Chapitre 31 : Trahison

La grande barge de Jabba naviguait en lévitant doucement sur la grande Mer des Dunes. D’une couleur brunâtre rouillée par le temps, elle ressemblait à un véritable navire de croisière, dont les larges voiles rouges protégeaient la terrasse au sommet. Autour du Khetanna, puisque tel était le nom de l’élégante barge, des vaisseaux plus petits, et plus rapides, survolaient les environs. Eux aussi brunâtres et salis par le temps et le sable, ils n’avaient cependant aucune voile pour préserver leurs passagers - des mercenaires de Jabba - des rayons violents des Soleils de Tatooine. Sur une de ces petites barges se trouvait tout l’équipage du Faucon Millénium, à l’exception de Leia. Les mains liées et entourés de plusieurs mercenaires à la botte du Hutt, les Rebelles avaient les yeux rivés sur la route, et l’air inquiet de Solo contrastait avec celui, éternellement serein, de Skywalker.

De sa place à l’intérieur du Khetanna, Orn les observait avec un certain malaise à travers les fenêtres ouvertes. Il n’avait aucune idée de comment les aider, tout comme la jeune Rebelle à ses côtés, qui regardait d’un air désolé ses amis. La princesse ne lui avait pas adressé un regard depuis sa demande à l’aide, et s’était murée dans un silence lourd et presque résolu. C’était la seule personne que le chasseur pouvait aider, il le savait. Mais il se trouvait au même endroit que Jabba, et ce dernier, qui se faisait un malin plaisir à festoyer avec ses invités d’honneur, était entouré de nombreux mercenaires, tous prêts à le protéger pour s’attirer ses faveurs. Fett était également là, arme à la main, et se questionnait intérieurement sur les plans de son compagnon.  Il savait que le Twi’lek avait de la sympathie pour Lando et la cause Rebelle depuis la Cité des Nuages. Les actions futures de l’ancien Chasseur Impérial importaient peu, en vérité. Fett le soutenait quoi qu’il puisse arriver, même s’il devait renoncer à sa réputation ou à la protection de Jabba. Ce dernier, d’ailleurs, se prélassait dans son trône, buvant et mangeant à sa guise. Un verre à la main, il discutait avec Sorc Tormo, qui lançait de temps à autres des regards insistants et impatients vers Orn, qui s’efforçait de l’ignorer. S’il ne lui avait toujours pas donné de réponse, le chasseur savait qu’il était dangereux de faire attendre un homme tel que Tormo, opportuniste et trop habile pour ne pas être redoutable. Néanmoins, il prétendait ne pas le voir, et gardait résolument son regard dirigé vers l’extérieur, observant la Mer des Dunes et son immensité intimidante.
Semblable à un océan de sable, la Mer des Dunes portait bien son nom.D’innombrables petits monts érigés par le vent brisaient la monotonie de cette croisière sordide. Presque aucun signe de vie n’était visible, sinon quelques troupeaux de Banthas, de larges mammifères à la fourrure brune et aux cornes courbés redoutables. Malgré la nature calme de ces bêtes pourtant herbivores, Orn avait appris à s’en méfier. Un Bantha en colère pouvait être mortel, et leurs coups de cornes étaient d’une violence et d’une force inégalées. Ne pas les perturber était la meilleure chose à faire, car ces créatures étaient également terriblement rapides, ce que leur taille ne suggérait pourtant pas. Si la Mer des Dunes et ses habitants herbivores étaient d’une prestance à couper le souffle, ce lieu était extrêmement dangereux. Aucune oasis, aucun refuge ne protégeait de la chaleur impardonnable de la planète-désert, et, lorsque la nuit tombait, le froid s’insérait dans les moindres recoins de cette étendue infinie de sable. Orn n’avait traversé cet océan que très peu de fois, souvent à bord du Khetanna, pour assister à l’exécution de quelques mercenaires ou contrebandiers ayant froissé Jabba. Le Twi’lek s’était toujours demandé pourquoi ce n’était que maintenant que Solo était condamné à ce même sort. Aussi talentueux qu’il fût, le capitaine du Faucon Millénium avait de nombreuses fois déçu son employeur, et il devait une somme écrasante de Crédit à Jabba, qu’il n’avait jamais remboursé, malgré ses incessantes promesses. Orn l’avait mis en garde, une fois, bien qu’il n’avait à cette époque aucune affection pour le contrebandier. Pourtant, il avait trouvé désolant qu’un pilote aussi talentueux que Solo soit aussi inconscient et arrogant. Le Rebelle cachait derrière ses fausses bonnes manières une sournoiserie et une lâcheté que le chasseur avait toujours détestées et dénigrées.

