Chapitre 32 : Intrusion

    Après une demi heure d'attente, je vois enfin Illiam arriver. Je lui lance un regard assassin.

- Désolé princesse, j'avais oublié l'heure du rendez-vous.

- T'es pas croyable !

Je lui fais signe de me suivre discrètement. Nous mettons un certain temps à trouver la chambre de monsieur et madame Ru. Bon sang ! Cette maison est beaucoup trop grande !! Mais voilà que nous arrivons devant une porte surmontée d'une pancarte "toquer avant d'entrer". Cette indication aiguise ma curiosité. Car après tout, quand on a rien à cacher, on a pas besoin de préciser qu'il faut toquer avant d'entrer. Je me tourne vers Illiam. Mon ami s'avance et se penche sur la serrure. Il y insère une tige de fer et commence à trifouiller le mécanisme. Je pensais que ça irait vite, comme lorsqu'on s'est introduits dans la chambre de Coyne. Mais je me suis trompée.

- Bon !C'est pour aujourd'hui où c'est pour demain que tu l'ouvres cette porte ?! je m'exclame, m'énervant silencieusement.

- Je n'y arrive pas.

- Illiam, ce n'est pas le moment de déconner !

- Je te dis que je n'y arrive pas ! Ils ont fait quelque chose à la serrure, je ne peux pas la forcer !

Mince. Qu'est-ce qu'on est censé faire ? Il faut dire qu'on a élaboré le plan aujourd'hui même... Il ne fallait pas s'attendre à ce qu'il fonctionne comme sur des roulettes... Ce n'est pas digne des meilleurs élèves de première année de la Jack the ripper school... J'avise la fenêtre qui se trouve au fond du couloir. Je me dirige vers elle et je l'ouvre.

- Tu fais quoi ? Tu ne vas pas te suicider parce qu'on a pas réussi quand même ?! s'exclame Illiam derrière moi.

- Tais-toi. Je m'assure de quelque chose.

    Re-mince. Il n'y a pas de prise sur le mur qui nous permettrait d'accéder à la fenêtre de la chambre. Je détèste les maisons modernes. Je lève la tête. Comme je le pensais, il y a un long balcon au dessus. Une idée germe dans mon esprit... Ce n'est pas l'idéal et la plus qualifiée pour accomplir ce que je viens de penser serait Erica mais Erica dort et, pour l'instant, je n'ai pas d'autre solution. Je pose mon regard sur mon compagnon.

- Tu n'aurais pas une corde par hasard ?

- Non.

- Tant pis... Illiam, vas dans ta chambre, prends tous tes draps. Ensuite, tu vas dans la mienne et tu fais pareil. Après tu reviens. Je t'attends ici.

Il semble interloqué mais s'en va quand même. Il revient quelques minutes plus tard avec une grosse boule de draps dans les mains.

- Tu veux faire une corde avec ? A quoi ça va te servir ?

- A l'étage d'au dessus, il y a un balcon. Un balcon qui passe au dessus de la chambre des parents de Curtis. On va fabriquer une corde et en accrocher les deux bouts au balcon. Ça fera une sorte de "hamac" auquel on pourra s'accrocher pour passer par la fenêtre et entrer dans la chambre.

- T'es complètement folle ! On va tomber ! On ne peut pas faire ça !

- On l'a déjà fait ! Quand on était avec le gang de Pawel Kruck !

- Nos vies étaient déjà en danger ! On avait rien à perdre ! Et on avait Erica pour nous donner des conseils ! C'est la meilleure en accrobaties !

- Du courage Illiam ! Peut-être que nos vies seront en danger si on ne découvre pas ce que cache M. Ru !

Il soupire et s'empare de deux bouts de drap avant de les nouer ensemble. Je rectifie son noeud de manière à le rendre plus solide et je me mets à la tâche à mon tour. Ça nous a pris une dizaine de minutes mais on va peut-être pouvoir entrer. Nous nous rendons à l'étage d'au dessus, sur le balcon, et nous y nouons la corde de fortune de sorte à ce qu'elle passe au dessus de la chambre. Je récapitule le plan que nous avons monté en toute urgence.

- Ok. J'y vais en première. Si la fenêtre est fermée, c'est qu'on aura vraiment pas de chance. Dans ce cas là, je reviens et je te laisse l'ouvrir. Si elle est ouverte, il n'y aura pas de problème et nous pourrons entrer.

    Sur ces mots, je me lance sur la corde en position du paresseux. Je prends de longues inspirations pour éviter de perdre mon calme. J'entends quelques craquements. Je ne peux m'empêcher de me dire que si un seul noeud lâche, je pourrais mourir. Non. Arrête de te dire ça. Je secoue la tête et continue mon cheminement. J'arrive enfin devant la fenêtre. Dieu merci, elle est ouverte. Je pousse un cri de joie silencieux et j'adresse un signe à Illiam pour lui dire qu'il peut emprunter la corde à son tour. Il arrive dans la chambre. Il fait sombre, mais nos yeux se sont déjà habitués à cette pénombre. Alors nous sommes inquiets de découvrir l'arsenal que M. Ru détient dans une pièce qui jouxte sa chambre. En effet, les murs de cette pièce, son "bureau", son recouverts de diverses armes allant du simple couteau à l'artillerie l'ourde en passant par les poisons mortels et les insectes et araignées venimeuses. J'ai la lugubre impression de me trouver dans une manufacture de la mort.

- Qu'est-ce qu'il peut bien faire avec autant d'armes à portée de main ?! demande mon camarade.

- Je ne sais pas. Pas un honnête métier en tout cas. Fouillons pour en découvrir plus.

Ignorant toutes les armes, ou presque, nous nous mettons au travail. Nous retournons le bureau de fond en comble et finissons par trouver ce que nous cherchons. Dans le double fond d'un placard, caché sous une pile de carnets, un classeur. Un classeur rempli de lettres. En jettant un oeil rapides aux missives, nous nous rendons compte que ce sont des demandes d'assassinat.

- M. Ru est un mercenaire... je murmure.

- Et pas n'importe lequel, c'est un mercenaire au service des perce-ombres ! Regarde ça !

Il me tend une lettre. Elle est assez courte.

 "De : Aigle noir

 A: Traître

Impossible de passer par le réseau téléphonique : surveillé. Ordre de mission. De la part du conseil de la GUDA : Tuer Richard Wullman. Homme d'affaire influent. A des contacts et des espions. Personne problématique.A accomplir dans les plus brefs délais."

- Merde !

Je ne peux retenir le juron. Je me retourne brusquement vers mon ami assassin.

- Tu as lu ?! L'odre de mission provient du conseil de la guilde unifiée des assassins ! Mais alors...

- Le conseil travaille avec les perce-ombres. termine Illiam.

- C'est impossible ! Ils font tout pour les arrêter !

- Ce n'est pas impossible. Le conseil de la guilde est très mystérieux. On ne sait pas beaucoup de choses sur leurs activités.

- Qu'est-ce qu'on fait maintenant ?! je demande dans un souffle.

- On attend. Ici, on ne peut rien faire, on est pas à notre avantage. A l'école, il y aura plus d'alliés.

- Et pour M. Ru ?

- On ne peut rien faire sans paraître suspects. On a plus qu'à attendre et voir ce qu'il se passe...