Chapitre 3 : Trahison, Démons égarés

Par MrIous

Jeudi 10 janvier 2013, paroisse de Vierges-Chelles, les Démons Miraculés :

 

Au petit matin, campant toujours au même endroit, les Démons Miraculés étaient allongés là sur l’herbe fraîche, chauffés par les flammes de Hamid disposées autour d’eux, réchauffant ce matin à peine éclairé par le soleil levant. Le vent frais d’hiver fit grelotter Hamid qui s’éveilla. Le mélange de chaleur et de frais le fit se sentir léger, ses yeux s’ouvrirent sur une marguerite. Il s’étonna lui-même de voir une fleur à son réveil, même en sachant qu’ils étaient certainement en danger, cette pointe de flore le fit se sentir plus libre. Il se rappelait de ces nuits interminables passées dans les souterrains, dans leur chambre humide et isolée. Il savait que le Master n’accordait pas énormément d’importance à leur existence, il leur avait donné des salles qui n’étaient même pas aménagées avant leur arrivée. Ces salles servaient de stocks, de débarras et elles furent réaménagées dés l’arrivée des Démons… un lit, une table, une chaise, un bureau, rien de plus. Hamid se tourna sur le dos, fixant le ciel grisâtre. C’est toujours mieux qu’un plafond qu’on ne voit pas, se disait-il. Il sentit une main longer son bras. C’était Linda émergeant aussi de son sommeil qui avait vu son ami réveillé. Elle lui demanda s’il allait bien, ce à quoi il répondit :

« - Je ne m’attendais pas à me réveiller ici.

- Moi aussi. Je ne m’attendais pas non plus à te voir à mon réveil. C’est rassurant.

- C’est vrai. Eh, je crois que les autres dorment encore, on va faire un tour ?

- Pourquoi pas, il est encore tôt. »

 

Ils prirent leur temps pour décamper en silence, et se faufiler dans les petites rues de la partie la plus ancienne de Vierges-Chelles. Ils se permettaient pour une fois d'arpenter les rues sans longer les murs à chaque croisements. Ils n’étaient que des civils parmi tant d'autres. Depuis leur départ, leur main ne se sont pas lâchés. Ce simple constat fait se confesser Linda :

« - Hamid, j'ai un problème.

- Quel genre de problème ? Demanda-t-il.

- Depuis que le Shinkei fait moins effet, j'ai envie de me rapprocher de toi, mais je ne sais pas si je fais ça sincèrement ou parce que j'ai l'impression d'avoir manqué de quelqu'un de proche et rassurant. J'ai pas envie de te donner de faux espoir. Et puis, ça fait combien de temps qu'on se connaît ?! Demanda-t-elle avec réthorique.

- Linda, avant que tu ne me dises ça, j'avais le même problème. Tu te souviens de notre première rencontre ?

- Dans le hall du laboratoire ?!

- Oui. C'était très court, mais c'est comme ça que je m'en souviens… »

 

‘‘Je venais d'arriver dans le hall où tu attendais déjà. Tous les deux, nous n'avions pas plus de dix ans. On nous a laissé seuls quelques minutes. On ne s’était pas dit grand chose à part nos prénoms. Ce dont je me souviens le plus, c'est quand tu es partie. Tu m'as dit au revoir, mais tu savais qu'on se reverrait. Tu m'as souris, spontanément. Je ne l'ai pas ressentit comme important à cet instant.

Une fois sur la table d’opération, avant que je ne vous rejoignes dans la rage et la folie, cette dernière image de ton sourire s’est gravé en moi, au moment de recevoir ma flamme et le Shinkei. C'était cette seule image à laquelle je m'accrochais et à laquelle j'aurais tout donner pour la revoir un jour.’’

« - C'est pour ça que j'avais le même problème. Je ne savais pas si j’étais attaché à toi à cause de cette image ou parce qu'il s'agissait de toi. Au final, ça ne veut rien dire. Si je t’aime pour ça alors je l'assume, j'ai appris à te connaître, je sais que je n’aime pas n'importe qui. Du coup, tu en conclus quoi ?

- Je crois que je vais faire comme toi. S'égayait-elle en blottissant le bras de Hamid contre elle.

- J’espère juste que les autres ne se sentiront pas à l’écart.

