Chapitre 34

         — Cérian, tu as dit que le Prince de la Forêt était venu te chercher. Tu es arrivé très vite, maintenant que j’y pense. Tu n’étais pas au travail ? Même avec toute la bonne volonté du monde, je doute qu’il se soit aventuré jusqu’au centre-ville.

         Hissé sur la pointe des pieds pour guetter le retour de leur monture, les sens aux aguets, le jeune homme fixa l’horizon avec attention.

         — J’ai fait un malaise en arrivant au boulot. Je n’ai pas tourné de l’œil, mais pas loin. Bérénice m’a raccompagné à la maison.

         — Un malaise ?

         — J’ai eu l’impression que le vent et la terre étaient tristes et en colère en même temps, ça déclenchait des émotions en moi que je ne parvenais pas à comprendre et que je n’ai pas pu contrôler. C’était vraiment étrange, je n’avais jamais ressenti ça avant.

         Face au silence du Roi et à sa main qui serra plus fort la sienne, Cérian se tourna vers lui pour le trouver bien pâle.

         — Le temps que tu arrives à la crêperie pourrait correspondre au moment où nous avons subi l’attaque et les premières pertes, murmura Lysandor d’une voix blanche. Tu as senti ça ?

         Après une seconde d’hésitation, le jeune homme acquiesça :

         — Quand je suis rentré, que j’ai découvert les corps dans le jardin, j’ai compris que c’est ce que j’avais perçu, oui…

         La réaction de son amant ne le rassurait pas le moins du monde. Il continua, soulevant une question qui le hantait depuis ce moment :

         — Je croyais que sous apparence humaine, les pouvoirs féériques étaient beaucoup plus limités, alors comment… ?

         — Aucune autre Fée n’a senti le massacre, Cérian, affirma aussitôt Lysandor. Personne, à part ceux qui ont survécu, ne sait ce qu’il s’est passé dans ton jardin.

         — … Quoi ?

         Tétanisé, l’Hybride se figea.

         — Tes pouvoirs sont déjà en train de s’éveiller, continua le souverain d’une voix lente.

         — Mais c’est demain qu’il y a l’équinoxe et l’éclipse !

         Lysandor l’attira soudain devant lui, ses deux mains empoignèrent les épaules du jeune homme. Face à lui, celui-ci vit à quel point il essayait de garder son sang-froid alors que l’inquiétude le rongeait.

         — Les énergies magiques ne se focalisent pas sur une seule et unique journée. Souvent, elles commencent à s’activer la veille, sont au summum de leur puissance le jour J, puis agissent encore le lendemain. Pour certaines, ça peut durer jusqu’à une semaine.

         — Et c’est maintenant que tu me le dis ?! s’écria Cérian.

         — … J’espérais… j’espérais que tu ne t’éveillerais que demain, avoua le souverain. Je découvre les choses en même temps que toi. Jamais au grand jamais je n’aurais pu deviner que tu pourrais percevoir la mort des nôtres alors que tu étais à des kilomètres de nous. Sous ta forme humaine qui plus est.

         Le jeune homme gémit avec dépit. Ça n’augurait rien de bon.

         Sans avoir besoin de se retourner, il sentit la présence du cerf qui revenait vers eux. Il n’était pas seul.

         Alerte, il pivota en se détachant du contact de Lysandor. Celui-ci garda une main sur son épaule, les sourcils froncés :

         — Cérian ?

         — Le cerf est de retour. Une Fée est avec lui. Je ne sais pas…

         Il se tut. L’expression de surprise du Roi lui noua les entrailles d’une façon très désagréable. Il grogna :

         — Y’a que moi qui les sens approcher, c’est ça ?

         Avec un sourire crispé, son amant acquiesça.

         Il soupira. Sans rien faire de particulier, il voyait déjà le potentiel de son pouvoir. Il percevait des choses en étant à plusieurs centaines de mètres. En se concentrant, il devinait qu’il pouvait écouter tous les animaux alentour, ce serait aussi facile que de simplement tendre l’oreille pour épier une conversation non loin. Néanmoins, il n’osa pas tenter l’expérience, par crainte de ne rien contrôler et d’entendre beaucoup trop de choses qui ne le regarderaient pas.

