— Fascinant… C’est fascinant…
Les murmures d’Eris furent la première chose que Thalion entendit en reprenant conscience. Il n’avait pas encore ouvert les yeux qu’une douleur atroce le transperça, bloquant sa respiration. Son corps entier l’élançait, comme si des flammes léchaient le moindre centimètre de peau. Il se crispa en serrant des dents, le temps de s’habituer à cette souffrance lancinante.
— On dirait que tu es réveillé, remarqua-t-elle en le voyant réagir.
Le magérien papillonna des yeux. Il était allongé sur le dos, et la première chose qui le frappa fut le plafond dénué de lune. Les murs tachés d’étoiles de la salle d’Astrémi avaient disparu, remplacés par une pièce entièrement faite en bois sombre. L’obscurité était chassée par quelques bougies éparpillées au sol, mais les flammes vacillantes ne l’aidaient pas à reconnaître le lieu où il se trouvait, ni à le rendre plus accueillant. D’ordinaire, leur lumière chaude et leur danse hypnotisante l’apaisaient, mais en ce moment, elles ne faisaient qu’attiser l’angoisse qui lui tordait l’estomac. Nourrir l’impression qu’un danger imminent rodait, prêt à surgir d’un instant à l’autre.
Thalion ne s’attarda pas plus sur les environs. Se concentrer l’épuisait au point de lui donner des migraines. Son cerveau était embrumé par la fatigue, comme si émerger de l’inconscience lui avait coûté un effort surhumain. Quand les souvenirs des effets de la potion d’éveil emplirent son esprit, il ravisa son jugement. Son corps avait surtout fourni un effort surhumain pour s’accrocher à la vie. En repensant à ces quelques instants d’agonie, la douleur qu’il ressentait lui paraissait soudainement dérisoire.
Son regard rencontra celui d’Eris. Debout, les mains posées sur ses hanches, la magérienne le surplombait de toute sa hauteur. Elle arborait la même expression que Thalion lui avait toujours connu : un sourire en coin, un regard malicieux. Cependant, l’étincelle qui éclairait ses prunelles n’était pas aussi rassurante que d’habitude. L’éclat lui semblait plus féroce. Cela devait être à cause des bougies dont les flammes se reflétaient dans ses iris, il se faisait des idées.
— E… ris ?
Thalion grimaça après avoir prononcé ces deux syllabes d’une voix grinçante. Sa gorge était plus asséchée qu’une feuille exposée en plein cagnard. Il déglutit difficilement en humectant ses lèvres gercées, ce qui eut pour seul effet d’aviver sa soif. Il se souvint de son uniforme trempé qui lui avait collé la peau. Mourir de déshydratation n’était pas la mort dont il rêvait. Il avait grandement besoin de boire, d’autant que son corps ne s’arrêtait pas de suer pour autant. Thalion ne parvenait pas à savoir si les bouffées de chaleur qui l’envahissaient étaient dues aux conséquences de la potion ou à son anxiété grandissante.
Il tenta de se redresser, en vain. Son dos resta fixé au plancher. Il crut que ses membres étaient engourdis ou qu’il manquait de force, mais en essayant de bouger ses bras, il dut se rendre à l’évidence : son corps était cloué au sol. De la magie, sans aucun doute.
La confusion de Thalion s’agrandit et les battements de son cœur s’accélérèrent. La boule dans son ventre se resserra. Il pouvait sentir ses mains moites trembler. Une peur sourde lui noua les entrailles et acheva de dissiper la brume dans son esprit. Même s’il savait qu’à cause du sort, s’agiter était inutile, la panique hurlait à son corps de tout faire pour se libérer. Il sentait ses muscles se contracter, ses membres s’agiter désespérément, mais impossible de se défaire des liens invisibles qui le maintenaient.
