Chapitre 37: L'après coup.

 

 
Ayra et Mira étaient restées dans le salon, attendant le retour d’Élika. La pluie avait cessé, mais le bruit régulier des gouttes tombant dans des récipients déjà bien remplis résonnait encore dans la maison.
Le silence s’était installé entre elles.
Ayra observait distraitement le bout de ses doigts, se levait, faisait quelques pas jusqu’à la fenêtre… avant de reprendre place. Ce manège s’était répété plusieurs fois.
Attendre, c’était ce qu’elle avait toujours fait. À Aetheris, elle ne savait pas quoi, mais elle avait attendu que son vrai rôle lui vienne. Alors, elle s’était mise à rêver d’une autre vie, plus humaine, en écoutant les récits de sa tante à travers le miroir, se disant que cela lui conviendrait mieux.
Elle fixait l’horizon sombre à travers la large fenêtre. Elle n’y voyait rien. Ses poings se serrèrent. Quelque chose la tracassait.
Elle était heureuse d’être ici, à Clairmont, même si, finalement, la vie n’y était pas beaucoup plus humaine qu’à Aetheris. La présence du Varnak y avait beaucoup joué… et cette force invisible, le destin, semblait toujours les suivre dans l’ombre, attendant de se montrer.
Elle voyait Élika, qui avait toujours su prendre les choses en main, aller sur le front sans peur. Élenor, qui avait découvert son pouvoir de clairvoyance . Les autres, qui s’entraînaient tous les jours. Tous, sauf elle.
Elle n’avait su faire qu’écarter un vieil homme du chemin du Varnak… pour qu’il le retrouve un peu plus tard.
L’image d’Arthur s’imposa à elle. Elle n’avait pas vu son corps, mais l’imagina allongé dans l’herbe, les yeux fixes. Une oppression lui noua la gorge. Elle aurait dû faire plus. Être plus.
Ses paroles – « L’enfer est sur terre » – lui revinrent en mémoire.
Elle appuya la main contre sa poitrine, comme pour contenir cette émotion brûlante qui menaçait de l’envahir. Dans la vitre noire, son reflet la fixait, grave et immobile.
Elle aurait dû le suivre. Se montrer plus courageuse. Mais elle n’avait rien fait.
Un goût amer lui monta à la bouche : l’impression d’être une égoïste, absorbée par ses cours et… par Kael. Il fallait bien l’avouer : depuis leur rencontre, il s’invitait trop souvent dans ses pensées.
Elle aimait sa vie à Clairmont. Vraiment. Mais plus les jours passaient, plus elle avait cette sensation étrange : comme si tout cela, aussi précieux soit-il, n’était pas complet. Qu’il manquait encore quelque chose, sans qu’elle sache quoi.
Un léger bruit derrière elle la tira de ses pensées, comme un rappel brutal au présent.
Dahlia venait de la rejoindre. Dans sa petite robe de nuit fleurie, George lové sur son épaule, elle dégageait cette chaleur tranquille qui lui ressemblait tant. Fidèle à sa nature optimiste, elle remonta ses lunettes sur le bout de son nez et tenta d’alléger l’atmosphère avec douceur :
— Ne vous en faites pas. Si Élika tombe sur le Varnak, je ne donne pas cher de sa peau. Ce truc-là ne sait pas à qui il a affaire.
Il était vingt-trois heures passées. La cloche de l’église ponctua le silence d’un tintement grave et lointain. Ayra se leva une nouvelle fois.
— Mais qu’est-ce qu’elle fait ? Elle est partie depuis vingt heures… souffla-t-elle avec nervosité.
— Elle ne l’a peut-être pas encore trouvé, répondit calmement Dahlia. Elle continue sûrement de chercher.
Ayra baissa brièvement les yeux vers le collier à son cou.
— J’y pense, Mira… Si, par chance, Élika met vraiment la main sur le Varnak… ce collier ne me servira plus à rien, non ?
— Bien sûr que si, répondit Mira, sans la moindre hésitation. Il ne sert pas qu’à te protéger d’eux. Il t’aide à rester lucide, forte… même quand tu ne sais pas ce que tu affrontes. Ce n’est pas qu’un talisman de défense. C’est un soutien. Tu comprendras avec le temps.
