Emily serra les deux bouts de cuivre l’un contre l’autre. Si fort, qu’ils finirent par glisser de ses doigts avec une telle violence que l’un d’entre fut projeté sur la tête d’Armand. Une main sur la tempe, dépité, il se tournait vers la fautive.
« C’est peut-être un peu tard, pour essayer d’apprendre à t’occuper du cuivre-chant. Je crois que la possibilité de te faire rembourser pour ton absence de voix est déjà tombée à expiration, depuis le temps. »
Emily lui renvoya un sourire innocent alors qu’elle s’éloignait de sa table, se dirigeant vers Séon et Armand qui travaillaient ensemble sur de nouveaux projets. Le jeune homme s’occupait de placer les pièces en gestes habitués, tandis que le vieil homme améliorait le résultat en usant de son chant. Là où Armand insérait des pattes à une petite araignée métallique, Séon lui donnait vie avec nombre de mécanismes complexes qui ne pouvaient être activé que par une voix Ré.
Quand Séon regarda l’une de ses horloges au mur, il remua les lèvres avec agacement. L’intérêt d’Emily poussa Armand à lâcher ce dont il s’occupait.
« Il dit qu’il est déjà treize heures, et toujours aucun client. Leur nombre diminue depuis quelques jours.
— N’est-ce pas préférable ?
— Il dit que ça restait son salaire, précisa Armand après un moment de pause. Mais oui, dans notre cas, tant mieux. »
Il leur fallait se cacher chaque fois qu’on tirait la corde à l’extérieur, faisant tinter une grande cloche dans un coin de l’atelier. Si ce n’était pas embêtant de rester passif dans un débarras aménagé pour eux, Emily n’aimait pas l’idée perdre du temps quand un client restait une heure, parfois deux, d’autrefois trois.
Si ça se reproduit, j’embêterai Armand, ce sera plus drôle que d’attendre simplement, conclut-elle, ravie de cette trouvaille d’occupation.
Cela étant, faute de pouvoir mettre ses mains au service de leur cause, elle arpenta l’immense pièce circulaire avec passivité, posant son regard sur toutes les inventions de cuivre qui lui passaient sous les yeux, et tripotant toutes celles qui tombaient sous sa main.
En découvrant un globe terrestre, elle se prit d’envie de faire glisser sa main sur toutes les régions qui défilaient ; tout ce monde composé de cités et de terres désertes qu’étaient les Terres de Ré – seul royaume composé de vie dans ce monde, pour ce qu’ils en savaient. Il y eut le Pays brun, le monde du dehors, majoritaire. Mais entre tout ça, quelques petits morceaux de cité. Mezzofort. Fief des Sol, se souvint Emily. La population majeure étaient les Mesurr ; plusieurs milliers d’habitants. La plupart étaient de la branche des pianos, se contentant de façonner en un chant des objets de petites tailles. Avec un peu plus de temps et de musiciens sur le coup, ils pouvaient faire des meubles. Avec un orchestre et quelques années, des villes. Les Mesurr ne pouvaient faire que des fondations, là où un Ré pouvait insérer au sein même de ses créations des réseaux électriques ou des rouages bien complexes. Enfin, lorsque l’on n’en demandait pas tant, les Mesurr étaient pratique, et puis, la branche des guitares, qui entraînait son pouvoir à la conception non plus de petits objets, mais d’armes, étaient de bons guerriers.
Plus loin, il y eut Legato, cité de l’eau, fief de la maison majeure des Fa, avec pour population proéminente les Orchestria. Cent million d’habitants, à peu près. Adagio, fief des Mi, Fortissimo, pour les Do, Lento, les La, puis bien sûr, Moderato, pour gouverner tout ce beau monde. À Moderato, la population majoritaire étaient les Instruma, ainsi que celle, inédite, des Opéra. Ceux-là étaient néanmoins la plus petite maison mineure du monde. Pas plus de quarante membres de cette famille, tous résidents au château en tant qu’esclaves pour les Ré. De façon générale, seules les maisons majeures étaient en petit commité ; les Ré eux-mêmes n’étaient pas plus de trente. Ou, les Fa, par exemple, à peine vingt. De fait, Emily était en droit de se demander si un jour, les Opéra furent plus nombreux. Cela, ce n’était écrit nulle-part.
Se détournant de ses révisions géographiques, Emily découvrit, sur une table, un amoncellement de papiers, de documents et de plans. Elle les feuilleta un peu, ne parvenant pas à comprendre le moindre sens de tout ce qui y était inscrit, gribouillé, dessiné. Elle ramena le tas à Séon, l’interrogeant du regard.
« Ah, ça, une ébauche. À peine un premier jet d’idée. L’une des inventions que je veux prêter au peuple grâce à notre technologie. »
Baissant son regard des mains d’Armand pour le rediriger vers le projet, elle acquiesça doucement, mais sans davantage comprendre qu’avant.
« Ça permettrait à tous les habitants des Terres de Ré d’échanger entre eux à grande vitesse. Fini, les lettres et les envois singuliers. Chacun pourrait envoyer un poste permettant à n’importe qui de le voir et d’y répondre. Une sorte d’interface d’échange publique.
— Le concept est intéressant, » dut-elle en convenir. Elle se détourna des notes qu’elle avait posées sur la table pour communiquer et leva son visage vers Armand. « Pour le moment, ça donne quoi ? »
Le garçon parut d’abord perplexe, puis considéra ce sur quoi il travaillait avec surprise, semblant prendre conscience du sujet de discussion.