En cherchant à décoller ses bras du sol, son attention fut attirée par des inscriptions sur le plancher qui tournoyaient autour de lui à un rythme régulier. Leur teinte rappelait celle du fer battu à chaud. Une couleur de… braises ? En relevant la tête, seule partie libre de son anatomie, pour mieux observer, il réalisa avec effroi qu’il se trouvait au centre d’un énorme cercle blanc agrémenté de symboles inconnus. Et surtout, que ces inscriptions mouvantes à l’intérieur du cercle correspondaient aux runes apparues sur son corps. Elles arpentaient désormais le sol, coulissant comme un engrenage bien huilé.
Complètement hagard, Thalion braqua ses yeux noisette sur Eris. Son sourire s’était élargi et la satisfaction qui se lisait dans ses prunelles lui donna envie de vomir.
— Eris, répéta-t-il, presque suppliant. Qu’est-ce qu’il se passe ?
— Ah ! Thalion, dit-elle d’une voix doucereuse en s’accroupissant, lui permettant de mieux voir l’étincelle impitoyable dans ses yeux bruns. Je t’ai connu plus intelligent que ça. Ou peut-être est-ce trop douloureux à concevoir pour toi ?
— Je ne comprends pas… bafouilla-t-il, l’air perdu.
— C’est pourtant simple : la potion a fonctionné. Pas complètement, mais suffisamment pour abimer l’enchantement de tes parents et me permettre de l’analyser en le rendant visible. Après tout, le sortilège qu’ils ont jeté sur toi est complexe, sans oublier qu’ils étaient des magériens puissants. C’est pour ça que j’ai pris le risque en misant sur le fait qu’une simple potion ne le briserait pas complètement. Tu serais mort sur le coup, sinon, et j’ai besoin de toi vivant. Pour l’instant.
Ses parents ? Leur sortilège ? Sa mort ? Les explications de la magérienne s’embrouillaient dans sa tête. Des tas de questions s’emmêlaient sans qu’il ne parvienne à en exprimer une seule. Mais rien n’expliquait pourquoi il était ainsi immobilisé et coincé dans un lieu inconnu, seul avec elle. Il ne comprenait pas pourquoi Eris se comportait comme si tout se déroulait selon ses plans. Comme si elle l’avait prévu. Comme si elle savait tout ce qu’il ignorait. Pourquoi se comportait-elle comme une…
Le mot resta bloqué dans sa gorge. De la bile remonta dans son œsophage, lui brûlant le thorax.
— Qu’as-tu fais ? lâcha-t-il d’une voix rauque.
Eris sourit en glissant une main sur sa joue pour la caresser. Son toucher lui brûla la peau, mais le pire fut la pitié dans ses yeux fixés sur lui.
— Absolument rien, Thalion. C’est toi qui as tout fait. C’est toi qui as choisi de préparer cette potion. Je n’ai fait qu’en profiter pour arriver à mes fins. Je ne suis pas devenue ton amie pour rien, tu sais ?
La cruelle vérité s’imposa alors à lui. Plus brûlante et douloureuse que n’importe quelles de ses crises. Plus humiliante et insoutenable que tout ce qu’il avait subi. Une vérité à laquelle il ne pouvait rester aveugle plus longtemps. Qu’on lui plante un poignard en plein cœur aurait été moins douloureux.
— Tu es…
— Une traitresse. Une menteuse. Une manipulatrice. Une connasse. Utilise tous les qualificatifs qui te plaisent, ça m’est égal. Tu ne vas pas pleurer, j’espère ? J’exècre les gens qui pleurent devant moi, et jusque-là, j’ai une bonne opinion de toi.
— Pourquoi… ? souffla-t-il sans réussir à finir sa phrase, peinant à croire ses aveux pourtant clairs.
— Tu possèdes en toi quelque chose que je recherche. Quelque chose qu’Il recherche depuis longtemps. Mon rôle était de me rapprocher de toi et obtenir ta confiance pour pouvoir arriver à ce moment précis. Je t’avoue que les choses se sont largement mieux déroulées que prévu. Renfermé et asocial comme tu étais, je ne pensais pas réussir à devenir ton amie, surtout aussi rapidement. Et pourtant ! Nohan a été une vraie source d’inspiration. Il m’a beaucoup aidée sans le savoir.
