Chapitre 3 : Le Mistral

Enfin seule dans ce train vers l’Italie, Marlène fut envahie d’une tristesse infinie. Comme ses parents allaient lui manquer ! Tout ça pour une chimère ! Néomage. N’importe quoi. La magie était héréditaire. Elle n’apparaissait pas par… magie… Marlène ricana.

Il y en avait d’autres de part le monde. Nicolas Patriol avait été découvert trois ans plus tôt en France. Quelle était la probabilité pour qu’un autre enfant français soit néomage aussi vite ? À moins que les recruteurs de l’agence française du CIM ne soient plus doués que les autres.

Grâce à Nicolas Patriol, les chercheurs amateurs de néomage ignoraient la France, permettant à Marlène d’évoluer en toute liberté. À elle de rester bien prudente. Magicienne de fortune, voilà le mensonge qu’elle allait devoir servir à tout le monde. Elle soupira. Elle n’avait pas envie de commencer des interactions sociales de cette manière mais elle se retrouvait le dos au mur.

Marlène dormit dans le train de nuit. En arrivant en gare à l’aube, elle se sentit plus seule que jamais. Un bus indiquait « Mistral ». Marlène monta dedans. Des dizaines d’adolescents de son âge s’y trouvaient déjà. Elle s’en éloigna, se trouvant un siège près de la fenêtre en plein milieu. Elle s’enfonça dans son siège. Le bus étant finalement plein, un garçon vint s’asseoir à côté d’elle. Il lui parla mais pas en français. Marlène sauta sur cette opportunité et la conversation prit fin sur ce prétexte. Plus personne ne lui adressa la parole. Elle en fut ravie.

Après deux heures de route, l’école apparut, composée de plusieurs bâtisses de taille modeste plantées au milieu d’arbres gigantesques. Des adultes attendaient les élèves à la sortie du bus. Marlène fut touchée par le vent tiède et saluée par le chant des oiseaux.

- Bonjour à tous ! dit une femme blonde portant une robe rose bonbon. Venez par ici. Voici vos guides, indiqua-t-elle tandis qu’un homme distribuait une feuille.

Marlène observa la sienne. Toute blanche. Aucun signe distinctif. Super. Ça commençait bien.

- Et vos traducteurs, continua-t-elle.

Marlène reçut un collier qu’elle passa sans ressentir la moindre différence. Les élèves discutaient vivement entre eux, se montrant leur guide. Ils semblaient se comprendre à la perfection là où Marlène n’entendait qu’un mélange de sons de différentes langues.

- Bonjour, Marlène, dit la blonde. Je suis madame Lavigne, l’agent d’accueil.

- Vous parlez français ? s’étonna Marlène.

- Non, Marlène . Je sais manipuler la magie.

La jeune femme grimaça.

- Le guide et le traducteur sont des objets magiques, indiqua madame Lavigne. Il faut savoir manier la magie pour les activer.

Marlène observa les autres élèves.

- Ils viennent tous de familles de magiciens. Ce n’est pas le premier objet magique qu’ils rencontrent. Ils savent tous faire.

Marlène gémit.

- En attendant que tu saches faire, je t’informe que ta chambre est la n°114 et que ta colocataire se nomme Julie Millet.

- Colocataire ? répéta Marlène.

- Les chambres simples sont réservées aux secondes années et suivantes, indiqua la blonde.

Marlène hocha la tête.

- Bonne découverte, dit madame Lavigne avant de s’en aller.

Marlène se retrouva seule. Le bus avait disparu. Tous les élèves étaient partis. Elle empoigna sa valise et partit, au hasard, à la recherche de la chambre n°114.

Un adulte croisé lui désigna la direction des dortoirs et Marlène découvrit des maisonnées jolies posées les unes près des autres, séparées par des jardins fleuris agrémentés de statues d’animaux et de fontaines.

La porte numérotée 114 dévoila une grande pièce décorée de deux lits simples flanqués d’une table de chevet, de deux bureaux et de deux grandes armoires. Deux grandes fenêtres offraient une vue splendide sur le parc.

Le lit le plus au fond était défait et l’armoire entrouverte laissait apercevoir quelques affaires. Julie était arrivée avant elle, comprit Marlène. Elle s’installa de son côté.

