Après quelques minutes de marche, Mathurin se trouvait aux champs des invalides. C'était une grande et belle esplanade d'herbes encadrée sur les côtés par deux petites routes, à l'arrière par un très beau bâtiment avec un grand dôme et à l'avant par un pont avec des anges dorés, le pont de la Concorde. Il devait passer sur ce pont pour aller de l'autre côté de Paris.
Notre petit pingouin valeureux se dirigea dans cette direction. Mais tandis qu'il traversait la grande esplanade d'herbe, il remarqua une petite boule de poils qui gambadait d'un endroit à un autre.
Mathurin se cacha derrière un banc et l'observa. Ouf ! Ce n'était pas un chat. Cela ressemblait plutôt à... un gros rat. Il semblait fureter à la recherche de nourriture. Le voilà qui sautait sur un sac de chips, puis sur un reste de sandwich et encore sur un morceau de croissant qui restait dans l'herbe. Il semblait le plus heureux du monde.
- Laissons-le à ses affaires et continuons notre chemin, se dit le pingouin.
Doucement, le pingouin l'évita et se dirigea vers le pont. Parvenu à 10 mètres du pont, Mathurin vit une autre boule de poils sur le côté du pont. Mais cette fois... Malheur... C'était un chat. Un énorme chat gris qui observait le pont avec attention de ses yeux perçants. Vraiment, il semblait menaçant. Heureusement il n'avait pas encore vu le pingouin.
- Oh non... comment faire pour passer ? se demanda le pingouin.
Peut-être y avait-il encore un pont plus loin ? Il se décida à sortir sa carte pour regarder son trajet.
- Sacrebleu, où est-elle ?
Il avait beau chercher, il ne l'a trouvait pas. Il vit alors le petit rat de toute à l'heure s'éloigner de lui, une carte dans la bouche.
- Oh le chapardeur !
Mathurin, déployant ses petites ailes de pingouin, vint faire un bond suivi d'un petit vol plané (ce qui est un exploit pour un pingouin).
- Rends-moi ma carte, veux-tu ?
- Ta carte ? Oh bah ça alors, c'est la tienne ? Je suis confus…
Le rat jouait clairement l'innocent. Il lui tendit la carte.
- Merci, dit le pingouin d'un ton sévère.
Mathurin la remit dans son sac.
- Tu veux passer par le pont du Louvre ? C'est ça ? lui lança le rat alors que le pingouin se préparait à partir.
- Oui, et alors ? répliqua celui-ci.
- Je ne te le conseille pas ! Il y aussi un chat là-bas.
- Vraiment ?
- Malheureusement pour toi, tous les ponts sont gardés par les chats ! dit le rat avec un grand sourire.
- Tous les ponts ?
- Oui ! Tous les ponts ! Mais, tu as de la chance, je connais un autre chemin.
En disant cela, le rat avait pris un ton à la fois mielleux et fier.
- Un autre chemin ?
- Oui, mais c'est réservé aux rats. A moins que tu ne sois notre invité, je ne peux t'y emmener.
- D'accord, répondit Mathurin quelque peu agacé. Et que faut-il faire pour être votre invité ?
- Oh ! Tu veux être notre invité ? C'est vrai ? Mais c'est génial !
Le pingouin ne sut que répondre. Le rat, lui, reprit :
- Pour être notre invité, il faut participer ! Car on obtient rien sans rien.
- Participer ?
- Oui, aide-moi à chaparder des restes de nourriture ! Nous faisons un grand festin dans les égouts pour Noël. Alors, il faut prendre tout ce qu'on peut ici !
Le pingouin n'était pas sûr qu'il faille bien faire confiance au rat. Mais il ne semblait pas avoir d'autres solutions.
- D'accord.
- Chouette ! Suis-moi.
- D'ailleurs, je suis Gaston ! Gaston le Raton. Et toi ?
- Je m'appelle Mathurin, répondit le pingouin, d'une voix méfiante.
Et Mathurin suivit le rat dans sa recherche de nourriture. Celui-ci l'emmena à travers différentes rues toutes plus belles les unes que les autres.
Mais bien que les bâtiments de la ville soient tous très beaux, Mathurin découvrit qu'en cherchant bien, on trouvait facilement des restes et des déchets dans les rues, morceaux de pain, sachets de gateaux et autres, ce qui donnait un côté un peu négligé à la ville. Et cela étonna un peu le pingouin.
Après une bonne demi-heure, Gaston semblait satisfait de la récolte.