Thalion avait une furieuse envie de se boucher les oreilles. Ses mots lui écorchaient les tympans et ébranlaient les certitudes acquises au cours de ces derniers mois. Comme une poupée désarticulée, il demeura allongé, pantelant, sa panique annihilée par le choc, et le regard vitreux. Il ne sentait même plus la main d’Eris sur sa joue. Les souvenirs et les épreuves vécues ensemble défilaient dans son esprit, jusqu’au jour de leur rencontre dans cette librairie. Tout avait été orchestré de bout en bout ? Tout était faux ? N’avait-il toujours été qu’un pantin manipulé ? Il avait l’impression qu’Eris broyait à main nue son cœur sans le moindre remord. Qu’elle piétinait la confiance qu’il avait rechigné à accorder avec plaisir. Les émotions qui le submergeaient le torturaient. Elles déferlaient en lui comme les vagues d’un tsunami incontrôlable, menaçant de le noyer. Il ne voulait plus rien entendre. Mais paradoxalement, son esprit enregistrait chaque miette de son monologue.
— Au début, je comptais ensorceler le collier d’Espérance pour qu’il t’affaiblisse progressivement. Mais tu as trouvé un moyen bien plus efficace. Jamais je n’aurais songé à chercher l’Antre du savoir ! En plus, ton objectif coïncidait parfaitement avec le mien. Que demander de plus ? Il y avait juste cette infirmière incapable qui a failli tout foutre en l’air ! Ton problème, elle ignorait de quoi il en retournait. Moi, si. J’avais l’impression de voir un enfant inconscient joué avec une bombe. La bombe, c’est toi, bien entendu. Je peux te dire que j’ai eu des sueurs froides quand tu t’es retrouvé entre la vie et la mort. Si tu avais clamsé, tout aurait été perdu ! Heureusement, tout est bien qui finit bien. Enfin, pour moi. Toi…
— Tout était faux… depuis le début… marmonna-t-il comme un robot qui restait bloqué sur une seule et même idée.
Le magérien avait l’impression que le collier autour de son cou l’étouffait et que son poids s’était alourdi pour comprimer sa cage thoracique.
— Ah, Thalion. J’ai sincèrement aimé le temps que j’ai passé avec toi. Tu es tellement mignon quand tu essayes de jouer le gros dur insensible ! Pourtant, il a fallu qu’on te témoigne un peu d’affection, un peu de gentillesse, pour que tu acceptes de t’ouvrir.
Sans le quitter des yeux, l’éclat moqueur de son regard s’atténua, comme si elle contemplait le cœur ensanglanté du jeune homme, lacéré par ses mots tranchants.
— Thalion, reprit-t-elle d’une voix plus douce. Je suis sincèrement navrée. Tout ce que tu attendais de moi, c’était que je reste à tes côtés. Malheureusement, c’était la seule chose que je ne pouvais pas t’accorder.
Jusqu’à peu, l’entendre prononcer son prénom le rendait fier. Maintenant, ça le dégoutait.
— Je ne t’ai pas complètement menti non plus. Je disais vrai quand je parlais de la puissance que tu rescelles au fond de toi, lors de notre visite au temple d’Apocryphos. Tu n’as aucune idée de la force que tu possèdes. Une force qui te dépasse. Pas celle des Ombres. Celle qui te cause tant de douleurs. Celle que tes parents t’ont légué au prix de leurs vies.
Elle saisit son menton pour le regarder droit dans les yeux en approchant son visage du sien. Thalion pouvait sentir son souffle tiède sur ses lèvres. Son sourire s’étira en une grimace terrifiante, mais le pire était son regard avide tapissé de folie.