         Un fourmillement dans ses mains lui faisait comprendre que s’il posait la paume contre un tronc, un rocher, un végétal ou à même le sol, il pourrait communiquer avec la nature. C’était effrayant.

         Dans sa tête, Cérian s’était figuré qu’il lui faudrait plusieurs jours d’apprentissage, voire plusieurs semaines, pour réussir à maîtriser un tant soit peu ses fameux pouvoirs qui intéressaient bien des Fées. Qu’il allait galérer à faire appel à cette magie.

         Terrifié, il constatait qu’en réalité tout se ferait par instinct. Il n’allait pas avoir de difficulté à appeler ses capacités à lui. Il allait avoir du mal à calmer leur puissance !

         Lysandor referma les yeux en entendant à son tour les branches craquer sous l’arrivée du Prince de la Forêt. Ses doigts s’étaient néanmoins posés sur la nuque de son compagnon pour lui manifester son soutien.

         — Majesté !

         Jusqu’alors en train de voler près de la tête du cerf, Zéphyra fusa droit sur eux en les apercevant. Jamais Cérian n’aurait cru être aussi heureux de la voir un jour.

         — Majesté ! Vous êtes là ! Gaïa soit louée ! Kael répand déjà la rumeur de votre décès, mais la Princesse n’osait pas y croire une seule seconde ! Par conséquent, elle… elle…

         Les yeux exorbités, l’archère perdit le fil de son discours en fixant le jeune homme près de son souverain. Elle finit par se taire, le dévisageant comme s’il était l’incarnation de la surprise en personne. Elle détailla ses oreilles pointues, puis s’attarda sur ses ailes.

         Mal à l’aise, Cérian se racla la gorge, puis se concentra sur le cerf.

         — Tout va bien ?

         — Dans le secteur, oui. J’ai croisé cette jeune dame qui cherchait son Roi. Les Fées Lunaires ne sont pas présentes ici, le sort du souverain Solaire leur importe peu.

         — Évidemment, elles le croient déjà mort ! pesta Zéphyra avec véhémence.

         — En revanche, beaucoup se regroupent près du village du chêne, continua l’animal comme si on ne l’avait pas interrompu. Le rouge-gorge que nous avons rencontré dit qu’elles tentent d’abaisser la barrière de protection.

         Le jeune homme se mordit les lèvres jusqu’au sang. À ses côtés, Lysandor se tendit.

         — C’est tout à fait juste ! approuva l’archère sans cesser de fixer Cérian. Ils ont osé prétendre que Sa Majesté était déjà morte, ils ont brandi son collier comme preuve. La Princesse Isalys n’a pas voulu le croire, elle m’a fait sortir par un chemin secret et m’a ordonné de vous trouver coûte que coûte. J’étais censée me rendre dans la maison de l’humain, mais j’ai croisé le Prince de la Forêt et me voilà !

         Elle se tourna bien plus franchement vers Cérian :

         — Alors c’est vrai ?! C’est toi l’Hybride ? Je n’osais pas vraiment le croire, mais le Commandant exige que l’Hybride lui soit livré et comme la Princesse m’a envoyé chez toi…

         Lysandor leva la main pour l’interrompre, épargnant à son compagnon le besoin de répondre. Le sourcil de ce dernier tressauta d’agacement à l’idée qu’il devait être « livré » comme un vulgaire colis.

         — Tout le monde est au courant pour Cérian ? demanda le Roi.

         — Oui et non. Le Commandant n’a pas donné son nom, certains ne savent pas du tout de qui il parle. Mais beaucoup commencent à faire le lien avec sa récente visite chez nous et votre absence de cette semaine. Les Gardes bavardent, ils sont déjà tous à peu près sûrs que l’humain à surveiller est bel et bien l’Hybride.

         — Tu confirmes que Kael et ses troupes tentent de franchir nos frontières ?

         — Oui.

         Lysandor soupira.

         — Est-ce qu’il peut y arriver ? demanda Cérian à mi-voix. À entrer dans le village ?

