ça va aller mon garçon, le rassura le milicien. T’es là pour la sélection ? Dis-toi que ça pourrait être une épreuve théorique cette année, garde la foi ! »
D’un signe de la main, il interpella un collègue, posté au loin devant le premier wagon du train.
« ON EST BON, IL N'Y A PLUS PERSONNE ! »
« Bon tu bouges gamin, je t’ai dit qu’on était pas en avance.
C’était Jack qui le rappelait.
- Mais pourquoi il propose son fric pour repartir ? lui demande l'enfant masqué. Elle a pas l'air si mal votre île.
- L'Olympe ? C'est un paradis tu veux dire. Mais je crois pas que tu aies saisi, gamin. Bien que la Légion soit une institution prestigieuse qui permet la paix au sein du Landau, c’est pas facile d’y accéder. La Sélection, c’est vraiment pas une partie de plaisir. La plupart postulent d’eux-mêmes mais certaines familles forcent leurs gosses à participer pour l’honneur et le fric que ça rapporte si t’es admis. Ça doit être son cas.
- Dans quoi je me suis encore embarqué …
- Je te le fais pas dire. C’est un concours dont on se souvient tous. (Jack marque une pause) Qu’on ait réussi à devenir Légionnaire et à faire partie de cet état protecteur, ou qu’on échoue dans la douleur, tout le monde se souvient de sa sélection.
- Eh ben ça promet ! Mais ça ressemble à quoi concrètement ?
- Personne ne vit la même chose, reprit l’enquêteur, puisque c’est un concours ; les participants changent et, en fonction du superviseur, les épreuves aussi changent, mais je peux t'assurer qu'il n'y a pas de quoi en rire. Ça a beau être un honneur d’être légionnaire.. Pour obtenir cet honneur et cette gloire, il faut traverser les épreuves de cette Sélection. Et puis il y a aussi des criminels, des vrais, insista-t-il, qui sont obligés de participer pour obtenir une amnistie. Tout ça pour dire que ça peut en effrayer certains.
- T’exagères pas un peu ? lui demanda Ash. J’me souviens même pas de mon repas d’hier. Et puis ça m’étonnerait que la Légion accepte dans leur rang de "vrais" criminels comme tu dis.
- C’est peut être cette épreuve qui rend le fait de faire partie de cette famille encore plus important… continua Jack sans prêter attention aux remarques de l’enfant. Je ne sais pas. Disons qu’on est tous liés par ce passage commun. Ça doit nous rapprocher quelque part. Notre uniforme nous rappelle l’épreuve commune qu’on a tous subie et les valeurs pour lesquelles on le porte. Mais bref. Tu vas crever petit. C’est quasi sûr.
- Pourquoi tu me l'as pas dit avant ? J’aurais peut-être choisi d’être jugé si j’avais su que c’était si dangereux..
- Justement, ça ne m'aurait pas arrangé… se dit Jack.
- Et ça te va de bosser avec d'anciens criminels toi ?
- Quand on devient Légionnaire, on est Légionnaire. On n’est plus Oldanien, plus Tsokubien, plus Niviskien. Et plus criminel non plus. Ni noble ou paysan. Tu perds ton statut, ton rôle, tes origines. Ton nouveau statut c’est : protecteur de la paix. T
Note :
Young - Une IA dans ce monde ? N’importe quoi !
Old - Tu sais très bien que c’est pas une IA mais une gemme d’enregistrement à détection. Pourquoi tu fais l’étonné ?
Young - Chut. Ça commence.
on rôle c'est : répondre aux attentes de tes supérieurs. Et tes origines on s’en balance. À la Légion on ne s’intéresse qu’à la façon dont tu sers la cause, pas à comment tu l’as rejoint. »
Ils arrivèrent enfin devant le bureau de recensement. Jack montra sa plaque au Sentinelle en charge des signatures qui l'arrêta doucement de la main :
« C’est quoi tout ce sang sur ses vêtements ? C’est un témoin ton gosse, tu devrais pas l’amener au commissariat de son bled plutôt ?