— La puissance d’un dieu, Thalion. Tes merveilleux parents ont scellé en toi un dieu. Grâce au sort runique qu’ils ont inventé, ils t’ont transformé en réceptacle capable de contenir une divinité. Te rends-tu compte de la prouesse magique qu’ils ont réalisé ? Même les dieux ne pensaient pas ça possible ! Ils ont réalisé l’impossible, le rêve ultime des magériens : accéder à la magie divine. Devenir l’égal des dieux. Ils l’ont fait pour toi, alors sois-en fier !
Un rire sincère s’échappa de la gorge de Thalion. Était-ce l’improbabilité de ses propos qui l’amusait ? Ou bien la folie commençait-elle à le gagner ?
Le souvenir de son image dans le miroir des âmes lui revint en mémoire. Était-il vraiment cassé ? Si son reflet était trouble, était-ce parce que son corps contenait deux âmes ? Ses brûlures seraient-elles dues à la magie divine à laquelle il avait accès, et qu’il canaliserait mal sans baguette ? Cette possibilité expliquerait pourquoi lors de la punition des picolatons, sa magie avait desséché la nature autour de lui ainsi que ses cloques. Ses difficultés lors de ses apprentissages, aussi. Et ses migraines ? Étaient-elles causées par la magie du dieu qui lui grillait le cerveau ? Il y avait aussi les soupçons de Berry et… Non. Impossible. Il ne pouvait pas croire une chose pareille.
Thalion secoua la tête, dégageant son visage de sa main.
— Quitte à te chercher une excuse, invente au moins quelque chose qui tient la route.
— Tu ne me crois pas ? Et la pierre divine ? Sais-tu pourquoi elle t’a fait cet effet-là ? C’est parce qu’elle a fait réagir la magie divine qui sommeille en toi. Au final, on peut le voir comme une allergie…
— C’est n’importe quoi, s’obstina-t-il. Je serais mort depuis longtemps, si c’était vrai. Mon corps n’aurait jamais tenu.
— C’est que le corps humain est bien fait. Chaque fois que tu pratiques la magie, même avec une baguette, tu utilises une parcelle de magie divine. À force de t’y confronter et de flirter avec les limites, ton organisme a développé une sacrée résistance. À la façon dont on s’habitue à ingérer un poison par petite dose, tu t’es habitué à la magie divine. Le sort t’avait déjà rendu plus résistant. Il le faut bien, quand on contient un dieu. Un humain normalement constitué aurait déjà fondu depuis belle lurette.
— Et le supposé dieu qui m’habite ? Tu ne crois pas qu’il se serait libéré depuis longtemps ?
— Un des avantages du sortilège de tes parents est de l’avoir endormi, ce qui ne t’empêche pas d’utiliser sa magie. De toute façon, l’enchantement te transforme un peu comme une boîte incassable pour lui. Enfin, maintenant que l’enchantement est endommagé, les choses vont probablement changer. Je crois qu’il est en train de se réveiller, d’où ta souffrance, mais il est difficile d’évaluer précisément les conséquences de la potion d’éveil sur un sort si complexe. Après tout, son objectif était d’éliminer les contraintes qui t’empêchent d’exercer ta magie. En l’occurrence, c’est ce sort qui retient le dieu en toi et qui te fait souffrir.
— Mes parents n’auraient jamais…
— Que tu le veuilles ou non, ils l’ont fait, asséna-t-elle d’un ton cassant. Arrête de faire l’autruche et accepte qu’ils soient responsables de tes souffrances. Les raisons de leur acte importent peu. Tu devrais être ravi d’être le premier magérien de l’Histoire à réaliser le rêve de tout scientomage qui se respecte.