Derrière la seule autre porte de la chambre, elle découvrit une petite salle d’eau bien agencée proposant des savons, du dentifrice, des brosses à dents et des shampoings.

Le tout plut beaucoup à Marlène. C’était agréable. Cela sentait bon. Il faisait frais. Elle s’assit sur son lit et soupira. Voilà, elle y était. Et maintenant ? « Bouge-toi ! entendit-elle son père bougonner. À 1000 euros la journée, tu bosses ! ».

Marlène se leva et sortit pour s’arrêter devant la porte. Où devait-elle aller ?

- Buongiorno ! lança une voix guillerette qui enchaina sur une grande phrase où le seul mot qu’elle comprit fut “Marlène”.

- Je m’appelle Marlène, oui, confirma-t-elle à l’adolescente blonde qui lui parlait avec entrain.

Elle se trouvait en compagnie d’une belle brune au visage ovale. La blonde fit une longue phrase puis attendit. Marlène comprit qu’elle était censée répondre.

- Je ne comprends pas l’italien. Je ne sais pas utiliser des objets magiques, précisa-t-elle en désignant le collier.

- Ah ! s’exclama la blonde, visiblement indécise quant à la conclusion à tirer de cette remarque.

- Apparemment, vous, en revanche, vous me comprenez, supposa Marlène et les filles hochèrent la tête en désignant leur collier, qu’elles avaient, sans aucun doute, activé. Je suis une magicienne de fortune, mentit Marlène.

- Oh ! s’exclama la brune avant de sortir une phrase très douce et pleine de compassion en italien.

- Julie, amène Marlène auprès de maître Beaumont s’il te plaît, lança une femme qui passait par là.

- Si Maestro, répondit la blonde.

Marlène avait trouvé sa colocataire. Plus exactement, sa colocataire l’avait trouvée. Marlène la suivit en soupirant. Elle détestait faire du social, parler avec des gens, et voilà qu’elle était dépendante de cette blonde en robe légère, maquillée et pomponnée. Sa copine arborait un décolleté plongeant et une robe encore plus courte. Pourquoi avait-il fallu qu’elle tombe sur les deux pétasses de l’école ?

Après quelques minutes de marche, Julie lui désigna une batisse dans laquelle Marlène entra. Dans la grande pièce, quinze élèves se tenaient assis à même le sol sur des tapis. Ils avaient tous les yeux fermés et le silence était total. Ils avaient tous le même âge que Marlène.

Un homme qui se promenait d’élève en élève et que Marlène supposa être le professeur fit signe à Marlène de prendre place. Il n’y avait plus de tapis de disponible. Le professeur disparut dans une pièce attenante et en ressortit avec un tapis d’une couleur différente. Marlène le mit dans un coin de la pièce et s’assit, sans trop savoir quoi faire. En imitation des autres, elle ferma les yeux.

- Détends-toi. Écoute le monde, murmura le professeur.

Sa voix était une douce brise de printemps, un chant apaisant et mélodieux. Marlène se laissa porter.

- La magie est là, partout, sens-la.

Marlène grimaça. Ouais, bien sûr. Plus facile à dire qu’à faire !

- Où es-tu ? Dans un jardin ? Une chambre ? Une plage ?

Marlène aurait volontiers répondu « une salle de classe bizarre » mais à 1000 euros la journée, mieux valait ne pas trop la ramener et faire le dos rond.

Marlène n'était nulle part. Elle ne voyait rien. Lorsqu'elle fermait les yeux, elle était entourée de noir. Cependant, l'endroit était agréable car il y faisait bon et elle n'avait pas peur. Un vent frais lui caressait le visage, faisant danser ses cheveux.

- Suis la bise, laisse-toi porter. Elle est ton alliée. N'aies pas peur d'elle.

La voix du professeur l'emplissait, l’apaisant profondément. Elle l'écouta et se concentra davantage sur l'espace noir venteux qui lui apparaissait depuis toujours lorsqu'elle fermait les yeux. Marlène se rendit alors compte qu'elle se retenait au sol. La bise, douce et chaude, voulait l'emmener plus loin mais Marlène s'y refusait.

- Laisse-la t'emmener. Elle ne te veut aucun mal, reprit le professeur.

