Les balles fusent à mes oreilles. Je les esquive tant bien que mal, mais une se loge dans mon bras. Je grimace de douleur. Comment en sommes-nous arrivés là ? J’ai frôlé la mort de peu lors de l’explosion. Mon voisin n’a pas eu cette chance. Je revois son bras arraché qui gisait au milieu de la neige. Ses cris résonnent encore dans ma tête. Je recharge mon arme. Je vais bientôt être à court de munitions. Je ne sais pas ce qu’il faut faire. Nous devons battre en retraite, mais tant que Luna n’a rien dit, nous devons continuer le combat. Mes dernières munitions sont tirées. Mon poignard a disparu dans la mêlée. J’enrage de ne pas avoir fait comme Elena qui en a surement plusieurs sur elle. Un rebelle approche. J’abats la crosse de mon arme sur sa tête et le désarme pendant qu’il est encore sonné. Je l’achève d’une balle. Je déteste ce que je suis en train de faire, mais c’est nous qui l’avons voulu. Nikolaï se place à mes côtes. Il saigne à la tête, mais cela ne semble pas trop grave.
- Nous devons trouver Luna ! s’exclame-t-il. Elle doit annoncer la retraite. Ce n’est plus tenable.
- Où est-elle ?
- Côté Sud, je pense.
- Le premier qui la trouve lui dit. Cela m’étonne qu’elle ne l’ait pas déjà fait.
Mon frère me lance un regard angoissé.
- Elle est peut-être blessée ou...
- Tu vas du côté des tentes et moi près du ravin, le coupé-je.
Après un dernier signe, nous nous séparons. Je regarde partout, mais Luna est introuvable. Elle a dû tomber au sol. Je fais un tour sur moi-même. J’aimerais hurler pour que tout s’arrête, mais c’est impossible. J’aperçois Elena au loin. Elle est plantée au milieu du camp, le regard hagard fixé sur un point. Qu’est-ce qui lui prend ? Elle veut se faire tuer ! Il a dû se passer quelque chose. Je me dirige vers elle. On me bouscule. Ma coéquipière disparait de mon champ de vision avant que je la voie à nouveau. Elle n’a toujours pas bougé. Elle semble ailleurs. Je l’appelle, mais ma voix est couverte par les détonations. Soudain, je remarque un tireur ennemi qui a porté son attention sur elle. Il se dépêche de recharger son arme. Elena ne l’a pas vu. Impossible pour moi de le désarmer. J’accélère pour me mettre à courir. Une vérité tourne en boucle dans mon esprit. Je ne veux pas la perdre, pas elle. La distance qui nous sépare me parait immense. Le temps semble s’écouler au ralenti. Le rebelle a la main sur la gâchette et se place pour tirer. Lorsque j’arrive enfin à la hauteur de ma collègue, je ne sais pas s’il a fait feu. J’attrape Elena dans mes bras et l’instant d’après une douleur dans le dos me coupe le souffle. Je n’ai pas le temps de me ressaisir qu’une nouvelle balle me rentre dans la chair. Mes jambes lâchent et je m’écrase lourdement au sol. Je tiens toujours Elena fermement contre moi. Elle se libère de mon emprise pour tuer l’homme qui a tiré d’une balle. La souffrance m’empêche de me relever. Ma collègue s’accroupit à côté de moi. Je sens que ma conscience commence à partir.
- Hans, appelle-t-elle tout en me secouant.
J’attrape sa main et articule :
- Tu es vivante. C’est tout ce qui compte.
Je n’ai plus la force et tout devient noir.
Une phrase peut-etre a rectifier : "Ma coéquipière disparait de mon champ de vision pour revenir après." Comme ce n'est pas Elena qui bouge, la formulation est equivoque, peut etre "je la vois a nouveau" plutot que "revenir apres"?