Thalion ne voulait pas y croire. Et quand bien même, ça ne coïncidait pas avec les souvenirs qu’il avait d’eux. Ils n’auraient jamais cherché à devenir l’égal des dieux, et s’ils étaient aussi avides et ambitieux, ils auraient testé le sort sur l’un d’eux, pas sur lui. Thalion ne doutait pas de leur amour pour lui. C’était au-dessus de ses forces d’imaginer le contraire. Ils n’auraient jamais fait de lui un cobaye. N’est-ce pas ? Non, il ne devait pas laisser le doute s’instaurer. Mais pourquoi avoir fait ça ? Après la trahison d’Eris, s’ils avaient fait une chose pareille dans le seul but qu’il devienne le premier magérien divin au détriment du supplice que ça engendrait, il ne s’en remettrait pas.
Eris se redressa. La souffrance que Thalion ressentait dans son corps n’était rien comparée à la détresse émotionnelle qui rugissait en lui tel un cri d’agoni. Il avait l’horrible impression de se faire déchirer de l’intérieur par les griffes d’un monstre. Sa respiration était saccadée comme si les émotions qui l’assaillaient l’empêchaient de respirer. La peine laissa place à une rage corrosive qui lui dévorait les tripes. La haine qu’il refoulait tant bien que mal remontait à la surface pour se diriger contre une seule et même personne. Celle pour qui il aurait pu mettre sa vie en jeu il y a encore peu. Celle qui avait abusé de sa précieuse confiance pour servir ses propres intérêts. Celle qu’il considérait comme sa meilleure amie.
Thalion inspira profondément, réprimant tant bien que mal l’avalanche d’émotions. Il devait réfléchir à un moyen de s’échapper. Son regard circula dans la pièce où il était retenu. Finalement, il reconnaissait l’endroit. Il était déjà venu ici avec Camille.
Devant sa détermination naissante, Eris soupira.
— Je sais que tu n’es pas assez stupide pour le faire, mais je précise qu’il est inutile d’appeler de l’aide. La Cabane est isolée et aucun élève sensé ne viendra y faire un tour à cette heure-là. N’espère pas non plus des secours, j’ai placé un sort pour que personne ne puisse nous localiser. De toute façon, les enseignants sont trop occupés à gérer le cadeau d’adieu que je leur ai laissé pour partir à ta recherche…
Thalion aurait pu l’interroger sur sa diversion, mais la seule chose à laquelle il pouvait penser était que personne ne pouvait lui venir en aide. Ni les professeurs, ni ses amis. En pensant à ces derniers, son souffle se coupa. Eris leur avait-elle fait du mal ? Il repensa au corps de Cally qui tombait au sol et l’inquiétude lui donna la nausée.
— Nohan, Cally… Que leur as-tu fait ?
— Que t’imagines-tu ? Je ne suis pas cruelle. Nohan est parti de lui-même chercher de l’aide, et j’ai assommé Cally. Je n’avais aucune raison de les tuer.
— Si tu leur as fait quoi que ce soit d’autre, je…
— Tu ne feras rien du tout. Surtout sans baguette, ajouta-t-elle en désignant un coin du cabanon.
Thalion aperçut sa baguette éparpillée au sol, réduite en mille morceaux. Génial. Il était affaibli, incapable d’utiliser la magie, et séquestré par une magérienne diabolique. S’enfuir allait s’avérer plus ardu qu’escompté.
Eris rit devant son front plissé et ses lèvres pincées.
— Et c’est là que le désespoir t’accable ! Tu réalises que c’est sans espoir. Te voilà seul et démuni face à la méchante magérienne…
— La ferme ! cingla-t-il alors qu’il réfléchissait désespérément à une solution.
— Je peux entendre les rouages de ton cerveau d’ici, se moqua-t-elle.
Son regard scrutait son environnement dans l’espoir de dénicher un moyen de fuir. Rien ne lui sauta aux yeux. Il s’acharna à se détacher du sol, contractant ses muscles jusqu’à avoir mal, en vain. Acculé, il reporta son attention sur Eris. Elle s’était accroupie près des runes qu’elle fixait intensément, les sourcils froncés. Si ce qu’elle lui avait confié était bel et bien la vérité, les runes qui serpentaient le sol étaient la retranscription du sort de ses parents. Eris était en train de les étudier, probablement pour reproduire le sort. Thalion aimerait regretter d’avoir donné à la magérienne ce qu’elle cherchait, mais il se souvenait encore de son désir brûlant d’être libéré de ses chaînes.
