Chapitre 38 : Isis

Par Zoju
Notes de l’auteur : Bonne lecture :-)

Après son boulot, Elena s’est enfermée dans sa chambre. Je vois bien qu’elle souhaite être forte devant moi, mais son chagrin reste toujours présent. Je suis triste pour Luna. C’était une fille bien. Elle va me manquer. Je déambule dans les couloirs. Depuis l’attaque, Elena se préoccupe moins de moi. Comment lui en vouloir ? Je m’arrête face à une porte, celle de Liam, et frappe. Il m’invite à entrer. J’ouvre et lorsqu’il me remarque, son éternel sourire apparait sur son visage. Cela me fait du bien de voir un peu de gaité. Pourtant je suis sûre que la perte de ses collègues l’affecte. Soit ce sourire représente pour lui un moyen d’oublier, soit il fait ça pour moi, dans ce cas je l’en remercie. Je m’affale sur un siège. Liam pour sa part pose ses pieds sur la table. Nous ne faisons plus de manière entre nous. Liam est la personne qui se rapproche le plus d’un ami ici. Nous discutons de tout et de rien et cela me fait un bien fou.

- Tu récupères ? demandé-je.

Mon ami se frotte le bandage qui entoure sa tête.

- Ils ne m’ont pas raté. Si Tellin ne m’avait pas tiré en arrière, je crois que je ne serais plus là.

Même si je hais Tellin, je lui suis reconnaissant d’avoir sauvé Liam.

- Si tu te portes mieux, c’est le principal.

- Tu es bien la seule qui me le dise, soupire-t-il.

Un voile de tristesse recouvre son regard. Cela ne dure qu’une seconde puis son sourire revient.

- Cessons de parler de moi et toi, comment ça va ?

- Bien. Que veux-tu que je te dise de plus ?

- Je sais que tu t’entendais bien avec Luna.

- Elle va me manquer, mais entre nous, je ne la connaissais pas si bien. Elena souffre beaucoup plus que moi.

- Je n’en doute pas. Transmets-lui mon soutien quand tu la vois. Perdre un proche c’est toujours difficile.

- Promis. Et pour toi, Liam, ce n’est pas trop éprouvant tous ces décès ?

Son regard se fait pensif.

- Si, mais je préfère ne pas en parler.

- Comme tu veux, mais si tu as besoin, je suis là.

- Merci.

Il se redresse et s’étire.

- Luna m’a raconté ce qui s’était passé avec Tellin.

Je ne m’attendais pas à ce qu’il aborde le sujet. Je pensais qu’Elena n’avait rien dit. Il faut croire que je me suis trompée. J’aurais préféré qu’elle s’abstienne. D’un côté, je ne m’explique pas pourquoi Luna a été relaté ça à Liam.

- C’est du passé, dis-je d’un ton évasif.

- Avoue que cela t’a perturbée.

- Pas le moins du monde, déclaré-je amère.

Je constate à son expression qu’il n’est pas dupe.

- Évidemment que ça m’a dérangée, m’exclamé-je. Mais j’ai compris pourquoi toi et Elena aviez si peur pour moi.

Je revois le même soulagement sur son visage que lorsque j’en ai parlé à ma supérieure. Liam se lève et vient se placer à mes côtés. Je meurs d’envie de lui poser une question. Je lui attrape la main. C’est la première fois que je le fais. Si cela le surprend, il n’en montre rien.

- Dis, Liam, je peux te faire confiance à toi ?

Je m’attends à ce qu’il me réponde de la même manière qu’Elena. C’est-à-dire négativement. Il s’accroupit pour arriver à ma hauteur. Il enveloppe mes deux mains avec les siennes. Je ne sais pas pourquoi, mais ce geste me réconforte.

- Bien sûr, Isis.

Je remarque qu’il veut ajouter quelque chose, mais rien ne sort. Il se contente de se relever et de me dire :

- Il se fait tard. Je te raccompagne jusqu’à ta chambre.

