Chapitre 30 : Une nouvelle ère.
Une quinzaine de jours plus tard.
Le Sommet – An 2719 – Le 21 août à 09 h 15.
Thibault poussa la porte de la chambre tout à côté de la sienne d’une main tremblante. L’éclatante lumière du soleil matinal envahissait cet endroit au parfum encore vivace. Il s’efforça de ne pas se laisser submerger, alors qu’il approchait le lit où Lino lui avait indiqué avoir déposé le carton qui contenait les affaires de Gabriel.
Lentement, le cœur battant beaucoup trop vite, Thibault l’ouvrit.
À l’intérieur, quelques vêtements, le collier d’esclave que Gabriel avait conservé pour une raison inconnue, des livres, une chemise ayant appartenu à Thibault et des photographies des dix dernières années. Il les rangea immédiatement. C’était trop tôt pour les regarder sans que ça ne fasse mal.
Un dernier objet était posé là, au fond du carton. Sa page, qu’il avait laissée derrière lui avant de quitter le Troisième. Thibault l’alluma fébrilement. Elle était verrouillée par un code qu’il devina au premier essai, et un sourire nostalgique lui monta aux lèvres à l’évocation.
Il parcourut l’appareil à la recherche des ultimes messages que Gabriel avait jamais envoyés.
Adressés à lui. Tous, sans exception. Et pour la première fois, il pourrait les lire.
Il resta là de longues minutes, ses yeux bondissant sur l’écran devant lui, alors qu’il découvrait les premières lignes de ces bribes de sentiments si ardents. C’était une douce souffrance. Dans chaque mot, Thibault pouvait imaginer une expression de lui. À chaque fin et à chaque début, ses espoirs et tout l’amour qu’il lui portait.
Il restait encore beaucoup à lire quand il éteignit l’appareil.
Petit à petit.
Pour ne pas le laisser partir trop vite.
Il déposa la page dans le carton, mais alors qu’il le refermait, on frappa de petits coups à la porte. Il se tourna et découvrit Rebecca dans l’encadrement. Elle était seule, et referma derrière elle avant d’avancer.
— Ce sont ses affaires ?
Thibault hocha la tête, incertain. Elle semblait embarrassée. Elle se tenait là, se tordant les mains, jetant des coups d’œil furtifs vers le carton. Il lui fit signe d’approcher et le rouvrit pour elle.
Quand elle avait appris la mort de Gabriel, elle n’avait pas réellement été surprise.
« Je savais que s’il n’était pas avec toi, c’est qu’il n’était probablement plus parmi nous », avait-elle dit à Thibault.
Pas surprise, non. Mais anéantie.
En quelques jours, son visage s’était creusé. Ses yeux étaient rougis quand il l’avait revue. Ajax la suivait partout, tout le temps, et son absence à cet instant surprenait Thibault.
— Je peux ? demanda-t-elle d’une voix tremblante.
Il hocha la tête et Rebecca se pencha sur le carton. Elle attrapa le collier qui avait orné le cou de Gabriel pendant dix ans et eut un sourire, le désignant à Thibault.
— Tu sais, je ne l’ai jamais verrouillé. Il aurait pu l’enlever n’importe quand.
Thibault haussa les sourcils. Elle tapota la place à côté d’elle et il s’assit, observant l’objet qu’elle tenait entre ses doigts fins.
— Il le savait ?
Elle eut un rire léger.
— Je le lui ai dit, il y a six ou sept ans. Il ne te l’a jamais répété ?
Thibault agita lentement la tête de gauche à droite, sans la lâcher des yeux.
— Il était très secret. Il m’a caché pas mal de choses.
— Il t’aimait beaucoup. J’ai longtemps voulu me persuader qu’il restait pour moi, mais au fond, je savais que c’était grâce à toi qu’il était toujours là. Je crois qu’il aurait beaucoup aimé s’en aller, en fait.