« Quelques armes, des petites araignées robot pour nous aider à faire du repérage ou nous assister en cas de problème, et des explosifs lumineux pour nous permettre de fuir. »
Emily acquiesça avec vigueur, les yeux constellés. Leur petite mission d’infiltration sonnait bien, avec tous ces outils à portée de main.
« Merci, Armand, tu es toujours aussi fantastique, sache-le. »
Avec un sourire tendre, il posait sa main sur le crâne de la jeune femme pour lui caresser doucement les cheveux. Cette fois-ci, elle ne fit pas en sorte de cacher la moue béate qui en résultat.
Le travail de fabrication leur pris l’après-midi. Armand et Séon s’affairèrent sans pause, et aucun client ne vint pointer le bout de son nez entre-temps, ce qui, certes, pour la seule boutique Ré qui offrait – officieusement – ses services au peuple, était étonnant. Avec les événements de la princesse en fuite, les Ré étaient sûrement à éviter aux yeux du commun.
Emily ne s’en soucia pas franchement, préférant se balader dans l’atelier, jouer avec les inventions qui ne demandaient pas de voix pour être maniées, converser avec Armand… Quand l’ennui la gagna, elle rouvrit son livre d’histoire pour la deuxième fois de la journée pour réviser un peu sa politique. Le chapitre sur les deux derniers Rois précédant son père était d’un barbant… Elle ne pourrait néanmoins s’y soustraire.
Le soir venu, Emily sentit son ventre devenir la victime de quelques tremblements douloureux. Armand dut les entendre, car il se tournait vers elle, amusé.
« Bon, terminé pour aujourd’hui. Allons manger. »
Appréciant l’idée, elle opina. Saluant Séon d’un mouvement de bras, elle quitta l’atelier par la porte arrière. De là, un tunnel désaffecté, qui servait d’anciens égouts qui menaient au travers des toilettes abandonnées d’une boutique bien plus éloignée de la boutique. Le tunnel serait bientôt rénové, et la boutique détruite pour être remplacée, mais en l’état, ils servaient de bons moyens discret de filer d’un lieu à l’autre. Comme de coutume, une fois dans les rues bondées, la princesse et son Opéra se révélaient sans honte. Comme de coutumes aussi, regards surpris et messes basses, mais rien d’alarmant pour ceux protégés par un Cor.
Emily s’amusa à marcher en tournant la tête ; de côtés, vers les boutiques, les lampadaires, les fenêtres allumées ; vers le plafond, les cuves passant de la partie basse à la haute, les lumières de la ville présentent de l’autre côté, la lune dardant un léger trait de lumière à travers sa strie.
Un moment, elle s’arrêta devant le frontispice d’un bar-restaurant. Ses yeux s’éclairèrent tandis qu’elle se tournait vers Armand.
« Allons manger là, j’adorais ce restaurant, avant !
— Bien sûr que tu l’adorais. Toutes les fois où j’ai précisément dû aller te chercher ici parce que tu étais saoule… »
Considérant qu’il s’agissait là d’une bonne vieille anecdote et non d’une critique, elle se dirigeait vers le restaurant avec un joli sourire. En ouvrant la porte, tous les regards se braquèrent sur elle. On la laissa sans mot dire s’installer avec Armand en bout de salle autour d’une petite table pour deux, où elle invita par des signes le serveur à venir auprès d’eux. Aussitôt son regard s’était porté sur le menu du jour, hamburger et patates coupées en lamelle, qu’elle n’avait pas pris la peine de chercher autre chose.
« Prends-moi une bouteille, aussi, » demanda-t-elle avant qu’elle ne l’oubliât.
Quand le garçon de service s’en alla, Emily ne le quitta pas des yeux, souriante. Un instant, Armand la suivit des yeux, puis, souffla.
« Te ramener saoule ou fichée dans la caserne des gardes à t’entraîner, je vis avec. Mais si tu commences à ramener des hommes dans notre chambre, là, c’est non. Pas tant qu’on partage la même, en tout cas. Attend au moins d’être de retour au château. » Cette déclaration tira une lippe boudeuse à la jeune femme, qui adressa à l’Opéra un regard déçu.
« Je te paie une autre chambre, s’il faut.
— Non, attend le palais, j’insiste. »
Les épaules du garçon se secouaient, narquois, ce qui ne fit que rendre à la princesse ses envies de taquineries.
« En échange de bons procédés, je ne dirais rien si tu venais à ramener une femme, promis. »
Il haussa un sourcil moqueur, mais au lieu de réponse, il se tournait vers une table remplie de jeunes hommes aux airs moins précieux que ceux qu’elle avait l’habitude de voir au palais. Aux alentours de son âge, des barbes mal rasées, souvent, des chevelures en pagaille, des regards espiègles. Tout ce qui se faisait de bon pour attirer avec plus d’efficacité Emily que les hautains de la cour.
En voyant néanmoins Armand se rembrunir, et les regards en coin qu’elle recevait, elle conclut que leurs propos étaient probablement loin d’être aussi séducteurs que leurs airs.
« Que disent-ils ? »
Au même instant, la bouteille de vin arrivait sur la table. Elle remercia le serveur d’un clin d’œil et entreprit de se servir.
« Pour le moment, ils s’étonnent de voir la princesse ici, expliqua Armand.
