Dans sa chambre, Aube n’avait pas besoin de lire les pensées de ses parents pour les entendre se disputer derrière la porte de la cuisine.
— Est-ce que tu te rends compte des risques que tu nous fais courir ? criait sa mère.
— Tu vois trop de dangers partout, rétorquait son père.
— Ce Gordon, il te connaît. Qui est-ce ?
— C’est sans importance.
— Il t’a menacé.
— Vous l’avez contrarié, mais il ne peut rien contre moi.
— Qu’est-ce que tu en sais ? s’énerva son épouse.
— C’est un nouveau venu, la rassura-t-il. GigaCom vient de l’engager comme porte-parole. Mais il a les dents longues. Il ne restera pas. Notre colline est trop petite pour lui. Il cherchera plus de pouvoir. Un lieu plus important. Tôt ou tard, il partira.
— J’espère que tu as raison.
— Fais-moi confiance.
— Prends soin de toi, Jean.
— Tu sais que je suis prudent et que je suis toujours protégé.
— Je sais.
La tempête était passée. Dans son lit, Aube en restait toute chavirée.
Jean passa la tête par la porte de la chambre de sa fille.
— Tu ne dors pas encore ?
— Papa !
Il vint s’asseoir au bord de son lit.
— Qu’est-ce qui t’inquiète, ma chérie ?
— Le monsieur de GigaCom, il me fait peur.
Jean posa la main sur sa joue.
— Rassure-toi, dit-il, je suis là.
— Il n’écoutait personne et il mentait pour faire accepter l’antenne, continua-t-elle.
— Mais ce monsieur ne peut pas décider tout seul.
— Papa ! Il est complice avec le directeur et le responsable de la ville. Ils ont déjà tout décidé entre eux.
Jean prit le temps de respirer profondément. Il avait accès au raisonnement de sa fille. S’il pensait que cet homme ne pouvait pas décider seul de construire l’antenne, elle attendait de lui des explications.
— Ce n’est pas permis, ma chérie, affirma-t-il. Il y a des règles.
— Et qu’est-ce qui se passe s’ils ne les respectent pas ?
— La justice peut les punir.
— Alors pourquoi elle ne le fait pas ? insista-t-elle.
— Parce qu’il lui faut des preuves.
— Moi, je sais ce qu’ils pensaient.
Jean l’embrassa sur le front.
— On ne sait jamais vraiment ce que pense quelqu’un, ma chérie, dit-il. Tout ça est complexe. Et une pensée ne suffit pas comme preuve.
Aube voulut répondre que dans ce cas elle irait elle-même chercher des indices de la machination de GigaCom. Mais son père se redressa et se fit sévère.
— Je t’interdis de tenter quoi que ce soit seule, l’arrêta-t-il. Je me charge de cette affaire. Avec internet, la pétition peut prendre de l’ampleur. Si l’opposition devient publique, GigaCom fera marche arrière et il n’y aura aucun petit arrangement possible entre la ville et eux.
— Tu crois ?
— J’en suis certain, ma chérie, conclut-il. Maintenant, il est l’heure de dormir. Bonne nuit et fais de beaux rêves.
Il referma la porte derrière lui. Il avait également verrouillé l’accès de ses pensées secrètes à sa fille. Pourtant celle-ci avait compris que son père était préoccupé. Sans savoir précisément pourquoi, elle eut l’intuition qu’il était question d’autres mages animaux.
« Éfflam ? »
« J’étais là. J’ai tout suivi » répondit son ami. « Tu as raison. Moi aussi, je pressens qu’il y a un esprit sombre en ville. »
« Un esprit sombre ? Qu’est-ce que c’est ? »
« Un être de pouvoir. Un maître des énergies, capable d’accéder à la matière des choses. Et parfois de se mettre au service d’une mauvaise cause. »
« Il y en a un dans la tour GigaCom ! » s’exclama la fillette. « C’est ça, non ? C’est lui que j’ai senti quand nous étions en ville. C’est lui qui aidait Gordon à manipuler la réunion à l’école. »
« Oui. Tu vois juste » assura Éfflam. « Il faut le démasquer. »
Un chapitre simple mais tout aussi efficace. Derrière Gordon s'élève lentement l'ombre de la véritable menace qui pèse sur la colline et bien que ma curiosité ne soit pas encore tout à fait rassasier les enjeux eux, ont toute leur place!
Une question pourtant me taraude désormais, les mages animaux n'utiliseraient-ils pas les humains comme des outils?
Comme toujours merci pour cette magnifique histoire.
Les mages animaux interagissent avec les humains, mais selon la formule consacrée, pour le meilleur et pour le pire !
Encore merci à toi !
A bientôt pour la suite !