Thibault se tut. Il observa la grande-duchesse. Il ne parvenait pas à saisir les pensées troubles qui s’agitaient sous son front si lisse. Alors qu’elle plongeait son regard dans le sien, il fut soudainement frappé par la beauté terrible de cette femme. Les quelques rides sillonnant les contours de ses yeux n’ôtaient rien à la noblesse de ses traits. Il s’était rarement tenu si près de Rebecca. À cet instant, il la voyait vraiment. Il voyait tous les détails, comme les larmes qui perlaient, s’accrochant à ses longs cils.
— Il tenait à vous aussi… Je le sais. Il ne voulait pas tellement l’admettre, mais malgré tout…
— « Malgré tout », répéta-t-elle dans un rire.
Thibault se sentit gêné par sa maladresse mais elle ne semblait pas lui en vouloir.
— Je te suis reconnaissante, Thibault. De me l’avoir montré. Je ne l’avais même pas vu, ce jour-là, tu sais ?
— Pourquoi l’avez-vous pris avec vous ?
Elle regarda devant elle, pensive. Le collier reposait entre ses mains, sur ses genoux, et elle le caressait d’un geste presque inconscient.
— Tu sais, c’est amusant… Je n’ai jamais voulu acheter d’esclave à la base. Je craignais de m’attacher, et que cela obstrue mon jugement. Oh bien sûr, mon mari en avait toute une flopée… Mais je ne m’intéressais pas à eux. Je n’en voulais pas pour moi, avant de tomber sur Ajax. Quant à Gabriel… Tu te souviens de ce que tu m’as dit ? Qu’il était spécial ? La façon qu’il a eu de me regarder… Il n’avait pas peur. Je sentais qu’il n’avait rien à perdre. Il m’a rappelé Ajax, le jour où je l’ai acheté. Ce même regard… Comme si rien ne pouvait les atteindre. Finalement, ils avaient leurs faiblesses, tous les deux. Je suis celle d’Ajax, parce qu’il m’aime absurdement, et tu as été celle de Gabriel.
— Je suis désolé de ne pas avoir pu le protéger… Tellement désolé…
Thibault avait baissé la tête, mais quand il sentit la caresse de la main de Rebecca sur sa joue, il tourna de nouveau les yeux vers elle. Elle arborait un faible sourire.
— Il avait trop peur de te perdre. Tu n’as pas à t’en vouloir. Si quelqu’un doit s’en vouloir, c’est moi. Je n’ai rien fait pour l’aider. Je refusais de comprendre ce qu’il ressentait…
— J’aurais voulu que vous le reteniez de force.
Ils échangèrent un long regard. Il y avait quelque chose d’indescriptible… Une douleur lancinante qu’eux seuls pouvaient partager. Le lien inavoué qui les avait rattachés pendant des années, sans qu’ils n’aient jamais voulu s’en rendre compte.
— Est-ce que je peux garder ça ?
Elle avait levé le collier devant elle et il hocha la tête. Pour lui le collier ne représentait rien. Pour Rebecca, c’était, malgré tout, ce qui l’avait unie à Gabriel pendant tant d’années.
***
— … grandi dans un orphelinat, et quand j’ai eu seize ans et qu’on m’a mis dehors, je me suis moi-même vendu. J’avais ouvert un compte en banque avant ça, qu’on puisse m’y verser l’argent de la vente… Je me disais que comme ça, quand j’aurais fini ma peine d’esclave dans dix ans de ça, je ressortirai plein aux as et je pourrai vivre ma plus belle vie.
Un rire léger répondit à cette déclaration. Thibault pénétra dans la serre dont il avait poussé la lourde porte de bronze et les visages de Jenkins et de Zoë se tournèrent vers lui. Thibault eut un léger sourire. Jenkins s’était montré d’une gentillesse incroyable envers Zoë après ce qui s’était produit au manoir des Pluto.
Depuis que Donovan les avait quittés, le rire de Zoë s’était fait rare, et Jenkins était presque le seul à parvenir à déclencher ce merveilleux son. En apercevant son frère néanmoins, elle se détourna du jeune homme et fit quelques pas dans sa direction.
