Chapitre 30 : Valkys

Par Talharr

Valkys :

Après l’attaque du serpent géant et de ses vipères de Szerlis, qui avait fauché tant d’hommes et de femmes, ils restèrent plusieurs jours à creuser des tombes et à se recueillir.
Valkys aperçut plus d’une fois Elira agenouillée devant celle de Gwenn. Cette jeune fille n’était pas une Zarktys, et pourtant elle avait agi comme l’une d’elles. Mourir ainsi, si jeune…
Valkys, elle, pensait à sa sœur. Talkys. Elle aussi tombée cette nuit-là, déchirée par les crocs d’un Crazstyr. À maintes reprises, elle avait prié Malkar :

Dieu des ombres et de la mort, accueille Talkys dans ton royaume. Elle t’a servi jusqu’au bout, elle n’a jamais douté. Prends-la auprès de toi, je t’en prie.

Les cieux restèrent muets. Mais Valkys savait, au fond, que sa sœur avait été reçue.

Les jours passèrent. Les prières se répétèrent, les plaies se refermèrent. Puis, un matin, près de la lisière de la Forêt Sans Morts, Elira vint à elle, le regard brûlant.

    — Il est là.

    — Qui donc ?

    — Rhazek. Une bataille s’annonce. Je dois essayer.

    — Elira… nous avons déjà trop perdu.

    — Je ne t’impose rien. Conduis ces gens à l’abri, jusqu’à Balar. Moi, je le retrouverai.

Son regard avait été d’une telle détermination que Valkys avait hésité.

    — Ton fils est perdu. Il ne redeviendra jamais celui qu’il était. C’est ta fille que nous devons chercher. Sinon, ce monde court à sa perte !

    — Ma fille sait ce qu’elle doit accomplir. À nous de lui donner le temps.

    — Et le Serpent ? On ignore où il est. Peut-être aux côtés de Rhazek. Erzic ?

    — Je n’y crois pas et toi non plus.

    — Et s’il était auprès de ta fille et du Loup ?

Un silence lourd avait suivi.

    — Alors laisse ton fils où il est. Nous reviendrons pour lui, si nous survivons.

    — Tu sais comme moi que si le Loup et l’Hirondelle réussissent, alors…

    — Je sais, murmura Valkys.

    — Alors laisse-moi essayer. Je t’en supplie. Je veux revoir mon fils. Le vrai Rhazek.

Valkys avait résisté, puis s’était inclinée. Elle ne pouvait la laisser seule.

À présent, dans le tumulte d’acier, sous un ciel en fureur et le chant terrible des Choristes, Elira se tenait devant elle.
Derrière Valkys, une centaine de Zarktys avaient prêté allégeance à la magicienne. Elles se battraient sans remords contre leurs sœurs qui avaient choisi le mauvais camp.
Les survivants de Mahldryl, eux, prenaient déjà la route de Balar avec l’aide des Alkasrims.

La pluie tombait en torrents. Les rangs de Balar ployaient sous la pression. Le roi, casque doré, hurlait ses ordres au milieu de ses officiers. Mais les Dralkhar et leurs Zarktys décimaient les flancs.

    — Elira ! cria Valkys par-dessus le tonnerre.

La magicienne ne bougea pas. Son regard fixait une silhouette, juchée sur un Crazstyr qui fonçait droit sur elles.

    — Zarktys, en position ! ordonna Valkys.

Elira leva ses mains vers le ciel.

    — Qu’est-ce que… allait l’arrêter Valkys.

    — Je dois essayer, souffla-t-elle simplement.

Valkys rengaina ses sabres mais garda un poignard caché derrière son dos. Si jamais il attaquait, elle frapperait sans hésiter.

Sous la lueur des éclairs, Rhazek apparut. Armure de Mahldryl, couronne de serpent sur le front. Le Crazstyr s’arrêta à quelques pas.

    — Vous êtes pires que le venin d’un serpent, traitresses ! siffla-t-il. Alliées à l’ennemi… Père avait raison. Vous ne méritez aucune pitié !

    — Et je n’en demande aucune, répondit Elira. Je ne suis pas ici pour Balar ni pour Drazyl. Je suis ici pour toi, mon fils. Trop longtemps, j’ai dû t’abandonner sans pouvoir t’aider à retrouver ta mémoire.

    — Ma mémoire ?

Autour d’eux, la bataille grondait, les Choristes faisaient vibrer la terre.

     — Ce que je t’ai caché. Avant qu’on ne nous arrache à notre famille. Ton vrai père et ta sœur sont en vie. Ils nous attendent.

Le tonnerre déchira le ciel. Le vent redoubla, clouant des guerriers au sol, qui hurlaient de douleur après avoir été piétinés ou transpercés par le fer.

Derrière elle la machinerie des Choristes fit un grand vacarme.

