Chapitre 31 : Erzic

Par Talharr

Erzic :

Dans le dôme de la cité de Mahldryl, Erzic, installé dans le bureau, continuait à préparer ses forces dans tous les royaumes. Les yeux clos, il voyait devant lui plusieurs silhouettes. Aucune d’entre elles ne se trouvait réellement en ces lieux.

     — Le plan a changé. L’Hirondelle se dirige vers le Loup. Le Serpent s’occupera du reste. À nous de lui laisser la voie libre. Le royaume de Drazyl va bientôt attaquer celui de Balar, déclara Erzic.

     — Et Cartan ? Ils se préparent sûrement à venir en aide à Balar, fit remarquer un Dralkhar.

     — Oui. Nous allons les laisser faire. Notre but n’est pas de faire gagner Drazyl, mais d’empêcher qu’aucune armée n’accompagne les élus. Plus les royaumes seront dispersés, plus il sera simple pour nous de prendre les rênes.

Plusieurs mages acquiescèrent.

     — Pour le royaume de Tyril, le roi sera bientôt assassiné. Plusieurs conseillers et hommes influents sont déjà en accord avec moi. Je deviendrai le prochain roi, dit Girzl.

     — Parfait. Mes frères, nous touchons au but !

La vingtaine de mages poussa un cri de victoire… mais pas tous.

     — Erzic, où est Elira ?

     — En fuite. Mais plus pour très longtemps.

     — Nous ne pouvons pas la laisser rejoindre les élus ! Ce serait une catastrophe !

     — Exact. Mais j’ai quelque chose… ou plutôt quelqu’un, qu’elle ne voudra jamais abandonner.

     — On aurait dû la tuer quand on en avait l’occasion, gronda un autre.

Erzic éclata de rire.

     — Calir nous a expressément demandé de la garder en vie depuis le début. Pour quelles raisons ? Lui seul le sait. Mais c’est le Serpent, notre guide, qui l’a ordonné. Alors Elira vivra… jusqu’à ce que son rôle soit accompli. Mais si l’un d’entre vous veut mourir avant de voir notre dieu, alors qu’il se fasse plaisir.

Aucun mage n’osa répliquer.

    — Bien.

Il marqua une pause, puis se tourna vers ceux présents dans les Terres Abandonnées.

     — Préparez les troupes. La plupart rejoindront Drazyl, le reste partira vers Balar.

Ils acquiescèrent. Erzic, satisfait, leva les mains et les salua :

     — Dray’shkar, vel'mar.

     — Zhar'ak, Erzic, répondirent-ils en chœur.

La vision s’éteignit. Le bureau sombre, qui avait appartenu à Rhazlir III, se rematérialisa autour de lui.

À peine eut-il le temps de se lever qu’on frappa.

     — Prasto, soupira-t-il.

Le conseiller allait encore se plaindre du ravitaillement.

     — Si c’est pour vos histoires, vous feriez mieux de déguerpir.

     — Vous ne les avez pas entendues ?

     — Entendu quoi ? Vous voyez bien où je suis. Comment pourrais-je entendre quoi que ce soit ?

     — C’est vrai… Les cornes de tout Drazyl ont sonné trois fois, espacées de cinq secondes.

Erzic haussa un sourcil.

     — Et ?

     — Eh bien… la victoire est nôtre. Le royaume de Balar a sans doute battu en retraite.

Erzic, qui n’avait jamais douté de la victoire de Rhazek, se sentit malgré tout soulagé. Un sourire étira ses lèvres.

     — Tout est presque prêt pour le retour de Malkar.

Face à lui, Prasto se mordait les lèvres. Erzic sonda son esprit.
Malkar saura-t-il nous récompenser ? Non… impossible de poser la question. Notre roi aura le monde pour nous. C’est déjà une faveur.

Erzic retint un rictus. Il pense survivre à tout ça. Un véritable idiot. Un idiot qui m’a coûté l’Hirondelle…

Il n’avait pas oublié. Il avait encore besoin de lui, mais viendrait le jour où plus personne n’entendrait le nom de Prasto Llandryl.

     — Vous comptez fixer le sol encore longtemps ? lança-t-il.