— Je n’ai pas été trop long ? lui demanda-t-il d’une voix douce.
— Non, et je n’étais pas seule, ça va…
Thibault approuva d’un signe de tête.
— Thib ?
Il tourna la tête vers Jenkins.
— Il faut qu’on libère la serre, une équipe de journalistes arrive. C’est cet après-midi que Solène va s’adresser à Délos.
— Tant mieux, souffla-t-il. Je te reprends ma sœur alors, à plus tard.
Il passa un bras autour des épaules de Zoë, et, sans prêter plus d’attention au regard envieux de Jenkins, quitta l’endroit et l’entraîna vers les jardins du Palais Immaculé.
— Il est sympa, Jenkins, indiqua sa sœur quand ils furent à bonne distance du palais.
Thibault observa un instant son profil.
— Il te plaît ?
— Je n’ai pas dit ça !
— Et je n’ai pas dit que je désapprouvais.
Elle lui jeta un regard de biais et il ne put s’empêcher de remarquer que ses joues avaient pris une teinte plus soutenue.
— Tu pourrais faire pire, lui assura-t-il avec un sourire. Tu pourrais faire mieux aussi ceci dit.
Elle secoua la tête de droite à gauche, d’un air dépité, mais un sourire lui était monté aux lèvres.
— Thibault ?
— Oui ?
— Tu n’as pas à faire semblant, tu sais… De faire comme si tout allait bien.
Il prit une seconde pour s’arrêter et la regarder dans les yeux.
— Je n’ai jamais été un bon grand frère pour toi… Je l’ai été pour Margot, je crois, à un moment. Mais pas pour toi. Jamais. On n’est plus que tous les deux maintenant… Alors laisse-moi essayer de faire de mon mieux.
Zoë avait fiché son regard bleu dans le sien. Ses yeux s’humidifièrent et elle baissa la tête, mais se pressa en même temps contre lui, et il l’entoura de ses bras.
Thibault pleurait Donovan, lui aussi. À chaque instant, savoir qu’il n’était plus là lui brisait le cœur. Son frère avait été fidèle à lui-même jusqu’au bout. Il avait toujours vécu pour protéger les siens. À présent, c’était à Thibault de prendre le relai. Il voulait être fort pour Zoë. La dernière promesse qu’il avait faite à son frère, peut-être la seule qu’il lui avait jamais faite d’ailleurs, il la tiendrait. Il protégerait Zoë sur sa vie.
— Tu sais, Thibault… fit alors la jeune fille en levant les yeux vers lui. Tu n’as pas besoin de… Je veux dire, tu peux juste être toi. Tu n’as pas besoin d’être Donovan. Le Thibault que j’ai appris à connaître me convient parfaitement. Avec ses défauts… et ses qualités. Juste toi.
Il sentit sa gorge se nouer. Son cœur battit un peu plus vite et il resserra son étreinte.
— Merci Zoë.
Elle renifla brièvement, puis se râcla la gorge.
— Et Thibault… Est-ce que… Je ne sais pas comment dire ça…
Elle semblait embarrassée. Il regarda aux alentours et désigna un banc un peu plus loin. Ils parcoururent la distance qui les en séparait et quand ils furent assis, il se pencha vers elle et attendit qu’elle reprenne.
— Jenkins a sous-entendu… Mmh… Est-ce que l’impératrice et toi… ?
— C’est au sujet d’Éos ?
Elle devint écarlate, mais soutint son regard et hocha la tête.
— Oui… Solène a l’air de penser que je suis son père. Et… moi aussi je crois que c’est vrai.
Zoë ouvrit de grands yeux, puis un léger rire l’agita.
— Eh bien… Je n’y aurais pas cru si tu ne me l’avais pas confirmé. Je pensais que c’était une plaisanterie, peut-être…
Il y eut un nouveau silence. C’était apaisant. Thibault se sentait parfaitement à l’aise auprès d’elle. Il savourait son expression pensive, puis bientôt, elle plongea de nouveau son regard dans celui de son frère.