— Si tu ne le veux plus, tu peux toujours me le donner, lança Dahlia avec un sourire espiègle en effleurant la perle rouge qui brillait doucement.
Ayra esquissa un sourire. Elle connaissait le goût prononcé de son amie pour les bijoux. Mais jamais elle ne se séparerait de ce cadeau — un souvenir précieux de sa tante.
— Désolée, Dahlia. Il est à moi, murmura-t-elle d’un ton amusé.
Il y avait quelque chose de réconfortant dans la présence de Dahlia. Une manière bien à elle d’apaiser les esprits, là où d’autres ne voyaient que l’ombre.
_ Je suis quand même déçue d’avoir raté votre dîner avec Kael et son frère, ajouta Dahlia en se laissant tomber dans le canapé moelleux, un coussin dans les bras. - J’adore être la spectatrice de votre petit jeu. Ajouta t elle.
Ayra observait la baie vitrée, pensive. Les gouttes d’eau s’échappaient une à une de la gouttière, glissant dans le silence.
— Je t’ai déjà dit qu’il n’y avait rien entre Kael et moi, Dahlia…
— Tout le monde le voit. Sauf vous deux ! rétorqua son amie avec un sourire entendu.
Une ombre se dessina soudain à l’extérieur. Agrandie et déformée par la clarté de la lune, elle glissa contre la vitre. Le cœur d’Ayra s’emballa.
Elle se redressa vivement.
Élika se planta devant la fenêtre et frappa doucement au carreau.
Ayra se précipita pour lui ouvrir.
— Tu es là ! Enfin ! Tu en as mis du temps ! s’écria-t-elle, soulagée.
— On dirait que les rôles s’inversent, répondit Élika avec un demi-sourire.
— Mais je me suis inquiétée !
Mira et Dahlia s’étaient levées à leur tour et les avaient rejointes.
Élika avait repris son apparence normale. Ses traits étaient ceux qu’elles connaissaient bien, apaisés malgré les traces de fatigue. Elle ne portait plus que son armure, tachée de boue, mais ses cheveux avaient retrouvé leur couleur naturelle, et ses pupilles leur éclat argenté.
— Alors ? demanda Mira en fronçant légèrement les sourcils.
Élika sembla hésiter un bref instant, comme si elle cherchait les mots justes.
— Je l’ai eu, répondit-elle simplement.
Un silence tomba. Les filles se regardèrent, comme si elles n’avaient pas bien compris.
— Comment ? demanda Mira, la première à rompre le silence.
Ayra, elle, n’osait pas parler. Elle avait peur d’avoir mal entendu.
— J’ai tué le Varnak, reprit Élika. Et croyez-moi, ce n’était pas la chose la plus folle de mon aventure !
Elle esquissa une moue en s’inspectant.
— Est-ce que vous pouvez me laisser aller me doucher avant de tout vous raconter ? Il vaut mieux, croyez-moi.
— Bien sûr, acquiesça Mira en désignant ses jambières maculées de boue. Et essaie d’épargner mes tapis… s’il te plaît.
Mira se précipita dans la cuisine. Ayra n’eut aucun mal à deviner ce qu’elle allait y faire : préparer sa tisane préférée, celle aux vertus apaisantes et décontractantes.
— Tu te rends compte ? Elle a tué le Varnak ! s’exclama Dahlia en lui prenant les mains avec enthousiasme. Tu es enfin tranquille, Ayra !
— Oui… Il faut le temps que je réalise, murmura-t-elle.
Elle se laissa tomber dans le canapé et laissa échapper un long soupir, relâchant enfin toute la pression accumulée. Ses mains, encore tendues par l’adrénaline, tremblaient légèrement.
Depuis la cuisine, les effluves familières de fraise, de menthe et d’autres herbes s’élevaient dans l’air, envahissant peu à peu le salon.
Malgré l’heure tardive, Ayra n’aurait pas pu refuser cette boisson chaude. Elle en avait besoin plus que jamais.
