Chapitre 33 - Fin de journée épuisante

Remise de mes émotions, j’étais prête à accueillir Arthur qui arriva pile à l’heure. C’était un homme plutôt beau, dont l’allure sportive et une bouille pouponne masquaient considérablement les trente-sept ans annoncés. Il devait approcher le mètre quatre-vingt-dix car à quelques cheveux près, nous étions à la même hauteur, malgré mes escarpins. Il était blond foncé et avait les yeux bleus-gris.

 

-Bonjour Lola.

-Bonjour Arthur, vous connaissez bien le salon, je crois, donc entrez, je ne vous fais pas la visite.

-Oui, oui, mais en général je suis reçu par une fille plus brune et moins grande.

-Ça va je ne suis pas trop grande et pas trop blonde ?

-Vous êtes parfaite.

-Rien que ça ! Vous restez trente minutes, c’est bien ça ?

-Oui, pour un premier rendez-vous, c’est bien, même si j’ai l’air de me contredire après avoir réclamé un body…

-Ce sera pour une autre fois. Vous souhaitez que je sois en quelle tenue ?

-Seins nus, c’est possible ?

-Bien sûr.

-Même tarif qu’Alessia ?

-Quatre-vingts euros, oui.

-Tenez.

 

-Merci, vous voulez prendre une douche ?

-Oui, j’y vais.

-A tout de suite.

 

Arthur était cordial et sympathique. Je sentais toutefois une gêne, venant aussi bien de moi que de lui. Elle provenait à n’en pas douter de l’imbroglio à propos du forum. Quand il ressortit, j’avais déjà tombé le soutif et l’attendais avec mon string noir, toujours juchée sur mes talons.

 

-La vision est très agréable.

-Là aussi vous allez devoir changer vos habitudes.

 

Il s’installa sur la table. Je débutai le massage.

 

-Amateur de fortes poitrines ?

-Ça ne vous vexe pas si je vous réponds que oui ?

-Absolument pas. J’aime bien la mienne. Elle n’est pas du tout un sujet de complexe chez moi. J’admets tout à fait qu’Alessia puisse être plus attirante, pour les hommes dont c’est le goût.

-C’est important de ne pas être complexée. C’est une perte de temps et d’énergie, les complexes. Et puis sincèrement, peu importe le bonnet de votre soutien-gorge. Si une fille comme vous étiez complexée, toutes les femmes devraient l’être.

-Mais c’est un compliment, ça !

-Et vraiment sincère. Vos seins ne sont pas si petits, et ils sont mignons comme tout.

-Bien dit !

-Je voulais encore m’excuser pour cette histoire de forum… J’ai essayé d’obtenir un body alors que vous ne le souhaitiez pas pour un premier rendez-vous, ce que je ne discute absolument pas, maintenant que j’y pense. Faire allusion au forum était assez cavalier.

-Excuses acceptées. Mais alors, parlez-m’en un peu. Vous y allez depuis quand ? Vous avez déjà écrit ? Sur Alessia ?

-Alessia aussi ignorait son existence ?

-D’après ce qu’elle m’a dit, elle savait qu’il existait, mais n’était jamais allée voir. Sauf l’autre jour où nous y sommes allées à deux.

-Je l’ai connu par hasard, il y a deux ou trois ans. De façon très pragmatique, je me suis vite rendu-compte de son utilité en tant que client.

-Vous êtes donc un client régulier des salons de massage, voire des escorts ?

-J’avoue, oui. Je ne suis pas accro, mais je m’autorise une petite sortie de ce style par mois.

-Ah oui, quand même.

-Je suis divorcé depuis trois ans et n’ai pas de relation fixe depuis.

-Vous n’avez pas à vous justifier, je ne vous jugeais pas.

-C’est vrai… En tout cas après quelques mauvaises expériences, je me suis rendu compte en tombant là-dessus qu’avoir des avis d’autres clients me permettait de limiter les risques.

-Quel genre de mauvaises expériences ?

-Plutôt avec des escorts. Des filles très différentes des photos mises en ligne, ou alors qui mentaient sur leur âge, ou qui finalement ne faisaient pas les pratiques annoncées. En allant lire après coup leurs évals, j’ai vu que je n’étais pas le premier à tomber dans le panneau, et que j’aurais pu éviter ces déceptions si j’avais connu le forum plus tôt.

-Je vois.

-Donc je me suis habitué à chercher des évals, quand je découvrais une nouvelle annonce. C’est devenu mécanique.

-Mais tout ce qu’on y lit est crédible ?

-Bien sûr que non. Il faut dégager une tendance. Si une fille n’a que deux ou trois évals, il est évident qu’on ne peut pas en tenir compte. Mais pour une fille comme Alessia, qui a trois pages complètes dont quatre-vingt-quinze pourcents d’évals positives, c’est assez clair.

-Quels sont les cinq pourcents restants ?

-Vous n’avez pas lu sa page ? La vôtre ?