— Et… Si ça ne t’embête pas que je demande… Ce garçon, Gabriel… ?
Il hésita.
— Je t’en parlerai un jour, Zoë. Pas immédiatement, si tu veux bien. C’est encore trop récent.
Elle hocha la tête, l’air peinée, et il posa délicatement son bras autour de ses épaules.
— Ne t’inquiète pas, il n’y a pas de mal à être curieuse. Et je veux vraiment te parler de lui. Je te raconterai tout, un jour, je te le promets. Je suis sûr qu’il t’aurait beaucoup plu, et lui aussi, t’aurait forcément aimé.
***
À 15 h 00 ce jour-là, l’entourage de l’impératrice s’était rassemblé dans la serre, derrière la marée de journalistes qui avaient envahis l’espace.
Thibault se tenait entre Jenkins et Zoë. Il vit du coin de l’œil Lino qui échangeait avec Tobias et Max, un grand sourire accroché aux lèvres. Un peu plus loin, Théo se tenait à côté de Lyria, laquelle paraissait ne pas savoir où se mettre. Elle avait probablement été surprise d’être conviée à un tel événement, mais Solène avait voulu lui montrer sa gratitude pour le rôle qu’elle avait joué en aidant ses anciens esclaves d’honneur. Féline et Félicie entouraient la petite Indra, et toutes les trois discutaient nonchalamment.
Thibault reporta finalement son attention sur Zoë et se sentit amusé par son air impressionné, mais bientôt, Solène arriva dans la pièce, et le faible brouhaha qui régnait fit place à un silence solennel.
L’impératrice dégageait comme une aura nouvelle, et Thibault lui-même se sentit un peu intimidé. Elle lui adressa néanmoins un sourire triste. Elle aussi, avait pleuré Gabriel. Plus encore que ce que Thibault aurait pu imaginer.
Quand, alertée par les coups de feu qui avaient retenti dans le salon, elle les avait rejoints, elle s’était retrouvé face à un Thibault effondré, incapable de lui parler. Heureusement, Jenkins, Félicie et Féline avaient pu prendre le relai. Ils lui avaient brièvement résumé les événements qui s’étaient produits depuis la veille. Thibault n’était parvenu à réagir que lorsque Aaron Typhus était arrivé sur les lieux. À sa vue, une rage sourde l’avait envahi, le sortant de sa torpeur. Il avait fallu que Jenkins et Ajax le retienne pour qu’il ne saute pas lui-même à la gorge du premier ministre.
Thibault avait alors parlé de Tobias. Quand elle avait compris qu’il était en vie, Solène avait envoyé du monde le chercher. Son ancien majordome s’était entretemps rendu aux troupes impériales, et moins d’une heure plus tard on le menait à la demeure des Pluto.
Les explications combinées de Thibault et Tobias avaient suffi à la convaincre. Typhus avait été mis aux arrêts. Puis elle avait appris la mort de Gabriel, et Thibault n’oublierait jamais l’expression de son visage à cet instant. Il avait lui-même perdu le fil en découvrant l’étendue de sa peine…
Quelques jours plus tard, ils avaient enfin pu se retrouver seuls, Solène et lui, dans la tranquillité du Sommet.
— Je suis désolée, Thibault… avait-elle dit d’une voix vibrante d’émotion.
Thibault lui avait machinalement pris la main.
— C’est moi qui l’ai laissé partir… avait-elle alors continué. J’avais peur pour toi.
— Tu ne l’as pas forcé.
— Non, mais…
— Il m’aimait.
Il avait risqué un regard vers elle, avant d’avouer :
— Et je l’aimais. Plus que tout.
Solène l’avait dévisagé quelques secondes, avant d’hocher la tête.
— Je sais, avait-elle doucement répondu.
Thibault avait baissé les yeux, en même temps qu’il accentuait la pression sur sa main.
— Je t’aime aussi, tu le sais ?
