ALEX
J'avais bien vu à quel point elle semblait ailleurs depuis qu'on avait rejoint les autres. À quel point elle était silencieuse, absente, perdue dans ses pensées pendant que les trois idiots se chamaillaient. J'avais remarqué la façon dont sa voix tremblait lorsqu'elle parlait de revenir… Et je savais que je ne pouvais pas la laisser seule avec ces pensées sombres dans la tête.
Je me suis levé après l’avoir observée un moment, puis je l’ai rejointe. J’ai posé mes mains sur sa taille, doucement, par derrière — je sais qu’elle aime ça. Sa façon de rougir chaque fois que je l’enlace… c’est adorable. Elle est adorable.
- Tu veux en parler ? ai-je demandé, devinant que quelque chose n’allait pas du tout.
Je l’ai sentie se tendre sous mon contact, juste un peu, quand j’ai parlé. Et quand elle m’a répondu, sa voix était calme… mais je pouvais toujours percevoir ce léger tremblement.
- Je ne sais pas… Je ne veux pas te déranger.
J’ai froncé les sourcils. Me déranger ? Elle pensait vraiment qu’elle me dérangeait ? Mon Dieu… cette fille ne pourrait jamais me déranger. Je tiens tellement à elle. Jamais je n’aurais imaginé m’attacher autant à quelqu’un. Et je ne pensais pas non plus qu’elle m’attendrirait à ce point.
Elle ne le sait pas, mais j’étais du genre provocateur, « petit dur » au lycée — presque un cliché de mec distant, fermé, « gangster », comme on disait. Et puis elle est arrivée, et elle a brisé ce mur que j’avais construit autour de mon cœur après ma rupture avec Anna. Elle est différente. Elle est spéciale. Je me suis penché vers elle et je lui ai mordu doucement le cou, comme pour la punir de ce qu’elle venait de dire. Elle a sursauté et poussé un petit cri à cause de la surprise — je n’ai pas mordu si fort — et s’est reculée en se frottant la peau.
- Non mais ça ne va pas ?! a-t-elle lancé, confuse, les yeux écarquillés.
Sa tête perdue m’a fait sourire. Je l’ai attrapée doucement par le bras pour l’attirer contre moi et réduire l’espace entre nous. Je l’ai regardée jusqu’à ce que nos fronts se touchent, puis j’ai fait glisser mes mains dans son dos, le massant doucement, lentement. Et j’ai parlé.
- Tu ne pourrais jamais m’embêter. Je veux que tu partages tes inquiétudes avec moi. Que tu ne les gardes pas pour toi jusqu’à ce que ça déborde. Je veux être la personne sur qui tu peux t’appuyer, celle à qui tu peux tout dire, celle dont tu sais que l’épaule est toujours là. Je veux être là pour toi. Princesse. Quoi qu’il arrive.
Je ne m’attendais pas à la voir réagir comme ça. Ses yeux se sont remplis de larmes. Et j’ai prié intérieurement qu’elles ne soient pas de tristesse. Je lui ai pris le visage entre mes mains, j’ai caressé ses joues rouges, puis je me suis penché pour déposer un baiser tout doux au coin de ses lèvres. En me reculant, je l’ai regardée avec tendresse.
- Parle-moi, mon ange.
- Alex… elle est là, commence-t-elle d’une voix tremblante.
Je fronce les sourcils, l’air perdu. De qui elle me parle ? De quelle femme ? Je la serre contre moi, toujours dos à elle.
- De qui tu parles ?
- Anna. Je viens de la voir. Elle est ici, aux Hampton.
Mon visage se renferme et mon regard se durcit. C’est impossible. Anna ne peut pas être là, aux Hampton. Je soupire et lui lève le menton pour croiser son regard, mes mains reposant sur ses épaules.
- Mila… arrête. Tu deviens obsédée par elle. Elle n’a aucun moyen de savoir où on est.
- Je sais ce que j’ai vu ! Tu crois vraiment que j’inventerais ça ?
Le ton de Mila tremblait, et je remarque que ses mains aussi. Je ne sais plus quoi croire. Est-ce qu’elle dit vrai ? Non…elle a dû la confondre avec quelqu’un d’autre peut-être. Je lâche un autre soupire d’agacement et m’éloigne brusquement d’elle, de plus en plus irrité par ses mots.
- Tu vois ? C’est exactement ce dont je te parle. Tu la laisses encore entrer entre nous alors qu’elle n’a plus aucune importance.
Ses yeux se remplissent de larmes et elle me fixa, blessée par les mots que je viens de prononcer.
- Tu refuses de me croire… alors qu’elle a toujours essayé de nous séparer. Tu ne vois pas qu’elle est capable de tout ?
- Peut-être que… peut-être que c’était une erreur.
Je regarde Mila se décomposer devant mes paroles. Merde.
- Quoi ?
- Toi et moi. Nous deux. Peut-être que c’était une erreur dès le début. T’es tout aussi tarée qu’elle finalement.
Le silence s’abattit, lourd et glacial. Les yeux de Mila laissent échapper les larmes qu’elle retenait depuis bien trop longtemps. Elle s’approcha lentement, leva la main et, d’un geste sec, me gifla. Le bruit retenti, ma joue, probablement déjà rouge, me brûle. Je suppose que je mérite cette gifle.
- Retire ce que tu viens de dire… souffla-t-elle, la voix brisée.
Je reste figé là en regardant le sable, incapable de répondre. Je serre la mâchoire tout en frottant ma joue qui me fait mal, tourne les talons et sort, la laissant seule, les larmes roulant enfin sur ses joues.
- Va te faire foutre Alex ! Je l’entends crier derrière moi, en pleurs. Mais je l’ignore.
J’en avais clairement assez de cette fête qui a finalement tourné au vinaigre, alors je décide de rentrer à la villa, seul. J’ai prévenu Matt en vif avant de partir, histoire qu’il soit au courant d’où je suis parce que la batterie de mon téléphone est sur le point de lâcher. Une fois à la maison, je me rends compte de la lourdeur de mes mots envers Mila, et je regrette déjà tout ce que je lui ai raconté. Elle est moi ce n’était pas une erreur putain, c’est bien réel. Je veux que ce soit réel entre elle et moi, mais j’ai tout gâché. Je l’ai comparée à ma putain de tarée d’ex et lui ait dit qu’elle et moi ne partageons rien. Quel connard je fais.
Je savais que si j’allais l’appeler, elle n’allait pas me répondre, alors je me suis décidé à lui écrire une lettre. Oui, une lettre. Je sais qu’on n’est pas dans un Disney non plus mais je pense qu’une lettre pourrait lui faire plaisir et bon…C’est plus mignon qu’un simple pardon quand on est face à face. Il est presque 23 heures quand je commence à écrire ma lettre. Et moi qui est normalement super nul en rédaction, je suis plutôt inspiré ce soir quand il est question de la femme que j’aime.
Il faut que je m’excuse et que je regagne son cœur. Je ne veux en aucun cas la perdre.