Chapitre 4 -- Les premiers bémols

Par Capella

Devant eux se trouvait la statue de Noah Ré. Premier Roi des Terres de Ré après avoir pris la place du dernier Roi de la maison Do après l’avoir battu en duel. L’homme prenait la pause, bras lancé en avant, bouche ouverte, prononçant des cris figés dans la roche. À côté de lui, une immense créature aux six pattes articulées terminant leur course dans le ventre de l’Opéra d’où elles sortaient.

Devant cette statue, Emily, dans son manteau noir, les cheveux ballottés par le vent. À côté d’elle, Armand, dans sa tenue bordeaux. Tous deux considéraient la statue sans bouger, le regard de la princesse perdu sur les courbes brunes de l’homme.

Elle se tourna vers Armand, calme.

« Tout va bien ? »

Il acquiesça, se retournant une dernière fois vers la représentation en pierre. En suivant son regard, Emily découvrit que le garçon considérait le Ré, et non l’Opéra.

« Tu sais comment ça a commencé ? L’esclavage des Opéra. Notre maison l’était déjà, à l’époque d’Emery ?

— Non, vous l’êtes devenu après. Au deuxième Roi de Do. Vous étiez les éclaireurs d’Emery, vous avez ouvert la voix en combattant les dangers du Pays brun. Je te passe tout ce que tu sais déjà mais, l’Aventurier Emery est devenu premier Roi des Terres de Do. Son fils a alors jugé les Opéra trop dangereux suite à la prise de ta maison de Adagio, en raison d’un désaccord avec la maison Mi. Il a voulu vous éradiquer, et… » Elle réfléchit un instant, appuyant le regard qu’elle avait sur la statue pour tenter d’y trouver les réponses que sa mémoire occultait. « L’un des Mi à plutôt proposé de faire de vous des esclaves, car après tout, vous étiez bon pour tuer. Cela est resté, et même lorsque le premier Roi à transformer ce monde en les Terres de Ré en remplaçant les Do, eh bien, la tradition a perduré.

— Je vois, fit-il avant une courte immobilité. Merci pour l’explication. »

Il reporta son regard non plus sur le Ré, mais sur l’araignée géante qui se tenait à côté de son maître. Son regard se fit lointain, à croire que dans ses iris se trouvait désormais l’étendue d’une mer.

« Tu es vraiment sûr que ça ne te fait rien ?

— C’était un membre éloigné, donc, oui. Je ne lui avais pas parlé une seule fois.

— Tant mieux.

— N’empêche, mort pour faute grave… J’ai du mal à y croire. Il a sûrement dû faire tomber un vase, ou quelque chose comme ça.

— Je suppose ? Fastidieux, d’être un Opéra. » Elle se passa une main dans les cheveux, trouvant agréable la caresse du vent du matin contre sa peau. « Quand je serai Reine, vous, Opéra, aurez moins de chance de subir les travers de ma famille.

— Je ne demande que ça… »

Il se courba légèrement en avant, comme pour soupirer. De son regard transparaissait une certaine mélancolie.

« Une chose qui me soulage avec le fait de t’avoir pour maîtresse, c’est que je suis tellement souvent hors du palais, que je ne suis plus convié aux exécutions des Opéra. Enfin, si, sûrement, mais je ne peux m’y rendre.

— Quelle était la dernière ?

— Celle de mon père, si je ne dis pas de bêtise.

— Désolée… J’ai oublié ce détail.

— Non, ça va. »

L’ancien Opéra de son propre père à elle, le Roi. Son exécution remontait à il y avait à peine cinq mois de cela, si sa mémoire était bonne.

« Tous en ligne, les uns à côté des autres, juste des Opéra, un Ré et un bourreau Mesurr. Quand mon père a été mené, je me souviens que la première chose que je m’étais dit, en le voyant, c’est qu’il n’avait jamais pu faire de… « faute grave ». Quand il m’a appris à faire à manger, à l’époque où le Roi lui laissait du temps pour m’éduquer en tant que bon Opéra, il ne cessait de me répéter à quel point il fallait faire les choses bien, être prévoyant, et penser à ce que l’autre ressentira quand il mangera notre plat. C’était quelqu’un de gentil et qui ne pensait pas beaucoup à lui-même, contrairement aux autres. C’est en tout cas la vision que j’avais de lui, alors je ne l’aurais jamais vu faire de mal à quelqu’un, à moins de le faire involontairement. »

Il garda les mains levées à hauteur de poitrine, puis serra les poings, crispé, avant de laisser ses bras tomber avec ses épaules quand il sembla abandonner l’idée d’être en colère.

« Je comprends, oui, finit par lui dire Emily. M’enfin, ton père aurait dû faire attention. Je veux dire, il sait que tant que je ne suis pas sur le trône, les Ré sont des êtres irascibles…

— Emi… Sérieusement ? »

Elle inclina la tête sur le côté, curieuse. Un regard en biais pour la statue, une main dans ses cheveux pour en retirer le voile qui l’obstruait, avant de rediriger le regard vers son Opéra.

« Eh bien, oui ? Il savait dans quoi il était impliqué.

— Tu blâmes la victime, là.

— J’en ai peur. À quoi cela servirait de blâmer les bourreaux, de toute façon ? Ils sont comme ils sont, et ils ne vont pas changer. Autant que leurs victimes fassent attention, si c’est tout ce qu’il est possible de faire.

— C’est dangereux, de penser comme ça…

— Non. Bientôt, je changerai les choses, alors je peux me le permettre.

— D’accord, mais bientôt, ça ne signifie pas mainte… »

Armand se coupa brusquement, se tournant derrière lui. Il considéra avec attention la foule, et Emily vint le rejoindre, trop curieuse. Elle découvrit les passants qui levaient leurs jambes à la façon d’un rat qu’il fallait éviter. Ce fut à la place une araignée qui fila à toute vitesse, grimpant à la cuisse d’Emily, frappant de ses pattes de cuivre-chant.

La princesse fronça les sourcils, se tournant vers Armand, lequel partageait ses doutes.

« C’est forcément Séon, non ? présupposa-t-elle.

