Au lendemain du bain, je me réveillai optimiste et mon sourire décontenança autant les adultes que les autres filles. Ils ne m’avaient jamais vue aussi radieuse. Au petit-déjeuner, je me servis une généreuse portion d’omelette et grillai plusieurs tartines que je couvris d’orcel, une sauce composée de beurre, de poisson blanc et d’épices. Je me surpris à prendre plaisir à manger, à voir dans mon assiette autre chose que la satisfaction d’un besoin naturel. J’étais affamée de vie.
De retour dans ma chambre, je choisis un pantalon de velours blanc que je n’avais jamais porté, offert à l’été précédent, et un haut noir léger brodé de fleurs. Je pris ma douche avec excitation, pris même le temps de coiffer mes cheveux. Chaque geste anodin de cette journée se chargeait de plaisir et de sens. Puis j’allai m’allonger sur mon lit en attendant les départs à l’école. Je regardai le plafond, m’amusai de ses imperfections. Quand j’en eus assez, j’ouvris une histoire d’Ezor, contemplai avec fascination les planches verdoyantes de son aventure en forêt. Je regrettai de ne pouvoir lire comme Hinnes, consciente qu’une partie du sens de la bande dessinée m’échappait.
L’homme que j’attendais arriva en fin de matinée, annoncé par le cri strident d’Eemke, l’adulte de garde ce jour-là. Après être sautée de mon lit, j’entendis son rire chantant, sa voix suave. Je retins ma respiration en dévalant l’escalier, craignant d’être déçue. Je ne vis d’abord que son petit corps trapu, sa queue de cheval, sa chemise rouge. Il discutait avec Eemke, à l’entrée du bureau. Sentant ma présence derrière lui, il se retourna. Je me figeai de surprise. Il était blanc.
Je n’avais aperçu des personnes de cette couleur de peau qu’à de très rares reprises. Une femme venue pour réparer la toiture du Château après un orage, la gouvernante d’Atriz à l’école, un vieux monsieur que j’avais observé pendant une année tous les jours depuis la fenêtre de ma salle de classe. C’était tout. Comme moi, il était différent et cela me le rendit immédiatement sympathique. Son visage bronzé, ses yeux brillants et son sourire éclatant me séduisirent aussitôt. Il sourit et se présenta en me tendant la main :
— Daanio.
— Je m’appelle Hildje.
— Content de te voir, je serai animateur sur le séjour à Emisal. Je suis venu t’expliquer un peu comment ça allait se passer. Ça te va ?
J’acquiesçai en fuyant son regard, intimidée par sa joie de vivre. Eemke nous ouvrit la porte extérieure et nous allâmes nous installer sur un banc le long de l’allée qui menait au lac. Je m’assis à la fois effrayée et fascinée par cet adulte si différent de ceux que je connaissais. Il se dégageait de lui une sorte d’énergie particulière. Ses tatouages sur le cou, ses boucles d’oreille, la teinture noire et violette de ses cheveux, sa démarche lente, ses signes de tête, à chaque pas à ses côtés j’avais l’impression de découvrir un nouveau détail. Dès que nous nous retrouvâmes seuls, il me demanda :
— Pourquoi tu veux partir ?
— J’ai un ami qui y était l’an dernier. Il m’a dit que c’était bien.
— Je suis d’accord avec lui, rit Daanio. Ça fait cinq ans que j’y vais tous les étés. Tu veux voir des photographies ?
J’acquiesçai et l’animateur me montra plusieurs clichés en noir et blanc d’une maisonnette perchée sur une colline au-dessus de la mer. Il m’expliqua que les jeunes allaient tous les jours à la mer, pour marcher sur la plage, se baigner, pêcher des coquillages, faire des constructions de sable, ou naviguer en voilier. Ses descriptions enthousiastes achevèrent de me convaincre que j’allai passer le meilleur été de ma vie. Puis il commença à me poser des questions.
— Qu’est-ce que tu aimes, Hildje ?
Prise de court, je ne voulus ressortir un des innombrables mensonges que je servais d’habitude aux adultes pour être tranquille. Je lui livrai la seule vérité :
— Écouter des histoires. Être seule. Regarder les étoiles.