Même s’il se trouvait maintenant dans cette situation par la faute du Twi’lek, Orn savait que Solo allait être dans cette barge, à un moment ou un autre. En un sens, il n’avait fait qu’accélérer le processus de sa mise à mort. Bien sûr, le chasseur se sentait coupable, à raison, mais il ne pouvait s’empêcher de se demander pourquoi Skywalker n’avait pas agi plus intelligemment. C’était un Jedi, après tout, et un Jedi était censé être rusé, et pouvait se sortir de n’importe quelle situation. Le jeune Rebelle avait échappé à Vador. Faire de même avec une limace comme Jabba le Hutt devait donc être un jeu d’enfant pour lui. Cette situation était incompréhensible pour Orn, mais également pour Lando, il le savait. Ce dernier était d’ailleurs présent dans la barge contenant ses amis, toujours caché par son casque de barbare. Sa présence ne pouvait cependant pas faire de grande différence. Les Rebelles étaient fortement surpassés en nombre. Un combat, dans des barges étroites, s’avérait compliqué et dangereux.

 

Après quelques minutes, pendant lesquelles les mercenaires de Jabba et ses invités festoyaient, servis par des droïdes tenant des verres ou des plats, la cadence ralentit. La grande barge du Hutt s’arrêta totalement, imitée par les autres petits vaisseaux. Ces derniers s’organisèrent de sorte à surveiller les prisonniers, qui ne pouvaient détacher leurs yeux de la Grande Fosse de Carkoon qui s’étendait sous leurs pieds. Fidèle à son nom, la Grande Fosse tenait en respect tous les êtres vivants. Ce n’était pourtant pas cet abysse qui était terrifiante, mais ce qu’elle renfermait. Terré au milieu de la Fosse, le Sarlaac lançait des cris stridents de faim et d’impatience. De la même couleur que le sable dans lequel elle se cachait, la monstrueuse créature agitait ses tentacules dans tous les sens, prête à se saisir de nouvelles proies pour s’en repaître. Seule sa bouche était visible, géante et ressemblant à un bec corné. Aussi terrifiante qu’elle fût, c’était également une bête intelligente et fascinante. Lorsque le Sarlaac engloutissait ses victimes, il les maintenait en vie dans son estomac, et leur digestion prenait mille ans à se faire entièrement. Condamner quelqu’un à être dévoré par cette créature, c’était condamner quelqu’un à vivre d’innommables souffrances, qui duraient des années. C’était l’un des pires supplices que l’on pouvait imposer, et Jabba en était friand, comme tous ses invités d’honneur dont les yeux pétillaient d’une curiosité maligne et d’impatience.

Pour Orn, il était difficile de joindre ses compères dans leurs plaisanteries et divers paris. Il avait, comme tous, peur du Sarlaac, et n’avait pas la sensation que la grande barge dans laquelle il se trouvait était une protection suffisante. Pour lui, le Khetanna était bien trop près de la bête affamée qui remuait ses appendices avec rapidité pour saisir une proie. Pourtant, la barge de Jabba était bien plus éloignée du Sarlaac que celle des prisonniers Rebelles, qui ne semblaient cependant pas réaliser qu’ils allaient mourir bientôt. Orn pouvait bien tenter une quelconque diversion, en attaquant un mercenaire ou Jabba, mais il savait qu’une telle manœuvre n’était pas utile. Il risquerait au contraire de mettre dans un danger plus grand ceux qu’il voulait aider. Le chasseur soupira faiblement, se résolvant à faire confiance à Skywalker pour sortir ses amis de cette situation plus que délicate. Il sentit une main se poser sur son épaule, l’arrachant à ses tentatives vaines d’esquisser un plan. Un sourire anima son visage lorsqu’il tourna la tête pour regarder Fett, qui, il le savait, lui adressait un sourire compatissant mais encourageant.

"J’espère que ton jetpack ne va pas dysfonctionner, cette fois," lança Orn d’un ton mi-moqueur, mi-sérieux.