— Qu’ils s’étonnent, en ce cas, signa-t-elle avec une expiration de nez infatuée. S’ils viennent à moi, je prends celui qui a les cheveux blonds. Un Mésurr, tu penses ?
— Emi… » Il avait beau affecter le dépit, son visage restait gravé d’un sourire.
Quand le repas arriva, le serveur repartit en rougissant après que la princesse l’eut béni d’un deuxième clin d’œil accompagné cette fois d’un sourire enjôleur. Emily l’oubliait aussitôt disparu derrière le comptoir pour se concentrer sur son plat. Elle attrapa le sandwich à deux mains et ses joues devenaient roses de plaisir après une bouchée. Elle reproduisit l’expérience avec les pommes de terre. Elle eut la mauvaise grâce de poser une main sur sa joue pendant qu’elle jubilait, résultant d’un peu de graisse qu’Armand s’empressait d’essuyer comme s’il s’agissait là d’une question de vie ou de mort.
Mais en frottant le mouchoir contre la joue de la princesse, il regarda les jeunes hommes à leur table et poussa visiblement un soupir.
« Cette fois ? s’enquit sa maîtresse.
— Ils s’étonnent qu’une femme de ton rang puisse manger comme tu le fais, » répondit-il quand il eut terminé avec son mouchoir. Il leur offrit alors un regard, puis un rictus moqueur. « Ils ajoutent que tu es plus vulgaire qu’ils le pensaient. Et qu’ils trouvent ça marrant. »
Emily croqua une bouchée de son plat, s’essuya les mains, puis se leva. Le regard des trois garçons moqueurs se rivèrent aussitôt vers elle comme elle approchait de leur table, posant ses mains dessus pour se pencher sur chacun d’eux. Se redressant lentement, elle offrit sourire et signes :
« Si ça vous excite à ce point-là que de voir une princesse comme moi, autant me le dire en face. »
Ce fut avec un dépit manifeste qu’Armand rapporta ses paroles, lesquelles firent grandement rire ses trois vis-à-vis.
« “En tout cas, je crois que Luc a du mal à s’en remettre. Il ne fait que vous regarder avec des yeux ronds, princesse”. Puis le deuxième a répondu : “Hé, c’est… faux ! C’est la princesse légitime, bien sûr que je suis surpris, c’est tout !” »
Alors, Emily frappa la table, considérant le fameux Luc avec un regard intime à l’envie dévorante d’un trou noir. Elle releva le menton du jeune homme avec son index, forçant ses yeux à se coller aux siens.
« Légitime, tu dis ? demanda-t-elle en se redressant. Le penses-tu ?
— B… Bien sûr ! Pourquoi devrais-je en douter, princesse ?
— Alors même que je n’entends pas, que je ne parle pas ?
— Oh ? Bah oui, ça ne change rien. »
Ce qui l’étonna, ce fut de voir ses deux compères acquiescer. Cela, même Armand se retrouva à froncer les sourcils, perplexe. La princesse et son Opéra s’entreregardèrent, et ce dernier eut une expression de surprise.
« Il n’y a bien que pour les Ré que cela est un problème », fit-il.
Plissant les yeux, les lèvres d’Emily s’étirèrent. Elle se tourna vers Luc et lui caressa la joue avant de signer :
« Saviez-vous que ma propre famille pense le contraire ? Mon propre père ne veut pas de moi sous le trône, car je déshonore la famille par ma naissance. »
Ce fut au tour des trois garçons de se regarder, surpris.
« “Ah, oui…”, a réagi le premier. “C’est profondément injuste”, renchérit Luc. “Ils ne savent pas ce qu’ils ratent”, a ri le dernier.
— Oh non ils ne savent pas ! »
Emily fit demi-tour, saisit son plateau et le déposa sur leur table, obligeant les trois compères à lui faire une place sous les regards curieux de quelques poignées d’autres clients. Récupérant sa chaise, elle la fit glisser jusqu’à eux, dossier face à la table, s’appuyant ainsi contre celui-ci. Coude sur la chaise, ses signes perdirent en mouvements, mais Armand, habitué, pouvait l’ignorer.
« C’est quoi, vos noms ?
— Barn, Luc et Hélio, répondit Armand.
— Barn, Luc, Hélio, contente d’apprendre que vous me trouvez digne d’être une princesse. Ça va lui faire drôle, à mon père, de voir que tous m’acclameront lorsque j’aurais pris sa place. »
Ils sourirent, amusés, tandis que Luc acquiesçait vigoureusement. Celui-là était définitivement son favori. Il lui faudrait sûrement le garder pour ce soir.
« Ma famille croit que pour être un Ré, il faut chanter. Vous savez quoi, Armand n’a jamais entendu mon père chanter, même lors de la rébellion des Théârr. Il a ordonné à ses hommes de les maîtriser, sans exprimer le moindre chant, sans contrôler la moindre touche de cuivre-chant ! C’est son frère qui s’en est chargé pour lui ! »
Emily voyait l’excitation grimper sur leur visage, la regardant comme des enfants en train d’écouter une incroyable histoire.
« Que sont devenus les Théârr ? » demanda l’un d’eux.
Emily se servit un nouveau verre de vin qu’elle but d’une traite, savourant néanmoins chacune des gorgées qui glissa le long de sa gorge.
