Varn sortit un poignard de sa ceinture et commença à couper les fils pour ouvrir le cocon.
Un bruit sourd sur sa gauche. Trop tard. Une force brute la saisit, l’envoya valser dans l’air. Varn n’eut même pas le temps de réagir avant d’être projetée au sol, le souffle coupé, son corps heurtant violemment le sol comme une poupée de chiffon. Son cœur battait la chamade dans sa poitrine, mais elle n’eut pas le temps de respirer avant de sentir une ombre sur elle.
Varn roula sur le sol, se redressant instinctivement. Une douleur fulgurante lui traversa le flanc, mais elle n'eut pas le temps de s'y attarder. Le monstre était rapide, trop rapide. Elle n’eut qu’un bref aperçu de sa silhouette massive dans l’obscurité, avant qu’une nouvelle rafale de soie noire ne l’enserre. Ses mains tentèrent de repousser les fils collants, mais chaque mouvement semblait rendre la toile encore plus serrée autour d’elle. Elle serra les dents, refusant de céder à la panique.
Une voix étrange, distordue par l’écho des murs du sanctuaire, s'éleva autour d'elle, comme un chuchotement porté par le vent. C’était une voix douce, envoûtante, mais qui résonnait dans sa tête comme un poison.
— Pourquoi résister, Varn ? Tu sais ce que tu veux. Nous t'offrons ce que tu désires.
Les fils se resserraient autour de sa poitrine, de plus en plus denses, l’empêchant de respirer correctement. Elle inspira profondément, fermant les yeux un instant pour tenter de calmer sa respiration.
Le souvenir de sa sœur apparut dans son esprit, vif et douloureux. Le cri de Leana, sa petite main glissant hors de sa prise, les griffes du monstre qui l’arrachaient à sa vie. Varn refoula la douleur. Pas maintenant.
Elle força ses muscles à se tendre, cherchant une faille dans la toile. À chaque mouvement, le monstre semblait rire, sa voix se faisant plus proche, plus présente. Il se délectait de son désarroi.
— Viens… viens retrouver ceux que tu as perdus…
Une silhouette massive émergea de l'ombre. La Mère-Nuit. Ses yeux, de profonds gouffres noirs, brillaient dans la pénombre, emplis de la malice d’un être ancien, de ceux qui ont vu mille âmes disparaître. Elle n'était pas humaine, pas tout à fait. Elle était un rêve, un cauchemar. Une illusion tissée de soie et de ténèbres.
Varn sentit la colère s'élever en elle comme une vague prête à engloutir tout sur son passage. Non. Pas cette fois.
Elle se força à respirer plus profondément, trouvant le calme au milieu du chaos. Elle avait connu cette douleur, cette tentation, cette manipulation. Mais elle savait maintenant que tout cela n’était qu’un piège. Elle n’était pas seule dans cette salle. Pas encore. Pas tant qu’elle pouvait encore combattre.
Ses doigts trouvèrent enfin ce qu’ils cherchaient : son poignard. Avec un effort surhumain, elle fit glisser la lame contre les fils. L’acier trancha la soie avec un sifflement satisfaisant, et elle sentit l'étreinte de la toile se desserrer un peu.
Elle se redressa brusquement, d'un coup de pied puissant, et rompit les derniers fils qui la retenaient. En quelques mouvements, elle fut enfin libre. Elle n'eut pas le temps de souffler qu’une nouvelle attaque se produisit.
La Mère-Nuit s’élança vers elle, ses griffes effleurant l’air comme des serres prêtes à l’embrocher. Varn roula en arrière, esquivant de justesse le coup, et se releva en un instant, son regard fixé sur la créature.
— Tu crois pouvoir m'arrêter ? grogna la Mère-Nuit, sa voix mielleuse résonnant dans la pièce comme un poison dans son esprit.
Varn n’eut pas le temps de répondre. Elle dégaina son marteau avec une rapidité meurtrière et se jeta sur la créature. Chaque frappe résonnait dans l'air lourd du sanctuaire, et à chaque coup, elle sentait la résistance de la bête faiblir.
L’odeur de l’air pourri se mêlait à celle du sang et de la terre humide. Les murs semblaient se refermer sur elle, mais elle ne fléchit pas. Pas cette fois.