Le Mandalorien lâcha un petit rire et secoua la tête.

"Je l’espère aussi… Ne tente rien d’idiot, Orn.

— Je ne peux rien te promettre, désolé," souffla-t-il en réponse, honnête.

Encore une fois, Fett sourit à cela, s’y attendant, mais aucun des deux chasseurs n’eut l’occasion de continuer cette conversation. En effet, sur la barge des Rebelles, une planche se déroula pour se finir juste au-dessus du Sarlaac, et Skywalker, libéré de ses liens, n’avait d’autre choix que de commencer à monter sur cette planche fine et étroite. Bientôt, il serait forcé de sauter dans la gueule de la bête sous ses pieds, dont les cris ne faisaient que s’intensifier. Jabba se régala à cette vue et fit claquer sa langue, réclamant parmi ses invités et ses mercenaires leur silence et leur attention. Une fois que les conversations moururent - ce qui fut rapide puisque tous voulaient voir les Rebelles succomber à leur sort - le Hutt commença son discours. Celui-ci fut immédiatement traduit par le droïde de protocole doré, qui s’exprima d’une voix forte et claire, que tout le monde, même les prisonniers, entendaient.

"Victimes du puissant Sarlaac, le vénérable Jabba le Hutt vous souhaite une mort digne et honorable. Si l’un de vous désire obtenir la clémence du grand Jabba, il vous écoutera désormais," dit-il de sa voix robotique et aiguë.

Sans grande surprise pour le Twi’lek, Solo, toujours aveugle, s’avança vers la source du son d’un pas énervé et las d’humiliation.

"C3-PO! Dis à cette dégoûtante et répugnante limace qu’il n’aura aucun plaisir à nous voir mourir!" hurla-t-il à pleine voix, soutenu par Chewbacca, qui gronda d’une manière menaçante.

Malgré la situation, Orn ne pouvait s’empêcher de sourire un peu. Il reconnaissait là bien le comportement arrogant de Solo, qui démontrait toute sa détresse et son manque d’imagination lorsqu’il était en danger. Ce n’était pas la première fois qu’il insultait Jabba ainsi, et le contrebandier avait également eut le même genre de discours à l’égard du chasseur, mais c’en devenait triste à voir, lorsque toute chance de s’en sortir avait disparu. Décidément, le capitaine du Faucon Millénium était tout le contraire de son ami Jedi, dont la sérénité contrastait avec sa panique déguisée par de vaines remarques. Si Solo n’était pas convaincant, le Twi’lek espérait tout de même que le jeune Rebelle puisse rattraper cela et que son discours fasse suffisamment plaisir à Jabba pour qu’ils soient tous les trois sains et saufs.

"Jabba, c’est ta dernière chance. Libère-nous, ou meurs," lança Skywalker d’un ton ferme et calme.

Si l’assurance dans sa voix démontrait un certain courage, son dilemme déclencha un fou rire général parmi tous les mercenaires et invités d’honneur. Jabba s'esclaffa bruyamment, ne pouvant même pas penser à prendre cette menace au sérieux. De son côté, Orn ne riait pas, mais se demandait ce que le jeune Rebelle avait derrière la tête. Car sa certitude inébranlable était telle qu’il était impossible que ce soit une simple façade visant à tenter d’effrayer son tortionnaire. Pour le chasseur, cela signifiait que Luke avait un véritable plan en tête, et il espérait sérieusement que son plan se fasse sans accroc. Si les Rebelles voulaient se libérer, cela n’était pas possible sans un combat, mais une telle arène improvisée était dangereuse. Le moindre faux pas pouvait mener les combattants dans la gueule du Sarlaac, qui continuait à pousser ses cris inhumains et terrifiants. Le seul schéma d’actions sans combat rapproché mortel dépendait de Jabba, et nécessitait que ce dernier prenne au sérieux la menace de Skywalker. Mais cela était déjà perdu d’avance. Car, calmant avec difficulté son fou rire, le Hutt ordonna la suite du supplice, ignorant l’air terrifié de Leia, qui se forçait à maintenir un certain sang-froid. Attentive, la princesse déchue fixait avec intensité son ami sur la planche, attendant elle aussi le fameux instant où le plan du Jedi se déclencherait. Ce moment tant attendu ne vint cependant pas tout de suite, même si Skywalker fit un signe de la main, comme pour rassurer Leia. Cette dernière s’avança de la fenêtre autant que sa chaîne le lui permettait, retenant son souffle lorsqu’elle vit le jeune Rebelle avancer sur la planche, avant de sauter rapidement et de la manière la plus naturelle possible.