« Confinés auprès de la maison La, à Lento, expliqua-t-elle après avoir reposé son verre. Plus le droit d’y sortir, et à la moindre réplique, le seigneur Hickon La leur fait couper la tête. » Elle s’octroya un surplus de geste, un pouce glissant le long de sa gorge, son sourire féroce venant agrémenter le geste.
« Et vous, princesse, j’ai entendu dire que vous vous battiez ! releva Luc. C’est vrai ?
— Repose-moi la question en m’appelant par mon prénom. » Il le fit, non sans gêne, s’attirant le rire de ses compagnons, et le sourire de son interlocutrice ; pour une fois, elle aurait adoré l’entendre faire, à défaut de ne pas le voir signer. « Eh bien oui, je me bats, répondit-elle. J’apprends l’épée. Je ne l’ai pas sur moi, mais elle est en cuivre-chant. Invention de mon oncle. Apparemment, elle peut s’agrandir, se scinder en deux et d’autres choses encore, mais, ce sera pour quand je serai reine. Je me ferai sans cesse accompagner d’un Ré pour qu’il s’occupe de contrôler mes armes pendant que je me bats.
— Effectivement… Vous comptez être une reine d’action ! »
Ce commentaire fit germer dans la poitrine de la jeune femme un immense plaisir. Excepté Armand qui savait y faire, quelqu’un l’avait rarement rendu aussi orgueilleuse qu’en cet instant.
« C’est ce qu’une bonne reine doit faire. Pas plus tard qu’il y a deux mois, j’ai arrêté un voleur. » Regain d’intérêt de son auditoire. « Je m’entraînais avec les gardes, quand on nous a signalé le problème, alors j’ai accompagné. Je suis tombée sur lui la première, je l’ai menacé de mon épée et poussé à se mettre à genoux. Bon, il n’y a pas eu de résistance ou de combat, mais j’étais plutôt fière. Les soldats m’en ont parlé avec humour pendant un bon bout de temps. Mais ma famille a considéré cela stupide ! »
Ressasser l’événement lui causa un froncement agacé de sourcils. Pendant que les trois garçons débattaient de l’anecdote entre eux, elle imaginait plusieurs insultes adressées à son père. Armand ne put rapporter tout ce que les trois spectateurs se dirent, mais en gros, ils étaient de son côté.
« Le Roi est quelqu’un de très respectable, mais m’imaginer vous avoir pour reine ajouterait un peu de proximité avec nous, le peuple, commenta Luc, regardant ses amis comme pour attendre que l’on validât ses propos. Vous mangez dans des restaurants, vous discutez avec nous, vous nous protégez. Si vous parvenez à être autant une amie qu’une force supérieure, vous pourriez être une reine idéale. »
Emily offrit au garçon un regard soutenu, tapotant la table de ses doigts, circonspecte. Luc se mit à rougir, puis, se grattant la joue, agita ses lèvres.
« Et, heum… Sinon, comment vous êtes vous retrouvés à fuir votre palais ?
— Excellente question… »
Elle se leva de sa chaise, avant de monter sur celle-ci, signant avec de grands yeux écarquillés, et des gestes vifs et brusques :
« Quand mon père m’a ordonné de déclarer à tous, que mon petit frère Kyss devrait prendre mon trône, j’ai refusé. Il a donc voulu m’y contraindre. Ni une ni deux, j’ai dégainé mon épée, que j’ai pointé devant mon père. Voilà ce que je lui ai dit : “Essaie donc de m’y forcer, et peut-être ta fille devra faire résonner l’intérieur de ton crâne d’un bon coup de cuivre” ! »
Tandis que les trois garçons se penchaient sur leur siège, le restaurant tout entier semblait retenir son souffle. Tous étaient pendus aux mots d’Armand. Alors, Emily monta sur la table, évitant d’écraser les plateaux de ses bottes.
« Il a ouvert la bouche. J’ai cru qu’il allait me parler, mais de l’étagère a filé une aiguille. Si Armand ne l’avait pas entendu chanter à ma place, elle aurait traversé ma cuisse, et c’en était fini de mes velléités de fuite ! Armand m’a relevé, j’ai agité mon épée face aux deux soldats qui approchaient, mais je fuyais sans demander mon reste. Cela dit, les autres gardes du palais ont été prévenus, et au fur et à mesure que je fuyais, il en venait de toutes parts ! » Elle marcha sur la table, baissant son regard sur tout le public – même le serveur la regardait tout en ramenant un plateau derrière le comptoir. « Armand m’a protégé autant qu’il l’a pu, essayant de blesser sans jamais tuer. Oh bien sûr, il aurait été en mesure de le faire. Moi-même, j’ai eu l’habitude d’éliminer quelques criminels qui opposaient de la résistence, mais en tant qu’Opéra, il devait faire profil bas ! Mais, malheureusement, sur la dernière ligne droite, un soldat plus fort qui, s’il n’était pas éliminé aussitôt, permettrait à une autre vague de fondre. Alors il m’a libéré un passage par la fenêtre et… hop ! » Emily sauta de la table en direction de Luc, un pied de chaque côté du garçon. Elle s’assit sur lui, lui enserrant le cou de ses bras. « Nous avons fui. »
Pivoine, Luc eut du mal à réagir, mais elle voyait tous les autres applaudir, voire encore frapper sur la table. Ravie de ces belles réactions, elle caressa la tête de Luc avec ravissement, mais soudain, tomba contre son torse, prise d’un soudain vertige.