— Je crois bien, oui… Et la présence de cette petite chose ne me dit rien qui vaille. »

Elle saisit l’araignée, et sans un mot de plus, vint à la source du problème. Traversant les rues baignées des lumières matinales des lanternes et du soleil, elle ne s’embarrassa pas de la moindre discrétion en regagnant la Tortue de cuivre, et Armand n’eut aucune mise en garde à lui faire, partageant son empressement. Si Séon les appelait, ce n’était peut-être que pour leur annoncer la fin de leur production d’armements, mais elle était à peu près certaine qu’il aurait pu attendre un peu plus tard sans que cela lui empêchât de se tenir tranquille.

Emily donna un coup de pied dans la porte pour entrer dans la boutique, mais elle ne broncha pas. La princesse en fut quitte pour se mordre la joue.

« Porte arrière ? hasarda-t-elle.

— Plafond », répondit-il.

En gestes lestes, Emily grimpait, aidant Armand à se hisser sur le toit composé de vitres pour laisser entrer la lumière extérieure. Le jeune homme sortit un bout de cuivre de son manteau et frappa de toutes ses forces. Ce n’était qu’un couteau, mais sa solidité permit d’arriver à bout du verre après son content d’essais.

Emily sauta aussitôt à travers l’ouverture, se réceptionnant sur un globe accroché au plafond qui bascula sous son poids, rejoignant le télescope, puis une table, et le sol. Le temps que son Opéra l’imitât en gestes moins aisés, elle eut le temps de découvrir la raison qui avait poussé Séon à les ramener ici.

Devant celui-ci, acculé contre un mur, des bras articulés qui agitaient des doigts aussi aiguisés que des lames. Face à eux, deux blonds portant chacun une dague épaisse. S’il était fait pour assassiner, leur couteau était bien moins pratique lorsqu’il s’agissait de vaincre une main de cuivre.

« Introduis-moi, » signa-t-elle à Armand, qui venait de la rattraper enfin.

Aussitôt, les se tournèrent de concert. Ils firent un pas en arrière, mais se retournèrent aussitôt vers le bras articulé quand leur dos rencontra sa dureté. S’éloignant alors dans un mouvement inverse, ils étaient forcés d’approcher la princesse. Visiblement paniqués, ils décidèrent malgré tout de fondre sur Emily.

Tout en marchant, la jeune femme se saisit d’une épée, la soupesa, et la sortie de son fourreau qu’elle jeta par terre. Armand se pointa simplement du doigt, trouvant sans doute trop long de s’embarrasser d’une phrase. Emily secoua la tête.

Je ferai l’affaire. Ils sont de la branche des piano, pas des guitares. Donc assassins, visiblement, pas guerriers.

Le premier, plus proche, arrivait, et d’un mouvement de bras et de bouche, sa dague aux couleurs du vermeil prenait la forme d’un fouet qui s’enroulait autour de l’épée d’Emily.

La princesse tira de toutes ses forces, mais son arme était bloquée. Elle se tourna vers Armand, ouvrant la bouche et pointant sa propre langue du doigt, puis son épée. Le jeune homme acquiesça et cria quelque chose pendant qu’Emily continuait de reculer en mouvement saccadés pour éviter de laisse venir le deuxième assassin. Caché par la présence des deux assassins, la silhouette de Séon était indiscernable, mais lorsqu’une autre main mécanique s’extirpa du mur depuis le fond de la pièce pour offrir une nouvelle épée à Emily, elle sut qu’il avait usé de sa voix pour l’assister.

Avec un regard amer, l’assassin déroulait son fouet tandis que la jeune femme s’occupait du deuxième qui avait eu le temps d’approcher entre-temps. Malgré l’urgence de la situation, elle osa prendre la peine de se porter conseil : les Ré pouvaient fabriquer des objets extravagants, les Mésurr ne pouvaient faire que des choses simples, mais leur force se trouvait dans le fait qu’ils pouvaient faire d’un mouchoir une armoire en un mouvement de poignée et, toujours, d’un petit chant pour donner vie au pouvoir contenu dans leur sang.

Elle para le premier coup de dague.

Il faut donc faire attention à ce qu’il ne transforme pas son simple couteau en arme contondante.

Elle bloqua le deuxième, repoussa le troisième.

Ou faire attention à ce qu’il ne fabrique pas d’autre arme à partir d’un bout de vêtement, ou bien encore qu’il n’en dissimule pas une dans ses cheveux, simplement sous la forme d’un fil de soie confondu dans ses mèches blondes. Ahhhh… Marre…

De fait, chacun des mouvements d’Emily était fait avec une précaution absolue. Elle évitait parfois un coup de fouet venu du lointain, mais se focalisait presque entièrement sur celui dont la dague pourrait prendre les atours les plus étonnants. Aussi loin d’elle, l’autre assassin ne pourrait sans doute rien façonner qui pût la menacer directement. Celui qui agitait sa lame à quelques mètres de son nez, c’était une autre histoire.

Soudain, alors qu’elle frappait et que son corps anticipait déjà la pression qu’elle recevrait face à la parade de son adversaire, la lame de la dague adverse se plia, devenue aussi molle que du beurre. Emily manqua de tomber, n’ayant pas envisagé que son mouvement continuerait sans opposer de résistance.

Non content de changer une forme en une autre, les Mésurr pouvaient aussi offrir à une lame la souplesse d’un élastique, à un matelas, la dureté de la roche.

Putain.

Elle tint fermement le manche de son épée quand elle la sentit prise de tremblement. Une seconde lame venait de sortir au bout de l’originale, formant ainsi une faux qui vint s’immiscer entre son visage et celui du Mésurr. L’assassin se braqua, surpris. Emily en profita. D’un mouvement habile, elle passait derrière lui, d’un autre, sa tête tombait.

Un coup de fouet vint lui cingler la joue. Elle recula pour prendre de la distance, découvrant avec un temps de retard qu’elle venait de prendre la pire décision possible. S’il savait manier le fouet, il fallait impérativement l’empêcher de jouer de la distance pour ce faire. Elle grimaça d’agacement avant de reculer plus encore. Quitte à être condamné pour un crime, autant qu’il en valut la peine.