- Non t’inquiète c’est un participant de la sélection. lui répondit Jack en s’allumant une cigarette.
- Mais quel salaud… T’as vraiment aucune pitié…
- Eh, viens pas me faire la morale. Laisse-moi passer. »
Après avoir passé les douanes, Jack et Ash empruntèrent une entrée en voûte qui les menèrent dans un long couloir semblable à un tubes aux parois éclairées par une technologie inconnue de Ash. Au moment où ses pieds entraient, une voix féminine et posée se mît à parler :
« Bonjour, soyez les bienvenues à l’Olympe.
- Waw qu’est-ce que … s’étonna Ash en regardant le plafond puis les murs du tunnel, sur lesquels les lumières commençaient à bouger.
- L’Olympe, au centre des trois tairikus qui l’entourent, est une île sur laquelle la Légion a installé son siège il y a deux-cent soixante-dix ans. continua la voix. »
Sur les parois arrondis du couloir, un jeu d’ombres et de lumières dessinait des formes illustrant le récit de la voix.
« Depuis toujours, les trois tairikus vivaient séparément, reclus sur leurs terres et enfermés par les océans qui les entouraient. (trois continents prirent forme sur les murs) L’humanité avait réussi à naître séparément et à vivre dans chacun de ces continents mais leur communication était faible et menait systématiquement au conflit. À cause de la dangerosité des océans, chacun soupçonnait l’autre de couler leurs navires. Le voyage était dur et la majorité des embarcations périssaient, tuées par les monstres des océans. (les lumières coulèrent le long des murs pour former une fresque des scènes de bataille navale entre des monstres jaillissant de l’eau, de plusieurs fois la taille des navires) Un jour, on découvrit que certains des monstres maritimes, les Jashins, vivaient sur la terre ferme et qu'ils avaient élu domicile sur l’île du milieu, une île désolée au centre des trois tairikus. Afin d’éliminer la menace, le Roi d’Oldan, le tairiku au Nord, envoya un de ses soldats sur les autres continents pour former une alliance avec les autres peuples, l’Empereur de Tsokubo et le souverain de Nivisky répondirent à son appel et envoyèrent aussi leurs meilleurs soldats. Ensemble, cinq des plus puissants soldats, issus chacun de tairiku différents, créèrent une armée conjointe ; coalition du savoir et de la main d'œuvre des trois peuples. On appela cette armée : la Légion. Pendant la bataille féroce, que l’on nomma la Croisade contre les Jashins, (les ombres prirent la forme de personnes en guerres contre des monstres à deux pattes coupant les hommes comme du papier) entre les monstres immortels de la terre du milieu et les Hommes, les cinq soldats les plus valeureux sortirent du lot en dirigeant leur armée avec brio et en terrassant le leader de ces monstres. Ils devinrent des dieux en terrassant ses êtres monstrueux et en sacrifiant leur vie pour nous offrir un futur (les lumières formèrent la silhouette de cinq hommes fiers, se tenant face à une ville fortifiée). Pour conserver leurs idéaux, plus de deux siècles après la Croisade, la Légion permet encore la paix au sein des trois tairikus en maintenant un commerce équilibré et des situations avantageuses pour chaque peuple. Son siège est installé sur l’île même qui abritait les Jashins, elle se nomme aujourd’hui l’Olympe. La Légion est le dernier rempart contre les associations malveillantes ou les attaques terroristes. Elle est l’incarnation de la Liberté des tairikus... »
La voix s’estompa quand ils arrivèrent au bout du couloir. La lumière de la mi-journée éblouit Ash. En arrivant sur une place où de nombreuses personnes attendaient debout, il vit des gens de tous horizons, habillés de toutes les façons, et de tout âge allant de quinze à quarante ans. Au loin, Ash aperçut un homme debout sur une petite estrade : il portait l'uniforme de la Milice, et rapprocha de sa bouche une petite bille incrustée au bout d’un manche cylindrique en métal.
