Chapitre 36

Notes de l’auteur : Alice et garen se réveillent après leur soirée camping sous les étoiles.
Bonne lecture !

MAJ : 27 juin

Propriété du druide Eilix – Brocéliande

Trois jours avant.

Alice ouvrit les yeux, éblouie par la lumière du jour, et se colla davantage contre Garen, s'étirant sans complexe. Le géant la regardait de ses yeux noisette, et elle lui fit un sourire.

— Salut ! Bien dormi ?

— Oui.

— Tu vois que c’était sympa de dormir à la belle étoile ! En plus, j’ai eu bien chaud.

— Je peux encore te prêter ma chaleur si tu veux.

— Je risquerais de m’habituer ! répondit-elle en se levant rapidement, masquant sa gêne face à cette remarque qui ne la laissait pas indifférente.

Elle avait un peu trop apprécié dormir contre lui alors que le contexte ne s’y prêtait pas. Il s'était confié sur son enfance, ce qui n'était pas un sujet sexy. Mais elle aimait bien les gros durs au cœur tendre.

Alors qu’elle remballait ses affaires, Gwen et ses amis, qu’elle avait croisés la veille, sortirent d’un fourré, courant après une créature qui se réfugia contre les jambes d’Alice : un petit félin noir aux yeux olive qui se frotta contre elle en la fixant.

— Oh ! s’exclama-t-elle ravie en caressant l’animal. Salut toi, je suis Alice ! Qu’est-ce que tu fais là, p’tit minou ?

Garen s’approcha, l’air furieux.

— Qu’est-ce qu’un chapalu fait ici ? grogna le géant en désignant la créature qui profitait d’une gratouille épique sous le menton.

— Il pourrait t’aider à retrouver ton amie, répliqua un korrigan en fronçant le nez. Ils savent manipuler la chance pour provoquer des rencontres, c’est son histoire de chat qui souriait tout le temps qui m’y a fait penser.

Alice, folle de joie, attrapa le chapalu dans ses bras, ce qui lui valut des ronronnements sonores.

— Garen, Gwen ! C’est une super nouvelle ! s’exclama-t-elle en les gratifiant d’un sourire solaire.

— Pas question ! coupa Garen. Ils sont imprévisibles, on ne peut pas leur faire confiance.

— Arrête de faire ton rabat-joie ! Chapalu, pourrais-tu m’aider avec un coup de chance à trouver mon amie humaine ?

— Huuumm ! Je pense que je peux t'aider, en échange de tes gratouilles, proposa le Chapalu en plissant ses yeux vert olive.

— Marché conclu ! répliqua Alice.

Garen, refusant de bouger, croisa ses bras sur son torse façon homme des cavernes, comme pour dire « J'ai parlé, point final ! ». Mais Alice ignora cette attitude, le tirant par le bras pour l’entraîner jusqu’à ses affaires, suivie de la troupe des Korrigans prêts au départ.

— Alors ! Comment fonctionne ton pouvoir, Chapalu ? demanda Alice.

— Je sens des humains vers la mer, dans la cité d’Ys, dit-il d’un air nonchalant. Ton amie devrait y être.

— C’est aussi facile que ça ?

— Oui, celle qui a une vibration proche de la tienne y est.

— Super ! On n’a plus qu’à partir, tout le monde est prêt ? demanda Alice, suivie d’un « Oui » général. Seul Garen fit de la résistance, clairement contrarié.

Il finit par pousser une sorte de grondement très grave qui ne devrait pas pouvoir sortir de la bouche d'un homme, et ils virent arriver un équorix.

— Georges !! s'exclama Alice en courant vers lui, le Chapalu toujours dans les bras. Elle lui tapota le flanc écailleux et lui fit une bise sur le dessus de son museau de croco. Il semblait heureux de l'attention et battait des pattes arrière comme dans une ruade.

— Emmène-nous à la capitale, demanda Garen en soulevant Alice pour la placer sur le dos de l’Équorix.

Il s’y installa à son tour, se collant contre le dos de la jeune femme, qui sentait sa chaleur irradier de manière rassurante, suivi des quatre Korrigans surexcités qui grimpèrent sur la tête de Georges.

Il fallut à la jeune femme un certain temps pour s'habituer à la posture, et Garen dut la stabiliser à plusieurs reprises alors que les mouvements de Georges la déséquilibraient, avançant à toute allure entre les arbres.

Le Chapalu donna des indications sur le chemin à prendre, ce qui leur permit d'éviter un groupe de créatures qui semblaient hostiles. Après un bon détour par des plateaux rocheux, ils s'arrêtèrent en rase campagne, dans une clairière enchanteresse.

Les Korrigans et le Chapalu partirent se dégourdir les pattes, et Alice suivit le géant jusqu’à un lac avec une cascade qui ruisselait calmement. Des petites fées ou elfes jouaient à la surface de l'eau, au loin, faisant résonner leurs rires clairs.

— C'est magnifique ! s'exclama Alice, pensant qu’elle aurait adoré montrer cet endroit à ses amies.

