Ce fut le bruit des mouches qui les intrigua en premier lieu. A peine perceptible au début, il s'amplifia au point de couvrir le bruit de l'eau qui courait à leurs côtés, au creux du Val. Le Rocheu, plus instinctif qu'une bête, devint nerveux.
« Par la lune, cela doit être un sacré bestiau qui gît par ici, s'exclama Timoteus, mettant pied à terre, vous entendez cet essaim ! Cela serait un cerf aux sabots blancs que ça ne m'étonnerait pas tant. »
Le Rocheu répondit par un grognement, Ilse par une grimace.
« Oh, père, c'est dégoûtant ! Pourquoi tenez-vous à fourrer le nez dans cette puanteur ?
– Ah, ma délicate fille, répond Timoteus amusé, si je répugne à abattre le sabot-blanc, sache que sa fourrure est l'une des plus prisée du royaume. Cela ferait un excellent présent pour Saul. Dans mon souvenir, la salle où il trône est plus que glaciale... »
Un rapace poussa un cri, haut dans le ciel, qui résonna contre les parois de la vallée. Ilse eut un long frisson, et préféra tourner le regard vers le maigre cours d'eau qui, avec l'arrivée des Glaces, ne serait bientôt plus qu'un sillon gelé.
Timoteus s'avança prudemment dans les fougères qui bordaient le sentier. Le cadavre, cerné d'un bourdonnement épais, fut facile à trouver. Il était bien là, grouillant de larves, les orbites vides. Mais contrairement à ce à quoi s'attendait Timoteus, il portait bottes et cape de feutrine. Passé le haut-le-cœur qui l'avait saisi à cette vision, il examina le corps. Les motifs à spirale brodés sur les cordons qui maintenaient la cape l'identifiaient formellement : c'était un Messager-Vent de Kaalun. Il était plus que probable qu'il était chargé d'un message pour lui, Timoteus, légat des Cimes.
Qui pouvait vouloir la mort d'un Messager-Vent ? Ce genre de pratiques n'avait plus lieu depuis plus de lunes qu'il n'en savait compter... L'homme semblait mort depuis plusieurs jours. Il s'empara du petit fine-lame qu'il cachait constamment dans sa botte, et coupa la lanière du bagage du défunt. Il le fouilla sans même prendre la peine de s'éloigner des mouches et de leur refrain entêtant. Il savait les habitudes de Kaalun : les messages étaient toujours dissimulés dans une doublure, et un message factice, porté plus en évidence, devait détourner l'attention. Précaution inutile, jusqu'à ce jour... Timoteus ne trouva ni l'un ni l'autre, mais trouva des coutures défaites : les messages avaient été trouvés, et par quelqu'un qui semblait bien renseigné sur les us de Saul et de ses serviteurs... Il ne s'agissait pas d'une banale agression, mais d'un acte commandité, exécuté de sang froid. Quant à la cause du décès... Timoteus ne vit aucune trace de sang, nulle estafilade, nulle blessure de flèche. Pas plus de signe d'étouffement, aucune marque au cou. Pour ce que l'on pouvait encore en voir, le visage du défunt n'exprimait rien. Une mort propre et intrigante.
« Je crois qu'il est grand temps que nous arrivions à Kaalun », annonça un Timoteus pâle et agité, et relata sa macabre découverte. Ilse se figea sur sa monture, un cri resté dans la gorge. Son père ajouta : « Et à moins que Saul face désormais affaire avec les tribus des Millesources, ce qui est très peu probable, le message m'était sûrement adressé. Allons. »
La vieille Ruth prit un air qu'on ne lui avait jamais vu : « Je crains que notre maître n'ait raison, soupira-t-elle, le regard défiant, je n'ai rien voulu dire mais... le Val chante étrangement. Ilse, Le Rocheu, sortez vos serpe-cœur et gardez-les à la main. »
Elle n'avait jamais appelé sa jeune maîtresse par son prénom. Le danger devait être sérieux. Elle les fit passer devant elle, décidant de fermer la marche, en scrutant la vallée derrière eux.