Un sentiment de déception m’envahit. Je me demande bien pourquoi. Le temps passe beaucoup trop rapidement à mon goût. Il me salue puis me laisse. J’ignore ce qui me prend, mais je me mets à le suivre. C’est complètement idiot. Il va probablement aller se coucher. Pourtant je veux savoir. Il marche plutôt vite. J’ai dû mal à le filer, tout en essayant d’être discrète. Comment réagirait-il s’il découvrait ce que je suis en train de faire ? Me soupçonnera-t-il d’être une espionne ? Si c’est le cas, je suis morte. À mon étonnement, il se dirige vers l’hôpital. C’est bizarre, les visites sont finies depuis un moment déjà. Il souffre peut-être de sa blessure. Cette pensée me serre le cœur. Je devrais faire demi-tour, mais je continue. Il rentre dans le centre de soin pour ressortir dix minutes après. Ce n’était pas long. La panique me gagne quand il se dirige dans ma direction. Malheureusement pour moi, le couloir est trop grand pour que je puisse espérer dénicher une quelconque cachette. Je décide de faire le premier truc qui me vient à l’esprit. J’enfonce deux doigts dans ma gorge et vomis. Ce n’est pas la meilleure solution, mais au moins j’ai une excuse pour être là. Liam me rentre dedans. Une bouteille tombe par terre. Il me reconnait tout de suite. L’inquiétude apparait sur son visage lorsqu’il remarque ce qu’il y a à mes pieds.

- Tu es malade ?

- J’ai dû mal digérer le repas. J’espérais trouver quelque chose chez le médecin.

- Tu es sûre que ça va ? me demande-t-il en ramassant sa bouteille.

Le mot sur l’étiquette ne m’échappe pas. C’est de la morphine. Que fait-il avec ça ? Liam se hâte de passer un bras à ma taille pour me soutenir. Je trouve qu’il en fait un peu trop, mais je m’abstiens de tout commentaire. 

- Ce n’est que trois fois rien. Je me sens déjà mieux, assuré-je.  

- Tu es sûre ? Je préviens les médecins.

- Je m’en occupe. Ne t’inquiète pas.

- Tu ne représentes rien ici. J’aurai plus de poids.

Il m’amène à l’hôpital. Par le plus grand des hasards, c’est Vincent qui est de garde aujourd’hui. Je suis quasi certaine que je n’aurai pas de problèmes avec lui. Il conclut que j’ai eu une indigestion et me donne un calmant. Je ne sais pas s’il est dupe, mais il me laisse tranquille. Liam me ramène chez moi. Lorsque j’ai claqué la porte derrière moi, je cours au lavabo pour boire et faire disparaitre l’horrible goût dans ma bouche. J’ai un peu honte de ce que j’ai fait. Toutefois, je suis mitigée face à ma découverte. Pourquoi Liam est-il allé chercher de la morphine ? Sa plaie à la tête doit être particulièrement pénible pour qu’il en arrive là. Elena n’en utilise jamais. Elle préfère prendre des antalgiques ou supporter la douleur. Je comprendrais qu’elle en emploie avec le nombre de blessures qu’elle reçoit quotidiennement, mais pas Liam. Je ne le vois jamais blessé. C’est la première fois aujourd’hui. Il doit cacher quelque chose, mais quoi ? Je repense à ma question. Puis-je lui faire confiance ? Quand il m’a répondu, il semblait sincère. J’aimerais le croire. On a chacun nos secrets, mais l’idée qu’il se drogue peut-être me fait peur. Je ferme les yeux pour me remémorer nos moments passés ensemble. Il n’a pas l’air d’être un drogué. Alors pour qui est la morphine ? Longtemps après que j’ai éteint, je n’ai toujours pas trouvé le sommeil. Je me pose inlassablement la même question. Où suis-je tombée ?

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annececile
Posté le 16/05/2020
Je commence a me poser bien des questions sur Liam... Et en meme temps, etant donne ce qui se passe dans ce centre, le traitre est en fait une sorte de heros, un peu comme les resistants pendant la derniere guerre. On a l'impression que Liam etait sur le point de se devoiler, peut-etre, quand il s'accroupit pres d'Isis, mais finalement se ravise.
Quand Isis dit "pas le moins du monde" a propos de Tellin, ca fait bizarre, c'est une formule bien trop forte, pas etonnant que Liam ne soit pas dupe. Ca peut montrer a quel point elle est 'sur la defensive" sur le sujet, sinon elle pourrait simplement dire "ce n'est pas bien grave" ou "ca m'a surprise mais je m'en suis remise".
Petit detail : "Je vois bien qu’elle se force à être forte.." repetition force/forte?
Zoju
Posté le 16/05/2020
Merci pour ton avis ! J'étais curieuse de connaitre ta pensée sur ce chapitre. Il m'aide bien. Pour les tournures de phrases, je vais changer. Tu vises toujours les phrases dont j'ai des doutes. Cela doit se voir que je ne suis pas satisfaite. :-) Merci de continuer à me lire. J'espère que la suite te plaira.
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