- À tous les coups y nous déjà démasqués. Riait-elle. »

 

 

Max éternua adossé à son arbre. Ses deux comparses étaient aussi éveillés, même si l'un d'entre-eux n'en donnait pas l'air. Ils étaient en pleines discussions depuis que Hamid et Linda étaient parties :

« - Bon vous pensez qu'y vont finir par se trouver ces deux-là ? Demanda Max bien intrigué.

- Qu'est-ce que ça peut te faire ? Rétorqua Rodriguéz dans son sommeil. Laisse-les tranquilles.

- T'es pas marrant Rod ! Se plaignit Max. Et toi Vlad ?

- Tu sais pour moi, c'est très différent. Répondit-il.

- Comment ça ?

- Eh bien, lorsque vous êtes devenus des Démons Miraculés en 1918, vous étiez des enfants, mais moi j'avais vingt et un an. Je me suis littéralement occupé de vous pendant plusieurs années. Linda et Max, vous étiez infernaux. Rodriguéz n'a pas arrêter de dormir et Hamid c'était le plus fourbe. Quoiqu'il arrive, vous êtes les enfants que je n'ai pas élevé comme un vrai père, si Hamid et Linda sont sincères entre eux, ça ne pourra que finir bien… non ?!

- En fait quand tu parles beaucoup, c'est pour te plaindre ?! Concluait Max dans une tentative de provocation.

- Arrête tes conneries Max. Reprit Rodriguéz un œil à moitié ouvert. De toute façon, moi j'suis pas prêt de trouver la femme de ma vie demain.

- Qui voudrait d'un flemmard comme toi ?! Clama Max.

- Flemmard peut-être, mais lui au moins, il sait faire les choses correctement. Rétorqua Vlad.

- Pourquoi faut toujours que tu trouve un moyen de niquer mes délires !? C'est un complot c'est ça !

- Eh les gars, j’veux pas vous alerter, mais faut faire les courses. Informait Rodriguéz en montrant un sac plastique vide. »

 

Aussitôt dit, aussitôt fait. Lâchés dans la nature sans rien, les Démons devaient se débrouiller seuls. En général, c’était Max qui allait piquer quelques provisions, les autres se chargeaient de le couvrir ou d’aller chercher d’autres choses plus facile à se procurer, avant de revenir à cette église où ils s’étaient installés pour l’instant. Ils s’étaient organisés très rapidement et sans conflit, chacun savait ce qu’il avait à faire. Ils avaient l’habitude de travailler ensemble. Toutes les missions qu’avaient pu leur confier le Master Kadjin, ils les avaient faites ensemble. Malgré leur manque d'expérience en combat réel et en face à face, les menant à perdre contre Rokoujou et sa bande, ils avaient énormément d’expérience dans tous les autres domaines. Prise d’otage, vols, infiltration… ils étaient formés pour tous types de mission visant à nuire un maximum à l’ennemi, de véritables soldats-espion. Contaminés par le Shinkei, obtenant une flamme dans le processus, leur état était proche de la servitude absolue. Seulement, le Shinkei n’était pas éternel lui, ses effets s’estompèrent aux fils des années. En une centaine d’année, ils avaient changé à leur façon, et le chemin était loin d’être terminé.

Après avoir rappelé les deux tourtereaux au campement, ils s'attribuaient les rôles. Aujourd’hui, c’était au tour de Rodriguéz d’accompagner Max ‘‘faire les courses’’, Vlad et Linda allaient faire les vigiles, vérifier qu’ils n’étaient pas déjà encerclés. Hamid allait rester ici, à côté de l’église et garder le camp. Tout le monde était partie, Hamid s’était posé contre un arbre en attendant que le temps passe. S’ils devaient subir une attaque, elle ne serait pas faite par quelqu’un, mais plutôt par quelque chose. Les météorites étaient les jouets préférés de Kadjin quand il s’agissait d’éliminer quelqu’un à distance. En y réfléchissant bien, Kadjin devrait savoir qu’il ne pourrait pas éliminer les Démons avec de simples météorites. Soit il va en envoyer toute une armada, soit elles seront suivies d’autres choses, et à partir de là, tout pouvait arriver.