Marlène lâcha prise. Quel plaisir ! La bise l'enveloppa et l'emmena dans le vide qui l'entourait. Mais la bise la poussait par devant, si bien que Marlène ne voyait pas l'endroit où elle allait. La jeune femme se retourna sans difficulté. Tout ce qu'elle vit fut l'intense lumière blanche vers laquelle la bise la portait.

Un instant plus tard, elle traversait le rideau lumineux et elle se retrouva assise dans la salle de cours. Elle avait toujours les yeux fermés et pourtant, elle voyait la salle, mais différemment. Elle ressentait la présence de ses camarades, du professeur, des meubles, du sol, des murs et même, du couloir et plus loin, des autres classes, des autres élèves et encore plus loin, du petit bois au nord et de la mare à l'est et plus loin de l'autoroute qui longeait la voie de chemin de fer.

Marlène vit passer le train rapide qui remontait sur Rome et sentit la présence de chacun des passagers. Cette femme qui cachait son chien dans son sac et qui guettait l'arrivée d'un contrôleur. Cet homme qui envoyait un SMS à sa maîtresse alors que sa femme dormait sur le siège voisin. Cette maman qui était dépassée par ses trois garçons et qui avait plus honte que jamais devant les autres passagers énervés du bruit constant provoqué par ces garnements.

Marlène ouvrit les yeux sans savoir pourquoi.

- Je t'ai fait sortir, dit le professeur. C'est l'heure d'aller manger. Tu dois avoir faim.

Marlène sentit son estomac crier famine. Elle se leva et eut un léger vertige. Le professeur l'aida.

- Tu as vraiment besoin de manger. Suis les autres.

- Merci, monsieur.

- Maître, murmura le professeur.

- Merci, maître, se corrigea Marlène avant de suivre le flot d'élèves qui allaient tous dans le même sens.

Marlène se sentait euphorique. Elle venait d'utiliser la magie ! Suivre les élèves la mena dans une grande salle bizarrement pas trop bruyante malgré l'important nombre d'élèves qui s'y trouvaient. Elle s'avança entre les rangs, cherchant une table vide où s'asseoir. Elle crevait de faim. Elle choisit la première chaise disponible, sans s’intéresser aux voisins qui parlaient sans qu’elle ne comprenne un seul mot.

Elle remplit son assiette de ce qui ressemblait à un hachis parmentier et mangea. C’était très bon, parfumé, délicat et nourrissant. Marlène en reprit une deuxième assiette, puis une troisième. À la quatrième, elle constata que ses voisins étaient silencieux et la regardaient en souriant.

- Quoi ? gronda-t-elle.

Ils ricanèrent avant de reprendre leurs discussions. Marlène continua à manger, s’arrêtant de compter au-delà de dix assiettes. Elle n’omit cependant pas de déguster des légumes, du fromage et pas moins de quatre éclairs au chocolat.

Lorsqu’elle sortit de table, elle se sentait bien mieux, pas du tout lourde ou ballonnée malgré l’impressionnante quantité de nourriture qu’elle venait d’ingurgiter.

Elle retourna dans la salle de classe précédente. De nouveau, quinze élèves se tenaient assis les yeux fermés. Le tapis supplémentaire avait été retiré. Maître Beaumont retourna en chercher un spécialement pour elle. Cela venait-il du fait qu’elle était néomage ? Y avait-il une limite maximale aux salles de classe ? Faisait-on une exception pour elle ?

Elle s’assit sans avoir la réponse à sa question, sachant qu’elle ne pouvait pas se permettre de la poser à voix haute. Nul ne devait savoir. Marlène voulait plus que tout rester anonyme.

Marlène ferma les yeux. Elle se retrouva dans le noir complet. Une nouvelle fois, le vent se leva et Marlène lâcha prise. Elle se retourna pour voir la lumière. Elle s'apprêtait à passer le rideau lumineux lorsqu'elle entendit :

- Ne va pas là.

C'était la voix du professeur. Surprise, elle stoppa et constata qu'elle pouvait refuser d'aller là où le vent la portait.

- Regarde, tu peux aller dans d'autres endroits.

Marlène leva les yeux. Elle constata qu'il y avait d'autres tunnels lumineux.

- Prends celui-là, en bas à droite.

