Elle n’était pas fâchée de prendre un peu de repos. Veiller sur Myhrru chaque jour l’avait épuisée. Désormais, l’état de la chevaleresse était stabilisé, elle se rétablissait de jour en jour, son aide ne s’avérait plus aussi indispensable. Elle n’avait pas mis le nez dehors depuis, et en voyant le beau soleil d’hiver briller à travers les fenêtres, elle décida de sortir faire un tour dans la capitale.
Elle se dirigea vers le parc derrière le temple. Elle apprécia le calme, la quiétude des arbres givrés du matin qui scintillaient sous les rayons de lumière. La neige crissait sous ses pas alors qu’elle s’approchait de l’étang. Elle n’avait pas vu une aussi grande étendue d’eau depuis son départ de Glyphe. Elle se sentit mieux. Elle s’accroupit au bord pour caresser délicatement la surface glaciale du bout des doigts.
Soudain, une ombre prit forme au fond de l’eau. Comme une silhouette humaine. Elle aurait dû être effrayée, mais elle se sentit irrépressiblement attirée. Elle enfonça un peu plus sa main. La silhouette fut plus distincte. Elle l’avait déjà vue. L’étrange personnage à la peau écaillée qu’elle avait aperçu fugacement lors d’un « voyage ». Il tendit à son tour sa main vers elle pour la poser sur la sienne. Elista fut traversée par une émotion vitale, violente, brutale, qui lui réchauffa l’âme et la secoua comme une tempête sur l’océan. Elle ferma les yeux, et il apparut cette fois clairement sous ses paupières. Elista eut plus de temps pour l’observer. Elle constata qu’il s’agissait en réalité d’une femme, telle qu’elle n’en avait jamais vu. Outre sa peau bleue aux écailles nacrées, elle possédait une chevelure d’argent qui enlaçait avec grâce ses épaules, des tatouages brillants sur l’ensemble du corps, et elle flottait dans les nimbes du cerveau d’Elista. Ses mains et ses pieds étaient palmés, pourvus de petites nageoires aux chevilles, qui s’agitaient doucement. Des colliers et des bracelets de perles blanches ondulaient sur son corps et se mariaient à merveille avec une robe bleu marine qui lui collait à la peau, comme si elle venait de sortir de la mer. Avant qu’Elista ne rouvre les yeux, troublée, la femme ouvrit la bouche pour lui parler d’une voix abyssale, elle murmura :
- Elista, je suis Saga. Je suis l’esprit de l’Eau. Vous devez nous aider.
La Mystique ne pouvait plus se concentrer. Elle revint à elle, couchée dans la neige. Elle tremblait, mais pas de froid. Au contraire, elle sentait une chaleur inconnue dans son cœur. Elle se releva pour regarder dans l’eau, mais il ne restait rien de la silhouette. Elle se précipita en direction du château et rejoignit Judith dans la bibliothèque. Elista ne se séparait jamais du fameux livre donné par Sélène. Elle le sortit de sa cape et le posa sur la table dans un bruit sourd.
- Je crois que je sais, dit-elle à bout de souffle.
Judith la regarda, interloquée.
- À propos de quoi ?
- Les… Les pages arrachées… Je sais de quoi elles parlent !
Elle s’assit et ouvrit la relique.
- « N’oubliez jamais de les honorer, ceux qui vous servent, ceux qui vous sont dévoués, les pourvoyeurs de la magie. Les… » Esprits ! s’exclama-t-elle.
- Les esprits ? Qu’est-ce donc ? Que t’est-il arrivé ?
- Je ne suis pas sûre de tout comprendre encore, mais j’ai rencontré une femme étrange qui s’est adressée à moi depuis mes pensées, et ce n’est pas la première fois. Elle m’a dit s’appeler Saga et être l’esprit de l’Eau.
Judith écarquilla ses yeux gris de surprise. Elle relut le livre comme pour confirmer ce qu’elle venait d’entendre.
- C’est incroyable, Elista… Ce que tu viens de découvrir est… C’est… T’a-t-elle dit autre chose ?
- « Vous devez nous aider ».