Posé contre son arbre, les mains derrières la tête, les jambes croisés, les yeux fermés, Hamid entendit les gémissements d’un enfant, il ouvrit un œil et en vit un à l’entrée de l’église. Il semblait embarrassé, cherchant du regard ce qu’il aurait pu perdre. Cependant, cela ne relevait pas des problèmes de Hamid, ce dernier décida de laisser cet incident de côté. Ce n’était sans compter sur l’approche du petit garçon qui vint lui demander s’il n’avait pas vu ses parents. Dans un soupir et en gardant les yeux fermés, Hamid répondit que non et que l’enfant devrait attendre dans l’église, puis de demander à quelqu’un d’autre. Seulement, le petit lui apprit qu’il n’y avait plus personne dans les alentours. Hamid ouvrit les yeux et se leva d’un seul coup avant de se précipiter vers l’intérieur de l’église. Personne, l’endroit était désert tout comme les rues environnantes, alors qu’à cet heure-ci, beaucoup de collégiens devraient passer, les voitures devraient circuler, les magasins devraient être ouvert… rien. Le silence était absolu. Hamid regarda de nouveau le ciel et fit face à ce qu’il redoutait le plus aujourd’hui : les météorites. Ni une ni deux, il alla cacher le petit garçon à l’intérieur de l’église et lui fit bien comprendre de ne sortir sous aucun prétexte. Il aura bien trop peur à cause des explosions, se disait-il. En retournant dehors, les météorites étaient déjà bien proches. Il s’envola et répliqua. Faisant apparaître une vingtaine de boules de flammes, il les envoya avec une bonne précision, détruisant les trois quarts de ce qui allait s’écraser. Il n’en restait qu’une dizaine à courte portée, mais bien d’autres allaient arriver d’ici la minute qui suivait. Il se débarrassa des dix restantes avec un unique cône de flamme qui, en plus de les dégrader, les explosa. Un petit moment de répit qu’il utilisa pour joindre Vlad, qui possédait le second et dernier téléphone du groupe. Il exposa la situation et comprit que Linda allait le rejoindre pendant que Vlad irait chercher Max et Rodriguéz.

En constatant la facilité avec laquelle il avait détruit toutes ces météorites en peu de temps qu’il n’en fallait pour dire ouf, Hamid s’étonna lui-même d’avoir perdu contre Rokoujou. Surtout si ses camarades avaient le même niveau que lui, comment ont-ils pu perdre ? Ce fut une question qu’il n’avait pas pris le temps de se poser, mais elle en valait le retour. Comment expliquer leur défaite ? Il ne pouvait pas trouver de réponse… l’important était de survivre pour l’instant. Les prochaines roches allaient approcher d’ici quelques secondes. Hamid prépara des lames de flammes rouges, il les planta dans le sol en réserve, puis commença à concentrait beaucoup de flammes entre ses deux mains. La boule qu’il créait devint de plus en plus grosse, dix secondes plus tard, elle faisait dix fois sa taille initiale. Les météorites approchaient, Hamid projeta cette énorme boule en l’air. Trois météorites passèrent et s’arrêtèrent dedans. La boule normalement d’un rouge opaque devint écarlate, remplaçant même la lumière du soleil. Le petit garçon vit depuis l’intérieur de l’église le ciel virer au rouge, le rendant un peu plus inquiet de ce qu’il pouvait se passer dehors. La boule finit par exploser, et le reste des météorites qui étaient à l’intérieur allèrent s'écraser sur les autres qui passaient à côté, renforcé par les flammes rouges de Hamid. Juste après cela, Linda arriva.

« - Il y en a encore beaucoup ? Demanda-t-elle.

- Aucune idée. Le ciel est calme pour l’instant, mais ça peut arriver n’importe quand et de n’importe où ? Ils en ont pour longtemps les autres ?

- Ils n’étaient pas très loin. D’ici deux minutes ils devraient être là. »

 