     — Hein ? Non… non, j’ai des occupations plus urgentes. Je vous laisse.

Alors que le conseiller s’éloignait, des pas précipités résonnèrent. Des gardes haletants surgirent.

     — Messires. Le roi est de retour. Il est gravement blessé.

     — Emmenez-moi à lui, ordonna Erzic.

     — Je viens aussi, ajouta Prasto.

     — A quoi cela servirait-il ? cracha le mage. Je vais m’assurer que notre roi vive. Vous ne seriez qu’un poison à mes côtés. Le peuple a besoin de vous plus que votre roi.

Escorté par les gardes, Erzic quitta le dôme. Le soleil, éternel, écrasait toujours la cité, même après une année passée ici. Ils descendirent les marches sablonneuses, croisèrent des rats des sables fuyant entre les passants. Tous saluèrent joyeusement Erzic. Profitez-en, tant que vous en avez l’occasion, souriait-il en retour.

 Enfin, ils atteignirent un grand bâtiment arrondi à son sommet.

À l’intérieur, c’était le chaos : guérisseurs courant de partout, cris, ordres, gémissements, sang au sol. Devant une porte, deux gardes et un Dralkhar se tenaient droits. Erzic hocha la tête à son confrère.

Les gardes ouvrirent la porte.

    — Laissez-nous seuls, dit-il en entrant.

L’un d’entre eux allait objecter mais celui qui devait être son capitaine acquiesça.

La porte se referma. La pièce, nue, n’abritait qu’un grand lit. Sur les draps blancs gisait Rhazek, livide, agité dans un cauchemar fiévreux.

Erzic écarta la couverture : une plaie béante marquait son thorax.

    — Eh bien. On dirait que Malkar tient à t’épargner, ricana-t-il.

Un grognement fut la seule réponse.

    — Je suis tout de même fier de ta victoire. Le royaume de Balar aura bientôt de nouveaux alliés… espérons que ta mère n’en fasse pas partie.

    — Mère… murmura Rhazek, toujours endormi.

    — Elle te hante, hein ? Ne t’inquiète pas. Elle aura ce qu’elle mérite. En temps voulu. Je te le promets, Elira.

Il posa une main sur le torse du roi. Après un instant, il se releva, satisfait de ce qu’il avait perçu.

    — Malheureusement, nous autres Dralkhar n’avons aucun don de guérison. Mais il semblerait que la vie s’accroche encore à ce corps. Pour quelque temps, du moins.

Il se dirigeait déjà vers la sortie lorsque la voix faible de Rhazek l’arrêta.

    — Cartan… Vaelan. Petite hirondelle… petite sœur… Aelia…

Il répéta plusieurs fois la phrase, y ajoutant des noms : Saltar, Ilara, Alistair… Puis Elira. Toujours Aelia. Toujours l’hirondelle.

    — Alion… Je suis Alion… Je t’aime, petite hirondelle…

Erzic se figea. Alion… Le prénom effacé. Il se souvient ?!

Une hirondelle. Aelia ? Serait-ce la petite fille ?

Le mage resta longuement figé, haletant, face au lit et aux murmures délirants.

    — Non… souffla-t-il. Cela ne peut pas être possible…

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Scribilix
Posté le 24/08/2025
Re,
chapitre intéréssant, j'aime beaucoup comment Erzic prends conscience qu'il s'est peu-etre trompé grace à rhazek qui parle dans son sommeil. Le lien Erzic, Calir est églement confirmé.
Juste :
- deviendrai le prochain roi, dit Girzl. ( Je ne crois pas avoir déjà entendu parlé de lui, ou juste mentionné suscintement).
A la suite,
Scrib.
Talharr
Posté le 24/08/2025
Re ^^
Et oui Erzic voit que tout ce qu'il croyait acquis est en train de s'écrouler.
La suite de Rhazek va être, normalement aha, très intéressante :)
Oui pour Girzl j'en ai parlé vite fait dans les premiers chapitres de Erzic. C'est le mage qui est dans le royaume de Tyril. Peut-être qu'on le verra plus tard mais pour le moment je vais pas ajouter plus de personnages ahaa

A plus ^^
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