-J’ai lu la mienne, et on a juste lu le début de celle d’Alessia, en diagonale, jusqu’à une première éval insultante dont elle a reconnu l’auteur, puis on a arrêté.

-Oui, ses évals négatives sont dues à des gens frustrés de ne pas avoir obtenu « un peu plus » alors qu’on ne peut vraiment pas reprocher à Alessia, ni à vous d’ailleurs, d’être ambigües sur ce que vous proposez ou non.

-C’est bien le souci du forum, non ? On peut y affirmer tout et n’importe quoi dans le seul but de nuire.

-L’inverse est vrai aussi, vous savez. Il y a des filles qui se créent de faux profils pour rédiger des évals positives et se faire de la pub. Il y en a même qui demandent à leurs clients de mettre de bonnes évals et en retour proposent une réduction sur leur tarif !

-Sans déconner ?

-Si, si, je vous assure.

-Et vous, alors, vous lisez seulement, ou vous rédigez ?

-Il m’est arrivé d’écrire quelques lignes.

-Pour dire du bien, ou pour alerter ?

-Les deux.

-Et vous avez écrit sur Alessia ?

-Oui. Mais ça doit être sur la deuxième page de son fil. Vous n’êtes pas allées assez loin.

-C’était positif, j’imagine ?

-Très positif, oui. Mais ça tombait dans un ensemble élogieux. Les deux billets assassins à son sujet n’ont aucune crédibilité.

-Bien, bien.

-Je vous sens circonspecte.

-Je ne sais pas quoi penser de ça. La version pragmatique, comme vous le dites si bien, je la comprends évidemment. Il n’en reste pas moins qu’il s’agit de noter, de juger, d’évaluer des êtres humains, et ça me met mal à l’aise. Je sais que c’est très à la mode, et que les réseaux sociaux permettent à tout le monde de donner son avis sur tout et n’importe quoi…

-Vous avez des réserves.

-Non, pas des réserves. Ça ne sert à rien de s’énerver dans le vide contre une évolution inéluctable. Sans internet, j’aurais du mal à trouver des clients pour mon activité de masseuse, donc je ne crache pas dans la soupe. Mais quand même, être livrée en pâture ainsi quasiment en public, je ne peux pas dire que je sois fan du concept. Et puis d’ailleurs, tous les abus sont permis, non, en termes d’atteinte au droit à la discrétion ?

-Les modérateurs veillent.

-De quelle manière ?

-Ils sont en tout cas intransigeants quand quelqu’un livre une information trop précise, comme une adresse, un numéro de téléphone… ou toute information confidentielle qui ne figure pas sur l’annonce de la fille.

-Et donc dans ce cas, ils effacent ?

-Oui. De même que les faux profils, les évals mensongères, soit positives, soit négatives.

-C’est déjà ça.

-J’hésite à vous dire que si je devais faire une éval sur votre fil, elle serait dithyrambique… j’ai l’impression que ça ne vous ferait même pas plaisir.

 

Nous avions en effet pas mal avancé dans le massage et, prise dans la discussion, j’avais fait mon quart d’heure « sur le ventre » de façon un peu mécanique. Y compris les premiers gestes sensuels. Il était déjà temps de faire se retourner Arthur. Quand il fut installé sur le ventre, je compris sa dernière remarque. Bien que réalisées à l’aveugle et en pensant à autre chose, mes caresses avaient dressé son anatomie.

 

-Vous savez, je crois que je ne vais tout simplement plus aller voir. Traiter ça pas l’indifférence. Je ne peux pas grand-chose sur ce qu’on y écrit. A part faire correctement mes massages, et ça, je suis assez grande et assez honnête pour savoir moi-même si c’est le cas ou non.

-Lola, vous avez du caractère.

-Vous êtes sûr que c’est mon caractère qui fait ça, lui demandai-je en exécutant une petite pichenette sur la hampe érigée.

-Pas uniquement, mais ça y contribue quand même, je vous assure. Sinon j’adore votre façon de masser, d’être attentive aux réactions, d’assumer l’effet que vous produisez, et d’en jouer. Vous semblez aimer ce que vous faites, ça se voit.

-Ça aussi ça se voit que c’est dur, dis-je la main sur son sexe, en déviant la conversation avec un sens de la transition un peu laborieux.

-Mmm Lola, je vais commencer à avoir du mal à parler.

-Alors ne parlez-plus, Arthur.

 

Il leva une main en direction de mes seins.

 

-Je peux me permettre ?

-Oui, oui, allez-y.

 

Je n’en étais pas vraiment à la finition, mais j’avais perdu le fil de l’ordre habituel des choses. Je finis par tout mélanger, improvisant une réorchestration, commençant la finition pour ensuite laisser le pénis se reposer en allant masser la tête, avec la fameuse bascule de mes seins par-dessus le visage, pour enfin reprendre la finition… Occupé par sa délicieuse passivité, tout en s’affairant sur mes seins dont la petite taille n’avait en effet pas l’air de le déranger le moins du monde, Arthur ne s’aperçut pas que je pataugeais dans ma séance. Le fait de diviser la finition en deux sembla même lui plaire. Il avait eu la bande-annonce du film, avant le film lui-même ! Ce dernier, en projection très privée, le laissa haletant, les mains vissées à mes seins qui furent la seule partie de mon corps qu’il caressât. Pour une fois, j’avais envie de parler au moment interdit aux moins de dix-huit ans. 

