Chapitre 36 : Les criquets

Par Kieren
Notes de l’auteur : Allez les enfants, on reprend pour un nouveau chapitre !

Pendant notre absence, ma chienne avait surveillé les moutons. Lorsque nous arrivâmes, je la vis ouvrir la porte de la grange et s’asseoir devant le défilé de laine sur pattes qui sortait pour brouter.

Elle nous aperçut de loin et nous rejoignit calmement. Et puis à la vue du Gamin, elle accéléra le pas. Ce dernier prit peur à la vue de la bête et se planqua derrière sa sœur, alors ma chienne ralentit et s'assit devant notre groupe. Elle fixa le Gamin, le Gamin la fixa. Moi et la Gamine on ne pipa mot. Comme le gosse ne bougeait toujours pas, ma chienne marcha lentement vers lui, alors il se serrait de plus en plus contre la Gamine. Et puis elle lui lécha toute la figure d'un grand coup de langue. Elle n'adressa aucun regard à la Gamine, puis elle se mit à coté de moi et nous reprîmes notre route. Le Gamin était tout étonné.

Durant cette journée, j'initiai les Gamins à l'art de surveiller pendant des heures les moutons et à les guider passivement vers les coins bien verts d'herbes grasses. Mais ils passèrent aussi beaucoup de temps à courir derrière ceux qui voulaient aller trop loin. Et puis ça finissait en course entre la Gamine et ma chienne. Le petit caressait les moutons. Moi je regardais les nuages.

Vers midi, je suis allé voir la cabane, les abeilles et les pièces de la fontaine avaient disparues, alors j'ai ramené du pâté, du fromage et du pain. Puis nous fîmes la sieste à tour de rôle. On perdit le Gamin un moment, mais nous nous rendîmes compte qu'il était juste en train de dormir au milieu des moutons. Quand on l'appela, sa tête dépassa du troupeau et il couru nous rejoindre.

Le temps passa.

Le vent soufflait et apportait l'odeur du village, il y avait des pissenlits qui laissaient partir leurs graines en leur murmurant ''Adieu !''. Les nuages étaient rares dans le ciel, ceux qui restaient dessinaient de grands oiseaux dont les ailes parcouraient tout le firmament.

Les criquets interprétaient ''Dies Irae'' de Verdi parce que manifestement ils ne savent pas quand apprécier un moment de calme. D'ailleurs plusieurs s'étaient posés sur moi sans se rendre compte que ça posait un problème. J'aurais pu les écraser mais je n'aime pas tuer pour rien. J'aurais pu les bouffer mais cru c'est dégueulasse. La dernière solution s'était de les virer d'un revers de la main mais ses saloperies rappliquaient immédiatement l'instant d'après. Alors je me résignai à subir leurs jérémiades amoureuses.

La vie est cruelle parfois.

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