- Je pense que cela suffira !
Cette petite virée à la recherche de nourriture avait calmé la colère et la méfiance du pingouin.
- Parfait, répondit le pingouin. Peux-tu maintenant me montrer ton chemin pour traverser la Seine ?
- Quel chemin ? Ah oui ! Il faut passer par les égouts.
- Sérieusement ? répondit le pingouin, c'est que je préférerais éviter.
- Vraiment ? C'est pourtant un bel endroit.
- Oui, mais on me l'a déconseillé.
- Déconseillé ? Et bien c'est la meilleure !
- Désolé ! Je ne peux pas.
Le rat se fit silencieux un moment.
- Hum, dans ce cas, je ne vois qu'une seule solution, dit-il enfin.
Le rat l'emmena sur les bords de Seine. Là, il vit un grand et long bateau. Un bateau-mouche, expliqua le rat. Ils montèrent discrètement dedans. Puis le bateau passa quelque temps à se balader sur la Seine. Le pingouin eut l'occasion d'admirer les différents bâtiments qui ornaient les bords de Seine. Mathurin était émerveillé devant la prouesse architecturale et le sens de l'harmonie des humains.
- Assurément, si une peuplade mérite bien d'avoir de la neige pour Noël, c'est eux ! dit-il à voix basse, comme pour lui-même.
Puis le bateau-mouche accosta sur l'autre rive.
- Je te laisse là ! dit le rat.
- Tu ne descends pas ?
- Non, sur la rive droite de Paris, les rats se font plus discrets. Il y a trop de chats.
- D'accord.
Le pingouin était revigoré de cette balade en bateau mouche et se sentait l'humeur généreuse.
- Avant que l'on se quite, j'ai quelque chose pour toi, dit-il alors.
Après avoir fouillé dans son sac, Mathurin sortit une petite boule blanche qu'il avait emmené pour le voyage.
- C'est un fromage pour compléter ta récolte.
- Un fromage ? dit lentement le rat, comme s'il peinait à réaliser ce qu'il disait.
- Oui, un fromage de renne !
- Mais où l'as-tu chipé ?
- Je ne l'ai pas chipé, on me l'a donné.
- On te l'a donné ? Et tu me le donnes à nouveau ? Ça c'est fort !
- Pourquoi donc ?
- Et bien ce n'est pas forcément la coutume ici de donner gratuitement. D'ailleurs je comptais te le voler au départ... Mais merci !
- Et bien... de rien, répondit le pingouin déconcerté.
- Dans ce cas, moi aussi j'ai quelque chose. Si jamais tu es en difficulté, sache que même au nord de la ville, tu peux te réfugier dans les égouts, les chats n'y vont jamais et nous en restons les maîtres. Pour être accueilli, il te suffit de donner la belle plume que voici.
Et le rat lui tendit une petite plume bleue.
- Merci beaucoup ! répondit Mathurin en prenant la plume.
- A bientôt Petit Pingouin !
Et il partit avec le bateau-mouche. Sa rencontre avec le rat s'était plutôt bien fini. Mathurin vérifia quand même qu'il ne manquait rien dans son sac. Ouf tout était là. Il pouvait avancer sur la rive droite, là ou les rats se font discrets car il y a trop de chats...
Attention, tu parles au départ d'un gros rat, puis tu dis qu'il est petit :)
C'est très rythmé cette partie avec les dialogues courts et un effet ping-pong.
Juste un petit pb à cet endroit :
- Chouette ! Suis-moi.
- D'ailleurs, je suis Gaston ! Gaston le Raton. Et toi ?
Comme il y a deux tirets, on croit que Gaston parle et que Mathurin lui répond, avant de se rendre compte que c'est toujours Gaston qui parle. Il faudrait rassembler les deux phrases dans le même tiret
Oui, tu as bien vu, la petite plume n'est pas là pour rien ^^
Sacré Gaston, content qu'il ait fait un bon effet !
Merci encore de me lire ! :)
Honnêtement, cela ne m'étonne pas qu'il trouve tant de nourriture dans la rue, j'ai vu de ces choses dans le métro...
Je suppose que le petit pingouin n'en a pas fini avec les égouts...Un chapitre bien sympa encore une fois et je trouve tes descriptions claires.
En effet, Paris n'est pas toujours très propre... et le métro... je suis bien d'accord avec toi !
Nop, il y aura probablement une suite sur cette histoire d'égouts, bien vu ;
Merci beaucoup pour le retour !!