La Mer des Dunes loin derrière eux, l’équipage du Faucon Millénium faisait ses adieux à Luke, qui, accompagné du petit droïde blanc au langage fourni, se séparait du groupe pour continuer son entraînement en tant que Jedi. Silencieux dans son coin, Orn laissait les Rebelles discuter, préférant observer le majestueux vaisseau de Lando, qu’ils venaient de rejoindre. Long et fin, le Faucon Millénium était bien plus grand que le Vautour Couronné. Presque entièrement rond, à l'exception de son devant, entouré par deux grands pics, il n’aurait pas attiré le regard d’un amateur de vaisseaux avec son gris sale et abimé de toute part. Le Faucon avait l’air d’un tas de ferraille, fatigué par le temps et ses innombrables courses. Cependant, le Twi’lek savait le véritable potentiel que l’engin en face de lui contenait. C’était le vaisseau le plus rapide de la Galaxie, qui avait échappé bien des fois à l’Empire et aux chasseurs de primes, en témoignaient les nombreuses rayures et le matériau usé. Malgré son état, piteux en apparence, Orn avait suffisamment rivalisé avec le Faucon pour savoir que plusieurs modifications complexes et radicales, surtout au niveau des moteurs, avaient été effectuées. Les canons n’étaient pas non plus d’origine, mais avaient été ajoutés, sans doute par Solo, et constituaient une défense redoutable.
N’oubliant pas son affection pour son propre vaisseau, le chasseur n’admettrait jamais à voix haute ce qu’il pensait en vérité du Faucon Millénium : c’était un croisement parfait entre un engin de combat et course ; en un mot, le vaisseau parfait. Si son propriétaire était plus tendre à son égard, alors cet engin pouvait même être resplendissant, et atteindre un potentiel encore plus exceptionnel, digne des derniers modèles développés par l’Empire. Nul doute que si Nasha mettait la main sur le Faucon Millénium, elle en ferait le vaisseau le plus avancé de toute la Galaxie, malgré son état déplorable et l’obsolescence du modèle. Peut-être même réussirait-elle à le rendre encore plus rapide, rendant même la vitesse de la lumière ridicule à côté. Tant de possibilités tendaient la main avec un vaisseau comme celui-ci, et Orn regrettait que cet incroyable potentiel soit gâché par un contrebandier comme Solo, qui ne méritait pas de posséder un tel bijou de la technologie. Lando aurait dû garder son vaisseau, au lieu de le prêter à son ami, qui n’avait visiblement aucune volonté d’entretenir le Faucon Millénium. Même à travers la fine couche de sable qui le recouvrait, Orn pouvait voir que le pilote n’en prenait pas soin, et avait presque mal pour le vaisseau. Il ne pouvait pas imaginer être aussi négligent envers le Vautour Couronné.
"Ne t’avise pas à abîmer mon vaisseau," lança Solo, qui s’était approché après avoir remarqué l’attention prononcée du chasseur pour le Faucon Millénium.
Orn leva les yeux au ciel, sans prendre la peine de se tourner vers son interlocuteur.
"Je ne crois pas que tu aies besoin de mon aide pour ça…," répondit-il d’un ton moqueur.
Le contrebandier fit une mine outrée, et ouvrit la bouche avant de la fermer, ne pouvant pas contredire le Twi’lek. Ce dernier ne se retint pas de rire légèrement, puis se tourna vers Leia, qui avait frappé des mains pour attirer l’attention du groupe. Lando, Solo, son co-pilote ainsi que le chasseur se rassemblèrent près d’elle, pour écouter ses instructions. Malgré l’obscurité de la nuit, la princesse restait visible, et son air sérieux et digne était toujours discernable. Comme les autres Rebelles, elle plissait légèrement les yeux pour se protéger des grains de sable qui virevoltaient au rythme des légers vents nocturnes. À vrai dire, Orn ne savait pas exactement où ils étaient. Les dunes les entouraient aussi loin que ses yeux lui permettaient de voir, mais il sentait que c’était un lieu sûr et caché. Aucun mont rocheux ne se dessinait à l’horizon, ce qui voulait dire que les Hommes des Sables étaient loin et ne représentaient aucun danger ; de même, il ne voyait aucune silhouette d’habitation ou de monument. Les Rebelles avaient posé leur vaisseau dans un endroit isolé, qui, pour les arrêts de quelques jours, était aussi efficace que la grotte dans laquelle Twik se terrait en ce moment pour qui voulait être invisible.