         Zéphyra hésita, ayant apparemment très envie de répondre. Elle jeta plusieurs coups d’œil en direction de son souverain, attendant de voir s’il allait prendre la parole. Constatant qu’il ne le faisait pas, elle hocha la tête :

         — Lyr est efficace. Quand je suis partie, il était sur le pied de guerre pour tout renforcer. Mais il n’est pas invincible. Même la plus puissante magie peut être défaite, avec la bonne solution. Officiellement, nous avons jusqu’au coucher du soleil pour te livrer. Mais dans les faits, ils essaient déjà de saboter nos défenses. Les connaissant, ils seront capables d’utiliser leur magie à mort, si ça peut aider à entrer chez nous.

         Cette information déplut immédiatement à Cérian. Des fanatiques prêts à se suicider pour le récupérer ? Ou des pauvres hères qui seraient obligés de se vider de leurs pouvoirs jusqu’à en mourir ? À la façon dont Lysandor serra les dents, il pencha plutôt pour la deuxième probabilité.

         — Il faut retourner au village, annonça l’Hybride. Rassurer le peuple sur la survie du Roi. Je vous accompagne.

         D’autorité, il se tourna vers son amant qui acquiesça, à contrecœur. Le monarque s’adressa ensuite au cerf.

         — Mon ami, veux-tu bien nous ramener au chêne ?

         Présenter cette demande lui coûtait. Il aurait préféré rentrer par ses propres moyens, en volant. Mais sans son pendentif pour se repérer, il risquait d’être bien trop vulnérable.

         Zéphyra refusa de monter sur les bois du cerf, comme si elle estimait que ce serait un manque de respect de sa part. Lorsque Lysandor ouvrit les yeux, l’expression tendue, pour suivre à la trace son amant au moment où ce dernier vola vers le Prince de la Forêt, elle ne fit aucun commentaire.

         Perché à nouveau dans les cornes, Cérian garda le silence. Debout derrière Lysandor qui fixait l’horizon de son regard éteint, il lui caressait discrètement le dos. Attentif, il observait aussi les déplacements de leur monture qui évitait toujours des endroits. Les Fées lunaires n’étaient pas si loin.

         — Je vais me rendre à Kael, annonça-t-il soudain.

         — Tu plaisantes, j’espère ! contrattaqua immédiatement le Roi avec sècheresse.

         Surprise, Zéphyra tourna brièvement les yeux vers eux, avant de se concentrer à nouveau sur son vol. Elle tenait son arc à la main. Même si elle ne disait rien, elle ne perdait pas une miette de leur échange.

         — On n’a pas le choix. Je refuse qu’ils s’en prennent à ton village. D’ici demain, ils ont le temps de faire des dégâts.

         — Aie confiance en Lyr, grinça le souverain.

         — Ce n’est pas une histoire de confiance. Ton peuple est assiégé. Plusieurs des tiens sont déjà morts. Si je me rends, je peux essayer de négocier pour qu’il retire ses troupes. Au moins, vous serez tranquille.

         — Pour combien de temps ?! Jusqu’à ce que lui ou sa sœur absorbent tes pouvoirs et les utilisent pour nous détruire ?

         — Ça vous laissera le temps de renforcer encore les protections. Ou de partir…

         Lysandor tourna un visage si furieux vers lui que Cérian recula d’un pas.

         — Il est hors de question que nous partions ! Pour aller où ? Ils nous traqueront ! Non, s’ils percent nos défenses, nous nous battrons !

         — Rien ne dit qu’ils auront accès à mes pouvoirs… chuchota le jeune homme.

         D’un coup, la colère du souverain s’évapora au profit d’un teint blême. Il baissa machinalement le regard vers la poche du pantalon de Cérian, avant de le relever, puis de secouer la tête :

         — Je refuse d’envisager cette possibilité !