Tout en m’écoutant, Daanio me regardait avec intensité, comme si ce que je disais le passionnait. Je ne savais dire s’il jouait un rôle ou si m’entendre parler l’intéressait vraiment. Cependant, la pertinence de ses réponses suivantes me convainquit qu’il voulait en apprendre davantage sur moi. Il me demanda quelles histoires je connaissais, si je savais reconnaître des constellations, si j’avais d’autres amis qu’Hinnes. Touché par son attention, je lui offris le tableau le plus exact de qui j’étais et de ce que j’aimais. Parfois, je me surprenais à trouver des réponses à des questions que je ne m’étais jamais posée. Par moments, l’air de Daanio devenait grave mais jamais il ne sombrait dans la pitié. Il finit par me demander :
— Qu’est-ce que tu veux faire quand tu seras plus grande ?
— Partir très loin d’ici. Avec Hinnes.
— Tu as l’air de tenir beaucoup à Hinnes.
— C’est la seule personne qui compte pour moi.
— Je comprends, Hildje. Ce n’est pas facile de vivre ici. Je te promets que tu te feras beaucoup d’amis au séjour.
Nous discutâmes encore un peu puis le moteur des voitures du Château retentit. Les filles rentraient manger. Daanio m’accompagna jusqu’à la porte, salua Eemke par la fenêtre. Il me serra la main avant d’aller enfourcher sa bicyclette, accrochée à un jeune frêne. Il me fit des grands signes de main en s’éloignant à grands coups de pédale. Je demeurai immobile de longues secondes après son départ, brûlant déjà de le revoir. Son visage resta dans mes pensées tout au long du repas et de l’après-midi. Et à la manière dont Eemke rougit en racontant la visite de Daanio à sa collègue, je compris que je n’étais pas la seule à qui il avait fait forte impression.
Ce soir-là, je dessinai Daanio mais le résultat de mon portrait me laissa insatisfaite. Je m’y repris à plusieurs fois, déchirant chaque papier l’un après l’autre, mais aucun ne capturait vraiment l’expression du bel animateur. Je me couchai encore plus tard que d’habitude, trop occupée à me souvenir de chacun des mots échangés avec lui. La manière dont il m’avait regardée alors que je lui parlais de ma vie avait été si agréable et délicate. Je m’étais sentie exister.
Son visage m’accompagna lors des journées qui suivirent. Il dominait encore mes pensées lorsque je marchai vers la voiture avec Eemke pour me rendre à la piscine. Ce ne fut qu’au démarrage du moteur que je réalisai que l’épreuve que j’avais tant redoutée s’apprêtait à avoir lieu. Mon cœur commença à battre la chamade tandis que je regrettai alors de ne pas avoir eu davantage de temps pour me préparer. Je commençai à me ronger les ongles en regardant les arbres de la grande allée défiler les uns après les autres. Une première goutte de sang coula alors que nous franchissions la grille.
Eemke s’aperçut de mon malaise et me jeta un regard inquiet. Je cachai mes mains derrière mon dos et tournai le visage. À mon plus grand soulagement, la conductrice garda le silence. Elle se reconcentra sur le chemin de pierre mal entretenu qui nous menait à travers bois, vers Osivel. À chaque imperfection de la route, je devais me tenir à mon siège pour ne pas heurter la portière. Dehors, une fine pluie commença à ruisseler sur les vitres. L’automobile ralentit et les phares s’allumèrent. Eemke décida alors de prendre la parole :
— Ça me rappelle des bons souvenirs de passer par ici.
— Ah bon ?
J’avais réagi avec une surprise véritable. Eemke ne pouvait sous-entendre qu’une chose…
— Quand j’étais au Château, je passais toutes les semaines par ici. J’adorais nager à ton âge.
— Tu as vécu au Château ?
— Oui, j’y ai passé six ans. Arèle était déjà là.
Je regardais à présent le visage d’Eemke avec curiosité. Je ne l’avais jamais vraiment observée, ne la voyant que comme une adulte supplémentaire. Je réalisais qu’elle était jeune. Qu’elle avait été à ma place. Cette découverte me choqua, jamais je n’avais pu imaginer qu’un enfant du Château veuille y revenir. Ma curiosité était telle que j’osais demander :
— Pourquoi tu es revenue ?