"Nous avons reçu un message de Mon Mothma. Elle nous demande de la rejoindre à Chandrila, pour discuter de la situation critique de Ryloth," annonça la jeune Rebelle.
À ces mots, Orn fronça les sourcils. Il avait toujours su que sa planète natale était occupée par l’Empire, qui gardait un œil attentif sur les clans Twi’leks, connus pour leur ancienne affiliation avec les Jedi et la République. Cependant, lors de ses visites annuelles sur Ryloth, le chasseur n’avait rien remarqué d’anormal dans les déplacements impériaux, et si Warat’Ualin avait affirmé son intention d’intégrer la Rébellion et d’aider les autres clans, rien n’avait suggéré une quelconque situation délicate et dangereuse. Malgré son désir d’en savoir plus sur le statut actuel de sa planète natale, Orn se força à garder le silence. Un intérêt injustifié pour Ryloth pouvait laisser penser qu’il était originaire de sa planète, et il voulait éviter à tout prix que son identité ne se découvre, même s’il était parmi des alliés. Il se redressa néanmoins lorsque Leia se tourna vers lui.
"Ce serait trop risqué d’informer l’Alliance de ta présence. Le Faucon Millénium n’est pas équipé d’un communicateur protégé, alors on pourrait risquer d’être découvert par l’Empire. Lorsque nous serons près du point de rendez-vous, tu devras rester proche de nous, si tu ne veux pas te faire attaquer par un de nos X-Wings. De même, laisse-moi expliquer ta présence à Mothma, et, surtout, ne provoque personne. Aucun Rebelle ne va être content de te voir, alors attends-toi à être bousculé. Pour éviter les soupçons, on part séparément. Rejoins-nous à Chandrila, et si jamais tu arrives avant nous, ne fais rien," expliqua la princesse d’une voix claire.
Face à la logique implacable de Leia et son ton déterminé, Orn ne trouva rien à redire. Il hocha simplement de la tête, peu habitué à recevoir des ordres ne venant pas de l’Empire. Il y avait néanmoins dans le ton de la jeune Rebelle quelque chose qui trahissait son rang et l’éducation de régent qu’elle avait reçu. Contrairement à Vador, elle ne jouait aucunement sur la peur pour inspirer le respect, mais se munissait à la place d’une attitude digne et posée, qui ne pouvait que joindre les volontés de ses interlocuteurs à la sienne. La princesse devait savoir cela, puisqu’elle n’attendit pas de réponse de la part du Twi’lek, mais à la place, se dirigea vers le Faucon Millénium pour y entrer.
Les autres Rebelles la suivirent avant de disparaître dans le vaisseau, et, rapidement, les réacteurs s’activèrent en un bruit soudain et assourdissant, provoquant une bourrasque de sable. Après quelques minutes, pendant lesquelles Orn observa le Faucon pour espérer mieux comprendre ce vaisseau complexe et rare, l’engin gris et abîmé s’élança vers le ciel rapidement et bruyamment, puis disparut aussitôt de l’horizon. Frottant son armure pour enlever le sable qui s’y était collé par la faute du décollage, le chasseur regarda autour de lui, réalisant à quel point il était perdu. Se repérer dans le désert d’une planète comme Tatooine était ardu, et, avec le peu d’éléments identifiables au loin, le Twi’lek dut se résoudre à activer son communicateur et à appeler Twik.
"Tu en as pris, du temps," lâcha le droïde en guise de salutations, la voix déformée par le communicateur.
"J’ai eu quelques soucis… Viens me rejoindre, je t’expliquerais tout quand je serais avec toi," expliqua-t-il en envoyant les coordonnées de sa position.
Le robot confirma avoir reçu les informations nécessaires et coupa aussitôt la communication. Orn savait que son co-pilote se dépêchait, puisque Twik, même s’il ne l’admettrait jamais, détestait se retrouver seul trop longtemps ; et le chasseur n’avait pas tenu au courant l’ancien droïde de combat de ses péripéties. Seul dans le désert, le Twi’lek tendait l’oreille, attendant, cherchant le vrombissement familier du Vautour Couronné. Il n’eut pas à attendre longtemps, puisque le vaisseau surgit derrière une dune, fier et élancé. À cette vue, un large sourire éclaircit son visage. La silhouette fine du Vautour se détachait du ciel sombre et bleuté de la nuit qui contrastait avec le noir profond du vaisseau. Quelques reflets argentés, provenant des trois Lunes blanchâtres, dansaient sur son métal lisse, perturbés par la légère couche de sable qui s’était établie. Le nouvel emblème était à peine visible, seulement trahi par ces reflets faibles et qui disparaissaient rapidement. Tout autour du Vautour, le sable tournoyait dans une danse incessante, et, par réflexe, Orn protégea son visage malgré son casque. Ce ne fut que lorsque le vaisseau, avec un bruit léger et sifflant, se posa que le chasseur put enfin s’en approcher. Un pan du Vautour s’abaissa, dégageant de la vapeur bruyante et laissant apparaître l’intérieur immaculé, qui ne souffrait pas des bourrasques de sable. Orn y entra, heureux de retrouver son vaisseau, et activa la commande au mur pour remonter la passerelle et fermer la porte.