« Et toi Ruth ? Ne reste pas seule à l'arrière, sans armes ! , gémit Ilse
– Oh moi, ma petite, n'aie crainte... J'ai bien plus redoutable qu'un serpe-cœur... »
Ce chapitre est sympa. Les anciens prisonniers qui se mettent à l’ouvrage avec ardeur et qui se donnent à fond, et les dialogues aussi : Olga qui constate qu’il est possible de clouer le bec à Follet et ce dernier qui trouve de grands pieds à Lotte parce qu’elle l’a vexé. C’est amusant.
Ce voyage commence à devenir inquiétant. Une victime dont on ignore la cause de la mort, ça trahit la présence d’un tueur fort habile qui en a après les informations de Timoteus. Ça sent mauvais, ça. Je me demande bien de quelle arme si redoutable Ruth peut bien disposer…
Coquilles et remarques :
— Follet vida sa timbale dans sa bourse de toile, et rejoignit le chantier [pas de virgule avant « et »]
— et les lieux n'avaient plus grand chose d'une prison [plus grand-chose]
— et rapidement, on les entendit gueuler des ordres jusque sur la Grand'Place [Je trouve que « gueuler » détonne dans le style ambiant.]
— Tant de liberté de mouvement, après ces mois de réclusion leur tournait la tête [la virgule est superflue]
— La nourrice décréta elle-même qu'elle s'occuperait de débourber la cuisine, et y mit une énergie démesurée [pas de virgule avant « et »]
— le troubadour chante l'amour et les dames, soliloqua Follet, le pied maniéré et les cheveux dansants, C'est la poésie et la romance qui l'anime [il faut un point à la place de la virgule après « dansants »]
—C'est donc possible se dit Olga [virgule après « possible »]
— Il me faut du vinaigre domestique, deux barriques, et 50 mètres de drap [cinquante ; en toutes lettres]
— essayez de me trouver de la toile en quantité, vieille peu importe mais propre [virgule après « peu importe »]
— C'est un trésor qu'on nous confie, lourd et tintinnolant ! [tintinnabulant, peut-être ? à moins qu’il invente un mot…]
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— Ce fut le bruit des mouches qui les intrigua en premier lieu. A peine perceptible au début, il s'amplifia au point de couvrir le bruit de l'eau qui courait à leurs côtés [À peine / il y a deux fois « bruit » ; je propose « le bourdonnement des mouches » ou « le zonzonnement des mouches »]
— sache que sa fourrure est l'une des plus prisée du royaume [des plus prisées]
— Ilse eut un long frisson, et préféra tourner le regard [pas de virgule avant « et »]
— c'était un Messager-Vent de Kaalun. Il était plus que probable qu'il était chargé d'un message pour lui [majuscules abusives / « qu’il ait été chargé » ou « qu’il eût été chargé »]
— Timoteus ne trouva ni l'un ni l'autre, mais trouva des coutures défaites [il y a deux fois « trouva » ; je propose mais découvrit, aperçut, remarqua...]
— mais d'un acte commandité, exécuté de sang froid [de sang-froid]
— annonça un Timoteus pâle et agité, et relata sa macabre découverte [« avant de relater » ou « qui relata »]
— « Et toi Ruth ? Ne reste pas seule à l'arrière, sans armes ! , gémit Ilse [virgule avant « Ruth » / pas de virgule après le point d’exclamation, même pour une incise]
La vieille Ruth se transforme en garde du corps ? Héhé...
En même temps avec l'extrait que tu as posté sur le forum, je m'attends à ce que la fin du voyage ne soit pas de tout repos
Remarque :
"Il était plus que probable qu'il était chargé d'un message pour lui, Timoteus, légat des Cimes." : qu'il AIT été chargé
" annonça un Timoteus pâle et agité, et relata sa macabre découverte. " : "QUI relata" ou "et IL relata"