Oulah… Je n’ai pas fait attention à combien de verre j’ai pris. Je n’en ai bu que deux, non ? Oui. Tout à fait, je suis certaine de n’en n’avoir pris que deux.
Elle se sentit levée de force, quittant Luc pour s’appuyer contre l’épaule d’Armand. Celui-ci offrit un signe de main à tous, lequel eut le droit à des sourires, ou amusés, ou moqueur à l’adresse de la jeune femme. En voyant celui, tout intimidé, du jeune homme qui l’avait accueilli sur ses cuisses, elle ressentit l’envie de se libérer de l’étreinte de son Opéra.
Il avait l’air si amusant à taquiner. Je suis sûre que ça aurait été sa première fois…
Mais elle se sentait impuissante face aux bras d’Armand. Agiter ses mains comme une démente pour ajouter du cachet à son histoire alors même qu’elle devenait progressivement plus ivre était aussi éreintant que de jouer une pièce de théâtre, à peu de chose près.
Elle fut dirigée vers le comptoir, là où le jeune homme paya leur repas. Emily fut forcée de boire un imposant verre d’eau avant de quitter le restaurant. Le regard consciencieux que lui adressa Armand l’empêcha de protester.
En voyant le garçon se tourner vers la tablée, levant un sourcil avec une pointe d’agacement, Emily reposa son verre, curieuse.
« Que disent-ils ?
— Rien, ne t’en fais pas.
— Si, allez, dis-le-moi ! »
Il poussa un soupir, puis d’un signe de tête, désignait les trois nouveaux amis que la princesse s’était fait.
« Ils s’étonnent de voir un Opéra si proche de sa princesse et se moque un peu de moi. »
La tête un peu plus fraîche, néanmoins branlante, elle parvint à se porter elle-même jusqu’à la table qu’elle venait de quitter, leur adressant, à tous, un sourire en coin.
« Allez les gars, vous considérez naturel pour moi d’être princesse, mais que j’eus un ami Opéra, cela vous en bouche un coin ?
— Oh non, nous ne jugeons pas, répondit Luc. C’est très clément de votre part, d’être familier avec une sous-espèce, en vérité.
— Bien vrai ça, abonda l’un des deux autres. »
Emily considéra Armand, ahurie. Le garçon haussa les épaules, habitué. Mais comment diable pouvait-il être « habitué » à faire face à un tel traitement ? Emily était-elle plus cruelle qu’elle le pensait ?
« Une sous-espèce ? Je ne vous permets pas de parler d’Armand comme ça. »
Cette phrase tira une expression quelque peu songeuse de la part de tout un chacun qui ne savait plus où se mettre.
« Désolé, je suppose… » fit Luc, mal à l’aise.
Fronçant les sourcils, elle fit un pas en plus.
« Vous considérez vraiment les Opéra comme vous le dites ? Je sais que mon père n’est pas non plus très familier avec eux, mais il a la décence de ne pas en parler en ces termes en ma présence, dans ce cas…
— Eh bien, tout de même, oui ! Ce n’est pas pour rien qu’ils sont esclaves. Ce ne sont que de bêtes machines à tuer ! s’exclama Barn.
— De bêtes… Ça n’a aucun sens, je vous ferai dire que…
— La preuve, hier ! »
Faute de pouvoir s’imposer par la voix, Barn venait de la couper sans laisser le temps à Armand de faire passer ses mots.
« Enfin, oui, je crois bien que c’était hier, reprit-il en réfléchissant. Ils ont exécuté un Opéra d’un des Ré. On ne leur demande que de défendre leurs maîtres, et pourtant, même ça, ils arrivent à faire n’importe quoi ? »
Armand s’avança vers eux, s’exprimant, le visage rouge d’angoisse. Mais à ses mots, les trois gardèrent le silence. À part Luc, embarrassé, les deux autres se montrèrent un rien méprisants.
« Que se passe-t-il ? demanda Emily.
— Oh, heu… J’ai voulu leur demander la raison, mais ils ne m’ont pas répondu.
— Pourquoi ? Pourquoi se comportent-ils soudain comme ça avec toi ?
— Soudain ? Emi, je ne vois pas à quel moment ils ont été doux…
— Quand je racontais mes histoires. Ils avaient l’air de… De… Eh bien…
— Oui, d’aimer tes histoires. Certes, je parlais, mais c’était toi, qu’ils écoutaient à travers moi. »
Emily eut un rire jaune. En cette journée, elle découvrait que le peuple appréciait un peu plus la princesse pour ce qu’elle était, mais détestait avec moins de tact les Opéra que les nobles, qui s’essayaient au moins à les ignorer avec respect.
« Hé… Armand… Au château aussi, on te déteste à ce point ? Je pensais que c’était de nature noble, de vous ignorer… »
Il se contenta d’un hochement de tête en affirmation. Emily eut un nouveau sourire jaune.
Putain, quelle ville de merde.
Elle redirigea son regard vers ses interlocuteurs.
« Répondez-lui. Pourquoi il a été exécuté, l’Opéra ?
— Hein ? On n’en sait rien. Il a dû mal faire le ménage, ou un truc du genre.
— Mal faire le ménage ? Exécuter pour avoir mal fait le ménage ? répéta Emily, grinçant des dents.
