Chapitre 37 : Loreleï – En danger

Loreleï se retrouva sur Terre dans le nord de l’Europe. Elle visita l’ancienne demeure de David et Caly, restée intacte. Une famille d’humains y vivaient, insouciants du drame qui s’y était déroulé. Loreleï ne trouva aucun indice sur place. Elle se promena dans les alentours, s’imprégnant de la force des arbres et de la neige.

David et Caly adoraient découvrir les peuples, les coutumes, les chants, les légendes. Sauf que Loreleï le savait : il s’agissait du loisir de David. Caly se contentait de le suivre depuis toujours. Qui était-elle ? Qu’aimait-elle ? Nul ne le savait. La pauvre avait partagé la vie des Aars pendant plusieurs centaines de milliers d’années sans qu’aucun d’eux ne se soit jamais demandé ce qu’elle pouvait bien apprécier.

Loreleï sentit qu’elle allait échouer. Retrouver Caly était tout simplement impossible. Elle pouvait se trouver n’importe où. Chris filmait partout, aléatoirement, comptant sur le hasard pour la trouver. Loreleï ne pourrait pas faire mieux que lui. Elle allait devoir agir autrement.

Où Caly avait-elle bien pu se rendre ? Elle venait d’apprendre de la bouche du petit de son sine condicione que Paul venait de tuer David, sans raison apparente, mais aussi que Malika les avait trahis pour s’allier à une immense organisation de Vampires, les avertis de Gilles d’Helmer.

À sa place, Loreleï se serait enfouie sous terre pour y pleurer toutes les larmes de son corps… ou alors elle se serait enfin dévoilée, libérée des Aars et de leurs règles. Dans le premier cas, elle pouvait se trouver dans n’importe quel trou. Dans le second, quelle serait cette envie latente qu’aurait eu Caly ? Que pouvait-elle bien désirer ?

Loreleï n’en avait aucune idée. Aucun indice ne permettait de le savoir. En soupirant, elle rejoignit l’océan atlantique et plongea. Méditer lui apportait la paix de l’âme. Nager lui vidait l’esprit. Faire les deux en même temps ouvrait des portes inaccessibles.

Loreleï se dénuda et modifia son apparence, la rendant parfaitement compatible avec le monde marin. Elle ne s’arrêta de nager qu’une fois profondément enfouie dans le noir. Elle se plongea en méditation et laissa les courants la porter. Elle adorait cet état de stase. D’habitude, elle en sortait parce que Chris lui avait demandé de revenir. Cette fois, rien ne l’obligeait à arrêter.

Les sœurs envoyées avant elle faisaient-elles la même chose ? Après tout, aucune caméra ne se trouvait sous l’eau. Loreleï se souvint qu’un des invités d’Induction pensait que de nombreuses femmes Vampires s’étaient transformées en sirènes. D’ailleurs, Baptiste travaillait d’arrache-pied sur des créatures marines à forme humaine. Des femmes portaient ses essais dans ses cliniques meurtrières. Les résultats étaient plutôt mauvais.

Loreleï se demanda si elle pourrait prouver l’existence des Vampires ayant, selon l’exemple de Félix, choisi le monde du silence. Ce n’était pas idiot, après tout. Les océans étaient trop grands pour être fouillés. Les humains ne s’y déplaçaient pas aisément. Il s’agissait de l’endroit le plus sécurisé sur Terre.

Loreleï s’éveilla et ouvrit ses perceptions. Elle chercha des animaux marins : poissons, tortues, dauphins, calamars géants, baleines. Elle nagea avec eux et échangea, cherchant des traces, des animaux témoins d’un truc étrange.

Parler avec eux ne fut guère aisé, d’autant que Loreleï perdit souvent de vue son objectif, trop ravie de simplement partager leur quotidien. Pourtant, au détour d’un courant océanique profond, un vieux cachalot lui raconta cette créature étrange qu’il avait rencontré, filant rapidement, à l’écho inimitable.

Loreleï recoupa ainsi des centaines de témoignages, jusqu’à cette certitude : il y avait bien des sirènes dans les océans. S’agissait-il de Vampires ? Là était la question.