Dans toute la place retentit alors sa voix :
« Chères recrues ! Le dernier train en provenance de Oldan vient d’arriver. Je vous demande donc de me suivre maintenant et de ne pas trop vous bousculer. Je remercie les premiers arrivés de leur patience. Allons-y ! »
La foule commença alors à s’agiter, certains se levèrent et Ash comprit en voyant leur visage que l’attente avait amplifié leurs angoisses. Était-ce voulu ? Il se rendait compte du soulagement d’être dans les derniers arrivés quand Jack écrasa sa cigarette sur le sol avant de lui dire :
« Bien, je te laisse là et te souhaite bonne chance.. Au fait, j’ai un bon cœur donc je t’ai laissé emmener ton petit coupe-doigts avec toi mais commence pas à jouer avec tout de suite. Ce cortège est entouré par une centaine de légionnaires qui pourraient probablement maîtriser un pays sous les ordres d’un bon Mandarin comme moi. Donc essaie pas d’en sortir avant qu'ils te disent de le faire. Tu risques d’y laisser la vie avant même de voir la couleur de la Sélection. Et même si tu y arrivais, je te rappelle que t’es sur une île. Ici, sans plaque, tu vas nulle part. Allez, je te souhaite que ça soit rapide et indolore. »
Il s’éloigna dans la foule sans laisser le temps à Ash de lui répondre. Ce dernier mit la main dans sa poche et toucha la lame qu’il avait volée à Yohan. Comment a-t-il su ? En relevant la tête, il remarqua que d'autres personnes le regardaient. Il mit son autre main dans sa poche, l'air de rien, puis suivit le cortège qui entamait sa marche derrière le Milicien.
***
En passant devant les remparts de la zone centrale de l’île, Ash observait l’immense tour de verre qui en dépassait. Depuis sa naissance, il n’avait vécu qu’à Oldania et n’avait jamais visité un autre tairiku du Landau. Il est difficile de comprendre la sensation que l’on ressent quand on découvre un monument dont on a du mal à imaginer l’existence alors qu’il se tient devant vous.
Note :
- Ce pourrait être lors d’un voyage en égypte dans votre monde, devant une pyramide. Mais il faut s’imaginer n’en avoir qu’entendu parler, sans jamais avoir vu d’image du monument avant. Ou bien..
- Je pense qu'ils ont compris. Et je t'ai dit de ne pas leur parler directement. Mais, il a raison. C’est exactement ça.
La tour s'élevait à un sommet que Ash comparait dans sa mémoire à la hauteur du Pic des Trois Monts. Un lieu sacré où se trouvent les statues des Précurseurs ainsi qu’un voyant, connu de tous à Oldan, faisant ses prédictions au croisement vertigineux des trois pics montagneux. Il lui semblait alors improbable qu’une construction humaine puisse être comparée à une montagne. Le milicien à la tête du troupeau ne s'arrêta pas dans sa marche mais Ash remarqua qu’il n’était pas le seul parmi les concurrents à admirer le monument à la taille impressionnante, recouvert de grandes vitres brillantes, manifestant une richesse immense.
***
Après une petite heure de marche encadrée par de nombreux légionnaires, le groupe s’arrêta devant un grand bâtiment circulaire, similaire à une arène. En suivant le Milicien en tête, les recrues s’inscrivirent une par une sur des fiches disposées devant l’entrée, avant de s’enfoncer par une arche de pierre à l’intérieur de l’édifice. Les légionnaires qui accompagnaient le cortège s’arrêtèrent en laissant entrer progressivement la foule après inscription. Quand l’ensemble eut traversé, les participants furent guidés dans une immense cour centrale entourée d’un mur de béton, incrustés ici et là de gemmes vertes, et surplombé de gradins. Vers le fond de la cour, un homme d’environ quarante ans, grand et musclé, les attendait. Cet homme au regard dur, c’était le Capitaine Goro. Derrière lui se tenaient trois personnes plus jeunes, tous autour d’une vingtaine d’années. Parmi eux, il y avait un grand gaillard roux et musclé, en débardeur ; à côté de lui, un chauve légèrement plus grand, habillé d’une tunique orange ; et devant, le troisième, à l’allure plus fine, portait le pantalon gris de la Milice et une armure légère sur le haut du corps. Le Sentinelle qui avait guidé le groupe à l’intérieur de l’arène referma l'arche derrière lui en sortant de la cour. La double porte claqua dans un grand fracas ce qui mit un terme aux bruits de pas et aux murmures des candidats regroupés. Ash observa alors le sol sous ses pieds, il était couvert de sable. Un cercle blanc était dessiné à la craie tout autour des participants. Ash fit le parallèle entre son environnement actuel et celui, à échelle plus petite, des combats de Kuritsa où il lui était arrivé de perdre quelques Gramms.