- Nous ? Tu penses qu’il s’agit des autres esprits ?
- Qui d’autre ? S’il y a un esprit de l’Eau, il doit y avoir un esprit pour chaque élément ! Ce sont eux, qui nous offrent leur magie !
- Dans ce cas, il est fort possible que j’aie rencontré celui du Vent. J’ai fait le rêve d’un homme étrange moi aussi, avant de partir de Njord.
Le sourire d’Elista s’étira jusqu’à ses oreilles. Judith le lui rendit volontiers. Elles ne saisissaient pas toutes les implications de cette découverte, simplement, elles savaient qu’elle était primordiale. Beaucoup de questions restaient en suspens, mais Elista était bien décidée à y répondre. Personne n’avait mentionné l’existence de ces esprits de la nature, pas même les sages qui se chargeaient de leur formation. Elle était ravie de se trouver enfin quelque chose à faire, car elle supportait de plus en plus mal l’enfermement luxueux du château, à plus forte raison depuis que Till y avait élu domicile. Il la mettait mal à l’aise sans qu’elle ne sache pourquoi. Sans compter qu’elle était sans nouvelles de son père Elbow depuis qu’il était parti pour son nouveau travail, des mois auparavant, hormis de Judith, qui l’avait aperçu à Niflheim. Cela lui donna une idée.
Elles se rendirent dans le bureau d’Adelle. Elista lui expliqua la situation, et lui demanda de se rendre à Niflheim, à la grande bibliothèque d’Hymir, pour approfondir ses recherches.
- Je veux t’accompagner, lui dit Judith.
- Non, il est préférable que j’y aille seule, il vaut mieux perdre une Mystique que deux.
- Je ne te donne pas l’autorisation de t’éloigner du château, intervint Adelle. Pas dans ces circonstances, c’est trop risqué.
- Adelle, je t’en prie. Si des esprits existent pour chaque élément, cela signifie que la magie ne provient pas des armes, mais des esprits eux-mêmes !
Une étincelle illumina les prunelles bleues de la princesse. Son regard se transforma totalement.
- Ce qui implique que si nous parvenons à entrer en contact avec les esprits, peut-être…
- Qu’ils rendront les armes inutiles, sous réserves qu’ils réagissent aux lois humaines. Par conséquent, Kerst sera enfin vulnérable, nous aurons une chance contre lui. Privé de ses pouvoirs, il ne pourra rien contre les plus aguerris de nos chevaliers, c’est une certitude.
Adelle fixa Elista intensément. Elle venait de réaliser l’ampleur de cette révélation. Elle se leva de sa chaise et prit appui sur son bureau.
- Tout n’est pas perdu, dit-elle avec une volonté retrouvée. Nous pouvons renverser la situation. Mais le temps nous est compté. Je serais d’avis de garder ce secret pour nous et les autres Mystiques, excepté Till.
- Je suis d’accord. Puis-je donc me rendre à Niflheim ?
- Pourquoi ne pas tout d’abord écrire à Dame Eolas ? suggéra Judith.
Le visage d’Elista s’assombrit. Dans l’euphorie, elle l’avait oubliée, celle-ci.
- C’est une mauvaise idée. J’ai eu une impression très désagréable en la rencontrant, et maintenant, je sais pourquoi. Elle m’a délibérément dissimulé la vérité, j’en suis convaincue. Elle m’a presque mise dehors lors de ma visite, ne me laissant qu’un livre inutile, déchirant les seules pages qui auraient pu nous mettre sur la voie.
- Peut-être que les pages avaient été enlevées avant, tempéra Judith.
- Depuis combien d’années Sélène est-elle la gardienne des Mystiques ?
Adelle prit un moment pour réfléchir. Ses yeux qui allaient d’un bout à l’autre de la pièce, dans le vide, répondirent pour elle.
- Personne ne le sait, n’est-ce pas ? renchérit Elista.
La princesse posa son regard sur elle, avec inquiétude.
- Cela ne signifie rien.