 
 
 
 
 
 
 
 
C’est en silence qu’ils avaient regagné leur logement.
« Encore un échec », se dit Eren.
Kael avait le visage fermé ; il pensait certainement la même chose que lui, et la parole qu’il lâcha confirma ses pensées :
— À ce rythme, il aura le temps de décimer tout le village…
Eren appuya lourdement sur la poignée de la porte et la poussa. Le grincement familier du vieux bois se fit entendre. Kael passa devant lui, les mâchoires contractées.
Ils arrivèrent dans la pièce de vie. Eren se dirigea automatiquement vers la cafetière : un moyen comme un autre de se détendre.
Kael, lui, s’était planté devant la porte-fenêtre qui donnait sur le minuscule balcon, avec vue sur les toits de Clairmont. Les bras croisés, il toisait l’horizon.
Ils restèrent un moment, chacun plongé dans ses pensées.
Le sifflement de la cafetière ramena Eren à la réalité.
Il servit deux tasses et s’installa à table. Kael le rejoignit en soufflant :
— On ne peut pas prendre le risque qu’Ayra le croise à nouveau ! lança-t-il.
— Ayra, Victor… le vieux Arthur… tout le monde est concerné, Kael, lui répondit Eren.
— Les autres m’importent peu…
Eren ne répondit pas. Il connaissait son frère, et savait qu’il ne s’était jamais inquiété du malheur des autres. Ayra était l’exception.
— Bien, soit. Il court encore…
Une vibration étrange se fit sentir au creux de son estomac. Eren s’agrippa à la table. Il croisa le regard de son frère, qui avait froncé les sourcils.
— Qu’est-ce que… ?
Kael n’eut pas le temps de finir sa phrase : le miroir accroché au mur de la cuisine se mit à trembler.
Leurs regards se tournèrent d’un même mouvement.
D’abord limpide, la surface du miroir devint grise, presque liquide. Les garçons comprirent immédiatement ce que c’était.
En quelques secondes, le visage de leur père apparut.
— Où êtes-vous ? Venez ici !
La voix glaciale de leur père résonna dans la pièce.
Un frisson parcourut Eren. Il jeta un regard à son frère et lui fit signe de se lever.
Kael n’avait pas l’air enchanté de cette apparition.
Ils se levèrent pour se planter devant le miroir rectangulaire métallique.
— Alors vous avez enfin eu ce que vous vouliez ? Vous n’avez pas d’autre chose à faire que de vous préoccuper d’un malheureux Varnak ??
Il ne comprit pas ce que son père voulait dire.
Il jeta un regard à Kael, qui n’avait pas l’air de comprendre non plus.
— Qu’est-ce que tu racontes ? fit Kael.
Eren lui donna un coup de coude, il savait que leur père n’aimait pas ce ton trop familier.
— Tu sais très bien de quoi je parle ! Ne fais pas l’innocent, lui répondit Edra.
— Alors non… je ne comprends pas tes affabulations, répondit Kael en levant les épaules.
— Bien. Alors m’envoyer un Varnak complètement calciné, ça ne te rappelle rien ?
Edra avait élevé la voix et serrait les mâchoires. Son œil noir semblait encore plus profond que dans son souvenir. Il contrastait fortement avec ses cheveux blancs.
Eren avait presque oublié la mine démoniaque de leur père. Il n’était pas vraiment enthousiaste de le voir là, planté dans leur miroir.
Il venait de comprendre la parole d’Edra et sursauta.
— Comment ça ? Un Varnak complètement calciné ? lui demanda-t-il.
— Vous en oubliez votre principale cible, et vous vous en prenez à un pauvre monstre sans défense ! Sache, Kael, que je n’ai vraiment pas apprécié ton colis !
Kael fronça les sourcils et regarda Eren.
Tout en continuant à le regarder, il répondit à leur père :
— J’aurais bien voulu m’attirer ce mérite, mais je n’ai pas tué le Varnak.
Eren vit son père sursauter et écarquiller les yeux.
Eren commençait à comprendre l’étonnement d’Edra.
— Vous dites qu’un Varnak mort vient de vous être envoyé à l’instant ? lui demanda Eren.