 

-Vous les aimez, mes seins, dites donc.

-Oui, les seins des femmes, c’est un peu obsessionnel, chez moiaaaaaaa, Lolaaaaaaaa.

-Même les petits, finalement.

-Mmmh oui… mais les vôtres…. ooh Lola…. mmmmh… sont si mignons…..

-Parlez-moi… parlez-moi de mes seins…

 

La vraie finition battait son plein. Mes doigts huilés glissaient, contournaient, effleuraient, caressaient et enveloppaient chaque parcelle du phallus, pressant ici, relâchant là, étirant intensément puis pétrissant maternellement.

 

-J’aime …

-Oui Arthur ?

-J’aime les seins des femmes…

 

Il tournait autour de mon téton droit d’une main, alors que l’autre caressait voluptueusement le gauche. Dans cette position, il donnait l’impression de régler la température de deux robinets dépourvus de mitigeur.

 

-Ils sont… tellement… doux !

-Ah oui ?

-Mmmm Lola, je ne tiens plus…

-Mais ne tenez pas, Arthur… laissez-vous faire, ne résistez pas…

-Et tellement fermes…

-Caressez-les encore. Vous allez jouir en les caressant.

-Mmmh ouiiiii

 

Une dernière pression du gland entre mon pouce et mon index rendit ma dernière phrase prémonitoire. Le phallus expulsa sur mes mains une belle giclée nacrée alors qu’Arthur crispait ses doigts, mais sans me faire mal, exprimant à chacun de mes seins toute la fascination que cette partie du corps féminin lui inspirait.

Il eut du mal à les abandonner. L’éjaculation achevée, il continua de caresser ma poitrine avec douceur et respect. Je le laissai faire, un peu intriguée que ces attouchements continuassent là où les autres hommes se recentrent sur eux-mêmes. Son sperme coulait entre mes mains et sur son ventre, mais je ne bougeai pas, attendant que ces quelques secondes solaires et inattendues, ne cessent qu’à son initiative. Il finit par sortir de sa transe comme on se réveille d’un coma.

 

-Oh pardon Lola, j’étais parti ailleurs.

-Mais ce n’est pas grave, c’était agréable.

-Ah bon ?

-Oui, agréable de vous voir aussi bien.

-Vous m’avez parlé de vos seins, ça m’a fait énormément d’effet, surtout à ce moment-là.

-Et du coup vous ne les avez plus lâchés.

-Je vous les rends !

-C’est très aimable à vous, j’y tiens !

 

Je pus aller me laver les mains et remettre ma tenue, puis laissai Arthur se doucher. Il se rhabilla en fixant mon chemisier blanc.

 

-Ils vous manquent déjà ?

-Oh c’est agaçant, je ne m’en rends même pas compte… je ne sais pas ce qui s’est passé ! Je suis parfois un peu fétichiste avec les jolies poitrines… là vous m’avez vraiment touché.

-Si on m’avait dit que mon 85B pourrait faire un tel effet …

-Ah, c’est 85B ?

-Voilà, j’ai vu qu’il y avait débat sur mon fil, au sujet de leur taille. Vous pourrez achever la discussion.

-Je vais garder l’information pour moi, plutôt.

 

Ses souliers lacés, il se releva et me fit la bise.

 

-Lola, c’était une rencontre exceptionnelle.

-J’en suis ravie.

-Je reviendrai.

-A ce sujet, notre annonce va disparaître pour être remplacée par un site, dans quelques semaines. Donc gardez nos numéros en mémoire, ou alors soyez attentif au sms que nous enverrons pour vous donner l’adresse du site quand il sera ouvert.

-Vous pourriez utiliser…

 

Il ne termina pas sa phrase.

 

-Oui, évidemment, nous pourrions utilise le forum. Mais non.

-Vous êtes entières et droites, Alessia et vous. J’aime décidément ça. Je vais mettre vos deux numéros en mémoire.

-Super ! Alors à bientôt Arthur.

-Au revoir Lola.

 

Je commençais à ressentir la fatigue. Il était 15h50, j’étais au salon depuis maintenant quatre heures et avais massé pendant 2h45 cumulées. J’avais mal aux pieds. Marcher en talons aiguilles est une chose, piétiner en est une autre. J’enlevai mes escarpins et restai pieds nus en attendant Fabien, un autre client de Mélanie, pour une nouvelle heure complète.

Quand il entra dans le salon, je me rendis compte que cinq massages représentaient vraiment la limite du supportable. Je ne pouvais plus prétendre avoir la même fraîcheur que lors du premier. Je me promis de faire le maximum pour que Fabien ne s’en aperçoive pas, et décidai que j’appuierais davantage le côté sensuel et relaxant que l’aspect dynamique. Je préférai rester pieds nus, mes doigts de pieds endoloris confortablement posés sur le tapis rouge moelleux.