À l’extérieur du cercle, des bancs et des tentes étaient disposés. Juste au-dessus, des gens assis discutaient en riants. Les gradins plus hauts n’étaient pas pleins mais il y avait quand même des spectateurs qui continuaient d’arriver, la plupart portant des uniformes. Le regard du jeune garçon revint aux spectateurs assis au premier rang. Il y vit une jeune fille d’une quinzaine d'années qui venait de s'asseoir aux côtés d’un garçon noir, légèrement plus vieux. Elle portait des vêtements bleu clair moulants son corps, sous un châle de la même couleur qui lui couvrait une épaule et une partie du bras. Ses cheveux blonds détachés lui tombaient sur les épaules et faisaient ressortir ses yeux verts. Le garçon à côté d’elle ricanait en montrant certaines recrues du doigt mais la fille ne semblait pas s’intéresser. Lui, portait un chapeau borsalino en feutre noir rayé et ceintré d’un ruban blanc. Ash l’envia pour ce chapeau, bien qu’il lui trouva deux défauts ; d’une part il était troué de trois impacts de balles, d'autre part il ne correspondait pas au look de cowboy que portait le garçon. Son chapeau était posé sur des cheveux noirs mi-longs encadrant deux yeux verts. Sur son dos il portait un imper marron (l’uniforme des enquêteurs) dont les manches avaient été arrachées. Le regard de Ash croisa celui de la jeune fille qui se leva d’un bond. Sûr de lui, et avec grâce, Ash lui fait un clin d’œil à travers son masque et se pencha en révérence. L’air encore plus surpris, elle se rassit.
« Oh là ! Il a pas froid aux yeux le gosse, dit le garçon au chapeau qui n’avait rien manqué, se tapant la cuisse et riant, il ajouta : et je crois que tu lui as tapé dans l'œil.. T’es vraiment une tueuse Stella pour réussir à atteindre la seule zone qui n’est pas protégée par son masque ! (il éclata de rire à sa propre blague).
Note :
- En vérité il n’a pas dit ça, n’est-ce pas ?
- Oui c’est moi qui l’ai rajouté. Mais c’est mieux avec je trouve. Par contre plus jamais tu démarres des conversations dans les dialogues...
- Tu l’as vu ? répondit Stella. J’aurais préféré ne pas le voir moi. »
Un deuxième garçon que Ash reconnut tout de suite se joint à eux en descendant les gradins.
« Salut les gars, de qui vous parlez ? (il regarda dans la foule) Ah ! Ben c’est lui que je viens d’amener ! Encore désolé de t’avoir laissé Clyde, la prochaine fois tu me croiras ! Imbécile.
- Genre !? C’est lui le petit que tu envoies au casse pipe juste pour éviter la paperasse ? demanda le jeune homme au chapeau noir. J’étais sûr que c’était une excuse.. J’aurais préféré honnêtement. Quel spectacle désolant tu vas nous offrir..
- Espèce d’irresponsable ! se leva Stella. elle gifla Jack, puis s’en alla fâchée.
- Wow.. dit Jack en posant sa main sur sa joue rougie. Qu’est-ce qu’elle a ? Je l’ai jamais vu s’énerver comme ça..
- En même temps tu tapes dans l’infanticide là mon pote. lui répondit Clyde. T'as fait fort. Et c'est un Niviskien qui te dit ça. Ou alors c’est qu’elle est tombée amoureuse du petit et de sa révérence haha.