Le téléphone sonna, Hamid décrocha apprenant que ses compagnons seraient là d’ici quelques secondes, mais qu’ils ne seraient pas seuls. Hamid empoigna une des lames de flammes rouges qu’il avait planté et se prépara à intercepter ce qui les poursuivait. Le reste des ses lames restaient actives. Linda préparait ses flammes d’électricités. Un long silence se présenta avant que des bruits sourds ne se fassent entendre derrière les bâtiments à leur gauche. Ces bruits se rapprochaient et finirent par créer l’explosion d’un des bâtiments d’où sortirent Vlad, Rodriguéz et Max avec une dizaine d’Octingen derrière eux. Le groupe des Démons Miraculés étaient de nouveau au complet. Leurs ennemis étaient regroupés sur le parking devant l’église. Suite à cela, plus personne ne se manifesta, les Octingens restaient immobiles et les Démons sur la défensive. Hamid s’avança devant son groupe et observait attentivement leurs adversaires. Leur inactivité était louche selon lui. Ils préparaient quelque chose, mais impossible de savoir quoi, ce n’était pas en faisant rien qu’ils pouvaient parvenir à les surprendre… à moins que ça fasse partie de leur plan, pensait-il. Ses questions n’allèrent pas plus loin, car il vit qu’un des Octingens avait disparu, sans laisser de trace. Qu’est-ce qu’il venait de se passer ? Les Octingens ne possèdent pas de don comme Invisibility, alors comment ? Plongé dans ses pensées, Hamid ne pu réagir à la réapparition soudaine de l’Octingen juste devant lui, assénant un coup de griffe sur son torse. Son T-shirt fut déchiré et sa peau présenta trois grandes entailles. Immédiatement, Linda se jeta sur l’Octingen en essayant de l’exécuter, en vain. L’Octingen s’était éloigné et Hamid avait posé un genou au sol, tenant sa blessure. Personne n’avait compris ce qu’il s’était passé, sauf Rodriguéz qui se permit d’avancer une hypothèse :

« -Les gars, vous n’avez pas oublié que tous les Octingens qui évoluent allant du Fhumiat au Killer Grande, possèdent une capacité unique. Je sais qu’on n’a pas souvent eu l’occasion d’en affronter un, mais on devrait prendre en compte l’éventualité que nous sommes face à l’un d’entre eux.

-Et à ton avis, c’est quoi son pouvoir ? Demanda Max. Rendre les gens invisibles ?

-Plus embêtant que ça… le Fhumiat qui nous avait accompagné l’autre jour, pour occuper les renforts de l’Empire pendant qu’on affrontait Rokoujou et sa bande.

-Le téléporteur !? »

 

Ils connaissaient leur ennemi ainsi que son pouvoir. Un jeune Fhumiat avec la capacité de téléporter des objets ou des autres personnes sur une distance limitée. À son niveau, il ne pouvait pas se téléporter lui-même et les Fhumiat mesurant au moins cinq mètres, il devait être visible, il devait se trouver quelque part dans le coin. Par réflexe, Hamid se retourna et regarda vers le haut. Sans grande surprise, il trouva le Fhumiat… sur le toit de l’église, observant les Démons. Découvert, il disparut en entrant, brisant un des vitraux. En sachant qu’un enfant se trouvait à l’intérieur, Hamid se leva malgré la douleur et commença à courir vers l’église. Ses amis le suivirent et découvrirent l’enfant, recroquevillé dans un coin. Leurs ombres apparaissaient comme gigantesque sur le petit. Cette simple vision leur rappela énormément de souvenir à chacun d’eux. Ce petit garçon se reflétait à eux, il leur rappelait pourquoi ils avaient abandonné il y a quatre-vingt quinze ans, ce qu’ils avaient subi, ce qu’ils avaient perdu, mais aussi ceux qui avaient cru en eux. S’approchant du petit et le prenant dans ses bras, Rodriguéz se retourna vers Hamid qui empoigna un peu plus sa lame de flammes rouges.

« -Ne répétons pas l’histoire. Assura Hamid. Nous savons ce que ça fait non ?! Nous connaissons cette douleur… personnellement, je n’ai pas envie que quelqu’un d’autres subissent le même sort. Soyons ses Anges, mais pas Déchus.

- Bien dit patron. Répondit Vlad. »

 

Cette même réponse lui fut donnée par Linda et Max avec un simple regard et un acquiescement. Une nouvelle détermination avait jaillit chez eux, elle permit aussi de répondre à la question que Hamid se posait tôt ce matin. La raison pour laquelle ils avaient perdu, ne relevait pas de compétence ou d’expérience… tout était une question d’objectif. À cause de leur attaque contre la bande de Rokoujou, ils avaient atteint à leur liberté et à leur vie. Jouant le rôle des prédateurs, ils avaient poussé leurs proies à bout, au point qu’elles se mettent à se défendre et à devenir plus dangereuses que les premiers prédateurs. Ce fut leur soif de liberté, leur instinct de survie qui les avait mené à gagner. Or, rien n’avait animé Hamid et ses compagnons à cet instant, ils n’avaient aucun but mis à part de remplir la mission que leur avait confié le Master. Leur confiance excessive en leur capacité fut supplantée par l’absence de conviction, valant leur défaite écrasante. Ce jour-ci, ils trouvèrent un but, ils comprirent la conviction qu’ils auraient dû ressentirent et prendre pour acquise.