L’atelier fut soudain pris d’une grande secousse quand l’immense horloge comtoise et ses cinq aiguilles s’écroulèrent par terre, étonnant quelque peu la princesse. En voyant le Mesurr se prendre d’un sursaut en se couvrant les oreilles, Emily sourit, comprenant ce que venait de faire Armand en créant une diversion qui ne pourrait la déstabiliser elle. La princesse s’élança vers son adversaire sans réfléchir.

Reprenant ses esprits avec une simple seconde de retard, ce dernier fouettait à l’horizontal, alors Emily se mettait de profil pour mieux se lancer par-dessus le fouet, une jambe après l’autre. Le fouet revenait sous une impulsion du Mesurr, alors d’une esquive gracieuse, elle l’empêchait de lui arracher un bout de chair au passage. Le fouet partait cette fois à la verticale. La princesse s’assura de ne pas laisser le serpent de vermeil atteindre sa lame pour s’y enrouler. À la place, elle le repoussait en frappant du plat depuis le côté. Le fouet cingla le sol, et d’une nouvelle impulsion, Emily écourtait la distance qui la séparait de sa victime.

Elle le vit faire glisser sa main dans son manteau, alors la princesse jeta son arme à la façon d’un javelot. Elle se planta dans son flanc. Suffisant, en tout cas, pour combler la distance sans qu’il n’eût la force d’esquisser le moindre mouvement de défense. La lame se délogeait ainsi de sa peau pour terminer sa course dans sa gorge.

Elle s’arrêta au dernier moment.

À la place, elle plantait l’épée-faux dans ses deux épaules afin de l’empêcher toute action malvenue, et gardait la pointe du cuivre contre la gorge de l’assassin – dans une position quelque peu malaisée, elle qui n’était pas habituée à tenir des lames en croissant de lune. Elle se tournait vers Armand.

« Pourquoi ? » signa-t-elle sobrement et d’une seule main.

Armand la comprit néanmoins, car il s’avançait vers la princesse et son prisonnier, parlant d’un regard froid. La situation voulait du sérieux, alors Emily s’excusa en son for intérieur pour afficher un sourire à la vue du garçon qui prenait des airs.

En réponse à ses paroles, le Mesurr s’agita, passant d’Emily à Armand avec frénésie, ses lèvres se muant sans trop de sens.

« Il devait tuer Séon, et repartir, c’est tout. Ce sont les ordres, il n’a rien de fait de plus qu’obéir, dit Armand avec un sourire pétri de morgue.

— Et pourquoi Séon ? »

Le temps d’un échange, puis il répondit : « Il ne sait pas. »

Elle vit alors Armand détourner le regard, curieux. En le suivant, elle découvrait le vieux fabricant qui approchait, éreinté, réarrangeant cheveux et vêtements échevelés.

« Séon pense qu’ils nous ont découvert. »

Emily leva un sourcil, faisant couler sur sa victime un œil confus.

« Et ils veulent aller jusqu’à nous tuer ? tenta-t-elle de dire avec autant d’aisance que le lui permettait une main sclérosée à une épée.

— Séon, oui. »

Un instant de doute, puis, elle ouvrit la bouche, poussant un souffle de compréhension. La princesse, il s’agissait peut-être d’une ligne à ne pas franchir, mais s’agissant de la victime de cette mâtinée, rien n’était particulièrement surprenant.

Le premier avertissement qu’avait reçu Séon Ré, fut d’être banni du château pour avoir longuement bataillé auprès du Roi pour que celui-ci accepte d’offrir les inventions des Ré au peuple. Même les plus simples, celles qui n’avaient pas besoin de chant pour être actionnée ! Ces idées n’avaient pas plus.

La deuxième menace avait été envoyée par le chef des armées, lorsque sous couvert de réparer des objets pour le peuple, il n’hésitait pas à leur ajouter quelques touches personnelles, souvent même à petit prix. Bien que le cuivre-chant ne réagissait qu’aux inflexions des Ré, Séon pouvait sans mal ajouter à une horloge une quatrième aiguille pour les millisecondes ; à un éventail quelques lames en plus ; à une lampe, de quoi l’accrocher à un mur. Là encore, les autres Ré n’en avaient pas été séduits.

L’on était visiblement passé à la tentative de meurtre en apprenant qu’il allait s’allier à la princesse. Harold, ou n’importe quel autre membre du conseil, voire encore le Cor de la Maladie, étaient assez malins pour déduire que si Emily était aidée de Séon, alors cette même Emily aurait une dette envers ce même Séon. Cette dette, à moins que le personnage décida de jouer de la surprise, restait facile à envisager pour celui qui s’était déjà fait menacer deux fois pour la même raison…

Intéressant, sourit-elle. Ils ont peur ?

En sentant tapoter sur son épaule, elle se tourna vers Armand, qui pointa le prisonnier.

« Ta victime veut savoir ce qu’on va faire d’elle. »

Pour toute réponse, Emily enfonça sa lame dans sa gorge, avant de la laisser tomber contre le sol, sa tâche terminée.

« On en fait un message pour mon père le Roi. » Elle se tourna vers le vieil homme. « Vous allez bien ? Sacrée histoire. Mais, plus de peur que de mal, j’ai l’impression.

— Ça n’empêche pas d’y avoir un peu de mal tout de même, jeune fille… »

Il baissa le regard vers le cadavre, avant de glisser au suivant, morose. Il eut l’air de pousser un soupir, le dos plié en avant.

« Je sais bien que mes idées dérangent, mais si ma propre maison commence à m’envoyer des couteaux…

— Évidemment. Ils ont peur. Je m’apprête à devenir reine, et vous, à changer le monde sous mon empire. Mon père le Roi aime sa fille, pas vos idées. »

Ces mots furent la source d’un regard oblique de la part de Séon, suivit d’un rictus cynique et d’un mouvement de bras désinvolte.

« Je crois que je devrais peut-être vous laisser faire vos petites manigances de votre côté… Contre la famille royale, moi, je n’ai pas vraiment les ressources pour résister.

— Bien sûr que si, vous les avez ! Et ce par ma présence ! Vous êtes sous la protection de la princesse, et celle du Cor. Que demander de plus que cela ?

— Que ce genre de choses n’arrivent pas ? renvoya-t-il avec un regard pour le corps qui gisait là.