- Il a fait une révérence ?! Ah.. Peut-être bien qu’il va finir par me manquer ce gamin. Tiens en parlant d'amour de Stella, qu’est-ce que Ladvard fait dans l’arène ? (l’Enquêteur s’assit à côté de Clyde).
- Tu savais pas ? Il a été choisi comme encadreur pour cette Sélection.
- Mais il déteste ça et c’est sur la base du volontariat, comment..
- Oui justement, c’est sa punition pour avoir construit une bombe qui a fini dans les mains des Onis.
- Il s’en sort bien.. Moi si j’avais créé une bombe qui finit dans les mains d'une organisation criminelle recherchée dans les trois tairikus, je m’en serais pas sorti avec une sélection à superviser..
- Oui mais Ladvard n’arrive pas en retard, il va à tous les cours et entraînements.. Il n’oublie pas de faire ses rapports.. Il n’envoie pas des enfants à la mort pour éviter un suivi juridique.. Et puis avec tes "relations" je ne suis même pas sûr que ce que tu dis soit vrai.
- Ah oui.. En fait c’est pour équilibrer.
- Équilibrer ? s'interrogea Clyde.
- Oui. Comme il est tout timide, c’est dur pour lui d’avoir des envieux alors que moi, comme je suis le meilleur enquêteur et que ma présence seule suffit à faire des jaloux, faut équilibrer en me mettant des sanctions plus sévères. Histoire de montrer que la Légion est impartiale. Tu aurais pu juste dire que personne ne m’arrive à la cheville tu sais, j’aurais compris.
- C’est marrant cette faculté que t’as de prendre tous les reproches de travers et d’en faire des compliments..
- C’est toi qui enquêtait sur l’orphelinat et qui a reconnu son style d'artisanat non ? (il s'alluma une cigarette avant de demander) Il t’en veut pour l’avoir dénoncé ?
- Tu rigoles, lui dit Clyde en riant, c’est Ladvard dont on parle. Il m’a dit qu’il était flatté que j’ai reconnu son style !
- Et comment t'es revenu aussi vite ? cette fois Jack mit une cigarette dans la bouche de Clyde. Je sors à peine du train moi.
- Merci, c'est Stella qui m'a ramené. Elle était à Oldania pour s'acheter des trucs. Le feu ? (Clyde tendit le menton).
- La chance, (Jack alluma la cigarette de son collègue) j'aurais bien pris le portail moi aussi. Ah, et pour la gemme de surveillance, du nouveau ?
- Elle était bleue, ils n'ont rien cassé d’autre. Tu sais comment ça marche, on a mis l’affaire dans les mains de la police locale, on a juste dit aux Sentinelles d’être plus vigilants.
- C’est bien ça. J’en ai marre de m’occuper des trucs nuls comme ça.
- Ah ben ça va pas te faire plaisir.. En refilant l’affaire au commissaire local j’ai récupéré pour toi une de leurs affaires en cours. Du vandalisme. À première vue, c'est surtout des vitres cassées dans un des quartiers populaires mais je n'ai pas encore mené d’enquête puisque j’ai couru à la gare pour savoir où tu t’étais encore enfui !
- Roh la galère.. Du vandalisme. répéta Jack dépité. On va vraiment finir par crever d'ennui. »
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Note :
- Ça veut dire quoi ça ?
- Qu’on remonte dans le temps papi. Mais pas de beaucoup, ne t’inquiète pas.
- À oui tu fais vraiment ce que tu veux en fait..
- C'est pas l'avantage d'être le narrateur ? Je suis Dieu, je fais ce que je veux.
- Non. T’es un narrateur omniscient. C’est pas pareil.
- J’suis omniscient.. Omni = Tout. En tant que tout, je décide de tout. Je suis Dieu, je fais ce que je veux.
- Non… Justement non.