Fabien n’était pas bavard et je dois dire que cela m’arrangea. Je me concentrai donc pendant une heure sur une nouvelle répétition du protocole élargi à soixante minutes.

Fabien m’avait demandé de le masser en petite tenue. J’étais dans mon ensemble noir, soutien-gorge et string. Le massage fut aussi doux que j’étais fatiguée, et Fabien apprécia. Il arrive que les coïncidences s’emboitent avantageusement. Je fis durer la finition, cajolant le pénis court mais très dur, tout le temps nécessaire pour que l’excitation monte progressivement, et que Fabien en sente le franchissement de chaque palier, de façon quasiment continue. Bizarrement, au moment suprême, ce sont mes cheveux que Fabien caressa. Loin de l’émerveillement d’Arthur devant mes seins, il semblait attiré par ces gestes tendres, enroulant des boucles blondes autour de ses doigts, jouant avec la queue de cheval dans mon dos, respirant même leur odeur. C’est ainsi qu’il jouît le nez dans ma tignasse.

La séance avait eu son charme, et je l’avais appréciée. Elle terminait avec tendresse un après-midi bien rempli, qui avait eu son lot de surprises, d’étonnements, d’amusements, de colère, d’échanges et de douceur.

 

Enfin seule, à 17 heures passées, je pris une douche fraîche pour me dynamiser, me rhabillai, heureuse de retrouver mes ballerines, et pris mon tram. Je fis quelques courses et arrivai à mon studio à 18h15, littéralement épuisée, mais riche de quatre-cent soixante-dix euros supplémentaires ! Cela me donnait le vertige. Je m’assis et fis les comptes. J’avais vu les billets rentrer dans mon tiroir, et beaucoup en sortir également. Mais les chiffres tombèrent et ils me laissèrent coi. J’avais gagné, en exactement un mois de pratique… deux-mille trois-cent soixante-dix euros. Cela me fit presque peur. Je n’étais pas habituée à l’argent. Mes parents faisaient partie de la classe moyenne. Ils possédaient une jolie maison, avec une piscine, dont l’éloignement de la ville avait été la condition sine qua none pour qu’ils pussent l’acheter alors que j’étais encore dans mes langes. Mais ils n’étaient pas riches, et cette maison avait été leur seule folie, dont ils remboursaient encore les traites. Une telle somme entre mes mains en si peu de temps, et surtout en si peu d’heures effectives travaillées, c’était peut-être l’équivalent de six mois de cours particuliers et séances de baby-sitting à raison d’au moins cinq par semaine ! Et aucun job d’été, que j’avais assidument pratiqués depuis mes seize ans jusqu’à l’été dernier, ne m’avait jamais rapporté un tel salaire. Ce qui me frappa également, fut l’ampleur de mes dépenses. J’avais été bonne gestionnaire puisque le solde était hautement positif. Encore heureux, vu les recettes enregistrées ! Mais quand même… Dépenser mille quarante euros en un mois… Je me rendis compte à quel point les envies, les désirs de "choses à mettre, à vendre, à soumettre" viennent vite, et spontanément, quand on sait pertinemment qu’ils sont devenus réalisables. Je repris la liste pour me forcer à y croire : une jupe, un top noir, des collants opaques, une paire de bottines, mon portable pro, le loyer du local et quelques achats pour celui-ci, un cache-cœur et des escarpins pour Charlotte, le restaurant avec elle, la robe de soirée et les escarpins pour moi, le rouge à lèvres et le vernis Chanel… le compte y était : mille quarante. Et donc plus de mille trois-cents euros de solde, ce qui me permettait de vivre mes études sans ces interminables heures mal payées que je perdais auparavant.

 

J’allumai mon portable pro mais c’est le personnel qui sonna en premier. Charlotte était au bout du fil, sur le chemin du retour, descendue de son TER, et appelait quelque part entre la gare et la maison.

 

-Salut Léa.

-Salut ma Charlotte.

-Tu vas bien ?

-Crevée mais très bien et toi ? Finies, les nausées ?

-Oui, ça a juste été lundi, c’est bon. J’attends lundi prochain pour le gynéco, je verrai ce qu’il me dira à propos de ce qui s’est passé, mais de toute façon maintenant faut juste attendre que j’aie mes règles ou pas.

-Ça ne te stresse pas trop ?

-Si.

-Et avec Loïck, ça va, vous en parlez ?

-Oui et t’avais raison, c’est devenu un sujet de blague entre nous, maintenant.

-Ça le sera encore plus si t’es pas enceinte.

-Ouais. Et puis tu sais, le samedi en question, j’avais pas mis le cache-cœur finalement, je me sentais nerveuse, j’avais envie de rester un peu « comme d’habitude ».

-Et tu as donc très bien fait.