— Certes, bon, les gens font des erreurs. Ils ont cru pouvoir s’en prendre à vous, l’air de rien. Soit, il faut leur rappeler qui dirige ici, et ils ne recommenceront plus de sitôt. Faites-moi confiance, vous allez voir que plus rien ne vous servira d’avoir peur, dès lors. »

Sous ses directives, ils fabriquèrent deux étagères en verre, chacune composée d’un unique étage. Ils les sortirent devant la boutique, non loin de la porte d’entrée. Les premiers passants s’arrêtèrent, abasourdis, puis de nouveaux s’ajoutèrent. Au gré des minutes, une belle poignée d’habitants s’était figée devant la princesse, celle-là même qui posait fièrement à côté d’une étagère abritant deux têtes coupées, visibles derrière leur mur de verre.

Lorsqu’elle estima qu’il y avait assez de monde, elle adressa un signe de tête à Armand avant de déclarer :

« Peuple de Moderato, lorsque vous rentrerez chez vous, racontez ce que vous venez de voir aujourd’hui même en ce lieu. Deux assassins, éliminés par ma lame, après qu’ils eurent tenté de s’en prendre à l’homme gérant cette boutique. Séon de la maison Ré, et si vos mémoires ne vous jouent aucun tour, vous vous souvenez de cet homme comme le seul Ré n’ayant jamais cessé de vous aider en essayant de mettre sa mélodie à votre service. Le seul qui, de par son pouvoir de contrôle du cuivre-chant, ne conserve pas son talent au sein d’un palais comme tout le reste de sa maison, mais vous le donne dans sa bonté. Voilà ce que fait votre bon Roi en ce moment-même, voilà ce qu’il apprend sûrement à son jeune fils : éliminer ceux qui vous aiment. Mais tant que je serais princesse légitime, aucun monde dans lequel nous méprisons le peuple conservera ses viles fondations ! N’oubliez pas, ces deux têtes sont les exemples que votre propre souverain vous toise de haut. Cet homme et sa boutique sont, à l’inverse, la seule preuve que les Ré peuvent vous êtres bons. Cette femme que je suis est la seule reine qui puisse l’aider à faire de la gentillesse un maître d’ordre au sein de nos terres. »

Quelques yeux s’agrandirent, des bouches s’ouvrirent, des gens s’entreregardèrent, mais à la fin, c’était un peu de merveille et de respect qui ornementaient les traits de son auditoire. Emily se rengorgea, poings sur les hanches, en les voyant oublier l’horreur des deux têtes à la faveur du respect pour leur princesse.

Mais soudain, tous se tournèrent, atterrés, tandis qu’Armand avait un mouvement de recul. La foule s’écarta, laissant passer une femme qui les dépassait tous d’une tête.

De longs cheveux noirs composés de longues mèches aussi vaporeuses et ondoyantes que des voiles. En leur sein, des notes flottaient doucement, comme dans une eau. Des yeux noirs, tandis que les iris étaient, à l’inverse, blancs comme la neige. Levant les manches de son costard rouge à rayures de jais, elle réajusta sa cravate écarlate, un radieux sourire adressé à Emily.

Elle ouvrit la bouche, parla, et nerveux, Armand levait les mains. D’un geste de bras impérieux, la femme lui enjoignait pourtant de ne rien en faire. À la place, ce fut elle, qui agita ses mains avec une élégance digne d’une reine :

« Quel joli spectacle, ma fille. Tu t’imposes de jour en jour dans mon estime. »

Emily leva les bras, mais fut incapable de signer. Tremblante. Son regard ne quittait pas celui, inversé, de la femme, ses poumons aussi douloureux que s’ils avaient été coupés de leur air pendant trois jours.

« M… Merci, mon Cor…, fit-elle finalement, hésitante. Que me vaut l’honneur de votre présence ?

— Quelle question, ma douce princesse. Ma tellement, douce, princesse. » Elle fit glisser sa main sur la joue d’Emily, avant de saisir quelques mèches de ses cheveux qu’elle admira avec adoration. « Je viens te guérir du mal qui te ronge. »

En gestes lents d’un automate que l’on brisait un peu plus à chaque seconde, Emily opina du chef. Le Cor s’éloigna d’elle pour la toiser toute entière, et son sourire prenait des dimensions affolantes.

« L’on pense que le Cor de la Maladie ne peut que faire du mal, mais qui de mieux pour guérir, que celle qui côtoie la peste elle-même. »

Son petit mouvement d’épaule accompagné d’un magnifique sourire attestait d’un rire qui s’envolait d’entre ses lèvres. Son visage magnifique était amplement suffisant pour la subjuguer, sans qu’il fût besoin du son en prime.

« Vous allez me ramener au château, c’est cela ? » parvint à gesticuler Emily, une goutte de sueur lui perlant du front.

Elle avait cru que sa cachette tiendrait un peu plus d’une semaine, mais non seulement on l’avait découverte avant, mais en prime, le Cor de la Maladie débarquait sans lui laisser le temps de souffler. La situation aurait pu être un tantinet plus agréable à vivre.

« Te ramener ne te guérira pas. Ton mal est profond. Une envie de rébellion comme la tienne ne peut se contenir. On peut néanmoins la forcer à se faire petite, à se cacher, à ne plus jamais faire parler d’elle. »

Emily sentit sa salive mettre à mal son œsophage, y passant avec autant de gêne que l’aurait fait un éléphant.