— Bah ! J’ai entendu dire que les Ré étaient moins nombreux que les Opéra ! Ça doit se remplacer facilement. »
Barn n’eut pas le temps de cligner des yeux qu’Emily l’attrapait par le col. Les blagues avaient des limites. Parler de la maison de son meilleur ami ainsi… Peut-être même était-ce un membre de sa famille qui venait de se faire exécuter.
Une main sur l’épaule, et elle se tourna vers Armand, qui la considérait avec placidité.
« Tu es éméchée, Emi. Allons nous reposer, nous discuterons de tout ça demain.
— Mais ! fit-elle en lâchant sa victime pour signer.
— Mais quoi ? Tu veux les passer à tabac pour avoir partagé les mœurs locales ? Si ça te gêne, qu’ils pensent comme ça, tu vas devoir raser la ville. »
Elle se tourna vers les trois lurons, désemparées. Armand s’approchant d’elle et lui enserra l’épaule d’un bras, lui prenant une main avec celle qu’il restait. En douceur, il la mena hors du restaurant, où la lumière et le vent lui agressèrent la tête au point de lui faire manquer l’équilibre.
Putain de roturiers sans éducations… Si je les recroise, je leur fais manger mon épée…
Le trajet jusqu’à sa chambre d’hôtel, qui sembla pour elle durer une éternité, acheva de l’épuiser. Armand la mena directement dans sa chambre. En s’asseyant le premier sur le lit de la jeune femme, il esquissa un mouvement pour y allonger Emily. Elle se laissa faire, s’étalant sur le matelas et posant sa tête sur les cuisses du garçon, prête à dormir. Pour preuve, elle avait déjà les yeux fermés.
Elle sentit son corps se faire secouer, comme si Armand voulait lui dire quelque chose, mais elle n’avait pas assez de motivation pour ouvrir l’œil, alors elle ne réagit pas. Au bout d’un moment, les secousses cessèrent, et à la place, une main passait en douceur sur ses cheveux.
Ce troisième chapitre confirme mon ressenti concernant Emily que j'ai vraiment beaucoup de mal à apprécier. Je la trouve très égoïste et égocentrée, si ça ne le concerne pas directement, ça ne l'intéresse pas. Y a le trône, Armand, et c'est tout. Je ne vois vraiment pas comment quelqu'un d'aussi peu ouvert d'esprit peu prétendre devenir une bonne reine.
Cela dit, j'aime bien sa relation avec Armand, même si comme ma collègue, pour moi ça relève du déni amoureux et des sentiments refoulés. On sent une alchimie entre eux qui n'est pas purement amicale / platonique.
Le fait qu'Emily soit un peu libertine ne me dérange pas, c'est juste que ça en rajoute une couche à son caractère déjà très immature. Je trouve que ça la rend plus forte ou indépendante, mais plutôt insouciante et désinvolte. Contrairement à ce que tu as répondu à Cléooo, je ne la trouve absolument pas réfléchie, elle ne me semble pas maligne, elle est impulsive et très dans l'émotion/la réaction à chaud, c'est Armand qui réfléchit pour elle et qui essaye de la raisonner.
Elle se comporte juste en gamine immature qui a le luxe de "s'ennuyer" et de faire le tour de la boutique, parce que pourquoi bosser ? Pourquoi se rendre utile alors que c'est elle qui a mis tout le monde dans la caca pour qu'on obéisse à son caprice de princesse qui aime pas qu'on lui dise "non" ? On dirait qu'il faut que ça lui tombe tout cuit dans le bec.
La façon dont elle est écrite, c'est vraiment comme cela que je la perçois, mais je sais pas si ça vient du personnage ou si c'est ta façon d'écrire qui donne cette impression, alors que ce n'est pas ton intention. Et dans ce cas, c'est dommage, parce que ce portrait que tu fais d'elle ne lui rend vraiment pas service ou justice.
La scène du restaurant avec le récit je l'ai trouvé bien écrit, on s'imaginait bien la scène, ça faisait très scène de barde dans une taverne qui raconte son histoire, y avait un petit côté cliché, mais c'était sympa.
On a eu pas mal d'infos sur le lore, de nouveaux personnages, mais c'est parfois un peu rapide ou brouillon, donc on s'y perd un peu avec tous ces termes nouveaux, il faudrait peut-être développer / décrire davantage ces différentes maisons, régions et cultures musicales.
Le fait qu'Emily prenne la défense d'Armand était sympa, ça l'a rendu un peu plus sympathique à mes yeux, mais j'ai quand même l'impression qu'elle le fait parce que c'est Armand, qu'elle a un attachement particulier à lui, et non par sens de la justice ou de la tolérance envers les autres. D'ailleurs, elle change tout de suite de comportement vis-à-vis de Luc et les autres, alors que juste avant elle se comportait comme l'amie du peuple (qu'elle méprisait le chapitre d'avant). Donc c'est vraiment dur de suivre son raisonnement, elle change d'avis et d'opinion comme de chemise, c'est comme ça l'arrange, mais j'ai l'impression qu'elle n'a aucune valeur morale, aucun principe, aucune conviction politique, et je trouve ça dommage d'avoir un personne aussi "girouette".
Voilà, je suis désolée si mon avis paraît aussi négatif, je ne fais que partager mon ressenti, mais ça reste ton histoire et tu en fais ce que tu veux. ^^ Le scénario est quand même très chouette donc j'ai bien envie de lire jusqu'au bout !