Parmi les trois jeunes encadreurs, Ladvard, le grand gaillard aux cheveux roux et longs attachés en chignon, se tenait derrière le Superviseur et observait Stella par-dessus son épaule. Assise aux côtés de Clyde, elle se leva soudainement, comme nous l’avons dit, et observa quelque part dans la foule, les yeux de Ladvard cherchaient sa cible quand il aperçut Ash, qui se relevait de sa révérence.
- Il a pas froid aux yeux lui. se dit-il. De toute façon, il l'aura pas avec ça. J’ai déjà tenté.
Son regard se porta à nouveau sur Stella qui claquait la joue de Jack avant de partir. Ladvard gloussa.
« Oh ! Ladvard ! le reprit un des deux autres encadreurs. Ne te marre pas, il va commencer les explications.
- Pardon Charles, j'ai vu un truc drôle. »
Devant eux, l’homme en armure se raclait la gorge et commença :
« Bonjour à tous. Je me nomme Goro. Et je vous souhaite la bienvenue. En ma qualité de Capor..
- Capitaine, Monsieur. le coupa Charles tout bas.
- Rrhhm-Rhm. De Capitaine ! (cracha finalement l’homme en armure, agacé) Je préside cette sélection qui sera la vôtre. Je peux vous assurer une chose. Que vous soyez admis, non admis.. ou dans un état critique à l’issue de ce tournoi, vous vous souviendrez toujours de votre sélection. Comme tous les Légionnaires. (Il marqua un temps de pause et conclut sur un ton léger, souligné d’un sourire :) Sauf en cas de mort évidemment ! »
Un léger malaise se fit sentir dans la foule agglutinée dans le cercle blanc. Dans les gradins, progressivement remplis par des légionnaires – y compris ceux qui accompagnaient les participants un peu plus tôt – des rires se firent entendre.
« Cette année, la sélection démarre par un Combat-Concours. »
Partout dans les gradins, des acclamations spontanées accompagnées de sifflements se firent entendre : « ALLÉ ! », « Un CO-CON », « EH MERCI GORO ! ».
« Silence. » imposa le Capitaine.
La voix de Goro retentit dans un grand fracas en résonnant dans toute l’arène. Ash ne distinguait aucun dispositif, mais l’homme ne semblait pas avoir crié.
« S’il vous plaît. (le calme s’étant rétabli, il reprit :) Le combat-concours, aussi raccourcit CO-CON, est une pratique courante d’entraînement à la Légion alors il m’a semblé intéressant de vous la présenter comme examen d’admission. Il n’y a que deux façons de se qualifier alors soyez attentif. Je ne répéterai pas. Premièrement (il leva son index), si vous touchez un encadreur qui se trouve à l’intérieur du cercle blanc ou que vous le poussez à l’extérieur du cercle, vous êtes qualifié. »
Des murmures se lèvent dans la foule de recrues, quelques joues étaient caressées par des larmes, d’autres étaient étirées par des sourires. Goro aussi étirait ses lèvres, mais seuls certains le remarquèrent.
« Deuxièmement (son majeur se joignit à l’index), si vous sortez un total de dix personnes parmi celles dans le cercle blanc ou que dix personnes ne sont plus en capacités de se battre grâce à vous, vous êtes qualifiés. Et enfin, sachez que tenir encore debout à la fin du chronomètre ne suffira pas. Un soldat debout n’est utile que s’il peut coucher son adversaire sinon vous êtes aussi utiles que des mannequins d’entraînement. »
À la fin de son discours, Goro sortit de l’arène et grimpa sur la première marche des gradins. Les trois encadreurs se dispersèrent dans la foule des participants.
Dans l’arène, les participants se regardaient entre eux. Certains jugeaient la force des uns et des autres depuis que la deuxième règle avait été énoncée. D’autres observaient avec attention les trois jeunes hommes derrière Goro, désignés comme encadreurs. Beaucoup de regards se portaient sur les plus petits au sein du cercle et Ash savait qu’il en faisait partie. Il enleva la capuche de son sweat pour mieux voir sur les côtés.
Goro s’éclaircit la voix :
« Je ne compte pas donner de compte à rebours, l’épreuve à commencé. »