Une fois cela fait, il se dirigea vers son siège près de la commande de bord, à côté duquel se trouvait Twik, assis à sa place et qui coupait le moteur pour éviter de gaspiller du carburant. Il ne prêta pas attention à son co-pilote qui enleva son casque dans un soupir et le posa sur le poste de contrôle, avant de s’affaler dans son siège. Le chasseur ferma les yeux un instant. Il ne s’était pas posé depuis longtemps, et les combats de la Fosse de Carkoon l'avaient exténué. Sa jambe droite, que le Sarlaac avait saisi dans l’espoir de faire de lui sa victime, le lançait de temps en temps, et maintenant que son corps se relâchait, Orn grimaça de douleur. Il savait que sa blessure était loin d’être préoccupante, mais la sensation désagréable qui s’en échappait allait l’empêcher de dormir s’il ne faisait rien. Sans se soucier du regard suspicieux de Twik, le chasseur s’empara d’une capsule de Stim sur le tableau de bord, et la but d’une traite. Il lâcha un soupir de soulagement en ressentant les effets de la capsule, qui calma immédiatement sa douleur et stimula sa guérison ainsi que son repos.
"Une capsule de Stim ? Vraiment ? J’espère que tu es véritablement blessé, parce que ce genre de matériel est de plus en plus rare," commenta son co-pilote d’un ton accusateur mais inquiet.
"Le Sarlaac m’a attrapé par la jambe, il n’y a rien d’autre qui peut soulager la douleur.
— Le… Ce n’est pas ce que j’appellerais une explication satisfaisante…," souffla Twik, dont l’expression était mi-effarée, mi-résignée face aux situations improbables dans lesquelles son co-pilote réussissait à se trouver.
Orn hocha la tête, pour une fois d’accord avec son co-pilote. Il lui expliqua donc ce qui s’était passé au Palais de Jabba, de la capture de Leia aux affrontements dans la Mer des Dunes. Twik écouta sans interrompre, trop étonné à chaque nouvelle information pour trouver une remarque ou un commentaire à faire. Il était néanmoins content que son ami s’en soit sorti presque sain et sauf, malgré sa capacité à être embarqué dans des situations plus dangereuses les unes les autres. Prendre volontairement part à une bataille sur la Grande Fosse de Carkoon était de loin son idée la moins intelligente et la plus risquée, et si Twik avait été présent, il n’aurait pas hésité à assommer son ami pour l’empêcher de sauter d’un vaisseau pour en rejoindre un autre comme il avait fait.
L’ancien droïde de combat tenait trop à Orn pour ne pas vouloir l’arrêter lorsqu’il suivait des plans où la mort pouvait l’attendre. En un sens, Twik savait que rester dans le Vautour pendant que son co-pilote risquait sa vie à tout va était une bonne chose. Si le robot participait à ses missions, il risquait de frôler le court-circuit à chaque nouvelle idée du chasseur. Les prises d’initiative du Twi’lek étaient suffisamment dangereuses lorsqu’il pilotait pour que Twik n’ait besoin de se confronter à davantage de risques. Il fut cependant surpris de la fin du récit de son ami. S’il savait que le chasseur souhaitait aider la Rébellion, il n’avait pas imaginé qu’il finirait par devenir un Rebelle lui-même. Cela représentait déjà un risque, mais avec son ancien statut qui avait assuré sa protection pendant des années, Orn courait un danger bien plus grand que celui des autres Rebelles.