-Par contre il devait me rejoindre hier après-midi, après son option arts-plastiques, et là je lui avais préparé le grand jeu.

-Ah oui ?

-Ça fait bizarre.

-Quoi donc ?

-De rendre un mec fou, enfin je veux dire, de le mettre dans un tel état, juste avec quelques vêtements.

-C’est grisant, hein ?

-Oui.

-La capote n’est pas restée coincée cette fois ?

-Comment tu sais qu’on a … ?

-Hé, tu me prends pour une bonne sœur ?

-Trop pas ! Tu sais, ça a craqué, avec maman, l’autre jour.

-Craqué comment ?

-Ben moi, en fait, je lui ai un peu crié dessus, mardi matin, j’en pouvais plus, elle était sur mon dos depuis le week-end, et avec ma tronche de zombie de lundi soir ça s’était pas arrangé.

-Ça s’est calmé ?

-Oui, mardi soir elle était toute mielleuse, genre j’ai cru qu’elle avait pris des calmants. J’étais de nouveau sa petite chérie.

-Parfois, gueuler un bon coup, ça permet d’évacuer.

-Oui mais c’est moi qui ai gueulé.

-Je sais, mais ça lui permet aussi de réaliser qu’elle va trop loin. Son but n’est jamais de te mettre sous pression, alors quand elle se rend compte qu’elle arrive quand même à ce type de résultat, ça lui laisse la possibilité de changer un peu d’attitude.

-P’têtre ouais. Sinon elle m’a dit que dimanche tu serais là toute la journée ?

-Affirmatif.

-Cool. Je me demandais, ça te dirait de venir aussi à la soirée de samedi ?

-Avec tes potes du lycée ?

-Ben ouais.

-Ce serait évidemment avec plaisir, mais je suis pas une pote du lycée.

-Mais t’es ma sœur, et j’ai envie que tu sois là.

-Me fais pas chialer, merci.

-Tu viens avec Éric, évidemment, s’il est dispo.

-Je vais le lui proposer.

-Génial ! Et puis tu connais certains de mes potes.

-Je connais Loïck, sinon j’ai dû en apercevoir un ou deux. Ça va me faire bizarre de retrouver l’ambiance d’une soirée de lycéens.

-Tu seras la vieille de service.

-C’est toi qui franchis un pallier symbolique, je te signale.

-Et tu joues pas les cougar, hein ? Certains sont encore puceaux !

-Qu’est ce qui faut pas entendre ! Par contre je ne sais pas à quelle heure ta fête est censée se terminer, mais moi j’ai dit à maman que je serai là pour donner un coup de main dimanche dès huit heures.

-Elle m’a dit qu’ils rentreraient à deux heures du matin et que tout le monde devait avoir déguerpi.

-Deux heures du mat ? Tu l’as faite boire, pour lui soutirer ça ?

-Ouais j’ai remplacé sa tisane à la verveine par de l’eucalyptus, elle est pas habituée la pauvre.

-Insolente !

-J’ai été à bonne école, avec toi.

-Pas faux.

-Bon je suis devant la maison, je te laisse.

-On se rappelle d’ici là, d’accord ?

-Oui, lundi après le toubib de toute façon je t’appelle.

-Je t’embrasse Charlotte.

-Moi aussi !

 

J’avais à peine raccroché que l’autre portable s’emballait.

 

-Allo, oui ?

-Bonjour, je vous appelle à propos de votre annonce.

-Oui, je vous écoute.

-Alors déjà, ce sont bien des massages avec finition ?

-Absolument. Trois durées possibles, trois tenues possibles, et des prix allant de cinquante à cent-vingt euros.    

-Et donc vous êtes deux filles c’est ça ?

-Oui, enfin chacune gère ses propres massages.

-D’accord.

-Je peux vous demander votre âge ?

-J’ai vingt-cinq ans.

-Ok, et donc vous êtes intéressé ?

-En fait, oui, mais pour un truc un peu particulier.

-Dites toujours.

-Je suis avec un pote, là, il a le même âge que moi, et ce qu’on aimerait c’est venir tous les deux, et chacune de vous masse l’un de nous.

-En même temps ?

-Oui.

-C’est bizarre comme plan, et puis surtout, le problème c’est qu’il n’y a qu’une seule table de massage dans le salon.

-Ah… mais vous n’avez pas un futon, un canapé, un lit, ou même juste un matelas à mettre par terre pour le deuxième ?

-Mais c’est quoi l’intérêt pour vous ? Vous êtes bi, et c’est votre petit copain ?

-Ah non pas du tout, c’est juste un délire.

-Votre prénom, c’est … ?

-Kevin et mon pote c’est Adrien.

-Je vais en parler à Alessia, mais a priori pour moi c’est plutôt non. Rappelez-moi demain pour avoir une réponse définitive, d’accord ?

-Ouais ça marche.

-Ce serait pour quelle durée ?

-Le maximum.

-Ok appelez-moi demain.

-D’acc Lola, à demain.

-Au revoir Kevin.