Aucun des animaux marins ne montrait la moindre peur vis à vis de ces créatures qui ne les avaient jamais attaqués. Elles faisaient partie du monde du silence au même titre que les autres, vivant à côté, sans jamais détruire ni empiéter. Elles étaient bien acceptées.

Aucun animal ne fut en mesure de lui indiquer où elle pourrait en trouver. Les rencontres étaient toujours fortuites et dans des lieux aussi variés que les eaux glaciales des pôles, les volcans sous le Pacifique, les mers polluées de Chine, au large ou près des côtes. En revanche, comme eux, ils semblaient fuir les hommes et leurs machines aussi bruyantes que dévastatrices.

Loreleï suivit leur piste, interrogeant des bancs de poissons peu coopératifs. Elle se rendit même dans l’ancienne Atlantide. Quelques avertis y vivaient encore, ravis de ce lieu de repli calme. Ils avaient été prévenus du retour de Chris et ne comptaient pas se prosterner. Ils ne s’opposaient pas non plus à lui. Ils réfléchissaient, sereins, à l’abri dans les profondeurs.

Des otaries indiquèrent à Loreleï la présence d’une créature proche. Ils venaient à peine de la croiser. Ils aimaient bien ces compatriotes capables de monter sur les rochers, comme eux. Celui-là jouait souvent avec eux. Curieuse, Loreleï se rendit au point indiqué.

De loin, elle l’observa. Il nageait avec les petites otaries, glissant sur la banquise en riant, avant de tomber dans l’eau avec un grand « plouf » sous les grognements ravis des mammifères à la peau sombre. Loreleï s’avança prudemment. Elle ne chercha pas à cacher sa présence si bien que la sirène la vit arriver de loin.

Grâce à sa vue puissante, Loreleï constata que le torse nu de la sirène ressemblait au corps d’un homme. Elle le désigna comme masculin, sans trop savoir si cela convenait ou non.

Il riva son regard sur elle et cessa de jouer, restant statique à la surface, une main sur la banquise, l’autre libre dans l’eau, le torse à l’air, le bas du corps immergé. Il semblait attendre patiemment qu’elle s’approche, sans crainte ni surprise.

- Bonjour, dit Loreleï en choisissant de s’adresser à lui en anglais, la langue la plus commune.

Elle désirait le connaître, échanger avec lui, savoir pourquoi il avait choisi cette vie. Ils avaient en commun leur amour pour l’élément liquide. Ils auraient sûrement plein de choses à se dire. Son cœur ne battait pas. Il ne respirait pas. Son corps était aussi froid que l’eau. Tout comme elle, il ne masquait pas sa nature de Vampire. C’était inutile ici et de toute façon, face à elle, cela n’aurait servi à rien : son aura plus noire que la nuit ne mentait pas.

Il garda le silence, la détaillant. Son apparence lui permettait de communier avec l’eau aussi bien que Loreleï et ce bien qu’ils aient réalisés des choix différents. Son crâne chauve dénotait avec celui de Loreleï, recouvert de longs cheveux d’algues, mous et verts. Ses yeux sans paupières ne cillaient pas là où Loreleï avait gardé les siens, noirs, simplement protégés d’une lentille transparente fine, afin de conserver la possibilité de voir les auras de ses interlocuteurs.

Il portait une longue queue à la place des jambes et quelques nageoires parsemaient son corps fin. Il ressemblait vraiment à une sirène rencontrée par Ulysse. Pourtant, la présence d’une aura sombre le désignait comme humain – ici devenu Vampire - les animaux n’en ayant pas.

- J’aimerais beaucoup discuter avec toi, annonça Loreleï. Tu veux bien papoter ?

Il se jeta sur elle, tellement vite que Loreleï fut prise par surprise. Une violente terreur s’empara d’elle tandis qu’une paire de dents brisait la barrière de sa gorge et que son sang – de Vampire ! - passait dans le corps de son adversaire.

Comment une telle chose était-elle possible ? Un Vampire se nourrissant du sang de ses semblables ? Loreleï n’en revenait pas. Elle avait protégé son cœur, pas sa gorge et ne pensait pas avoir à le faire. La sirène venait de la décontenancer. Sa vie s’échappait vite… très vite. Il fallait réagir, maintenant !