- Au contraire. Il y a quelque chose d’étrange chez cette femme, et pas dans le sens de sympathique ou de bienveillant. Elle est là depuis bien trop longtemps pour être innocente. Elle a su se faire oublier, à l’abri sur son pic, dans sa maison inaccessible, mais je le sais, je le sens au fond de moi, elle cache quelque chose. Ce livre en est la preuve. Adelle, autorise-moi à aller à Niflheim. Je laisserai mon Espadon ici si ça peut te rassurer.
- Non, je préfère encore le savoir avec toi.
- Tu es d’accord alors ?
- Oui. Mais… La Reine ne doit pas le savoir.
- Tu vas t’attirer des ennuis, prévint Judith.
- Rien de plus insurmontable que mon mariage avec Lars, plaisanta Adelle avec résignation.
- C’est compris. Je me ferais discrète, c’est promis.
Trois jours plus tard, en prétextant une balade en ville, avec la complicité d’Adelle, Elista se rendit à l’écurie publique d’Aimsir et se mit en selle pour se rendre à Niflheim. Elle poussa sa monture avec culpabilité pour ne pas traîner seule dans la plaine, à la merci de Kerst et d’Ira. Elle parvint à la cité des érudits tard dans la soirée, sous des rafales de neige. Elle confia son cheval aux bons soins d’un palefrenier, et après des caresses de remerciement, se dirigea vers l’auberge pour se sustenter et prendre une chambre pour quelques jours. Il lui faudrait certainement un temps certain pour trouver des informations que Sélène avait cherché à cacher, même dans cette ville.
Après s’être installée dans une chambre à l’étage, elle redescendit dans la salle pour prendre un repas chaud. Tous les regards se tournèrent vers elle. Elle ne pouvait pas se séparer de son imposant espadon, et par conséquent, ne pouvait jamais passer inaperçue. Elle tenta de prendre un air aussi fermé que possible pour qu’on ne vienne pas la déranger. Elle n’avait pas envie de parler, elle voulait juste manger et réfléchir.
Malheureusement pour elle, cela ne suffit pas. Un homme d’un âge certain en toge blanche s’approcha d’elle avec prudence, mais Elista comprit qu’il ne la laisserait pas tranquille.
- Je peux vous aider ? demanda-t-elle en dissimulant au mieux son agacement.
- Je vous prie de m’excuser d’interrompre ainsi votre repas, madame, mais êtes-vous bien la Mystique de l’Eau ?
- En effet.
- Quelle chance ! Madame, je suis un des médecins de la cité. Des marchands nous ont amenés il y a quelques jours un pauvre hère en bien piteux état, qui malgré nos bons soins, ne semble pas se rétablir. Accepteriez-vous de venir le voir ?
Elista soupira. Elle ne pouvait pas refuser. D’une part, parce qu’elle avait du cœur, et d’autre part, parce qu’elle ne pouvait se soustraire à son devoir de Mystique.
- Je termine mon repas et je vous suis, cela vous convient-il ?
- Oui, oui, bien sûr. Merci, merci beaucoup.
Comme promis, elle accompagna le médecin jusqu’au temple de Niflheim, consacré aux érudits de tous bords. Les grandes tours blanches disparaissaient dans le blizzard, alors que les noires, au contraire, étaient semblables à des apparitions fantomatiques. Elle songea qu’il faudrait qu’on la raccompagne, autrement, elle était sûre de se perdre. Les rues étaient toutes perpendiculaires et les immeubles, excepté leur alternance de couleurs, étaient tous similaires.