 

Dix secondes de silence et ça sonnait encore. J’eus comme ça six appels consécutifs. Le premier était un homme qui cherchait un massage de la prostate. Ne sachant faire, je déclinai l’offre. Trois autres voulaient une relation sexuelle ou au minimum une fellation. Les deux autres se conclurent par un rendez-vous pour lundi. Mohamed, trente ans, viendrait pour trois quarts d’heure juste avant le quatre-mains avec Claude prévu à 18 heures. Enfin, Flavien, quarante-deux ans, client assidu de Mélanie, serait là pour une demi-heure dès 16h15.

J’allai voir Mélanie dans le studio d’à-côté. Elle n’était pas là. Je lui envoyai un sms pour lui demander de m’appeler ou de passer si elle ne rentrait pas trop tard. Vingt minutes passèrent, et je reçus une réponse : elle avait passé la fin d’après-midi chez son occasionnel Vincent, et était dans le tram. Elle serait là d’ici un quart d’heure. Il était 20 heures, et je lui proposai de passer dîner.

 

J’eus le temps de préparer une salade de tomates, de sortir deux steaks, et Mélanie arriva. Elle semblait aussi fatiguée que moi. Je lui racontai rapidement mes cinq massages du jour en faisant cuire les tranches de bœuf. Elle fut horrifiée par le comportement d’Alain.

 

-Voilà, t’as eu ta séance glauque, chaque masseuse y a droit. Après, tu deviens plus prudente.

-C’était indétectable au téléphone.

-Ce que je veux dire c’est que la prochaine fois que t’en verras arriver un comme ça, tu n’auras aucune hésitation, tu le laisseras sur le pas de la porte.

-J’ai failli. Il suffisait que je dise que ma mère avait fait une attaque et que je devais partir, ensuite je le blacklistais et c’était réglé.

 

Je lui narrai également la discussion à propos du forum avec son Arthur.

 

-C’est un mec gentil. Le forum n’est pas qu’un repère de misogynes malveillants.

-T’es allé voir la fin de ton fil, au fait ?

-Oui, c’est difficile, une fois que t’as vu le début, de renoncer à la fin.

-Et … ?

-Ça va, juste un deuxième mec qui a mis un truc pas sympa, mais là je ne vois pas du tout qui c’est, ça ne me rappelle rien. Je pense que c’est un type à qui j’ai dit non au téléphone et qui est venu se venger sur le forum.

-Merde.

-Ouais, bon, les autres commentaires sont tous élogieux.

-Et Arthur ?

-Il a mis un truc qui date de l’été dernier. C’était assez bien tourné, genre « un jour de canicule il faut être maso pour aller voir une fille aussi parfaite qui va encore plus vous échauffer les sangs ».

-Marrant.

-Oui en plus je m’en rappelle de cette séance, c’était quand il avait fait près de 38 degrés tu sais en juillet.

-Ah oui.

-Il avait voulu un body. Par cette chaleur, le con ! Je lui transpirais carrément dessus à grosses gouttes, et lui dégoulinait sur la table, ça diluait l’huile, enfin c’était galère mais on s’était bien marrés.

-Pas mal, en effet.

-Et toi, tu crois que tu vas surveiller ton fil ?

-Non, sincèrement je ne crois pas. Mais peut-être que comme toi, ça va me titiller et que j’irai finalement voir de temps en temps.

 

Je lui racontai ensuite mon expérience étrange avec Simon.

 

-Il ne savait pas ce qui l’attendait ? Sérieusement ?

-Lui, pour le coup, le forum il ne connait pas.

-Ou alors il jouait à un jeu.

-Je me suis posé la question, mais ça n’avait pas l’air simulé. Je t’assure, quand il a commencé à bander, il avait vraiment l’air tout gêné.

-C’est dingue !

-Oui. Il croyait que la seule différence avec un salon Yves Rocher, c’est juste qu’il était entièrement nu et que je le massais seins nus et non pas dans une blouse blanche. Pour lui c’était ça l’aspect érotique de la séance. Et la finition c’était le fait que je joue un peu de la situation pour effleurer son corps avec ma poitrine.

-Ça devait être bizarre à gérer pour toi.

-Bah je lui ai demandé s’il la voulait ou non, la finition. J’allais pas le violer, quand même !

-Tu pensais vraiment qu’il pourrait dire non ?

-Dans son état, ça m’aurait étonnée, mais sait-on jamais ?

 

Nous nous mîmes à table. Je demandai à Mélanie les raisons de sa fatigue. Elle cumulait un double cursus depuis cette année puisqu’elle avait rajouté en septembre dernier son école d’esthéticienne en plus de sa formation pour devenir kiné, et commençait à avoir du mal à gérer les deux tableaux.

 

-Mais à terme, tu feras quoi ? Quel métier ?

-J’en sais rien, les deux me plaisent. Le truc idéal ce serait que j’ouvre mon propre cabinet et que dedans, j’exerce les deux professions de façon officielle, avec les diplômes pour. L’argent des massages peut servir à me lancer, justement, dans deux ans.

