Chapitre 34 : Calir

Par Talharr

Calir :

Fini de servir ce stupide comte. Je vais enfin retourner sur mes terres. Là où Dalar m’attend.

Calir avait obtenu ce qu’il désirait depuis toujours : les élus. Jamais il n’aurait pu les rassembler seul. Alors il avait manipulé l’ordre de Malkar, ces fanatiques crédules qui n’avaient rien vu de ses mensonges. À présent, ils servaient le Serpent.

Ils ignoraient encore ce qui les attendait.

Il servait Dalar depuis que celui-ci lui était apparu — il ne savait comment — et lui avait demandé allégeance. L’aider à redevenir le maître de la Terre de Talharr, voilà la mission. Ses fils l’avaient jadis vaincu, et depuis, le dieu ne réclamait que vengeance.

« Je détruirai ce monde et le recréerai à mon image. Il sera fait de feu et de force », avait soufflé le dieu.

Calir avait accepté sans hésiter. Ce monde l’écœurait. Les Hommes étaient devenus faibles. Les dirigeants étaient choisis et aimés. Les royaumes vivaient dans une paix hypocrite. Seul Drazyl échappait à cette règle, mais ce n’était pas pour cela qu’il méritait sa clémence. Bien au contraire. Ce royaume n’était qu’une souillure, peuplé d’êtres sans âme ni honneur.

Tout serait balayé.
Les demi-dieux exécutés par leur propre père.
Et le monde s’embraserait.

Calir souriait, assis seul sur son lit. Contrairement aux autres pièces, sa chambre baignait dans le froid et l’ombre. Les volets fermés, aucune flamme n’osait brûler dans l’âtre. Cela ne l’empêchait pas de voir parfaitement, lorsqu’il adoptait sa véritable apparence : ses yeux jaunes scrutaient chaque recoin.

Un mince serpent se faufila sous la porte, glissa jusqu’à ses pieds, grimpa le long de son corps et se posa sur son épaule, là où il l’avait jadis mordu. La morsure qui l’avait lié à Dalar.

    — Le jeune Loup m’a paru très perturbé. As-tu réussi ? demanda Calir.

    — J’ai ttttué la jjjjeune fillllle, siffla la créature.

    — Bien. La tâche sera plus difficile pour l’Hirondelle. Et Elira ?

    —  Cccc’est la filllle qui l’a sauvvvé… Les Zzzarktys et les Alkasrrrims sont arrivés, je n’ai pas pu la tttuer.

Calir prit le serpent dans ses mains. Ses petits yeux jaunes le fixaient avec hésitation.

    — Il faut empêcher Elira de rejoindre les élus. Si tu ne peux la tuer, alors fais en sorte qu’elle n’aille pas au-delà des terres de Cartan. La guerre approche. La Forêt Sans Morts va s’éveiller, et avec elle tout ce qui guette encore dans l’ombre.

Le serpent hocha la tête, puis ondula vers la sortie.

    — Nekrahl. Notre maître sera bientôt de retour.

    — Daa-larrr krûûl varrr-mek. Nûûr-tha ven’draaall, répondit-il avant de disparaître sous la porte.

Calir resta pensif. La fausse Hirondelle donnée à Erzic était morte. Cela briserait le cœur d’Arnitan. Le Loup, censé demeurer pur, ne deviendrait plus que haine et vengeance. La véritable Hirondelle, Aelia, aurait pour rôle de l’empêcher de sombrer. Mais Calir savait que, même si la colère s’atténuait, une flamme subsisterait toujours. Une flammèche qu’il continuerait à raviver.

Dalar la sentirait. Et renaîtrait.
Sans que Malkar et Talharr ne s’en doutent.

Alors qu’il savourait déjà sa victoire, on frappa à sa porte. Aussitôt, il reprit son apparence de messager bouffi.

En ouvrant, il trouva Arnitan.
Calir lui adressa un sourire avenant.

    — Je… désolé de vous déranger. Vous disiez connaître l’histoire des Terres Abandonnées. Savez-vous ce qu’on pourrait y rencontrer ?

    — Je ne connais que les récits des villages proches de ces frontières. On parle de beaucoup de choses… Des monstres volants, rampants, des femmes meurtrières, des hommes aux yeux jaunes, voire des non-humains.

    — Des mages ?

    — Oui, c’est probable.

    — Vous pensez qu’Erzic vient de là-bas ?

    — En y réfléchissant… c’est presque certain. Un mage qui connaissait la prophétie mais taisait son origine… oui, cela ne fait aucun doute.

Le jeune homme resta songeur.