— Pourquoi ce sort t’intéresse ? Que vas-tu en faire ?
— Hmm… Tu veux gagner du temps en me faisant parler ? devina-t-elle.
Agacé que ses intentions soient si facilement démasquées, Thalion s’obligea à rester impassible.
— Ça ne sert à rien de glaner des informations, je ne te dirai rien.
— Un ordre de « Il » ? Tu es un toutou obéissant, tenta-t-il de la provoquer.
Elle rigola, plus amusée que blessée dans son orgueil.
— Sache que lui et moi, on collabore. Sans moi, Il n’aurait jamais pu t’atteindre. Mais je ne te dirai rien seulement parce que c’est inutile. Je vais devoir te tuer. T’ôter la vie ne m’enchante pas, mais je n’ai pas le choix, tu comprends ? Personne ne doit être au courant de cette histoire. On n’en serait pas là si tes parents n’avaient pas brûlé toutes les traces de leurs recherches. Tu serais déjà mort depuis longtemps, sinon. C’est dommage, tu aurais évité une vie de souffrances !
La dernière remarque d’Eris le blessa plus profondément qu’il ne l’aurait voulu. Parce qu’il avait déjà pensé ces mots. Parce qu’une part de lui était d’accord avec elle.
Sans le vouloir, le désespoir dut transparaître dans son regard car le regard d’Eris se fit plus rieur.
— Mon pauvre Thalion ! La vie est cruelle, n’est-ce pas ? Ne t’inquiète pas, tu vas encore pouvoir profiter de ma compagnie jusqu’à ce que ce sortilège n’ait plus aucun secret pour moi, se réjouit Eris avant d’ajouter : puis tu retrouveras tes merveilleux parents. Un happy end, en somme.
C’était un cauchemar. Sauf que si ça l’était réellement, Thalion se serait déjà réveillé en sursaut depuis longtemps. Au lieu de quoi, il était toujours immobilisé au sol, submergé par la fureur, et coincé avec son ancienne meilleure amie qui projetait de le tuer. Son esprit en ébullition s’acharnait à établir une stratégie, en vain.
La situation était sans issue.
Jusqu’à ce que la porte de la cabane s’ouvre brutalement.
C'est fini ?
Rassurez moi s'il vous plaît
Dites moi que j'ai extrêmement mal lu et que je n'ai RIEN compris.
J'ai envie de la taper.
Y'a encore 3 chapitre j'adorais leur quatuor.
PTDR. NON vraiment je ne peux PAS m'en remettre...
Ceci dit, beau coup de maître, j'avais quelques doutes en soit mais je me disais juste que c'était Eris, rien de plus....
PUNAISEEEE
Par contre j'aimerai être sûre d'avoir bien compris :
Les parents ont donc scellé un dieu (je suis heureuse d'avoir émis cette hypothèse il y a quelques chapitre XD) qui ,je présume, est Apochryphos grâce à un sort et ce qui le rend mal d'utiliser sa magie c'est la puissance du dieu ? Ou c'est le sortilège de ses parents ou autre chose ?
C'est la magie du dieu qui se mêle à la sienne qui l'empêche d'utiliser convenablement sa magie. Le sort de ses parents renferme simplement le dieu en lui. Je devrais peut-être essayer d'éclaircir ce point ? J'y réfléchirai.
Je ne m'attendais pas du tout à ce genre de retournement de situation... Je suis si triste T-T
Eriiiiiiis va te faire ! T-T
A part le profond sentiment de trahison que j'éprouve actuellement... je pense que (enfin si cela n'a pas déjà été fait mais il ne me semble pas avant ta réécriture) il faudrait rajouter un ou deux petits indices sur la trahison d'Eris quelques chapitres avant mais sans que ça ne suscite l'attention ni de Thalion ni du lecteur. Ca permettrait que sa trahison ne soit pas juste arrivée comme ça juste par magie. En plus ça permettrait à ceux qui relisent de découvrir de nouvelles choses.