-Mais tu vas tenir le coup d’ici là ?

-Le double cursus c’est compliqué parce que ce sont deux formations qui ne dépendent pas du tout du même établissement. J’ai un emploi du temps à peu près aménagé car j’ai anticipé auprès des deux services de scolarité, mais fatalement ça ne pouvait pas être idéal et coïncider pile. Donc je cours un peu tout le temps à droite et à gauche.

-Et Vincent c’était pour décompresser ?

-T’as tout compris, ma poulette.

-Tiens, sur un autre sujet, tu avais raison.

-J’ai toujours raison.

-Mouais.

-Quel sujet ?

-Charlotte m’a invitée pour sa fête entre lycéens.

-Mais y’a que toi qui en doutait, hein !

-Euh oui. Je vais être la vieille de service.

-T’y vas avec Éric ?

-Je le vois samedi, je lui demanderai si ça le tente pour le samedi suivant.

-Vous allez être les stars de la soirée.

-Les stars ?

-La grande sœur de vingt-deux ans, et son copain… pour des ados de dix-sept ou dix-huit… rappelle-toi il y a quatre ans, quand t’étais de l’autre côté. Les étudiants, c’étaient les rois. La liberté, l’indépendance...

 

Le dîner achevé, je lui évoquai la proposition de Kévin.

 

-T’as le don pour attirer les demandes loufoques, toi.

-Ça doit être mon côté blonde.

-Non, ça c’est ce qui fait que tu les acceptes.

-Hé ! A part Agnès j’ai rien accepté d’extravagant !

-Bon donc deux mecs hétéros veulent se faire tripoter l’un à côté de l’autre par deux nanas…

-Y’a bien des mecs qui font des parties à trois, genre deux potes et une fille.

-Oui t’as pas tort. Tu l’as senti comment, le Kevin ?

-Jeune, dynamique, plutôt sympa. Mais je me méfie quand même du téléphone.

-Vingt-cinq, tu dis ?

-C’est ce qu’il a annoncé.

-C’est rare des clients aussi jeunes.

-Oui je m’en rends compte. Ça te rend méfiante ?

-Oui, un peu, mais ça aiguise ma curiosité, leur histoire. Et puis y’a moins de risque en étant deux.

-Sauf qu’ils seront deux aussi.

-En effet.

-Et si pour une demande un peu spéciale comme ça on leur demandait de les voir d’abord ailleurs ?

-C’est des astuces d’escort girl, ça, ça me barbe. Soit on le fait, soit pas.

-En gros, on risque quoi de plus qu’avec n’importe quel client que l’on reçoit seule ?

-Oui, la même chose, je suis d’accord.

-On les verra à l’entrée du jardin quand ils sonneront. Si vraiment on ne le sent pas, on n’ouvre pas et on fait genre on a eu un empêchement.

-T’as l’air tentée.

-Je suis comme toi, je suis curieuse.

-Mais donc le deuxième on le masse sur le canapé ?

-Bah oui.

-J’aime pas l’idée.

-Je me débrouillerai avec le canapé. Tu resteras sur la table.

-Bon d’accord, mais j’aimerais bien parler au deuxième mec aussi.

-Alors voilà ce qu’on fait. Demain Kevin me rappelle, je lui donne un accord de principe et je lui dis demander à son pote de t’appeler toi pour valider.

-Et si j’ai un doute sur son pote je ne valide pas.

-Voilà.

-Bon, ça marche, par contre ce qui serait bien c’est que ça se fasse lundi, on a le quatre-main à 18 heures avec Claude.

-J’ai casé deux massages juste avant Claude comme j’ai vu que ton dernier à toi était à 16 heures ce jour-là.

-Ah … alors après, si ça ne fait pas trop tard pour toi.

-19h15 donc ?

-Ça nous mène vers 20h30 pour quitter le local, à toi de voir.

-Ça va faire beaucoup, je crois que je préfère la semaine suivante.

-D’accord tu avises avec Kevin quand il te rappelle ?

-Oui.

 

Mélanie partit vers 22 heures. J’eus la flemme de faire la vaisselle : ce serait pour le lendemain ! Je me vautrai devant l’épisode 21 de la saison 1 de Lost. Pas pour longtemps. Éric m’appela.

 

-Ouiiiiiiiiiii ?

-T’es fatiguée ou tu étais en train de faire l’amour avec un grand black culturiste ?

-J’ai mes règles.

-Ah oui c’est vrai.

-Je suis vannée. J’étais légumisée devant Lost.

-Quelle saison ?

-J’arrive à la fin de la première, et si tu me la spoiles, je te quitte pour Blake Lively.

-T’es bi, maintenant ?

-Non, mais comme ça tu ne pourras même pas te rabattre sur elle vu qu’elle sera prise par moi.

-On se fera un petit trio.

-Prétentieux.

-Bon je voulais te proposer un truc pour samedi.

-Je suis toute ouïe.

