Chapitre 35 : Rhazek

Par Talharr

Rhazek :

Le froid. Le silence. Le vide.

C’était tout ce qui entourait Rhazek dans un Mahldryl désert. Depuis combien de temps errait-il ici ? Impossible à dire. La dernière image avant son arrivée restait le visage de sa mère.

Je m’appelle Alion. J’ai une sœur que j’aime. Un père bienveillant…

Cherchant des réponses, il avait descendu les marches du dôme jusqu’aux prisons. Vides. Comme le marché, comme les remparts. Toute vie avait disparu.
Étrangement, il n’avait ni faim ni soif. Seul son chagrin restait.

Qu’ai-je fait ?

Au fond de lui, deux voix se battaient.

Il me fallait ce royaume. Malkar l’a demandé !

    — C’est exact, Rhazek, roi de Drazyl, dit soudain une voix qui semblait jaillir des entrailles de la terre.

Sur la place du marché, il se retourna brusquement. Une silhouette descendait vers lui, sombre et éclatante à la fois. Yeux jaunes perçants, cheveux noirs ondulés, armure d’ombre.

    — Je suis Malkar, le demi-dieu déchu. J’ai entendu tes prières. Il est temps que je rencontre mon élu.

    — Alors c’est vrai ?! Je suis le Serpent ? Erzic ne m’a pas menti ?

    — Tu es le Serpent. Celui qui m’aidera à me libérer… et à sauver ce monde.

Rhazek écarquilla les yeux. Tout ce qu’il avait entendu n’était donc pas mensonge ? Tout ce que lui avait dit sa mère ?  

    — Une illusion, cracha Malkar.

    — Quoi ?!

    — Une ruse d’Elira, la traîtresse. Elle ne veut pas que je sois libre ! Elle en paiera le prix.

Ses yeux virèrent au rouge un instant, et ses cheveux semblèrent grisonner. Rhazek sentit un frisson de terreur.

    — Tu n’es pas mort, Rhazek. Si tu es ici, c’est parce que je l’ai voulu. Ta mission ne fait que commencer. Je veux que la Terre entière nous appartienne. Laisse les élus venir à moi : ils sont la clé de ma libération.

Le jeune roi hocha la tête, subjugué.

    — Oublie cette histoire d’Alion. Tu es Rhazek. Roi de Drazyl. Disciple de Malkar.

À ces mots, son esprit s’embruma. Les souvenirs d’Elira, d’Aelia, de Vaelan s’effacèrent, remplacés par les tortures, les arènes, les massacres de Drazyl.

Il essaya de lutter. Il voulait revoir sa sœur, son père, Vaelan.

Mais il perdit la bataille.

    — Tu es prêt à retourner parmi les tiens. N’échoue pas. Et si tu croises la traîtresse… tue-la.

La douleur explosa dans son crâne. Rhazek s’effondra à genoux, hurlant, les mains sur la tête.

Devant lui, l’apparence du demi-dieu se métamorphosa : cheveux tressés et grisonnants, barbe épaisse, armure écarlate striée de serpents, un gourdin gigantesque en main. Une présence de titan.

    — Je suis Dalar, créateur de cette Terre. Mais toi… tu m’appelleras Malkar, jusqu’à ta mort.

Il claqua des doigts. Le corps de Rhazek se figea. Ses yeux se révulsèrent, des ombres s’échappèrent de sa bouche. Puis il s’écroula, haletant.

    — Te souviens-tu d’Elira ?

    — Une traîtresse à abattre, grogna Rhazek.

    — Et Alion ?

    — Mort. Comme je tuerai sa sœur… et son père !

    — Laisse sa sœur à mon service. Tue les autres. Conquiers la Terre de Talharr. Et meurs pour moi.

Le rire de Dalar résonna comme un glas. La cité vibra d’un grondement sourd. Puis tout s’effondra dans le noir.

Quand Rhazek rouvrit les yeux, il était allongé dans une chambre. Une chaise occupée par un homme endormi se tenait près de lui.

    — Erzic ! souffla-t-il, la gorge sèche.

Le mage sursauta.

    — Rhazek ? Vous êtes réveillé ? C’est pas trop tôt…

Il demanda de l’eau, but d’une traite, et sentit la vie revenir.

    — Comment vous sentez-vous ?

    — Bien. Très bien. Nous allons les écraser, Erzic. Cette Terre sera à nous.

Le mage fronça les sourcils.

    — Eh bien, n’est-ce plus ce que vous souhaitez ? demanda Rhazek, un grand sourire aux lèvres.

    — Si. Bien sûr que si. Je suis seulement étonné de vous voir aller aussi bien, répondit Erzic.

    — Malkar m’est apparu. Il a effacé mes doutes, montré la voie. Nous n’échouerons pas.

    — Malkar ?! Il vous est apparu ?

Rhazek éclata d’un rire exalté.

    — Oui ! Il était majestueux ! Ne t’inquiète pas, il t’honorera aussi, quand nous aurons gagné.

Erzic jura entre ses dents.

    — Je suis content de voir que notre roi est de nouveau parmi nous. La guerre est loin d’être gagnée. Les troupes ont besoin de vous.

    — Et je serais là. Aux premières lignes.

    — Encore faudrait-il que vous alliez mieux.

    — Ce n’est qu’une question de quelques jours, je sens le pouvoir de Malkar en moi, dit un Rhazek persuadé de ses dires.

Erzic lui semblait perturbé.

    — Pendant votre sommeil, vous parliez d’Alion. Et d’une “petite hirondelle”. Qui sont-ils ?

    — Alion est mort. C’était le fils d’Elira. Et la petite hirondelle est sa sœur. Mais notre dieu la veut pour lui seul.

Erzic se leva, fit les cents pas en jurant à tout va.

    — Qu’y a-t-il à la fin ? demanda Rhazek, la voix toujours un peu enraillée.

Le mage blêmit.

    — On m’a trompé… On m’a donné une fausse Hirondelle ! pesta-t-il.

Rhazek rit encore, une toux l’interrompit.

    — Peu importe. Tu obéiras. Sinon, Malkar s’occupera de toi.

Le visage d’Erzic vira au rouge. Mais au lieu de répondre, il quitta la pièce en claquant la porte.

Rhazek, seul, sourit avec arrogance.

Je serai le seul roi. Tous plieront. Malkar sera maître de ce monde.

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Scribilix
Posté le 30/08/2025
Oula, je suis pas certain d'avoir compris ce passage. Tu as Rhazek qui croit avoir une vision de Malkar mais en fait c'est Dalar qui s'est fait passer pour lui. D'ou le fait qu'Erzic soit pertubé. Mais dès lors pourquoi Malkar aurait laissé faire ? Ou pourquoi Dalar n'apparait-il en vision que maintenant. Et pourquoi Talar ne se montre pas ?
Tant de questions sans réponses :)
Talharr
Posté le 30/08/2025
J'ai eu peur de la réaction sur celui-ci, je joue vraiment sur "il faut que ce soit Malkar le méchant". Rhazek ne sait pas à quoi il ressemble. Et Dalar a pris son apparence pour apparaitre à Rhazek.
les dieux ont très peu de pouvoir actuellement, ils doivent bien choisir leur moment :)

Il y aura des explications mais surtout dans le final :)
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