Marlène s'y rendit et elle arriva dans un endroit étrange. Ici, le monde était bleu avec des reflets, comme si elle fut entourée d'eau. Pourtant, elle était sèche. Elle respirait. L'air était même agréable. Elle eut une impression de déjà vu. Cet endroit lui rappelait quelque chose. Elle tenta de se souvenir… Un endroit rassurant, petit, rempli de liquide. Elle comprit. Cela lui rappelait le ventre de sa mère. Voilà pourquoi elle s'y sentait autant en sécurité. Elle était bien ici. Protégée, couvée.

- Tu es dans ton propre esprit, au plus profond de toi-même. Tu sens la magie ?

Marlène changea de perception pour une vision plus magique que sensorielle de son environnement. Une aura de magie l'entourait. La pellicule était fine et suivait le contour de son corps.

- Tu peux la faire épaissir ?

Marlène essaya et l'aura grossit de plusieurs centimètres.

- Je te laisse t'amuser dans ce nouveau monde.

Marlène continua à faire grossir l'aura. Ce fut de plus en plus difficile mais pas insurmontable. Au bout d'un moment, elle toucha une paroi molle qu'elle eut rapidement envie de nommer "bulle" tant elle ressemblait à cela.

Elle pouvait toucher la bulle mais pas la traverser et elle ne pouvait pas étendre sa magie au-delà. Marlène toucha la bulle. La paroi était souple. Elle pouvait être déformée mais reprenait sa forme initiale dès qu’on relâchait la pression.

Marlène sentit qu'elle ne pourrait rien faire de plus. Elle quitta cet endroit – il suffisait de le vouloir pour revenir au noir sidéral et son vent immuable – pour rejoindre le premier tunnel. Elle fut à nouveau en contact avec le monde entier. Elle n'alla pas trop loin cette fois, restant sur l'école, repérant les différents lieux, se créant une carte mentale. Grâce à ça, elle ne se perdrait pas.

- Marlène ? Tu veux bien sortir, s'il te plaît ?

La jeune femme s'exécuta. Le professeur souriait. Marlène ne savait pas combien de temps elle avait médité mais les autres élèves étaient toujours là.

- Pourquoi m'avez-vous demandé de sortir ? demanda-t-elle.

- Tu devrais peut-être aller dans un autre cours. Non pas que ta présence me dérange, bien au contraire, mais savoir activer un objet magique te serait utile pour communiquer, non ?

Marlène haussa les épaules. Elle s’en fichait de pouvoir parler avec les autres élèves. Elle était bien comme ça.

- C’est chouette de pouvoir voir au-delà des murs, dit Marlène.

- C’est ta gnosie, indiqua maître Beaumont. Tous les magiciens l’activent en permanence. Cela leur permet de n’être jamais surpris par rien mais également de profiter de la magie intra.

Marlène leva un œil interrogateur.

- Ce qui est important est que nul n’a le droit de t’en priver. Quand tu rembourses un prêt, tu donnes tout sauf le nécessaire pour maintenir la gnosie.

- Ah bon, accepta Marlène qui enregistra l’information sans toutefois y apporter une énorme attention.

- Ceci dit, tu as changé de sujet mais je ne lâche pas l’affaire aussi facilement. Marlène, c’est la dernière fois que j’utilise mes pouvoirs personnels pour t’adresser la parole en français. Va apprendre à activer le collier auprès de monsieur Toupin.

- Je le trouve comment ? demanda Marlène.

Le professeur lui répondit mais il parlait une langue slave, du hongrois, du suédois, du russe peut-être ? Marlène grogna avant de se lever et de faire mine de partir.

- Marlène !

Le professeur lui désigna son tapis. Elle l’attrapa, le plia puis l’apporta jusqu’à ce qui s’avéra être une petite réserve propre et bien rangée. Elle plaça l’objet avec ses frères et sœurs puis sortit. Une fois dehors, elle grimaça. Elle était censée trouver monsieur Toupin. Il pouvait être n’importe où.

Marlène se promena au hasard. Au premier groupe d’adolescents qu’elle croisa, elle demanda :

- Salut les garçons. J’ai oublié mon guide dans ma chambre. Vous sauriez où je peux trouver monsieur Toupin ?

L’un des garçons sortit son guide, effectua la recherche puis lui répondit un mot accompagné d’un mouvement de main. Le mot, Marlène ne l’avait pas compris mais un geste lui suffisait amplement. Elle avança dans la direction indiquée. Elle dut mentir trois fois de plus pour enfin trouver la salle de classe voulue.