Ils pénétrèrent dans une tour plus vaste que les autres, dans une salle immense décorée de marbre noir et blanc du sol au plafond. Quelques torches illuminaient la pièce, ajoutant des touches de couleur dans ce tableau un peu austère. Le médecin guida Elista à travers les portes et les couloirs de la tour, pour finalement arriver devant ce qui s’apparentait à une chambre de soin. Il poussa la porte et l’invita à entrer. Elista fit quelques pas à l’intérieur, puis il referma derrière elle. Après une brève observation de la pièce, qui consistait en un lit, quelques meubles et étagères sommaires encombrés d’ustensiles et de matériel médical, son regard se posa sur la longue silhouette couchée sous les couvertures. Son cœur sauta dans sa poitrine. Elle s’approcha, et reconnut, malgré la maigreur bien installée, les blessures et la barbe qui lui mangeait le visage, son père, Elbow. Elle se sentit défaillir. Il lui fallut se plaquer contre le mur pour ne pas tomber sous la stupeur. Des larmes jaillirent de ses yeux avec toute l’intensité de ses émotions refoulées. Elle suffoqua. Elle s’avança vers lui, caressa ses joues creuses avec tendresse. Elle saisit un tabouret et s’assit, ses jambes menaçant de se dérober sous elle à tout moment. Elle prit appui sur le lit avec ses bras et observa son père. Ses pensées s’entrechoquaient dans un désordre incompréhensible. Elle avait tant de choses à lui dire, à lui demander. Pour le moment, elle se réjouissait de le revoir, en vie, même dans cet état. Elle se concentra et fit appel à son pouvoir pour le soigner. La voix de Saga chanta furtivement dans sa tête. Elle ressentit sa présence puissante dans son cœur et sous ses doigts qui brillaient d’une douce lueur bleutée. Cela la rassura. Elle n’était plus seule. Elle ne le serait plus jamais, ni elle, ni les autres Mystiques. Des entités pour l’heure invisibles se cachaient dans des recoins de l’univers, mais bientôt, elles seraient tangibles. Il fallait trouver le moyen de leur venir en aide, afin qu’elles puissent pleinement s’exprimer. À aucun moment Elista ne douta que leurs intentions furent bienveillantes. Elle le sentait. Ces esprits étaient leurs guides.
Au bout de quelques heures, au milieu de la nuit, son père commença à réagir. Sa respiration se fit plus franche. Ses muscles se manifestèrent de manière aléatoire. Ses paupières tressaillaient. Elista ne put s’empêcher de sourire. Il était en train de se réveiller. Cela ne signifiait pas qu’il était totalement hors de danger, mais c’était bon signe. Il revint à lui avec pesanteur. Ses yeux parcoururent son environnement sans savoir où se fixer, ni l’aider à comprendre où il se trouvait.
- Tout va bien, papa, je suis là, lui dit Elista du bout des lèvres.
Il tourna alors sa tête embrumée vers elle, puis plongea ses prunelles vertes dans celles, identiques, de sa fille.
- Elista, articula-t-il d’une voix brisée.
- Ne te fatigue pas inutilement. Je veille sur toi, c’est tout ce que tu as besoin de savoir pour l’instant.
Il obtempéra, trop épuisé pour insister. Elista le veilla jusqu’au petit matin, puis fit son rapport au médecin. Elle l’informa de sa volonté de continuer à le soigner, ce qu’il accepta sans difficulté. Elbow rouvrit les yeux dans la matinée. Elista en profita pour s’absenter, le temps qu’on lui prodigue des soins hors de ses compétences. Dehors, les températures étaient toujours trop basses à son goût, mais le vent et la neige avaient cessé. Elista emprunta la voie pavée devant le temple et se dirigea vers l’est, jusqu’au bout de la cité, et atteignit la bibliothèque avec les pieds trempés de s’être frayé un chemin dans la poudreuse fraîche. La personne à l’accueil la scruta avec une curiosité méchante, et s’arrêta sur ses chaussures détrempées qui inondaient le parquet ancien. Elista s’excusa par un sourire poli et gêné, puis avança dans le bâtiment. Elle ne savait pas vraiment par où commencer, elle ne pouvait parler des esprits à personne. Elle entama ses recherches dans les étagères consacrées à l’histoire d’Hymir, mais en voyant le nombre impressionnant d’ouvrages et la variété des thèmes abordés, elle savait qu’il lui faudrait une chance insolente pour qu’elle tombe sur un livre susceptible de lui apporter des réponses. Elle en emprunta quelques-uns puis retourna au temple, au chevet de son père. Elle prit place dans un fauteuil plus confortable que le tabouret pour commencer ses lectures.
Trois jours passèrent ainsi. Elle partageait son temps entre ses lectures et les soins. Malheureusement, ces heures à s’user les yeux sur ces bouquins ne lui apportèrent rien, ni son père, qui éprouvait toujours des difficultés à s’exprimer.