— Je sais, Thibault. Et moi aussi, quoiqu’il arrive…
Il laissa s’estomper le souvenir de cette conversation et se concentra sur ce qui se jouait devant lui. Solène s’était approchée du micro. Sans fiche aucune, sans notes. Malgré la douleur, et la situation chaotique qui avait suivie l’assassinat de Seth Pluto, elle avait persévéré dans son intention de porter son projet, leur projet, à Gabriel et elle, devant Délos. Elle n’en était que plus méritante. Elle n’avait jamais perdu de vue son objectif.
Tobias Torch avait traversé la foule et se tenait désormais à sa droite. Quand ils avaient regagné le Sommet, Solène s’était entretenue pendant de longues heures avec lui. Suite aux révélations qu’il avait faites au manoir des Pluto quelques jours auparavant, il avait immédiatement avoué l’avoir trahie et avoir rejoint les rangs de ses ennemis. Solène étant ce qu’elle était, elle l’avait pardonné presque aussitôt, avant même qu’il eut présenté des excuses en bonne et due forme. Elle lui avait en revanche fait promettre de toujours se tourner vers elle, à l’avenir, quand il penserait qu’elle n’était pas sur le droit chemin.
Thibault la détailla. Son expression était résolue. Elle regardait fixement la caméra devant elle, et quand on lui envoya le signal, elle prit une grande inspiration.
— Filles et fils de Délos.
« Je parle devant vous aujourd’hui car l’heure est grave. Depuis maintenant cent vingt-sept ans et jusqu’à ce jour, notre cité et ses habitants, moi la première, avons perdu de vue l’objectif que mon ancêtre, le grand fondateur, avait fixé : tout faire pour garantir la survie de l’espèce humaine. Il ne peut sans doute pas être taxé de philanthropie, car il fut cher à nos ancêtres d’obtenir un billet pour sa cité à l’époque où elle fut bâtie. Mais il fit promettre à ses descendants de traiter ses sujets avec bonté. Depuis bien longtemps, cette volonté a été bafouée. Je souhaite aujourd’hui réparer les torts qui ont été causés par mes ancêtres, et pour cette raison, je promulgue solennellement plusieurs décrets impériaux ce jour devant vous.
« À partir de ce jour, je décrète l’abolition de l’esclavage. Plus jamais notre belle cité ne devra voir ses sujets être ainsi traités. Toute vente humaine est dès à présent formellement interdite, et les contrevenants seront sévèrement punis.
« À partir de ce jour, et faisant suite à l’arrestation du premier ministre Typhus pour haute trahison, je déclare que le Gouvernement et l’Assemblée sont dissous. Une nouvelle Assemblée, portée par des représentants de chaque étage de la cité, sera fondée au cours des mois à venir. Chaque étage se verra attribuer un nombre de sièges proportionnel au nombre de ses habitants, et les nouveaux ministres constituant le Gouvernement seront élus par leur vote. L’obligation d’appartenir à un étage supérieur pour siéger est formellement abrogée.
« À partir de ce jour également, si vous êtes membre de Diane, sachez que je souhaite faire la paix avec vous. J’ai entendu vos désidératas et vos doléances. Ils ne seront plus ignorés. Tobias Torch, qui se tient à mes côtés, fut membre de votre organisation ces dernières années. Je l’ai écouté, je l’ai entendu. Nous œuvrerons ensemble à l’avenir, et je vous demande de cesser vos attaques. Je vous demande, juste cette fois, de m’accorder votre confiance, et de me laisser une chance de mieux faire. Ce qui m’amène au sujet suivant…
« À partir de ce jour, le Septième doit être évacué. Il y a quelques années, une brillante jeune femme nommée Marie Conie est parvenue à ramener à la vie le paulownia, un arbre ayant une capacité à purifier l’atmosphère bien supérieure à la moyenne de tout ce que nous connaissons. Si dans son état premier, le paulownia n’était qu’un mince filet d’espoir, après des années de recherche, mademoiselle Conie pense avoir développé une variété qui peut être adaptée à la biosphère de Délos. L’arbre devra être planté en masse dans le Septième avant de pouvoir être plantée plus bas, pour ainsi purifier l’atmosphère qui englobe Délos. Pendant quelques années cependant, ce projet rendra l’air du Septième totalement irrespirable. Pour cette raison, tous ses habitants seront relogés aux étages supérieurs. Ici même, au Sommet, un hôpital ouvrira ses portes pour accueillir ceux dont l’état nécessite un accès urgent à l’air le plus pur. Le Deuxième sera également réaménagé pour accueillir les plus nécessiteux. Nous travaillerons à faire revivre le Septième le temps qu’il le faudra, mais nous avons bon espoir pour que d’ici une cinquantaine d’années, l’endroit soit de nouveau vivable dans de bonnes conditions.