Loreleï peinait à se concentrer. Le prédateur venait de devenir proie et n’en revenait pas. Elle allait mourir sous le regard neutre des otaries qui attendaient que leur compagnon de jeu revienne après s’être nourri. La loi du plus fort, la nature dans toute sa splendeur. Loreleï avait craint les humains, oubliant que les siens étaient bien plus redoutables.

Ses sœurs avaient-elles connu un sort semblable ? Qui étaient ces Vampires sirènes super agressifs ? Chris aurait sûrement aimé être mis au courant. Certes, cela n’avait rien à voir avec Caly mais il voudrait savoir. Le père devait recevoir cette information. Loreleï devait…

Sa conscience s’éloignait. « Père est l’ordre, l’harmonie, la loi, la justice. Il décide, contrôle, commande, protège. » Loreleï plongea en méditation. Elle enfonça la main dans le torse de la sirène et lui arracha le cœur. Les dents de l’autre toujours plongées en elle, elle sentit son aspiration accélérer. Loreleï ne réfléchit pas. Elle s’arracha le cou avant de fondre sur les otaries pour se nourrir d’elles.

Ce fut la débandade sur la banquise. Les otaries se mirent à fuir ce prédateur mystérieux qui venait de faire disparaître leur copain. Une grosse tenta de défendre ses petits. Quand les autres virent avec quelle facilité Loreleï lui ouvrit la gorge en deux, seule la fuite devint envisageable. Loreleï ne tenta pas de poursuivre les otaries dans l’eau.

Hagarde, elle resta sur la glace, seule. La mort n’était pas passée loin. Seul problème : elle avait tué son unique preuve. Il n’y avait plus d’information à transmettre à Chris en dehors de rumeurs colportées par des baleines et des maquereaux.

Loreleï se laissa le temps de s’en remettre puis se releva. Lorsqu’elle s’approcha de l’eau, une étrange terreur l’empêcha de plonger. Et si elle croisait une autre sirène et qu’elle la mordait, elle aussi ? Loreleï sentit une angoisse sourde enserrer son cœur. La peur d’être une proie la saisit. Elle se trouva incapable de mettre un orteil dans l’océan.

Elle recula, comme frappée par la foudre. Elle avait toujours adoré l’eau. Cet événement venait de la marquer au fer rouge. Loreleï secoua négativement la tête avant de courir pour rejoindre un village proche. Elle mordit un pêcheur pour reprendre des forces puis monta à bord d’un bateau en direction du continent.

La traversée calme et sans souci – son pouvoir de charme lui permit de n’être inquiétée par personne – ne calma ni ses angoisses, ni sa honte. Elle était censée faire partie des personnes les plus puissantes au monde, formée par le maître lui-même et voilà qu’elle craignait une goutte. Chris serait tellement déçu.

Loreleï s’installa dans un petit port nordique et s’y reposa, y vivant une vie classique de femme de pêcheur, insouciante et tranquille. Elle n’eut aucune difficulté à repousser les assauts physiques de cet homme bourru à l’aide de ses pouvoirs de charme. Elle découvrit une existence simple faite de joies, de peines, d’amour, de fêtes, d’enterrements, de misère, de partage, d’éclats de rire et de disputes.

Deux ans après son arrivée, lorsque son compagnon disparut en mer pendant une grosse tempête, Loreleï s’éloigna du village pour n’y plus jamais reparaître.

Où aller ? Que faire ? Elle se souvint de son envie furieuse de découvrir le monde, de le vivre, de le sentir, de le goûter. Elle décida de prendre l'avion, véhicule jamais utilisé. Quitte à être sur Terre, autant en profiter.

Elle ne craignait pas les chasseurs de Vampires. Elle faisait en sorte de paraître humaine, mangeant, dormant, buvant, allant aux toilettes, contrôlant sa température, sa respiration, sa circulation sanguine, ses battements cardiaques, ses clignements d’œil.

Elle n'apprécia pas énormément son voyage en avion. Elle préférait largement voler, même si l'eau restait son élément préféré. Enfin, ça, c'était avant. Avant la rencontre avec ce monstre marin qui avait failli lui être fatale.

Chris devait-il être mis au courant ? Était-ce seulement important ? Il y avait des Vampires sous l'eau qui prenaient la forme de sirènes et qui se repaissaient du sang de leurs congénères. D'accord, et alors ?