— Bande d’imbéciles ! cria presque leur père. Si ce n’est pas Kael qui vient de tuer le Varnak, ça ne peut être qu’une seule personne ! Et au lieu de chasser un monstre, vous passez à côté de l’essentiel !!!
Eren vit son frère serrer les poings.
— Ah oui ? Et qui aurait pu le tuer à ma place ? demanda Kael.
Eren aurait presque ri de la situation, tant Kael ne semblait pas comprendre.
— Cette mission te ramollit le cerveau ! Tu ferais peut-être mieux de rentrer, vociféra Edra. Et il continua :
— Ta sœur !!! Seule ta sœur pourrait calciner et vaincre le Varnak !
C’était bien ce qu’Eren suspectait. Edra avait certainement raison à ce sujet.
— Je n’ai pas de sœur, répondit Kael.
Il vit Edra lui jeter un regard noir.
— Si elle a réussi à tuer le Varnak, elle est certainement plus puissante que ce que je pensais. Et que tu le veuilles ou non, tu as une sœur, Kael. Et vous avez tout intérêt à la retrouver si vous ne voulez pas que je vienne m’en mêler.
Eren sursauta. Edra à Clairmont… ce serait totalement apocalyptique. Il ramènerait son armée de sbires, qui détruiraient tout sur leur passage et pourraient raser la ville entière pour mettre la main sur l’Envoyée des anges.
— Nous allons nous en charger, lui répondit Eren.
— J’espère bien ! Ma patience a des limites.
Sur cette dernière parole, le visage de leur père commença à devenir flou, pour laisser place à un brouillard grisâtre. Puis leurs propres visages firent leur apparition dans le miroir.
— Les anges sont ici… nous en avons la certitude, dit Eren, tout en se passant les mains sur le visage.
— Comment a-t-elle fait pour mettre la main sur le Varnak ? Elle n’est quand même pas plus puissante que moi ? répondit Kael, presque pour lui-même.
— En tout cas, elle l’a tué… Nous devons nous en soucier davantage.
— J’aurais préféré le tuer moi-même ! Savoir qu’elle est réellement ici m’insupporte !
Sur ces paroles, Kael partit en direction de sa chambre, la mine déconfite.
« Si elle est ici, cela veut dire que l’Envoyée aussi… » pensa Eren.
Il sentit qu’il avait presque atteint son but : retrouver sa petite sœur. Mais cela le stressait.
Bientôt, tout serait terminé. Il savait que la confrontation approchait, et il en avait peur.
Peur que l’Envoyée le rejette… mais aussi, que cela sonne la fin de leur mission.
La fin de leur séjour à Clairmont.
La fin des Gardiens de la paix.
La fin d’Élika.
La fin de la sérénité.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Elenor les avait rejointes dans le salon. Ayra perçut une nuance nouvelle dans son regard bleu profond. Peut-être se trompait-elle, mais elle crut y lire une lueur de fierté — une émotion qu’Elenor peinait habituellement à laisser transparaître.
Elle vint s’asseoir près de Dahlia et d’elle. À ce moment-là, Mira surgit de la cuisine, un plateau entre les mains, chargé de tasses de tisane fumante. Un parfum de fruits rouges se répandit dans le salon, enveloppant les lieux d’une chaleur douce et apaisante.
— Élika m’a annoncé la nouvelle ! Je suis trop heureuse ! s’exclama Elenor.
— Oui ! C’est en partie grâce à toi, répondit Ayra avec un sourire.
— J’ai seulement indiqué un chemin. C’est Élika qui a fait tout le reste.
Ayra le savait : Elenor n’admettrait jamais sa propre force. Elle était bien trop humble pour ça.
— Tu t’es beaucoup entraînée ces dernières semaines, et c’est ta rigueur qui a mené à cette réussite, Elenor, ajouta doucement Mira.
Un léger sourire se dessina sur les lèvres d’Elenor, discret, mais sincère.
Des pas résonnèrent dans l’entrée. Élika venait de rentrer, fraîchement douchée. Ses cheveux bouclés, encore humides, cascadaient librement dans son dos. Il était rare de la voir ainsi, décontractée, sans sa stricte queue de cheval habituelle.