Je suis d'accord qu'un personnage bien sous tout rapport et parfait, c'est pas intéressant et pas réaliste non plus. D'ailleurs, en général, j'aime les personnages nuancés, ni tout blanc, ni tout noir, avec des défauts, des qualités, des forces, des faiblesses, qui font des erreurs, qui ont parfois tort, etc. Des personnages "humains" quoi. Mais là je pense que le problème vient plus de la cohérence du personnage vis-à-vis de la situation, que de sa personnalité, elle semble parfois en décalage avec les événements, et sa personnalité est très changeante, d'une scène à l'autre, on dirait qu'elle a limite plusieurs personnalités au gré du scénario, quand ça arrange l'intrigue, et c'est ça que je trouve un peu dérangeant, en toute honnêteté.
Bon, j'ai plusieurs remarques à te faire remonter sur ce chapitre. Je l'ai un peu moins apprécié que les deux autres que j'ai lu et je pense que ça mérite que je t'explique pourquoi.
Alors déjà, je te fais quelques remontées sur le texte lui-même :
"tout bonnement car elle avait refusé d’apprendre pour prioriser d’autres apprentissages, son orgueil piqué par le refus de son père" -> je n'ai pas compris ce qu'elle a refusé d'apprendre ici.
"Emily acquiesça avec vigueur, les yeux constellés." -> les yeux "constellés" c'est genre "les yeux brillants" ?
"Le chapitre sur les deux derniers Rois précédant son père était d’un barbant… Elle ne pourrait néanmoins s’y soustraire." J'ai trouvé ce passage un peu déroutant. En fait, outre le fait qu'elle-même aspire à devenir reine, c'est aussi l'histoire de sa famille, comment peut-elle trouver ça barbant ? Qu'elle désapprouve des faits je peux l'entendre, mais "barbant" ? Elle n'est pas non plus une jeune lycéenne révisant l'histoire pour son interro la semaine prochaine (c'est l'effet que ça me donne). Du coup je me demande vraiment comment elle peut trouver "sa" propre histoire barbante.
"Reproduisant l’expérience avec les pommes de terre." étrange cette phrase toute seule posée là. Sans verbe. Sans reprise.
"Tandis que les trois garçons se penchaient sur leur siège, le restaurant gagnait le silence." -> on suit le point de vue d'Emily, donc cela me paraît curieux qu'elle note que le silence s'est fait.
Quelques coquilles aussi :
- "content d’apprendre que vous me trouvez digne d’être une princesse. »" -> contente
- "pour qu’il s’occuper de contrôler mes armes pendant que je me bats." -> s'occupe
- "Quelqu’un d’autre qu’Armand l’avait rarement rendu aussi orgueilleuse qu’en cet instant" -> à reformuler, je pense, la phrase est un peu lourde.
- "l’ai menacée de mon épée et poussée à se mettre à genoux." -> menacé* poussé* (un voleur)
Bon, et maintenant, je vais passer à ce qui m'a le plus embêtée et c'est sur le caractère d'Emily. Alors autant au chapitre précédent, je soulignais que je trouvais son caractère intéressant, autant je suis beaucoup plus sceptique à la lecture de ce chapitre.
En fait, je crois que tu as dans l'idée de ne pas vouloir en faire une vierge effarouchée, et je respecte ça, mais... Pour moi, tu pousses le curseur un peu trop loin dans l'autre sens, parce que là, elle sonne un peu "beauf" (genre tonton Gérard au repas de famille après la cinquième mi-temps).
Je reprends ton texte : "Elle se leva de sa chaise, avant de monter sur celle-ci, signant avec de grands yeux écarquillés, et des gestes vifs et brusques" -> ce passage par exemple m'a fait un peu cringe. C'est possiblement un goût personnel, mais je trouve ça too much (encore plus quand elle saute de table en table).
Ce côté où elle se donne en spectacle en parlant de choses très sérieuses en mode "non mais vous êtes avec moi hein?"... Je sais pas, je trouve que ça sonne un peu faux, ou en tout cas pour moi elle perd tout son côté sérieux, et là je n'ai absolument pas l'image d'une reine en devenir. Alors peut-être que c'est réfléchi de ta part, peut-être que tu veux donner une évolution à ton personnage, mais même si c'est le cas, je trouve que c'est vraiment trop dosé. Elle n'est pas du tout subtile. Je te disais que je la trouvais plutôt réfléchie au chapitre précédent, eh bien ça n'est plus le cas. Maintenant elle manque juste de finesse à mes yeux.
Autre chose : pour voir qu'elle semble avoir un certain entrainement (d'après ce que tu écris), elle ne tient vraiment pas bien l'alcool si c'est ça qui la fait réagir comme ça. Je note par exemple qu'elle manque de perdre l'équilibre (ou a cet étrange étourdissement) après seulement deux verres. Deux verres de vin ! Ils lui ont glissé autre chose, c'est pas possible, ou la vinasse est particulièrement forte dans ton univers.
Enfin, concernant sa relation avec Armand, je l'ai trouvé plutôt étrange sur ce chapitre. Il y a le passage au début que j'ai trouvé encore très "love love", rejoignant mon avis sur le chapitre précédent -> "Avec un sourire tendre, il posait sa main sur le crâne de la jeune femme pour lui caresser doucement les cheveux. Cette fois-ci, elle ne fit pas en sorte de cacher la moue béate qui en résultat." et idem avec la fin où elle s'endort comme une bienheureuse sur lui, et au milieu cet espèce de "va coucher ailleurs" déstabilisant. Ils ne me donnent toujours pas le sentiment d'avoir une relation fraternelle, si c'est bien ce que tu voulais donner. Mais du coup la chose est assez indéfinissable pour moi.