Là aussi, ni chaise, ni table. Des fauteuils confortables, des canapés, des poufs, des chaises, des tabourets, la décoration de chaque salle détonait. Marlène compta quinze élèves. Elle entra tout de même.

- Bonjour, Marlène, dit un homme.

- Bonjour, monsieur Toupin, tenta-t-elle sans certitude.

- Tu es au bon endroit, confirma-t-il et elle soupira d’aise.

- Maître Beaumont m’envoie parce qu’il en a assez d’utiliser ses pouvoirs personnels pour me parler en français.

- Maître Beaumont est français, répliqua Monsieur Toupin. De plus, aucun professeur n’utilise jamais ses pouvoirs personnels pour enseigner mais puise dans les réserves de l’école. Ceci dit, maintenant que tu es là, autant en profiter, non ?

Marlène grimaça. Elle s’était faite avoir en beauté.

- Sais-tu ce que c’est ? demanda le professeur en tendant un cylindre gris de la taille d’un tube de colle à Marlène.

- Non, admit Marlène.

- Tu dirais que c’est fait en quoi ?

- En pierre, répondit Marlène.

- C’est correct et plus précisément du grès.

Marlène s’en fichait mais elle ne voulait pas paraître impolie alors elle ne coupa pas le professeur.

- Le grès, sous toutes ses formes et couleurs, a une propriété très particulière, celle de retenir la magie. Si je mets de la magie dedans, elle y reste et ce jusqu'à ce que la roche ait atteint sa limite maximale qui est très haute.

Marlène resta neutre à cette phrase. Elle se moquait éperdument de ce que cette pierre pouvait faire. Elle voulait juste activer le collier pour pouvoir retourner apprendre à utiliser la magie. Monsieur Toupin ne sembla pas se rendre compte du peu d’attention de son élève. Excité par son propre discours, il continua à parler.

- C’est comme ça qu’un objet devient magique. On y met un peu de grès. Un magicien n’a plus qu’à y placer un peu de magie et l’objet réagit.

Marlène garda le silence.

- Tu imagines bien qu’ensorceler un objet est beaucoup plus compliqué que juste mettre du grès dedans mais disons que c’est la base. Voilà, tu peux activer ton collier maintenant.

Marlène ouvrit de grands yeux. Bien sûr, voilà, il avait fini son explication. Marlène ne se sentait pas du tout plus avancée qu’à son arrivée. Les autres élèves se promenaient librement dans la classe, touchant à tout, a priori sans ordre ni cohérence. Quelle était cette leçon et comment ce professeur travaillait-il ?

- D’accord, merci, dit Marlène qui détestait avouer son ignorance.

Elle aurait préféré s’enfouir la tête dans le sable et disparaître. Elle fit mine de s’éloigner.

- Marlène ? la retint monsieur Toupin.

- Hum ? lança-t-elle en cessant son geste.

- Active-le, dit monsieur Toupin.

Marlène serra les dents et se tordit les mains de gène.

- Va où se trouve ta réserve de magie tout en activant la gnosie, proposa monsieur Toupin.

- Ma réserve de magie, monsieur ?

- Maître Beaumont te l’a montrée tout à l’heure, précisa monsieur Toupin.

Se parlaient-ils en permanence ? Marlène évacua cette idée pour tenter de comprendre ce que le professeur qui, visiblement, ne la lâcherait pas, attendait d’elle. Il voulait qu’elle retrouve sa bulle bleue tout en activant la gnosie. Comment était-elle censée se trouver dans deux endroits en même temps ?

Elle le gratifia d’un regard vitreux qui, dans son collège habituel, décourageait les enseignants qui d’un « Laisse tomber » lui fichaient ensuite la paix, la laissant se complaire dans sa solitude et son ennui relaxant.

- Tu as le droit de dire « Je ne sais pas faire ça », précisa monsieur Toupin.

- Je ne sais pas faire ça, répéta Marlène, au bord des larmes.

Activer le traducteur, tous les élèves l’avaient fait à la sortie du bus. Ils semblaient tous à l’aise tandis qu’elle ramait juste à trouver sa chambre.

- Va te reposer, proposa-t-il. Reviens me voir demain, d’accord ?

Marlène hocha la tête et s’éloigna, tout en sachant qu’elle ne comptait pas remettre les pieds dans cette salle de classe.

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