L’équipe se regroupa dehors, les Octingens avaient récupérés les lames de feu que Hamid avait crée. Ce dernier demanda à Max d’aller mettre rapidement l’enfant à l’abri, avant qu’il ne se concentre sur ses lames dans les mains des ennemis et qu’ils les fassent exploser. Tous perdirent leur bras gauche. Deux d’entre eux disparurent à nouveau forçant les Démons à se placer en cercle. Un Octingen apparut au milieu du regroupement, dans le dos de tous, certain de les atteindre, il ne blessa personne grâce à l’intervention prémédité de Linda, activant ses flammes pour électrocuter et griller l’Octingen avant qu’il n’agisse. Ils s’éloignèrent pour le laisser exploser, mais le second Octingen apparut derrière Vlad prêt à l’embrocher avec sa liane. Ce n’était sans compter sur l’arrivée de Max qui dégomma la tête de l’Octingen d’un coup de poing, ainsi que le reste du corps avec un coup de pied, le tout explosa en l’air. Il restait huit Octingens. Ils seraient embêtants à cause du téléporteur qui se trouvait dans l’église et qui était à la fenêtre encore en train de les observer. Rester en bas allait être une perte de temps, Hamid décida d’engager le mouvement en sautant vers la fenêtre de l’église. Il y arriva sans problème et se retrouva face au téléporteur qu’il identifia comme un Fhumiat, la première forme d’évolution d’un Octingen, reconnaissable par leur taille d’environ cinq mètres et à leur obésité.

« - Hamid~~ ! Quel plaisir de te revoir~~.

- On n’a pas la même définition du plaisir.

- Quand le Master nous a dit de vous éliminer, j’avoue avoir été surpris~~. Combien de temps avons-nous collaborés~~ ? Au moins cinq ans, non~~ ?!

- Je m’en fiche pas mal. Si tu tiens vraiment à exécuter les ordres, vas-y, essaie pour voir. Nous savons que tu ne peux pas téléporter ce qui n’est pas dans ton champ de vision ou ce que tu ne touche pas. Les autres vont vites me rejoindre.

- N’y pense pas trop~~. »

 

Hamid jeta un œil dehors et vit le nombre d’Octingen se multiplier à vu d’œil. Il comprit que ses compagnons allaient être occupés un bon moment et qu’il allait devoir affronter un Fhumiat seul. Il en avait les capacités, mais il doutait énormément. Après avoir perdu contre Rokoujou, il ne savait plus qu’elle était sa véritable force. Sa blessure au torse ne le tiraillait plus vraiment, peu profonde, elle commençait déjà à cicatriser. Le Fhumiat, bien que gros, pouvait se déplacer avec autant de faciliter que lui. Hamid se disait qu’il serait facile à atteindre avec ce corps monstrueusement grand qui arrivait presque jusqu’au plafond.

« - Tu comptes te battre ici ?

- J’ai déjà prévue notre terrain de jeu~~ »

 

Les murs et le plafond partirent en fumée en un claquement de doigt, ne restant que le sol de l’étage de l’église, le Fhumiat avait désormais toute la place nécessaire pour se battre. Hamid le vit sauter au-dessus de lui dans le but de l’écraser. Sautant en arrière, il évita de finir sous le ventre grassouillet du Fhumiat. Le sol avait volé en éclat, détruisant l’entièreté de l’église au passage. Hamid s’était envolé pour éviter de finir dans les gravas. Le champ de bataille s’était agrandit, et le nombre d’ennemis ne cessait de grandir pour les amis de Hamid. Le Fhumiat se releva au milieu des débris de l’église.

« - Bande de misérable~~ ! Je ne comprends pas comment le Master a bien pu placer ses espoirs en vous~~ ! Vous êtes incapable de tenir face à quelques Octingens et un Fhumiat, c’est pathétique~~ !

- On n’a même pas commencé à se battre, de quoi tu parles ? Rétorqua Hamid agacé.

- Vous êtes inutile au plan du Master~~ !

- Et c’est quoi son plan ? Contrôler le monde ?! Encore un plan de merde pour un dérangé comme lui. J’ai toujours pensé que ce mec avait un grain !