Si jamais l’Empire venait à l’apprendre d’une manière ou d’une autre, il y avait fort à parier qu’il voudrait se venger et faire regretter au chasseur qui l’avait tant servi. Twik avait également peur que Vador se serve de lui, en faisant pression sur la connaissance qu’il avait de l’identité du Twi’lek, et pouvait le forcer à rester loyal à l’Empereur et à trahir la Rébellion. Si Orn voulait éviter tout problème, il allait devoir faire profil bas, et espérer une discrétion et un soutien total de l’Alliance Rebelle. Ce dernier point n’était pas simple, cependant, et ni Twik ni le chasseur ne se faisaient d’illusion. Si Orn avait réussi, par quelque miracle, à avoir toute la confiance de l’équipage du Faucon Millénium, tous les Rebelles n’étaient pas aussi miséricordieux, et à raison. Le Twi’lek allait donc devoir prouver sa bonne volonté, et ce, sans doute plus d’une fois.
Gardant pour lui-même ses doutes et ses craintes, Twik rentra les coordonnées de Chandrila, un monde du Noyau, sur le tableau de bord. Sans grande surprise, le trajet allait leur prendre une semaine et demie. La planète de Mon Mothma était située en plein centre de la Galaxie, juste à côté de Coruscant, capitale de l’Empire et de ce qui avait été la République. Les deux mercenaires avaient eu très peu d’occasions d’explorer et visiter le Noyau, là où tous les politiciens et personnes de hautes importances résidaient. Ce n’était pas le genre d’endroit où une prime pouvait se cacher, contrairement aux autres mondes de la Bordure Externe, comme Tatooine ou encore Nal Hutta. Certes, il y avait dans le Noyau une pègre active et sournoise, mais bien différente de celle à laquelle Orn appartenait. Là où le chasseur travaillait pour des criminels recherchés ou bien craints, les seuls seigneurs du crime des mondes centraux étaient les hauts politiciens corrompus et faisant jouer leur argent pour être ignorés par l’Empire. Il y avait bien des marchés noirs, comme celui d’Alderaan, que le Twi'lek visitait pour récolter quelques informations, mais ses voyages dans le Noyau restaient rares et éloignés. Il n’était pas non plus enthousiaste à l’idée de devoir passer près de là où s’était tenue, verdoyante et fière, Alderaan.
Poussant un soupir, le chasseur s’empara des commandes du Vautour, tandis que Twik, de son côté, faisait les différents calculs pour le passage en hyperespace. Un voyage de plusieurs jours comme celui-ci permettrait à Orn de récupérer son manque de sommeil et de se soigner, et les deux mercenaires n’avaient aucune raison d’être vigilants lors de ce trajet. Sans plus attendre, le Twi’lek démarra le Vautour et le fit léviter légèrement, laissant le bruit familier et puissant des moteurs se faire entendre. Après quelques secondes, pendant lesquelles Orn s’assura de la stabilité des réacteurs, il dirigea le vaisseau en avant, le faisant monter rapidement dans le ciel nocturne. Utilisant la lumière des trois Lunes, il accéléra une nouvelle fois et les sortit de l’atmosphère de Tatooine. Peu de vaisseaux stationnaient autour de la planète-désert, bien que les habituels Destroyers Impériaux gardaient un œil attentif sur les va-et-vients des autres engins. Avec expertise, le chasseur mena le Vautour à distance de la planète jaunâtre, puis, suivant les indications de son co-pilote, enclencha la vitesse-lumière. En une fraction de seconde, les étoiles et planètes environnantes se transformèrent en de fins traits blancs filant avec une rapidité extrême, et le tunnel bleuté de l’hyperespace enveloppa le vaisseau rouge et noir. Orn sourit à cette vue familière et magnifique. Il ne se lassait jamais de cette grandeur démesurée de la Galaxie, et des innombrables étoiles qui ne devenaient que des points minuscules. Ce tunnel était d’un bleu profond et envoûtant, ponctué de taches blanches çà et là qui indiquaient la présence d’un corps céleste. Le chasseur, laissant les commandes à son co-pilote, s'affaissa dans son siège, et continua à admirer la vue avant de tomber dans un sommeil léger.