Malgré lui, Orn poussa un juron et s’avança vers la fenêtre, ne comprenant pas à quel jeu Skywalker jouait exactement. En sautant, le jeune Jedi se retourna et attrapa du bout des doigts l’extrémité de la planche, qui se courba sous son poids. Utilisant cette courbure, il se propulsa en hauteur, à la grande surprise de tous. Fett laissa s’échapper une exclamation, tandis que les autres mercenaires présents, ainsi que Jabba, poussèrent un cri de surprise comme s’ils assistaient à un spectacle. Avec légèreté et adresse, Skywalker retomba sur la barge, provoquant un mouvement de recul chez les mercenaires qui gardaient ses amis. Aucun n’eut la rapidité d’agir, trop abasourdi et étonné par ce qu’il venait de se passer pour faire quoi que ce soit. Cela laissa le temps au Jedi de tendre la main vers le ciel, tandis qu’un objet argenté scintillant à la lumière des Soleils se précipita vers le gouffre, comme si quelqu’un l’avait jeté du haut du Khetanna. Skywalker l’attrapa au vol avec une facilité déconcertante, avant qu’une lame lumineuse d’un vert émeraude n’en jaillisse. Orn sourit. Le Jedi était enfin armé de son sabre-laser.

Alors que le jeune Rebelle engagea le combat avec l’aide de Lando, la surprise laissa place à la panique dans la grande barge de Jabba. Dans un tel chaos, le chasseur échangea un regard entendu avec son compagnon. S’il voulait agir, c’était maintenant ou jamais. D’un geste expert, il s’empara d’un de ses blasters et tua deux mercenaires, profitant de l’effet de surprise, avant que les autres ne comprennent ce qu’il se passait. D’un coup, il sentit un poids lourd se jeter sur son dos, le précipitant lourdement au sol. Lâchant un grognement de douleur, le Twi’lek se retourna et se mit sur le dos, repoussant son agresseur à coups de pied, avant de libérer sa main et de l’abattre avec plusieurs tirs de blaster. À ses côtés, Fett avait lui aussi dégainé son arme et se combattait, souvent à la main, contre les différents mercenaires qui s’empressaient de protéger Jabba. Sans se préoccuper de ce dernier, Orn se releva aussi vite qu’il le put et prit sa dague en main. Dans une telle proximité, les blasters n’étaient pas d’une grande efficacité. Tout en activant la dague, dont la lame se mit à briller d’un rouge inquiétant, le chasseur repoussa un mercenaire en le frappant avec son blaster, puis l’acheva d’un coup de poignard bien avisé. Dans la panique qui habitait la foule, il était difficile de s’y repérer, réduisant le Twi’lek à devoir tuer les mercenaires qui l’agressaient à l’aveugle. Beaucoup d’invités d’honneur du Hutt, qui ne savaient pas se battre, se précipitaient vers la sortie de la salle, sans pouvoir autant quitter la barge.

Ainsi, Orn se retrouvait poussé de droite à gauche, se faisant à chaque fois surprendre lorsqu’un mercenaire l’attaquait. Quelqu’un l’agressa par l’arrière, plaçant un long bâton métallique sur la gorge du Twi’lek pour tenter de l’étouffer. Ce dernier, ravalant un juron, frappa le mercenaire à l’aveugle d’un violent geste de la tête, utilisant son casque pour l’assommer. Réussissant sa manœuvre qui le sonna quelque peu, Orn tua le mercenaire, avant d’être frappé par la gauche, avec une force considérable. Manquant de tomber sous le coup, il tendit la main devant lui pour se rattraper, n’entendant qu’un long sifflement dans ses oreilles. Momentanément assommé, le chasseur tourna la tête lentement et recula maladroitement lorsqu’il vit son adversaire se préparer à une nouvelle attaque. Trop sonné pour se défendre, il sentit néanmoins du sang s’échapper de sa bouche, chose qui le ramena quelque peu à la réalité. Ce n’était cependant pas assez rapide pour lui permettre de recouvrir sa capacité à se défendre, mais alors il leva les bras pour protéger sa tête, un éclair vert fit son apparition et entra en collision avec son agresseur, qui tomba immédiatement sous le coup du choc. Le Mandalorien l’abattit avec trois tirs de blaster, avant de se précipiter vers son compagnon, dont l’ouïe revenait doucement. Fett plaça une main derrière la tête du Twi’lek, le regardant avec inquiétude.