         — Lys, je peux peut-être aider à défendre le village, avec mes capacités, au moins tu seras assuré de m’avoir en sécurité. Mais… mais les tiens ne seront pas tous ravis, ma simple présence vous met tous en danger. Et si les Lunaires savent que je suis réellement là-bas, ils redoubleront encore plus d’efforts. Déjà qu’ils ont l’air partit pour employer les grands moyens…

         — Dans ce cas, tu n’as qu’à rentrer à l’abri, chez toi. Je te fais confiance pour arriver à destination sans faire de détour. Tu t’enfermes et tu ne bouges plus jusqu’à ce que ça se calme.

         D’un geste autoritaire, Lysandor lui indiqua la direction de sa maison. Pendant une seconde, Cérian suivit le mouvement du regard. Bien entendu, il ne la voyait pas du tout, d’ici, mais il savait qu’il n’en était pas si loin. Un instant, il fut tenté de lui obéir. Pourtant, il secoua négativement la tête.

         — Je ne peux pas rester enfermé alors que ton village est déjà en train de subir leurs attaques. À un moment, ils sauront que je ne suis pas là-bas et que je suis chez moi. Ils viendront. Ce n’est pas une vie, Lys, je ne peux pas passer mon existence à me cacher pendant que tout le monde souffre des conséquences.

         Les larmes lui brûlèrent les yeux, il les essuya d’un geste rageur.

         — Si je vais le voir, son attention sera concentrée sur moi, non sur le village. Je ne le connais peut-être pas autant que je le croyais, mais je pense que je peux le convaincre de vous foutre la paix, au moins jusqu’à la fin de l’équinoxe… Ça vous laissera le temps de vous préparer, au cas où… Le plus pressé, là, c’est de les éloigner de vous.

         Tourmenté, le Roi des Fées saisit son visage entre ses paumes. Ses doigts tremblaient.

         — Tu sais ce qu’ils te feront…

         Cérian hocha la tête, puis enfouit son nez dans le cou de son compagnon en le serrant dans ses bras.

         — J’essaierai de parler avec Kael, de jouer la corde sensible. Si ça ne fonctionne pas, j’ai ma solution de secours…

         Lysandor l’étreignit plus fort en soufflant :

         — Tais-toi…

         Il caressa les cheveux bruns de l’hybride qui huma son odeur de forêt en retour, souhaitant la graver dans sa mémoire.

         — Tu sais que même si tu emploies ta… ton….même si tu fais ça, ça ne les empêchera pas d’essayer de nous attaquer, reprit le souverain.

         Son compagnon redressa la tête, sans le lâcher, le cœur lourd.

         — J’en ai conscience. Mais au moins, j’aurais la certitude qu’ils ne pourront pas le faire avec mes pouvoirs entre leurs mains. D’ici là, tu as le temps de rameuter des alliés. Demande aux animaux de vous prêter mainforte, utilise Pippin comme émissaire si tu le retrouves. Hein, Prince de la Forêt, vous voudrez bien aider les Fées Solaires à se défendre, si quelque chose tourne vraiment mal ?

         — Nous ne laisserons pas les Fées Lunaires voler un pouvoir qui ne leur appartient pas, répondit le cerf avec un calme déconcertant. Si tu gagnes du temps, je pourrais relayer ton message dans les heures à venir, pour protéger le village.

         Cérian hocha la tête, rassuré.

         — Viens au village avec nous, insista Lysandor.

         — Pour qu’ils s’acharnent davantage ? Je ne peux pas, Lys… Je dois vous faire gagner du temps, détourner leur attention, c’est tout ce que je peux vous offrir. Si je viens, ils vont être encore plus motivés à attaquer vos défenses.

         La mort dans l’âme, le monarque acquiesça, sans quitter son amant des yeux.

         Ils avaient évité le sujet avec soin, mais ils savaient tous les deux que les possibilités étaient réduites.

         — Je vais faire de mon mieux pour protéger notre peuple, souffla Lysandor. Sois très prudent de ton côté. Repousse au maximum l’inévitable, je t’en prie.

         Le cerf s’arrêta. Zéphyra resta en vol stationnaire non loin du duo. Elle leur accordait un peu d’intimité en ne les regardant pas, tout en demeurant aux aguets du moindre problème.