Elle décrocha un sourire qui ne monta pas jusqu’aux yeux, se sentant soudainement coupable de profiter de cette aventure alors que Léa était seule dans un monde inconnu et qu’elle avait déjà bravé des dangers par la faute de Garen. Puis elle pensa à Noémie, qui devait être morte d'inquiétude en les attendant au moulin.

Alice prit une grande respiration pour calmer l’angoisse qui montait et sentit la chaleur du géant irradier dans son dos. Elle ne céderait pas à cet élan de panique. Elle avait promis à son grand-père de respecter ses préceptes, dont celui qui disait :

« Si tu ne peux pas agir sur une situation qui t'échappe, garde toujours ta bonne humeur car la chance te sourira plus tard ! » ou encore « Ton malheur ne rendra pas tes proches moins malheureux. »

C'était elle, la fille du groupe, qui devait rester positive en toute situation pour motiver les troupes. Léa était la capitaine, reine de l’organisation, chef scout et survivaliste à ses heures perdues ; Noémie, la grande sœur à l’écoute qui arrivait à gérer n’importe quel conflit ; et elle, le soleil qui brillait même si tout le reste partait en cacahuètes.

Profiter de ce voyage ne la ramènerait pas moins vite sur Terre. Elle se tourna vers Garen, dont la main chaude avait stoppé net la spirale qui menaçait de l'engloutir, et eut soudain une furieuse envie de l'embrasser en voyant son air inquiet.

Elle avança plus près du lac et s’adressa aux petits êtres qui le peuplaient.

— Bonjour ! Est-ce que je peux me baigner ici, jolies créatures ?

Elles entourèrent Alice en volant tout autour d'elle, poussant des petits rires cristallins en l'observant. Garen déposa un sac de baies près de l'eau et parla de la voix la plus basse qu'il put émettre, comme pour ne pas les effrayer, ce qui fit sourire Alice.

— J'offre ce présent à la Dryade de ces lieux !

Puis, se tournant vers la jeune femme :

— À tout à l'heure, Alice. Je me mets à l'écart pour surveiller la zone.

Alice pouffa, sa bonne humeur revenue, un air malicieux faisant pétiller ses yeux bleus.

— N'en profite pas pour te rincer l'œil !

— Q... Quoi ? Je ne ferais pas ça.

— Si tu veux venir te baigner, je peux te faire une petite place. Pas besoin de te cacher, continua-t-elle en le taquinant.

Le géant se mit à rougir, ce qui fit rire la jeune femme de plus belle.

— Tu te moques de moi... répondit-il en croisant ses bras devant lui.

— Peut-être... Ou alors... Heeee !!!

Surprise par une éclaboussure, elle se retourna. Les fées riaient en leur lançant des petites gerbes d'eau.

Elle enleva ses chaussures et commença à se déshabiller, regardant brièvement par-dessus son épaule en direction de Garen.

— À tout à l'heure ! Est-ce que ça t'embête de me prêter un haut sec en attendant que mes vêtements le soient ? (Se remettant droite) Non mais, ça suffit !!! Attendez que je sois dans l'eau avant de m'arroser.

Garen décampa avant qu’Alice ne fasse valser ses affaires à grande vitesse. Elle lui faisait confiance pour ne pas la regarder, ou alors elle cherchait peut-être un peu à ce qu'il le fasse. Après tout, elle avait profité de la vue de son torse magnifique, ce n'était que juste rétribution s'il voyait un peu de sa peau à elle.

Quelques minutes plus tard, Alice était affalée, se tenant à un rocher près de la cascade.

— I give up !! Temps mort, vous avez gagné les filles !

Trois fées translucides, aux yeux entièrement bleu pâle brillants comme des galets, s'étaient installées sur le rocher plat qu'elle tenait. L'une d'elles souleva une mèche de cheveux d'Alice collée à sa joue. Ils ondulaient, gorgés d'eau, plaqués dans son dos en une masse d'un roux sombre.

— Tu peux toucher si tu veux ! Je tiens mes cheveux roux de ma famille irlandaise. Il va falloir que je démêle tout ça. Ahhh ! Je suis claquée, on a bien joué. J'ai la daaaale.

Elle leur fit un grand sourire, tandis que l'une d'elles pouffait si fort, les deux mains devant sa bouche, que son corps était agité de soubresauts.

Une autre petite fée apporta le sachet de baies resté sur le bord de la rive et en tendit une à Alice.

— Oh ! Non, c'est votre cadeau, enfin, à la dryade des lieux. Je ne vais pas vous les piquer.

Elles jetèrent quelques baies en direction de la cascade et l'air se mit à vaciller, comme si les couleurs devenaient plus vibrantes. Un ensemble de nénuphars disséminés dans le lac s'ouvrirent soudainement et la végétation sembla plus dense.

— Ouuahhh ! Ce sont les baies qui font ça ?

— C'est moi ! répondit une superbe fée qui glissa le long de la cascade et s'installa sur le rocher, les jambes dans l'eau.

— Bonjour ! Vous êtes la dryade d'ici ?