Sinon j'ai hâte de savoir qui est le maître d'Eris et également pourquoi elle fait ça.
D'ailleurs, Eris a su passer inaperçu mais elle dévoile son plan et tout trop facilement. Est-ce qu'il y a un but derrière tout ça ? Hmm...
Je lirai la suite une prochaine fois je pense mais j'ai plutôt hâte !!!
En fait, j'en ai déjà mis et j'avais même l'impression de forcer un peu x) Par exemple, j'ai fais en sorte de mettre ses intentions en opposition avec Nohan et de la rendre vachement insistante avec la potion, ou d'avoir tendance à inciter Thalion à la vengeance (chapitre 21) qui montre qu'elle a un petit côté un peu limite... Enfin, je vais quand même réfléchir si je rajoute d'autres indices ou pas, mais j'ai pas envie de rendre la fin trop prévisible x)
Je suis contente que tu prennes plaisir à lire mon histoire ! Merci pour ton commentaire, j'espère que la suite te plaira !
Eris est donc bel et bien une traîtresse... Pas que les signes manquaient, mais j'aimais trop ce personnage pour y croire ^^' (mais l'histoire n'est pas terminée...on apprendra peut-être des raisons cachées!)
Je trouve qu'elle lui dévoile facilement pas mal de choses. Elle est intelligente, si elle le fait ce ne doit pas être sans raisons (pas que pour les lecteurs).
C'était donc bien Apocryphos alors ! Je me demande vraiment ce qui a pu pousser les parents de Thalion à faire une chose pareille ?
Quant au maître d'Eris...
Je me dis aussi qu'elle apprécie Thalion, alors peut-être changera-t-elle d'avis...
Ce serait très drôle que ce soit Nohan derrière cette porte et qu'il soit avec Eris (même si je sais que ce n'est pas possible) histoire d'achever Thalion xD
En tout cas, coup dur pour lui !
A bientôt :)
Ça a été un crève coeur de lui donner le rôle de traîtresse mais ça fait partie de l’histoire x)
Tu verras bien ce qu’il en est en lisant la suite ;)
Ce serait terriblement cruel pour thalion xD déjà qu’il va avoir du mal à se remette de cette trahison !
Merci pour ton commentaire, à bientôt !
Je l’ai pas vu venir, en tout cas. Déjà, parce que l’histoire n’évoque aucun « méchant », en tout cas pas avant que Berry parle de ces sorciers qui cherchent à s’approprier le pouvoir des dieux. Du coup, j’étais arrivée à la conclusion que la force antagoniste de l’histoire viendrait uniquement de la malédiction de Thalion, de l’exclusion qu’il vit et de l’influence des Ombres contre qui il doit lutter. Ça a endormi ma vigilance ! Et même si les derniers chapitres laissaient entendre qu’il y avait des gens mal attentionnés dans l’histoire, si j’avais dû parier sur une trahison, j’aurais pas parié sur Eris. xD Dans ce genre d’histoire jeunesse qui met le héro au centre d’un trio d’amis, on s’attend pas du tout à voir un des deux meilleurs amis être en fait du côté des méchants. Je crois pas avoir jamais lu ça, en tout cas. On s’y attend d’autant plus pas que l’histoire rappelle invariablement Harry Potter, et on imagine pas une seconde Ron ou Hermione trahir Harry. Du coup, naïvement on (ou c’est peut-être que moi ?) s’attend pas à voir autre chose.
Tout ça pour dire que c’est très habille. Comme je l’ai déjà mentionné plus tôt, l’une des forces de l’histoire, à mon humble avis, c’est d’adopter des tropes qu’on pense bien connaître (l’école de magie, l’élu de la prophétie, le trio d’amis...) et de les bousculer. J’ai hâte de voir quelles autres surprises tu nous réserves !