-Mes parents ont une petite maisonnette en forêt, tu sais les espèces de cabane en bois qu’on croise parfois en se demandant qui est assez fou pour vivre là ?

-Tes parents, apparemment.

-Sauf qu’ils n’y vivent pas, c’est juste pour de courts séjours occasionnels en forêt, pour eux, moi, leurs amis, collègues, etc. Ils la prêtent, ils la louent…

-Tu veux m’emmener en forêt ?

-Voilà.

-J’aurais pas dû regarder « Massacre à la tronçonneuse » quand j’étais ado.

-L’idée c’est d’y être samedi midi, on peut se faire une rando dans l’après-midi si tu aimes bien ça, le soir un resto au village voisin, et le dimanche grasse matinée et on rentre.

-Tu m’emmènes seule en forêt dans une petite cabane romantique et tu n’envisages même pas de me sauter sur place ?

-La liste n’était pas exhaustive.

-Ouf !

-T’es tentée ?

-Comme ça plutôt oui… mais euh … on est encore en hiver quoi…

-C’est chauffé.

-Cool.

-Et on ne fera pas de piscine pour cette fois.

-Il y a une piscine ?

-Un plan d’eau, partagé par plusieurs cabanes. On peut s’y baigner en été.

-Mais donc c’est aménagé pour être habité ?

-Disons que pour quelques jours c’est plein de charme et que pour un mois ça deviendrait insupportable.

-Alors banco !

-Génial. Par contre… faut passer par la case « mes parents ».

-Bah oui, je m’en doute.

-Donc on arrive chez eux dans la matinée, on prend un goûter avec eux, ils me filent les clés de la voiture et on y va.

-Oh je vais avoir droit à ton choco BN ?

-Ce sera le meilleur du week-end, ça !

-Et donc on y va avec la BM de tes parents ?

-Voilà, la BM qui s’appelle Twingo.

-Excellent !

-Je ne sais même pas si t’as le permis, au fait.

-J’ai le permis de rouler sur une voiture que je n’ai pas.

-Bon ben on se relaiera.

-C’est si loin ?

-Une heure et demie de route depuis mes parents.

-D’accord. Tiens pendant que j’y suis, avant que je m’endorme devant Lost, j’avais moi aussi une proposition.

-Oui ?

-Tu sais que Charlotte va avoir dix-huit ans.

-Oui.

-Elle fait une fête le samedi suivant notre périple en forêt avec ses potes et le dimanche c’est en famille. Et figure-toi qu’elle nous a invités pour le samedi.

-Bah oui c’est normal.

-Comment ça c’est normal ?

-Ben sa grande sœur, quand-même…

-Donc il n’y a que moi que ça étonne d’être invitée alors que je ne suis pas une élève de son lycée !

-Visiblement oui.

-Bon. Tu viens avec moi ?

-Draguer de la minette de Terminale ? Et comment, que je viens avec toi.

-Mais je sais pas trop comment tu rentreras si ça finit tard, car il n’y aura plus de train.

-Ça me dirait bien de te sauter dans ton ancienne chambre d’ado.

-Hé, le lendemain je dois aider ma mère à partir de 8h !

-C’est vrai que tu fais vieille tout à coup !

-Ok, ok, ok ! On dormira là-bas et tu rentreras le dimanche matin.

-Comme ça t’auras vu mes parents samedi et moi les tiens le suivant.

-Ça devient sérieux, là !

-Surtout si je te saute dans ta chambre d’ado.

-Bon je vais retourner à Lost, cette conversation va dévier …

-On se retrouve samedi à la gare vers 8h30 ? Il y a un train à 8h42 pour aller chez mes parents.

-J’emmène quoi ?

-Tes bas noirs.

-Ça va faire bien chez tes parents dis donc…

-Plus deux ou trois affaires, quand même.

-Bon je vais me démerder, ok pour 8h30.

-Super.

-Je te fais un énorme bisou.

-Moi aussi, à samedi.

-A samedi.

-Léa, attends …

-Oui, quoi ?

-Non, juste que ça me fait plaisir de prévoir ça avec toi.

-Moi aussi. Ce sera super.

-Bye.

-Ciao.

 

Echaudée par tous ces projets et ces échéances qui arrivaient, je me remis devant Lost, et, malgré le suspense et l’intrigue prenante, je m’endormis comme un veau qui vient de téter, cinq minutes plus tard encore habillée sur mon canapé.

 

Les regards glissent sur moi

J'envie ce que les autres ont

Je crève de ce que je n'ai pas

Le bonheur est possession

Les supermarchés mes temples à moi

Dans mes uniformes, rien que des marques identifiées

Les choses me donnent une identité

 

(…)

 

Je prie les choses et les choses m'ont pris

Elles me posent, me donnent un prix

Je prie les choses, elles comblent ma vie

C'est plus je pense mais j'ai, donc je suis

 

Des choses à mettre, à vendre, à soumettre

Une femme-objet qui présente bien

Sans trône ou sceptre, je me déteste

Roi nu je ne vaux rien

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