MILA
Je ne sens plus mes jambes. Plus du tout. Pourquoi ? Parce que le très gentil Alex avait décidé de s’allonger sur moi pour se reposer avant de se préparer pour la soirée de feux de camp sur la plage. Il a la tête posée sur mes cuisses, les bras autour de ma taille. Je lui caressais doucement les cheveux en faisant défiler les vidéos sur mon téléphone de mon autre main. Nous étions paisibles, enveloppés dans un calme réconfortant… jusqu’à ce que quelqu’un frappe à la porte d’entrée. Alex gémit en me sentant me redresser sous lui et je le repousse doucement.
- Alex, enlève-toi s’il te plaît, je dois ouvrir la porte.
- Nooooon... grogne-t-il en faisant la moue.
- S’il te plaît, allez ! dis-je en riant, essayant à nouveau de le repousser.
Il resserre son étreinte quand on frappe une deuxième fois, plus fort qu’avant. J’entends la voix de Luna et des deux autres dehors, ils sont déjà de retour avec les courses. J’insiste encore, prête à le pousser du canapé, mais il finit enfin par céder avant que ce ne soit le cas. Je lui ébouriffe les cheveux tout en me levant, le laissant s’étaler sur le canapé. J’ouvre la porte et découvre Luna, bras croisés, l’air faussement agacée.
- Bah ce n’est pas trop tôt ! Qu’est-ce que vous foutez sérieusement ? dit-elle en entrant sans se faire prier, Leslie et Matt la suivant avec des sacs de courses dans les mains.
- Laisse-nous tranquilles, Luna… gémit Alex, le visage à moitié enfoui dans un coussin.
Je la vois lever un sourcil et s’approcher de lui pour secouer son bras.
- Vous avez oublié ou quoi ?!
- Oublié quoi ? demande Alex alors que je m’assois au bord du canapé à côté d’Alex.
- La fête sur la plage ! T’es sérieux ?
Les yeux d’Alex s’écarquillent quand il réalise qu’il y a une fête ce soir. Il paraît qu’il a complètement oublié. Il était bien trop concentré sur sa sieste pour penser à autre chose. Il se redresse d’un bond, décidé à ne pas rater ça.
- Allez, Alex ! On y va !
Il soupire et finit par aller se préparer. Luna, elle, a déjà disparu dans la cuisine pour ranger les courses. Je décide de l’aider et quand nous avons fini, elle monte aussi à l’étage pour se préparer pour ce soir. Quant à moi, je finis de nettoyer la cuisine quand, soudain, des bras s’enroulent autour de ma taille et des lèvres effleurent mon cou. Je sais que c’est Alex. Je ferme donc les yeux et pose ma tête contre son épaule. Ses caresses sont douces, réconfortantes. J’aimerais rester comme ça pour toujours. Ces deux mois sont presque terminés… et je ne veux pas partir. Je veux rester dans ses bras.
Je me retourne et l’enlace doucement, me sentant à ma place. Car c’est là que je devrais être, dans ses bras.
- Tu es prêt à partir ? Je murmure contre son torse.
Il fredonne doucement contre mon cou, puis desserre son étreinte. Il dépose un baiser sur ma tempe avant de se séparer de moi.
*.·:·.โง โฆ โง.·:·.*
Nous sommes finalement arrivés à la plage aux alentours des 19 heures. Le feu de camp avait déjà commencé il y a peu de temps. Certains grignotaient sur leurs serviettes, d’autres discutaient autour du feu ou s’étaient déjà jetés à l’eau. Il y a énormément de monde et ça me stressait un peu. La dernière fois que je suis allée à une fête ça s’est mal passé…Pour cette occasion, j’ai enfilé une robe d’été avant de venir et il faisait encore chaud, alors c’était parfait. Alex et moi avons rejoint Luna, Leslie et Matt, qui se chamaillaient : apparemment, Matt « mange tout » les chamallows, selon Leslie.
On est tous restés autour du feu avec d’autres personnes, à discuter de notre séjour et de nos projets pour la semaine. Mais mon sourire s’estompe quand je recroise une silhouette féminine bien trop familière, malheureusement. Anna. Putain mais qu’est-ce qu’elle fout là ? Je pensais l’avoir vue au restaurant, mais c’est confirmé. Elle est là. Et je ne pense pas que ce soit pour faire du bien. Je la fixe un peu plus longtemps et mon regard croise le sien. Elle sourit. Mon cœur se serre face à cette image et mon regard se perd, mon esprit s’éloigne. Je n’entends plus rien. Ni les blagues stupides de Matt, ni les gémissements exaspérés de Leslie, car elle n’a toujours pas mangé un seul chamallow. Juste le silence dans ma tête. Je me lève. J’ai besoin de respirer. J’ai besoin de m’éloigner de tous ces gens.
- Je reviens.
C’est sorti à peine audiblement, presque comme un souffle. Je n’ai pas attendu de réponse. J’étais déjà en train de marcher vers l’eau, mes chaussures à la main, sentant le sable encore chaud sous mes pieds. Une fois arrivée, j’ai senti l’eau fraîche caresser mes chevilles, me donnant des frissons. J’ai relevé un peu ma robe pour éviter de la tremper… mais bien sûr, elle s’est mouillée quand même, alors j’ai laissé tomber. Je regarde l’horizon. Les vagues dansent puis meurent sur le sable. Les mouettes dansent et tournent aussi au-dessus de l’eau tandis que le vent siffle doucement. Tout est si beau… si paisible. Contrairement à ce que je ressens. Rien que d’imaginer Anna ici me donne la nausée.
Et puis je sens des mains sur ma taille. Je sursaute d’abord, mais un menton se pose sur mon épaule. Je souris faiblement. Alex. Évidemment. Ce simple contact suffit à me ramener à la réalité. Ma tête vient se poser contre la sienne, naturellement.
- Tu veux en parler ? demande-t-il doucement, comme s’il lisait en moi.
- Je ne sais pas… Je ne veux pas t’embêter.
Je ne veux pas que tu me prennes pour une tarée plutôt ouais. Je le vois froncer les sourcils du coin de l’œil. Et soudain, je pousse un petit cri : il vient de me mordre doucement dans le cou.
- Non mais ça ne va pas ? Je demande, confuse, en le regardant.
Il me sourit, m’attrape par le bras et me tire contre sa poitrine. Il penche la tête jusqu’à ce que nos fronts se touchent, ses yeux plantés dans les miens. Ses mains quittent mon bras pour venir masser lentement le bas de mon dos.
- Tu ne pourrais jamais m’embêter. Je veux que tu partages tes inquiétudes avec moi, que tu ne les gardes pas pour toi jusqu’à exploser. Je veux être celui sur qui tu peux t’appuyer. Celui à qui tu peux tout dire. Celui dont tu sais que l’épaule sera toujours là pour toi… Je veux être là pour toi. Princesse. Quoi qu’il arrive.
Ce surnom. Princesse. Il me frappe droit au cœur. Et les larmes coulent, sans que je m’y attende. Pas de tristesse, cette fois. Juste… un trop-plein d’amour. Il pose ses mains sur mon visage et essuie mes larmes du bout de ses pouces. Puis il dépose un doux baiser au coin de mes lèvres.
- Parle-moi, mon ange…
Mon ange. Mon cœur fond encore un peu plus à chaque fois que ce surnom est aussi prononcé.