« Il serait injuste de ne pas terminer ce discours sans citer une personne à qui vous et moi devons beaucoup. La presse l’a surnommé “ le garçon aux yeux vairons ”. Il s’appelait Gabriel Mars, et pendant des années, il a œuvré dans l’ombre pour la cité. Il est celui qui a porté le projet de mademoiselle Conie à mon attention. Il est celui qui m’a ouvert les yeux sur bon nombre de choses, et son nom ne doit pas être oublié. L’ensemble des lois promulguées ce jour seront référées à l’avenir sous le nom des lois Mars, en l’honneur d’un citoyen qui fut le meilleur d’entre nous.
« Je conclurai en vous promettant qu’à partir de ce jour, je dédierai ma vie à Délos. La grandeur initiale de notre cité doit lui être rendue. Nos enfants ne vivront pas dans le même chaos que celui qui nous agita pendant des décennies. Ils vivront pour voir renaître un monde de paix.
« Ceci est mon serment. À partir de ce jour, soyons libres, tous ensemble. »
Ahhhh comment ça une ellipse ??? Argh
Sur le coup, hyper frustrant de quitter ce final qui semblait enfin attendre son acmé, de ne pas assister aux retrouvailles de Thibault et Solène. Mais après ça, j'ai de plus en plus aimé ce chapitre.
Finalement, la structure est plutôt sympa et permet de traiter pas mal de choses : le deuil de Gabi, de Don, la relation avec Zoë. Et puis finalement tu nous retraces les passages marquants qui ont suivi le chapitre précédent en narration rapportée.
J'aime bien ce que tu fais de Phoebus, un destin laissé à l'interprétation du lecteur. C'est la fin juste pour ce personnage je trouve. Il n'a finalement pas eu tant de développement et arrive tard, donc son destin nous préoccupe moins que d'autres.
Je suis curieux si vas toucher un mot de Lison dans l'épilogue. Elle le mériterait.
Et puis pour finir, un mot sur le discours de Solène. C'est la fin parfaite pour ton histoire. Après un début d'histoire si terrible, tant de drames et de conflits tragiques, sa prise de parole vibrante d'espoir est hyper émouvante. La fin parfaite, vraiment.
Je continue !
Mes remarques :
"C’était trop tôt pour les regarder sans que ça ne fasse mal." couper après regarder ?
"Il y avait quelque chose d’indescriptible… Une douleur lancinante qu’eux seuls pouvaient partager. Le lien inavoué qui les avait rattachés pendant des années, sans qu’ils n’aient jamais voulu s’en rendre compte." super passage !
"Pour lui le collier ne représentait rien." virgule après lui ?
"Je te raconterai tout, un jour, je te le promets. Je suis sûr qu’il t’aurait beaucoup plu, et lui aussi, t’aurait forcément aimé." super passage !
Je continue !
J'avais déjà retravaillé la fin du chapitre précédent parce que ça coupait normalement avant l'arrivée de Solène, mais je peux pousser à lui donner une réplique en soi xD
J'anticipe ici sur un autre de tes commentaires : le personnage de Phoebus. En fait (moi et mes tocs) il apparaît bel et bien dans un interlude de Lison :
"Je regarde les informations en ruminant sur le sourire béat de cette sale gosse. L’homme à ma gauche me jette un regard en coin, puis pose délicatement sa main dans mon dos. Il dit que cela fera peut-être réagir le peuple. Qu’ils s’apercevront peut-être enfin de qui elle est." -> interlude post-chapitre 14.