— Parce qu’il y a certaines personnes ici qui m’ont beaucoup aidée. Sans elles, je ne sais pas ce que je serai devenue. Je voudrai aider à mon tour.
Bien qu’étrange, cette idée m’inspira un certain respect. Eemke n’était pas dénuée de courage. La vitre entre nous brisée, nous conversâmes jusqu’à l’arrivée à la piscine d’Osivel. Elle me raconta des anecdotes sur le Château, sur Arèle, sur l’école. Je ris, plusieurs fois. C’était un sentiment étrange que d’accorder de l’attention à un adulte pour la deuxième fois en si peu de temps. Avais-je eu tort de tant me méfier ?
À peine les portières claquées, je dus affronter la vision de la grande coupole de pierre et de verre que j’avais tant redoutée. Plusieurs groupes d’enfants se pressaient sur les marches qui menaient à l’entrée. Derrière moi, la rue était vide. Les gens travaillaient à cette heure. Je me hâtai de monter, pressant Eemke. Il fallait en finir.
Je pris à peine garde au hall, me contentant de rendre son salut à l’homme qui nous accueillit. Eemke m’accompagna jusqu’aux vestiaires, petites cabines en-dessous de grandes arches boisées. Après avoir noué le rideau, je laissai tomber mes vêtements sur le carrelage aux motifs géométriques. Je maudis ma négligence en enfilant ma tunique de bain : elle était bien trop petite. Je l’avais depuis presque trois ans. Je la serrais tant bien que mal, me convainquant que l’épreuve ne serait pas longue.
Eemke m’attendait, vêtue d’un maillot aussi moulant que le mien, dont la couleur vert pâle valorisait sa teinte de peau. Elle avait attaché ses cheveux en chignon et m’attendait avec un large sourire, visiblement pressée de plonger. Nous nous dirigeâmes vers le bassin public, croisant des nageurs mouillés. Par une porte entrouverte, j’aperçus un homme au corps brillant d’huile entouré de masseurs. Lorsque nous arrivâmes au pédiluve, je m’immobilisai, soudainement craintive. Je pouvais voir une partie du bassin et c’était terrifiant. Il y avait des hommes, des femmes et des enfants de toutes tailles, qui s’éclaboussaient ou sautaient sans précautions. Dès que l’un disparaissait, je craignais de ne jamais le voir remonter à la surface. Je dus me concentrer sur mes pieds pour pouvoir marcher dans l’eau tiède et sale.
Au moment où nous traversâmes le jet d’eau, je sentis mon cœur s’emballer. Le bassin était immense. On aurait pu y noyer une vingtaine d’automobiles sans le faire déborder. Les vaguelettes qui s’y propageaient me semblaient dirigées vers moi. Sentant mon malaise, Eemke me prit la main et m’entraîna avec elle. Les instants qui suivirent ont quitté ma mémoire, je me souviens seulement du bruit de l’eau s’écrasant sur le bord.
La voix d’un homme, son doigt tendu vers l’eau, les encouragements d’Eemke. Ils se brouillèrent puis disparurent, remplacés par des cris. Je me retrouvais agenouillée dans une rivière boueuse, entourée de deux adolescents. Mes frères. Il y avait plusieurs familles autour de nous, qui criaient de désespoir. Sur les rivages des tireurs au corps d’ombre. Des détonations retentirent et les corps de mes compagnons se tâchèrent d’encre rouge. Ils m’entraînent dans leur chute, je plongeai. Je me noyai.
Je repris conscience à l’instant où je tombai dans l’eau chaude de la piscine. Une main tenta de me rattraper mais elle glissa sur mon dos. Je me sentis appelée par le fond et cessai de respirer. Lentement, je coulai les yeux grands ouverts, seulement liée à la surface par une myriade de bulles. J’avalai l’eau sans un geste, préférant une mort calme à la confrontation avec les tireurs, avec les cadavres de ceux que j’aimais. Mon pied toucha le fond, puis ma main, tandis que mes paupières s’alourdissaient. Ici, ils ne pourraient plus m’attendre. Soudain, une ombre plongea vers moi et se glissa autour de moi. Son bras droit m’étrangla le cou tandis que le gauche m’emprisonnait le ventre. Je tentai de repousser sa présence oppressante sans succès : mon corps ne m’appartenait plus.