    — Alors nous détruirons ces terres.

Un grand sourire se dessina sur le visage de Calir. Un sourire qui se voulait triste mais n’était qu’heureux.

    — Réussissons d’abord ce pourquoi nous sommes envoyés dans les Terres Abandonnées. Ensuite, justice sera rendue, dit-il en posant une main réconfortante sur l’épaule du Loup.

Arnitan hocha la tête, prêt à partir. Mais Calir devait entretenir la braise qui couvait en lui.

    — Je suis vraiment désolé pour Gwenn, dit-il d’un ton grave. Je ne sais pas non plus si je m’en remettrai. C’était une fille brave, au grand cœur. Je suis certain qu’elle nous accompagnera jusqu’au bout.

Le jeune homme se retourna, les lèvres tremblantes.

    — Merci, souffla-t-il.

Calir le suivit du regard jusqu’à ce qu’il disparaisse, puis regagna sa chambre.

Il resta là à sourire.

Tout ce qu'il avait mis en place pendant tant d'années. Les prophéties modifiées, manipuler les Dralkhar et les Zarktys, faire disparaitre les Alkasrims. Mener les royaumes de Drazyl et Balar en guerre. 

Tout cela n'était que son oeuvre. 

Il n'a pas fait cela pour tuer ou par soif de pouvoir. Bien au contraire, comme son dieu il souhaitait un monde diriger par les forts. Que l'ancien monde renaisse. Un monde qui ne restait pas figé dans le temps, à donner des couronnes aux moins méritants et à laisser les faibles se faire tuer. 

Il voulait changer le monde. Lui rendre sa grandeur d'antan. Des batailles pour les terres. Des souverains qui auront de l'honneur. Et non des hommes qui envoient des enfants mourir dans des arènes. Ils ont tellement peur des dieux, de mourir, qu'ils préfèrent envoyer leurs enfants tous les sauver. Il ne reste que des lâches. 

Mais lui était prêt à tuer n'importe qui pour y arriver. Il se sacrifiait pour une cause plus grande. 

Calir tourna son regard vers la porte. 

Ils me remercieront. Je les aurai tous sauvé. 

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Scribilix
Posté le 30/08/2025
Bon, on en apprend plus sur Calir et c'est intéressant. Mais en même temps un peu trop manichéen. Il aide Dalar parce qu'il veut tout voir bruler. D'accord mais je pense que tu ferais mieux de lui donner une raison un peu moins du style (je suis le méchant mouhahaha). L'idée des hommes devenus faibles est un peu plus intéressante. Tu pourrais creuser d'avantage le fait que les années de paix ont rendu les hommes molassons, qu'il regrette la dureté de la vie des ancêtres qui devenaient des êtres humains accomplis uniquement au travers du combat par exemple. Dès lors il voudrait tout anéantir pour faire revivre cet état d'esprit. Je pense que tu pourrais encore approfondir là-dessus pour lui trouver une raison plus philosophique. Ça le rendrait plus crédible et sympa à suivre.

juste un tout petit retour :

— L’aider à redevenir le maître de la Terre de Talharr, voilà la mission. (j'aurais plutôt mis sa mission)

Je continue. :)
Talharr
Posté le 30/08/2025
Hello,
Je vois ce que tu veux dire. Comme j'en ai pas beaucoup parlé et qu'on apprend maintenant qui il est, surtout que j'ai pas beaucoup de passages avec lui, faut que je trouve un moyen de rallonger celui-ci pour peut-être plus expliquer et faire comme tu m'as dit. Je vais voir comment faire mais déjà si ça fonctionne au niveau du personnage. C'est assez complexe aha

Merci pour ton retour :)
Talharr
Posté le 30/08/2025
J'ai modifié la fin en rajoutant plus de précisions sur son état d'esprit et ce qu'il a fait. Le rire je le trouvais pas mal sur le coup mais en effet ça faisait trop méchant pour rien.
Hésite pas à me dire de ce que tu penses de cette fin de chapitre :)
Scribilix
Posté le 31/08/2025
Haha, effectivement le rire faisait grand méchant de cinéma. Peut-etre que dans la logique de la dernière phrase "laisser des enfants se battrent dans des arenes" je rajouterais " et confier le sorts du monde à des gosses en se terrant dans leur palais. En reférence à Aélia et Arnitan
Talharr
Posté le 31/08/2025
Ah oui je vais ajouter une phrase là-dessus. Merci pour tout tes conseils, ça m'aide vraiment beaucoup à m'améliorer et à continuer cette histoire en l'enrichissant un peu plus :)
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