"Orn, est-ce que ça va ?" souffla-t-il.

L’entendant faiblement, le concerné agita la tête, s’arrachant une grimace de douleur à ce mouvement trop brusque. Ravalant sa peine, il se força tout de même à empoigner ses armes avec plus d’assurance, avant de se retourner, prêt à se battre et attendant un nouvel agresseur. Cependant, aucun mercenaire ne vint les provoquer en duel. Tous étaient soit morts par leurs soins, soit tentaient vainement d'affronter les Rebelles au-dessus du Sarlaac. L’endroit dans lequel il se trouvait était quasiment vide, et la majorité des invités avaient fui vers une autre salle dans la barge. Dehors, on entendait un sabre-laser fendre l’air à tout va et déjoué les tirs ennemis. À l’intérieur, cependant, il n’y avait presque plus de bruit, plus de cri, ou alors ils étaient lointains, dans une autre pièce, à l’autre bout du grand vaisseau. Pourtant, Jabba était toujours là, avec Leia qui se tenait droite et fière à côté de lui, victorieuse malgré les chaînes qui la retenaient captive. Elle semblait avoir combattu, elle aussi, car le silence était brisé par ses respirations rapides, empreintes d’une peur dont elle s’était débarrassée.

Ce n’est qu’après quelques secondes que les deux chasseurs comprirent que le Hutt gisait à ses côtés sans vie, étouffé par la chaîne qu’il avait utilisée pour réduire la princesse en esclavage. Cette dernière esquissait un faible sourire à leur intention, consciente qu’ils avaient trahi Jabba et l’avaient protégée. Ils restèrent à se dévisager dans leur victoire respective pendant quelque temps, ne sachant que dire à cet ennemi devenu ami. Orn voulait s’excuser pour tout ce que la jeune Rebelle avait subi par sa faute, il voulait lui dire qu’il n’avait jamais réussi à capturer son père, et donc que ce dernier n’avait pas souffert avant de mourir avec sa planète entière. Il désirait lui expliquer que l’Empire lui avait menti, que s’il avait eu connaissance de la vérité avant, alors jamais il n’aurait fait toutes ces horreurs envers les Rebelles. Étrangement, le Twi’lek pensait aussi à Nasha. Il imaginait sans peine le sourire que son amie aurait eu sur ses lèvres si elle avait été là. Nul doute qu’elle aurait participé au combat, elle aussi, et qu’elle se serait précipitée pour aider la princesse Rebelle.

"Bien, messieurs, je vous remercie de votre aide, mais nous devons partir maintenant," lança Leia d’un ton agréable mais inquisiteur.

Guidant les deux chasseurs, qui lui obéirent sans trop savoir pourquoi, la jeune Rebelle se précipita sur la grande terrasse du Khetanna. Ignorant la violente vague de chaleur qui les agressait et les ralentissait, Orn jeta un regard vers la Grande Fosse de Carkoon. Les combats entre les quatre Rebelles et les mercenaires de Jabba, ignorant tout de la mort de ce dernier, faisaient toujours rage. S’approchant du bord pour trouver la meilleure sortie directe, le chasseur abandonna la princesse déchue, qui semblait très bien savoir quoi faire, puisqu’elle se dirigeait vers l’énorme canon de la grande barge, suffisamment puissant pour annihiler un vaisseau entier. Le Twi’lek remarqua rapidement, en se penchant par-dessus bord, une des petites barges qui se trouvait tout près de lui. Décidant de taire ses peurs et ses désirs de précautions, il sauta sans prévenir, et atterrit lourdement sur cette dernière. Les mercenaires autour ne réagirent pas à sa venue, pensant que le chasseur était ici pour les assister dans leur combat. Heureusement pour Orn, l’unique Rebelle présent dans cette barge était Lando, qui savait désormais son salut venu. Continuant à se battre avec une vigueur nouvelle, Calrissian esquissa un sourire quand le Twi’lek prit son blaster et, de deux coups de feu rapide, élimina les mercenaires qui étaient sur lui. S’emparant des commandes du petit vaisseau, Lando les rapprocha de la barge où Chewbacca protégeait tant bien que mal un Han Solo aveugle et désœuvré.