Malgré ma résistance, j’arrivai à la surface et le vacarme éclata. Des dizaines de personnes paniquaient se trouvaient sur le bord, criant au secours. Mes poumons appelèrent une large inspiration tandis qu’Eemke me tirait hors de l’eau. Je crachai puis vomis, sous les regards écœurés des gens autour de moi. Il n’y avait plus de tireurs, plus de sang, mais je continuais de sentir une menace à mes côtés. Dès que ma sauveuse relâcha la pression de ses bras, je recommençai à me débattre, lui assénai un coup de coude sur le nez.
Eemke gémit et tenta de reprendre le contrôle, de maîtriser mes gestes devenus fous. Elle y parvint au prix de nombreuses griffures et coups sur la poitrine et le visage. Des inconnus vinrent l’aider à immobiliser mon corps sur les dalles de la piscine. L’un d’eux s’assit même sur mon dos, m’empêchant de respirer. Je hurlai de peur et de colère, vomit à nouveau. Mon instinct de survie avait pris le contrôle et je rassemblai toutes mes forces pour me débarrasser du corps qui me clouait au sol. Cependant, aucun de mes coups de coude ne le firent choir. Ils ne firent qu’attiser sa colère et d’une violente claque, il me fit perdre conscience.
*
Je m’éveillai dans un lit d’hôpital, sous une fenêtre aux larges rideaux blancs. Seul le ruissellement de l’eau des gouttières résonnait dans ma chambre vide. Deux néons rouges à côté de la porte éclairaient seuls l’obscurité d’une nuit couverte. Je voulus me lever pour aller chercher à boire. Je ne pus y parvenir. Mes bras étaient collés contre mon corps, mes jambes serrées dans un drap. J’essayai de m’en débarrasser mais mes mouvements étaient vains. Après m’être débattue quelques instants, je réalisai qu’on m’avait enfilé une camisole de force.
Je ne pus retenir des larmes mêlées de colère et de honte.
*
— Eemke ne reviendra plus avant longtemps.
Sa voix était sèche, cassante. Je serrai mes poings derrière mon dos et baissai les yeux dans le vain espoir de me cacher. Cet instant, je l’avais redouté dès mon retour au Château. À l’arrivée de l’ambulance, Arèle ne m’avait pas adressé un mot ou un regard, se contentant de remercier mes conducteurs. Elle était repartie en me disant de l’attendre le lendemain dans son bureau. Je me retrouvais donc assise face à son regard accusateur, ses traits marqués de fatigue. Je tentai d’y échapper en regardant les photographies des enfants d’Arèle mais leurs regards semblaient eux aussi m’accabler. Je ne serais jamais une enfant comme eux, sage et souriante, aimée et choyée. Je ne serais jamais de ces petits que l’on photographie et dont on chérit l’image. J’avais déçu la seule femme à avoir jamais cru en moi.
— Tu lui as cassé le nez, démis l’épaule, sans parler de l’état de son visage. Elle venait de te sauver la vie. Je l’ai eu au téléphone hier matin, sa voix tremblait encore. Elle ne pourra plus travailler ici avant un bon moment. J’en suis extrêmement triste. Tu ne peux pas savoir par quoi Eemke est passée pour se reconstruire, devenir l’adulte qu’elle est. Elle a une histoire plus difficile que n’importe lequel des enfants que j’ai vu passer ici. Il a fallu des années de travail avec elle pour…
La voix d’Arèle se brisa tandis que la tristesse l’emportait face à la colère. Ses yeux humides me firent bien plus mal que des coups.
— Tu ne peux pas savoir à quel point j’ai été désolée d’apprendre ce qui est arrivé à la piscine. Tenter de se noyer, agresser ton accompagnatrice et des inconnus… Je ne t’aurais jamais pensée capable de tels actes. Je croyais en toi, Hildje. Ces derniers mois, tu avais l’air d’aller mieux. Je me suis trompée. Nous ne sommes plus capables de t’accueillir ici. Tu n’y as jamais vraiment été heureuse. J’ai demandé à ce que tu sois orientée ailleurs, dans une famille.