Les atlantes ne semblaient pas en danger. Après tout, dans la ville sous-marine, nul ne lui avait soufflé l'idée même de l'existence de sirènes mangeuses de Vampires. Ils ne semblaient pas du tout au courant de leur existence. Et puis, Chris n'était pas censé les protéger. Après tout, les atlantes ne lui avaient pas juré fidélité.

Loreleï avait pour mission de trouver Caly, pas d'informer Chris de la présence de Vampires dans l'océan. Quitte à fouiller le monde à la recherche d'une ombre, autant en profiter pour se faire plaisir.

Lorelei se rendit en Chine, attirée par une publicité dans l'avion : un spectacle marin de toute beauté. Tous les magazines en disaient le plus grand bien, vantant les prestations extraordinaires des dauphins, orques et otaries sur place. On proposait de s'y rendre en famille. Journée merveilleuse assurée ! promettaient les affiches sur les murs.

Discuter avec des dauphins manquait terriblement à Loreleï. Elle saisit cette occasion de retrouver ses mammifères marins préférés. Le parc proposait de nombreux animaux terrestres. Loreleï grimaça. Les conditions n'étaient pas optimales. Les enclos souvent trop petits et sans animation. Les animaux disaient s'ennuyer et rêver de liberté.

Loreleï aurait voulu briser leurs chaînes. Sauf que dehors, leur habitant naturel avait disparu. Les faire sortir signifiait leur mort. Seule solution pour eux : les amener hors sol, au palais ou dans un des mondes crées par les ingénieurs des laboratoires.

Une fois de plus, cela ne concernait pas Loreleï dont la mission était ailleurs. Elle leur tourna le dos, le cœur serré, leur cri de détresse lui tordant la entrailles.

Il ne lui fut pas difficile, à l'aide de ses pouvoirs de charme, d'obtenir une place au premier rang pour observer le spectacle marin. Un premier dauphin entra et Loreleï blêmit. Le pauvre jeune mâle criait sa faim.

Le dresseur le présentait, annonçant son âge, sa vigueur et sa formidable et permanente envie de jouer. Il raconta des salades sur la durée de vie de ces animaux en liberté et en zoo, arguant une espérance de vie plus grande grâce à eux, ce qui était totalement faux.

Loreleï pleura devant ce dauphin obligé de réaliser des tours pour obtenir à manger. Dire qu'il aurait pu sauter dans les vagues, s'amuser à nager à travers ses propres bulles, courser des calamars et se frotter contre les membres de son clan.

Il lui confia s'ennuyer ferme dans son bassin minuscule dépourvu de toute vie : ni algues, ni coquillages.

Pire encore furent les orques, à qui les dresseurs donnaient aussi des poissons, alors même que plusieurs d'entre eux se nourrissaient habituellement d'otaries, et donc de viande. Ce régime alimentaire leur donnait des maux de ventre. Ils étaient tous en profonde dépression.

Loreleï sortit de là totalement chamboulée. Elle ne pouvait pas rester les bras croisés face à tant de souffrance. La mission pourrait bien attendre un peu et puis de toute façon, Caly pouvait tout aussi bien se trouver ici ou ailleurs. Si elle était vivante, elle se déplaçait forcément. Que Loreleï bouge ou reste statique, la probabilité de croiser sa cible par hasard ne changeait pas.

Loreleï décida de rejoindre un groupe écolo d'opposants. Ils organisaient régulièrement des manifestations ou alertaient les pouvoirs publiques. Ils avaient déjà réussi à faire arrêter les spectacles marins dans les parcs occidentaux. En Asie, en revanche, impossible de se faire entendre.

Loreleï n'eut aucune difficulté à prendre la tête du groupe, ni à leur faire accepter des actions un peu plus agressives.

Ce fut ainsi qu'en plein milieu de la nuit, Loreleï se retrouva à pénétrer illégalement dans le parc animalier, marchant souplement jusqu'aux bassins des dauphins.

Ils avaient décidé de sauver ceux-là, les orques étant trop lourds et trop encombrants. Le but pour le groupe était de marquer les esprits. Loreleï voulait seulement sauver ses amis.