Le coup du dieu sceller en Thalion, c’est bien ce qu’il me semblait deviner ! Tous les indices nous amenaient vers cette conclusion. Reste à savoir pourquoi ses parents ont fait ça. Et… qu’est-ce qui va se passer si le dieu se réveille ?
Je me demande qui est le maître d’Eris… le directeur ? Luciphella ? Le prof de potion ? Berry ?? Je m’attends à tout ! Je n’ai plus confiance en personne. Sauf Nohan.
Bon, j’espère que c’est Nohan et Callie qui débarquent pour le sauver !
Je suis contente que tu trouves l'effet de surprise efficace ! J'avais peur que ce soit trop évident mais j'espérais justement que le lecteur de s'imagine pas qu'avec leur relation, une telle chose pourrait se produire. Après, il y a bien un "méchant" qui est plusieurs fois évoqué, mais soit tu ne t'en méfie pas, soit tu as dû zapper l'info x) ça te fera un effet de surprise !
Ahah difficile de refaire confiance après une telle trahison ! Sauf Nohan, comment pourrait on douter de lui xD ?
Merci beaucoup pour ton commentaire ! Je te laisse lire la suite pour découvrir qui viendra à la rescousse de Thalion, même si tu risques d'être surprise ! J'espère malgré tout que ça te plaira.
Nooooon pas un monologue du méchant qui déroule toute ses motivations et explications, laissant le temps comme ça à la cavalerie d'arriver.
Bon, j'avais deviné où était le dieu et qui l'avait mis là... reste à savoir pourquoi ils ont fait ça (j'ai une petite idée...)
mais qui est le maître?
Bon, ben pauvre Thalion qui va devoir attendre une semaine que la porte finisse de s'ouvrir et que la cavalerie entre.
Je me doutais que l’emplacement du dieu n’étais pas la révélation du siècle, j’ai peut-être mis trop d’indices, mais en tout cas je serais curieuse de connaître ton hypothèse
Tu finiras par le savoir en lisant la suite !
On souhaite bien du courage à Thalion surtout que la cavalerie n’est pas vraiment celle à laquelle on pense, et qu’elle ne va pas forcément apporter d’aide ni même arranger la situation…
Merci de poster toujours un commentaire, j’espère que la suite te plaira !
AAAAH, mais quel chapitre ! Bon, je suis un peu fier de moi, j'avais deviné le coup du Dieu prisonnier du corps de Thalion. L'étoile que son père a récupéré avec sa machine mystérieuse, c'était Apocryphos. Je n'ai plus aucun doute à ce sujet.
J'aime beaucoup ce revirement d'intrigue ! Je ne m'attendais pas du tout à la trahison d'Eris, et tu parviens à la rendre super crédible et à lui donner un ton très différent de l'Eris qu'on connaissait, plus froide et dangereuse, sans tomber dans le cliché du méchant qui est fier de révéler son plan diabolique.
J'ai hâte de savoir qui est ce fameux maître, pourrait-il s'agir du premier Corbeau, ce fameux enfant qui a causé tant de malheurs ?
Vivement la suiiiiiite !
Pas d'autres remarques sur le style ou le fond, c'est super fluide, très compréhensible et bien écrit.
Au plaisir,
Ori'
Effectivement, tu avais bien deviné le coup du dieu, bravo xD
Je suis surprise que sa trahison étonne autant ! J'avais peur que ce soit trop prévisible notamment avec son caractère mais tant mieux si ça passe bien ! ça m'a rendu triste de briser leur amitié, mais j'adore aussi cette Eris plus dangereuse et impitoyable x)
Ah, ça, je te laisse la surprise !
Merci beaucoup, je suis contente que l'écriture de ce chapitre te plaise !
J'espère que la suite te plaira ^^