C'est trèèèèès subtile mais je la caractérise ensuite comme "le bras droit de Phoebus" quand j'ai dit ici qu'il se tenait à sa gauche (une de ces fameuses références de moi à moi que moi seule peux saisir). En fait dans ma tête, j'avais décidé depuis le début que je ne citerai pas Phoebus avant le chapitre où il apparaîtrait. Même quand Tobias en parle à Thibault quand tous deux se retrouvent, il parle de "l'homme à la tête de Diane / le chef de Diane" mais ne donne jamais son prénom. Pourquoi? Je l'ignore moi-même.
Pour le reste, je suis absolument ravie que le discours de Solène t'ait plu ! Pour moi c'était le moment absolu, celui où elle prendrait complètement le pouvoir, où elle deviendrait une impératrice mature et non plus la femme-enfant que le peuple voyait en elle.
Et finalement ça touchait directement au message que je voulais faire passer dans le livre : le dialogue. Au final, en agissant comme elle le fait, Solène fait précisément ce que Diane voulait mais n'espérait pas de sa part. Et ça donne raison à Thibault : il fallait lui parler !
Ça me touche beaucoup que tu dises que c'est une fin parfaite. Je voulais une vraie conclusion, et terminer sur un message d'espoir me semblait être la bonne conclusion.
Oui, j'aime beaucoup cette fin
Bon. Je reprends mon sang-froid et ma lecture :)
« une chemise ayant appartenu à Thibault » -> euh, c'est lui le sujet du passage. Tu voulais dire Gabi ?
Aaaah, mais c'est le collier de Gabi aussi. Il y a un souci dans le début.
Oh punaise… cette émotion dans le passage entre les deux, j'ai à nouveau la gorge nouée et les larmes pas loin.
Grande émotion, un peu moindre, entre Thibault et Zoë. Toutefois, je me demande si tu ne pourrais pas marquer une étape supplémentaire dans la transformation de Thibault, si Zoë lui disait qu'elle le préfèrerait se comporter comme Thibault, pas comme un protecteur donovanesque. Je ne sais pas trop comment l'expliquer, mais je pense que ça donnerait une tout autre dimension à cette partie, et ça marquerait également la maturation de Zoë. J'ai le sentiment qu'elle mérite ça.
pu prendre le relai -> relais
Ce n’était que quelques jours plus tard, qu’ils avaient enfin pu se retrouvés seuls -> n'avait été (et pas de virgule à cause du « que »). Retrouver aussi. Cela dit, je pense qu'il manque une phrase, quand il perd le fil, qui dit qu'il a conscience que Solène a géré le reste (avec Rebecca éventuellement), parce que sinon, cela veut dire qu'il n'a pas achevé sa transformation d'autocentré
les torts qui ont été causé -> causés
se verra attribué -> attribuer
l’a surnommé « le garçon aux yeux vairons » -> “le garçon aux yeux vairons” : les guillemets de deuxième ordre (citation dans la citation) sont les guillemets doubles à l'anglaise
Eh bien ! Un bon discours, simple, efficace, qui résout un certain nombre de points. Il me manque encore la réaction de Phœbus, vu qu'il n'est pas mort, mais je vais lire l'épilogue.
Je vais retravailler la fin du chapitre précédent alors, promis.
(je l'aime, pourtant, le coup du "quelques temps après")
Du coup je vois ce qui t'a fait beuguer sur le carton d'affaires de Gabi. Je vais reprendre le début ^^
J'adore absolument ta suggestion pour Zoë. J'ai 10 000 idées/minute qui ont pop dans ma tête, je trouve que ça serait top pour les deux à la fois. Je vais l'ajouter !
Pour Phoebus, j'ai décidé de laisser ce flou. Mort, vivant? Où pourrait-il fuir, alors que le Septième va être rasé? S'il a vécu, sa punition sera de comprendre toute l'ampleur de ses erreurs passées.