« Tu reviendras au palais de toi-même. Tu y parleras au Roi de tes propres mots… Oh, pardon ma douce princesse, j’aurais pu mieux arranger cette phrase, j’en suis consciente. Tu ne m’en veux pas, j’espère ? » Elle caressa la joue d’Emily, cette fois, de son doigt seulement. « Tu déclareras au peuple que le trône reviendra à Kyss Ré sans que ton père n’ait à te le dire. Je le sais, car tu es une princesse. Une femme brillante, capable de grande chose, et qui est plus intelligente qu’elle veut bien me le faire penser. »

Alors Emily fut attirée contre la poitrine de cette femme, Symphonie. Le Cor lui caressa tendrement les cheveux, la joue, le menton, la nuque. Ses cheveux semblables aux tentacules d’une méduse lui glissa sur la peau ; chaque contact de sa peau diffusait une douce chaleur censée guérir les maux, ramener les plus blessés à l’énergie ; donner l’envie à la jeune femme de s’endormir, tranquille. C’était là l’étreinte d’une mère, celle dont Emily était la plus familière, plus encore que celle de sa propre génitrice. Contrairement à celle qui avait été exécutée pour avoir tenté d’étouffer sa fille durant son sommeil en apprenant qu’elle vivait au sein du silence, celle-ci n’était, dans la mémoire de la princesse, qu’un amas de sérieux et de sourires. Inconsciemment, Emily enroula ses bras autour de Symphonie, se retenant de toutes les maigres forces qu’il lui restait pour ne pas fondre en larme contre elle, ou pire, rentrer en lui tenant la main.

Quand elle sentit les bras du Cor la quitter, elle retira son visage de sa poitrine pour regarder ce qu’il se passait. Elle écarquilla les yeux avec horreur quand elle vit Symphonie dessiner une spirale de sa main au-dessus de son autre paume tendue. Commençant petite, la spirale grandissait, et sur le sillage de son doigt, un filament couleur vermeil qui, à la fin, formait un grand cor d’or.

Emily entreprit aussitôt de s’échapper, mais d’une main, Symphonie la serrait contre elle. De l’autre, elle portait le cor à sa bouche. La princesse s’affola, le cœur battant aussi vite qu’un tambour lancé en toute folie.

Non, non ! Pitié ! Je vais revenir au palais ! On peut s’y rendre maintenant, si vous le désirez, mais pitié, maman, ne me fais pas ça. Je ne veux plus entendre ce son !

Symphonie porta le cor à sa bouche. Un instant, son regard descendit sur celui d’Emily avec un sourire. Celui d’après, elle souffla.

Cela, la princesse le sut à la terre, à ses pieds, à ses os, subir les tremblements des vibrations glorieusement graves de l’instrument. Elles durèrent un certain temps, Emily sentant ses organes se choquer les uns contre les autres pendant ce temps-là.

Puis tout cessa, et elle fut libérée. Il n’y avait pas eu ce son… Ce percement horrible qu’elle pouvait entendre une fois que sa mère, en colère, désirait la punir en soufflant de son instrument. Ce cri aigu qui lui fracassait les tympans à l’intérieur même de son crâne.

Elle tomba à genoux, serrant son ventre de ses bras terrifiés. Elle ne sentait rien, n’avait pas plus chaud, pas plus froid qu’auparavant. Somme toute, aucun changement ne s’était opéré dans son corps, et c’était cela, le plus terrifiant. Ce qu’elle abritait désormais lui était inconnu.

Le doigt qui lui apparut lui intima de lever la tête, ce qu’elle fit en direction de Symphonie. Sa mère lui souriait avec toujours autant de tendresse. Détournant son visage de son enfant, elle considéra avec un rictus de petite fille enjouée ceux qui se trouvaient derrière la princesse. Et elle parla, en même temps qu’elle signa :

« Armand Opéra, j’ai chagrin de vous annoncer que dans votre poumon se meut désormais un cancer. » Elle marqua une pause, laissant le temps à son sourire de se faire inscrire dans leur rétine à tous. « Je vous conseille de profiter de votre vie avec votre famille, je pourrais demander à notre Roi qu’il vous y autorise. L’amour est le plus fort des remèdes, doux Opéra. »

Elle se tourna vers la fille tombée par terre.

« J’espère te revoir bientôt parmi nous. Tu me manques terriblement, ma fille. »

Un genou au sol, elle déposa ses lèvres sur la joue de la jeune femme.

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SinnaraAstaroth
Posté le 17/05/2024
Bonjour, c’est encore re-moi !

Je te donne un peu mes réactions à chaud au fil de ma lecture :

« — Désolée… J’ai oublié ce détail. » Comment peut-elle oublier quelque chose d’aussi important, qui concerne son plus fidèle, loyal, proche, seul et unique ami, et qui s’est déroulé il y a cinq mois à peine ? Encore une fois, elle donne vraiment l’impression d’avoir le nez dans son nombril.

J’ai de la peine pour Armand vraiment, elle peut critiquer le traitement des esclaves Opéra, mais elle-même n’a aucun cœur et aucune empathie, donc limite qu’elle perpétue la tradition dans ce cas-là, si elle est prête à dire que « oh, ben ce sont les risques quand on est esclave, il avait qu’à faire attention. » J’ai envie de dire comme Armand, mais elle est sérieuse là ?

En fait je ne comprends pas son cheminement de pensée, comment peut-on vouloir changer les choses, mais être aussi indifférent à la souffrance des autres ? Pourquoi vouloir changer les choses si ça la touche si peu ? Ceux qui veulent changer les choses sont ceux qui partagent la souffrance de leur paire. On ne développe pas un sens de la justice ou de la tolérance juste comme ça, ça vient d’une sensibilité, d’un sens de l’altruisme, qu’elle n’a visiblement pas. Je trouve son personnage très illogique, voire incohérent. Soit elle assume son caractère de méchante future reine, mais qui veut changer les choses pour son propre intérêt par pure défiance envers l’ordre établi, sans aucune considération pour les autres, soit elle le fait par convictions et principes moraux, par esprit révolutionnaire, pour œuvrer pour une cause juste, mais là je ne comprends vraiment pas ce qu’elle est, ni ce qu’elle cherche à accomplir ou pourquoi. Dire « je vais changer les choses, donc je peux me permettre de cracher sur les victimes, parce que grâce à moi, ce ne seront plus des victimes », ça fait très syndrome du grand sauveur qui cherche juste à se faire aduler comme un héros, mais qui fait ça par pure égoïsme/hypocrisie.

Dans d’autres circonstances, le fait qu’elle tue cet assassin de sang-froid aurait pu rendre son personnage original, j’aurais trouvé cela intéressant, mais là du coup elle m’apparaît encore plus cruelle et indifférente au sort et à la souffrance des autres. J’aurais aimé peut-être avoir accès à ses émotions / pensées comme le premier chapitre, où on sent qu’elle n’aime pas tuer, que ce n’est jamais facile, mais nécessaire pour sa propre survie. D’ailleurs, c’était cette Emily-là qui m’avait intriguée au début de ton histoire, mais elle a vite disparu. Là, quand elle tue cet assassin, j’ai vraiment l’impression qu’elle le fait sans aucune émotion ni aucune empathie.