Mais avant que le Twi’lek puisse sauter sur l’autre vaisseau pour les aider, il entendit le vrombissement singulier du jetpack de son compagnon, qui se posa sur la barge pour jeter un mercenaire ennemi dans le Sarlaac. Ce dernier tomba en poussant cri, avant de se taire à jamais lorsque la bouche de l’immense créature se referma sur lui. Rejoignant son Mandalorien sur la barge, Orn repoussa un adversaire avec son poignard vers le Wookie, qui, dans un hurlement propre à son espèce, s’empara de ce mercenaire pour le jeter, lui aussi, dans le Sarlaac. Se combattant maintenant aux côtés de Chewbacca pour couvrir Solo, qui ne faisait que poser des questions sans comprendre ce qui se passait autour de lui, le Twi’lek se retrouva en face à face contre un géant à la force inhumaine, qui le força à se rapprocher dangereusement du bord. Ravalant sa peur, Orn s’apprêta à lui tirer dessus quand soudain, Chewbacca tituba et lui fit perdre à son tour l’équilibre, et il tomba de la barge.

Tout se passa si vite que le chasseur ne réussit pas à comprendre dans l’immédiat qu’il s’était accroché au bord du vaisseau avec une seule main, ayant laissé tomber son blaster pour se rattraper. Coincé comme il était, Orn se força à regarder derrière lui, et une panique s’empara de lui lorsqu’il réalisa que le Sarlaac l’avait détecté. Tentant vainement de remonter sur la barge, le Twi’lek se retint de crier quand la bête affamée, à l’aide d’un de ses appendices, se saisit de sa jambe droite. N’osant pas bouger de peur de tomber encore plus rapidement, il sentait la poigne de la créature s’affirmer et le tenir avec force. Orn n’eut d’autre choix que de laisser prise quand le Sarlaac tira sa jambe d’un coup sec, faisant tomber sa victime dans le sable avec une violence qui lui coupa le souffle à l’impact. Paniqué, le chasseur tenta de trouver une prise à laquelle s’accrocher, pour se retenir de glisser, d’une lenteur horrifiante et douloureuse, vers la gueule de la bête qui le maintenait prisonnier. Mais trouver une prise solide dans le sable était impossible. Les grains lui filaient entre les doigts, agrandissant son désespoir à chaque fois qu’un filet de sable se dérobait sous ses mains terrifiées. Il savait qu’il pouvait se retourner pour se mettre sur le dos, et prendre pour cible l’appendice qui le maintenait en danger, mais s’il faisait cela, il risquait d’accélérer sa chute inexorable.

Combattant la terreur qui enserrait son cœur et ses mouvements, le Twi’lek lâcha un grand râle de détermination, avant de tenter à nouveau de gravir la pente, en vain à nouveau. Il s’épuisait à refaire incessamment ce manège qui vidait ses bras de leur énergie. À bout de forces, prêt à abandonner, Orn tenta une dernière fois d’arrêter sa chute, avant que surgisse, venu du ciel, Fett. Utilisant son jetpack pour se maintenir juste en haut du sable, il tira sur l’appendice du Sarlaac, qui lâcha prise immédiatement dans un cri de douleur. La soudaine libération fit perdre à Orn toute sa prise incertaine, et il glissa de quelques dangereux mètres, avant que ses bras ne soient empoignés avec hâte par son collègue, qui, avec une certaine difficulté, ramena le Twi’lek en sécurité sur une des barges. Encore trop essoufflé par l’effort, le chasseur ne le remercia pas immédiatement. Il se força à respirer doucement, et s’assit lourdement avant de tousser et d’agiter une main, qui avait souffert de ses gestes désespérés répétés. Le Mandalorien l’observait avec attention, rassuré de le savoir maintenant en sécurité, bien qu’il vît que la jambe droite du chasseur le faisait souffrir.

"Plus… Plus jamais je saute sur une barge," réussit à articuler Orn, faisant rire son compagnon.

"C’est fini, Orn. Tes amis Rebelles ont repoussé les mercenaires, et la princesse s’occupe de détruire le Khetanna, si j’ai bien compris. Tu devrais aller les rejoindre," dit le Mandalorien simplement.