Sous le regard ahuri des militants, les dauphins vinrent se mettre eux-mêmes dans les bâches, là où un dresseur peinait à obtenir le même résultat. Facile quand on parlait la même langue qu'eux.

Le groupe de défenseurs des droits animaliers parvint à ressortir du parc sans qu'une seule alarme de retentisse. Ils évacuèrent jusqu'au port. Sur la jetée, ils commencèrent à déballer les dauphins. Trois se trouvaient déjà dans l'eau quand la police arriva. Apparemment, les dresseurs avaient fini par se rendre compte de l'absence de certains des pensionnaires.

Loreleï n'hésita pas. Malgré les menaces des hommes armés, elle poursuivit le travail, libérant les dauphins, un à un.

- Ne tirez pas, murmura un homme à un policier.

Loreleï perçut le chuchotement malgré l'éloignement, son audition sur-développée le lui permettant.

- Vous risqueriez de toucher une de nos bêtes. Laissez la faire. Nos hommes sont en train de tendre des filets à la sortie du port. Nous récupérerons notre bien. Ne prenez pas le risque de les abîmer.

Nul ne bougea tandis que Loreleï terminait de libérer ses amis. À peine le dernier fut-il dans l'eau que la jeune femme se prit une balle dans la jambe. Elle n'hésita pas, plongeant dans l'eau froide de l'océan.

Elle hurla aux dauphins de rester derrière elle, ce qu'ils firent. Arrivée à l'entrée de la baie, des filets empêchaient toute progression. L'un des dauphins y était empêtré. Les autres hurlaient leur détresse.

Loreleï se fit pousser des griffes et taillada les filets, ouvrant la voie aux anciens pensionnaires du parc, libérant au passage celui empêtré puis les suivit vers la liberté, leur souhaitant bon courage.

Loreleï était consciente qu’ils ne survivraient probablement pas, groupe hétéroclite sans langage commun. Ils ne mangeaient même pas la même chose, certains préférant le poisson et les autres les otaries ou les calamars.

Loreleï grimaça avant de se rendre compte de sa présence dans l’eau. Pour ses amis les dauphins, elle avait surmonté sa phobie et soudain, la terreur monta d’un cran. Et si une sirène la trouvait ?

Elle rejoignit la côte et soupira d’aise en retrouvant les rochers. Elle entendit les dauphins l’appeler, s’inquiéter de son absence, lui demander de l’aide. Ils ne reconnaissaient rien, ne se connaissaient pas. Avant la fin du mois, ils seraient repris ou morts. Tout ça, pour rien.

Loreleï regarda la ville lointaine et comprit qu’elle ne devait jamais y retourner. Si elle le faisait, toute son énergie se tournerait vers la sauvegarde des animaux marins, effaçant la mission confiée par père.

« La mission ? ricana une petite voix dans sa tête. Traquer une ombre ? À quoi bon courir après une chimère quand des êtres vivants bien réels souffrent et ont besoin de toi ! »

« Père est l’ordre, l’harmonie, la loi, la justice. Il décide, contrôle, commande, protège. »

Loreleï poursuivit « L’adoration au père ». Elle plongea en méditation et la répéta encore, et encore, et encore, jusqu’à être sereine, la petite voix disparut.

Elle se releva et son regard tomba sur l’océan. Son ventre noué lui rappela sa phobie. Comment remplir une mission aussi sensible si Loreleï avait perdu confiance en elle. C’était impossible.

Elle serra les poings. Elle devait remonter la pente, redevenir à la maîtrise d’elle-même. N’était-elle pas une prêtresse du mal, l’un des plus grands prédateurs au monde ? Elle n’allait tout de même pas laisser des sirènes lui faire peur !

Le père lui avait confié une mission sur Terre, zone dangereuse par excellence. Il croyait en elle. Il serait terriblement déçu s'il apprenait qu'elle avait fui devant l’adversité.

Elle décida de surmonter sa peur. Elle retrouverait ses sirènes et cette fois, pas question de fuir. Elle vaincrait.

Prudence cependant. L'adversaire était de taille. Loreleï se métamorphosa. Hors de question de commettre la même erreur deux fois. Pour cette recherche, elle masquerait sa nature de Vampire.

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