Le voyage passa rapidement, aux yeux du Twi’lek. Il n’avait fait que de se reposer pendant le trajet, tout en portant une attention particulière à sa jambe, qui, grâce à la capsule de Stim, était exactement comme si elle n’avait pas souffert du Sarlaac. Twik avait également participé à cette guérison, s’assurant notamment, avec une gentillesse acerbe, que son co-pilote mangeait correctement. À ses dires, la cicatrice barrant le visage du chasseur s’était améliorée également. Loin d’être invisible, elle s’était tout de même éclaircie, et s’accompagnait d’une fine tache blanche de vitiligo qui la bordait et qui déjà rejoignait une autre zone de peau blanche autour d’un de ses yeux. Le casque avait également participé à cette cicatrisation propre, en protégeant son visage des Soleils brûlants de Tatooine et des différents vents des planètes. C’est lors de cette même conversation que le Twi’lek réalisa qu’une des conditions de la confiance des Rebelles pouvait être qu’il retirait son casque. Il espérait fortement que cela n’arriverait pas, car jamais, même pour les aider, il ne montrerait son visage. L’Empire, avec de nombreux mercenaires, était déjà contre lui, et Vador savait déjà à quoi ressemblait le visage du chasseur. S’il n’avait pas informé la Galaxie de ce savoir et avait, à demi-mot, montré qu’il n’en ferait rien, la menace était suffisamment grande pour le Twi’lek. Il n’avait aucun intérêt à donner à l’Alliance Rebelle une telle arme, qui pouvait agir en véritable épée de Damoclès. Une angoisse se terra donc dans son ventre à l’approche de Chandrila.
Orn commençait seulement à comprendre qu’il s’était peut-être trompé et se dirigeait sans doute vers un antre de loups. Seul contre tous les Rebelles, il ne voyait pas comment il pouvait se défendre. Le soutien de Leia lui était vital, s’il ne voulait pas finir tué ou pire. Le chasseur espérait simplement que l’avis de la princesse Rebelle à son égard demeurait inchangé, et que l’équipage du Faucon Millénium ne lui ferait aucun coup bas. Il n’eut cependant pas le temps de réfléchir à un plan de secours, car déjà le Vautour sortit de l’hyperespace, et le tunnel bleuté fut remplacé par l’immensité noire et vide de la Galaxie. Deux lunes, grandes et ternes, entouraient la grande planète verte et bleue qu’était Chandrila. De larges nuages tourbillonnant étaient visibles à la surface, cachant partiellement les deux continents de la planète agricole. Encore plus verdoyante que Alderaan, Chandrila était couverte de minuscules points brillants, qui s’organisaient en un dédale magnifique là où de grandes métropoles se trouvaient. Quelques tornades, habituelles pour cette planète reposant sur l’agriculture et l’élevage, comme si finalement, ce monde était à l’image de son peuple : pacifique, mais avec un tempérament dangereux. Orn observa longuement Chandrila. C’était la première fois qu’il la voyait d’aussi près, et une telle vue ne demandait qu’à être admirée éternellement.
Twik, de son côté, faisait doucement avancer le Vautour, évitant les énormes vaisseaux remplis de marchandises. À la grande surprise des mercenaires, aucun navire Impérial ne se tenait en orbite, pour surveiller les allées et retours se faisant à Chandrila. Le Sénateur représentant Chandrila avait dû suffisamment plaire à l’Empereur pour assurer à son peuple une grande autonomie, et, depuis la démission de Mon Mothma en tant que Sénatrice, il n’avait sans doute pas été dur de convaincre l’Empire de la loyauté de la planète. Mais ce n'étaient pas les Destroyers que les deux pilotes s’attendaient à voir. Ils scrutaient l’orbite de l'agri-monde à la recherche du Faucon Millénium, qui était pourtant facilement reconnaissable. Orn, s’arrachant à son observation de Chandrila, prit le relais et guida le Vautour autour de la planète en décrivant un large demi-cercle rapide et fluide, avant d’enfin apercevoir le vieux vaisseau. Ce dernier était en vol stationnaire, restant parfaitement immobile et à l’écart des autres navires spatiaux. Le chasseur le rejoignit immédiatement, et, lorsqu’il était assez près, Faucon et Vautour s’élancèrent vers une direction seulement connue des Rebelles.