— C'est exact ! Je n'avais encore jamais vu d'humain. C’est fascinant ! répondit-elle avant de se pencher pour saisir une mèche de cheveux dégoulinante.

— Ce que vous avez fait était beaucoup plus impressionnant pour moi.

La dryade fit vibrer l'air, son rire résonnant et faisant onduler la surface de l'eau. Un craquement dans les fourrés interrompit la dryade, qui disparut, et avec elle, les couleurs s'estompèrent.

— Nous avons un invité, siffla une petite fée.

Alice se tourna vers la rive d'où elle venait.

— Garen ?

Mais c’était le chapalu qui approchait, ses pattes évitant les flaques d'eau.

— Alice ! Je m'ennuie, viens !

— Oh attends, j'arrive ! Je dois me sécher, attends que j'attrape ma serviette.

Elle essora ses cheveux, assise sur le bord du lac, et sentit un froissement dans l'air alors qu'elle enroulait sa serviette autour d'elle. En se tournant, le chapalu vint se frotter contre sa jambe. Il grognait en direction d'un buisson, ce qui fit rire Alice. Il réagissait vraiment comme un chat. Alors que Garen arrivait, un vêtement plié dans ses mains, elle ne put s'empêcher de sourire et tendit les bras pour accepter ce qu'il lui tendait. Elle commençait à avoir froid.

— Schhhhh ! Géant, laisse-nous, je me charge de sa protection, retourne au camp, cracha le Chapalu.

Garen fronça les sourcils et son corps commença à enfler, à grandir, sa carcasse s'élargissant, surplombant Alice et le petit Chapalu.

— Je suis un géant, même sous ton autre forme, tu ne peux pas rivaliser. Toi vas attendre au camp.

Alice sentit le sol trembler, et le chapalu vibra en se transformant en une sorte de panthère aussi massive et hirsute qu’un ours. Seuls ses yeux olive restaient les mêmes. Elle se sentait minuscule entre les deux créatures gigantesques, et son rythme cardiaque s’accéléra. Bien qu’elle sache que c’étaient Garen et le Chapalu, elle ne pouvait s’empêcher de trembler, que ce soit de froid ou de peur. Elle souffla un bon coup et tendit un bras vers Garen, tenant fébrilement sa serviette de l'autre main.

— Ok, ok ! J'ai compris, vous êtes tous les deux immenses et très costauds. Je peux me changer maintenant ?

— Alice... Je ne te laisserai pas seule avec ce chapalu, gronda Garen de sa voix rauque.

Elle soupira bruyamment en levant les yeux au ciel.

— Très bien, je me barre. Vous pouvez continuer à voir qui pisse le plus loin ! J'ai froid.

Alors qu'elle s'en allait, les bras chargés de ses vêtements laissés au sol et de ceux apportés par Garen, elle vit que ses deux « protecteurs » avaient décidé de reprendre des proportions plus raisonnables.

— Alice ! appela le chapalu. Je n'ai pas eu assez d’attention aujourd'hui ! C'est notre accord.

— Notre accord comprend de te faire des gratouilles, pas de subir des combats de mâles à la sortie de mon bain. Maintenant, si vous ne voulez pas que j'attrape un rhume, j'y vais.

Quand elle vit le regard abattu de Garen, elle regretta un peu de s'être énervée, mais cela avait au moins eu le mérite de calmer leurs ardeurs.

Quelques minutes plus tard, elle enfilait la chemise la plus douce et la plus grande qu'elle ait jamais portée, lui arrivant aux genoux. Elle aperçut le géant un peu à l'écart du groupe et s'approcha en douce pour le surprendre en passant par derrière. Il réagit avant qu'elle ne l'atteigne et son visage contrarié s'adoucit en réalisant que c'était elle. Alice trouvait vraiment ses réactions adorables en comparaison avec son gabarit. Elle lui fit signe de se baisser pour qu'elle lui chuchote à l'oreille.

— Merci pour ta chemise, je l'adore. Tu ne serais pas un peu jaloux, par hasard ? lui lança-t-elle en lui déposant un baiser sur la joue avant de lui faire un sourire, coupant ainsi ses velléités de réponse. On y va, mon grand ?

Pour toute réponse, il hocha la tête et la suivit au camp, qui dégageait un délicieux fumet de nourriture. Il leur fallait des forces pour atteindre la ville d’Arborflor avant la nuit.

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Bleumer
Posté le 25/04/2024
Alice n'a jamais été aussi près de retrouver son amie. J'avoue que le rythme est un peu lent depuis quelques chapitres. Je pense que ce que vont attendre les lecteurs c'est la réunion des personnages. Au bout d'un moment les balades en forêt commencent à être longues.
J'ai l'impression de beaucoup me plaindre sur les derniers chapitres, désolé... -_-'
Papayebong
Posté le 27/06/2024
Un nouveau chapitre réécrit. J'ai légèrement allégé celui-ci en accélérant la rencontre avec le Chapalu qui doit les amener à la capitale, tout en conservant une partie bucolique et l'évolution des sentiments des protagonistes.

J'espère qu'avec les changements précédents, ce chapitre passe mieux.
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