Sur une note plus positive : je me suis beaucoup moins perdue dans ton monde cette fois, c'était moins perturbant et plus naturel, il y avait sûrement moins d'informations et ça passait donc mieux ! Donc de ce côté-là : très positif.
À bientôt pour la suite :)
Concernant le caractère d'Emily... J'aime pas faire ça mais c'est un retour que je vais très certainement ignorer pour la simple est bonne raison que moi j'aime ça. Je veux dire, Emily est réfléchie + se donne en spectacle. Je déteste les personnages qui sont sur une seule ligne directrice, et j'adore faire des sortes de dualité étranges. Emily est maligne, pas impulsive du tout, mais fêtarde et très peu précieuse dans son comportement malgré son parler un peu noble. Puis, après confirmation avec Daichi, il tend à me suivre, donc oui je pense que je vais assumer ce côté contre vent et marée.
Aussi un dernier point : "En fait, outre le fait qu'elle-même aspire à devenir reine, c'est aussi l'histoire de sa famille, comment peut-elle trouver ça barbant ?"
Elle aime pas sa famille, en premier lieu ça peut jouer haha. Je veux dire son père veut pas d'elle au trône car elle est sourde, les anciens rois ont probablement fait des Opéra des esclaves, fin ça la fait royalement chier de penser à sa famille -- encore un point du caractère d'Emily. Elle lit et révise assidument (sérieux), mais n'hésite pas à se plaindre de ce qu'elle étudie (immaturité). Ceci dit oui, j'aimerais bien noter l'idée qu'elle se force à lire dans le sens "oui mais le quatrième Roi des Ré à inventer ceci, donc je dois absolument lire pour me souvenir de comment ça s'est passé à l'époque... Mais en même temps qu'est-ce qu'il m'emmerde ce roi, il est comme les autres". Bref ce genre de choses.
Merci pour ton retour encore une fois ! Tant mieux que ce soit plus clair, de toute façon oui le chapitre 2 je vais vraiment l'arranger pour qu'il soit fluide et compagnie... désolé pour ce premier jet parfois un peu lourdingue en termes d'informations, fuuuu...
Mes remarques :
"Leur nombre diminue depuis quelques jours."
-> Je m'interroge sur la nature de ses clients. Comme le peuple ne peut pas utiliser cette technologie... Peut-être appuyer tout ça !
"Le garçon gloussait, narquois"
-> J’aurais fait pareil, mais j’imagine qu’il faudrait être plus strict sur le point de vue d’un personnage sourd qui, du coup, n’entend pas de gloussement. Tu l'as très bien fait ensuite avec "agita ses lèvres ".
"Ce commentaire fit germer dans la poitrine de la jeune femme un immense plaisir."
-> Mon esprit détraqué ne peut s’empêcher d’imaginer des espions envoyés pour la charmer exprès et la piéger.
Rien de plus à dire en réalité, c’est une petite pause avant la suite quoi. Merci pour ce chapitre ! <3
P.S : Oui, j'ai refusé que Luc ne passe la porte très select des personnages qui ont le droit à une scène sensuelle... Ils ne peuvent pas tous y parvenir, tu comprends...
(rire public)
Pour les inventions des Ré, tu peux utiliser le principe de "l’enregistrement". Proposition de worlbuilding :
Une machine Ré ne peut s'activer qu'avec le chant d'un Ré. Mais, on pourrait imaginer que pour telle ou telle fonction, il faudrait telle ou telle inflexion de voix, tel ou tel timbre, ton, jsp.
D'où l'inutilité pour d'autres maisons de tenter d'enregistrer la voix d'un Ré : il faudrait que ça soit une utilisation super précise, voire un enregistrement volontaire d'un Ré. Ça ne les mènerait pas à grand-chose pour des armes ou outils.
Sauf si, pour Séon notamment, c'est un enregistrement volontaire. Par exemple un appareil photo : le bouton qui déclenche l'appareil actionnerait un enregistrement de voix, qui ne pourrait avoir qu'une unique fonction. A savoir, prendre une photo. Un autre bouton servirait à changer l'objectif, zoomer, ouvrir le boitier, etc etc.
C'est évidemment limité comme usage, mais ça peut correspondre aux volontés de Séon sur le fait de partager la technologie en cuivre-chant à la population. Pour de nouvelles technologies, sans pour autant surpasser le talent d'un Ré.
La où il faut chanter, c'est pour des usages très très technique, genre actionnant un mécanisme qui modifie la structure de l'appareil photo pour y ranger des choses.
Du coup, par exemple, une horloge Ré pourrait avoir des tiroirs ou ranger des choses, des aiguilles qui tournent, un coucou qui sort chanter toutes les heures.
Une aiguille Ré devant laquelle un Ré chanterait pour voir des pattes d'araignées sortirent de sa base, faire s'envoler le coucou, faire apparaître d'autre tiroirs cachés, ce genre de choses, en gros, d'où le fait que chanter n'est pas nécessaire pour utiliser un objet Ré, fiou...
C'est juste que pour fabriquer un appareil photo, faudra chanter au moins une fois ; mais pour le fabriquer, car c'est complexe. L'utiliser, pas forcément (jpp)