J’ai beaucoup aimé la fin du chapitre avec l’arrivée du Cor de la Maladie, je trouve le personnage bien pensé. Pour le coup, Symphonie a un côté très cruel voire sadique, mais cohérent avec ce qu’elle représente. Elle a l’air aussi très manipulatrice et sa relation avec Emily semble assez toxique, mais ça donne une nouvelle dimension au personnage, on la voit enfin exprimer une faiblesse, faire preuve d’humilité et de soumission, d’impuissance aussi, et j’avoue que j’ai apprécié voir Emily ravaler un peu son égo surdimensionné.

Par contre, pauvre Armand qui n’a rien demandé et qui est pris pour cible, même si ça rend le moment particulièrement poignant. On imagine sans mal que Symphonie a exploité cette relation pour faire chanter Emily et l’obliger à rentrer en menaçant la vie de son Opéra. Le cliffhanger à la fin du chapitre donne vraiment envie de découvrir la suite, comment Emily va réagir, et quel sort attend Armand.
Capella
Posté le 17/05/2024
Non sérieux j'adore tellement tes commentaires sur Emily c'est aberrant ! Vraiment tu me l'as fais découvert avec un prisme encore plus humain et psychologique auquel j'avais pas pensé, c'est excellent. Je pense même sincèrement que toutes les critiques que tu fais d'Emily méritent d'être appuyées pour plus tard je pense. Ou au milieu de l'histoire ? Bref, je dois vraiment m'en servir car y a vraiment beaucoup de matière. Bon, le début, j'aimerais bien le laisser tel quel vu que de ce que j'en vois, il présente Emily de la façon dont tu la décris, donc je pense n'avoir rien besoin de changer.

Juste une chose !
Tu présens le personnage comme incohérent. Emi est-elle incohérente en termes d'écriture de personnage, auquel cas c'est un problème, ou dans sa psychologie (du style, je veux être une bonne reine mais je fais rien pour) ? auquel cas, ça va, et au contraire, tu lui donnes une dimension imprévue qui m'arrange excessivement !
Mais par exemple oui tant qu'à être lancé là-dessus, ce sera bien que j'arrange la scène de l'assassin pour montrer qu'elle est fière d'avoir tué un ennemi, et que toute considération de "ôter la vie" lui passe au-dessus de la tête, ça rajouterait un peu plus l'idée. Après le début de ce chapitre ou Emily blâme les victimes est déjà la cristallisation de son égoïsme, donc c'est peut-être pas si nécessaire que ça, je me dis...? Enfin en tout cas merci pour tes retours très très très très intéressants !
SinnaraAstaroth
Posté le 17/05/2024
Alors j'ai répondu dans ma réponse à ton autre commentaire au chapitre précédent ! x) Je sais pas trop justement, j'ai l'impression que ça vient plus de l'écriture du coup, parce que si tu trouves mon analyse psychologique cohérente avec ce que tu as voulu en faire, ben dans le texte on le sent pas, enfin on sent pas que c'est voulu et assumée, si tu vois ce que je veux dire. Je serai partisane de pousser le truc jusqu'au bout et de vraiment faire d'elle une anti-héroïne, un personnage qu'on adore détesté, mais de façon clairement explicite, et même j'ai envie de dire que je l'apprécierait davantage si je vois davantage comment fonctionne les rouages de son esprit, ce qui la motive à avoir ce comportement (son éducation, une sorte de carapace, etc.) En fait on manque d'introspection du personnage, on voit son comportement qui est exaspérant, mais on ne comprend pas sa psychologie, ses motivations, ce qu'il se passe dans sa tête, à quoi elle pense, et c'est ça qui manque pour donner du corps et de la profondeur au personnage.

Et ça, le côté émotions / pensées / passé on le trouve à la fin du chapitre avec l'arrivée de Symphonie, et tout de suite on comprend mieux sa détresse, on a plus de sympathique pour elle, et nous semble plus humaine. Et Symphonie est très bien présentée aussi, pour le coup on sent la menace qu'elle pose et elle s'assume totalement en antagoniste cruelle et sadique.
Capella
Posté le 17/05/2024
Je réponds à tes deux réponses d'un coup, en effet, si y a un problème en termes de narration, en ce cas je *dois* le changer, pour rendre ça plus clair !
Après je vais être honnête l'idée d'en faire une princesse orgueilleuse présentée comme bonne, j'aime l'idée, bien que l'idée en question soit... complexe. Je veux que certaines personnes puissent la défendre malgré son comportement et je veux que d'autres comme c'est ton cas l'insultent. En fait je dois absolument mettre un peu plus en avant dans les 4 premiers chapitres que le fait qu'elle soit sourde-muette était source de mépris, ce qui fait qu'on se dit "elle a pas développé une personnalité pareille", afin de bien pouvoir cliver les spectateurs qui l'aiment et l'aiment pas (et surtout justifier aux lecteurs qui ne l'aiment pas de continuer à lire avec quelques arguments qui expliquent pourquoi elle se croit supérieure --> "on m'a dit que j'étais inférieure pour ma naissance, bah je trouve pas, moi" ; ce genre d'idées qui déjà pourraient peut-être te la présenter UN PEU mieux.
Du coup je ne sais pas si tu es partie pour lire beaucoup de cette oeuvre, mais si tel est le cas, tes retours sur la suite des événements me seront peut-être pratique car le côté girouette pourra peut-être me pousser à réécrire certaines choses pour mieux les amener, je pense...