         — Je ne peux pas aller plus loin sans me faire repérer, annonça le Prince de la Forêt. D’ici, le Roi peut emprunter le chemin secret qui lui permettra de rentrer chez lui. M’avancer davantage reviendrait à signaler son emplacement.

         Cérian observa rapidement les lieux. Sans connaître les environs, il sut où ils étaient en se référant au grand chêne parfaitement visible. L’entrée officielle vers le village se situait à l’opposé de leur position. Lysandor n’allait pas pouvoir voler, il devrait faire le trajet à pied, guidé par la soldate. À l’œil, il estima qu’il leur faudrait une bonne demi-heure pour ce faire.

         Il resta juché sur les cornes, toujours face à son amant, et lui adressa un sourire aussi rassurant que possible :

         — Je vais essayer de m’entretenir avec la Reine Lunaire, tenter de l’amadouer. Puis-je me permettre de parler au nom des Fées Solaires, si besoin ?

         — Tu n’as pas besoin de mon autorisation pour ça. Cérian, tu es l’Hybride, tu as plus que jamais le droit de revendiquer une alliance et de parler en notre nom à tous.

         Une nouvelle fois, ils s’étreignirent, conscients qu’il s’agissait peut-être de leur dernier contact.

         Lysandor l’embrassa jusqu’à ce que le souffle leur manque à tous les deux. Cérian le serra encore contre lui pour profiter de sa chaleur.

         — Demande à Lyr de fouiller les carnets de ma mère, peut-être qu’elle a noté comment fabriquer ton collier.

         La gorge nouée, le Roi hocha la tête.

         Le jeune homme décolla ensuite, puis vola avec prudence jusqu’au sol, son amant dans son sillage, pour le guider vers la terre ferme sans encombre. Zéphyra se posa également à côté d’eux, le visage grave. Cérian se tourna vers elle :

         — Vos confrères et consœurs qui ont péri dans mon jardin… J’ai déposé les corps dans mon salon, pour les mettre à l’abri. J’espère que je ne leur ai pas manqué de respect. Vous, vous ne pourrez pas entrer, mais demandez à Lyr, à Isalys ou à Sa Majesté si vous voulez aller les récupérer. Ils vous cèderont surement un droit de passage.

         Ses paroles furent aussitôt approuvées par Lysandor. La fée écarquilla les yeux, sincèrement surprise par ce qu’elle entendait.

         — … Merci… finit-elle par articuler. Merci pour… pour ça…

         Pour la première fois, elle adressa un sourire timide à Cérian, comme s’il venait de remonter brusquement dans son estime. Il lui répondit par un vague hochement de tête, avant de lui donner son sac à dos. Il n’en aurait plus l’utilité, il allait juste l’encombrer.

         Les yeux embrumés, il étreignit les doigts de son compagnon dans les siens, avant que ce dernier ne se détourne, raide, pour se tenir au bras de l’archère qui le guida vers un rocher en partie dissimulé par la végétation.

         Lorsqu’ils disparurent de sa vue, l’Hybride tâcha de ne pas se laisser engloutir par ses émotions de peur à l’idée de ce qu’il s’apprêtait à faire.

         Il resta concentré sur l’urgence du moment, puis s’envola pour se trouver à la hauteur de la tête du Prince de la Forêt.

         — Rallie les animaux qui seront volontaires pour aider les Fées Solaires. Ou plus exactement pour aider toutes les Fées qui seront d’accord pour préserver l’autorité de Lysandor sur cette forêt. Si des Fées Lunaires veulent se joindre à vous, qu’elles le reconnaissent lui, laissez-les faire.

         — Entendu.

         Serein, le cerf se détourna avec grâce puis s’éloigna sans se hâter. S’il se mettait à trotter, il risquait d’attirer l’attention.

         Resté seul, Cérian vérifia que plus personne n’était visible dans les alentours, les mains moites d’appréhension. Maintenant, il fallait qu’il rejoigne Kael. Qu’il tente d’atténuer les choses. Avec la décision qu’il venait de prendre, il venait soit de sauver un maximum de Fées, soit de les précipiter droit vers le chaos.

 

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