Elle s’installa doucement sur le canapé et prit une tasse chaude entre ses mains. Élika aimait la chaleur — elle la réconfortait, comme une étreinte silencieuse.
Ayra, tout comme les autres, la regardait avec attention, suspendue à ce qu’elle allait dire.
— Bien… Le Varnak est enfin reparti vers sa terre, commença-t-elle en tenant sa tasse comme un trésor niché au creux de ses paumes. — Complètement calciné…
— Tu l’as bien foudroyé, à ce que je vois ! lança Dahlia, un brin impressionnée.
Élika pinça les lèvres, pensive. Son regard se perdit un instant, comme si elle revivait la scène encore vive dans sa mémoire.
— Eh bien non… murmura-t-elle, avant de lever les yeux vers Mira. — Peux-tu m’expliquer comment cela se fait que j’ai pu faire jaillir du feu ?
Ayra écarquilla les yeux. Jusqu’à présent, Élika ne maîtrisait que la foudre. Elle tourna la tête vers Mira, bouche entrouverte, espérant qu’elle aurait une réponse.
Mira porta sa main à son cœur et serra doucement le médaillon suspendu à son cou. Ayra l’avait déjà vue faire ce geste à plusieurs reprises — généralement quand quelque chose la troublait ou la faisait réfléchir profondément.
Il lui fallut quelques secondes pour répondre.
— Je ne suis pas étonnée, Élika… Tu es un démon, commença-t-elle d’une voix douce.
— Ça, merci, tu ne m’apprends rien. Mais jamais je n’ai su faire jaillir du feu, même en essayant de toutes mes forces ! Cela fait des années que j’ai abandonné cette idée, indiqua Élika, d’un ton plus dur qu’elle ne l’aurait voulu.
— C’est que… ton père a eu le temps de te le transmettre, quand tu étais petite, indiqua Mira d’une voix calme.
Élika tourna brusquement la tête vers elle, et sans le vouloir, lui lança un regard noir. Ayra retint son souffle. Elle savait à quel point la simple mention du géniteur d’Élika suffisait à la crisper. C’était un sujet que sa sœur évitait soigneusement.
— Et pourquoi maintenant ? Et pas avant ? répliqua-t-elle d’un ton sec.
— Comme vous l’avez sans doute remarqué… depuis que vous êtes à Clairmont, quelque chose change. Vos pouvoirs se décuplent. Vous sentez cette force monter, n’est-ce pas ? Plus intense que jamais… Cela doit être en rapport, expliqua Mira.
— Le symbole du destin… souffla Élika, presque à elle-même.
— Oui… c’est certainement lié, admit Mira en hochant lentement la tête. Même si on ignore encore dans quelle direction cela nous mène.
— Non, mais… il était là, insista Élika. Je le ressentais. Sa puissance m’a traversée, c’était immense. Et il avait pris une teinte rouge vive… comme le feu.
Elenor sursauta légèrement.
— Je l’ai justement dessiné ce soir… deux fois. Une fois en bleu vif, l’autre en rouge éclatant… drôle de coïncidence…
— Je ne pense pas que ce soit une coïncidence, répondit Élika, le regard posé sur elle. — Vu ton nouveau don, tout est lié… j’en suis convaincue.
Elle porta enfin sa tasse à ses lèvres, puis se laissa tomber en arrière, s’enfonçant dans les coussins du canapé avec un soupir discret.
Ayra, restée silencieuse jusqu’ici, observait la scène, songeuse. Toutes ces révélations lui donnaient le vertige. Elle se demandait si, elle aussi, la force et le courage qu’elle sentait croître en elle depuis quelques jours n’étaient pas liés au destin. Si, un jour, ses pouvoirs jailliraient d’eux-mêmes, comme ceux des autres. Sans prévenir. Sans lui laisser le choix.
Mais pour l’instant, elle préférait mettre ses pensées de côté. Savourer la victoire d’Élika. Et profiter, enfin, des jours calmes à venir. Sans stress. Sans Varnak.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
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