La condamnation était implacable. Je n’en réalisai pas la portée sur le moment, trop concentrée sur la question que je m’apprêtais à poser :
— Pourrais-je aller à Emisal ?
Arèle me regarda avec stupéfaction, abasourdie par l’absurdité de ma demande. Elle se contenta de secouer la tête puis dit :
— Je ne veux plus d’histoires jusqu’à ton départ.
*
Une partie de moi nia avec force le cauchemar dans lequel je venais de plonger. Je continuais de voir Hinnes tous les soirs, de projeter avec lui tout ce que nous ferions au séjour. Les autres filles ne me parlèrent pas plus qu’avant l’incident, les adultes se contentèrent de m’ignorer davantage. Je me fis discrète que possible, esquivant Arèle. Les jours passèrent et je me pris à espérer qu’elle m’avait oublié. Je savais cependant que cet équilibre illusoire serait brisé au moment du séjour. Hinnes découvrirait mon mensonge et je perdrais mon seul ami. Je l’aurais bien mérité.
Par bonheur ou par malheur, je ne sais toujours pas le dire, un véhicule bleu se gara un matin sous les platanes du bout de l’allée. Deux hommes habillés de tuniques grises en sortirent. Je les observai de ma fenêtre en me demandant ce que ces inconnus faisaient au Château. Leur uniforme me laissait un curieux sentiment de malaise, j’y associais un sentiment de peur et de mal-être irrationnel, incapable de me remémorer le moindre souvenir. Ils se postèrent devant la porte. Peu après, on faisait irruption dans ma chambre :
— Hildje, tu dois aller en bas.
Je descendis avec appréhension. Arèle m’attendait, le regard fixe. Elle venait de donner une valise aux deux inconnus et je compris pourquoi je n’avais pas retrouvé mes affaires après la dernière lessive. C’était l’heure de mon départ. Je voulus faire marche arrière, m’enfuir et me cloîtrer dans ma chambre. Je me souvenais à présent : c’étaient ce genre de personnes qui avaient accompagné Lebenes et Astrée le jour de leur départ. C’étaient ce genre de personnes qui m’avaient amenée ici, quand je n’étais qu’une petite fille. Leur simple uniforme m’inspirait tant de crainte que je n’osais faire un pas. Pire, je marchai vers eux quand ils m’y invitèrent d’un signe de la main. En passant devant Arèle, je lui demandai :
— Peux-tu appeler Hinnes ? Je dois lui dire aurevoir.
— Il est à l’école, Hildje. Je suis vraiment désolée. Je te souhaite le meilleur.
Un homme posa ma main sur mon épaule, m’entraînant vers l’extérieur. J’aurais voulu pleurer, hurler, mais je me contentai de l’accompagner docilement jusqu’à leur petite voiture. Je m’assis sur le siège arrière, coincée contre la fenêtre par ma valise. Le moteur démarra et je pus voir le Château s’éloigner peu à peu par la vitre arrière. La silhouette d’Arèle me saluait et je réalisai que c’était fini.
Pour de bon.
Si le chapitre précédent laissait entrevoir un espoir pour Hildje, et le début de la scène semblait somme toute encourageant, la fin de la scène est bouleversante. La peur de l'eau est vraiment décrite et la scène de la piscine est poignante tant elle est décrite avec précision du point de vue de Hildje. La discussion avec Arèle qui s'ensuit accentue le côté dramatique.
Le style est fluide, les descriptions précises, je me suis retrouvé totalement happé par la scène. À tel point qu'il m'a fallu une relecture pour relever quelques suggestions d'amélioration :
- " une adulte supplémentaire" => supplémentaire ne paraît pas être le terme approprié. Peut-être "une adulte parmi d'autres ?"
- "Je me fis discrète que possible" => "aussi discrète que possible" ?