Ce matin-là, lorsqu’elle entra dans la bibliothèque, elle se demanda si Saga pourrait l’aider à trouver le livre adéquat. Elles ne pouvaient pas encore communiquer facilement, mais elle savait que l’esprit était là. Elle se plaça au niveau des étagères qui l’intéressaient, puis formula son souhait dans son esprit, sans en attendre grand-chose. Pourtant, tout en haut des rayons aux ouvrages parfaitement alignés, un livre s’ébranla. Elle prit une échelle pour se hisser à son niveau. Il s’agissait d’une œuvre très ancienne, en parfait état mais recouverte de poussière. Elista caressa la tranche pour en révéler le titre : « Histoire des elfes ». Elle resta perplexe, mais aucun autre livre ne se cachait derrière. Elle observa l’imposant volume et se résigna à l’emporter. Elle aurait de quoi lire pour au moins quatre jours... Elle retourna au temple, dans son fauteuil, avec Elbow. Ce dernier reprenait des couleurs chaque jour, il pouvait désormais s’alimenter seul. Il parvenait à se mettre assis. Il serait bientôt capable de marcher, et pourquoi pas, de retourner à Aimsir avec elle.
Alors qu’Elista était plongée dans un chapitre sur les elfes blancs pour le moins soporifique, Elbow lui adressa la parole pour la première fois depuis son arrivée.
- Comment m’as-tu retrouvé ?
Elista leva le nez de son livre, surprise par cette question sans importance.
- Un pur hasard. Je suis venue à Niflheim pour entamer des recherches, comme tu peux le constater. Un médecin m’a vue à l’auberge et m’a demandé de t’aider, ne sachant pas que tu étais mon père.
- … Tu ne m’as pas cherché alors ?
Elista referma son livre en coinçant un doigt dedans pour ne pas perdre sa page, avec un air contrarié.
- À quoi bon ? Tu avais été très clair. Et puis, malgré mon inquiétude à ton sujet, autant chercher une aiguille dans une botte de foin. J’ai été pas mal occupée moi aussi. Je ne sais pas si tu es au courant des évènements récents qui ont secoué le royaume, mais en tant que Mystique, j’en suis directement affectée. Maintenant, puisque tu abordes le sujet, où étais-tu ? Que t’est-il arrivé pour que tu te retrouves ici dans cet état ?
Elbow resta mutique. Il ne baissa pas les yeux pour autant. Elle soupira avec colère. Qu’avait-elle espéré ? Elle reprit le cours de sa lecture mais eut toutes les peines du monde à se concentrer. Après quelques minutes à relire la même phrase en boucle, elle referma de nouveau le livre d’histoire.
- Tu me dois une explication.
- Je sais.
- Je t’écoute alors !
- Pas maintenant.
- Quand ?
- Je t’expliquerai tout, je te le promets Elista, mais…
- Pourquoi ? Pourquoi ne pas tout me dire ? De quoi as-tu peur ?
- Je crains de ne pas être totalement en sécurité. Et toi non plus.
- Très bien. Donc, si je te ramène à Aimsir, entre les murs du château, tu daigneras enfin parler ?
Elbow sembla pris au dépourvu par cette proposition. Il devait compter sur une insécurité permanente pour éviter les aveux.
- D’accord, consentit-il.
- Parfait ! s’exclama Elista avec orgueil.
Elle rouvrit son livre et se fit violence pour se replonger dedans, malgré le manque d’intérêt évident. Aucune trace d’esprits, ni même de magie pour le moment.
Deux jours plus tard, alors qu’elle commençait à penser à leur départ, elle parvint enfin à la fin de la partie consacrée aux elfes blancs. Il était question de la Guerre Antique. Cela éveilla l’intérêt d’Elista, car les armes sacrées avaient été forgées à cette occasion, afin de répartir les forces et d’y mettre un terme.
C’est du moins ce qu’on lui avait toujours raconté.
À mesure qu’elle parcourait les lignes, pourtant, une autre vérité se dessina.
Elle comprit alors pourquoi on avait voulu la faire disparaître, par tous les moyens.