Bref dans tous les cas, oui ! Introspection de personnage nécessaire pour mieux véhiculer la dualité de son caractère sans pour autant en faire une incohérence comme ça semble être le cas en ce moment
SinnaraAstaroth
Posté le 17/05/2024
Oui, voilà, mais justement pousser davantage l'argument plus que "je suis vue comme inférieure, mais je trouve pas" c'est un peu léger, c'est pas un argument, ça fait plus la princesse qui vit sur une autre planète en mode "Ah bon ?" xD

Mais "je suis vue comme inférieure, mais je ne compte pas me laisser marcher sur les pieds, je suis prête à écraser les autres pour prouver ma valeur", ok, déjà on a une réflexion plus aboutie

sa relation avec son père aussi, elle fait très fille gâtée mais je comprends pas si elle aime son père ou pas, parce qu'elle est en mode "de toute façon il m'aime trop pour me faire du mal", ok, mais ce serait bien que elle on est son point de vue sur sa relation avec son père ce qu'il en pense, mais pas en mode "je fais ma crise d'ado, alors qu'en fait mon père veut juste mon bien", qu'on est une vraie raison de comprendre sa haine envers son père, parce l'injustice ne devrait pas suffire à lui faire haïr un père aimant et à partir en guerre contre lui, il doit y avoir d'autres choses, ou alors c'est l'amour du père qui est étrange et pas cohérente dans ce contexte, enfin tu vois c'est plein de petites choses pas claires qui donne l'impression que les relations et les personnages ont pas été bien posés / réfléchis dès le début.

Sachant qu'en plus ton univers est très riche et complexe en termes de lore, plus le style qui rend la compréhension parfois difficile, ça fait beaucoup de choses je pense à équilibrer, expliciter, éclaircir pour qu'on se sente pas trop perdu non plus. ça ne veut pas dire tout balancer et faire un exposer, mais donner les informations au fur et au mesure quand c'est pertinent et le faire clairement et sans ambiguïté, et nous donner davantage accès aux sentiments / pensées d'Emily aussi, et pas seulement son comportements et ses réactions.

Mais oui je vais lire jusqu'au bout, parce que y a des choses très intéressantes hein, ne te méprends pas, et des personnages bien construits comme Armand par exemple, je n'ai rien à lui reprocher, je trouve qu'il joue bien son rôle de soutien et de voix de la raison. Séon est très intéressant aussi. Et je suis curieuse du coup de découvrir les relations d'Emily avec sa famille (son père surtout) et comment ça a pu influencer son caractère.
Capella
Posté le 17/05/2024
Ok je comprends mieux ! En effet la relation avec son père n'est pas assez marquée... Fort bien fort bien ! Encore merci !
Cléooo
Posté le 04/05/2024
Hello Capella, je viens de terminer ton quatrième chapitre ! Alors pour commencer : j'ai bien aimé !

Je te fais quelques remontées sur la forme (coquilles, petites fautes ou autres petites choses que j'ai relevées et remarques diverses) puis un commentaire plus détaillé sur le fond :

- "le même jour de chaque semaine, elle avait décidé d’en faire son rendez-vous quotidien" -> hebdomadaire du coup, pas quotidien, si c'est une fois par semaine.

- "lever ses mains à hauteur de poitrine, les agitant avec beaucoup d’hésitations. « Bonjour… Je m’appelle L-U-C. »" -> très mignon ce passage.

- "Aussitôt, les se tournèrent de concert." -> manque un mot.

- "pour éviter de laisse venir le deuxième assassin" -> de laisser

- "pour afficher un sourire à la vue du garçon qui prenait des airs." -> des airs... quoi ? (je trouve la fin de phrase un peu abrupte ^^)

- "Ces idées n’avaient pas plus." -> pas plu*

- "« Vous allez me ramener au château, c’est cela ? »
Non, non ! Pitié ! Je vais revenir au palais ! Je vais dire au monde, maintenant même, si c’est ce que vous voulez, que mon frère prend ma place, mais pitié, maman, ne me fais pas ça." -> Je sais que la seconde phrase est "pensée", mais le passage du vouvoiement au tutoiement m'a fait tiquer. On est d'accord que ça s'adresse à la même personne, ces lignes ?


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Maintenant sur le fond !

Alors, pour commencer, je ne comprends toujours pas les différences fondamentales entre un Ré, un Cappela ou un Mésurr. J'espère y voir plus clair bientôt !
MAIS j'ai bien aimé ce chapitre. La scène d'ouverture était mignonne et reprenait bien la fin du chapitre précédent.
La bataille au milieu est bien décrite, c'est vivant.
Et surtout, j'ai bien aimé la fin, avec l'arrivée de ce Cor.
Tu as très bien fait passer la frayeur que ressent Emily en la voyant arriver ! Ça c'était un vrai plus.
C'est intriguant aussi. Il y a visiblement une relation de longue date, maternelle pour reprendre les termes que tu as employé, mais hors ces faux gestes de douceur, je n'ai ressenti aucune chaleur de la part du Cor. Donc je suis intriguée et je trouve que ton écriture est excellente sur ce passage.
En même temps, je me demande comment Emily ne s'attendait pas à sa venue ! Visiblement, dès son arrivée le partie était pris que cette femme n'allait pas la soutenir. Pourtant elle est passée outre cette supposition mais paraît surprise qu'elle arrive (je ne sais pas si je suis très clair). En gros je ressens une certaine complexité dans cette relation qui me plaît bien !
La chute, avec la maladie de Séon, est très forte aussi. Elle illustre parfaitement la remarque qu'Emily a faite, que sa famille l'aime elle, mais n'a aucune raison de vouloir conserver Séon.

Là j'ai bien envie de savoir ce qu'il va se passer en suivant :)

À bientôt !
Capella
Posté le 06/05/2024
Merciiiiiii beaucoup pour ton retour ! Comme d'hab, les fautes je mets de côté et je reprendrais à la correction globale de toutes les fautes (j'y pense, je pourrais le faire maintenant, c'est grave de procrastiner autant...)
Pour le retour, très très content que ça te plaise. Je vais juste revenir sur un truc :
La différence entre les Cappela, Mesurr et Ré. Allons, c'est pourtant évident !! Non...? Non. Moi-même j'ai du faire une thèse de 2 pages pour dire en quoi l'un changeait de l'autre... Non je pense que je vais mixer Mesurr et Cappela, honnêtement. Ceux qui ont forgé leur pouvoir via les armes, et ceux qui font des petites constructions.
La différence entre Ré et Mesurr est déjà plus simple à marquer. Les Mesurr créez des revêtements (mouchoirs, éventail, fin bref, des objets) sans pouvoir modifier ce qu'il y a l'intérieur ; ils ne font qu'une truc simple ou des fondations. Un Mesurr peut faire une boîte, un Ré peut en fabriquer une, mais en prime, modifier ce qu'il y a à l'intérieur ; ils sont plus libre, mais moins polyvalent sur le changement d'une matière à une autre...
BREEEEF ! Je changerai évidemment et durant ce chapitre j'en profiterai pour expliquer ce que je viens de te dire, mais de façon un peu meilleure !