Gardant le conseil de Leia en tête, Orn collait le vaisseau gris et cabossé, réalisant lentement que la majorité des navires autour appartenaient à l’Alliance Rebelle. Twik se crispa en même temps que son co-pilote, et, sans attendre que le chasseur le lui dise, il observa silencieusement les différents vaisseaux, à l'affût d’un possible mouvement hostile. Toujours aux commandes, le Twi’lek s’efforça, en vain, de calmer la peur et l’angoisse qui engourdissaient ses membres. Il sentait son cœur battre sourdement dans sa poitrine, et une moue d’appréhension animait son visage. Il remercia son casque sans un mot, sachant que ce dernier allait dissimuler sa crainte aux yeux des Rebelles pour la remplacer avec de la froideur et de l’indifférence. Lentement, les deux vaisseaux s’approchèrent d’un grand navire blanc, presque aussi grand que les Destroyers Impériaux. Long et large, le vaisseau formait une pointe, au bout duquel un rectangle se dessinait, abritant le poste de contrôle. Contrairement à un Destroyer, ce MPO-1400, de classe Purgill, était un simple vaisseau de croisière, bien qu’il fût doté d’un grand hangar ventral où de nombreux engins pouvaient se poser. Le Faucon Millénium paraissait minuscule à côté, et Orn devait lever la tête pour apercevoir le haut de ce navire, qui, il le savait, comportait treize moteurs. Il avait seulement entendu parler de ce modèle, très avancé pour un simple vaisseau de croisière. Tout dans sa forme allongée et fine, et même ses nombreuses antennes, portaient la preuve d’un savoir-faire seulement détenu par les ingénieurs de Corellia. Le hangar ventral était déjà visible, et semblait presque scinder le vaisseau de tout son long. Il en sortait et rentrait différents engins, dont les X-Wings, des chasseurs rapides et précis dont la flotte de l’Alliance Rebelle était majoritairement composée.
Certains ralentissaient au niveau du Faucon Millénium, pour mieux observer le Vautour derrière lui, qui se rapprocha un peu plus du vaisseau allié par crainte de se prendre un tir. Cependant, aucun navire Rebelle ne faisait de geste hostile, et tous continuaient leur chemin malgré les nombreuses interrogations qui envahissaient les esprits des pilotes. Arrivant au hangar, le chasseur observa les endroits où son vaisseau pouvait se poser. L’intérieur était entièrement blanc, et de nombreux navires de toutes tailles y étaient posés. Certains pilotes, qui venaient de sortir, s’arrêtait pour observer, avec incompréhension et surprise, les nouveaux arrivés. Les Rebelles chargés de la protection et de la surveillance du hangar échangèrent des regards entre eux, ne sachant pas vraiment s’ils devaient intervenir. Le chasseur n’aimait pas devoir laisser le Vautour Couronné aux mains des Rebelles, mais, en apercevant les quelques agents des pistes, qui indiquèrent aux deux navires venant d’arriver où ils devaient se poser, il se rendit compte qu’il n’avait pas son mot à dire. N’ayant d’autre choix que de suivre ces indications, le Twi’lek fit poser le Vautour doucement et avec précaution, avant de se tourner vers son co-pilote, l’air sérieux et préoccupé.
"Prends le blaster, et laisse les communicateurs allumés. Si quelqu’un essaye de rentrer, sors-le immédiatement. Tiens-toi prêt à décoller le plus vite possible à tout instant," lui intima-t-il avant de mettre son casque et sa capuche.
Twik acquiesça et saisit l’arme sous son siège, avant de s’emparer du radar développé par Nasha pour inspecter les mouvements autour du vaisseau. Orn resta un instant immobile face à la commande ouvrant la porte du Vautour, sentant une peur pesante s’installer dans son esprit. Lâchant un soupir, il ouvrit la passerelle, et cette dernière s’abaissa dans une lenteur douloureuse, tout en dégageant de la vapeur et un bruit sifflant. Espérant ne pas paraître tendu et nerveux, le chasseur descendit calmement, d’un pas léger, avant de se tourner vers l’équipage du Faucon Millénium qui l’attendait. Un silence pesant envahit le hangar tandis que Leia et son groupe se dirigèrent vers une porte qui se trouvait trop loin d’eux au goût du Twi’lek. Se forçant à garder une allure calme et déterminée, il suivit la princesse et franchit la porte blanche. Il entra dans une grande salle, elle aussi blanche, où il fut accueilli par le son d’armes prêtes à tirer qui le prenaient en joue et qui l’encerclaient.
Rien de spécial à dire sur ce chapitre, Orn est encore assez incertain, mais il y va quand même, bien qu’il y ait un moment où Orn ne va pas pouvoir rester le cul entre trois chaises comme ça, va falloir arrêter de flipper et se décider une bonne fois pour toutes. x)
Hâte de voir comment ça va s’organiser avec la Rébellion et quelle mission il va pouvoir accomplir pour eux. Et probablement que si Ryloth est menacé, il sera bien obligé de prendre les choses en mains.
Ah, le comité d’accueil au taquet ! x)
Deux petites erreurs :
« un tel bijou de la technologie » : un bijou de technologie (dans cette expression on ne met pas de « la » )
« Ne t’avise pas à abîmer » ne t’avise pas d’abîmer