Quel chapitre glaçant ! Décidément, tu n'épargnes pas tes personnages dans ce livre. Pauvre Hildje, c'est cruel de lui offrir des rêves pour les briser aussi violemment ensuite. La scène de la piscine est à la fois terrifiante et très bien racontée, on devine des souvenirs traumatiques qui refont surface et la paralysent.
Au plaisir,
Ori'
La scène dans la piscine est terrifiante mais très bien racontée. Les différentes coupures dans le chapitre donnent un rythme qui correspond, à mon sens, à des moments où l'héroïne perd pied (ce qui n'est pas fait exprès mais va bien avec l'idée de la piscine), comme si elle avait des pertes de conscience. On peut se demander aussi quel jeu joue Arèle qui ne la prive pas du séjour. Peut-être la fin du chapitre est-elle un début de réponse. Merci pour cette lecture.
Oh ! je suis tellement déçue pour Hildje ! Elle qui faisait tant d'efforts pour s'améliorer. On apprend qu'elle a vécu une guerre et perdu tous ses proches et que les traumatismes peuvent ressurgir à tout moment sans qu'elle puisse les contrôler. Ce chapitre est un vrai ascenseur émotionnel. Tu sais que quand j'ai commencé à te lire, ce soir, je me suis dit, je ne lis qu'un chapitre ou deux et je terminerai plus tard. Trop long, hein. Bah j'ai lu les trois d'un coup. J'ai vraiment hâte de revenir pour lire la suite. C'est un très, très beau début de roman. Bravo !
Pendant plusieurs épisodes, c’était un should classique, du genre que ma copine de l’époque affriolait. Et puis, un épisode où l’héroïne, le personnage principal se prenait un bus en pleine poire. Et que le genre change du tout au tout.
Voilà ton chapitre est ce bus là. C’est le même effet. Je viens d’en prendre plein la gueule (positivement bien sûr ^^)
Je veux bien le nom de cet animé si tu le retrouves, c'est assez intéressant de ce que tu en dis.
Content que ce chapitre ait eu cet effet ! Il est effectivement un gros tournant.
Merci beaucoup de ton retour !
A bientôt (=
Bref, ça y est, je suis vraiment happée et je me pose plein de questions. À propos des autres personnages, notamment : est-ce qu'on va revoir Hinnes ? Je pense que oui, mais pas si sûre. Et Daanio, et Arèle et Eemke ? Tu t'es pas mal étendu sur eux donc on pourrait penser qu'ils vont revenir, mais l'histoire semble prendre un sacré virage...
Je ne suis pas sûre d'avoir compris si Hildje était blanche. En tout cas, si j'ai bien compris, tu as "inversé" les couleurs de peau et ce sont les blancs qui sont en large minorité, c'est ça ? Très intéressant.
Encore une fois, je suis vraiment impressionnée par ton histoire. Je ne vois pas trop comment ça va s'articuler avec tes autres pov (j'ai lu le chapitre 1 d'Ewanael en douce), mais en tout cas tout seul, c'est vraiment bien. Tu tiens toujours la voix de ton perso et j'aime cette ambiance un peu intemporelle.
Je reviens vite !
Effectivement pas le passage le plus joyeux de l'histoire. Content de lire ton ressenti sur la scène à la piscine. Encore une fois une question de point de vue... "Mais enfin, personne n'a de dossier sur cette enfant ? Personne ne sait ce qui lui est arrivé avant l'orphelinat ?! À moins que ce ne soit pas un souvenir mais un cauchemar éveillé ?..." Tu poses de très bonnes questions !
Je ne réponds pas mais je suis content que tu te demandes si l'on va revoir ces personnages. Oui, c'est tout à fait ça.
Je comprends que le lien soit difficile à visualiser, mais il sera très clair un peu plus tard dans l'histoire eheh
"j'aime cette ambiance un peu intemporelle." content que tu relèves ça, c'est vrai que cette histoire ne se rattache véritablement à aucune époque.
Merci beaucoup de ton commentaire !
Ta mise en page a encore fait un couac ! ^^
Eh bien quel chapitre. Je crois que la psychologie n'est pas le point fort d'Arèle, ou de Eemke, ou de tous les adultes présents au Château. Je suis choquée qu'on puisse la renvoyer alors qu'elle a failli se noyer ! Et je tique horriblement sur le fait qu'Arèle (et Eemke, forcément) prétende qu'elle l'a fait exprès.