- Tes injures sont bien faibles~~ ! Tu n’as pas le millième de génie du Master pour parvenir à trouver son trésor~~ !

- Son trésor ?

- Un objet d’une valeur inestimable~~ ! Convoité par les plus puissants, les plus légitimes à gouverner ces bandes d’insectes que sont les humains~~ ! Cet objet renferme une puissance capable d’annihiler le monde~~ ! C’est au-delà de tout ce que vous avez pu vivre jusqu’à présent~~ !

- Ne me dis pas que vous croyez à cette légende ?!

- Il existe vraiment. In the End : le livre sans fin~~ ! Ce livre représente tout~~ ! Scellé quelque part dans ce monde par les sept familles originels des Honmas~~ ! Nous l’obtiendrons et accomplirons la volonté du Master~~ ! Cette terre n’est plus apte à accueillir les humains ou même les Empires~~ ! Une nouvelle ère sera sur le point de voir le jour et personne ne pourra arrêter cela~~ ! Cette année, vous périrez tous~~ !

- Très bien… j’en ai assez entendu…

- Quoi~~ ?

- Il nous suffit de trouver ce livre légendaire avant le Master, c’est ça ?

- Qu’est-ce qu’une bande de rebut dans votre genre pourrez trouver~~ ? Pour qui te prends-tu~~ !?

- Écoute, j’ai cette étrange impression que notre existence aurait été moins dure sans l’intervention du Master, il nous a même pourrit la vie. Alors imprime bien ça dans ton petit cerveau à moitié décomposé… je ne laisserai plus personne me dicter ma vie ! Cria-t-il. On va vous exploser, toi et tes minions ! On va récupérer ce livre à la con et tout vos plans de merde tomberont à l’eau ! On sèmera le chaos dans vos rangs ! C’est bien le rôle d’un Démon non ?!

- Je vais te remettre à ta place~~ ! Hurla le Fhumiat.

- Last Spark* : Yogva* !

- Va en Enfer~~ ! Hurla le Fhumiat en sautant à une vingtaine de mètre plus haut. »

 

Faisant jaillir ses flammes rouges sous forme de lave, le sol se décomposait sous les pieds de Hamid qui se propulsa vers le Fhumiat. Préparant une énorme boule de flamme noire, ce dernier fonça sur le Démon de lave. Porté par sa force doublée par la Last Spark, Hamid créa en un instant une épaisse et grande lance de lave au bout de sa main, prêt à transpercer tout ce qui allait se mettre sur son chemin. Quand chacun fut à porté de l’autre, ils entrechoquèrent leurs flammes. De la lave s’éparpillait, les flammes se désagrégeaient. Simples spectateurs, les autres Démons et Octingens regardaient l’impact final. Une lumière écarlate les aveugla avant d’entendre une énorme explosion. Deux corps tombèrent au sol et une seconde explosion suivie. Hamid était au sol et répondit au défunt Fhumiat :

« - Ça fait longtemps que j’y suis en Enfer. »

Sa Last Spark avait disparu, mais les autres Octingens continuaient d’attaquer malgré la mort de leur chef. Voulant profiter de l’impuissance de Hamid, l’un des Octingen s’approcha de lui en s’exclamant :

« -Vous n’êtes plus boosté par les pilules du Master, vous êtes devenu plus faible~~ ! »

Étirant sa liane vers lui, Hamid ne broncha pas une seule seconde face au danger, car ce dernier fut écarté par l’intervention de Linda, venant empaler l’Octingen à la tête avec une lame de Hamid, folle de rage :

« - Le prochain qui essai de s’en prendre à lui, je l'embroche ! »

 

Même en sous effectif, les Démons réussirent à dominer les Octingens et lorsque ces derniers ne furent plus que cinq, ils prirent leurs jambes à leur cou loin d’ici. Bien que victorieux, Hamid sentait cette once de regret au fond de lui. Même s’il s’était trouvé un nouveau but, il était aussi faible que n’importe quel Honma de bas étage. Obligé d’utiliser sa Last Spark pour vaincre un Fhumiat. L’Octingen qui fut tué par Linda plus tôt avait raison, s’il avait pu user de son Armaroi* pendant son combat contre Rokoujou, ce fut grâce à des pilules qu’avait inventé le Master pour doubler la chaleur d’une flamme durant un court moment. Même avec ça, ils avaient échoué. Ce goût amer de la défaite… était loin de disparaître.

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
Vous lisez