Dernier mot de fin, profitant du fait que je puisse répondre à un de tes commentaires, avec mes partiels, mon rythme de lecture va peut-être baisser un tout petit peu pendant la semaine, mais ne t'en fais, je n'oublie pas ton histoire non plus !
Cléooo
Posté le 06/05/2024
Mais ne t'inquiète pas, tes partiels sont plus importants !

Pour revenir à ton histoire : Cappela, Mesurr etc... Je ne sais pas s'il est nécessaire de les refondre en une seule entité, c'est juste qu'il manque une petite phrase pour introduire ce qu'ils sont ! Et je ne parle pas seulement de leurs capacités, mais plutôt : c'est quoi en fait ? Un clan ? Un nom de famille ? Une branche de noblesse ? Ils vivent au sein du même pays ? Tu vois ce que je veux dire ? C'est la partie qui me manque. Après, savoir s'ils fabriquent des tournevis ou des harmonicas, ça, je le découvrirai au travers du texte.

À bientôt et bons partiels !
Capella
Posté le 07/05/2024
ahhhh d'accord oui je comprends mieux ! Bah oui de toute façon je dois rajouter ça ! Surement le chapitre 3 ou j'en profiterai mettre un peu de lore et compagnie ! Ah et sinon même s'agissant de leur pouvoir au final c'est tellement proche que bon, ça les rendra plus vivant de les mêler et de dire que certains se sont spécialisés dans A et d'autres dans B, haha ! (les joies du worldbuilding compliqué s'il en est).

Merci et à bientôt, oui !
Daichi
Posté le 01/05/2024
Bon chapitre, même si c’était beaucoup de bim bam boum (ça fait psh-)
Beaucoup de combat, ce qui ne m’a pas particulièrement plongé dans l’action. Après faut dire que j’aime peu l’action, dans les romans. D’où le fait que je m’écarte de la fantasy (entre autres trucs de corps à corps).
Je parlerais peu de cette partie, je vais plutôt parler de la fin, quand le Cor apparaît. C’était très bien. J’aime le personnage, il a une personnalité et une histoire en quelques paragraphes. Visuellement très cool. Ses cheveux de jais, par contre, je vois mal le rapport avec la maladie (là où la méduse, justement, était pertinente).

Le fait de voir Emi baisser les bras aussi vite était peut-être trop radical, je ne saurais dire. Dans tous les cas j’ai bien aimé, car on montre assez tôt ses faiblesses. On voit surtout que ce n’est pas un « amour sain » qui unis ces deux-là. Enfin, non, on ne le voit pas, on le SENT, et en ce sens-là, excellent show don't tell (je suis sûr que certains diraient "on comprend paaas" mais eh, faut penser aux lecteurs attentifs un peu :) ).

J’ai senti très nettement le côté envahissant de Symphonie – plutôt bien illustré avec ses tentacules, envahissant peu à peu Emily (héhé j’ai des bonnes idées indirectement).

Quand Emi panique, j’ai beaucoup aimé aussi : elle ne peut absolument rien dire pour se défendre, et LA on a senti le handicap qu’elle a. Jusqu’ici c’était une force et une unicité (?), mais ici une faiblesse. Elle ne peut rien faire et est obligée de subir – et d’ailleurs, on sent direct la menace du Cor, son pouvoir. Emi était montrée comme ambitieuse, au point de pas hésiter à se battre contre tout un royaume au prix de son trône… et abandonne direct dès qu’elle voit le cor apparaître. En quatre chapitres, c’était plutôt bien foutu.

Par contre, pas trop compris « pourquoi » elle a paniqué au final. « Ne me fais pas ça » -> elle lui a rien fait ? Et, elle craignait quoi ? De tomber malade, d’avoir un cancer ? Je m’attendais à du mystique (le fameux) : un son que personne ne peut entendre, à part elle, et qui la ferait follement souffrir.

Au final, Séon a un cancer. Et Symphonie part. Bon, un peu déçu. J’veux dire, si Emi pouvait se rendre pour « si peu », pourquoi au final ne rien lui faire et placer un cancer sur un allié ? J’aurais direct visé Armand, plutôt. Pour jouer avec les sentiments d’Emi, et surtout « ne pas tuer un Ré » quoi. Ok c’est un Cor, mais quand-même. Séon reste un Ré [edit : oui on a envoyé des assassins, mais rien d’officiel – là, un Cor qui assassine un Ré par maladie, c’est le cadre officiel].

Un esclave par contre, blc. Et, dans cette scène, ça serait bien plus efficace.
Appuyer le fait du coup qu’Emi ne comprenne pas qu’elle n’ait rien subi (et éventuellement appuyer CE qu’elle devait subir, car je vois très mal).


Enfin : arranger ce côté « on est caché » alors qu’elle s’affiche toutes les 5 minutes. Évidemment qu’elle se fait repérer xD Pourquoi le Cor ne vient que maintenant ? Pourquoi pas « frame 1 » ? Je comprends pas ce qui fait que l’intrigue a duré si longtemps quand (littéralement) un Deus Ex Machina débarque et que les personnages n’étaient pas caché.


Bref, bon chapitre quand-même, et très bonne fin, mais il faut des précisions sur pas mal de points encore !
Des bisous !
Capella
Posté le 02/05/2024
Pour t'avoir répondu en mp je développerai pas plus ici, et me contenterai de faire genre que j'ai quelque chose à dire juste pour enlever la notif rouge due au fait que j'aurais pas répondu à ton retour
Daichi
Posté le 02/05/2024
Je vais contacter une administratrice, fais attention à toi.......
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