Je te fais les remarques (un peu en vrac désolée), que j'ai notées au fil de la lecture :
"Je plongeai mon regard vers le plafond" -> le terme "plonger", c'est plutôt pour un regard descendant, non ?
"Il arriva en fin de matinée, annoncé par le cri strident d’Eemke, l’adulte de garde ce jour-là. Après être sautée de mon lit, j’entendis son rire chantant, sa voix suave. Je retins ma respiration en dévalant l’escalier, craignant d’être déçue. Je ne vis d’abord que son petit corps trapu, sa queue de cheval, sa chemise rouge. Il discutait avec Eemke, à l’entrée du bureau. Sentant ma présence derrière lui, il se retourna. Je me figeai de surprise. Il était blanc." -> ce paragraphe n'est pas clair.
Le "il" au départ, j'ai supposé qu'il s'agissait d'Hinnes (que ça reprenait le paragraphe précédent). Je ne comprenais vraiment pas pourquoi soudainement la peau d'Hinnes était blanche, pourquoi elle aurait tiqué dessus... Je n'ai du coup pas compris avant d'arriver au dialogue et que ce nouveau personnage se présente. Je crois que ça gagnerait à être repris :)
Aussi, sur ce même passage, "Il était à peine plus grand que moi" m'a donné l'impression que c'était un enfant/adolescent, comme elle, et en fait c'est un adulte.
"à qui il avait forte impression." -> à qui il avait fait* forte impression
"Je m’y repris à plusieurs reprises" -> répétition. Je tentais à plusieurs reprises ?
"lors de la journée qui suivit et la précédente." -> et la précédente ? La journée précédente ?
"jamais vraiment observée, ne le voyant" -> ne la voyant ? (Eemke)
Alors je croyais que le traumatisme à l'eau était lié à l'épisode relaté au chapitre précédent, mais celui-ci me semble plus puissant. Je ne suis pas certaine de ce qu'apporte le précédent du coup. En revanche (roh mais qu'elle est pénible, celle-là !) je comprends qu'elle a des souvenirs datant d'avant le Château, du coup elle devait être pas si petite quand elle y est arrivée. Mais quel âge a-t-elle donc, cette petite ?
"d’une violente claque, il me fit perdre conscience." -> mais quelle violence envers quelqu'un visiblement en état de panique et qui vient de manquer de se noyer !
"en regardant sur les photographies" -> le "sur" est à supprimer
"Elle ne pourra plus travailler ici avant un bon moment." contredit un peu le "— Eemke ne reviendra plus.". À moins que ça ne soit censé dire "jusqu'à ce que toi tu partes"?
"Je ne veux plus entendre parler de toi jusqu’à ton départ d’ici." -> encore très violent, parce qu'Arèle était un peu la seule qui avait un peu figure parentale pour Hildje...
Bref : dur. Ils ont l'abandon facile, j'ai vraiment peur pour Hildje et l'endroit où elle va atterrir. Et quelle tristesse qu'elle n'ait même pas dit à Hinnes qu'elle partait... J'espère qu'ils se rencontreront de nouveau, c'est vraiment crève-cœur !
Oui, tout ça semble bien injuste du pdv d'Hildje mais si l'histoire était du pdv des adultes, ça pourrait paraître très défendable. Quand on ne cherche pas à comprendre ou expliquer, l'exclusion est clairement un moyen facile de "régler" le problème.
Dans le chapitre précédent on voit les conséquences de son trauma plutôt que les causes. Peut-être en effet qu'il n'est pas nécessaire d'en parler tant que ça dans le ch2 pour laisser le ch3 montrer, je ne sais pas, il faudra que je relise.
Oui, elle est arrivée au Château en ayant un âge où l'on peut avoir quelques souvenirs. Cf mon retour précédent pour l'âge.
Oui, la scène avec Arèle est dévastatrice, Hildje voit s'effondrer sa seule adulte de confiance. C'est dur, la séparation avec Hinnes aussi. Quant à savoir si on le reverra, je ne te dis évidemment rien (=
Merci beaucoup de ton retour !