Elira, les cheveux collés au visage, allaient reprendre face au visage trempé et contracté de Rhazek. Mais c’est le fils qui parla en premier.

    — Tout ça n’est que mensonge, mère. Votre charmante amie, à vos côtés, a déjà essayé de me déblatérer ces âneries.

    — N’as-tu rien ressenti lorsque Valkys t’as raconté ta véritable histoire ?

Cette phrase sembla avoir eu de l’effet. Rhazek baissa la tête.

Son Crazstyr bougeait de la tête, montrant ses crocs ensanglantés. Tu veux te battre monstre ? Je te donnerai bien à manger au sable ! pensa Valkys, crispée sur son poignard, défiant la monture d’un sourire carnassier.

Le Crazstyr recula, crocs refermés. Ce qui fit encore plus sourire la Zarktys.

Rhazek releva la tête, un visage étrange. Ce n’était plus le roi devenu fou, non, il était perdu. Son regard implorait Elira.

    — J’ai vu une enfant blonde… avec vos yeux. Et un homme. Il me regardait comme si j’étais son fils.

    — Alistair Vaelmont. Ton vrai père. Un homme de bien. Et la fillette, ta sœur…

    — Aelia, murmura Rhazek.

Elira s’avança, pas après pas. Le roi ne l’arrêta pas.

Les Choristes allaient d’un l’instant à l’autre tenter de repousser l’ennemi.

    — Mon fils, viens avec moi. Retrouvons-les. Sauvons ce monde ensemble.

Son espoir brûlait dans sa voix. Valkys secoua la tête.

    — Je… mère… Je suis roi de Drazyl. Malkar m’a promis de régner sur toute la Terre de Talharr. Pourquoi abandonnerais-je ?

    — Parce que Malkar n’est pas ici. Erzic t’a trompé. Nous combattons pour empêcher le retour de Dalar. Pas pour détruire notre terre !

    — Dalar ? Détruire ? Non… Ces éclairs, cette tempête, c’est Malkar qui m’aide !

Valkys comprit. C’était perdu. Un son mélodieux recommençait à prendre de l’ampleur sous un déluge d’éclair.

    — Elira ! hurla-t-elle. Ce n’est plus ton fils !

    — Je dois le sauver ! Le ramener… répondit obstinément Elira.

    — Tu ne peux pas ! Regarde-le.

La magicienne baissa la tête. Valkys était sûre qu’il n’y avait pas que la pluie qui coulait sur ses joues.

    — Ton vrai nom n’est pas Rhazek. C’est Alion. Alion Vaelmont !

    — A… Alion ? répéta-t-il.

Il porta ses mains à sa tête, comme si son crâne allait éclater.

Et soudain, le claquement des Choristes retentit.

    — Elira !! cria Valkys.

Elle la plaqua au sol. Un souffle déchira l’air : une lance géante passa au-dessus d’elles et vint transpercer le Crazstyr et son cavalier. Aucun cri.

C’est fini…

Elira hurla, tenta de se relever, mais Valkys la retint. Autour d’elles, Balar sonnait la retraite, les machines reculaient.

    — Elira, c’est fini ! Tu dois vivre. Ta fille compte sur toi. Talkys, Gwenn… elles ne doivent pas être mortes pour rien ! Sinon, je te tuerai moi-même !

Elira croisa son regard. Perdue. Brisée. Mais elle céda. Valkys la releva et toutes deux, suivies de leurs Zarktys, s’enfoncèrent dans la Forêt Sans Morts. Là où les guerriers n’oseraient pas se battre.

Derrière elles, la tempête commençait à se calmer.

    — Alion… souffla Elira, brisée.

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Scribilix
Posté le 24/08/2025
Salut,
Enfin la grande révélation, meme si je ne crois pas à la mort de Rhazek :) Pas aussi facilement.
Le dialogue entre la mère est le fils est sympa meme si l'on se demande comment ils peuvent bien s'entendre au miieu de la bataille avec les choristes qui tirent en boucle.

quelques remarques :
- jours à creuser des tombes. À se recueillir. ( je pense que tu pourrais réunir les deux : à creuser des tombes et à se recueillir).
- Rhazek. Une bataille s’annonce. Je dois essayer. ( essayer de quoi ?)
- Peut-être aux côtés de Rhazek. Erzic, peut-être. ( le dernier peut-etre est redondant, remplace le par "ou")
Je continue ^^
Talharr
Posté le 24/08/2025
Hello ^^
A voir ce que veut dire la mort ;)

Les Choristes ne tirent pas encore pendant qu'ils parlent, ils en préparation. Mais il faut que j'ajoute quelque hurla ou cria pour se faire entendre, surtout avec les orages aha

Merci pour les suggestions que je vais modifier. Juste celle pour Elira concernant Rhazek, j'ai fait exprès de laisser la phrase comme ça. On sait ce qu'elle veut faire en soi :)

A plus et encore merci ! ^^
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