Ces nouvelles firent lâcher un soupir de soulagement au Twi’lek, qui avait compris tout de même que son compagnon ne viendrait pas avec lui pour rejoindre la Rébellion. Même si cela ne le surprenait pas, il ressentait tout de même un pincement au cœur à l’idée de se séparer, pour une durée indéterminée, de son compagnon. Fett restait, plus que le Twi’lek, un chasseur de primes, et pour lui, le climat instauré par l’Empire était propice aux bonnes affaires. De plus, il ne voulait pas se mêler à tout cela. Son père l’avait fait et en avait payé de sa vie; il ne ferait pas la même erreur en s’impliquant dans une cause plus grande que tout et dont il ne connaissait même pas l’étendue des enjeux. Il préférait rester de son côté, sans s’attirer d’ennui ni se frotter à l’Empire. Il ne voulait rien à voir avec les Jedi ou les Seigneurs Siths. Il se contentait de traverser la Galaxie comme bon lui semblait, n’obéissant qu’à lui-même et en étant payé pour quelques chasses. Il ne voulait pas s’engager dans une guerre ou un combat comme celui de la Rébellion.

Cela, Orn le savait, et le comprenait. Il hocha la tête avec tendresse avant de se lever, sursautant lorsque Leia utilisa le canon de la grande barge pour la détruire. Plusieurs explosions consécutives se propagèrent à la base du Khetanna, qui se baissa de plus en plus, jusqu’à tomber dans un vacarme assourdissant. La vue qu’il avait de l’épave fut perturbée par le Mandalorien, qui se leva à son tour. Les deux chasseurs se dévisagèrent silencieusement, se promettant tacitement de se revoir, puis Orn se retourna et commença à se diriger vers l’autre barge, où se trouvaient les cinq Rebelles victorieux. Il s’arrêta néanmoins lorsque Fett se racla la gorge, croisant les bras d’un air impatient. Un sourire aux lèvres, le Twi’lek le regarda avec amusement, attendant que le Mandalorien ne s’exprime.

"Essaie de ne pas te faire tuer par les Rebelles," dit-il d’un ton léger.

Lâchant un grand rire, le chasseur secoua la tête. Il lui tourna le dos, puis sauta sur l'autre barge, rejoignant le groupe de dissidents.

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SinnaraAstaroth
Posté le 21/05/2024
C’est le moment « j’étale ma science » : savais-tu qu’il existe un insecte très similaire au Sarlaac (qui semble d’ailleurs avoir inspiré cette créature, même si y a aussi un côté plante carnivore aussi et vers de sables dans Dunes), la larve de fourmilion (qui évolue ensuite en sorte de libellule), qu’on trouve notamment en Australie, et qui fait des entonnoirs dans le sable pour y piéger les fourmis qui tombent dedans et ne peuvent pas remonter après quoi il les chope avec ses pinces, leur injecte un poison pour qu’elles liquéfient et les manger ? Voilà. Fin du point culture. xD

« Condamner quelqu’un à être dévoré par cette créature, c’était condamner quelqu’un à vivre d’innommables souffrances, qui duraient des année » : en vrai tu dois mourir de soif au bout de 3-4 jours. x)

Pauvre Leia quand même, combien de fois elle va devoir regarder Han Solo frôler la mort ?

Luke qui se tape un petit délire de saltimbanque. x)

En vrai ça aurait été mieux s’il avait pu capturer son père avant que la planète soit détruite, quitte à souffrir un peu, et donc lui sauver la vie et lui permettre d’être réuni avec sa fille. x)

Enfin, on en a fini avec Boba Fett ! Allez zou, du balais !
Et enfin Orn rejoint la Rébellion, il était temps !
Solaq G.
Posté le 21/05/2024
Je réponds à tes commentaires sans ordre précis, mais ignorons cela ahah
Alors, je savais pas du tout pour l'insecte, et j'adore ce fait, vraiment. Ca me surprend même pas qu'il y ait un côté Dune ahah, Lucas s'en est inspiré pour Star Wars ! Mais clairement, c'est mon insecte préféré maintenant ahah
Pour le coup, j'avais même pas pensé à l'aspect déshydratation, mais bien vu ! Finalement, c'est pas si horrible ahah

Je vais te rassurer ahah, Fett revient dans très longtemps ahah, profite !
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