A bientôt (=
Mais ils devraient avoir l'habitude non? Enfin, si la gamine sort d'une zone de guerre/épisode traumatique dans ce genre, EVIDEMMENT que cela ne pouvait pas bien se passer! Est-ce que je peux parler au responsable, s'il vos plait???
Plus sérieusement, c'est un chapitre très réussi. J'ai beaucoup de questions -et de secouage en règle d'épaules- concernant les personnages, kof kof Arèle kof kof: 1. Pourquoi n'a-t-elle pas prévenue Hildje la veille, pour qu'elle puisse faire ses adieux? 2. pourquoi ne cherche-t-elle pas à savoir ce qui s'Est produit? 3. POURQUOI PERSONNE NE CHERCHE À PARLER AVEC LA GAMINE QUI VIENT DE MANQUER DE SE NOYER S'IL VOU PLAIT?
OU SONT LES PSYCHOLOGUES?
à bientôt pour la suite!
Encore un commentaire qui m'a beaucoup amusé, tu relèves ce que je cherche à dénoncer avec cette histoire...
C'est d'autant plus terrible avec Arèle que c'est le seul adulte en qui Hildje a un peu de confiance.
"OU SONT LES PSYCHOLOGUES?" Peut-être qu'ils arrivent bientôt (non)
Merci beaucoup de tes commentaires !
Tu decris tres bien la facon dont ce qu'elle fait est completement incompris par son entourage. Elle est dans la panique, ne comprend pas ce qui lui arrive et tous reagissent comme si elle avait decide, de sang froid, de se noyer et de blesser son entourage. C'est vraiment injuste!
Et elle ne le prend pas comme une injustice, d'ailleurs, plutot comme une sorte de malediction qui la poursuit et qu'elle a merite. On l'empeche de prevenir Himmes, et elle en conclut qu'elle le laisse tomber.
Au debut, elle montre son impatience et sa joie a... qu'attend-elle exactement? Ce n'est pas tres clair. Elle se prepare a la visite de Daanio, dirait-on, mais quand il arrive, il doit lui expliquer qui il est et pourquoi il est la.
Son petit-dejeuner m'a aussi laisse perplexe. Bon, une sorte de mousse de poisson a tartiner, tout de suite, un detail exotique pour nous montrer qu'on n'est pas dans la region parisienne! Je pourrais imaginer que ca plaise au Japon? :-)
Mais les biscottes qu'elle fait griller, la ca coince un peu. C'est un petit detail, mais les biscottes sont deja seches et craquantes et je ne vois comment on peut en rajouter en les faisant griller. De bonnes tranches de pain de campagne, c'est different...
Cet univers parrallele a encore beaucoup de mysteres. J'ai note la surprise de la narratrice en voyant que Daanio a la peau blanche comme elle, Sont-ils une minorite dont l'histoire et l'avenir vont se refleter dans cette histoire?
En tout cas, la pauvre Hindje voulait a tout prix prendre le large, et c'est bien ce qui se passe finalement, mais dans des auspices bien plus sombres...
Bien amene et bien ecrit !
Content que tu aies ressenti cette impression d'injustice de se voir arracher un potentiel futur meilleur.
Daanio vient pour lui expliquer le fonctionnement du séjour à Emisal, c'est vrai que ça mérite éclaircissement.
Oui, ils sont une minorité là où vit la narratrice, ce sera bien sûr exploré plus tard dans l'histoire (=
Merci beaucoup de ton retour !!
A bientôt (=
Bon... Je savais que tout ne se passerait pas parfaitement mais je ne pensais pas que ce serait à ce point ! C'est vraiment triste pour Hildjes, c'est surtout le fait qu'elle ne puisse pas revoir Hinnes qui est triste. Malgré tout je suis contente qu'elle quitte le Chateau, elle aura peut-être plus d'opportunités par la suite. En tout cas, je l'espère..
A bientôt !
Oui, patatra... En attendant des jours meilleurs ? En tout cas, oui elle va découvrir de nouveaux endroits (=
Merci de ton commentaire!